L’initiation d’Adam aux noms de la part de Dieu
Après la fonction de la prophétie et la dignité de l’élection divine, l’autre mérite supérieur que le Coran reconnaît à Adam est celui d’avoir reçu l’enseignement des noms. Dieu lui a enseigné (1) les Noms divins afin qu’à son tour il les enseigne à d’autres, à sa descendance :
« Il apprit à Adam tous les noms … » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31 )
Il lui enseigna à nommer tous les mystères de la création et les dénominations réelles des êtres créés. Dans un autre verset, il dit encore : « Or Adam recueillit de son Seigneur certaines paroles … » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 37)
L’élément qui fait la fierté et la gloire de l’homme est le savoir ; or plus important que le savoir est le Maître qui dispense ce savoir, puisqu’Il en est la source. Nombreux sont les hommes qui se glorifient à juste titre d’avoir été les disciples des grands savants de ce monde, aussi bien à notre époque que par le passé. On est toujours fier d’avoir été étudiant de Socrate, de Platon, d’Avicenne, d’Ibn 'Arabî ou de Shams al-Dîn Tabrîzî, etc. Cela est valable dans toutes les disciplines, celle de la connaissance gnostique aussi bien que celle des arts, comme la musique, la peinture, etc.
Si en plus de leur réputation, ces grands maîtres sont des hommes choisis par Dieu, et qu’en outre leur science n’est jamais prise en défaut, ne tombe jamais en désuétude et n’est jamais remplacée par un savoir nouveau, comme c’est le cas de la science des prophètes (as) et des Imâms Purs (as), c’est un titre de gloire encore plus grandiose et de fierté éternelle. Et quand cet enseignement est dispensé, - sans l’intermédiaire des prophètes (as) -, directement par Dieu à l’homme, cet enseignement est encore plus inestimable. Ainsi, que Dieu soit le premier Maître du premier homme, c'est-à-dire Adam (as), confère à l’homme la plus grande dignité et la plus haute station, sans compter le fait que ce que Dieu a enseigné à l’homme a établi définitivement la supériorité de celui-ci sur les anges et toutes les autres créatures. Nous voyons ainsi que le degré sublime de la descendance adamique est établi dans une double dimension :
1. Il fut le premier élève de l’école divine :
2. Dans cette école, il a appris quelque chose qui est la cause de sa supériorité sur l’ensemble des créatures.
Au sujet de la question de l’apprentissage directement dispensé par Dieu à Adam, et de façon générale la formation de l’homme par Dieu, il existe dans le Noble Coran un certain nombre de versets, comme par exemple :
« Lui qui enseigna par le calame. Il enseigna à l’homme ce que l’homme ne savait pas. » (sourate Al-‘Alaq (L'adhérence) ; 96 : 4-5)
« Le Tout miséricordieux ! Il a enseigné le Coran, Il a créé l’homme, Il lui a appris à s’exprimer clairement. » (sourate Al-Rahmân (Le Tout miséricordieux) ; 55 : 1-4)
« …bien que vous en ayez appris ce que vous ne saviez ni vous ni vos pères.. » (sourate Al-An‘âm (Les Troupeaux) ; 6 : 91)
« Rappelez Dieu de la manière qu’Il vous a apprise, et que vous ne saviez pas … » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 239)
Ce qu’il faut entendre par les Noms :
Par les noms, il ne faut pas comprendre une série de mots, car il s’agit de réalités connaissables, visibles ou mystérieuses, du monde de l’être. Il faut donc comprendre par les noms les réalités que ces noms désignent. S’il ne s’agissait que de noms et de mots sans signification, il n’y aurait eu aucune raison d’en faire un motif de gloire pour Adam. En acquérant les sciences, l’homme a eu la possibilité de tirer profit des ressources matérielles et psychologiques de ce monde. De même, l’homme a appris à donner des noms aux choses, ce qui en soi constitue une grande bénédiction, car si cette possibilité de nommer les choses n’existait pas, il n’y aurait pas eu possibilité de transférer le savoir d’une génération à une autre, de transmettre le savoir du passé au savoir du futur. Bien entendu, l’inculcation des noms ne doit pas être comprise dans le sens où dans une classe, quelqu’un les aurait enseignés à Adam. Le vrai sens est plutôt que l’homme (Adam) a reçu la disposition innée à apprendre ces réalités, parce que c’est ainsi que le requiert sa complexion naturelle. Par conséquent, ces noms ou ces significations que Dieu a enseignés à Adam sont des entités vivantes, douées de conscience qui existent derrière le voile de l’invisible. Elles sont désignées par le pronom "eux’’ (hum) qui s’emploie généralement en arabe pour des êtres doués de raison. La façon dont Adam a eu accès à leurs noms n’est pas pareille à la façon dont nous prenons connaissance des différentes choses. La perception de leur existence lui a été conférée par la science que Dieu a imprimée en lui, quand Il le créa et surtout de par la volonté divine qui a « enseigné à Adam tous les noms », sans nous en préciser le mode opératoire, comme si la réalité de leur être lui était donnée à connaître par un dévoilement spirituel. Quant aux significations des objets visés par les noms, c'est-à-dire les choses ou êtres nommés, elles consistent en réalités externes (et non mentales) ou en entités spécifiques qui sont occultées derrière le voile de l’invisible du ciel et de la terre. La possibilité de les connaître existait pour un être de terre et d’argile comme Adam, alors que leur connaissance était impossible pour les anges. En outre, la possession de cette science faisait partie des attributions de la fonction de représentant de Dieu sur terre. Les anges n’ont pas la capacité ni la possibilité d’acquérir cette science. Dieu ne leur a pas donné cette science, parce que cela leur aurait conféré le même statut qu’à Adam, sans aucune distinction. Ils auraient eu aussi la qualité requise pour être des représentants de Dieu sur terre. Mais Dieu ne la leur a pas donnée, et Il l’a confiée exclusivement à Adam ; ce qui fait que cette dignité spéciale de lieu-tenant de Dieu est revenue exclusivement à Adam. Si les anges en avaient aussi bénéficié, ils auraient eux-aussi eu droit à la fonction de lieu-tenant de Dieu sur terre.
Cela fait donc longtemps que dure la supériorité d’Adam sur les anges qui, même après Adam et la chaîne des prophètes, n’ont toujours pas pu comprendre en quoi elle consistait.
Que signifie recevoir la science des noms ?
Les dénominations que Dieu a apprises à Adam (as) sont des entités et des réalités externes douées de vie et de science. « Il apprit à Adam tous les noms, qu’ensuite Il énonça aux anges … » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31). Ce fragment de verset proclame que les noms mentionnés ou ce que ces noms désignent, correspondent à des êtres vivants possédant l’intelligence et qui sont occultés derrière le voile de l’Invisible. C’est la raison pour laquelle la science que nous avons de ces dénominations est différente de la science que nous avons des êtres créés. Parce que si elle relevait de la même catégorie de science que nous avons, cela aurait eu forcément pour conséquence que les anges aussi seraient doués de cette science des noms, à l’instar d’Adam et seraient devenus ses égaux par cela-même. Ainsi, dans ce cas, bien que ce fût Adam qui les leur enseignât, Adam lui-même reçut sa science par enseignement divin. Par conséquent, Adam perdrait son statut de plus noble des créatures, ce par quoi il possède une supériorité sur les anges et ne jouirait plus d’une autre vénération particulière, cesserait de faire l’objet d’un amour spécial de la part de Dieu, et alors, quelle supériorité et quel honneur les anges auraient acquis sur Adam !
De même, si la science mentionnée était de la même sorte que celle que nous avons, les anges ne se seraient pas contentés du seul fait qu’Adam aurait eu la connaissance des dénominations et n’auraient pas accepté que leur argumentation soit rejetée, parce qu’enfin, en quoi cette connaissance serait-elle déterminante pour justifier le rejet de l’argument des anges ? Que par exemple, Dieu enseigne à un homme la linguistique, puis qu’Il l’amène auprès de ses honorables anges, qu’Il se glorifie d’avoir créé un tel être, qu’Il lui confère la supériorité sur les anges et ce malgré le fait que les anges aient fait preuve de tant de soumission et d’obéissance, au point qu’ils « n’anticipent pas sur Lui par le dire, ils n’agissent que sur Son ordre » (sourate Al-Anbiyâ (Les prophètes) ; 21 : 27), puis que Dieu dise à Ses serviteurs purs que cet homme est Mon lieu-tenant, qu’Il est digne que Je l’honore, et ce n’est pas votre cas ! Puis Il ajoute : si vous n’acceptez pas cela, et si vous pensez avoir raison de dire que vous méritez plus que lui la fonction de lieu-tenant de Dieu sur terre ou si vous réclamez pour vous-mêmes cette station, alors informez-Moi des langues et des mots que les hommes fixeront plus tard entre eux, afin que par ce moyen ils puissent exprimer leurs intentions. Outre le fait que de toute façon, la qualité suprême de la langue ne consisterait-elle pas en rien d’autre que, par son moyen, tout auditeur conscient puisse accéder à l’intention du locuteur ?
Or les anges, sans avoir besoin de l’organe de la langue et de la parole, et sans aucune médiation, connaissent les secrets du cœur de chacun. Les anges possèdent donc une perfection qui est au-dessus de la perfection de la parole. Pour faire court, ce que l’on apprend est que ce qu’Adam a appris de Dieu, cette science que Dieu lui a enseignée est une science différente de celle que les anges ont apprise d’Adam. La science qui a été donnée à Adam consistait dans la réalité même de la science des noms ou des dénominations, chose qu’il était possible à Adam d’appréhender et qui ne l’était pas pour les anges. Et si Adam a mérité et a rempli les conditions pour la lieutenance de Dieu sur terre, c’est précisément à cause de cette science, et non pour en avoir informé les anges. Autrement, après en avoir informé les anges, ces derniers, comme lui en auraient été informés, il n’y avait plus lieu qu’ils puissent s’exclamer : nous n’avons pas de science :
« Ils dirent : "A Ta transcendance ne plaise. Nous n’en savons que ce que Tu nous en as appris…’’ » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 32), pour dévoiler les essences de ces êtres, et pas seulement leurs noms, que chaque peuple fixe et détermine pour chaque chose selon sa langue propre. On en conclut ainsi que les dénominations et les appellations qu’il a été donné à Adam de connaître étaient des réalités et des êtres externes, et non pas de simples idées qui seraient contenues dans l’espace mental. Ce sont des êtres qui se trouvaient derrière le voile de l’Invisible, c'est-à-dire l’invisible des cieux et de la terre. Prendre connaissance de ces entités invisibles, telles qu’elles sont en elles-mêmes, était possible d’une part pour un être terrestre, et non pour les anges célestes, et d’autre part, cette science concernait directement l’exercice de la lieu-tenance divine.
Le mot « Noms » (al-asmâ) qui apparaît dans « Il apprit à Adam tous les noms » est du point de vue grammatical un pluriel déterminé par l’article défini arabe al-, et cette sorte de pluriel implique la généralité, selon l’avis unanime des grammairiens. Outre cela, le verset corrobore ce sens de généralité dans le verset par l’ajout de l’adjectif indéfini « tous » (kullahâ). Il s’ensuit que ce qui est visé par cela est l’ensemble des noms pouvant servir à désigner un objet ou un dénommé, parce que dans le verset, il n’y a aucune réserve, exception ou condition, ou quelque chose qui nous autorise à comprendre que les noms ne concernent que les noms usuels, ordinaires. D’autre part, le verbe « il (les) énonça » (‘arazahum) indique que chacun des noms se rapporte à un être doué de vie et de savoir, et tout en étant doué de vie et de savoir, cet être en question existe derrière le voile de l’invisible des cieux et de la terre. C’est à croire que l’attribution de « l’invisible » aux cieux et à la terre pouvait être, dans certain cas, une attribution partitive. Mais comme le propos du verset est de montrer l’entièreté de la puissance divine ainsi que la perfection de la maîtrise de Dieu sur toute chose (ihâta), l’impuissance des anges ainsi que leur imperfection, il est nécessaire que nous disions que la relation mentionnée est similaire à la relation dans l’expression « la maison de Zayd » et est donc une relation de propriété. En conséquence, il en résulte que les noms dont il est question sont des sujets qui étaient absents de tous les cieux et de la terre, et qui se trouvaient entièrement hors des limites de l’univers et de l’existence. Lorsque nous considérons ces aspects évoqués, c'est-à-dire la généralité des noms, que les êtres désignés par ces Noms sont des êtres doués de vie et de science, et qu’ils se trouvent dans l’invisible des cieux et de la terre, alors apparaît clairement le sens visé par les versets étudiés, à savoir que :
« Il n’est rien [littéralement : aucune chose] dont Nous ne possédions les réserves, et Nous n’en faisons rien descendre que selon une mesure déterminée. » (sourate Al-Hijr, nom de lieu, 15 : 21)
Dieu, exalté soit-Il, nous informe dans ce verset, que les êtres désignés par le terme « chose » (shay’) et que nous nous représentons par l’imagination, existent dans des réserves (khazâ’in), qui sont auprès de Dieu, qui sont en quantité inépuisable, que l’on ne peut comparer selon aucun critère, qui sont illimitées et indéfinies - car la mesure et l’évaluation ne concerne que les choses qui « descendent » -, qui viennent dans ce monde de la création. En outre, la quantité qui se trouve dans ces réserves ne relève pas de la quantité numérique, car la quantité numérique est sujette à estimation et évaluation ; c’est donc une quantité qui relève de la station et du degré de l’être. En résumé, nous pouvons affirmer que les êtres doués de vie et de science que Dieu a énoncés aux anges sont des êtres sublimes et préservés auprès de Dieu, qui se trouvent derrière le voile de l’Invisible des cieux et de la terre. Et Dieu a voulu que ce soit par la bonté et la bénédiction de ces êtres, de la lumière et de la splendeur de ces êtres que procède tout nom « descendu » c'est-à-dire créé dans ce monde, et que procède tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre. Bien qu’ils soient nombreux, ces êtres ne sont pas évalués ni concernés par la quantité numérique. Ils sont nombreux de par leur rang, leur fonction, leur nature. Ils ne sont pas tels que leur personne soit différente de l’un à l’autre et leur "descente" dans ce monde relève de la même modalité.
« Et Je sais ce que vous divulguez comme ce que vous cachez. » (sourate Al-baqara (La vache) ; 2 : 33)
Ce que les anges montrent et ce qu’ils cachent sont deux parties de l’Invisible relatif, c'est-à-dire une partie des invisibles des cieux et de la terre ; et c’est pour cette raison que dans le texte coranique, cette phrase intervient après le segment de verset suivant et est mise en opposition par rapport à lui : « Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre ? » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 33), et cela afin que le verset entier embrasse les deux parties de l’invisible ou du mystère, à savoir l’invisible à l’intérieur du monde terrestre et céleste, et le mystère externe à cela.
La signification des Noms divins dans les sciences divines
Les noms ne sont pas des termes ni des notions, étant donné que la relation des termes avec les notions est une relation subjective et conventionnelle. Or la station de proximité divine (ladunn) auprès de Dieu n’est pas le lieu adéquat pour employer des termes et notions acquises ou pour fixer par convention un nom pour désigner une signification.
Dans ce niveau de la Présence divine, les Noms sont des réalités, et c’est pourquoi nous disons que les noms divins sont d’institution divine (2) , fixés par Dieu (« suspensifs », tawqîfî). Dire que les noms divins sont suspensifs au sens de la gnose et de la philosophie revient à dire qu’il s’agit de réalités concrètes ; et pour la théologie et la jurisprudence, les noms sont des termes et des notions.
Les noms que Dieu - exalté soit-Il - a enseigné à l’homme parfait sont des réalités et des connaissances universelles et non des mots et des notions comme en témoigne le verset déjà mentionné : « Il apprit à Adam tous les noms puis les énonça aux anges » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31).
L’emploi du pronom masculin pluriel « eux » (hum) indique qu’il s’agit de réalités concrètes et non de notions mentales. Et comme chez les maîtres de la connaissance, le nom est une essence déterminée de façon particulière et que la détermination est appelée elle-même une qualité ou caractéristique, la question a été posée de savoir si le nom est le dénommé lui-même. Autrement, personne ne se demanderait si le nom conventionnel (prononcé) est le dénommé ou non, ou si la notion d’une chose est la réalité même de la chose. Ce que nous venons de dire, à savoir que le nom est d’un côté le dénommé lui-même, et d’un autre côté, il est autre que le dénommé, s’explique par le fait que le propos ne porte pas sur le mot ni la notion.
Le débat sur le caractère suspensif (limité du sens) des noms divins est d’une part un débat théologique et juridique qui s’est posé d’abord dans la théologie, puis qui s’est exporté au droit. Il consiste à se demander s’il est permis ou non que nous appliquions à Dieu un nom qui ne figure pas dans le Coran ni la tradition. De ce débat, il en est ressorti premièrement que le nom ne doit présenter aucune sorte d’imperfection ; et deuxièmement, on a institué une différence entre la dénomination et la qualité (al-ism wa -l- sifa).
Quant au débat philosophique et gnostique sur les Noms divins, il consiste à soutenir que le nom dans ce contexte n’est pas un mot ou une notion, mais une réalité externe, signification en vertu de laquelle les noms divins sont indéniablement limités dans leurs sens (tawqîfî). Parce que tout être possède un degré limite particulier de signification qu’il ne peut outrepasser en vertu du système des « causes et des effets » qui se pose en philosophie ou du système de la « manifestation et du lieu de manifestation » (zâhir o mazhar) qui est celui des gnostiques.
Ce principe s’applique à tous les êtres et si un être est la manifestation totale de (tous) les noms, il devient le Nom Suprême qui n’est plus un nom limité, (tawqîfî), c'est-à-dire qu’il ne possède plus une limite, un lieu particulier où s’arrêterait et cesserait sa signification. Il est la manifestation de Dieu, il est le lieutenant (khalifa) de Dieu, et en conséquence, il peut avoir une présence en tout lieu. La signification de l’inculcation des noms possède aussi ce sens que Dieu a appris à Adam, le père de l’humanité, toutes les réalités, et cette initiation ésotérique (ta‘lîm) s’effectue par la voie présentielle (hozûrî) et non par la voie de l’acquisition ou celle de la notion et de la description, qui procèdent par la représentation, la confirmation, ou par l’emploi du syllogisme, de l’induction et de la métaphore.
Dans ce cas, l’initiation consiste à s’opérer par les « témoins (3) » (ash-hâd), c'est-à-dire à présenter, rendre présents, les sens de façon qu’ils puissent être contemplés (shuhûd). Puisque Dieu a enseigné à l’homme parfait toutes les réalités, l’homme parfait devient donc le Nom Suprême (Esm-e a‘zam), et si les noms divins sont limités dans leur signification (tawqîfî), le Nom Suprême ne l’est pas, c'est-à-dire qu’il n’a pas une limite ou une capacité particulière. Et l’homme parfait qui en est le lieu de manifestation ne sera pas « confiné » ; au contraire, son domaine de présence s’étend à tous les autres noms. Mais un être qui n’est pas la manifestation du Nom Suprême, non seulement n’embrasse pas tous les Noms, mais il n’aura pas en outre la qualité pour assumer la fonction de lieutenant de Dieu sur terre.
Au moment où Dieu allait énoncer les noms aux anges et qu’Il leur a demandé : « Informez-Moi de ces noms … » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31), les anges ont reconnu leur incapacité et ont répondu : « A Ta transcendance ne plaise (Subhânaka !) » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 32), pour affirmer d’abord la transcendance divine, puis ont poursuivi : « Nous n’avons pas de science [autre que ce que Tu nous as appris]… » (idem).
Les anges disent ainsi qu’ils n’ont pas de science par eux-mêmes et que ce qu’ils savent, ils le doivent à Dieu et qu’ils ignorent ce que Dieu ne leur a pas appris. La signification de ces réponses angéliques consiste en réalité dans le fait que puisque les noms divins ont des significations limitées et déterminées et que les degrés des émanations sont aussi déterminés et mesurés, les anges ne peuvent que dire : telle est notre limite, ce qui est au-dessus de cette limite ne nous est pas accessible.
La différence qui existe entre les noms (des objets) de l’univers est la même différence qui existe entre « existentiation » (îjâd) et existence (wujûd). Du côté de l’existentiation et de l’émanation, il y a le Nom Allah, et du côté de l’existence et en aval de l’émanation, il y a les noms de la terre, des cieux, de l’homme, de l’ange.
Sinon, il s’agit de deux réalités indissociables et c’est mentalement que nous distinguons des noms des cieux et de la terre d’une part et des noms divins d’autre part. Il n’y a que les noms de Dieu qui se manifestent et les réalités de l’univers ne sont que des formes d’apparition de ces mêmes Noms divins. Excepté les Noms gardés secrets (4) qui ne se manifestent pas et qui ne sont pas sortis de l’Invisible pour venir dans le monde des possibles. Les Noms « gardés » ne sont connus que de l’Essence sacrosainte de Dieu, nul autre ne les connaît.
La limite de la science des Noms
Les noms donnent des significations générales parce qu’ils sont :
1) au pluriel, et 2) parce qu’ils sont précédés par les deux lettres de l’article al-, qui indique le sens de généralité ; 3) ce sens général est corroboré par l’adjectif indéfini « tous » (tous les noms). Par conséquent, nous déduisons que le dénominatif de chacun de tous ces noms est un être vivant et doué de raison qui se trouve derrière le voile de l’invisible. En d’autres termes, ce qui est visé par ces noms est complètement invisible et occulté dans les cieux et sur terre. Cette généralité des noms, le fait que les dénommés par ces noms soient des êtres vivants et intelligents et qu’ils soient invisibles dans les cieux et sur terre, est évoquée dans le noble verset :
« Il n’est rien [littéralement : aucune chose] dont Nous ne possédions les réserves, et Nous n’en faisons rien descendre que selon une mesure déterminée. » (sourate Al-Hijr, (nom de lieu) ; 15 : 21). En vertu de ce verset, tout ce qui peut s’appeler « chose » se trouve dans les réserves et les sources abondantes, illimitées et jamais épuisées, qui sont auprès de Dieu. La limitation et la mesure n’existent que pour la création et la « descente » du monde supérieur au monde ici-bas. L’énumération de ces réserves ne relève pas des nombres qui impliquent une limitation, mais des degrés et stations qui ont été déterminés pour eux par Dieu. Ceux des noms que Dieu a énoncés aux anges sont des êtres sublimes et introuvables qui sont auprès de Dieu, et tout ce qui existe dans ce monde a été « existencié » par Dieu et par la bénédiction de ces Noms, comme le fruit de leur lumière. Bien qu’ils soient en nombre, leur énumération ne relève pas des chiffres et la différence existant entre eux n’est pas comme la différence existant entre des individus humains, mais uniquement au point de vue des degrés et des stations. Les noms qui « descendent » de leur part sont aussi en fonction de et selon cette modalité et se distinguent par les degrés et les stations.
L’enseignement immédiat des réalités à l’homme parfait
Dans les récits de la vie d’Adam (as), nous avons étudié la relation entre l’homme et les anges. La connaissance des Noms divins dont ont bénéficié les anges à travers l'initiation reçue de l’homme parfait et les sciences que les hommes ont reçues par l’intermédiaire des anges constituent un élément considérable de l’analyse de cette relation entre les deux espèces douées de raison. Après que Dieu, exalté soit-Il, eut informé les anges de Son intention de créer l’homme, les anges lui répondirent : « Ils dirent : “Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? ” - Il dit : “En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas ! ”. » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 30).
Les anges ont voulu dire en substance : « Ton lieutenant doit faire partie de ceux qui proclament Ta transcendance et Ta sainteté, et nous sommes plus dignes de cette fonction ». En réponse au propos des anges qui consiste en fait en une pure interrogation et non en un déni ou en une contestation, Dieu exalté soit-Il, leur a répondu en substance : dans cette œuvre, réside un secret que vous ne savez pas, et que Moi Je connais. Ce que Dieu connaît et que les anges ne connaissent pas, c’est l’indice suivant dans le verset : « Le Mystère des cieux et de la terre ».
« Puis quand celui-ci les eut informés de ces noms, Allah dit : “Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre… ? » (Idem, 2 : 33)
Il veut dire : Je connais quelque chose qui est absent, occulté aux cieux et à la terre. Parce que si un être se trouvait dans le ciel ou sur terre, il ferait partie du monde de la manifestation et du monde sensible. La science des secrets ne se trouve pas dans la terre, de telle sorte qu’on puisse déceler les secrets par des fouilles et excavations, ni dans le ciel, de telle sorte que leur connaissance et leur acquisition nécessiteraient des moyens de l’exploration spatiale. Il s’agit de secrets de l’invisible qui ne peuvent être révélés que par Dieu qui est le Connaissant du mystère et de la manifestation. Les anges sont dans les cieux spirituels ; ils sont les récepteurs de la révélation céleste :
« … Et pour chaque ciel, Il en inscrivit l’ordonnance … » (sourate Fussilat (Les versets détaillés) ; 41 : 12).
Les cieux visibles sont sous l’égide des cieux spirituels, là où les anges reçoivent et captent la révélation. Le ciel spirituel est l’ésotérique de ce ciel apparent, et il est le ciel d’où procède ce que Dieu nous attribue (rezq).
« Dans le ciel résident votre attribution et la promesse qui vous est faite. » (sourate Al-Dhâriyât (Qui éparpillent) ; 51 : 22).
Les cieux apparents font eux-mêmes parties de ces attributions, et le ciel où se trouvent nos attributions est l’ésotérique de ces cieux. La connaissance des anges embrasse les cieux apparents, alors que la science de l’homme parfait qui est le lieutenant de Dieu s’étend au mystère des cieux et de la terre. Être le lieutenant de Dieu ou être l’homme parfait est indépendant et extérieur aux cieux et à la terre, en dépit de leur étendue considérable et de leur capacité spirituelle.
En réponse aux anges, Dieu, exalté soit-Il, a dit : « Je sais ce que vous ne savez pas. » C’est ainsi qu’Il les informe que l’homme parfait sera Son lieutenant et qu'eux, les anges, ne seront pas à la hauteur de la fonction de lieutenant de Dieu. En cela nous comprenons qu’il y a un secret que les anges ne connaissent pas. Afin d’éclaircir la nature de ce secret, Dieu enseigna à Adam de nombreuses connaissances et des réalités. Puis Il invita les anges à dénommer ces réalités et connaissances s’ils en avaient conscience et si leur savoir les embrassait vraiment. En réponse, les anges ont reconnu leur ignorance, comme le rapporte le Coran : « Il apprit à Adam tous les noms, qu’ensuite Il énonça aux anges, leur disant : ‘’ Informez-Moi de ces noms, pour autant que vous soyez véridiques ’’. Ils dirent : ‘’A Ta Transcendance ne plaise. Nous n’en savons que ce que Tu nous en as appris. Il n’est que Toi de Connaissant, de Sage.’’ » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31 et 32).
Le lieutenant de Dieu (khalîfat Allah) est une personne qui possède la science de tous les Noms et réalités de l’univers. Quand les anges reconnurent leur ignorance, Dieu dit : « Adam ! Informe les anges des noms et réalités de l’univers ! » Remarquons qu’Il dit : « Informe les anges » et non pas : « Initie-les ». Quand les anges firent la connaissance relative de ces réalités - dans la limite voulue par Dieu -, ils dirent : Seigneur, Tu es Indemne de toute imperfection, et Tu connais quelque chose que nous ne connaissons pas. Ils ont encore proclamé la transcendance de Dieu et Sa sainteté, mais cette fois pas pour s’en prévaloir, comme la première fois quand ils apprirent que Dieu allait instituer un lieutenant sur terre, mais pour reconnaître l’imperfection de leur savoir.
L’homme parfait connaît directement les réalités, alors que les anges ne les connaissent que par la médiation de l’homme parfait. Et comme l’ordre de l’univers repose sur la loi de la causalité, selon l’interprétation des philosophes, ou sur le système de la manifestation complète et parfaite, du point de vue des gnostiques, l’homme parfait y joue un rôle plus efficace dans ce système que le rôle des anges. Sa participation à la manifestation est plus grande, et c’est par l’intermédiaire de l’homme parfait que les anges se manifestent. Dieu a initié l’homme parfait Adam à toutes les sciences et réalités afin d’attirer l’attention des anges sur cette vérité. L’initiation d’Adam à tous les signes et emblèmes divins était une initiation directe de Dieu (5) (ladonnî). Or cette sorte de science ne comporte aucune médiation entre l’élève et le Maître. Si un savoir provient de derrière un voile ou par le moyen d’un messager, ce ne sera pas un savoir sans médiation ou ladonnî. Toutes les connaissances de l’homme parfait sont de cet ordre, ladonnî, et sont reçues sans intermédiaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’homme parfait est le lieutenant de Dieu, en ce qu’il reçoit directement de Dieu ses devoirs, ses responsabilités et ses connaissances.
La connaissance des réserves de l’Invisible par Adam
Ce qui est mentionné au verset 31 de la sourate Al-Baqara (La vache) : « Il apprit à Adam tous les noms (de toutes choses), puis Il les présenta aux Anges », consiste justement dans ces réserves (khazâ’in) de l’invisible qui ont été enseignées à Adam, c'est-à-dire à l’Homme Parfait. Ainsi, tout ce qui se trouve manifesté dans le monde a ses racines dans ces réserves et « auprès de Dieu », et l’homme parfait qui procède « d’auprès de Dieu » a parfaitement conscience de ces racines. Il se peut que ce qui se trouve dans la nature s’en aille, s’éteigne et disparaisse, mais la science de l’homme parfait et les réserves ne se vident jamais et sont préservées.
L’Emir des Croyants (6) , l’Imâm 'Alî (as) a dit : « J’en jure par Dieu, si je voulais informer un homme parmi vous du lieu d’où il est issu et de celui où il entrera et de tout ce qui le concerne (sa destinée), je suis capable de le faire. Mais je crains que par moi, vous vous montriez ingrats envers l’Envoyé de Dieu (s). Certes, Je confierai ce savoir uniquement à mes amis intimes à qui je peux faire confiance en cela. »
Il ressort de ce discours et d’autres paroles de l’Emir des croyants que l’homme parfait sait le contenu des réserves de toutes choses. La connaissance des réserves de l’Invisible qui fut accordée à Adam (as) a été héritée par d’autres hommes parfaits. Car cette station n’est pas le lieu de la multiplicité, en ce sens que le degré de l’homme parfait ne revient qu’à une personne réelle. Et quiconque parvient à cette station reçoit automatiquement la connaissance. Dans la sourate bénie Al-An‘âm (Les bestiaux), nous lisons :
« Il tient les clefs du mystère ; Il est seul à les connaître ; Il sait ce qui habite la terre ferme et la mer. Pas de feuille qui tombe sans qu’Il ne le sache ; ni de grains dans les ténèbres du sol, ni rien de sec ni d’humide qui ne s’inscrive au Livre explicite. » (6 : 59).
Toutes les choses de ce monde proviennent des réserves qui sont dans le monde invisible et les clefs de ces réserves, ou encore les réserves elles-mêmes sont auprès de Dieu, et personne ne les connaît, à moins que ce soit un être à qui Dieu en accorde la connaissance.
L’invisible échappe à la perception par l’intelligence et les cinq sens. Tout ce qui échappe au domaine des sens relève de l’invisible et ne peut être perçu par les personnes qui ne sont attachées qu’au monde phénoménal. Cet invisible est la réserve du monde du témoignage (shahâdat), les réserves du monde sensible se trouvent dans le monde invisible. Et toutes les réserves sont « auprès » de Dieu. Avant de parvenir au stade du monde du témoignage, les « choses » sont dans le monde invisible. Tous les savoirs, toutes les réalités sont « auprès » de Dieu. Ainsi, lorsqu’un homme atteint la perfection du savoir et se trouve « auprès » de Dieu, il obtient à son tour la science des réserves de l’invisible.
L’énonciation des noms aux anges
Dieu, exalté soit-Il, a appris par la science présentielle tous les noms à Adam, le père de l’humanité.
« Il apprit à Adam tous les noms, qu’ensuite Il énonça aux anges … »
Le mot « noms » (al-asmâ’, en arabe) apparaît ici sous la forme plurielle et il est en outre précédé de l’article al-qui indique un déterminant défini ; son sens de pluriel est corroboré par l’adjectif indéfini « tous » (koll) qui ne laisse pas de place à l’exception : Il lui apprit « tous » les noms. Cela veut donc bien dire que tous les signes, les symboles, les connaissances, les réalités ont été enseignés, sans intermédiaire, par Dieu à Adam (as). Ce qui fait qu’Adam est détenteur d’un savoir ladonnî, c'est-à-dire procédant directement de la Présence de Dieu. La particule « ensuite » (thumma, qui signifie aussi "puis") indique ici un ordre ontologique et non une postériorité temporelle. C'est-à-dire qu’Adam a d’abord reçu une initiation présentielle et il a pu comprendre ces réalités et connaissances et dans l’étape suivante, il a informé les anges de ces connaissances et réalités. Pour que le secret de la fonction de lieutenance de Dieu exercée par l’homme soit éclairci aux anges, Dieu met au défi les anges de lui dire ce que sont ces réalités.
« Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques ! ”» (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31). Si vous répondez juste, vous êtes qualifiés pour la lieutenance de Dieu. Parce que la direction de la lieutenance de Dieu n’est pas aisée pour celui qui ne possède ni les réalités ni les connaissances que J’ai apprises à Adam. La lieutenance parfaite de Dieu ne peut être exercée que par celui qui, comme Dieu, « connaît toute chose », même si la science divine est essentielle, alors que la science des hommes est accidentelle. Quant à « il les énonça » (‘araza-hum) qui s’accompagne d’un pronom complément d’objet direct « les », il s’agit d’une relation conventionnelle. Il ne s’agit pas d’une relation subjective avec les réalités nommées. Adam a bien nommé et désigné les mêmes réalités et connaissances qui lui ont été enseignées par Dieu. Mais cela s’est fait de la même manière que nous désignons le soleil, la montagne, l’eau, les minéraux, les plantes, sans pour autant les connaître dans leur structure interne. Il arrive ainsi que l’on puisse voir faiblement un objet qui peut être connu plus intensément. Les anges ont donc connu un degré faible de ces noms et des réalités désignées par ces noms, et ils n’ont pas eu une connaissance achevée de ces réalités. Dieu leur a dit en substance : de la même façon que Moi, Je connais par Essence toute chose, Mon lieutenant doit connaître toutes les choses mais par accident (à savoir avec Sa Permission). Êtes-vous ainsi ? Ou bien n’avez-vous de connaissance que des choses qui affirment Ma Transcendance et pas la connaissance de tous les Noms ? Les anges répondirent : « A Ta Transcendance ne plaise. Nous n’en savons que ce que Tu nous en as appris. Il n’est que Toi de Connaissant, de Sage. »
Le secret pour lequel les Noms n’ont pas été enseignés aux anges
Les anges ont reconnu que l’homme parfait est le lieutenant de Dieu sur terre. Il leur est devenu évident que la station de lieutenance parfaite de Dieu n’est pas de leur ressort ni à la portée de leur compétence. Ils auraient pu cependant demander : « Seigneur, Adam ne savait rien par lui-même, C’est Toi qui lui as tout appris ; si Tu nous avais enseigné à nous aussi, nous aurions connu les Noms ! Pourquoi serait-il lui le lieutenant de Dieu et pas nous ? » Mais la réponse à cette question hypothétique serait la suivante : « les réalités et les connaissances qui sont auprès de l’Essence Sacrosainte de Dieu sont à la portée d’un être Parfait qui ne soit pas séparé de Dieu par un voile. » En d’autres termes, cet être devrait être le premier émané, la première création de Dieu. Mais les anges, qui sont d’un degré ontologique inférieur, ne seront jamais en mesure d’appréhender ces réalités et ces connaissances sans intermédiaire. Il s’ensuit que l’homme Parfait est le maître des anges. Comme ces derniers ne sont pas les premiers émanés et ni les disciples sans intermédiaire de Dieu, ils ne peuvent pas non plus être les premiers à qui s’adresse l’ordre créateur divin : Sois ! (kon)
Le premier être à qui cet ordre a été adressé est l’Homme Parfait. Les anges viennent en deuxième position. Les anges sont les disciples de l’Homme Parfait tant au point de vue de l’ordre ontologique (de leur venue à l’être) et de la causalité telle que la comprennent les philosophes, qu’au point de vue de la procession des Noms, et des différentes qualités et manifestations que contemplent les gnostiques. L’homme parfait est la manifestation la plus complète et le premier lieu de manifestation de Dieu, exalté soit-Il, et l’ange vient en deuxième position. « La Lumière des cieux et de la terre » (7) a d’abord lui et brillé pour la première fois dans le miroir de l’homme parfait, puis dans le miroir de l’être angélique. Les anges ne pouvaient donc pas dire : si Tu nous avais enseignés, nous aurions nous aussi appris ! Parce que c’est sans intermédiaire que cette science présentielle parvient à l’homme parfait, alors que les disciples de ce dernier la reçoivent par son intermédiaire. Si les noms n’étaient que des mots et des significations conventionnelles, leur apprentissage n’aurait pas été un titre de gloire et en outre, il aurait été à la portée des anges. La particule arabe thumma (ensuite, puis) qui est un adverbe dans le fragment de verset : « puis Il les présenta aux Anges », n’est pas un indicateur d’ordre temporel, mais un indice de l’ordre ontologique. Adam est le premier concerné par les Noms, les anges le suivent dans l’ordre ontologique quand les Noms leur furent énoncés par Adam. Les anges ont reconnu et ont dit : la connaissance c’est ce que Tu possèdes et que Tu nous as appris. Dieu, exalté soit-Il, dit : « “Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre, et que Je sais ce que vous divulguez et ce que vous cachez ? ” » (2 : 33).
C’est par la connaissance - reçue de Dieu - du mystère des cieux et de la terre qu’Adam a mérité d’être le lieutenant de Dieu. Ce mystère échappe même aux cieux et à la terre. Toutes les sciences concernant les êtres terrestres et les moyens de les exploiter pour le profit de l’homme et de la nature, les ressources, les océans, les montagnes, la faune et la flore etc., font partie de ce savoir synthétique reçu par Adam. Mais cette sorte de savoir se situe dans les degrés descendants et ne représente qu’une infime partie de ce que recèle l’initiation à la science des noms.
Quand Dieu dit : « Je connais les mystères des cieux et de la terre », Il veut dire que la question de la lieutenance de l’homme parfait se situe hors des cieux et de la terre, et ce qu'Il connais et que les anges ne connaissent pas en raison de ce qu’ils sont extérieur aux cieux et à la terre, Adam lui le sait et le comprend. La station de lieutenance de l’Homme parfait est son degré ontologique. L’Homme Parfait qui connaît la dimension mystérieuse des cieux et de la terre, connaît à plus forte raison sa dimension révélée, visible, et cela lui permet de la mettre à son profit, et de la dominer.
D’autres versets au sujet de l’initiation d’Adam aux noms
Outre les versets que nous avons jusqu’ici mentionnés, le verset suivant : « Or Adam recueillit de son Seigneur certaines paroles … » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 37) nous informe aussi de l’initiation d’Adam de la part de Dieu. Le verbe arabe talaqqâ, traduit ici par « recueillit » signifie capter, recevoir pleinement, en comprenant le sens de ce que l’on reçoit. Or cette compréhension rend aisée et ouverte la voie de la repentance pour Adam. Allâmeh Tabâtabâ’î (8) dit que talaqqâ peut signifier talaqqana, c'est-à-dire inculquer ou recevoir l’inculcation. Cette interprétation est recevable au point de vue de la philologie arabe. Et cette inculcation par Dieu avait pour but de faciliter la repentance à Adam.
Le sens visé par les paroles (kalemât)
Quel était le but visé par les paroles que son Seigneur a adressées à Adam (as) ? Il est fort possible que ces paroles soient celles-là mêmes que Dieu a rapportées dans la sourate Al-A‘râf (Les Redans ; 7 : 23) en les mettant dans les bouches d’Adam et de son épouse : « - Notre Seigneur, dirent-ils, nous deux, nous venons d’être iniques envers nous-mêmes. A moins que Tu ne nous pardonnes et ne nous dispenses Ta miséricorde, nous sommes certainement des perdants entre tous. » Mais ce qui affaiblit la probabilité est que de telles paroles ont été prononcées par Adam et son épouse ; elles sont une invocation et une supplique adressée à leur Seigneur. Il s’agit en outre d’une prière prononcée avant qu’Adam et son épouse ne reçoivent l’ordre de descendre sur terre, alors que l’inculcation des Paroles est intervenue après l’ordre divin de « descente » du paradis sur terre. Dans la sourate 7 (Al-A‘râf), ces paroles sont rapportées avant d’évoquer l’épisode de l’ordre de quitter le paradis et de descendre sur terre. Après les avoir rapportées, Dieu dit : « Descendez … » (7 : 24). Et dans la sourate en discussion, « Nous dîmes : descendez » vient après le verset : « Adam recueillit … »
Au milieu de ce récit, lorsque Dieu, exalté soit-Il, dit : « Je vais instituer sur terre un lieutenant », les anges dirent : « Tu veux y instituer quelqu’un qui va faire couler le sang et qui y sèmera la corruption, alors que nous proclamons Ta Gloire et Ta Transcendance ? » Dieu ne repoussa pas cette prétention des anges et leur ambition à la fonction de lieutenance de Dieu sur terre. Dieu ne répondit pas : « Non, le représentant de Dieu sur terre ne fera pas ce que vous dites ! ». Par contre, ce qu’Il fit fut d’enseigner les noms à Adam. On saura alors par cette inculcation des noms que la contestation des anges faiblira d’elle-même, autrement, leur opposition demeurera intacte, et la preuve à leur encontre sera loin d’être parfaite. Ainsi, on saura que parmi les noms que Dieu a enseignés à Adam, il y a quelque chose qui devait servir pour prévenir les conséquences de la désobéissance, et qui pouvait être capable d’apporter un traitement à son péché. Il y a donc une forte probabilité que les paroles qu’Adam recueillit de son Seigneur portaient sur un de ces noms ! Par conséquent, en considérant la question des anges adressée à Dieu : « Tu veux y instituer quelqu’un qui va faire couler le sang et qui y sèmera la corruption, alors que nous proclamons Ta gloire et Ta transcendance ? » et compte tenu de la réponse donnée par Dieu dans laquelle Il n’a pas nié que les hommes se rendraient coupables de ces crimes sur terre et qu’Il s’est contenté d’enseigner à Adam les noms, de cela, on peut tirer la conclusion que dans l’inculcation des noms devait se trouver un sujet qui mettait un terme au chapitre de la contestation des anges, sans quoi leur question aurait gardé de sa pertinence, et l’argument final n’aura toujours pas été apporté contre eux. On en retient par conséquent qu’au sujet de l’inculcation des noms, il y avait quelque chose qui pouvait servir à réparer les fautes et les péchés, et peut-être que les paroles qu’Adam (as) recueillit de son Seigneur concernaient ce point. En conclusion, d’après 'Allâmeh Tabâtabâ’î, le sens visé par « les paroles » (kalimât) concerne les choses qui ont été réalisées à fond lors de l’inculcation des noms. Parce que le sujet de l’enseignement des noms a rendu nécessaire de mettre un terme définitif à la contestation des anges, en leur opposant l’argument puissant à cet effet. De tout cela, on apprend que dans cette affaire, il y avait des « choses » (9) auxquelles Adam pouvait demander l’intercession et sur lesquelles il pouvait prendre exemple. Les traditions chiites et sunnites témoignent que Adam a prié Dieu par la vérité du Prophète de l’islam (s) disant : « Je Te demande, par le droit de Mohammad (s) de me pardonner ! » Et dans certaines traditions on peut lire : « Mon Dieu, je t’implore par Mohammad et la Famille de Mohammad, exalté sois-Tu, il n’y a de dieu que Toi, j’ai fait le mal et j’ai été injuste envers moi-même, pardonne moi car Tu es l’Enclin-au-repentir (10) (al-tawwâb), le Miséricordieux. ». Ibn al-Najjâr a aussi transmis d’Ibn ‘Abbâs (11) que : « J’ai interrogé l’Envoyé de Dieu au sujet des paroles que recueillit Adam de son Seigneur. Il me répondit : Il [Adam] a demandé : au nom de Mohammad, de ‘Alî, de Fâtima, d’al-Hasan et d’al-Hossein (12) (as), pardonne-moi ! et Il lui pardonna. »
Certains ont dit que les Paroles consistent dans cette invocation :
« Mon Dieu, il n’y a de dieu que Toi, exalté sois-Tu ; Je fais Ta louange. Seigneur, j’ai été inique envers moi-même, pardonne-moi, car Tu es le Meilleur de ceux qui pardonnent !
Mon Dieu, il n’y a de dieu que Toi exalté sois-Tu ; je fais Ta louange. Seigneur j’ai été inique envers moi-même, sois compatissant envers moi car Tu es le Meilleur des compatissants.
Mon Dieu, il n’y a de dieu que Toi, exalté sois-Tu ; je fais Ta louange. Seigneur j’ai été inique envers moi-même, accepte mon retour à Toi, car Tu es l’Enclin-au-retour, le Tout-miséricorde. »
Ce sujet a été transmis dans une tradition rapportée de l’Imâm Bâqir (13) (as) et ressemble à ces expressions qui figurent dans le Coran, et rapportant des paroles tenues par les prophètes Yûnus (Jonas) et Mûsâ (Moïse) (as). Quand Jonas voulut demander pardon à Dieu, il dit : « …Gloire à Ta transcendance. J’étais parmi les iniques » (sourate Al-Anbiyâ (Les Prophètes) ; 21: 87). Au sujet de Moïse (Mûsâ), nous lisons : « Il dit : ‘’ Seigneur, j’ai été inique envers moi-même. Pardonne-moi ’’. Et Dieu lui pardonna. » (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 16).
Nombreuses sont les traditions attribuées aux Imâms (as) nous disant que l’intention véhiculée par les « paroles » est celle d’initier Adam aux noms des meilleures créatures de Dieu, à savoir Mohammad, 'Alî, Fâtima, Hasan et Hossein (as). Et c’est en invoquant ces noms qu’Adam a pu bénéficier de leur intercession et obtenir le pardon de Dieu.
Ces trois sortes d’explication ne présentent aucune contradiction entre elles. Parce qu’il est possible que l’ensemble de ces paroles aient été enseignées à Adam de telle sorte qu’en concentrant son attention sur leur signification, il suscite un bouleversement total de son âme qui la rende digne d’être couverte par la bonté et la bienveillance de Dieu.
Quoiqu’il en soit, plutôt que de déclarer Son lieutenant Adam innocent des péchés et reproches que lui anticipent les anges, Dieu a rendu manifeste la supériorité de sa station et a initié Adam à tous les noms, puis Il les a énoncés aux anges et leur a dit en substance : « Si vous dites vrai, annoncez-Moi les noms de ceux-là ». Les anges répondirent : « A Ta transcendance ! Nous ne savons rien d’autre que ce que Tu nous as appris, Toi seul es Savant et Sage ! » Dieu dit : « Adam, énonce pour eux les noms de ceux-là ». Quand Adam l’eut fait, Dieu dit aux anges : « Ne vous avais-Je pas dit que Je connais le mystère des cieux et de la terre ? Et que Je sais ce que vous publiez et ce que vous cachez ? » Si Dieu a voulu montrer le savoir d’Adam aux anges, c’est afin de leur faire comprendre la raison pour laquelle Il a choisi Adam pour la fonction de lieutenant de Dieu sur terre et qu’ils soient convaincus que la décision divine est bien motivée. Quant à savoir en quoi consiste la quiddité de ce savoir, et comment et pourquoi tant de théories ont été élaborées à ce sujet, ces questions et les réponses qu’elles suscitent peuvent être classées sur la base des critères suivants : la lieutenance d’Adam (et des prophètes) et la lieutenance de l’homme (de façon générale)… Par exemple, une personne qui professe que « les noms » désignent les « descendants nobles d’Adam » qu’il a été donné à ce dernier de connaître ; puis, après que ces « êtres de lumière de gloire » ont été expliqués partiellement aux anges et que ces derniers ont reconnu leur incapacité à connaître les noms et les qualités de ces êtres, Adam put prouver aux anges que lui connaissait bien ces noms et leurs qualités, une telle personne adhère sans doute à la croyance que les noms désignent les prophètes qui sont des lieutenants de Dieu.
Mais une tradition remontant à Ibn 'Abbâs, Mujâhid et Sa‘îd ibn Jubayr (14) , et que selon Tabarsî (15) , fait l’objet d’une acceptation par les traditionnistes postérieurs, est plutôt favorable à une lieutenance de l’homme. Et dans cette tradition, on apprend que Dieu a enseigné à Adam tous les noms, tous les métiers, toutes les nourritures, tous les remèdes, la mise en valeur des terres, l’extraction des métaux, l’arboriculture, les ressources agricoles, et tout ce qui concerne la mise en valeur de ce monde et la religion. Le grand savant, le regretté Mohammad Taqî Ja‘farî (16) a explicitement déclaré que les réalités du monde de l’être, la semence de toutes les connaissances ont été inculquées par inspiration et enracinement dans la complexion d’Adam. De même, Mohammad 'Abduh (17) a également insisté sur la destination humaine et la nature générale de cet enseignement (des noms). Il dit : « L’enseignement de toutes les choses à Adam s’est actualisée de façon instantanée, alors que chez les autres êtres humains de sa descendance, cet apprentissage se fait par l’effort et par la démonstration. »
'Allâmeh Tabâtabâ’î à son tour met l’accent sur la généralité de la fonction de lieutenance ainsi que de l’enseignement des noms. Il poursuit son exposé en mettant en lumière ce point que l’intention de cet enseignement n’était pas de faire comprendre les noms, le vocabulaire et les sens des mots comme nous le faisons nous-mêmes, car alors les anges eux aussi seraient devenus ses égaux après avoir reçu l’enseignement de la part d’Adam. L’intention en est plutôt la réalité de la connaissance des noms qui a été déposée dans la complexion adamique de telle sorte que ses effets se manifestent graduellement. Et si l’homme accède à la voie de la guidance, il pourra actualiser cette connaissance qu’il possède potentiellement. Entre l’explication de ‘Allâmeh Tabâtabâ’î et le point de vue exposé dans la revue Al-Manâr (revue fondée par Mohammad 'Abduh) qui considèrent le savoir d’Adam comme l’ensemble des informations dont il est capable, et la compréhension de Seyyed Qotb (18) qui considère que l’enseignement des noms à Adam consistait à lui apprendre l’art de nommer les choses, de leur donner un nom, il existe une grande différence qui donne à réfléchir.
Du verset : « Je connais les mystères des cieux et de la terre … », nous pouvons déduire que dans cet enseignement, la jonction et le contact clair avec le mystère absolu, et les êtres du monde angélique (malakût) qui sont tous doués d’intelligence, sont éclipsés. Or cette connaissance ne s’obtient pas par le raisonnement logique et l’expérience. En d’autres termes, l’intention visée par l’enseignement des noms ne consiste pas en un enseignement expérimental et les recherches logico-philosophiques, mais un enseignement qui recoure aussi à une connaissance qui s’effectue par dévoilement intuitif (kashf), qui présente une jonction étroite avec la pureté de la nature primordiale.
Comme la nature primordiale d’Adam et d’Eve était au summum de la pureté et de la sincérité et que la poussière de la vie matérielle, les vices de l’hérédité et la pollution de l’environnement et de la société ne les avaient pas atteints, leur conscience originelle était restée pure et forte. C’est pourquoi le réceptacle de l’inculcation de la science des noms était le réceptacle même de la création d’Adam, et la réalité de l’enseignement des noms a consisté à déposer et à fixer la nature que Dieu leur a destinée (fetrat) dans le corps d’Adam en tant qu’un individu de l’espèce humaine. La nature primordiale (fetrat) est un cadeau divin à l’ensemble des humains, et fait partie intégrante de leur essence. Par conséquent, les discours que tiennent certains commentateurs sont discutables quand ils soutiennent que l’enseignement des noms est intervenu après la prosternation des anges devant Adam. Car l’ordre même des versets et le contexte des versets 30 à 34 de la sourate Al-Baqara (La vache) ne permettent pas une telle interprétation.
Notes:
1-Pour créer une chose, Dieu lui donne l’ordre : "Sois !", et pour lui enseigner les Noms, Il lui a suffi de dire à Adam : "Sache !" Et Adam sut. C’est donc dans l’essence même d’Adam que Dieu a inscrit cette capacité pour lui de les connaître. Cela n’a pas pris des années d’études.
2-Le terme arabe tawqîf signifie l’acte d’arrêter quelqu’un ou quelque chose ou de redresser une chose, de la mettre debout. Il s’agit ici de dire que les sens des noms utilisés par les hommes pour désigner des choses possèdent une limite, au-delà de laquelle le sens « s’arrête » et se suspend. C’est pourquoi nous traduisons par suspensif. Les théologiens musulmans soutiennent qu’il ne convient pas d’invoquer Dieu par d’autres Noms que ceux qu’Il nous a fait connaître dans le Coran. Les hommes n’ont pas le droit de créer des noms divins de leur propre chef. Il existe des positions médianes à ce sujet.
3-Ash’hâd (pluriel de shâhed) témoins. Allusion aux versets coraniques 11 : 18 et 40 : 51 . En 40 : 51, il est question du « Jour où se lèvent les témoins ». Cette forme de pluriel du mot shâhed n’apparaît que dans ces deux versets dans le Coran. Il existe deux autres formes de pluriel pour ce nom : shâhidûn, et shuhûd.
4-Référence à une célèbre tradition rapportant une prière dans laquelle le Prophète (s) s’adresse à Dieu, en évoquant les classes ou catégories de Noms divins : « Je Te prie… par les Noms qui T’appartiennent avec lesquels Tu T’es nommé, ou que Tu as révélés dans Ton Livre ou que Tu as enseignés à l’une de Tes créatures, ou bien que Tu as gardés secrets dans Ta science de l’invisible ... » Hadith attesté par les sources chiites aussi bien que sunnites. Voir Al-Usûl min al-Kâfî, volume 2, p. 561.
5-Ladunn, mot arabe signifiant « auprès de », « de chez » d’après un verset coranique (voir 18 : 65) expliquant l’origine mystérieuse du savoir immense de Khezr. Se dit d’un savoir reçu comme un don direct de Dieu, et sans intermédiaire, procédant de la Présence divine. S’obtient par une présence spirituelle confiante, constante et assidue à Dieu. Il se distingue de l’enseignement professoral dispensé par un ou plusieurs maîtres, étalé dans le temps et sujet à l’erreur.
6-Dans le chiisme confirmé également par des traditions sunnites, le titre d’Amir al-mu’minîn, Emir des Croyants a été donné exclusivement à l’Imâm 'Alî ibn abî Tâlib, successeur légitime du Prophète de l’islam (s).
7-L’expression est empruntée au célèbre verset coranique 35 de la sourate de la Lumière (Al-Nûr), numéro 24, et commençant par : "Dieu est la Lumière des cieux et de la terre…"
8-Mohammad Hossein Tabâtabâ’î, philosophe, poète et savant iranien du XXème siècle. Surnommé Al-‘Allâmah, le savantissime. Il est connu surtout pour son commentaire complet du Coran intitulé Al-Mîzân fî Tafsîr al-Qor’ân. Il a quitté ce monde en 1981.
9-Le terme de choses peut désigner ici même des êtres vivants et rationnels. Il se réfère en effet à leur être en tant qu’elles sont conçues en esprit, comme le mot objet quand il désigne un animal ou un humain en tant que représenté en esprit.
10-Le Nom divin al-Tawwâb a pour racine twb, qui indique un retour (retourner à la foi). Nous gardons pour ce nom la traduction proposée par J. Berque dans sa traduction du Coran.
11-Abdullâh ibn 'Abbâs, cousin paternel du Prophète (s), fils de ‘Abbâs ibn Abd al-Mottalib qui apporta son soutien à la mission prophétique. 'Abdullâh est né 2 ou 3 ans avant l’Hégire (619 ?), et mourut vers 689. Il est vénéré aussi bien par les sunnites que par les chiites. Il était réputé pour son savoir en matière religieuse. Il était un maître reconnu dans l’interprétation du Coran. Il eut beaucoup de disciples.
12-Ces cinq noms sont ceux du Prophète (s) et des membres de sa Famille, Ahl al-Bayt, au sens coranique et traditionnel du terme.
13-(en arabe : أبو جعفرمحمد بن علي الباقر) Abû Ja`far Mohammad ben `Alî al-Bâqer (676-743) cinquième imâm des chiites, fils de ‘Alî Zayn al-‘Âbidîn, surnommé Bâqer al-‘olûm : « celui qui dissèque les sciences ». Sa vie fut consacrée à aplanir le terrain pour que son fils, l’Imâm Ja’far Sâdeq, crée la première école de l’enseignement du droit religieux, la première Université de l’histoire du monde musulman où seront formés près de quatre mille savants.
14-Mujâhid ibn Jabr al-Makkî et Sa‘îd ibn Jubayr étaient des disciples d’Ibn ‘Abbâs. Ils ont été parmi les premiers à recueillir la tradition prophétique.
15-Shaykh Fazl ibn Hasan Tabarsî ou Tabrasî, originaire du Tabarestan, province de l’Iran. Il est l’auteur d’un célèbre commentaire du Coran intitulé Majma‘ al-Bayân (Somme des explicitations) Mort en 1153.
16-Auteur contemporain, originaire de Tabrîz, auteur d’un commentaire du Mathnawî de Jalâl al-Dîn Rûmî, et d’une traduction commentée du Nahj al-Balâgha, recueil de sermons, de lettres et de sentences de l’Imâm 'Alî (as). Mort en 1998.
17-Mohammad 'Abduh fut un juriste, un savant religieux et un mufti égyptien qui joua un rôle important dans le mouvement de la renaissance musulmane au XIXème siècle. Mort en 1905. Directeur de la revue Al-Manâr, le Phare.
18-Sayyid Qotb, égyptien, penseur et militant de l’islam, exécuté en 1966. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, le plus notoire étant son commentaire du Coran, intitulé Fî zilâl al-Qor’ân, à l’Ombre du Coran.
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