Les qualités de son Excellence Issa (as) selon le Coran
Le Coran présente son Excellence le Masîh (1) (as) avec de nombreuses qualités, dont certaines correspondent à des talents tandis que d’autres sont innées. Le fait qu’il possède ces qualités indique qu’il est doué d’une wilâya (2) complète. Ces qualités sont les suivantes :
1- ‘Isâ (3) (as) est le Verbe de Dieu
Le Coran nomme ainsi le Masîh (as) par deux fois, dans les versets suivant : « Oui, le Messie, Jésus, fils de Marie, est le Prophète de Dieu, Sa Parole qu’Il a jetée en Marie, un Esprit émanant de Lui. » (sourate Al-Nîsâ’ (Les femmes) ; 4 : 171), et dans celui-ci : « Les anges dirent : ‘Ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui : Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. Dès le berceau, il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes.’ » (Sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45 et 46).
Dans ces versets, le Masîh (as) est appelé kalima / كلمه / verbe. Ce terme est également présent dans le Nouveau Testament. Les anges y apportent à Maryam (4) (as) le message lui annonçant que Dieu lui donne la bonne nouvelle d’un verbe émanant de Lui ; d’un verbe qui a pour nom le Masîh (as), ‘Isâ ibn Maryam (5) (as), qui dans ce monde et dans l’autre est beau et honorable, il fait partie des rapprochés (6) . ‘Isâ (as) se met à parler alors qu’il n’est encore qu’un nouveau-né. Il fait partie des justes. Dans ce message, les qualités éminentes de son Excellence le Masîh (as) sont exposées. Parmi elles, il est question qu’il soit un kalima / كلمه / verbe, émanant de Dieu. Le noble Coran considère toutes les créatures comme des / verbes divins (7) . Le sens de kalima / كلمه est une chose qui dévoile un mystère, qui révèle l’intérieur, qui informe à propos de ce qui est caché. Les mots sont également nommés kalimât / كلمات pour la raison qu’ils sont les révélateurs des mystères du for intérieur, c'est-à-dire que les significations cachées peuvent être exposées par ces lucarnes. Et comme toutes les créatures de l’univers expriment les signes et les secrets du monde caché, alors elles sont des kalimât / كلمات, des verbes de l’occulte. Dieu le Glorifié parle Lui-même de l’ensemble des créatures en tant que kalimât / كلمات : « Dis : ‘Si la mer était une encre pour écrire les paroles de mon Seigneur ; la mer serait assurément tarie avant que ne tarissent les paroles de mon Seigneur, même si nous apportions encore une quantité d’encre égale à la première.’ » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 109). Pour aborder la plupart des questions concernant l’intelligible comme étant rapproché du sensible, Dieu le Glorifié s’exprime au moyen de l’allégorie. Il dit : « Voilà des exemples que Nous proposons aux hommes, mais ceux qui savent sont seuls à les comprendre. » (sourate Al-‘Ankabût (L'araignée) ; 29 : 43). Si l’océan se faisait encre pour écrire les paroles de Dieu, l’océan se trouverait asséché avant même que les paroles de Dieu prennent fin, car les paroles de Dieu sont illimitées. En effet, chaque goutte d’eau de l’océan, ce qui nage dans ses flots, son rivage, ses profondeurs, le delta du fleuve qui s’y jette, les rivières qui alimentent ce fleuve, tout cela est verbes de Dieu. C’est pourquoi Dieu dit dans un autre verset : « Si tous les arbres de la terre étaient des calames et si la mer, et sept autres mers avec elle leur fournissaient de l’encre, les Paroles de Dieu ne l’épuiseraient pas. Dieu est puissant et sage. » (sourate Luqmân ; 31 : 27). Les paroles de Dieu sont Ses volontés, et Ses volontés proviennent de cette Volonté éternelle et infinie. Jamais une chose limitée ne parviendra à écrire des signes produits à l’infini. Son kalima / كلمه, Son verbe, c’est ‘Isâ (as), parce que ‘Isâ (as) est en lui-même le verbe de la création, c'est-à-dire qu’il est l’archétype de l’injonction kun / كن / sois ! Et si le mot kalima / كلمه est ici spécifiquement attribué à ‘Isâ (as), alors que tous les êtres humains, et plus encore, toutes les créatures, ont été créés par cette même injonction kun / كن / sois !, c’est parce que la naissance des autres créatures s’est réalisée conformément à une suite de causes ordinaires et familières. La semence de l’homme, lors de l’union, rejoint la semence de la femme, et les facteurs consécutifs à cet acte se mettent en branle, jusqu’à ce que l’enfant naisse. C’est pour cette raison que la naissance est fondée sur l’union. Or, parce que la fécondation de la semence qui a donné lieu à ‘Isâ (as) n’a pas emprunté cette voie-là, et qu’une partie des causes habituelles et graduelles n’ont pas été présentes, son être découle forcément de l’usage de la parole créatrice (8) , sans que les causes ordinaires ne se soient immiscées dans l’affaire ; ‘Isâ (as) est lui-même le verbe. Ainsi, les paroles de Dieu résident dans toutes les créatures du monde objectif qui indiquent l’occulte, le caché. Aussi, celles qui dévoilent le mieux l’occulte se retrouvent dans une parole complète. C’est pourquoi il est rapporté des Imâms impeccables (as) : « Partout dans le monde se trouve les kalima / كلمه de Dieu, mais nous, nous sommes les kalima / كلمه complets. Si les autres vous montrent un aspect du monde occulte, nous connaissons la plupart des secrets de l’occulte, et nous vous en informons. » Par conséquent, les prophètes (as) et les walî (as) de Dieu, sont des kalima / كلمه. Il est évident que le mot kalima / كلمه / verbe, n’équivaut pas simplement à kalâm / كلام / parole (9) . Il s’agit du discours, du discours divin, en tant que signe de Dieu. ‘Isâ (as) est à la fois le héraut de Dieu, il parle avec la permission de Dieu, et il est lui-même également le verbe de Dieu, parce que son nom compte parmi les plus beaux noms de Dieu. ‘Isâ le Masîh (as) est un verbe de Dieu qui provient de Dieu même, qui est descendu puis apparu dans le monde des possibles, de façon à être manifesté : « Louange à Dieu Le Manifesté pour Sa création, par Sa création. » (10) Si la signification des notions de manifestation et d’apparition réglait les différends entre les êtres humains, alors plus aucun chrétien ne serait exposé à l’humiliation de la trinité, ainsi que le Coran dit : « Oui, ceux qui disent : ‘Dieu est, en vérité, le troisième de trois’ sont impies. » (sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 73). Le Masîh (as) est le signe de Dieu, or, le signe comme le Maître du signe ne doivent pas se trouver placés au même niveau, tout comme le mot ne se trouve pas au même niveau que celui qui le prononce. L’Esprit saint et ‘Isâ Masîh (as) sont tous deux des signes, et Dieu le Glorifié assiste et enrichit ‘Isâ Masîh (as) par l’Esprit saint : « Dieu dit : ‘Ô Jésus, fils de Marie ! Rappelle-toi Mes bienfaits à ton égard et à l’égard de ta mère. Je t’ai fortifié par l’Esprit de sainteté. Dès le berceau, tu parlais aux hommes comme un vieillard. » (sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 110). De même que Son Excellence le Masîh (as) et Son Excellence Maryam (as) comptent pour des miracles de ce monde, ils sont considérés comme un seul signe : « Nous avons fait du fils de Marie et de sa mère un Signe. » (sourate Al-Mu’minûn (Les croyants) ; 23 : 50). Ainsi, d’une part, son Excellence le Masîh (as) transmet la parole de Dieu aux gens, comme un prophète de Dieu, il parle miraculeusement depuis son berceau d’autre part, et en plus il est la parole spéciale et le verbe particulier de Dieu.
Quoi qu’il en soit, la question qui se pose sur la raison du choix de ce mot kalima / كلمه pour qualifier ‘Isâ (as) fait couler beaucoup d’encre parmi les exégètes. Cependant, la thèse la plus commune retient la naissance extraordinaire du Masîh (as), comme nous l’indique ce verset : « Tel est, en vérité, Son Ordre : quand Il veut une chose, Il lui dit : ‘Sois !’ et elle est. » (sourate YâSin ; 36 : 82), ou bien l’annonce de la bonne nouvelle que Dieu fait parvenir à sa mère, par des « paroles ». On peut également citer comme motif de cette appellation, l’usage que le Coran fait de ce terme, dans le sens de « créature » par exemple dans ce verset : « Dis : ‘Si la mer était une encre pour écrire les paroles de mon Seigneur ; la mer serait assurément tarie avant que ne tarissent les paroles de mon Seigneur, même si nous apportions encore une quantité d’encre égale à la première.’ » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 109). Ce verset nous informe que l’objet des « paroles de mon Seigneur » est Ses créatures, le Masîh (as) étant l’une des grandes créatures de Dieu, le terme s’applique évidemment à lui. Dans l’intervalle, ceci répond en sus à ceux qui associent la divinité à ‘Isâ (as). ‘Allâmeh Tabâtabâ’î déclare : « Les mot kalima / كلمه et kalam / كلم sont pareils aux mots tamra / تمره et tamr / تمر ; dans les deux cas, le premier indique le genre, tandis que le second s’emploie au singulier. Aussi, le mot kalima / كلمه s’emploie pour une parole qui atteste d’une signification (à l’inverse d’une parole sans signification et chimérique, qui ne sera jamais appelée kalima / كلمه). Il s’emploie également pour une phrase. Que la phrase soit du type « Zayd est le résurrecteur », qui est une phrase finie, que l’on peut achever pas un silence, ou qu’elle soit du type « Si Zayd est le résurrecteur », qui est inachevée et attend une question chez celui qui l’entend (Si Zayd est le résurrecteur, que va-t-il se passer ou que feras-tu ?), dans les deux cas kalima / كلمه est employé au sens lexicographique. Si maintenant nous prenons en compte la manière dont ce mot est employé dans le noble Coran, à savoir ce kalima / كلمه qui est attribué à Dieu le Très-Haut, il désigne toute chose révélant la volonté divine (de la même manière que conformément à sa signification littérale, kalima / كلمه consiste en une parole qui révèle à celui qui écoute le dessein jusque-là caché de celui qui parle). Que le verbe de Dieu consiste en une injonction à exister, et que par cette injonction une chose en vienne à être dans le monde de l’existence, à apparaître, ou qu’il s’agisse de la parole de la révélation qui se manifeste à un prophète ou à un exégète par la volonté de Dieu, cela revient au même. » Au sujet de la signification de kalimat Allâh / كلمة الله / verbe de Dieu, et de l’objet de kalima / كلمه dans la phrase : « يُبَشِّرُكِ بِكَلِمَةٍ مِنْهُ / Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45), certains avancent qu’il s’agit de son Excellence le Masîh (as), considérant le fait que les prophètes qui sont venus avant lui, et en particulier les prophètes israélites, avaient annoncé aux gens la bonne nouvelle de la venue prochaine du Sauveur des Banî Isrâ’îl (11) . Or, il est vrai que Dieu le Très-Haut dit à ce sujet : « Le Masîh (as) est ce verbe dont J’ai parlé précédemment. » Il emploie la même expression lorsqu’Il rapporte l’apparition de Mûsâ (12) (as) : « Ainsi s’accomplit la très belle promesse de ton Seigneur envers les fils d’Israël, parce qu’ils ont été patients. » (sourate Al-A‛râf ; 7 : 137). Cependant, cette explication n’est pas juste, pour la simple raison que, bien que s’accordant aux bonnes nouvelles détaillées dans les deux Testaments, elle ne s’accorde pas avec le noble Coran qui lui ne dit pas que la bonne nouvelle de la venue de ‘Isâ (as) a été faite à l’avance. De ce fait, nous ne pouvons prétendre que dans ce verset, le mot kalima / كلمه désigne une bonne nouvelle qui aurait été annoncée précédemment. En effet, le Coran fait de ‘Isâ (as) un porteur de messages, et de plus, la phrase suivante : « Son nom est : le Messie » ne vient pas appuyer cette explication, car visiblement, le terme de « Masîh » correspond au nom de ce kalima / كلمه dont il est question. Autrement dit, ce kalima / كلمه, c’est ‘Isâ (as), et non le nom de son apparition, ou de l’apparition d’un kalima / كلمه qui aurait été annoncé précédemment par les prophètes. Il est maintes fois dit que le kalima / كلمه, c’est ‘Isâ (as), parce qu’il rend plus claire la Thora aux gens, parce qu’il exprime le dessein que Dieu le Très-Haut poursuit dans la Thora, parce qu’il désigne les thèmes qui ont été ajoutés à la Thora par les juifs, et aplanit ainsi les divergences qu’ils ont au sujet des questions religieuses, comme le rapporte le Coran en s’adressant aux Banî Isrâ’îl : « Je suis venu à vous avec la Sagesse pour vous exposer une partie des questions sur lesquelles vous n’êtes pas d’accord. » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 63). Bien que ce point nous explique l’emploi du mot kalima / كلمه, le saint verset est néanmoins dénué de détails pour étayer cette explication. On retrouve également très souvent que l’objet de kalimatin minhû / كلمة منه est la bonne nouvelle elle-même qui annonce à Maryam (as) qu’elle se trouvera enceinte de ‘Isâ (as), et que ‘Isâ (as) viendra au monde par elle. En résumé, le sens serait : « Dieu le Très-Haut t’annonce la bonne nouvelle d’un verbe venant de lui, et ce verbe consiste en ceci : la bonne nouvelle t’est annoncée que bientôt, sans que tu ais eu à rencontrer un homme, ‘Isâ (as) viendra au monde par toi. » Cette explication n’est pas correcte non plus car suite à ce verset, il est écrit : « Son nom est : le Messie », alors que selon l’explication donnée, le nom du kalima / كلمه n’est pas « Masîh » mais « bonne nouvelle » / beshârat / بشارت. Il est également fréquemment avancé que le mot kalima / كلمه désigne ‘Isâ (as) lui-même, parce que ‘Isâ (as) met en œuvre le kalima / كلمه, c'est-à-dire que la signification de kalima / كلمه est kun / كن / sois ! Et si kalima / كلمه est employé à propos de ‘Isâ (as), alors que chaque être humain, et même, chaque créature, est un spécimen de la parole créatrice kun / كن / sois !, c’est parce que la naissance des autres suit un processus ordinaire. Ainsi, ‘Isâ (as) est lui-même le kalima / كلمه, et le verset : « Oui, le Messie, Jésus, fils de Marie, est le Prophète de Dieu, Sa Parole qu’Il a jetée en Marie, un Esprit émanant de Lui. » (sourate Al-Nîsâ’ (Les femmes) ; 4 : 171), ainsi que ce verset : « Oui, il en est de Jésus comme d’Adam auprès de Dieu : Dieu l’a créé de terre, puis Il lui a dit : ‘Sois’, et il est. » (sourate Al-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 59), attestent qu’il soit parvenu à l’existence, et confirment cette signification. Selon nous, il s’agit-là de la meilleure explication. Quoi qu’il en soit, l’objet de kalima / كلمه n’est pas littéral, il n’est pas à prendre au sens ordinaire, il s’agit en effet de l’existence extérieure du Masîh (as), qui compte parmi les paroles créatrices de Dieu. Bien que le monde entier incarne les paroles de Dieu, ‘Isâ (as), parvenu à l’existence de façon miraculeuse, est de ce fait le verbe éminent de Dieu. Quand nous considérons le monde créé comme émanant des paroles de Dieu, cela induit que l’existence des choses créées exprime les paroles de leur Créateur, et que les paroles littérales recèlent tout une suite de significations intérieures et cachées. Dans les versets du Coran, le monde entier apparaît comme les paroles de Dieu. Le Coran traite cette question dans la sourate Luqmân, lorsqu’il est dit : « Si tous les arbres de la terre étaient des calames et si la mer, et sept autres mers avec elle leur fournissaient de l’encre, les Paroles de Dieu ne l’épuiseraient pas. Dieu est puissant et sage. » (sourate Luqmân ; 31 : 27).
2- Son nom est : le Masîh (as) et Ibn Maryam (13) (as)
Les versets du Coran nous indiquent que ces deux noms lui sont donnés par Dieu Lui-même, car le message que les anges transmettent à Maryam (as) dit : « Les anges dirent : ‘Ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui : Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45). La raison pour laquelle il est nommé « le Masîh » (ce mot provient de mash / مسح / oint) est que ce prophète (as) passe sa main sur le corps des malades afin de les guérir. Nous retrouvons parfois que le mot « Masîh » est employé pour mamsûh / ممسوح, qui veut dire « lavé du péché », ou « envahi par la félicité, la bénédiction ». Parmi les autres hypothèses, une mentionne que « Masîh » est un terme d’origine hébraïque, qui provient de mashh / مشح et se rapporte au fait que les juifs, suivant la Thora, enduisent les choses sacrées d’une huile spéciale lors de cérémonies dédiées (14) . Lorsque les juifs ont besoin d’un roi, car ils considèrent la royauté comme une fonction sacrée, ils pratiquent l’onction sur celui-ci, le premier roi à se plier à ce rite portait le nom de Shâ’ûl (15) (Tâlût). Par la suite, il est devenu habituel de procéder ainsi à l’onction du roi d’Israël au moment où celui-ci prend place sur le trône pour régner sur l’ensemble des Banî Isrâ’îl. Suite à la déportation du peuple juif loin de son territoire, la vitrine de leur royauté et de leur pouvoir a été remballée et ils demeurent depuis dans l’attente de celui qui saura faire reparaître le faste d’antan, et rassembler les Banî Isrâ’îl sous un unique étendard. Cet individu attendu et promis est le « Masîh » dont les prophètes (as) des Banî Isrâ’îl ont annoncé l’avènement. Il est probable que le nom de ‘Isâ (as) provienne de Yeshû‛a qui signifie « le sauveur », ou corresponde à ya‛îsh / qui reste vivant, terme qui est également attribué à Yahyâ (16) (as). Dans le cas où les noms de « Masîh » et de « ‘Isâ » ont eu des précédents, les actes que le Masîh (as) accomplit par la suite ne peuvent fonder cette hypothèse, car il faudrait pour ce faire que leur fondement corresponde à quelque chose qui la précède.
‘Allâmeh Tabâtabâ’î déclare : « Le terme ‘Masîh’ signifie mamsûh / ممسوح. Si son Excellence (as) a été nommé ainsi, c’est parce qu’il est empli de félicité et de bénédiction, et/ou parce qu’il est lavé des péchés, et/ou parce qu’il a été oint d’huile d’olive, à titre de bénédiction, car les prophètes (as) s’enduisent eux-mêmes d’huile d’olive. Il se peut que ce soit également parce que Jabra’îl (as), au moment de sa naissance, passe ses ailes sur son corps pour le protéger de la malfaisance de Shaytân (17) , et/ou parce que Son Excellence (as) passe constamment sa main sur la tête des orphelins, sur les yeux des aveugles afin de leur rendre la vue. Certains considèrent qu’il ne passe sa main que sur les corps des malades qu’il va guérir. Tout ceci compose l’ensemble des explications concernant la raison pour laquelle ‘Isâ ibn Maryam (as) est appelé le Masîh (as). Cependant, l’explication que nous pouvons croire fiable est celle qui est donnée lorsque ce mot est prononcé par Jabraïl (as) apportant le message à Maryam (as), que le Coran rapporte ainsi : « Les anges dirent : ‘Ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui : Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu.’ (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45) ». Ainsi, avant même que Son Excellence (as) ne rende la vue à l’aveugle et la santé au malade, et principalement, selon le décret de ce verset, avant même sa naissance, il se voit appelé « le Masîh ». Le mot « Masîh » est l’arabe du mot hébreu meshihâ (18) que l’on trouve dans les deux Testaments en hébreux. D’après déduction de ces deux Livres, la coutume des Banî Isrâ’îl consiste à ce que, lors de son intronisation, le roi se prête à des cérémonies dont l’une consiste à ce que les prêtres l’oignent d’huile sainte pour bénir sa royauté. A cette occasion, le roi est appelé meshihâ qui a pour signification soit « roi », soit « béni ». On peut également déduire des Livres des Banî Isrâ’îl que ‘Isâ (as) est appelé meshihâ en raison de la déclaration annonçant sa venue : il sera bientôt suscité parmi les Banî Isrâ’îl et les gouvernera, il est leur Sauveur. L’Evangile de Luc rend très bien compte de cela, lorsqu’il rapporte : « L'ange lui dit : ‘Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin.’ » (Evangile selon Luc ; 1 : 30 à 33). Avec cette annonce, les juifs comprennent qu’il leur est donné la bonne nouvelle de la venue d’un prophète qui les gouvernera. C’est pour cette raison, et par ce prétexte, qu’ils s’abstiennent de répondre à l’appel de ‘Isâ fils de Maryam (as) et de reconnaître sa prophétie, parce qu’ils ne constatent chez lui aucune royauté et qu’il n’y accède d’ailleurs pas durant la période où il se trouve parmi eux. Parce qu’il est effectivement question de royauté dans le message, certains savants chrétiens, auxquels se joignent quelques exégètes musulmans, s’attachent à expliquer cette notion, et prétendent que l’objet de la royauté, en ce qui concerne ‘Isâ (as), est une royauté spirituelle et non une royauté extérieure et formelle. Cette explication n’est pas improbable, pour la raison que dans le texte même du message, Son Excellence (as) est appelé Masîh (as), c'est-à-dire béni. Or, d’une manière générale, dans la croyance des Banî Isrâ’îl, l’onction d’huile est accomplie pour bénir, ce qui est confirmé par ce verset : « Il m’a béni, où que je sois. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 31). De plus, le mot « ‘Isâ » provient de « Yeshû‛a », que l’on interprète à la fois par « pur » et par « sauveur ». Dans certaines traditions, on lui prête également le sens de ya‛îsh / celui qui reste vivant. Ce dernier sens convient mieux, comme c’est le cas pour le nom qui est donné au fils de Zakariyyâ (19) (as), Yahyâ (as) / celui qui reste vivant, car ces deux prophètes (as) présentent entre eux des similitudes. Alors que les paroles de ce verset sont adressées à Maryam (as), ‘Isâ (as) est dans le même temps appelé ‘Isâ ibn Maryam (as). Ceci est destiné à attirer l’attention sur le fait que ‘Isâ (as) a été créé sans père. Cette spécificité est donc connue. En sus, Maryam (as) lui est associée dans ce miracle, comme le reflète ce passage : « Et celle qui est restée vierge… Nous lui avons insufflé de Notre Esprit. Nous avons fait d’elle et de son fils un Signe pour les mondes. » (sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes) ; 21 : 91).
3- ‘Isâ (as), l’Esprit de Dieu / Rûh Allâh / روح الله
Selon le saint verset : « Ils t’interrogent au sujet de l’Esprit. Dis : ‘L’Esprit procède du commandement de mon Seigneur.’ » (sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17 : 85), l’esprit fait partie du monde de l’impératif divin, et s’il relie la révélation à l’esprit quand Dieu dit : « J’ai fait descendre l’esprit sur toi », alors que l’esprit compte parmi les créatures objectives, les objets extérieurs, et que la révélation concerne des paroles cachées, c’est parce que cette suite de créatures, à savoir les esprits qui sont des créatures pures et saintes, découlent comme les autres créatures saintes de l’acte de création de Dieu, et figurent elles-mêmes parmi les paroles de Dieu le Très-Haut. Ainsi, dans le Coran, ‘Isâ ibn Maryam (as) est appelé « verbe de Dieu » : « Oui, le Messie, Jésus, fils de Marie, est le Prophète de Dieu, Sa Parole qu’Il a jetée en Marie, un Esprit émanant de Lui. » (sourate Al-Nîsâ’ (Les femmes) ; 4 : 171). Nous comprenons que l’esprit est appelé verbe / kalima / كلمه parce que, comme les autres verbes, les autres paroles, il atteste l’intention de son Maître. Aussi, lorsqu’il nous est permis d’appeler l’esprit « verbe », il nous est donc également permis de l’appeler « révélation ». Et si dans ce verset, ‘Isâ ibn Maryam (as) est considéré comme un verbe venant de Lui (kalima minhu / كلمه منه), c’est parce que la création de ‘Isâ (as) se fait par l’intermédiaire de la parole « Soit ! » et non pas avec l’intervention des causes ordinaires qui président habituellement à la création de l’être humain, ce qui est renforcé par le témoignage du Coran qui affirme sans détour : « Oui, il en est de Jésus comme d’Adam auprès de Dieu : Dieu l’a créé de terre, puis Il lui a dit : ‘Sois’, et il est. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 59). La phrase : « Sa Parole qu’Il a jetée en Marie / وكلمته ألقاها إلى مريم » constitue l’exégèse du sens du mot kalima / كلمه , parce que le verbe correspond ici à cette injonction « Soit ! / kun / كن », c'est-à-dire à la parole créatrice, celle qui met en œuvre l’existence. Lorsque ce verbe est lancé sur Maryam (as) la Vierge, elle tombe enceinte de ‘Isâ, l’esprit de Dieu (as), sans l’intervention des causes ordinaires comme le mariage.
Selon le saint verset : « Ils t’interrogent au sujet de l’Esprit. Dis : ‘L’Esprit procède du commandement de mon Seigneur.’ » (sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17 : 85), l’esprit fait partie du monde de l’impératif divin, et ‘Isâ (as) est le verbe « soit ! ». Du fait que le verbe « soit ! » fasse partie du monde de l’impératif divin, ‘Isâ (as) est donc également l’esprit. « Croyez donc en Dieu et en Ses prophètes. Ne dites pas : ‘Trois.’ ; cessez de le faire ; ce sera mieux pour vous. Dieu est unique ! » (sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 171). Le mot fâ / فا qui intervient au début de cette phrase dérive de fâ’ / فاء et indique qu’il s’agit d’une proposition conclusive relative au début du discours, car celui-ci commence en tête de phrase par cette cause qu’est innamâ al-masîh / إنما المسيح / Oui, le Messie. C’est à partir de cette cause que la conclusion est tirée. Voici en résumé ce dont il est question : Dès lors qu’il apparaît clairement que ‘Isâ (as) est le verbe de Dieu et l’Esprit de Dieu, il vous est donc obligatoire de le reconnaître comme tel, et que votre foi se tourne vers Dieu, la divinité de Dieu et les prophètes (as) de Dieu, dont ‘Isâ (as) fait partie. N’évoquez jamais trois dieux, abandonnez cette croyance en trois dieux et ayez foi en Dieu et en Ses prophètes (as), car cela vaudra mieux pour vous.
4- Signe de Dieu et manifestation de la miséricorde divine
La création du Masîh (as) est semblable à celle de son Excellence Yahyâ (as) ; il s’agit absolument d’un miracle. La création du Masîh (as) est même plus mystérieuse encore. Pour cette raison, le Masîh (as) compte pour un signe parmi les signes divins, car il est dit : « Nous ferons de lui un Signe pour les hommes ; une miséricorde venue de Nous. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 21). Certaines des fins de la création du Masîh (as) sont connues par l’emploi même de ce procédé extraordinaire, et cette phrase se réfère à la destinée. Son sens quant à lui est celui-ci : Nous l’avons créé par le souffle de l’Esprit, et sans père, dans ce but justement, et pour qu’il soit un signe pour les gens, une miséricorde de Notre part, afin que par sa création il incarne un signe, et que par sa prophétie et ses miracles il constitue une miséricorde. Il se trouve dans le Coran de nombreuses expressions analogues qui permettent de déduire les desseins auxquels se réfèrent d’autres desseins, comme par exemple ce verset : « Ainsi avons-Nous montré à Abraham le royaume des cieux et de la terre pour qu’il soit au nombre de ceux qui croient fermement. » (sourate Al-An‛âm (Les bestiaux) ; 6 : 75). Cette formulation indique en soi que les desseins de Dieu ne sont pas accessibles à la compréhension de l’être humain, et qu’ils ne peuvent entièrement se trouver contenues dans les mots.
Le Coran nous dit également : « Il dit : ‘Je ne suis que l’envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 19). Le dessein du don (li’ahab / لأهب) consiste ici en sa création miraculeuse. Le mot zakî / زكي désigne toute chose qui est pleine de croissance, méritante et dynamique (20) . Parmi les subtilités employées dans cette sourate pour rapporter les histoires de Zakariyyâ (as), Maryam (as), Ibrâhîm (21) (as) et Mûsâ (as), se trouve une expression unique que l’on retrouve partout : wahab / وهب, qui désigne le fait que Yahyâ (as) a été offert à Zakariyyâ (as), ‘Isâ (as) à Maryam (as), Ishâq (22) (as) et Ya‛qûb (23) (as) à Ibrâhîm (as), et Hârûn (24) (as) à Mûsâ (as).
5- Parler au berceau
L’une des marques attestant que ‘Isâ (as) est bien un signe (âyat / آيت) est qu’enfant, il parle comme un vieillard. Il est dit : « Il parlera aux hommes, enfant et adulte, et il sera au nombre des justes. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 46). Le mot mahd / مهد désigne l’objet dans lequel on place l’enfant qui est allaité. Le mot kahlan / كهلا provient du féminin kuhûlat / كهولت, c'est-à-dire la vieillesse, l’âge mûr. Il s’agit plus précisément de la période qui se situe entre la jeunesse et la vieillesse, dans laquelle l’être humain accède à l’intégralité de ses capacités (25) . On dit de quelqu’un qu’il est kahl / كهل quand la jeunesse et la vieillesse se côtoient en lui. On dit aussi de quelqu’un qu’il est kahl / كهل lorsqu’il a atteint l’âge de trente-trois ans. Quoi qu’il en soit, la phrase en question indique que ‘Isâ (as) vivra jusqu’à cet âge-là (26) , ce qui constitue en soi un autre message à l’intention de Maryam (27) (as). Le fait que le noble Coran précise que ‘Isâ (as) vivra jusqu’à l’âge appelé kuhûlat / كهولت, et que les Evangiles attestent qu’il ne demeure pas sur terre au-delà de ses trente-trois ans, méritent que l’on y prête une attention particulière, parce que c’est pour ces raisons que certains prétendent que ‘Isâ (as) s’est adressé aux gens après être redescendu des cieux, car lorsqu’il est emporté au ciel, il n’a pas encore atteint l’âge dit de kuhûlat / كهولت, et n’a donc pas pu s’adresser aux gens. Après une étude minutieuse de livres d’histoire, certains savants retiennent une information qui contredit ce qui est déduit des Evangiles. D’après eux, ‘Isâ (as) demeure sur terre jusqu’à l’âge de soixante-quatre ans environ. Pour ce qui est de la suite du verset en question, il paraît désigner un des miracles de son Excellence (as). Le sens de ce passage nous indique qu’il n’atteint pas l’âge de la doyenneté ni de la vieillesse, et que la période pendant laquelle il s’adresse aux gens se situe au début des jours de son enfance, ainsi qu’au terme des jours de sa vieillesse. Or, ce qui nous vient ordinairement à l’esprit à propos de l’enfance, du berceau, et de la relation entre les deux, est que l’enfant, à l’aube de sa vie, durant le temps passé dans les langes, et avant qu’il ne se mette à marcher, à peu près avant ses deux ans, est placé dans un berceau. Par conséquent, si quelqu’un dit : « Tel enfant au berceau a parlé », il n’est pas question ici de miracle, parce qu’un enfant se met habituellement à énoncer des mots progressivement, et de manière inégale, à partir de l’âge d’un an ou un peu plus. Cependant, si quelqu’un dit : « Tel enfant au berceau s’est adressé aux gens », on en déduit qu’il leur a adressé un discours qui se tient, formé de phrases articulées par une syntaxe correcte, et que les gens ont tenu compte de ce qu’il leur a dit. Dans ce cas, ils font cas de son discours comme de celui d’une personne ayant atteint l’âge de la vieillesse. Aussi, plus simplement, la phrase discutée dit dans ce cas : ‘Isâ (as), au berceau, s’adresse aux gens de la façon dont on parle lorsque l’on a atteint l’âge de la vieillesse (28) . Examiné de cette manière, le discours d’un enfant au berceau constitue un miracle extraordinaire. Que ce soit au regard du verset en question, ou à celui des autres versets révélés à propos de ce récit, comme par exemple les versets 27 à 31 de la sourate Maryam (Marie, 19), il ne demeure aucun doute à propos du fait que le discours de ‘Isâ (as) constitue un miracle. Effectivement, le verset dit bien que son Excellence (as) s’adresse aux gens alors qu’il vient de naître : « Elle se rendit auprès des siens, en portant l’enfant. Ils dirent : ‘Ô Marie ! Tu as fait quelque chose de monstrueux ! Ô sœur d’Aaron (29) ! Ton père n’est pas un homme mauvais et ta mère n’est pas une prostituée.’ Elle fit signe au nouveau-né (30) et ils dirent alors : ‘Comment parlerions-nous à un petit enfant au berceau ?’ Celui-ci dit : ‘Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un Prophète ; Il m’a béni où que je sois… » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 27 à 31) La vie de Maryam (as) et de son enfant est parsemée de miracles et de prodiges. Afin de se soulager face à l’opprobre et au blâme des gens, Maryam (as), sur l’ordre de Dieu, se tait. La seule chose qu’elle fait est un signe à son nouveau-né, ‘Isâ (as). Cependant, cet acte suscite davantage d’étonnement encore. Il se peut que l’assemblée présente se mette à se moquer d’elle, pour ensuite se mettre en colère : Maryam (as), par ce que tu as fait, tu voues ton propre peuple à la moquerie ! Quoi qu’il en soit, ils lui disent : Comment pourrions-nous nous adresser à un enfant qui se trouve encore au berceau ? Là, son Excellence le Masîh (31) (as) leur adresse quelques phrases qui à la fois mettent fin à l’excès des calomniateurs et clôt la voie vers l’exagération de ceux qui sombrent dans l’excès. De fait, l’assemblée compte des ignorants, des intempérants et des excessifs et parmi les Banî Isrâ’îl (32) se trouve notamment un groupe qui, sous l’effet de l’ignorance, se livre à l’excès, et accuse la Vierge Maryam (as) d’impureté. Un autre groupe, toujours sous l’effet de l’ignorance, se livre à un autre type d’intempérance 33) en considérant ‘Isâ (as) comme le fils de Dieu. Cependant, depuis son berceau, ‘Isâ (as) met un terme à l’intempérance des exagérateurs par ses paroles énoncées. L’explication est que le fait de parler depuis son berceau constitue un miracle et un être impur ne fait jamais de miracle, ni ne manifeste de signe de Dieu. Aussi, Son Excellence (as), par le principe même de son discours, établit clairement : Je suis pur, je suis venu au monde d’une mère pure, et par le contenu de mes paroles, je ferme l’accès à tout type d’excès, afin que personne ne dise que ‘Isâ (as) est le fils de Dieu. Cet enfant se met à parler sur l’ordre de Dieu et se présente par les qualités suivantes :
1. Je suis le serviteur de Dieu. 2. Un Livre m’a été donné. 3. Je compte parmi les prophètes (as). 4. Mon être est béni où que je me trouve. 5. Il m’a été recommandé de prier et de payer l’aumône tant que je vivrai. 6. Je suis bon envers ma mère et jamais je ne serai dur avec elle, ni ne me détournerai d’elle. 7. Le jour de ma naissance, le jour de ma mort, et le jour de ma résurrection, je suis l’objet de la miséricorde de Dieu.
Les versets de la sourate Maryam (Marie) indiquent visiblement qu’il se met à parler dès les jours qui suivent sa venue au monde, chose qui est normalement impossible pour un nouveau-né. Cela constitue en soi un grand miracle. Cependant, discourir à l’âge adulte ou à l’heure de la vieillesse est une chose absolument normale. Il se peut que le fait de citer ces deux âges dans un même verset nous indique que lorsqu’il se met à parler dans son berceau, il le fait comme une personne parvenue à l’apogée de sa vie, ce qui donne un discours mesuré et plein de sens, et non un babillage enfantin. En outre existe la possibilité que cette formulation veuille nous indiquer que le Masîh (as), de sa naissance jusqu’au moment où il atteint l’âge dit de kuhûlat / كهولت, tient constamment un discours de vérité, marchant sur la voie de la guidance des créatures. En plus de cette formulation à propos de ‘Isâ (as), il semble qu’il se trouve là une forme de prédiction, et que l’on désigne en même temps quelque chose qui adviendra plus tard dans sa vie, car nous savons, conformément aux ouvrages d’histoire, que Son Excellence ‘Isâ (as) n’a jamais atteint l’âge de la vieillesse dans ce monde, l’ayant quitté à l’âge de trente-trois ans quand Dieu l’a emporté au ciel (34) . Conformément à différents hadiths, lors de l’apparition de Son Excellence le Mahdî (af), ‘Isâ (as) reviendra dans ce monde. Là, il s’adressera aux gens de la manière dont il l’a fait à l’aube de sa vie. L’expression min al-sâlehîn / من الصالحين dans la phrase : « Dès le berceau, il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 46), nous informe qu’être juste représente l’une des plus grandes dignités accordées à un être humain, comme si l’ensemble des valeurs humaines s’y trouvaient rassemblées.
6- Perfections spirituelles
Pour présenter les perfections spirituelles de Son Excellence le Masîh (as), le Coran emploie les formulations suivantes :
I. « Un garçon pur / غلاما زكيا », dans le verset : « Il dit : ‘Je ne suis que l’envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 19). Le mot zakî / زكي désigne toute chose qui est pleine de croissance, méritante et dynamique (35) .
II. « Béni », dans le passage : « Il m’a béni où que je sois… » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 31). La signification de la bénédiction où qu’il se trouve est qu’il est lui-même le lieu de toute bénédiction. La bénédiction désigne quant à elle le bon développement, ce qui veut dire que ‘Isâ est d’un grand intérêt pour les gens car il leur enseigne le savoir profitable, il les invite à agir justement, il les instruit à une civilité plus pure, il guérit l’aveugle et le lépreux, il amende les puissants, il soutient et renforce les faibles.
III. La reconnaissance du statut de la mère par le Masîh (as)
Alors que Son Excellence le Masîh (as), par un décret irrévocable du Seigneur, vient au monde d’une mère sans avoir de père, nous comprenons de sa propre bouche, tel que le Coran le rapporte, que parmi ses gloires innombrables on compte sa bienfaisance envers sa mère, ce qui nous apporte une preuve évidente de l’importance du statut de la mère : « et [Il m’a recommandé] la bonté envers ma mère. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 32). En somme, Dieu a fait qu’il soit bienfaisant et aimable envers les gens, et l’une de ces manifestations est sa bonté envers ma mère. Dans l’entremise, cela montre que ce nouveau-né qui se met à parler par miracle sait qu’il est un enfant modèle au sein des êtres humains, né seulement d’une mère, et sans l’intervention d’un père. Quoi qu’il en soit, bien que dans le monde actuel beaucoup de choses ont été et sont dites sur le statut de la mère, si bien qu’un jour du calendrier lui a même été dédié, il est cependant malheureux que la conjoncture instituée par la civilisation industrielle oblige les liens entre les enfants et leurs parents à être coupés très tôt, ce qui a pour conséquence qu’une fois grands, les enfants entretiennent avec leurs parents beaucoup moins de relations affectives.
En islam, nous avons des hadiths étonnants à ce propos, dans lesquels l’importance extraordinaire du statut de la mère est expliquée, importance et statut que nous devons respecter en actes, et pas seulement en paroles. Dans un hadith de l’Imâm al-Sâdeq (as), nous lisons : « Un homme se rend auprès du Prophète (s) et lui dit : ‘Ô Envoyé de Dieu (s), envers qui dois-je être bienfaisant ?’ Il répond : ‘Envers ta mère.’ Il demande : ‘Et après elle, envers qui ?’ Il répond : ‘Envers ta mère.’ La troisième fois, il demande encore : ‘Et après elle, envers qui ?’ Il répond de nouveau : ‘Envers ta mère.’ La quatrième fois qu’il pose cette question, le Prophète (s) répond : ‘Envers ton père.’ » Dans un autre hadith, nous lisons : « Un jeune homme se rend auprès du Prophète (s) afin de participer au djihad (alors qu’à l’époque, le djihad n’était pas une obligation réelle). Le Prophète (s) lui dit : ‘As-tu une mère ?’ Il répond : ‘Oui.’ Alors le Prophète lui rétorque : ‘Demeure au service de ta mère, parce que le paradis se trouve sous les pieds des mères.’ » Il est certain que si l’on prend en considération la quantité de difficultés, du moment de la grossesse en passant par l’accouchement et l’allaitement et ce, jusqu’à ce que son enfant grandisse, que la mère supporte en acceptant à bras ouverts les souffrances, les fatigues, les nuits de veille, les maladies et les soins à prodiguer, nous verrons que quoi que l’enfant puisse engager comme effort dans cette voie, jamais il ne pourra rendre à sa mère les droits qu’elle a sur lui. Il est intéressant de noter ce que nous pouvons lire dans cet autre hadith : « Omm Salama se rend auprès du Prophète (s) et lui dit : ‘Tous les honneurs reviennent aux hommes. Quelle part de ces honneurs revient aux malheureuses femmes ?’ Le Prophète (s) lui répond : ‘Effectivement [les femmes également méritent bien des honneurs], lorsque la femme tombe enceinte et durant toute la durée de sa grossesse, elle tient la place de celui qui jeûne le jour, veille la nuit et combat dans la voie de Dieu, engageant sa vie et ses biens. Et lorsqu’elle est enceinte, Dieu lui réserve tellement de récompenses que personne n’en connaît la mesure et l’immensité. Et lorsqu’elle allaite son enfant, pour chaque tétée de son enfant, Dieu lui offre la récompense de l’affranchissement d’un esclave parmi les fils d’Ismâ‛îl (as) (36) . Et lorsque la période de l’allaitement de son enfant est achevée, l’un des grands anges du Seigneur se rend auprès d’elle et lui dit : recommence de nouveau le programme de tes actes, car Dieu t’a pardonné tous tes péchés !’ » (Ce qui semble dire : la lettre de tes actes est effacée, tu peux recommencer à zéro).
IV. La modestie et le calme de ‘Isâ (as)
Son Excellence ‘Isâ (as) se présente lui-même de cette façon d’après le Coran : « et [Il m’a recommandé] la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent, ni malheureux. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 32). On nomme jabbâr / جبّار celui qui impose aux gens son oppression, tandis que lui-même ne supporte pas l’oppression des gens. Il pense qu’il a tous les droits sur les autres mais que personne n’a de droits sur lui ! Ibn ‘Atâ’ nous rapporte que le jabbâr / جبّار est celui qui ne veut pas le bien, et que le shaqî / شقي est celui qui n’agréé par la bienfaisance venant des autres. On dit également de quelqu’un qu’il est jabbâr / جبّار s’il frappe les gens sous le coup de la colère et les anéantit, ne suivant en rien le commandement de la raison. Il cherche à masquer ses manques et ses faiblesses en affichant de l’importance et de l’arrogance. Ces aspects composent les signes distinctifs patents des impies parmi les puissants, à toutes les époques. Celui dont on dit qu’il est shaqî / شقي cherche à détenir le monopole du malheur et des tourments. Certains interprètent ce terme par « celui qui n’accepte pas d’être conseillé », ces deux interprétations ne se contredisent d’ailleurs pas. Dans un hadith, nous lisons que Son Excellence ‘Isâ (as) dit : « Mon cœur est doux et je me considère moi-même insignifiant. » (Ce sont deux qualités à l’opposé de jabbâr / جبار et de shaqî / شقي).
V. « Au nombre des justes », dans le verset : « Zacharie, Jean, Jésus, Elie, ils étaient tous au nombre des justes. » (sourate Al-An‛âm (Les bestiaux) ; 6 : 85). Dans ce verset sont cités les noms de Zakariyyâ (as), Yahyâ (as), ‘Isâ (as) et Ilyâs (as), puis il est ajouté qu’ils sont tous au nombre des justes, c'est-à-dire que leurs dignités ne s’entachent d’aucun aspect cérémoniel ni oppressif. Au contraire, c’est auprès de Dieu et par l’acte juste qu’ils trouvent personnalité et grandeur.
VI. « Nous les avons choisis », dans le verset : « Nous les avons choisis et Nous les avons guidés sur une voie droite. » (sourate Al-An‛âm (Les bestiaux) ; 6 : 87). Al-Râghib dit dans ses Mufradât : « ‘Nous les avons choisi’ signifie : J’ai recueilli de l’eau dans un bassin. Cette convenance du bassin dans lequel on recueille de l’eau est signalée par jâbiya / جابية, dont le pluriel donne jawâb / جواب. Dans le noble Coran, ce mot apparaît dans la phrase wa jifânin kâl jawâbi / وجفان كالجواب. Il est ici utilisé de manière métaphorique pour exprimer l’action de collecter les impôts (جباية الخراج). C’est avec ce même sens métaphorique qu’il est employé dans le verset : ‘où sont apportés des fruits de toutes sortes’ (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 57). » Ensuite Al-Râghib dit : « Ijtabâ’ / اجتباء comporte le même sens de collecte, mais il ne s’agit cependant pas de n’importe quelle collecte, mais de choix et d’élection. C’est en ce sens qu’est employé : ‘ fajtabâhu rabbuhu / فاجتباه ربه / Son Seigneur l’a élu’ (sourate Al-Qalam (Le calame) ; 68 : 50) ». Dieu choisit un serviteur en en faisant le réceptacle de Sa grâce, à titre de récompense pour Ses différentes grâces qu’Il a lui-même fait descendre sur lui, sans effort. Ce don est propre aux prophètes (as) ainsi qu’à certains parmi les proches amis de Dieu et les martyrs, qui partagent le rang des prophètes (as). Le choix et l’élection apparaissent plusieurs fois dans le Coran, par exemple : « Ton Seigneur te choisira… » (sourate Yûsuf (Joseph) ; 12 : 6) ou : « Son Seigneur l’a élu et Il l’a placé au nombre des justes. » (sourate Al-Qalam (Le calame) ; 68 : 50), aussi : « Nous les avons choisis et Nous les avons guidés sur une voie droite. » (sourate Al-An‛âm (Les bestiaux) ; 6 : 87) et encore : « Son Seigneur l’a ensuite élu ; il est revenu vers Lui et Il l’a dirigé. » (sourate TaHa ; 20 : 122) et enfin : « Dieu choisit et appelle à cette Religion qui Il veut ; Il dirige vers elle celui qui revient repentant vers Lui. » (sourate Al-Shûrâ (La consultation) ; 42 : 13). La signification de ce mot, bien qu’employé de manière usuelle, ne correspond cependant pas à son sens littéral, car sa signification nécessite un objet, sinon le sens littéral de ce mot se résume à la collecte, au fait de rassembler des choses dans un même endroit. Si l’on se réfère à la forme des versets cités, on obtient le sens littéral du terme qui consiste à susciter la grâce, le fait d’être accepté dans le but de guider sur la voie droite citée juste après. Elle en élabore le prémisse, comme s’il avait été dit : « Nous avons rassemblé en un lieu la glorieuse lignée des prophètes (as) qui ont été dispersés au long de l’histoire de l’humanité, chacun ayant vécu à son époque, et Nous les avons tous, dans un même lieu, et dans la même grâce, guidés sur la voie droite. »
VII. « Fortifié par l’Esprit de sainteté », dans le verset : « Nous avons accordé des preuves incontestables à Jésus, fils de Marie et Nous l’avons fortifié par l’Esprit de sainteté. » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 87 et 253). Dans ce passage, on revient au style original qui est celui de la conversation. Et si parmi l’ensemble des prophètes (as), seul le nom de ‘Isâ (as) est cité, c’est parce que bien que ces preuves incontestables soient allouées ici à ‘Isâ (as) et qu’il soit fortifié par l’Esprit de sainteté, ce qui est confirmé par ces deux versets : « Nous avons envoyé Nos prophètes avec des preuves indubitables » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 25) et « Il fait descendre les Anges avec l’Esprit qui provient de Son Commandement sur qui Il veut parmi Ses serviteurs. » (sourate Al-Nahl (Les abeilles) ; 16 : 2), ses grâces ne sont pas exclusivement réservées à ‘Isâ ibn Maryam (37) (as), mais sont partagées par l’ensemble des prophètes (as). Elles sont cependant citées dans ces versets pour ‘Isâ (as) d’une façon particulière parce que l’ensemble des signes et preuves de son Excellence (as), comme le fait de ressusciter le mort par le souffle, de créer l’oiseau, de soigner la cécité et la lèpre, d’informer à propos de l’occulte, sont des choses qui touchent à la vie, et sont une émanation de l’esprit. C’est pour cette raison que ses grâces ne sont attribuées qu’à ‘Isâ (as), qu’elles ne sont énoncées qu’en compagnie de son nom. Cette attribution est là pour nous indiquer sa vertu spéciale, sinon, le texte aurait pu être : « Nous leur avons accordé des preuves incontestables et Nous les avons fortifiés par l’Esprit de sainteté. »… ce qui nous aurait cette fois-ci indiqué que les preuves incontestables et l’Esprit de sainteté sont communs et non dédiés à un prophète en particulier. Il vient un moment où l’attribut manifeste d’un prophète (as) doit être clairement rapproché de son nom, afin que celui qui l’entend comprenne que les preuves évidentes et la fortification par l’Esprit de sainteté se trouvent incarnées dans ce prophète (as) d’une façon particulière, et non de la façon dont elles s’incarnent chez tous les prophètes (as). En sus, avec ‘Isâ (as) nous trouvons une autre spécificité désignée par un signe clair. Ce signe est le fait qu’il est le fils de Maryam (as), qu’il est né d’elle, sans père, comme en témoigne ce verset : « Nous avons fait d’elle et de son fils un Signe pour les mondes. » (sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes) ; 21 : 91). Le fait que ‘Isâ (as) n’ait pas de père et que Maryam (as) n’ait pas d’époux est considéré comme un signe pour les mondes. Aussi, c’est l’ensemble composé du fils et de la mère qui constitue un signe divin évident et une autre vertu particulière. En résumé, ses qualités font de ‘Isâ (as) une personne pure à l’égard du péché, un être béni, bienfaisant avec sa mère, modeste, doux, et comptant parmi les justes. Ces qualités témoignent de la sublimité de son esprit, car c’est par ces qualités qu’il atteint à la prééminence.
VIII. Un prophète (as) possédant le Livre et la Loi
‘Isâ (as) est investi des perfections des prophètes (as) et se voit confier le Livre et la Loi. A l’école de l’occulte, la Thora et la sagesse lui sont enseignées. Le Coran nous dit : « Dieu lui enseignera le Livre, la sagesse, la Thora et l’Evangile. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 48). L’article, dans « Le Livre » et « la sagesse » leur confère leur genre (38) . Par Livre, il est ici question de la révélation, descendue pour éliminer les différends entre les gens. « Les hommes formaient une seule communauté. Dieu a envoyé les prophètes pour leur apporter la bonne nouvelle et pour les avertir. Il fit ainsi descendre le Livre avec la Vérité pour juger entre les hommes et trancher leurs différents… Dieu a dirigé ceux qui ont cru à cette part de Vérité au sujet de laquelle d’autres se sont disputés, avec Sa permission... » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 213). Par « sagesse », nous comprenons cette connaissance qui est utile à la croyance et à l’action humaines. Dans ce verset, il est également question de la Thora et de l’Evangile, il ne faut pas pour autant en faire un problème ni se hâter de conclure : Mais la Thora et l’Evangile ne sont-ils donc pas le Livre ? Ne contiennent-ils pas la sagesse et les recommandations servant à la croyance et à l’action ? Cette mention s’explique par le fait qu’après le genre, sont citées les noms attribués, et la marque du singulier a ici toute son importance. Ainsi, que personne ne pense que l’article dans « Le Livre » soit absorbé et aurait pour sens : Dieu le Très-Haut a enseigné tous les Livres célestes à ‘Isâ (as), cela n’aurait d’ailleurs aucun sens vu le verset suivant : « Lorsque Jésus est venu avec des preuves manifestes, il dit : ‘Je suis venu à vous avec la Sagesse pour vous exposer une partie des questions sur lesquelles vous n’êtes pas d’accord. Craignez Dieu et obéissez-moi ! » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 63). Cependant, il faut s’arrêter pour comprendre ce que l’on entend par Thora. A quel Livre pense le noble Coran lorsqu’il évoque ce nom ? Est-ce le Livre remis à Mûsâ (as) sur des tables, au « lieu de rendez-vous », dont le noble Coran fait le récit dans la sourate Al-A‛râf (7) ? Ou sont-ce ces livres bibliques qui se trouvent actuellement entre les mains de juifs ? (Selon certains, ces livres ressemblent davantage à une critique des prophètes (as) qu’au Livre céleste d’un « interprète ») (39) . Il est absolument évident que le noble Coran, nommant la Thora, ne fait pas référence à ces livres. Les juifs eux-mêmes arguent sur le fait que la chaîne de transmission de ces livres ne peut remonter à l’époque de Mûsâ (as), car elle a été rompue durant la période séparant Bakht al-Nasr (40) (l’un des rois de Babel) de Kûrosh (41) (l’un des rois de Perse). Ce que nous avons, c’est que le noble Coran ne réfute pas les textes de la Thora disponibles à l’époque de l’Envoyé de Dieu (s) (alors que nous n’avons toujours pas identifié quelle part a été falsifiée). D’une manière générale, le Coran ne la juge pas contraire à la Thora originale, bien qu’il constitue en lui-même la preuve qu’elle ne soit pas restée exempte de falsifications, car les preuves que sont les versets du noble Coran sont évidentes concernant le fait que la Thora a été le jouet d’altérations. Le noble Coran nous permet de comprendre que l’Evangile (qui signifie « bonne nouvelle ») est un Livre qui descend sur ‘Isâ ibn Maryam (as), une révélation propre à Son Excellence (as), car il est dit : « Il avait fait descendre la Thora et l’Evangile direction, auparavant, pour les hommes. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 3 et 4). Il n’est pas ici question des quatre Evangiles car les Evangiles de Mattâ (42) , Marqus (43) , Lûqâ (44) et Yuhannâ (45) sont des livres qui ont été composés après Son Excellence ‘Isâ (as). Les versets du Coran apportent également la preuve que parmi les lois religieuses présentes dans la Thora, l’Evangile n’en rapporte seulement que certains décrets abrogatifs. C’est ce que l’on constate dans l’un de ces versets : « Me voici, confirmant ce qui existait avant moi de la Thora et déclarant licite pour vous, une partie de ce qui vous était interdit. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 50). De même, dans le verset suivant : « Nous lui avons donné l’Evangile où se trouvent une Direction et une Lumière, pour confirmer ce qui était avant lui de la Thora ; une Direction et un Avertissement destinés à ceux qui craignent Dieu. » (sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 46). Il n’est pas improbable que l’on puisse déduire de ce verset que d’autres décrets se trouvent dans l’Evangile que des décrets abrogeant, c'est-à-dire des décrets qui nient les décrets de la Thora, et qu’il s’y trouvent également des décrets confirmatifs. En outre, les versets coraniques attestent que l’Evangile, tout comme la Thora avant lui, contenait la bonne nouvelle de la venue du Sceau des prophètes (s), car le noble Coran nous informe : « Pour ceux qui suivent l’envoyé : le Prophète des Gentils (46) que ces gens-là trouvent mentionné chez eux dans la Thora et l’Evangile. » (sourate Al-A‛râf ; 7 : 157). Dieu dit également : « Celui-ci (Isâ (as)) dit : ‘Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un Prophète.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 30). Par la phrase âtâniya al-kitâb / آتاني الكتاب, il informe que Dieu lui a donné le Livre, ce qui semble apparemment désigner l’Evangile. Et dans la phrase wa ja‛alanî nabiyyâ / وجعلني نبيا, il déclare sa propre prophétie. ‘Isâ (as) est alors le seul nabî (47) / نبي. C’est par la suite que Dieu l’élira à la prophétie. Ses paroles disent visiblement qu’à cette époque, le Livre et la prophétie lui ont effectivement déjà été donnés, et qu’il ne s’agit donc pas d’une annonce pour l’avenir.
IX. 'Isâ (48) fait partie des prophètes ‘Ûlû al-‛azm (49)
D’après l’interprétation de la notion de prophètes ‘Ûlû al-‛azm qui désigne les individus qui, en plus de détenir un Livre, possèdent une Loi, Son Excellence le Masîh (50) (as) est donc l’un d’entre eux. Il est dit : « Il a établi pour vous, en fait d’obligations religieuses, ce qu’Il avait prescrit à Noé (51) ; ce que Nous te révélons [Ô Prophète] et ce que Nous avions prescrit à Abraham (52) , à Moïse (53) et à Jésus... » (sourate Al-Shûrâ (La consultation) ; 42 : 13). Le passage : « Il a établi pour vous, en fait d’obligations religieuses, ce qu’Il avait prescrit à Noé » se rapporte à ce que « Dieu le Très-Haut vous a exposé et expliqué à propos de la religion – qui est la sunna de la vie –, et qui a précédemment été exposé à Nûh (54) (as) avec soin et importance ». Avec ce message, nous pouvons aisément comprendre que ce verset s’adresse à l’Envoyé de Dieu (s) et à sa communauté et que l’objet de « ce qu’Il avait prescrit à Noé », est la Loi de Nûh (as). Dans la phrase : « ce que Nous te révélons », il est une véritable comparaison entre Nûh (as) et l’Envoyé de Dieu (s). Cette comparaison montre visiblement que ce qui a été révélé à l’Envoyé de Dieu (s), ce sont des connaissances et des décrets qui sont propres à sa Loi. Or, s’il est dit à son propos : awhaynâ ilayka / أوحينا إليك / Nous te révélons, alors que cette expression n’est pas employée pour les Lois de Nûh (as) et d’Ibrâhîm (55) (as) pour lesquelles il est question de prescription, c’est parce que l’emploi du mot « prescrit », comme nous l’avons dit, a lieu lorsque l’on veut recommander une chose particulièrement entre plusieurs, qui fait l’objet de notre soin et de notre attention. Cela est conforme aux Lois de Nûh (as) et d’Ibrâhîm (as) qui n’outrepassent pas ces quelques décrets, parce que seuls quelques articles de ces Lois qui revêtent une très grande importance sont recommandés. Cela ne concerne en rien la Loi de l’islam, car cette loi-ci englobe toute chose. On y trouve à la fois les questions d’importance et les autres. Dans les deux autres Lois en question, seuls étaient prescrits les décrets les plus importants, ceux qui étaient les plus utiles pour les communautés et en fonction de leurs dispositions. Dans la phrase : « ce que Nous te révélons », l’attention portée sur l’absence de la parole des autres est destinée à attester de la grandeur de Dieu, car les grands parlent toujours en leur nom et en celui de leurs serviteurs et de leurs disciples (« Nous avons fait ceci, nous avons accompli cela… »).
« … et ce que Nous avions prescrit à Abraham, à Moïse et à Jésus... » : ce passage se réfère à la phrase : « ce qu’Il avait prescrit à Noé ». Il s’agit des Lois qui ont été instituées pour chacun de ceux qui sont cités dans le verset. L’ordre dans lequel sont cités les noms de ces nobles prophètes (as) est un ordre commémoratif, mais qui correspond cependant à la chronologie, puisque Nûh (as) est le premier à être cité, puis viennent Ibrâhîm (as), Mûsâ (as), et enfin ‘Isâ (as). Si le nom de l’Envoyé de Dieu (as) est cité (56) avant celui des autres, c’est en raison de sa noblesse et afin de lui accorder la précellence, comme nous pouvons également le remarquer dans ce verset : « Lorsque Nous avons conclu l’alliance avec les Prophètes, et avec toi, avec Noé, Abraham, Moïse et Jésus, fils de Marie... » (sourate Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33 : 7). Et si dans le verset en question, la Loi de Nûh (as) est citée en premier, c’est pour que l’on comprenne qu’elle est la plus ancienne des Lois. Elle est d’ailleurs restée en vigueur très longtemps.
Ce verset nous permet d’observer plusieurs points :
1. La forme du verset, le contexte étant celui de la faveur accordée – en particulier si l’on tient compte de la suite du verset, ainsi que du verset suivant –, exprime le fait que la Loi mohammadienne représente la réunion de toutes les Lois antérieures. Que notre cher lecteur ne s’imagine pas que le caractère englobant de cette Loi soit incompatible avec ce verset : « Nous avons donné, à chacun d’entre eux, une règle et une Loi. » (sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 48), parce que le fait qu’une Loi soit propre n’est pas incompatible avec le fait qu’elle soit complète.
2. Les Lois citées dans ce verset sont les seules à avoir le caractère de Lois divines et de religions fondées sur la révélation, à savoir les Lois de Nûh (as), d’Ibrâhîm (as), de Mûsâ (as) et de ‘Isâ (as), parce que s’il y en avait eu d’autres, elles auraient été citées ici dès lors qu’il s’agit d’affirmer l’aspect de complétude de la Loi de l’islam. Ce point est primordial parce que premièrement, avant Nûh (as) il n’existe pas de Loi, en tout cas pas dans le sens ou elle régie les communautés humaines et permet de dissiper les différends sociaux intervenant en leur sein, et que deuxièmement, les prophètes (as) suscités après Nûh (as), et ce jusqu’à l’époque d’Ibrâhîm (as), suivent tous la Loi de Nûh (as), tandis que les prophètes (as) suscités après Ibrâhîm (as), et ce jusqu’à l’époque précédant Mûsâ (as), sont assujettis à la Loi d’Ibrâhîm (as). De même, ceux qui viennent après Mûsâ (as) et avant ‘Isâ (as) suivent la Loi de Mûsâ (as), et ceux qui viennent après ‘Isâ (as) se soumettent à la Loi de ‘Isâ (as).
3. Les prophètes (as) qui possèdent une Loi et sont appelés ‘Ûlû al-‛azm par le noble Coran concernent uniquement ces cinq individus. (57) Aussi, ces cinq prophètes (as) sont les cinq grands parmi les prophètes (as), ce que nous pouvons d’ailleurs déduire de ce verset : « Lorsque Nous avons conclu l’alliance avec les Prophètes, et avec toi, avec Noé, Abraham, Moïse et Jésus, fils de Marie... » (sourate Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33 : 7).
X. Le Masîh (as) est le propagateur de la bonté et de l’amour
Dieu fait remarquer dans le Coran un point précis concernant ceux qui suivent ‘Isâ ibn Maryam (as). Prenons le verset suivant : « Nous avions envoyé Noé et Abraham et Nous avions établi, chez leurs descendants, la prophétie et le Livre. Certains d’entre eux furent bien dirigés, mais la plupart furent pervers. » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 26). En pratique, le cas de ‘Isâ (as) reste une exception, parce que le point qui nous occupe entend faire remarquer que ‘Isâ (as) est cité à part. Le nom d’aucun prophète après Ibrâhîm (as), pas même celui de Mûsâ (as) – qui compte pourtant parmi les grands prophètes (as) – n’est cité. Ce qui est mentionné, c’est ceci : « Nous avons ensuite envoyé sur leurs traces Nos autres prophètes et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie. Nous lui avons donné l’Evangile. Nous avons établi dans les cœurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion. » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 27). Le Majma‛ al-bayân nous informe que : « Le mot taqfiya / تقفية, dont le verbe à l’infinitif est qafaynâ / قفينا désigne une chose qui prend toujours place à la suite d’une autre chose. C’est pour cette raison que le second vers des distiques d’un poème est appelé qâfaya / قافية, parce que dans tous les poèmes (58) , le premier vers est suivi d’un second qui dépend de lui pour sa structure et sa rime. Aussi, dans ce passage : « envoyé sur leurs traces » le pronom se réfère à Nûh (as) et à Ibrâhîm (as), ainsi qu’aux anciens parmi la lignée de ces deux grands prophètes (as). La preuve en est qu’après Nûh (as), aucun prophète n’est suscité, si ce n’est dans sa propre lignée, ce qui fait que la lignée des prophètes (as) se confond avec sa propre lignée. Bien que ‘Isâ ibn Maryam (as) fasse partie de la lignée d’Ibrâhîm (as), Dieu le Très-Haut dit pourtant à propos de Nûh (as) : « Nous avons maintenu ses descendants en vie. » (sourate Al-Sâfât (Les rangs) ; 37 : 77), et Il dit en sus : « Nous avions auparavant dirigé Noé, et, parmi ses descendants : David, Salomon… ! Jésus... » (sourate Al-An‛âm (Les bestiaux) ; 6 : 84 et 85). Ainsi, il est clair que la phrase : « Nous avons ensuite envoyé sur leurs traces Nos autres prophètes » concerne ceux qui viennent après eux et représentent les premiers de leurs descendants. Quant à « sur leurs traces », cela désigne la voie que l’humanité doit suivre, la voie que les gens à venir doivent emprunter, cheminant derrière ceux qui les ont précédés. Dans : « Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie. Nous lui avons donné l’Evangile. Nous avons établi dans les cœurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion. » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 27), le terme ra’fat / رأفت / mansuétude est, d’après les exégètes, équivalent à celui de rahma / رحمة / compassion. Cependant, certains autres savants estiment qu’il existe une distinction entre les deux termes, voici un court extrait de leur avis : « On emploie le mot ra’fat / رأفت / mansuétude, pour ‘repousser la colère’, tandis que le mot rahma / رحمة / compassion, est employé pour ‘attirer le bien’. » Apparemment, pour parvenir à établir la mansuétude et la compassion dans le cœur des disciples de ‘Isâ (as), Dieu leur fait pratiquer la mansuétude et la compassion entre eux. En fin de compte, ils fondent l’assistance mutuelle et la pacification de l’existence, qualités pour lesquelles les compagnons du Prophète (s) sont également loués : « Muhammad est le Prophète de Dieu. Ses compagnons sont violents envers les impies, bons et compatissants entre eux. » (sourate Al-Fath (La victoire) ; 48 : 29).
« Muhammad est le Prophète de Dieu. Ses compagnons sont violents envers les impies, bons et compatissants entre eux. » (sourate Al-Fath (La victoire) ; 48 : 29).
Certains exégètes prétendent que la phrase : « Nous avons établi dans les cœurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion. » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 27), indique le fait que cela leur a été ordonné, qu’une recommandation leur a été faite à ce sujet, avec la promesse d’une récompense en retour. Dans : « … et la vie monastique qu’ils ont instaurée – Nous ne leur avions pas prescrite –… » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 27), le mot rahbâniyyat / رهبانية / monachisme, provient de rahbat / رهبة qui désigne la crainte et la peur. Le mysticisme est fondé sur l’abandon de ce monde, l’adepte coupe ses liens avec les gens et se consacre exclusivement à l’adoration de Dieu, alors même que ce qui le motive est la crainte de Dieu. Par ailleurs, le mot abtadâ‛ / ابتداع désigne une chose intégrée à la religion par les êtres humains alors qu’elle n’en fait pas partie, et l’instauration d’une pratique que ne contenait aucune religion. « – Nous ne leur avions pas prescrite – » répond à une question qui précède. C’est comme si quelqu’un avait demandé : « En quoi ont-ils innové ? », question à laquelle il est répondu : « Ils ont intégré une chose à la religion alors que Nous ne la leur avions pas prescrite. » Cela veut dire plus précisément : « Les disciples du Masîh (as) ont innové en instaurant la vie monastique, chose que Nous ne leur avions pas recommandée. »
« … uniquement poussés par la recherche de la satisfaction de Dieu. Mais ils ne l’ont pas observée comme ils auraient dû le faire… » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 27). Cette exception est, comme on dit, une exception isolée. Son sens, avec la phrase qui précède, est le suivant : « Nous ne leur avons pas prescrit cette vie monastique, ce sont eux qui l’on rendue obligatoire pour eux-mêmes, dans le but d’obtenir la satisfaction de Dieu. Cependant, ils n’ont pas préservé cette vie monastique qu’ils ont eux-mêmes inventée, ils ont outrepassé ses propres limites. » Dans cette parole, nous comprenons que la vie monastique que les disciples du Masîh (as) conçoivent personnellement, bien que Dieu le Très-Haut Lui-même ne légifère pas à son sujet, représente cependant une source de satisfaction pour Lui. « … Nous avons donné leur récompense à ceux d’entre eux qui ont cru, alors que beaucoup d’entre eux sont pervers. » (sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 27). La fin du verset indique qu’ils sont comme les membres des communautés des prophètes antérieurs (as) ; certains sont croyants et dignes d’être récompensés pour leur foi, mais la plupart d’entre eux sont débauchés. Aussi, c’est la débauche qui domine. Certains exégètes nous informent que les mots traduits par mansuétude et compassion comportent une signification commune et unique, qui correspond à ce que l’on nomme en persan (comme en français) la bienveillance. D’autres avancent en revanche que la bienveillance qui consiste à rejeter le mal est appelée ra’fat / رأفت / mansuétude (59) , tandis que la bienveillance qui incline à vouloir le bien est appelée rahma / رحمة / compassion. Quoi qu’il en soit, l’intention est claire et Son Excellence le Masîh (as) propage davantage la mansuétude et la compassion. Bien que le Coran affirme que tous les prophètes (60) (as) empruntent une seule et unique voie, et mettent en œuvre un seul et même programme, il rappelle sans ambages le fait que chaque prophète (as) est détenteur d’une responsabilité particulière. Ainsi, un prophète (as) tel Shu‛ayb (61) (as), met uniquement l’accent sur le gaspillage, la dissipation des biens acquis, tandis qu’un autre tel Mûsâ (62) (as), déploie toute son énergie pour mettre son peuple en marche et le rendre fort, et voir s’effacer sa faiblesse et sa paresse. Un autre prophète (as) encore, à l’inverse, entend suggérer aux gens la bienveillance, l’amitié, tel ‘Isâ (63) (as). Comment cela se fait-il ? En réalité, ces programmes ne diffèrent pas. Chacun est envoyé à une époque différente dont il doit corriger les déviations. Prenons par exemple deux médecins, chacun possédant une spécialité. Si nous envoyons ces deux médecins dans deux villages afin d’en régler les problèmes d’hygiène, mais que dans ces deux villages se trouvent deux maladies, l’une sévissant dans un village, et l’autre s’étant emparée de l’autre, le médecin qui se trouve dans le village touché par la malaria par exemple doit traiter cette maladie, et celui qui se trouve dans l’autre village, dont le typhus s’est emparé, doit traiter la maladie qui se présente à lui. Cela ne veut pas dire qu’ils suivent tous les deux un programme distinct. Le programme de l’un est identique à celui de l’autre, ce sont seulement les maladies qui diffèrent. ‘Isâ Masîh (as) est envoyé à une époque où le fléau qui touche son peuple l’amène davantage à inviter les gens à la mansuétude et à la compassion. Tel est le déficit observable chez son peuple et dont ‘Isâ (as) doit inévitablement tenir compte. Il se doit en conséquence de susciter au sein de son peuple une amélioration dans ces domaines et propager ces qualités. Le Coran confirme et confesse que cette bienveillance est diffusée dans la communauté du Masîh (as), par le Masîh (as) lui-même, et que les chrétiens ont toujours mieux aimé cette qualité que les juifs.
XI. Son Excellence le Masîh (as) incarne la beauté et la splendeur de Dieu
Dieu le Glorifié présente ‘Isâ Masîh (as) en tant qu’être béni : il ne se trouve pas un manque dans le sanctuaire préservé qu’est la vie de cet être humain parfait. Il jouit de la bonne santé sur tous les plans. Il est le lieu de la manifestation de la beauté et de la splendeur de Dieu, c’est pourquoi il n’est pas possible de lui faire du tort ni de le priver de sa félicité. Et il ne fait lui-même de tort à personne, il ne prive personne de la félicité. C’est au contraire le bien qu’il prodigue aux autres, ainsi que la compassion et la bénédiction. Et c’est aussi ce qu’il récolte : le bien, la compassion et la bénédiction. L’être humain parfait est tellement immunisé contre la morsure des événements qu’aucun d’eux n’est à même de pouvoir nuire à sa félicité. Il est tellement bienfaisant à l’égard des autres qu’aucun mal émanant de lui n’atteint qui que ce soit. Le noble Coran présente ces deux qualités éminentes par la bouche même de ‘Isâ Masîh (as) quand il s’exprime à propos de lui-même. Il dit en substance : « Il est un serviteur de Dieu qui dispose du Livre divin et de la prophétie. C’est un être béni qui pratique continuellement la prière et l’aumône. Il est bon et clément envers sa mère. Il n’est tyrannique et dur envers personne. Le salut est sur ‘Isâ Masîh (as), le jour où il pénètre le monde d’ici-bas et le jour où il se rend dans le barzakh (64) , comme le jour où il sort du barzakh pour la grande Résurrection. » (65) (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 31 et 32). Le fait que ‘Isâ (as) soit béni où qu’il se trouve désigne le fait qu’il est en lui-même le lieu de toute bénédiction, au sens de croissance du bien. Il est en somme d’un grand intérêt pour les gens, car il leur enseigne le savoir profitable, il les invite à agir justement, il les instruit à une civilité plus pure, il guérit l’aveugle et le lépreux, il amende les puissants et soutient et renforce les faibles. Dans un hadith de l’Imâm al-Sâdeq (as), nous lisons : « Béni signifie ici ‘qui est source de profit’. » Dieu le Glorifié dit afin de confirmer cette parole et cet état, et afin de réfuter les réflexions associationnistes développées à propos de Son Excellence le Masîh (as) : « Celui-ci est Jésus, fils de Marie. Parole de vérité dont ils doutent encore. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 34).
XII. L’agrément de ‘Isâ (as) dans ce monde comme dans l’autre
Dieu rappelle dans le Coran que parmi les spécificités de Son Excellence ‘Isâ (as), on compte la popularité ainsi que la faveur : « Le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45). Wijâhat / وجاهة désigne la faveur, la popularité, le fait que ‘Isâ (as) soit agréé dans le monde présent, comme dans l’autre monde, car le Coran nous informe également à propos de son état dans l’autre monde. Concernant cette formulation : « Il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. », le sens de muqarrab / مقرب / rapproché, est clair : ‘Isâ (as) est proche de Dieu, il se trouve dans le rang des Awliyâ’ (66) et du point de vue de la proximité, il se place au niveau des anges rapprochés, comme on peut le lire dans ce verset : « Le Messie n’a pas trouvé indigne de lui d’être serviteur de Dieu ; non plus que les Anges qui sont proches de Dieu. » (sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 172). Ailleurs, le Coran explique ce qu’est cette proximité : « Lorsque celle qui est inéluctable surviendra… vous formerez trois groupes… Et les premiers arrivés qui seront bien les premiers, voilà ceux qui seront les plus proches de Dieu. » (sourate Al-Wâqi‛a (L'événement) ; 56 : 1 à 11). Ces versets permettent de comprendre qu’il s’agit ici de la proximité vis-à-vis de Dieu le Glorifié, dont la réalité correspond au fait qu’un être parmi les êtres humains parvienne à retourner vers Dieu, en suivant une voie qui est prescrite à tous, une voie pour laquelle ce verset décrète: « Alors toi, l’homme qui te tournes vers ton Seigneur, tu Le rencontreras. » (sourate Al-Inshiqâq (La déchirure) ; 84 : 6), ainsi que celui-ci : « Toutes les choses (du monde créé) ne s’acheminent-elles pas vers Dieu ? » (sourate Al-Shûrâ (La consultation) ; 42 : 53). La qualité de « proches de Dieu » appartient à certains êtres parmi les êtres humains et parmi les anges. Cette qualité n’est pas nécessairement acquise. Il n’y a donc pas lieu de se demander : « Les anges n’ont pas obtenu cette qualité par l’effort pratiqué sur leur âme, alors comment certains d’entre eux peuvent-ils être rapprochés tandis que d’autres ne le sont pas ? » Il est tout à fait possible que le degré de proximité concernant les anges soit inné et qu’il s’acquiert au moyen de la lutte contre l’âme et par la pratique en ce qui concerne les êtres humains.
XIII. Le Masîh (as) incarne le Créateur, Celui qui dispense la vie
Les attributs d’action de Dieu le Glorifié nécessitent des manifestations présentes, or, ‘Isâ Masîh (as) compte parmi les manifestations présentes de Dieu le Glorifié. « Qui connaît l’Inconnaissable », « l’Auteur du monde », « Celui qui fait naître », « Celui qui répond de manière satisfaisante » comptent parmi les plus beaux noms de Dieu le Glorifié. ‘Isâ Masîh (as), dans une certaine mesure, incarne ces noms. Cependant, lorsqu’il dit : « Je suis venu à vous avec un Signe de votre Seigneur : je vais, pour vous, créer d’argile, comme une forme d’oiseau. Je souffle en lui, et il est : ‘oiseau’, avec la permission de Dieu. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 49), cela ne signifie pas que Dieu le Glorifié crée une partie des choses et que ‘Isâ Masîh (as) en crée une autre, dans le sens où Dieu le Glorifié aurait confié une part de la tâche au Masîh (as), comme si l’organisation de la création se partageait de la sorte. Au contraire, Son Excellence le Masîh (as), à l’égard de la création, manifeste l’un des noms de Dieu. Même si le Masîh (as) peut, avec la permission de Dieu, créer un oiseau, seul Dieu est le Créateur de toute chose. Il en va de même pour ce qui a été révélé à propos de l’Envoyé de Dieu (s) : « Tu ne lançais pas toi-même les traits quand tu les lançais, mais Dieu les lançait. » (sourate Al-Anfâl (Le butin) ; 8 : 17). Et cela vaut également pour les autres prophètes (as) et les manifestations des plus beaux noms de Dieu. Nous pouvons donc affirmer : « Il n’est pas vrai que Son Excellence (as) soit autonome concernant une partie de ces choses, et que Dieu en accomplisse le reste, parce que toute chose se trouve entre les mains de Dieu. » Rappelons-nous ce verset : « Les armées des cieux et de la terre Lui appartiennent ; Dieu sait tout, Il est Sage. » (sourate Al-Fath (La victoire) ; 48 : 4). Dans le cas où quelqu’un voudrait accomplir un acte christique, il lui faudra au minimum diagnostiquer les maladies de son esprit, les soigner, se régénérer lui-même pour pouvoir atteindre son objectif en bonne santé. Il lui sera nécessaire de parcourir la voie sur laquelle il a cheminé. Or, cette voie, Dieu le Glorifié nous l’indique, lorsqu’Il crée et instruit Son Excellence le Masîh (as). Assurément, la relation de servitude de Maryam (as) envers Dieu le Glorifié tient une place essentielle dans l’apparition puis dans le développement de ‘Isâ Masîh (as). Dieu dit à ce propos : « Nous avons fait parvenir à Maryam (as), alors qu’elle se trouvait en état d’adoration : ‘Tu seras mère’, de même que Nous avons transmis cette nouvelle à Zakariyyâ (67) (as) tandis qu’il se trouvait dans le mihrâb : ‘Un fils vertueux du nom de Yahyâ (as) te sera donné.’ » (68) Sur cette base, ce grâce à quoi l’être humain se rapproche de Dieu, jusqu’à ce que, la proximité aidant, il se place sous la wilâya (69) de Dieu, et que les savoirs, les connaissances et les dons divins lui soient accordés, c’est justement l’adoration. Voici comment le noble Coran relate la nouvelle apportée par les anges : « Les anges dirent : ‘Ô Marie ! Dieu t’a choisie, en vérité ; Il t’a purifiée ; Il t’a choisie de préférence à toutes les femmes de l’univers.’ » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 42). Considérant cette Dame (as) comme choisie (mustafâ / مصطفا), purifiée (mutahhara / مطهره), et parce qu’elle est devenue safwatullâh / صفوة الله / élue et purifiée par la prière, la soumission et l’adoration envers Lui, Dieu lui dit : « Ô Marie ! Sois pieuse envers ton Seigneur ; prosterne-toi et incline-toi avec ceux qui s’inclinent. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 43). « L’adoration est la voie de la purification et par cette voie tu seras élue et purifiée par Dieu (safwatullâh / صفوة الله) », ce qui correspond à : « Adore ton Seigneur, jusqu’à ce que la certitude te parvienne ! » (sourate Al-Hijr ; 15 : 99). Par conséquent, celui qui désire être purifié et choisi doit parcourir la voie de l’inclinaison, de la prosternation, de la station debout, les mains ouvertes et jointes (70) , et de l’humilité au-devant du Seuil de Dieu le Glorifié.
XIV. Le Masîh (as) est le maillon qui relie la communauté de Mûsâ (as) à celle du Prophète de l’islam (s)
Son Excellence le Masîh (as) confirme les prophètes antérieurs (as) ainsi que la Thora. Il annonce en même temps le Prophète (s) qui doit venir après lui. Dieu dit : « Me voici, confirmant ce qui existait avant moi de la Thora. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 50). Son Excellence le Masîh (as) explique en réalité dans ce verset une partie des objectifs de sa mission. Il dit : « Je suis venu afin de confirmer la Thora, afin de renforcer ses bases et ses principes. » Ici, une question est susceptible de venir à l’esprit : si le verset en question dit que ‘Isâ (as) confirme la Thora, est-ce à dire que la Thora, jusqu’à son époque, n’a pas été victime d’altérations ? En réponse, nous devons préciser que le verset qui nous intéresse parle de la Thora qui est en cause deux versets plus tôt, lorsqu’il est annoncé à Maryam (as) : « Dieu lui enseignera le Livre, la Sagesse, la Thora et l’Evangile. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 48), et non de cette Thora qui, à l’époque de l’envoi de Son Excellence (as), se trouve entre les mains des juifs. Dès lors, le verset en question n’apporte aucune preuve que ‘Isâ (as) ait pu confirmer la Thora usuelle parmi les gens de son époque, ce qui indiquerait que jusqu’à ce moment-là, la Thora n’a pas été altérée et n’a pas différé à propos de l’histoire de Bakht al-Nasr (71) notamment. De la même manière, certains versets disent que le Prophète de l’islam (s) reconnaît la Thora et l’Evangile, ce qui ne désigne en rien la Thora et l’Evangile usuels à l’époque de la descente du Coran. Il s’agit en fait de la Thora et de l’Evangile que la révélation enseigne à Son Excellence (s). Nous lisons dans un autre verset : « Jésus, fils de Marie, dit : ‘Ô fils d’Israël ! Je suis, en vérité, le Prophète de Dieu envoyé vers vous pour confirmer ce qui, de la Thora, existait avant moi ; pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera Ahmad.’ » (sourate Al-Saf (Le rang) ; 61 : 6). Cette déclaration que le noble Coran rapporte de ‘Isâ (as) condense l’appel de Son Excellence (as). Il commence par déclarer ce qui constitue la base de son appel : « Je suis, en vérité, le Prophète de Dieu envoyé vers vous ». Cela nous indique qu’il ne dispose pas d’une autre dignité, d’une autre fonction ou prérogative que celle de leur transmettre la révélation de la part de Dieu. Là, il expose le texte de sa prophétie, il dit : « Je confirme à la fois la prophétie et le Livre qui m’ont précédés, et j’annonce la prophétie qui viendra après moi. » Le fait qu’il dise : « Je suis, en vérité, le Prophète de Dieu envoyé vers vous pour confirmer ce qui, de la Thora », exprime le fait que son appel ne diverge pas de la religion de la Thora, qu’il n’est pas contradictoire d’avec la Loi de cette religion, car au contraire, il la confirme. Il n’invalide par ailleurs que quelques articles. Le propos du nouveau texte n’est pas de diverger, il lui importe au contraire d’informer à propos de ce qui est désormais aboli, de ce qui a outrepassé sa durée de vie. En résumé, il déclare que tel article de la Thora avait pour durée de vie la période allant du jour de sa révélation jusqu’au jour où ‘Isâ (as) en prononce la désuétude, et non que cet article de la Thora a toujours été invalide (72) . « … pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera Ahmad. » Ce passage du verset se réfère à la seconde partie de la révélation de Son Excellence (as), là où « Je suis, en vérité, le Prophète de Dieu envoyé vers vous pour confirmer ce qui, de la Thora », en expose la première partie. En d’autres termes, il semble que Son Excellence (as) dise : « Je suis le chaînon reliant la communauté de Mûsâ (as), ainsi que son Livre, à celle du Prophète à venir (le Prophète de l’islam) (s), et à son Livre. » Son Excellence ‘Isâ (as) n’a manifestement pas d’autre prétention que de livrer la prophétie divine, et ce durant une période de temps déterminée, aussi, ce qui lui a été attribué en terme de divinité propre, ou de filiation à l’égard de Dieu, n’est que mensonge.
XV. La bonne santé (73) (salâmat / سلامت) du Masîh (as) en ce monde, dans le barzakh (74) , et au Jour de la résurrection
Son Excellence le Masîh (as) achève l’exposition de sa voie en mettant l’emphase sur la bonne santé dont il jouit en ce monde, dans le barzakh, et au jour de la résurrection : « Que la Paix soit sur moi, le jour où je naquis ; le jour où je mourrai ; le jour où je serai ressuscité. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 33). Cette parole prononcée par ‘Isâ Masîh (as) avec la permission de Dieu est la réponse qu’il donne aux calomniateurs, car « Que la Paix soit sur moi, le jour où je naquis » signifie : « C’est en bonne santé et par la voie juste et pure que j’ai fait mon entrée dans le monde matériel. » Le Masîh (as) déclare : « Je suis sain de corps et d’esprit (75) lors des trois états transitoires survenant en ce monde. » Il est difficile pour l’être humain de parvenir au barzakh et à la résurrection en ce sain état. Lors de la grande résurrection également, lorsqu’un groupe se trouve en butte à la lamentation, ceux qui ont franchi les étapes précédentes pour parvenir à la purification et à la bonne santé (76) sont exempts de la lamentation. Parmi les paroles de l’Emir des croyants (77) (as), on trouve le fait que Dieu le Glorifié honore les oreilles de certains êtres humains, les dispensant ainsi d’entendre la clameur effrayante de l’enfer. Son Excellence l’Imâm al-Rezâ (as) dit : « Les êtres humains vivent trois périodes essentielles : le jour de la naissance, le jour de la mort et le jour où ils pénètrent la grande résurrection. » Lorsque l’être humain quitte l’univers clos de la matrice pour entrer dans son monde étendu, il est livré à une destinée inconnue, mais s’il entre dans le monde de la matière en bonne santé et dans la pureté, il est tranquille. L’entrée dans le monde du barzakh est également effrayante de prime abord, mais si on y pénètre en bonne santé, on se trouve protégé. De même, lorsque l’on entre dans la grande résurrection en bonne santé, on est alors pour toujours garanti contre la lamentation. Ces trois moments sont extrêmement importants, et ‘Isâ Masîh (as), lors de ces trois passages, jouit d’un état parfait. Il nous faut ici accorder une attention particulière sur le fait que la santé dont il est question est autre chose que le bien-être et la quiétude. Bien que Son Excellence le Masîh (as) connaisse des souffrances et des difficultés considérables au sein de ce monde matériel, une partie de ses combats contre les mécréants pouvant aisément être déduite de ce verset : « Jésus dit, après avoir constaté leur incrédulité : ‘Qui sont mes auxiliaires dans la voie de Dieu ?’ Les apôtres dirent : ‘Nous sommes les auxiliaires de Dieu ; nous croyons en Dieu ; soit témoin de notre soumission.’ » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 52), il parvient néanmoins à atteindre son objectif à travers tous ces malheurs. Effectivement, aucun événement n’est en mesure de détourner vers lui l’attention du cœur pur de ‘Isâ (as), et par là, de porter préjudice à sa conviction. Ainsi, la santé de l’esprit (78) est autre chose que le bien-être et la santé physique. En témoigne cette parole de Dieu à propos de Yahyâ le martyr (79) (as) : « Que la Paix soit sur lui : le jour où il naquit ; le jour où il mourra ; le jour où il sera ressuscité ! » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 15). Le sens du salâm sur Yahyâ (as) correspond à sa bonne santé dès sa venue au monde, ce à quoi s’ajoute le fait que Son Excellence (as) parvient au martyre, sa tête sainte se trouvant séparée du reste de son corps par un Banî Isrâ’îl impur, une rançon requise par un autre Banî Isrâ’îl impur. Cependant, malgré son martyr (80) , Yahyâ (as) parvient néanmoins à ses fins en bonne santé. A propos de Nûh (81) (as) également, Dieu le Glorifié prononce ces mots particuliers, qui de bout en bout dans le Coran, sont réservés à Son Excellence (as) : « Paix sur Noé, parmi les mondes. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 79) et ce, bien qu’il ait eu à subir de nombreuses peines. Par conséquent, le fait de rester en bonne santé désigne le cœur sain avec lequel on quitte ce monde, et la foi et l’âme saines avec lesquelles on entre dans le barzakh. Il ne s’agit donc pas de la santé du corps, ou de la santé au sens de bien-être. Cela rejoint ce qui est dit à propos de Son Excellence Ibrâhîm (as) : « Il vint à son Seigneur avec un cœur pur. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 84). Celui qui, doué d’un cœur sain, entretient une relation avec son Seigneur, se rend également avec le cœur sain auprès de Dieu le Glorifié. Aussi, le salâm de Dieu lui est acquis, bien qu’il connaisse des tourments en ce bas monde, entende des calomnies et soit menacé d’être brûlé. Le salâm de Dieu est sur celui qui atteint sa destination avec une religion et un cœur sains. Son Excellence le Masîh (as) fait partie de ces êtres humains. Sa biographie représente un enseignement à propos de la santé de l’esprit lors des trois moments cruciaux de la vie humaine.
XVI. ‘Isâ (82) Masîh (as) est celui qui marche sur la voie droite (sirât al-mustaqîm / صراط المستقيم)
Dieu le Glorifié place Son Excellence le Masîh (83) (as) parmi ceux qui parcourent la voie droite et qui parviennent au sanctuaire préservé. Pour faire simple, la seule voie reliant le début à la fin et qui parvient à cet objectif, c’est la voie droite. Aussi, Dieu a fait de cette voie la voie des prophètes (84) (as) et des prophètes envoyés (85) (as), ils sont les compagnons de cette voie. Cette voie, la voie élevée, se confond avec celui qui la parcoure contrairement aux voies ordinaires qui sont distinctes de leurs voyageurs. Dans la voie droite, l’être humain ne chemine pas à l’extérieur de lui-même, il n’est pas autre que le voyage, car il chemine à travers la croyance, la création et l’action, chacune correspondant à l’un des trois états de la condition humaine. La perfection de l’être humain s’exerce sur la croyance, la création et l’action, ces trois aspects n’étant pas distincts de lui, car « L’homme ne possédera que ce qu’il aura acquis par ses efforts. » (sourate Al-Najm (L'étoile) ; 53 : 39). Le lien entre l’acte et celui qui le commet est si fort que l’acte ne délie pas son auteur, pas plus que l’auteur n’est à même de fuir son acte : « Si vous faites le bien ou si vous faites le mal, vous le faites à vous-mêmes. » (sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17 : 7). L’acte est propre à celui qui l’a commis, et l’agent se trouve engagé (86) dans son acte, cela est spécifique à l’existence. Inévitablement, le cheminement de l’être humain qui parcourt la voie ne sort pas de l’enceinte de la croyance, de la création et de l’action, ainsi, la voie est le reflet du voyageur. Dieu présente la religion comme étant la voie droite : « Dis : ‘Mon Seigneur m’a dirigé sur une voie droite : c’est une Religion immuable, la Religion d’Abraham, un vrai croyant.’ Il n’était pas au nombre des polythéistes. » (sourate Al-An‛âm (Les bestiaux) ; 6 : 161). Cependant, le fait de parcourir cette voie droite nécessite que l’être humain croie en ses principes en matière de foi, réalise les vertus morales qui lui sont inhérentes, et mette en œuvre ses décrets. Aussi, la voie droite ne pourra jamais se situer hors de l’enceinte qu’est l’âme humaine. En conséquence, les prophètes (as) qui connaissent bien les vérités de la foi, de la morale et de l’action, et en lesquelles ils croient, dont ils sont forts et qu’ils mettent en œuvre, sont bien les compagnons de la voie / ashâb al-sirât / اصحاب الصراط.
Isâ Masîh (as) est l’une des plus hautes figures ayant parcouru cette voie pour atteindre au degré de la proximité divine. Voici de quelle manière Dieu le Glorifié confirme sa proximité : « Le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45). Parcourir cette voie n’est pas impossible, c’est pourquoi il est enseigné à tous les croyants d’en exprimer le souhait dans la prière adressée à Dieu, afin qu’Il les guide vers la voie droite, qui est la voie de ceux qu’Il a comblé de Sa grâce : « Dirige-nous dans le chemin droit : le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits ; non pas le chemin de ceux qui encourent Ta colère ni celui des égarés. » (sourate Al-Fâtiha (L'ouverture) ; 1 : 6 et 7). Ceux que Dieu a comblé de bienfaits sont selon le Coran les prophètes (al-nabiyyîn / النبيين), les amis sincères (al-siddîqîn / الصديقين), les martyrs / les témoins (al-shuhadâ’ / الشهداء) et les vertueux (al-sâlihîn / الصالحين) : « Ceux qui obéissent à Dieu et à Son Prophète sont au nombre de ceux que Dieu a comblés de bienfaits ; avec les prophètes, les justes, les témoins et les saints : voilà une belle assemblée ! » (sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 69). C’est sur ce principe que même une femme ordinaire avec de l’éducation peut être associée à certaines des vertus des Gens de la Demeure prophétique, purifiés et impeccables (as), que cite la sourate Al-Insân (L'homme, sourate 76), et qu’un homme ordinaire, profitant de l’éducation et de la purification, peut parvenir au degré de Salmân (87) et ainsi être déclaré membre des Gens de la Demeure (as). Par conséquent, Dieu le Glorifié se fait le héraut de la biographie des prophètes (as), et les autres croyants, en les imitant, peuvent devenir eux aussi des compagnons de la voie droite et des compagnons du paradis.
XVII. ‘Isâ (as) est le serviteur de Dieu ainsi que le prophète de Dieu
Dieu dit dans la sourate Maryam (Marie) : « (Jésus) dit : ‘Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un prophète.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 30). ‘Isâ (as) commence sa phrase par : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu », il annonce ici sa servitude à l’égard de Dieu et entrave les excès des exagérateurs en leur opposant un argument décisif (88) . De même, au terme de son propos, il dit : « Dieu est, en vérité, mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-le ! » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 36). En disant : « Il m’a donné le Livre » il entend révéler que Dieu lui a confié les Saintes écritures qui désignent apparemment l’Evangile. Ensuite, il déclare sa prophétie par ces mots : « Il a fait de moi un prophète. » A ce moment-là, il n’est encore que nabî / نبى, ce n’est que par la suite que Dieu le choisira en tant que prophète envoyé (89) . Pourtant, ses mots semblent indiquer que le Livre lui a d’ores et déjà été donné, et non qu’il en soit question pour l’avenir.
XVIII. ‘Isâ (as) dispose de la dignité de l’Imâmat
Dieu dit : « Lorsque Nous avons conclu l’alliance avec les Prophètes, et avec toi (90) , avec Noé, Abraham, Moïse et Jésus, fils de Marie ; Nous avons conclu avec eux une alliance solennelle. » (sourate Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33 : 7). L’ajout d’un pronom à l’alliance attribuée aux prophètes (as) nous apporte la preuve que l’alliance des prophètes (as) est une alliance qui leur est réservée, et nous permet également de comprendre la citation des noms des prophètes se rapportant au mot nabiyyîn / نبيين. L’alliance conclue avec les prophètes (as) a un rapport avec le caractère même de leur prophétie. Ce fait mis à part, il s’agit aussi d’une alliance conclue avec le commun des mortels et dont témoigne ce verset : « Quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam, Il les fit témoigner contre eux-mêmes : ‘Ne suis-Je pas votre Seigneur ?’ Ils dirent : ‘Oui, nous en témoignons !’ » (sourate Al-A‛râf ; 7 : 172). La question du pacte conclu avec les prophètes (as) apparaît également dans ce verset : « Dieu dit, en recevant le pacte des prophètes : ‘Je vous ai vraiment donné quelque chose d’un Livre et d’une Sagesse. Un Prophète est ensuite venu à vous, confirmant ce que vous possédiez déjà. Croyez en lui et aidez-le. Êtes-vous résolus et acceptez-vous Mon alliance à cette condition ?’ Ils répondirent : ‘Nous y consentons.’ » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 81). Bien que le verset en question n’exprime pas explicitement ce qu’est cette alliance, ce pacte conclu avec les prophètes (as), se contentant, comme nous l’avons dit, d’indiquer qu’il s’agit d’une alliance relevant de la dignité de prophète, nous pouvons néanmoins déduire de l’autre verset que nous avons rapporté de la sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) que l’alliance engage l’unanimité envers la religion et l’absence de divergence à son propos. Cela est confirmé par ces deux versets : « Cette communauté (91) qui est la vôtre est une communauté unique. Je suis votre Seigneur ! Adorez-Moi donc ! » (sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes) ; 21 : 92) et « Il a établi pour vous, en fait d’obligations religieuses, ce qu’Il avait prescrit à Noé ; ce que Nous te révélons et ce que Nous avions prescrit à Abraham, à Moïse et à Jésus : ‘Acquittez-vous du culte ! Ne vous divisez pas en sectes.’ » (sourate Al-Shûrâ (La consultation) ; 42 : 13). Dans le verset qui nous occupe, le mot nabiyyîn / نبيين / prophètes (as), est commun et donc les concerne tous. Bien que cela concerne l’ensemble des prophètes (as), cinq sont cités par leur nom. Il est dit : « A toi (92) et à Nûh (93) (as), Ibrâhîm (94) (as), Mûsâ (95) (as) et ‘Isâ ibn Maryam (96) (as). » Faire la citation de ces cinq individus est relatif à leurs spécificités, ils sont ainsi démarqués de l’ensemble des prophètes (as), c’est comme s’il était dit : « Et comme Nous avons conclu l’alliance avec vous cinq, et avec les autres prophètes (as), il advient telle et telle chose. » Les citer de manière spécifique a pour fonction de les glorifier et d’exprimer le respect qui leur est dû parce qu’ils disposent d’une dignité immense et d’un degré considérable, parce qu’ils sont les ‘Ûlû al-‘azm (97) , les porteurs d’une Loi et d’un Livre. C’est également en raison de ce principe que quatre d’entre eux sont cités selon l’ordre chronologique. L’Envoyé de Dieu (s) est cependant cité avant eux, bien que Son excellence (s) aurait dû être cité en dernier pour suivre la chronologie, cela est dû au fait qu’il est le plus noble, et qu’il a la primauté sur tous les autres. « Nous avons conclu avec eux une alliance solennelle. » (sourate Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33 : 7). Cette phrase marque une emphase sur le pacte en question. Il s’agit ici de préciser que : « l’alliance en question est particulièrement solide », comme on peut le voir dans ce verset : « Lorsque Notre Ordre vint, Nous sauvâmes Houd, et, avec lui, ceux qui croyaient, par une miséricorde venue de Nous. Nous les avons délivrés d’un terrible châtiment. » (sourate Hûd ; 11 : 58).
XIX. ‘Isâ (as) compte parmi les élus
Dieu dit : « Oui, Dieu a choisi, de préférence aux mondes (98) : Adam, Noé, la famille d’Abraham, la famille de ‘Imran. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 33). Ce type d’élection est motivé par un ou plusieurs aspects que les élus ne partagent pas avec les autres gens. Visiblement, « la famille de ‘Imrân » (as) désigne celle du père de Maryam (as), l’expression « Maryam fille de ‘Imrân » (as) est plusieurs fois répétée dans le noble Coran, alors que ‘Imrân, père de Mûsâ (as) n’y est même pas cité une seule fois en ces termes. Toutefois, quand il y est cité, ce n’est pas en tant que père de Mûsâ (as), ce qui confirme l’hypothèse qu’il s’agit bien ici de ‘Imrân (as), père de Maryam (as). Par conséquent, la famille de ‘Imrân (as) correspond à Maryam (as) et à ‘Isâ (as), auxquels s’ajoute peut-être l’épouse de ‘Imrân (as).
XX. ‘Isâ (as) possède la pureté d’esprit
Le noble Coran compte pour ‘Isâ (as) plus de vingt qualités parmi les hautes qualités de la wilâya et celles que possèdent les Amis de Dieu. La voie qui permet de les atteindre est la purification de l’esprit (rûh / روح). Celui qui parcourt la voie de la pureté peut alors jouir de ces qualités. De même, il est dit à propos de la purification de Maryam (as) : « Les anges dirent : ‘Ô Marie ! Dieu t’a choisie, en vérité ; Il t’a purifiée ; Il t’a choisie de préférence à toutes les femmes de l’univers. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 42). Nous pouvons lire sur la purification de Son Excellence le Masîh (as) à l’égard des mécréants : « Dieu dit : ‘Ô Jésus ! Je vais, en vérité, te rappeler à Moi ; t’élever vers Moi ; te délivrer des incrédules. Je vais placer ceux qui t’ont suivi au-dessus des incrédules, jusqu’au Jour de la Résurrection ; votre retour se fera alors vers Moi ; Je jugerai entre vous et trancherai vos différends.’ » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 55). Cette nouvelle annoncée : « Je vais placer ceux qui t’ont suivi au-dessus des incrédules », permet de comprendre que ses disciples compteront parmi les compagnons dotés de la pureté complète. Celui qui est pur a parcouru la voie christique et obtient la victoire sur les autres ; voilà la promesse de Dieu. Avant l’apparition de l’islam, elle concerne les Apôtres et les autres disciples. Après l’apparition de l’islam, ce sont les véritables musulmans qui parcourent la voie de Son Excellence ‘Isâ (as), car ce que ‘Isâ Masîh (as) a apporté, l’islam également l’a apporté, et les musulmans se sont mis à cheminer sur cette même voie. « Je vais placer ceux qui t’ont suivi au-dessus des incrédules, jusqu’au Jour de la Résurrection », ce passage nous indique que l’ordre du monde est fait de sorte que parcourir la voie de la purification, est ce qui permet la victoire sur les mécréants ; c’est là la promesse de Dieu. Il est nécessaire de prêter attention au fait que l’objet de cette victoire est la victoire politique, la prédominance en terme de pouvoir, et non la victoire du savoir et de l’argumentation, car s’il avait été question de la victoire de l’argument de Son Excellence le Masîh (as) et de ses disciples sur celui des incrédules, il n’aurait alors pas été annoncé : « Je vais te faire trépasser, Je vais t’élever vers moi, et là je vais donner la victoire à l’argument de tes disciples sur celui des mécréants », pour la simple raison que l’argument qui permet la victoire des disciples de ‘Isâ (as) ne diffère en rien de l’argument de ‘Isâ (as) lui-même, or, cet argument est toujours victorieux sur celui des mécréants. Il en résulte donc que la victoire en question est la victoire temporelle, celle du système politique.
XXI. La prophétie à destination des Banî Isrâ’îl (99)
Savoir si la prophétie du Masîh (as) est réservée aux Banî Isrâ’îl ou si elle concerne un cercle plus étendu, est une question qui outrepasse le cadre de cet article. Cependant, l’aspect apparent des versets semble indiquer la première assertion, lorsqu’il est notamment dit : « et le voilà prophète, envoyé aux fils d’Israël. » (sourate Âli ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 49). D’après cette affirmation, Isâ (as) est envoyé aux Banî Isrâ’îl seuls, de la même manière que l’on peut déduire des versets relatifs à Son Excellence Mûsâ (as), qu’il a également été envoyé aux Banî Isrâ’îl seuls. D’un autre côté, ce verset est également révélé : « Les hommes formaient une seule communauté. Dieu a envoyé les prophètes pour leur apporter la bonne nouvelle et pour les avertir. » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 213). ‘Isâ (as), comme Mûsâ (as), compte parmi les prophètes ‘Ûlû al-‘azm, les prophètes (as) envoyés à l’ensemble des habitants de ce monde. Bien entendu, il existe une différence entre la qualité de rasûl / رسول et celle de nabî / نبي ; la prophétie (nubuwwa / نبوة, dont découle nabî / نبي ) correspond à la mission (bi‛tha / بعثة) et à la propagation (tablîgh / تبليغ), tandis que la risâla / رسالة est une légation particulière suivie d’une mention exécutive, qui consiste en un décret céleste, un jugement divin entre les gens, tantôt instaurant l’éternité et la grâce, tantôt la mort et la disparition de la grâce, comme le montre ce verset: « Un prophète est envoyé à chaque communauté : quand vient son prophète, tout en tranché avec équité entre ses membres, personne n’est lésé. » (sourate Yûnus (Jonas) ; 10 : 47). Autrement dit, le nabî / نبي est un être humain missionné par Dieu le Très-Haut pour exposer aux gens les décrets de la religion, alors que le rasûl / رسول est un être humain qui est missionné afin d’exposer des formulations particulières suivies de destruction, dans le cas où elles sont ignorées, ou suivies de permanence et de félicité, dans le cas où elles sont bien accueillies. C’est là ce qui ressort clairement des discours que le noble Coran rapporte de prophètes comme Nûh (as), Hûd (100) (as), Sâleh (101) (as), Shu‛ayb (102) (as) et des autres prophètes (as) qui se sont adressés à leur peuple. S’il en est ainsi, il n’est pas nécessaire que la prophétie (risâla / رسالة) d’un prophète (rasûl / رسول) s’adresse à un peuple particulier et que sa mission (bi‛tha / بعثة) concerne ce même peuple. Il est possible au contraire que sa prophétie (risâla / رسالة) concerne un peuple précis, mais que sa mission (bi‛tha / بعثة) et sa prophétie (nubuwwa / نبوة, dont découle nabî / نبي) concernent l’ensemble de l’humanité, comme c’est le cas pour Mûsâ (as) et pour ‘Isâ (as). (103) Les preuves que l’on peut tirer du noble Coran à ce propos sont nombreuses. Parmi elles, il est dit au sujet de la prophétie (risâla / رسالة) de Mûsâ (as) en direction de Pharaon : « Va chez Pharaon ; il est rebelle. » (sourate TaHa ; 20 : 24). Pourtant, nous observons que les magiciens de Pharaon finissent par avoir foi en Mûsâ (as) : « Les magiciens tombèrent prosternés en disant : ‘Nous croyons au Seigneur d’Aaron (104) et de Moïse.’ » (sourate TaHa ; 20 : 70). L’aspect manifeste de ces versets montre que la foi des magiciens est acceptée bien qu’ils ne comptent pas parmi les Banî Isrâ’îl. Au sujet de l’appel lancé au peuple de Pharaon, bien que celui-ci ne fasse pas partie des Banî Isrâ’îl, il est dit : « Avant eux, nous avions éprouvé le peuple de Pharaon, alors qu’un noble Prophète était déjà venu à eux. » (sourate Al-Dukhân (La fumée) ; 44 : 17). Ce qui vient corroborer ces versets, et le caractère universel du message apporté par Son Excellence (as), c’est le fait que de nombreux peuples qui n’appartiennent pas aux Banî Isrâ’îl, embrassent la foi de ‘Isâ (as), et ce avant la mission de l’Envoyé de Dieu (s), comme le peuple de l’Empire romain, les grandes nations de l’Occident, comme la France, l’Autriche, l’Angleterre, ainsi que des peuples de l’Orient, comme le peuple de Najrân (105) qui s’est rassemblé autour de lui alors qu’il ne faisait pas partie des Banî Isrâ’îl. Dans aucun des versets du Coran parlant des Nazaréens (Nasârâ / نصارا / chrétiens) il n’est davantage prêté attention aux « Nazaréens issus des Banî Isrâ’îl ». Au contraire, lorsque le Coran fait leur éloge, il s’adresse à l’ensemble d’entre eux, et s’il les blâme, il les blâme tous.
XXII. Le Masîh (106) (as) est le signe de la résurrection
Le Coran compte l’existence même du Masîh (as) comme l’un des signes de la résurrection. Il rappelle en substance : « Ne doutez pas à propos de la résurrection et ne prenez pas non plus ‘Isâ (107) (as) pour votre Dieu. Il est un serviteur parmi les serviteurs de Dieu, et parmi ses spécificités se trouve le fait que sa manifestation est l’un des signes de la résurrection. » Le Coran nous informe que : « Jésus est, en vérité, l’annonce de l’Heure (108) . N’en doutez pas et suivez-Moi. Voilà un chemin droit ! » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 61). L’explication de ce verset dépend de l’explication des versets précédents, dans ces derniers nous lisons : « Lorsque le fils de Marie leur est proposé en exemple, ton peuple s’en détourne ; ils disent : ‘Nos divinités ne sont-elles pas meilleures que lui ?’ Ils ne t’ont proposé cet exemple que pour discuter. Ce sont des amateurs de disputes. Lui n’était qu’un serviteur auquel Nous avions accordé Notre grâce et Nous l’avons proposé en exemple aux fils d’Israël. » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 57 à 59). Les exégètes prétendent que lorsque descend ce verset : « Vous serez vraiment, vous et ce que vous adorez en dehors de Dieu, le combustible de la Géhenne. Vous y arrivez… » (sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes) ; 21 : 98), les mécréants de la tribu des Qurayshites se dressent pour se lancer dans la controverse. Ils disent : « ‘Isâ (as) est également la divinité des chrétiens. S’il est question de jeter dans le feu toutes les divinités qui ne sont pas Dieu, y compris le Masîh (as), il n’y a donc pas d’inconvénient à ce que nos dieux nourrissent également le feu. Jamais elles ne seront plus nobles que le Masîh (as). Si telle est sa destinée, alors que ce soit également celle de nos dieux. » Le Coran leur répond : « Vous faites erreur. C’est vous qui parlez des idoles. Le Masîh (as) n’est pas une divinité, il est Notre serviteur auquel Nous avons accordé Notre grâce. Nous en avons fait un signe de Notre puissance pour les Banî Isrâ’îl (109) . Son existence incarne le signe de la résurrection. Ne laissez pas le doute vous atteindre à propos de la résurrection, et suivez-Moi. » Lorsqu’il est dit : « Vos idoles nourriront le feu », par « idoles » il est question des objets d’adoration qui ne sont ni sages ni animés ; ce que prouve l’emploi de mâ / ما dans mâ ta‛budûn / ما تعبدون. Cependant, les nobles créatures animées au degré élevé, ne méritent pas qu’on les jette dans le feu suite aux pensées erronées conçues à leur sujet. Il s’agit de brûler des idoles faites de bois à titre d’hérésie et de prémunir les gens de la déviation qu’elles représentent, ce qui ne concerne en rien les idoles douées de raison et animées (110) . En effet, ces dernières avouent elles-mêmes continuellement leur servitude. Dans son interprétation, Al-Zamakhsharî rapporte que lorsque ce verset est révélé, ‘Abdallâh ibn Zib‛arî se dresse pour soulever la controverse face au Prophète (s) et dit : « Ô Mohammad (s) ! Ce verset nous concerne-t-il nous et nos dieux seuls, ou bien les dieux de toutes les communautés ? » Le Prophète (s) répond : « C’est le deuxième cas. » Ibn Zib‛arî dit alors : « Je jure par le Dieu de la Ka‛ba que je serai ton vainqueur. Tu dis que ‘Isâ ibn Maryam (as) est un prophète, tu lui adresses la salutation alors que les Nazaréens l’adorent lui et sa mère, alors qu’il était aimé par celui que les Banî Isrâ’îl adorent, et que même les anges sont adorés par certains. Devons-nous donc tous les jeter dans le feu ? Dans ce cas nous serons tout autant satisfaits de jeter nos dieux dans le feu. » Ce verset est alors révélé pour lui répondre : « Ceux qui ont déjà reçu de Ma part la bonne promesse seront tenus loin à l’écart de ce [châtiment]. » (111) (sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes) ; 21 : 101). Quoi qu’il en soit, le verset qui nous occupe dit : « L’une des particularités du Masîh (as) consiste à être le signe de la résurrection. » Qu’est-ce que cela suppose ? Certains exégètes avancent qu’il est le véhicule du savoir portant sur la résurrection. Ainsi, le verset dit : « ‘Isâ (as) est un intermédiaire grâce à qui on peut apprendre ce qu’est la résurrection, parce qu’il a d’une part été créé sans père et parce que d’autre part il ressuscite les morts. Observant cela, on en déduit que pour Dieu, il n’est pas difficile de mettre la résurrection en œuvre et de rendre la vie à ceux qui étaient morts, aussi ne doutez pas de la résurrection, n’ayez pas la moindre hésitation à son propos. » D’autres exégètes pensent que la signification de la phrase « Jésus est, en vérité, l’annonce de l’Heure » est celle-ci : « Son Excellence est l’un des signes de l’imminence de la résurrection. Peu avant la résurrection, il apparaîtra et les gens comprendront que le jour de la résurrection est proche. » Il est évident que ce n’est pas la naissance du Masîh (as) qui constitue le signe de la résurrection, sinon le Prophète (s), étant né après lui, mériterait d’autant plus cette distinction. Au contraire, à un moment donné, l’apparition du Masîh (as) annoncera l’imminence de la résurrection. Des hadiths confirment ce fait en nous informant qu’un jour, le Masîh (as) – avant même la résurrection – descendra parmi les gens à titre de guide rendant la justice. Jâbir ibn ‘Abdallâh dit : « J’ai entendu le Prophète (s) dire : ‘Son Excellence ‘Isâ (as) apparaîtra et l’Emir des musulmans (d’après les précisions d’un autre hadith, il s’agit ici de Son Excellence le Mahdî (af)) lui dira : ‘Viens, afin que nous accomplissions la prière avec toi (112) .’ Mais ‘Isâ (as) lui répondra : ‘Non, certains d’entre vous sont les Imâms des autres et c’est là un respect que Dieu accorde à cette communauté.’ (Suite à cela, c’est le Masîh (as) qui suivra le Mahdî ('aj))’ » Un autre hadith nous rapporte que le Prophète (s) déclare : « Comment serez-vous lorsque le fils de Maryam (as) descendra parmi vous, alors que votre Imâm (af) sera l’un d’entre vous ? » Quoi qu’il en soit, l’application du mot savoir / ‘Ilm / علم à propos de Son Excellence le Masîh (as) marque une certaine emphase pour confirmer que sa descente est véritablement l’un des signes de la résurrection. Après cela, le Coran ajoute en substance : « La survenue de la résurrection est certaine, son apparition est proche, alors ne laissez jamais le doute s’insinuer en vous à son propos. Ne vous comportez pas comme des insouciants, que ce soit dans vos pensées ou dans vos actes, et suivez-Moi. Voilà un chemin droit ! » « Quel chemin plus droit que celui qui vous informe sur l’avenir incertain qui s’ouvre devant vous, qui vous montre la voie du salut à l’égard des dangers propres au jour de la résurrection ? Cependant, Shaytân (113) entend constamment vous maintenir dans l’égarement et l’ignorance ; réveillez-vous ! » (114)
XXIII. L’apparition de ‘Isâ (as) est l’un des signes de la résurrection
Au seuil de la résurrection, des événements surviendront qui représenteront des signes de la résurrection proprement dite. Hudhayfa ibn Al-Yamân rapporte du Prophète de l’islam (s) : « Quatre choses font partie des signes de la résurrection : le Dajjâl (115) , l’apparition de ‘Isâ (as), un feu qui surgira des profondeurs de ‘Aden (116) et fera avancer les gens vers le mahshar (117) , et la fumée. » Hudhayfa demande : « Qu’est-ce que la fumée ? » Le Prophète (s) récite ce verset : « Guette donc le Jour où le ciel apportera une fumée bien visible. » (sourate Al-Dakhân (La fumée) ; 44 : 10), et lui explique : « Il s’agit d’une fumée qui envahira l’espace contenu entre l’orient et l’occident et qui demeurera quarante jours. Le croyant connaîtra un état similaire au rhume de cerveau, tandis que le mécréant sera comme saoul, alors que de la fumée sortira de son nez, de ses oreilles, et de derrière lui. » De nombreux autres hadiths présentent le même contenu. Abû al-Mâlik al-Ash‛arî rapporte que le noble Prophète (s) dit : « Votre Seigneur vous a averti à propos de trois choses : premièrement, une fumée dont l’effet sera comme celui d’un rhume de cerveau pour le croyant et qui pour le mécréant fera que son corps tout entier se mettra à fumer avec de la fumée qui sortira par tous ses orifices. Deuxièmement, à propos de la Bête de la terre (118) et troisièmement à propos du Dajjâl. » L’Emir des croyants (119) (as) rapporte également du Prophète (s) : « Ce sont dix signes qui apparaîtront inévitablement avant la résurrection : le Sufyânî, le Dajjâl, la fumée, la Bête de la terre, le soulèvement de Son Excellence le Mahdî (af), le lever du soleil à l’ouest, la descente de ‘Isâ (as), un tremblement de terre dans la gueule mortelle située en Orient, un tremblement de terre analogue dans la péninsule Arabique et un feu qui surgira des profondeurs de ‘Aden et fera avancer les gens vers le mahshar. » Les exégètes considèrent que la descente de Son Excellence ‘Isâ (as) compte parmi les signes (avant-coureurs) de la résurrection. Jâbir ibn ‘Abdallâh rapporte : « Le Prophète (s) a dit : ‘Parmi les signes de la résurrection se trouve la descente de Son Excellence ‘Isâ (as).’ Là, leur chef lui dira : ‘Viens, accomplis la prière pour nous, de sorte que nous nous placions derrière toi.’ Son Excellence ‘Isâ (as) n’acceptera pas et dira : ‘Dieu le Très-Haut, par respect pour cette communauté (de la fin des temps), a fait que certains d’entre vous (Son Excellence le Mahdî ('aj)) soient vos chefs.’ » Il dit dans un autre hadith : « Comment serez-vous lorsque Son Excellence ‘Isâ ibn Maryam (as) descendra et que votre Imâm (Son Excellence le Maître de l’ordre ('aj)) sera l’un d’entre vous ? »
XXIV. La qualité de témoin de ‘Isâ Masîh (as)
Le noble Coran présente les prophètes divins (as) en général, et Son Excellence le Masîh (as) en particulier, en tant que témoins des actes de leur communauté, tandis que le noble Envoyé (s) est lui-même appelé « le témoin des témoins » : « Que feront-ils lorsque Nous ferons venir un témoin de chaque communauté et que Nous te ferons venir comme témoin contre eux ? » (sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 41). Dans cette même sourate, le principe du témoignage de Son Excellence ‘Isâ (as) est ainsi exprimé : « Il n’y a personne, parmi les gens du Livre, qui ne croie en lui avant sa mort et il sera témoin contre eux, le Jour de la Résurrection. » (sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 159). Non seulement ‘Isâ (as) est informé des actes apparents, mais il dispose en plus du savoir et de la connaissance complets des états d’âme et des croyances de ceux de son peuple. Il existe bien des moyens de prouver le témoignage terrestre des prophètes (as), et notamment celui de ‘Isâ Masîh (as) : l’un de ces moyens est la corrélation. En effet, lorsque Dieu le Glorifié considère les prophètes (as) en tant que témoins de la cour de justice divine et membres du groupe des témoins véridiques, la véracité du témoignage nécessite que le témoin soit présent sur terre, se trouve sur les lieux de l’événement et soit informé de ce que véhicule ce témoignage. Il est donc essentiel que les prophètes (as) aient une connaissance « en présence » des actes de leur peuple. Au moment de l’action, ils voient ce qu’accompli leur peuple, de sorte à pouvoir livrer un témoignage à la cour de justice. Un autre moyen est le principe de l’inférence de la comparaison, dans le sens où le noble Coran considère que certains prophètes (as), comme le Masîh (as), comptent parmi les « rapprochés », comme nous pouvons le lire dans la sourate Al-Mutaffifîn (Les fraudeurs) : « Ceux qui sont proches de Dieu en sont témoins. » (sourate Al-Mutaffifîn (Les fraudeurs) ; 83 : 21). Selon ce principe, ils seront inévitablement les témoins des actes des autres. En résumé, sachant que les prophètes (as) comptent parmi les rapprochés, et que les rapprochés sont les témoins des actes des justes, alors les prophètes (as) sont les témoins des actes des justes, et comme les justes se placent au-dessus des débauchés, celui qui dispose d’une connaissance complète de la personnalité des justes et de leurs actes dispose également d’une connaissance complète de la personnalité des débauchés et de leurs actes, le criminel disposant d’un degré de personnalité inférieur à celui du vertueux, du dévot. L’explication de l’inférence en question se retrouve dans l’annonce faite à Maryam (as) par les anges : « Ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui. Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. » (sourate Âli-‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45). La proximité, dans le vocabulaire coranique, compte parmi les plus hautes qualités qui puissent être offertes aux croyants. Ceux qui sont rapprochés sont meilleurs que « les justes » et que « les compagnons de la droite ». Il advient que parfois le noble Coran divise les gens entre « les débauchés », « les justes » et « les rapprochés », et parfois entre « les gens de la gauche », « les gens de la droite », et « les débauchés ». Quelle que soit la division, ‘Isâ Masîh (as) compte parmi ceux qui sont proches de Dieu, et dont le noble Coran mentionne la grandeur : « Si cet homme est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu, il trouvera le repos, les parfums et les Jardins du Délice. » (sourate Al-Wâqi‛a (L'événément) ; 56 : 88 et 89). D’après ce verset, ceux qui sont proches de Dieu sont en eux-mêmes l’esprit, les fleurs, le paradis (120) . Le noble Coran dit à propos du livre des actes des justes, qui selon le verset 177 de la sourate bénie Al-Baqara (La vache, sourate 2) est également rattaché aux trois principes que sont la résurrection, la croyance en la révélation, et l’accomplissement des actes de la servitude : « Non, le Livre des purs est le ‘Illiyûn ; comment pourrais-tu comprendre ce qu’est le ‘Illiyûn ? C’est un livre écrit. Ceux qui sont proches de Dieu en sont témoins. » (sourate Al-Mutaffifîn (Les fraudeurs) ; 83 : 18 à 21). Si ce sont les justes les scribes de ce livre des âmes, ceux qui sont proches de Dieu sont informés à propos de ces âmes, et si ce sont les anges qui sont les noble scribes divins et qui, avec la permission de Dieu, tiennent le registre, ceux qui sont « les rapprochés » n’en sont pas moins informés. En effet, celui qui a atteint le degré de la proximité divine se retrouve inévitablement au sommet même des ‘Illiyîn, de sorte à en avoir une connaissance complète. Il en résulte, par le principe de la comparaison en question, que ‘Isâ Masîh (as) est donc le témoin du ‘Illiyîn / عليين, le témoin des actes et du livre des justes. De la même façon, ceux qui sont proches de Dieu auront une connaissance complète de la personnalité des débauchés, car le livre des débauchés se trouve dans le Sijjîn / سجين, tandis que le Sijjîn est situé à un niveau inférieur par rapport à celui du ‘Illiyîn : « Non ! Le Livre des libertins est le Sijjîn ; comment pourrais-tu comprendre ce qu’est le Sijjîn ? C’est un livre écrit. Malheur, ce Jour-là à ceux qui criaient au mensonge. » (sourate Al-Mutaffifîn (Les fraudeurs) ; 83 : 7 à 10). Les êtres humains parfaits ayant une connaissance complète du ‘Illiyîn ont de toute évidence une connaissance complète du Sijjîn, sauf dans le cas d’un mystère dont Dieu le Glorifié entend interdire l’accès à un être humain afin de préserver son honneur, comme l’Emir des croyants (as) l’exprime dans l’invocation de Kumayl (121) : « Ô Seigneur, Tu connais l’ensemble de mes actes, mais en raison de Ta miséricorde, Tu ne permets pas que les autres aient accès à une partie des réalités. » Dieu est le Témoin de toute chose, et les témoignages des autres sont recouverts par Son témoignage. Par conséquent, le témoignage des proches de Dieu sur le ‘Illiyîn, le Sijjîn et sur les actes des justes et des débauchés est casuel, alors que le témoignage de Dieu le Glorifié est naturel. A propos de sa qualité de témoin de son peuple, ‘Isâ Masîh (as) dit à Dieu le Glorifié : « J’ai été contre eux un témoin, aussi longtemps que je suis resté avec eux, et quand Tu m’as rappelé auprès de Toi, c’est Toi qui les observais, car Tu es témoin de toute chose. » (sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 117). Bien que les prophètes (as) demeurent les témoins des actes des autres après leur mort, leur témoignage n’est cependant pas mêlé de surveillance car leur présence n’est pas une présence contraignante et mélangée à la prophétie, ils n’interdisent à personne de sortir de la voie par exemple. Ce genre de témoignage mêlé de surveillance est propre à la vie. Il faut prêter attention au fait que Son Excellence le Masîh (as) dit : « C’est Toi qui les observais », ce qui ne signifie pas : « après moi, Toi seul les observeras », ni : « ta surveillance vient après la mienne », car il annonce lui-même la venue d’un autre Prophète (s) : « … pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera : Ahmad. » (sourate Al-Saf (Le rang) ; 61 : 6), car chaque prophète (as) est le témoin de son peuple. De même, il dit avec insistance : « car Tu es témoin de toute chose. » Le témoignage et la surveillance de Dieu sont absolus. Dieu est Le témoin, avant la naissance du Masîh (as), de son vivant, et après le rappel de Son Excellence (as) auprès de Lui. Non seulement Dieu le Glorifié est le Témoin pour les communautés, mais Il l’est en sus pour les prophètes (as). Ainsi, Il est le témoin de celui qui témoigne comme de celui à propos duquel il est témoigné. Bien que Dieu attribue également le témoignage à d’autres, le témoignage véridique, absolu et en toute indépendance est bien le témoignage de Dieu le Glorifié. Par conséquent, le témoignage des proches de Dieu, et parmi eux Son Excellence le Masîh (as), correspond à un degré parmi tous les degrés du témoignage de Dieu le Glorifié : « Dis : ‘Agissez ! Dieu verra vos actions, ainsi que le Prophète et les croyants. Vous reviendrez à Celui qui connaît ce qui est caché et ce qui est apparent. Il vous fera connaître ce que vous avez fait.’ » (sourate Al-Tawba (Le repentir) ; 9 : 105). Ainsi, le témoignage à propos des actes n’est pas propre aux prophètes (anbiyâ / انبياء) (as) et aux prophètes envoyés (mursalîn / مرسلين) (as), il fait au contraire partie des degrés des Amis de Dieu (as) qui sont eux-mêmes informés sur les croyances, les mœurs et les actes des êtres humains. Bien entendu, la voie de la wilâya est toujours ouverte et l’être humain y participe relativement à sa proximité. Aussi, à la mesure de sa wilâya, il est lui-même le témoin des actes des autres. Le témoin des actes des autres n’est pas négligent en ce qui concerne ses proches. Pour le négligent, nous lisons : « Ne ressemblez pas à ceux qui oublient Dieu ; Dieu fait qu’ils s’oublient eux-mêmes. » (sourate Al-Hashr (L'exode) ; 59 : 19). Le négligent n’est pas le témoin de ses proches, il laisse la corruption et l’insouciance s’insinuer dans son cœur et ne pourra jamais témoigner sur le cœur des autres. Par conséquent, le principe du témoignage concernant les êtres humains est simple, et le Coran indique que la proximité conduit au témoignage, or, cette voie est ouverte à tous parce que le mot mu’minûn / مؤمنون qui apparaît dans le verset 105 de la sourate Al-Tawba (Le repentir) n’est pas réservé aux Gens de la Demeure prophétique, purs et impeccables (as). Ce verset nous informe au contraire que les exemples des croyants parfaits, et le degré de présence / de témoignage des autres croyants n’atteint pas même le plus bas niveau de leur présence / témoignage. Cependant, il n’est pas impossible qu’un Ami parmi les Amis de Dieu (as) atteigne le degré de témoin des actes.
XXV. L’intercession de Son Excellence le Masîh (as)
‘Isâ Masîh (as) est d’une part le témoin pour les gens en ce monde, c'est-à-dire qu’il est informé à propos de ce qui survient, et il apporte d’autre part son témoignage au jour de la résurrection à la cour de justice divine en tant que témoin sincère et digne de foi. Il est donc le témoin de droit et le noble Coran considère que l’intercession revient à ces témoins de droit : « Ceux qu’ils invoquent en dehors de Lui ne possèdent aucun pouvoir d’intercession, à l’exception de ceux qui rendent témoignage à la Vérité et qui possèdent la Science. » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 86). L’intercession n’a pas pour signification le sacrifice de soi, comme certains le pensent en s’imaginant que le Masîh (as) a été sacrifié afin que Dieu le Glorifié pardonne les péchés de sa communauté.
L’intercession au jour de la résurrection est soumise à la permission de Dieu, et tant que Dieu le Glorifié ne le permet pas, personne n’a le droit d’intercéder : « Qui intercédera auprès de Lui, sans Sa permission ? » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 255). Dieu doit donner Sa permission à la fois à l’intercesseur, et à la fois au sujet de celui pour lequel il est intercédé, et qui doit par ailleurs être quelqu’un dont la religion est agréée par Dieu le Glorifié : « Ils n’intercèdent qu’en faveur de ceux que Dieu agrée. » (sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes) ; 21 : 28). De ce fait, les mécréants et les hypocrites sont exclus du domaine de l’intercession. Non seulement ils n’ont pas le droit d’intercéder mais personne ne pourra intercéder pour eux, car les lignes générales de l’intercession sont claires : peut intercéder celui qui en a la permission et qui est un témoin de droit (pour Dieu), et peut être l’objet de l’intercession celui dont la religion est agréée, or, la mécréance et l’hypocrisie ne sont pas agréées par Dieu : « L’ingratitude de Ses serviteurs Lui déplaît, mais votre reconnaissance Lui est agréable. » (sourate Al-Zumar (Les groupes) ; 39 : 7). Par conséquent, cette intercession est entre les mains de Dieu le Glorifié, et dans le cas où le Masîh (as) voudrait intercéder, il ne pourra le faire sans la permission de Dieu.
________________________________________
Notes:
1 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Ainsi, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie. (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran sont de Denise Masson et les passages des Evangiles proviennent de la Bible de Louis Segond, 1910).
2 Terme à géométrie variable selon les écoles. Si l’on fait une synthèse des notions qu’il regroupe pour les shiites, le fait que ‘Isâ (as) ait une wilâya complète indique qu’il a hérité de l’ensemble des qualités que se transmettent les grands walî à savoir les grands lieutenants (lieu-tenant : celui qui maintient un lieu par sa seule présence, au nom de celui qui lui est supérieur…) de Dieu sur la terre.
3 Jésus (as).
4 Marie (as), mère de Jésus (as).
5 Jésus fils de Marie (as) : c’est ainsi qu’il est généralement nommé dans le Coran, probablement pour rappeler que Marie (as) est le seul être dont il est le fils…
6 Les êtres d’exception qui sont proches du Seuil divin.
7 Comme il les considère toutes comme des signes / âyat / آية…
8 Kun / كن / sois !
9 Bien que cela ne soit pas toujours clair dans les traductions en français, car il n’est pas évident d’employer le mot « verbe » comme l’exégèse coranique le suppose, et de le replacer dans les versets, à chaque occurrence, là où le sens, en français, tendrait plutôt vers le mot « parole » justement…
10 Nahj al-Balâgha (La voie de l’éloquence), sermon n°108, attribué à l’Imâm ‘Alî (as).
11 Les fils d’Israël / Jacob (as).
12 Moïse (as).
13 Fils de Marie (as).
14 Un des reliefs de cette pratique se retrouve encore aujourd’hui dans le sacrement de la confirmation de l’Eglise catholique, lors duquel l’évêque trace une croix sur le front des adolescents avec le saint chrême, avant d’apposer les mains sur l’assemblée des confirmés…
15 Saül.
16 Jean le Baptiste (as).
17 Satan.
18 Il semble que meshihâ soit en réalité l’araméen de l’hébreu mashiah.
19 Zacharie (as).
20 Dans ce cas-ci, il est étonnant que Denise Masson traduise ce terme par « pur ».
21 Abraham (as).
22 Isaac (as).
23 Jacob (as).
24 Aaron (as).
25 Le dictionnaire Lazare, comme Denise Masson, traduisent pourtant ce mot par « vieillesse ».
26 Ici, c’est Kasimirski qui traduit (mais chez lui, avec son découpage différent, c’est au verset 41 !), parce que la traduction de Denise Masson ne reflète absolument pas cet aspect. Que l’on en juge plutôt : « Dès le berceau, il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes. »
27 Marie (as).
28 Ce qui correspond cette fois exactement à la traduction de Denise Masson (voir note 3), qui s’est très probablement basée sur une exégèse de ce type.
29 Hârûn (as).
30 Le contexte, ainsi que l’exégèse proposée, semble plutôt dire : « Elle désigne son nouveau-né », d’où la réponse des siens.
31 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Ainsi, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie.
32 Les fils d’Israël / Jacob (as).
33 Le terme gholovv / غلوّ / excès, exagération, s’applique en persan à la plupart des sectes proposant des croyances outrepassant le cadre du dogme officiel. Aussi, si les Ahl-e Haqq (les gens de la vérité, ou de Dieu), au sein de l’islam (même si le clergé shiite iranien n’hésite pas le plus souvent à les placer à l’extérieur de l’islam…), constituent une secte dite excessive parce qu’elle attribuerait une quasi-divinité à ‘Alî (as), les chrétiens, parce qu’ils considèrent Jésus (as) comme étant le fils de Dieu, entrent finalement dans cette même catégorie, étant donné la manière dont ils se situent par rapport au dogme officiel musulman basé sur une interprétation officielle du Coran (il est important de le préciser, parce que les sectes de l’islam se basent aussi sur le Coran…).
34 Cette contradiction avec ce qui est dit plus tôt dans l’article à propos des mêmes « livres d’histoire » (aucune source n’est citée) s’explique certainement par le fait que les articles que nous publions ici constituent un assortiment de sources diverses sur un même sujet. Même si l’auteur de cet assortiment n’a peut-être pas été très regardant lors de sa mise en forme, il serait absurde d’homogénéiser à postériori ces informations, là où la diversité des opinions existe bel et bien. Il est clair que les écritures chrétiennes, même si elles sont critiquées dès que cela est possible, servent également de faire-valoir à l’occasion. C’est ce qui arrive lorsque la recherche devient dogmatique au lieu de rester scientifique, et lorsque la conclusion est écrite d’avance. Tout ceci n’est cependant pas dénué d’intérêt. Nous avons par ce type d’exemple une sorte d’état des lieux de la façon dont on travaille dans le cadre d’une recherche traditionnelle. Il serait néanmoins souhaitable de ne pas en rester là et d’aller vers le progrès en matière d’étude critique, si le but est scientifique et objectif bien entendu…
35 Dans ce cas-ci, il est étonnant que Denise Masson traduise ce terme par « pur ».
36 Les fils d’Ismaël (as), à savoir les Arabes.
37 Jésus fils de Marie (as).
38 Ce n’est pas un livre, mais le Livre…
39 Généralement, les shiites sont choqués par le fait que les prophètes (as), dans les livres bibliques, commettent parfois des actes qui sont considérés comme de grands péchés (adultère, meurtre, ivrognerie…), alors que dans la croyance shiite duodécimaine actuelle, tous les prophètes sont justement exempts du péché, et déclarés « infaillibles ».
40 Nabuchodonosor.
41 Kouros.
42 Matthieu.
43 Marc.
44 Luc.
45 Jean l’évangéliste.
46 Ici, il est généralement traduit : « le Prophète illettré ».
47 Le nabî est celui qui entend l’ange de la révélation mais qui reçoit une révélation qui ne concerne que lui, tandis que le rasûl reçoit un message / un Livre à transmettre à son peuple. Tous les rasûl sont des nabî, mais très peu de nabî sont des rasûl. Les deux termes étant traduits en français par « prophète », cette distinction n’apparaît généralement pas. Si l’on veut être plus précis, on peut traduire rasûl par « prophète envoyé » par exemple, afin de le distinguer du simple nabî.
48 Jésus (as).
Traduit du persan.
(Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran sont de Denise Masson).
49 Ce mot fait généralement référence aux cinq grands prophètes, soit Nûh / Noé (as), Ibrâhîm / Abraham (as), Mûsâ / Moïse (as), ‘Isâ (as) et Mohammad (as). Il arrive que leur nombre change, ou que l’un laisse la place à l’autre. La grande question consiste à savoir si Âdam (as) en fait partie ou pas. D’après Majlisî, la qualité de ‘Ûlû al-‘azm a trait au degré de fermeté de ces prophètes (as), qui est notamment mesuré par la rapidité avec laquelle ils ont répondu à la question primordiale (Ne suis-Je pas votre Seigneur ?), lors du grand rassemblement des futures créatures, dans la préexistence.
50 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Ainsi, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie.
51 Nûh (as).
52 Ibrâhîm (as).
53 Mûsâ (as).
54 Noé (as).
55 Abraham (as).
56 Il ne l’est pas nommément, mais seulement à travers ilayk / إليك.
57 Il ne faut se garder se garder de toute conception étriquée, et ne pas exclure par exemples certains grands Livres de l’Inde comme des livres révélés. A l’heure des études universitaires internationales, d’internet et de la mondialisation, comment est-il possible de penser que parmi les 124 000 prophètes (as) dont parlent les hadiths, seuls cinq ont apporté une Loi, alors même que le Coran nous rappelle que chaque peuple a eu son messager ? Comment croire que les autres peuples, gardiens de textes sublimes, inspirés et hautement spirituels, soient injustement relégués à la masse informe et inconnue des « polythéistes » ? Pourtant, la conception même de religion unique, de source unique, et de lignées de prophètes remontant toutes à Adam (as) permet évidemment de concevoir que certains grands Livres de l’Inde notamment, entrent dans la catégorie des Livres saints… Cela ne retire rien à la grandeur du Coran de le reconnaître. Il existe également des thèses « dogmatico-centristes » qui soutiennent qu’à chaque fois qu’un peuple est éclairé, c’est par un Imâm (as) qui a voyagé chez eux, sans divulguer son identité réelle… Il est véritablement grand temps que disparaisse cette conception archaïque qui prétend qu’en admettant trouver quelque chose de bon chez le voisin, cela va dévaloriser ce qui se trouve chez soi…
58 Les poèmes arabes et persans se présentent généralement sous la forme de distiques.
59 Il est très délicat, voire impossible, de faire correspondre un terme français exact au regard des distinctions exprimées ici originalement en persan et destinées à expliquer des termes arabes, sachant que ces mêmes termes sont employés dans ces deux langues et génèrent de faux amis. Aussi, les mots français qui sont donnés ici ne sont que des indications peu précises et interchangeables, qui ne peuvent se passer du commentaire qui les accompagne. (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran sont de Denise Masson).
60 On ne met pas de majuscules à « prophète » ni à « prophètes » afin de la réserver au Prophète Mohammad (s), car dans les écrits musulmans, il est souvent mentionné par « le Prophète », or, la majuscule coupe à toute confusion et permet de savoir quand il s’agit bien de lui…
61 Généralement apparenté à Jethro (as).
62 Moïse (as).
63 Jésus (as)
64 Le mot barzakh est généralement traduit par « purgatoire » et désigne le lieu de la purification situé entre l’enfer et le paradis, où la souffrance est de mise. Cependant, selon certains exégètes, le barzakh comporte des degrés et au plus haut de ses degrés, on retrouve les êtres purs et parfaits qui ont illuminé ce bas monde.
65 Il ne s’agit pas ici de la traduction de Denise Masson, mais de la « traduction-commentaire » du texte original en persan.
66 Pluriel de walî / ولي / ami de Dieu.
67 Zacharie (as).
68 Il ne s’agit pas ici de la traduction de Denise Masson, mais de la « traduction-commentaire » du texte original en persan.
69 Ici, on pourrait traduire par « sous la tutelle », bien que cette expression soit réductrice vis-à-vis de l’ampleur du mot wilâya.
70 Les trois stations principales de la prière que sont le rukû‛ / ركوع, le sujûd / سجود et le qunût / قنوت.
71 Nabuchodonosor.
72 Une question se pose cependant : si ‘Isâ (as) se réfère à une Thora céleste, qui lui est directement enseignée par Dieu, et qui n’est pas celle que les juifs ont entre les mains, deux cas de figure sont possible : 1. Il y a des divergences entre l’original céleste et sa version terrestre, aussi, ‘Isâ (as) doit nécessairement être amené à dire que certains articles de la Thora sont invalides depuis le début. Ou bien, ces différences ne concernent en rien les autres êtres humains, auquel cas ce n’est donc même pas la peine d’en parler. 2. Les deux textes sont absolument identiques, auquel cas il n’y a rien à dire non plus… Alors de quoi parle-t-on ? Ce type d’exégèse, fréquent, s’il est « politiquement correct », ne brille pas par sa clarté.
73 Il n’est pas ici question de la seule bonne santé physique, mais d’un état beaucoup plus ample, englobant et général, transcendant les degrés matériels et spirituels. Denise Masson traduit le mot salâm / سلام par « paix », mais l’auteur persan de ce commentaire emploie le mot salâmat / سلامت / bonne santé, ce qui est moins réducteur, à condition de prendre en compte l’ensemble des aspects que la bonne santé peut recouvrir : physiques, moraux et spirituels.
74 Voir la note sur ce mot dans la partie précédente.
75 Selon l’expression courante chrétienne et francophone.
76 Physique et spirituelle.
77 ‘Alî ibn Abî Tâleb (as), cousin et gendre du Prophète (s), quatrième calife de l’islam, commandeur des croyants pour les shiites.
78 Rûh / روح / l’esprit relié au monde spirituel.
79 Jean le Baptiste (as).
80 Il est à noter que le mot shahâda / شهادة désigne à la fois le martyr et le témoignage, l’attestation. Cette vérité lexicale implique plusieurs vérités philosophiques. L’attestation de la Réalité divine est en soi un martyre à la réalité illusoire de ce bas monde. Celui qui a témoigné en son cœur a ouvert la voie vers la coupe du martyre qui est la consécration du croyant. Et inversement, celui qui a laissé le martyre venir à lui, a attesté en son cœur de la Réalité ultime. Le sacrifice de soi en vue de l’extinction dans le Soi est donc à la fois martyre et témoignage. Peu importe la forme que cela prend. On a en tête le sacrifice extérieur, sur un champ de bataille, mais le renoncement pur de soi, dans la quiétude ou dans l’action, en parole ou en pensée, n’a nul besoin de sang versé, et recèle autant d’intensité.
81 Noé (as).
82 Jésus (as). (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran sont de Denise Masson).
83 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Ainsi, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie.
84 Nabî /نبي : est nabî celui qui entend et/ou voit l’ange de la révélation, en rêve ou en état d’éveil. Cette qualité fonde la prophétie et est partagée par tous les prophètes.
85 Mursal / مرسل : est mursal celui qui, en plus d’être nabî, est porteur d’un message à destination de son peuple.
86 Littéralement : est mis en gage dans son propre acte !
87 Salmân le Perse, zoroastrien devenu chrétien, apprend la venue prochaine du Prophète (s) auprès d’un moine nestorien. Il se rend donc en Arabie, rencontre l’Envoyé de Dieu (s), se convertit à l’islam et devient l’intime des Cinq personnages du manteau (Ahl al-Kisa) (as). Il est le symbole du cheminement sur la voie.
88 Contre le fait qu’ils puissent le considérer comme le fils de Dieu.
89 Porteur d’un message / risâla / رسالة.
90 Toi, le Prophète Muhammad (s) à qui s’adresse cette phrase…
91 L’auteur de cette exégèse traduit « communauté » par « religion », bien que ce soit bien le mot umma / أمة qui figure dans le verset.
92 Toi, le Prophète Muhammad (s) à qui s’adresse cette phrase…
93 Noé (as).
94 Abraham (as).
95 Moïse (as).
96 Jésus fils de Marie (as).
97 Il s’agit généralement des cinq grands prophètes, soit Nûh / Noé (as), Ibrâhîm / Abraham (as), Mûsâ / Moïse (as), ‘Isâ (as) et Mohammad (as). Il arrive que leur nombre change, ou que l’un laisse la place à l’autre. La grande question consiste à savoir si Âdam (as) en est ou pas. D’après Majlisî, la qualité de ‘Ûlû al-‘azm a trait au degré de fermeté de ces prophètes (as), qui est notamment mesuré par la rapidité avec laquelle ils ont répondu à la question primordiale (Ne suis-Je pas votre Seigneur ?), lors du grand rassemblement des futures créatures, dans la préexistence.
98 De préférence aux gens du monde, selon la plupart des exégètes.
99 Les fils d’Israël / Jacob (as), soit les douze tribus.
100 Héber ou Eber (as).
101 Shelah (as).
102 Jethro (as).
103 Il ne semble pas possible de faire correspondre des termes français précis aux mots : nubuwwa / نبوة, risâla / رسالة, bi‛tha / بعثة, tablîgh / تبليغ sans mentionner les termes arabes, car d’une traduction à l’autre, les termes choisis sont quasiment interchangeables ! En langue persane, la langue originale de ce texte, on est soumis aux mêmes problèmes…
104 Hârûn (as).
105 Ville de la péninsule Arabique, dont la communauté chrétienne est célèbre pour les musulmans du fait de la confrontation (avortée) ayant eu lieu entre ses représentants et le Prophète (s) accompagné de sa fille (as), de son gendre (as), et de ses deux petit-fils (as), soit les Ahl al-Kisa (as).
106 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Ainsi, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie. (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran sont de Denise Masson).
107 Jésus (as)
108 Selon la traduction-commentaire de l’article : « ‘Isâ (as) est un savoir pour [comprendre] la résurrection. »
109 Les fils d’Israël / Jacob (as), soit les douze tribus.
110 Comme par exemple un être humain…
111 Denise Masson traduit par : « Ceux qui ont déjà reçu la très belle récompense en seront écartés. »
112 C'est-à-dire derrière toi.
113 Satan.
114 Ce type de texte entre guillemets est une forme d’exégèse propre aux auteurs iraniens notamment, qui commentent souvent le texte du Coran en le reformulant, le commentaire venant s’ajouter à la traduction.
115 Le Dajjal est souvent rapproché de l’antéchrist. Il est plutôt chez les musulmans « l’antémahdî »…
116 Au Yémen. La vieille ville d’Aden est située dans le cratère d’un volcan. Il y règne une chaleur insupportable !
117 Le lieu du grand rassemblement, au jour de la résurrection.
118 Al-Dabba
119 ‘Alî ibn Abî Tâleb (as).
120 Cette exégèse porte évidemment sur une traduction qui doit certainement différer de celle de Denise Masson, mais qui ne figure malheureusement pas dans le texte original.
121 L’invocation donnée à Kumayl, un grand compagnon de l’Imâm ‘Alî (as), pour qu’il en fasse usage et la transmette.
Ajouter un commentaire