Edward Snowden futur président des states ?

Où donc Edward Snowden a-t-il puisé la force de son engagement et de sa droiture ? 

A-t-il regardé quand il était plus jeune les oeuvres de Fritz Lang, de John Houston, de Spielberg, de Scorsese, de David Lynch, des frères Coen ? Peut-être faudrait-il boucler ces gens pour tentatives de subversion ! Il y a dans tous ces films quelque chose en relation avec le message déjà critique et généreux de Chaplin, et surtout avec ces films humanistes, que sont « La vie est belle », ou « L’homme de la rue » de Capra.

Quelque chose qui est l’essence même du héros américain ! Une histoire d’engagement, de valeurs, de la lutte du bien contre le mal et le cynisme !

L’histoire sans cesse raconté du héros solitaire, incorruptible, qui parvient à retourner la force du destin, alors qu’on le croyait mort, quand il s’engageait, à un contre cent.

Comme Kennedy bien avant lui, Obama connaît bien sûr l’importance de l’image. Lui aussi a fait le voyage à Berlin, s’est mis en bras de chemise face à la foule. Mais le slogan « ich bin ein Berliner » cette fois n’a pas fonctionné. La faute au mur qui n’existait plus, et qui ne permettait plus de si belles envolées que naguère. On ne peut pas gagner sur tous les plans, c’est vrai, mais avouez que c’est tout de même dommage, parfois, la chute du communisme. Ces islamistes, à coté, ne font pas trop le poids, questions divisions, et auraient même tendance, à paraître pour des cibles un peu facile.

 La petite Nabila Rehman, dont la famille pakistanaise a été victime d’un drone a été invité à témoigner au congrès. "Quand il a reçu le prix Nobel de la paix en 2009, Obama a fait un discours émouvant qui faisait référence à la centralité de la doctrine chrétienne de la guerre juste théorisée par saint Ambroise et saint Augustin, rappelait mardi le le Washington Post. Or, la doctrine de la guerre juste implique qu'une attaque soit non seulement proportionnée et nécessaire, menée en ultime recours, qu'elle évite des dommages inutiles et qu'elle ait des chances raisonnables de mettre un terme au conflit. Sur ce point précis, on voit difficilement comment les attaques de drone pourraient agir pour la paix, ni même y mener."

 Tout cela ne fait il pas partie d’une stratégie pour sauver ce qui peut l’être ? Les conseillers ne sont jamais à cours d’idée. Néanmoins il en leur faut beaucoup pour faire diversion avec le moins pire, ou supposé tel, qui puisse être utilisé en terme d’auto apitoiement collectif, et de possibilités de se défausser du mistigri.

Le foutu Mistigri, c’est ce fameux Edward Snowden, qui s’est réfugié derrière l’ex rideau de fer ! Quelle ironie de l’histoire, alors que John Le Carré vient de sortir un dernier livre ( Une vérité si délicate) , se montrant toujours aussi lucide ( interview donnée au nouvel observateur du 17/09) :

« La solution trouvée par Obama pour ne pas entraîner son pays dans une nouvelle guerre, a été un recours massif aux forces spéciales, aux sous-traitants, aux drones, en niant systématiquement les dommages collatéraux. Le complexe militaro-industriel (une expression crée par Eisenhower !) a besoin de nouveaux ennemis, de nouveaux conflits ».

Le renseignement, on l’a compris, est devenu de plus en plus la grande affaire. Qu’importe le moyen, seul compte le but !

 Et qu’importe le but, seul compte les moyens ! Serait-on tenté de dire, au vu des intérêts privés qu’on peut logiquement suspecter d’être parties prenantes dans cette histoire. Mais l’affaire s’est salement compliquée, au niveau des dommages collatéraux.

 Non seulement on ne contrôle plus l’image, catastrophique, de l’Amérique, si habile autrefois à sa propagande, mais le son lui même commence à se brouiller !

 Est-ce bien utile de rappeler toute la valse des accusations, venant maintenant de toutes les grandes capitales du monde. Il s’avère maintenant que la STASI et ses micros planqués dans les murs, jouait vraiment petit bras à coté de ce que faisait la NSA envers ses alliés, l’oreille accrochée au téléphone portable des puissants.

 Nos gouvernants doivent-ils faire maintenant comme ces chefs mafieux siciliens ne correspondant plus entre eux qu’en écrivant sur de petits billets, que les gamins des rues transportent en courant ?

Pas un jour sans que l’ampleur de l’affaire ne s’aggrave, ne fasse écho à d’autres affaires, et ne révèle un nouvel ordre bipolaire : Les informés, et les espionnés.

Le quotidien allemand affirme en effet que des documents transmis par Edward Snowden montrent qu'il aurait existé un accord secret entre la France et les "Five Eyes", cinq pays anglophones notoirement alliés dans le domaine de la surveillance (USA, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Canada, et Australie). Le journal Reflets explique bien l'intérêt pour la NSA de signer un accord avec la France. "Le continent Africain échappe en grande partie aux grandes oreilles Américaines (seulement 11Gb de trafic)… Mais pas aux grandes oreilles Françaises (343Gb, ou presque), mettant ainsi notre pays dans une position unique pour intégrer le club fermé – aux cotés d’Israël – des grands maitres de la société de surveillance qui s’installe", remarque l'expert Fabrice Epelboin.

Cela expliquerait l’embarras de certaines personnalités, leur désir de botter en touche, de prétendre qu’entre amis, cela n’est pas si grave que ça, « et que nous même espionnons les autres à l’occasion ! ».

"Soyons honnêtes, nous écoutons aussi. Tout le monde écoute tout le monde. Simplement nous n'avons pas les moyens des Etats-Unis ce qui rend jaloux", expliquait savamment l'ex-ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en homme habitué à pas mal de compromissions.

Du moins était-ce au début de l’affaire. Aurait-on été dupe, laissant tomber nos armes, croyant traiter affaire à égalité des américains, alors que ceux ci nous détroussaient, nous laissant des broutilles ? la simple lecture d’une fable cruelle de La Fontaine « La génisse, la chèvre et la brebis, en société avec le lion » les aurait utilement mis en garde….

  Des limites inacceptables auraient-elles été franchies ? Le durcissement des allemands, au début bien peu pugnaces, semblent aller dans ce sens de l’explication. Angela, d’abord placide et conciliante, s’est fâchée tout rouge, et demande maintenant des explications, sans passer par son portable.

Coté Amérique, on souffle désormais le chaud et le froid, selon la technique ancienne des commissariats. Coté flic épais, donnant des baffes, on applique cette vieille technique qui consiste à considérer que la meilleure défense, c’est l’attaque !

Le trésor américain a d’ailleurs pris pour cible l’Allemagne.. "L'excédent des comptes courants de l'Allemagne, qui représentait plus de 7 % de son produit intérieur brut (PIB) au premier semestre 2013 [...], est supérieur à celui de la Chine", critique Washington. Ce constat couplé au "rythme anémique de la croissance de la demande intérieure en Allemagne et sa dépendance à l'égard des exportations contrarient" les efforts visant à rendre plus stable l'économie de la zone euro.

Traduction : « Si vous voulez des emmerdes, vous allez êtes servi ! »

Coté bon flic, celui qui vous propose un sandwich et un bière, John Kerry a fait son mea culpa. Le secrétaire d'Etat américain a reconnu jeudi que les Etats-Unis étaient parfois allés "trop loin" ! Tout en reliant évidemment ces choses, à des buts évangéliques : Empêcher que des immeubles ne tombent, et sauver des vies humaines menacées par les méchants terroristes !

 Bon, on ignorait tout de même qu’Angela Merkel, et autres dirigeants avaient de telles relations !

« Nous avons toujours connu les Etats-Unis en état de guerre permanente, ce qui faisait l’affaire du gouvernement. La seule manière d’unir un grand pays, c’est d’y installer un sentiment de peur, de menace intérieure pour sa sécurité, ce qui lui permet de se poser en victime ! » Nous dit John Le Carré.

Georges Orwell ne nous disait rien d’autre, au travers de ce livre prophétique que fut 1984. Tous les concepts qu’il a développés, que ce soit celui de « la police de la pensée », et « les deux minutes de haine », moment rituel de la journée, où les gens se mettent à hurler contre l’ennemi qu’on leur désigne, jusqu’à cet œil omnipotent de « big brother », vous regardant, quel que soit l’endroit où vous soyez, fait que ces révélations ont bien un air redoutable d’actualité…

Pendant longtemps, on n’a cru que le livre n’était qu’une critique voilée des méthodes soviétiques. Mais le message d’Orwell était plus large, et s’attaquait à tous les totalitarismes, et cette affaire nous montre bien combien cet écrivain avait un regard aiguisé !

La chose que Orwell n’avait pas anticipé, c’est cette prodigieuse avancée des technologies, qui donne des ailes et même des idées, au désir de contrôle.

Chaque jour apporte ainsi son contingent de surprises en tous genres, dans cet énième album de « Black et Mortimer » !             

 Ou peut-être faudrait-il parler plutôt de « Docteur Obama et mister Hyde ? »

Mais peut on attendre un miracle d’un président qui n’est au fond qu’un porte parole d’une politique définie dans les cabinets secrets.

 Le secret, toujours lui ! Il serait temps que les citoyens de ce pays se réveillent, et s’aperçoivent que la nouvelle frontière à combattre est celle du quant à soi ! La paranoïa et le réflexe sécuritaire, ajoutés à la loi du lynch et du musellement sont contre-productifs, dans une société se définissant comme démocratique.. !

Aura-t-elle la capacité de se reprendre ? Peut-elle amorcer un nouveau virage, et se lancer, à la lumière de ces révélations, dans un nouveau « new deal ». 

Elle possède un formidable potentiel : Ecrivains, créateurs, cinéastes..

Lequel d’entre eux est il le plus susceptible de prendre la relève de John Capra, ce cinéaste des années 40 qui faisait rêver l’Amérique, en terme d’honneur, d’engagement, de droiture, et d’idéal, alors que l’Europe était en proie à ses démons.

 Qu’aurait fait John Capra d’un jeune homme idéaliste travaillant à la NSA ? Il y a fort à parier que le scénario aurait ressemblé comme deux gouttes d’eau à celui qui se déroule actuellement… L’honneur, le questionnement, la dénonciation, la fuite, l’engagement.

L’opinion se questionne. Ce type est il un traître ou un héros ? En Europe, où les dirigeants commencent à réaliser qu’ils lui doivent une fière chandelle, ce sont les médias qui se mobilisent. http://www.courrierinternational.com/notule-source/der-spiegel. « Der Spiegel » prend ainsi fortement position, et il se pourrait bien, aux dernières nouvelles, que la Suisse lui garantisse l’asile politique.

Le service rendu aux USA sera peut être plus long à admettre pour les autorités de ce pays, mais il est aussi patent. Sans aucun doute bien plus important que celui des journalistes révélant l’affaire du watergate. Snowden a mis un frein à une dérive orwellienne, dont on serait bien en peine, d’en connaître la conclusion, mais l’histoire souvent bégaie, et les exemples illustrant de ce que sont devenus les états paranoïaques sont assez effrayants.

Bien des américains déjà s’en sont rendus compte !

On en serait donc qu’à la moitié du film !

Nous en sommes à ce moment crucial où les masques se retournent. Resterait la suite à traiter, le pardon, les excuses officielles.. Le come back triomphal, le retour de l’homme au pays !

Forcément grandiose : La remontée en limousine à toit ouvert, entourée de dix policiers sur leur Harley, plan large, dans les rues de Manhattan, par un beau jour de printemps !

Travelling sur la foule radieuse lançant des fleurs, des rouleaux de papier multicolore, des confettis, du riz !

Puis fondu enchaîné sur la valse des rotatives ! Les gamins des rues distribuant les éditions qu’on s’arrache :

« Demandez le New York Times ! Edward Snowden se présente à la présidence ! »

Inutile de rajouter une Marilyn, l’accueillant à bras ouvert, sur le parvis de la maison blanche

« Good morning, mister president ! »

Les films, même si c’est bon pour rêver, faut pas trop en rajouter dans la guimauve, quand même !

« C’est bon pour l’happy end ! Coupez ! »

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/

 

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