L’amour de la femme en islam

L’une des opinions à l’origine du mépris envers la femme a trait à l’austérité sexuelle et à la sanctification du célibat. Comme l’on sait, dans certaines religions les relations sexuelles sont impures par nature. Selon la croyance des adeptes de ces religions, ceux qui sont le plus à même de parvenir aux degrés spirituels sont ceux qui vivent en célibataires toute leur vie. Les chefs de ces religions autorisent uniquement le mariage afin de troquer la grande corruption contre la petite. Ils prétendent que la plupart des gens n’étant pas capables d’endurer le célibat, ils sont voués au libertinage et tombent dans la prostitution, entrant ainsi en contact avec de nombreuses femmes. Aussi, il est préférable qu’ils se marient afin de n’avoir de contact qu’avec une femme seulement. Le rejet du corps de la femme constitue la source de la quête de l’ascétisme et de la préférence pour le célibat. De là, l’amour de la femme est considéré comme une grande corruption morale.

L’islam combat durement ce préjugé. Il considère que le mariage est sacré et que le célibat est impur. L’islam dit : « L’amour de la femme est une composante de la morale des prophètes. » (Wasâ’il, Vol. 3, p. 3). Le noble Prophète (s) dit : « Je suis attaché à trois choses : le parfum, la femme, la prière. » Bertrand Russel dit : « On trouve dans toutes les religions une forme de rejet de l’amour physique, hormis dans l’islam. L’islam établit des limites et des prescriptions regardant cette forme d’amour, valant pour le bien commun, mais jamais ne le considère comme impur. » Du point de vue de l’islam, non seulement l’amour physique n’est pas incompatible avec la spiritualité, mais il fait même partie de la conformation des prophètes (as). Le noble Prophète (s) et les Imâms immaculés (as), selon les nombreux textes et hadiths qui nous sont parvenus, manifestent ouvertement leur amour et leur attachement envers la femme et, à l’inverse, ils blâment sévèrement ceux qui développent un goût pour le monachisme.

L’un des compagnons du noble Envoyé (s), ‘Othmân ibn Maz‛ûn, emmène si loin son adoration qu’il jeûne tous les jours et veille toutes les nuits en prière jusqu’à l’aube. Son épouse en informe le noble Envoyé (s). Alors que la colère est visible sur son visage, il se rend auprès de ‘Othmân ibn Maz‛ûn et lui dit : « Ô ‘Othmân, sache que Dieu ne m’a pas envoyé pour le monachisme. Ma loi est une loi aisée et naturelle. Personnellement, je prie, je jeûne et j’ai des relations sexuelles avec mon épouse. Celui qui veut suivre ma religion doit accepter ma Sunna. Le mariage et les rapports sexuels entre la femme et l’homme font partie de mes traditions. »

Khadîja (as) est de quinze ans plus âgée que le noble Prophète (s). (Après la mort de Khadîja (a),) à chaque fois qu’il mentionne son nom, le noble Prophète (s) évoque sa grandeur et parfois, des larmes coulent sur ses joues au point d’irriter ‘Â’isha. ‘Â’isha au contraire, et ce parce qu’elle est jeune, se prévaut de sa jeunesse. Une fois, elle va jusqu’à dire : « Une vieille femme n’a pas tant d’importance. Pourquoi lui en accordes-tu tant ? » Il lui dit : « Que dis-tu là ? Pour moi, Khadîja (as) était autre chose. » Lors de la nuit de noces de l’Imâm ‘Alî (as) et de son Excellence Zahrâ (as) conformément à la coutume – et il est probable que cela ait toujours cours dans certains villages – lorsque la jeune mariée et le gendre du Prophète (a) sont emmenés dans la chambre, les femmes se sont rassemblées derrière la porte. Mais le Prophète (s) dit : « Personne n’a le droit de se rassembler là, éloignez-vous, partez toutes ! » Un peu plus tard, le Prophète (s) passe à proximité et voit qu’Asmâ’ bent (1) ‘Umays ne s’en est pas éloignée. Il lui dit : « N’ai-je point dit que personne ne reste ici ? Pourquoi n’es-tu pas partie ? » Elle lui répond : « Ô Envoyé de Dieu (s), Khadîja (as) au moment de sa mort a transmis ses dernières volontés et m’a dit : ‘Asma’, je suis en train de mourir et je suis inquiète pour ma fille Fâtima (Son Excellence Zahrâ (as) est la plus jeune de ses filles). Je pense que sa nuit de noces arrivera, or cette nuit-là, la jeune mariée a besoin de sa mère, il y a des choses que l’on ne peut évoquer qu’avec sa mère, et moi je ne serai pas là. Je te charge de prendre soin de Zahrâ (as) lors de sa nuit de noces.’ » Asma’ dit (car c’est elle qui relate ce hadith) : « A peine ai-je prononcé le nom de Khadîja (as) que je vois couler les larmes bénies du noble Prophète (s). » Il me dit : « Alors, reste. » Il dit : « Je suis là au cas où Zahrâ (as) appelle quelqu’un, dans ce cas je me rapprocherais, il se peut qu’elle veuille quelque chose. » Il est le Prophète (s), mais il n’en demeure pas moins que son lien marital est à ce point solide.

L’une des épouses de l’Imâm Hosayn (as) se nomme Rabâb et elle est la seule à se trouver à Karbalâ. Elle est la mère de Sakîna. Son Excellence (as) manifeste un grand dévouement envers elle et on a même rapporté de lui ces vers-ci :

Par l’Ami, je jure combien j’aime la demeure dans laquelle se trouvent mon épouse Rabâb et ma fille Sakîna

Mon cœur désire dépenser pour elles mon bien et ma fortune afin que personne ne me nuise et ne me fasse obstacle.

(Fî rahâb A’imma ahl al-bayt (as), Vol. 3, p. 166).

Voyez les liens d’amour de ces élus de Dieu ! C’est ainsi qu’ils sont à l’égard de leurs épouses et ce à tel point qu’il est dit à leur sujet (et leurs épouses) : « Vous et vos épouses, entrez au paradis avec allégresse. » (Sourate Al-Zûkhrûf (L'ornement) ; 43 : 70). De la même manière, le comportement et les déclarations du noble Prophète (s) concernant son Excellence Zahrâ (as) corroborent l’importance accordée par l’islam à l’amour envers les femmes. En voici des exemples :

L’Envoyé de Dieu (s) dit : « Fâtima (as) fait partie de moi. Celui qui la met en colère me met en colère. » (Khasâ’is Nisâ’î, p. 35 ; Konz al-‘amâl, Vol. 6, p. 220). Il dit aussi : « Celui qui l’attriste, m’attriste, celui qui la tourmente… me tourmente. Celui qui la réjouit, me réjouit. » (Fadhâ’il al-khamsa, Vol. 3, pp. 5 à 15). Il dit ailleurs : « Ô Fâtima (as) ! Dieu est en colère lorsque tu es en colère, comme Dieu est satisfait lorsque tu es satisfaite. » (Dhakhâ’ir al-‘uqba, p. 39 ; Mîzân al-i‛tidâl dhahabî, Vol. 2, p. 72).

Il dit à un autre moment : « Cet ange est venu me transmettre la nouvelle que Fâtima (as) est la maîtresse des femmes du paradis. » (Sahîh Tirmidhî, Vol. 2, p. 306). Il dit également : « Ô Salmân, celui qui aime Fâtima (as) se trouve au paradis et celui qui est son ennemi se trouve en enfer. Ô Salmân, le fait d’aimer Fâtima (as) est utile lors d’une centaine d’états dont les principaux sont : l’instant de la mort, la tombe, la pesée des actes, le lieu où l’on se rassemble pour attendre la résurrection, le pont du sirât (2) et le compte. Lorsque ma fille est satisfaite de quelqu’un, je suis satisfait de lui, et lorsque je suis satisfait de quelqu’un, Dieu est satisfait de lui, et lorsque Fâtima (as) est en colère contre quelqu’un, Dieu est en colère contre lui. » (Farâ’id al-simtayn, Vol. 2, p. 67).

Selon le glorieux Prophète (s), Zahrâ (as) jouit d’un statut élevé. Il n’est pas possible d’évaluer réellement ce que sont l’estime et l’honneur dont Fâtima (as) dispose auprès de l’Envoyé de Dieu (s). Ce que l’on peut dire de mieux est que les mots n’ont pas la capacité d’assumer une telle charge. Disons seulement : « Elle occupe l’espace le plus étendu du cœur de son père et jouit de la meilleure des situations au sein du monde que constitue l’existence même du noble Prophète (s). Lorsque le glorieux Prophète de l’islam (s) avait l’intention de partir en voyage, Fâtima (as) était la dernière à qui il faisait ses adieux, et lorsqu’il revenait, elle était la première à recevoir sa visite. » (Mustadrak al-Sahîhîn, Vol. 1, p. 498).

‘Â’isha rapporte : « Lorsque Fâtima (as) entre à l’intérieur, son père se lève, l’embrasse et la fait asseoir à sa place. » Elle dit de même : « Un jour, le Prophète (s) embrassa la gorge de Fâtima (as). Je dis : ‘Ô Envoyé de Dieu (s) ! Tu as accompli une chose que tu n’accomplissais pas auparavant !’ Son Excellence (s) répondit : ‘Ô ‘Â’isha, lorsque je me languis du paradis, j’embrasse la gorge de Fâtima (as)’ »

 

Notes

1 Fille de.

2 Nom du pont menant au paradis, mince comme le fil d’une épée, et enjambant l’enfer.

 

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