Le modèle économique de la vie du Prophète (p)
Dans sa vie matérielle, l'homme a très certainement besoin de l'exploitation des bienfaits de la nature, des revenus et d'un modèle économique pour sa subsistance et celle de ses siens. C'est un principe commun pour tous les humains, et là il n'y a aucune différence entre les hommes qui mènent une vie matérielle ordinaire et les hommes mènent une vie spirituelle d'un niveau plus élevé.
Si nous cherchons une différence concrète dans ce domaine, nous devons examiner les systèmes de l'éthique économique que les gens adoptent pour déterminer leurs comportements pour gagner leur vie et leur subsistance, ou assurer leurs revenus et organiser leur mode d'exploitation et de consommation. Dans la morale économique de la vie du vénéré Prophète de l'Islam (SA), nous pouvons trouver des principes qui donnent des leçons très précieuses aux musulmans qui souhaiteraient organiser et corriger leur comportement économique. Ce modèle mérite, ô combien, devenir l'exemple à suivre par tous les fidèles.
Le travail : un moyen d'assurer les revenus
L'étude de la vie du vénéré Prophète de l'Islam (SA) prouvera une réalité indéniable de la vie matérielle de l'homme : la nécessité du travail pour assurer la subsistance. Pendant toute sa vie, le messager de Dieu (SA) a travaillé pour gagner décemment sa vie matérielle par des voies licites, afin de garantir sa dignité sans jamais imposer le fardeau de sa subsistance à son prochain. Un hadith relaté par Ibn Abbas indique l'importance que le Prophète (SA) accordait au travail et aux activités économiques. Selon Ibn Abbas, chaque fois que le Prophète voulait faire acte de sa sympathie pour quelqu'un, il lui demandait d'abord quel était son métier. Si la personne lui répondait qu'il était sans-emploi, le messager de Dieu (SA) lui disait : "Je n'apprécie pas cela". Lorsque ses adeptes lui demandent de leur en expliquer la raison, le Prophète disait : "Quant un croyant est sans-emploi, il fait de sa foi l'objet de sa subsistance", ou répondait : "Dieu aime que ses serviteurs aient un métier et des revenus". Le fait que le Prophète de l'Islam (SA) considérait le chômage comme un défaut, préparant le terrain à ce que la foi et la religion deviennent l'objet de la subsistance signifierait que dans la vision du messager de Dieu (SA), la personne qui est sans-emploi et qui n'exerce pas un métier risque de faire de la religion un instrument pour subvenir à ses besoins matériels. Cet état peut se manifester sous diverses formes comportementales.
Selon les récits historiques, le Prophète de l'Islam (SA) avait exercé plusieurs métiers courants à son temps, il était ainsi berger, agriculteur et commerçant.
On relate que le messager de Dieu (SA) avait dit : "Tous les prophètes envoyés par le Seigneur avaient exercé le métier de berger." On lui a demandé : "Et vous ?" Le Prophète a répondu : "Oui. Moi aussi, j'ai fait brouter les moutons des Mecquois dans les pâturages de Qarârit."
Le célèbre compagnon du Prophète, Ammar a relaté : "Mohammad et moi, nous faisions brouter chacun les moutons des membres de sa famille. Un jour je lui ai dit : 'Voulez-vous que nous allions dans la région de Fakh ? J'y ai trouvé un bon pâturage verdoyant.' Il a accepté. Le lendemain, je suis allé dans cette région, et j'ai vu que Mohammad y était déjà avant moi, mais il n'avait pas fait entrer ses moutons dans la prairie. Lorsqu'il m'a vu, il m'a dit : 'Puisque j'avais fixé rendez-vous avec toi, je n'ai pas laissé mes moutons brouter dans la prairie avant que tu n'arrives.' "
Ammar avait presque le même âge que le Prophète de l'Islam (SA). Le récit qu'il a relaté remonte donc à l'époque de la jeunesse du messager de Dieu (SA), c'est-à-dire quand il s'occupait principalement du métier de berger.
Le Prophète (SA) est devenu ensuite un commerçant. A l'âge de 25 ans, avec le fonds que lui avait prêté Khadidjah (SA), il a monté un commerce et il a voyagé en Syrie. Il a acheté des marchandises en Syrie et il a gagné un bon bénéfice par la vente de ces marchandises à la Mecque, de sorte qu'il a réussi à rembourser la vénérée Khadidjah, et il lui a resté également une somme qu'il a partagée parmi les siens.
A l'époque où le Prophète de l'Islam vivait à la Mecque, il s'est occupé d'abord du métier de berger, puis de celui de commerçant. Mais après l'immigration à Médine, le messager de Dieu s'est occupé d'un autre métier, celui d'agriculteur, étant donné qu'à l'époque, Médine était essentiellement une région agricole. Le vénéré Imam Sadeq (SA) a relaté que le Prophète et l'Imam Ali (SA) travaillaient ensemble dans la palmeraie. Le vénéré Imam Ali creusait des trous dans la terre avec une pelle, tandis que le Prophète y plantait les graines de datte.
Gagner sa vie par les moyens spirituels :
Dans les enseignements du vénéré Prophète de l'Islam (SA), les activités matériels et les efforts physiques ne sont pas les seuls moyens permettant à un croyant de gagner sa vie et de se procurer des revenus. Tout le monde connaît que les activités commerciales peuvent être une source de revenus matériels, mais les moyens spirituels qui existent pour obtenir les revenus matériels ne sont connus que pour les élites qui connaissent les secrets du sens caché des choses et des faits, réservés à des initiés. Le noble messager de Dieu a présenté certaines de ces voies qu'il pratiquait lui aussi.
Avant toute chose, il a appris aux fidèles que la confiance en Dieu est le moyen le plus sûr de garantir sa subsistance. A ce propos, le Prophète (SA) a dit : "Si vous vous confiez à Dieu, comme il le faut, Dieu assurera votre subsistance, comme il le fait tous les jours pour les oiseaux. Les oiseaux affamés le matin, sont tous rassasiés le soir."
Selon les enseignements du vénéré Prophète de l'islam (SA), la prière et les vœux que l'on adresse au Créateur constituent un autre moyen important d'augmente les revenus pour les fidèles. Dans un récit, on relate qu'un jour le vénéré Prophète entouré de ses compagnons, a levé ses bras vers le ciel pour prier en ces termes : "O Seigneur ! Nous sollicitons la générosité et la clémence qui n'appartiennent qu'à Toi !" A ce moment là, un homme est venu offrir au Prophète un mouton rôti. Le messager de Dieu s'est tourné vers ses compagnons et leur a dit : "Venez. C'est un signe de la clémence de notre Seigneur, car nous attendons toujours Sa miséricorde."
Selon les hadiths relatés du vénéré Prophète de l'Islam (SA), la repentance et l'invocation sont d'autres moyens augmentant les revenus des croyants. Dans un hadith du Prophète, il est dit : "Le fidèle doit remercier Dieu chaque fois qu'Il le gratifie de Ses bienfaits. Celui dont la subsistance est assurée avec retard ou avec difficulté, doit se repentir et demander pardon à Dieu." Dans un autre hadith, nous lisons : "Celui dont la subsistance n'est assurée qu'avec retard, doit invoquer beaucoup le Seigneur. Celui qui rencontre beaucoup de problèmes dans la vie, doit se repentir beaucoup auprès de Dieu."
Selon les enseignements du messager de Dieu (SA), celui qui foule aux pieds les droits des autres, sera privé de la bénédiction divine en ce qui concerne ses revenus. Pour que ses revenus soient bénis par Dieu, il devra se repentir. En outre, la repentance augmente les revenus du croyant. Les actes de charité et l'aide aux pauvres pour se nourrir, sont d'autres moyens permettant d'assurer largement sa subsistance. D'après les enseignements du vénéré messager de Dieu (SA), les aumônes et les dons charitables faits aux pauvres augmentent à leur tour les revenus des fidèles. Dans un hadith du Prophète, il est dit : "Celui qui nourrit les pauvres sera très vite récompensé par le Seigneur."
Aux yeux du Prophète de l'Islam, l'honnêteté augmente les revenus des fidèles, tandis que l'abus de confiance les appauvrit. Par ailleurs, le messager de Dieu a appris aux musulmans que veiller constamment à la pureté du corps est un moyen d'augmenter les revenus. En outre, le mariage est aussi un moyen permettant au couple d'augmenter ses revenus.
Dans un récit relaté par le vénéré Imam Réza (SA), il est dit que chaque fois que le Prophète de l'Islam (SA) se rendait quelque part, au retour, il prenait une route différente. L'Imam Réza a ajouté que cette pratique augmente les revenus du musulman, car cela permet aux fidèles de rencontrer un plus grand nombre de ses frères coreligionnaires, d'avoir l'occasion de rendre visite aux parents et aux amis, et de bénéficier de plus de prières faites par la terre, car la terre prie auprès du Seigneur pour le croyant qui marche sur elle.
Veiller à ce que les revenus soient licitement gagnés :
Dans les principes morales et éthiques enseignés par le Prophète de l'Islam (SA), une importance toute particulière a été accordée à ce que les revenus du croyant soit gagnés par les voies licites. Il n'y a aucun doute, d'après les récits et les documents historiques, qu'il n'y avait aucun élément illicite ou douteux dans les revenus du messager de Dieu (SA). Pour montrer à quel point le Prophète de l'Islam – et les autres messagers du Seigneur – insistaient sur l'importance de gagner sa vie par les voies licites, nous évoquons quelques hadiths et récits du messager du Seigneur.
Selon les enseignements sacrés du Prophète de l'Islam (SA), les efforts du fidèle pour gagner licitement sa subsistance est un grand acte d'adoration. Dans un hadith, il est dit : "L'adoration de Dieu est composée de dix éléments dont neuf sont représentés par l'effort du croyant pour gagner licitement sa vie." Le Prophète de l'Islam (SA) disait que celui qui travaille jour et nuit pour gagner licitement la subsistance de sa famille bénéficiera du pardon du Seigneur. Un hadith du Prophète dit : "Dieu aime voir Ses créatures travailler pour gagner une subsistance licite." Un autre hadith relate : "Gagner licitement sa vie est une obligation religieuse pour tous les musulmans et toutes les musulmanes."
Dans le récit de l'ascension du Prophète de l'Islam (SA), il y a une leçon très édifiante en ce qui concerne le sort des gens qui se nourrissent de mets défendus et illicites. Dans ce récit du noble messager de Dieu, il est dit : "Et j'ai vu un groupe de gens en train de se nourrir. Devant eux il y avait de la viande pure et licite et de la viande impure et illicite. Mais ces gens-là ne se nourrissaient que de la viande impure ! J'ai demandé à l'archange Gabriel de me dire qui ils étaient. Il m'a répondu qu'ils étaient les gens qui ne veillaient pas à ce que leur subsistance soit assurée par des voies licites et qui gagnent leur vie par les voies illicites."
La vie du Prophète de l'Islam nous apprend beaucoup de leçons en ce qui concerne la nécessité de s'abstenir de l'illicite. Un jour, le messager de Dieu avait été invité par un groupe des Ansar (les auxiliaires médinois du Prophète). A la table, ils ont offert au Prophète du boeuf rôti, le Prophète en a pris une bouchée, mais il ne l'a pas avalée et il l'a sortie de sa bouche. Il a ensuite dit que cette viande lui avait insinué qu'elle n'était pas procurée licitement. Les hôtes ont dit qu'ils n'avaient pas trouvé de la viande au marché, et qu'ils avaient abattu un mouton appartenant à un voisin, sans lui demander l'autorisation, mais qu'ils avaient l'intention d'en payer le prix le lendemain. Le Prophète leur a dit qu'il valait mieux donner la viande en charité aux prisonniers.
Emprunter en cas de besoin :
Certains récits et hadiths indiquent que le vénéré Prophète de l'Islam empruntait de temps en temps, en cas de besoin et dans les situation d'urgence. Le vénéré Imam Sadeq (SA) a relaté que la tradition du vénéré Prophète autorisait les croyants de prêter et d'emprunter. Dans un autre récit, le vénéré Imam Sadeq relate que le Prophète, l'Imam Hassan et l'Imam Hossein (SA) avaient des dettes non payées au moment de leur trépas.
Ce récit fait apparemment allusion au fait que le Prophète de l'Islam avait laissé en gage ses armures à l'un des juifs de Médine, pour lui emprunter des vivres dont il avait besoin pour la subsistance de sa famille. Au trépas du Prophète, ces armures restaient toujours en gage.
Le fait que le Prophète de l'Islam ou l'Imam Ali (SA) empruntaient parfois aux juifs, témoigne du fait qu'à l'époque de l'avènement de l'Islam, les juifs de Médine vivaient dans une certaine aisance, tandis que les musulmans menaient une vie matérielle dure et difficile. Dans un tel contexte, en empruntant aux juifs, le Prophète et l'Imam Ali autorisaient les musulmans de le faire en cas de besoin d'urgence. Il ne faut donc pas croire que cet acte allait à l'encontre du principe de la dignité des musulmans. En outre, selon les documents historiques, ces emprunts étaient toujours pratiqués sous forme de prêt sur gages. Par conséquent, au moment du trépas, le gage pourrait être considéré comme garantie solide du prêt.
Il est intéressant de savoir que dans certains cas, le comportement du vénéré Prophète de l'Islam (SA) a amené le prêteur sur gages à se convertir à l'Islam. Selon un récit du vénéré Imam Ali (SA), un juif était venu un jour auprès du Prophète pour lui demander de payer sa dette. Le Prophète lui a dit qu'il n'avait pas à l'instant les moyens de le rembourser. Cependant le juif insistait pendant toute une journée pour exiger le remboursement de sa dette. Les compagnons du Prophète voulaient intervenir, mais le Prophète les a empêché de faire du mal au juif. Le lendemain, le juif est revenu voir le Prophète pour lui dire : "J'ai fait tout cela afin de pouvoir vérifier ton comportement avec la description que la Thora donne du dernier messager de Dieu, car la Thora t'a décrit comme un homme qui ne se met pas en colère et qui ne prononce jamais de mots graves." Le juif s'est converti alors à l'Islam et il a mis sa richesse au service de l'Islam et du Prophète.
Dans les récits relatés à propos des emprunts faits par le Prophète de l'Islam (SA), nous trouvons toujours des leçons morales. A titre d'exemple, une fois un mendiant a demandé au messager de Dieu de l'aider. Le Prophète a emprunté des vivres à l'un des Ansar et les a donnés au mendiant. Un peu plus tard, le prêteur a eu besoin lui aussi des vivres. Le Prophète a emprunté le double des vivres à une autre personne et a remboursé sa dette. Ceci étant dit, il est vrai qu'il ne faut emprunter que lorsque l'on est vraiment dans le besoin, mais en réalité, la générosité du Prophète de l'Islam (SA) était tellement grande qu'il empruntait parfois pour pratiquer sa générosité au moment du remboursement de ses dettes. En effet, selon les traditions du messager de Dieu, il est recommandé aux musulmans de payer une somme supplémentaire au prêteur lorsqu'ils veulent rembourser leur dette. Les récits et les hadiths indiquent que le Prophète le faisait toujours.
Chaque fois que le Prophète voulait faire acte de sa sympathie pour quelqu'un, il lui demandait d'abord quel était son métier. Si la personne lui répondait qu'il était sans-emploi, le messager de Dieu (SA) lui disait : "Je n'apprécie pas cela". Lorsque ses adeptes lui demandaient de leur en expliquer la raison, le Prophète disait : "Quand un croyant est sans-emploi, il fait de sa foi l'objet de sa subsistance".
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