LA VERITE DU CHIISME
Groupe d’étude et de Recherche
Traduit par:
Daoud Wamba, Issa Mbaki & Ibrahim Zengo
Centre Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS)
Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux
قال الله تعالى:
{ إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ لِيُذْهِبَ عَنْكُمْ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا }
Dieu a dit dans le Coran:
«En vérité, Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure, ô gens de la Demeure [du Prophète], et vous purifier totalement.»
Sourate al-Ahzab (S: 33, V: 33)
Plusieurs hadiths rapportés tant par l’école sunnite que par l’école chiite disent que ce verset a été révélé ā propos d’Ahl-ul-bayt, c’est- ā-dire le Prophète, Ali, Fatima, al-Hassan et al-Hussein (que la paix de Dieu soit sur eux).
Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les ouvrages suivants: mousnad Ahmad (v:1, p:331/v:4, p:107/v:6, p:292 et 304); sahîh Mouslim (v:7, p:130); sounan at-Tirmidhi (v:5, p:361) ; adh- dhourriyya at-Tâhira an-nabawiyya de ad-Doulabi (p: 108) ; as-sounan al-koubra de an-Nisa’i (v:5, p: 108 et 113) ; al-moustadrak ‘ala as-sahihayn de al-Hakem an-Neychapuri (v:2, p:416/v:3,p: 133, 146 et 147) ; al-borhân de Zarkachi (p: 197) ; fath-ul-Bâri fi charh sahîh al-Boukhari de Ibn Hajar al-‘Asqalani (v:7, p: 104) ; osol al-Kafi de al-Kouleyni (v:1,p:287) ; al-imama wat-tabsira de Ibn Babawyh (p:47,hadith 29) ; al- Khisal de cheikh as-Sadouq (p: 403 et 550); al-amâli de cheikh at-Tosi (hadiths 438, 482 et 783),…
قالَ رَسُولُ اللهِ 3: «إنِّي تَارِكٌ فِيكُمُ الثَّقَلَيْنِ: كِتَابَ اللهِ وَعِتْرَتِي أهْلَ بَيْتِي، مَا إنْ تَمَسَّكْتُمْ بِهِمَا لَنْ تَضِلُّوا بَعْدِي أبَداً، وَإنَّهُمَا لَنْ يَفْتَرِقَا حَتَّى يَرِدَا عَلَيَّ الْحَوْضَ. «
(ورد هذا الحديث الشريف المتراتر بصور متعددة في الكثير من المصادر الاسلامية منها: صحيح مسلم ج۷، ص۱۲۲، سنن الدارمي ج۲، ص4۳۲، مسند احمد، ج۳، ص۱4، ۱۷، ۲6، 5۹، ج4، ص۳66، ۳۷۱، ج5، ص ۱۸۲، مستدرك الحاكم، ج۳، ص۱۰۹، ۱4۸، 5۳۳، وغيرها من المصادر).
Le Prophète (Pbsl) a dit: «J’ai laissé parmi vous deux trésors: le Livre de Dieu (le Coran) et les membres [immaculés] de ma famille (Ahl-ul-Bayt); ils ne se sépareront point jusqu’à ce qu’ils viennent me rejoindre au Bassin paradisiaque. «
Ce hadith authentique a été cité dans plusieurs ouvrages islamiques, parmi lesquels on peut citer: sahih mouslim (v: 7, p: 122), sounan ad-Darami (v: 2, p: 432), mousnad Ahmed (v:3, p:14,17,26,59 / v: 4, p:366,371, / v:5, p:182), moustadrak al-Hakem (v: 3, p: 109,148,533),…
Table des Matières
PREFACE
PREFACE DE L’EDITEUR
INTRODUCTION
PREMIER CHAPITRE
La soumission et la resignation
L'attitude de certains compagnons
L’aggravation de la desobeissance
DEUXIEME CHAPITRE
L’autorite religieuse
Les competences du guide
Le plus competent des compagnons
L’identite des ahl-ul-bayt
Le choix de la competence
Le prophete designe son successeur
D’autres hadith prophetiques
L’importance de l’annonce du prophete
Ali est votre maitre apres moi
"Le couronnement"
Les competences d’ali ibn Abou Talib pour la direction de la communaute
La superiorite d’ali ibn Abou Talib
Le courage d’Ali ibn Abou Talib
Les causes de la dissension
Les complots
TROISIEME CHAPITRE
Le noyau du chiisme
La ligne evidente
Apres la prestation de serment
Un parcours difficile
QUATRIEME CHAPITRE
La voie du chiisme
Les sectes islamiques et les exagerations des ghorat
La signification du chiisme
La signification generale du chiisme
La definition particuliere du chiisme
La doctrine du chiisme imamite
Les deviations ideologiques
Les exces dans la religion et les gholat
La position des imams de la sainte famille et de leurs partisans vis-a-vis des sectes extremistes
La position de l’emir des croyants (Ali ibn Abou Talib) vis-a-vis des gholat
La position de l’imam Zayn-ol-Abedine (psl) vis-à-vis des gholat
La position de l’imam Muhammad al Baqer (psl) vis-a-vis des gholat
La position de l’imam Jahfar Sadeq (psl) vis-a-vis des gholat
L'avis de l’imam Moussa Kazim (psl) sur les gholat
La position de l’imam Ali ibn Moussa Reza (psl) vis-a-vis des gholat
La position de l’imam Ali ibn Muhammad al Hadi (psl) sur les gholat
CINQUIEME CHAPITRE
La verite du chiisme
L’origine "juive" du chiisme
L'origine "perse" du chiisme
Conclusion
Bibliographie
Au nom de Dieu le Très Clément, le Tout Miséricordieux
LES AHL-UL-BAYT DANS LA TRADITION PROPHETIQUE
Le Messager de Dieu (Pbsl) a dit:
«J’ai laissé parmi vous, deux trésors, le Livre de Dieu et ma descendance les Ahl-ul-Bayt. Si vous les suivez, vous ne serez jamais égarés, après moi.»
Sahihs Bukhari & Muslim
PRÉFACE
Le patrimoine légué par Ahl-ul-bayt (le Prophète et les membres immaculés de sa famille) et conservé par leurs fidèles partisans, est à juste titre une école pluridisciplinaire. Source intarissable de savoir, cette école n’a cessé de former des savants érudits capables d’assimiler les opinions des différents courants idéologiques et de répondre aux questions soulevées, tant en terre d’Islam qu’ailleurs.
A l’instar d’Ahl-ul-bayt (a.s) et de leurs fidèles partisans qui ont su relever tous les défis, le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt s’est chargé d'éclairer et de défendre la vérité si longtemps occultée, tant par les maîtres des différentes écoles islamiques que par les ennemis de l’Islam.
Les ouvrages dont dispose l’école d’Ahl-ul-bayt témoignent d’une expérience tout à fait particulière dans le débat et la critique. Ils recèlent un capital de connaissances exemptes de préjugés et appuyées par des arguments logiques. Ces ouvrages adressent aux savants et intellectuels concernés des messages rationnels que les gens de bon sens admettent de bon gré.
A ce riche patrimoine, viennent s’ajouter des livres plus récents recélant de nouvelles recherches. Certains d'entre eux ont été compilés par des chercheurs issus de l’école d’Ahl-ul-bayt et d’autres par des auteurs convertis à cette noble école.
A une époque marquée par une ouverture d'esprit plus intense et un mélange croissant des populations, le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt s’est engagé à répandre le message d’Ahl-ul-bayt (AS) à travers le monde en publiant tout ouvrage susceptible de guider les personnes en quête de vérité.
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, Sabah Ali Al-Bayati, auteur, et Daoud Wamba, Issa Mbaki et Ibrahim Zengo, traducteurs du livre.
En réalisant ce travail, nous espérons avoir accompli une partie de notre devoir envers Dieu «qui a envoyé son Messager avec la guidance et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin» [1]
Le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt(AS)
PREFACE DE L’EDITEUR
Les divergences d'opinion sont un des problèmes courants de la société humaine, mais Dieu veut que ces divergences se règlent dans la droiture et dans la foi. Il est nécessaire aussi d'avoir un critère pour aider les gens à les résoudre. Le Très-Haut a révélé un Livre, avec vérité, pour qu’il soit une référence et un critère de jugement, et pour trancher dans les questions divergentes.
«Les gens formaient à l'origine une seule communauté (croyante). Puis, (après leurs divergences) Allah envoya des Prophètes comme annonciateurs et avertisseurs et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler parmi les gens, leurs divergences. Mais, ceux-là mêmes à qui il avait été apporté, se mirent à disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité! Puis Allah, par Sa Grâce, guida ceux qui crurent à cette Vérité sur laquelle les autres divergeaient. Et Allah guide qui Il veut vers le chemin droit.» [2]
Si on ne se réfère pas à cette vérité unique, aucun problème ne peut être réglé dans la droiture. Le saint Coran professe l’Unicité de Dieu comme pilier principal de la foi. En plus des divergences, nous sommes également confrontés aux déviations idéologiques. Dans chaque société existent des légendes et des contes qui ne servent qu'à éloigner l’Humanité de son origine.
Il est évident que les gens ne seront pas capables de distinguer la vérité du mensonge tant qu’ils seront en divergence, occupés par les plaisirs du monde ou coupables d’injustice et de corruption morale.
Le livre saint fut révélé, sans que les gens abandonnent les plaisirs de ce monde, mais la convoitise et la peur les poussèrent à s’éloigner du jugement du livre saint et de la vérité.
L’injustice, selon le saint Coran [3], est une des causes qui poussèrent les gens à la divergence, à la division et à la désobéissance.
L’ignorance est une autre cause. Il faut comme le recommande le Saint Coran, que les gens s'instruisent auprès des savants:
«Nous n'avons envoyé avant toi que des hommes à qui Nous faisions des révélations. Demandez donc aux érudits du Livre, si vous ne savez pas». [4]
L’ignorance des gens en ce qui concerne le livre saint, est un des obstacles qui empêchent la résolution des divergences et des divisions.
L’islam est la religion éternelle de Dieu qui tire son authenticité des enseignements du saint Coran et de la Tradition du saint Prophète Muhammad (Pbsl), un Prophète qui ne parlait jamais par passion, mais dont toutes les paroles, sans exception, sont une révélation de son Seigneur.
Dieu le Très-Haut, avait informé son Messager de l'apparition des divergences dans la communauté islamique après sa mort, comme il y en avait déjà, de son vivant.
Le saint Coran a prévu pour cela une lumière, chargée d'éclairer la communauté musulmane après la disparition de l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur lui et sur sa descendance), afin d’expliquer aux gens les sens ésotériques et exotériques du livre saint.
Cette lumière est la famille purifiée du saint Prophète Muhammad (paix et bénédiction sur eux). Les membres de cette famille sont purifiés de toute souillure, comme l’oubli, l’ignorance, le péché ou l’erreur.
Le saint Coran fut révélé à leur grand-père Mustapha, dont ils héritèrent la Science du Livre. Dieu leur a accordé des vertus et des bienfaits qu’il n’a jamais accordés à personne d'autre dans l'Histoire. Le Messager de Dieu (Pbsl), également, dans le "Hadith Thaqalayn" (Récit des deux trésors), les a désignés comme Références pour la communauté islamique. Ces Immaculés veillent sur la loi divine, la compréhension et l’interprétation du saint Coran et possèdent toutes les sciences cachées. Ils sont donc "la" Référence de la communauté, après le Prophète de l’islam.
Les Imams (paix sur eux) répondaient à tous avec politesse et simplicité, ils se comportaient bien avec leurs disciples et avec ceux qui leur posaient des questions ou les invitaient à discuter. Leurs sages réponses prouvaient qu’ils étaient la meilleure référence.
Le patrimoine des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux), a été conservé et protégé jusqu’à nos jours, de la disparition et de la destruction, par leurs adeptes. Ce patrimoine renferme toutes les sciences islamiques.
Cette école a transmis ces sciences à plusieurs générations et a formé un grand nombre de savants qui suivent la voie et préservent le patrimoine des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux) et répondent aux questions qui leur sont posées sur les différentes écoles islamiques ou d’autres problèmes contemporains.
L’assemblée Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS) a pris l’initiative de protéger le message divin et les sciences islamiques, préservées par les savants et les penseurs musulmans, de l'école des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux), et de leurs adeptes qui ont toujours évité la provocation et se sont efforcés de demeurer dans cette voie.
Les théories, dans les livres des savants de l’école des Ahl-ul-Bayt, sont d’une grande valeur et incomparables à celles des autres écoles, à cause de leur caractère scientifique et de leur conformité totale à la raison, et parce qu'elles n'ont pas été rédigées dans la passion ou le fanatisme.
Leurs savants et leurs penseurs présentent des idées acceptables par l’intelligence et admises par tout esprit sain. Le projet de l’Assemblée Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS) est de montrer aux étudiants et aux chercheurs l'orientation générale de ces théories, grâce à des conversations, des réunions de questions et réponses, sur des problèmes soulevés au cours des siècles ou à l’heure actuelle, dans les sites Internet, les livres et les journaux. L’Assemblée Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS) œuvre à la préservation et la publication du patrimoine de l’École des Ahl-ul-bayt (paix sur eux).
Nous devons signaler que l’ensemble des recherches proposées dans ce livre, ont été conduites par un groupe de spécialistes.
Nous tenons à remercier sincèrement l’Hodjat-ol-islam cheikh Abou Fazl al Islâmi, président de ce groupe, Seyed Munzir al Hakim, cheikh Abdol Karim al Bahbahâi, Seyed Abdou Rahim, Seyed Sabah Ali al Bayâti, Seyed Moussaoui, cheikh Abd-ol-Amir al Sultâni, cheikh Muhamad al Amini, cheikh Muhamad Reza alu Ayoub, cheikh Ali Bahrâmi, cheikh Hussein Salihi et cheikh Aziz al Aqabi.
Nous remercions également les écrivains et Professeurs: cheikh Muhammad Hadi al, cheikh Youssoufi al Gharawi, cheikh Jaffar al Hadi et Sâibou Abd-ol-Hamid, pour leur contribution à ces recherches.
Nous espérons avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir, dans la transmission du message de Dieu qui a envoyé son Prophète avec droiture et la religion parfaite, destinée à se placer au-dessus de toutes les religions.
INTRODUCTION
Louanges à Dieu, Seigneur de l’univers, que Sa paix et Sa bénédiction soient sur Son envoyé et serviteur, Muhammad, sur sa descendance purifiée et sur leurs partisans sincères.
J’avais étudié le Chiisme et ses origines avec beaucoup d’attention, dans les ouvrages des écrivains et des chercheurs anciens et contemporains, et j’en avais tiré toutes sortes d'idées sur les origines du Chiisme. Un grand nombre d'entre eux considéraient que le Chiisme était une des sectes qui étaient apparues à une époque de division entre les musulmans, qui avait fait beaucoup souffrir la communauté musulmane et qui concernait la doctrine islamique et l'interprétation des événements historiques.
A cette époque, plusieurs sectes islamiques étaient apparues et chacune prétendait détenir la vérité et être dans le droit chemin. C’est à cause de ces divergences que certaines sectes islamiques avaient commencé à se référer à leur propre théorie au lieu de recourir aux versets coraniques ou aux paroles de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Ce problème s'aggrava lorsqu'elles introduisirent le fanatisme dans leur idéologie et commencèrent à modifier ou à supprimer certaines paroles de l’envoyé de Dieu, avec l'introduction de faux hadiths dans la Tradition prophétique, comme le hadith:
«Apparaîtra dans ma communauté, un peuple qu’on appellera les rejetés, combattez-les donc car ce sont des polythéistes».
Tous les écrivains et historiens des siècles précédents, savent que l’expression «rejetés» fut utilisée par Zaïd ibn Ali ibn Hussein (paix sur eux) pour désigner certains de ses partisans qui l’avaient abandonné dans sa lutte contre les Omeyyades.
Ce terme ou d'autres qui ont été utilisés pour désigner certaines sectes minoritaires, était inusité à l’époque du Prophète de l’islam (Pbsl).
Parmi les hadiths de l’envoyé de Dieu (Pbsl), il en est un qui a été rapporté par toutes les écoles islamiques, qui dit que la communauté musulmane se divisera en soixante-treize sectes et que toutes, sauf une, sont vouées à l'enfer. Chaque secte se défend en affirmant être celle qui est dans la voie droite et que les autres iront toutes en enfer.
Ces croyances se propagèrent rapidement jusqu’à ce que de faux hadiths furent introduits dans les récits prophétiques, dont les expressions et le vocabulaire n'avaient jamais été utilisés à l’époque du saint Prophète (Pbsl) mais apparurent à l’époque où naquirent les divergences entre les musulmans sur les fondements de leur doctrine et à l’époque où ils commencèrent à imiter la culture des étrangers, convertis à l’islam. C’est alors que chaque doctrine adopta une philosophie particulière. Certaines sectes introduisirent la pensée et la philosophie grecque, perse, romaine ou hindoue dans leur doctrine.
A l'époque de la prospérité de l'islam, les chercheurs et les penseurs musulmans se consacraient à l’étude des sciences et des arts islamiques, alors que les partisans des sectes s’occupaient des problèmes relatifs à la succession du pouvoir, après le Messager de Dieu (Pbsl). De grands écrivains comme Shahrestani et Al Baghdadi écrivirent des ouvrages sur les sectes et les doctrines islamiques dont les plus nombreuses furent appelées Ahl-ul-sunna wal jamâ'a, c'est à dire les différentes écoles sunnites.
Ces ouvrages étaient consacrés à la présentation des soixante-treize sectes musulmanes, à la seule qui détient la vérité et à l'erreur des soixante-douze autres. Ces grands écrivains cherchaient à prouver que les sectes de la communauté islamique dont les partisans étaient les plus nombreux, étaient dans le droit chemin et seraient sauvées le jour du jugement. Par contre, d’autres écoles comme le Chiisme, étaient considérées comme des groupuscules ou des innovations de certains compagnons de l’envoyé de Dieu (Pbsl).
Pour appuyer leurs arguments, ils affirmaient que le Chiisme avait été inventé par un certain Abdullah ibn Sabah, un juif qui se serait converti à l’islam et aurait créé le Chiisme en s'inspirant du Judaïsme. D’autres écrivirent que ce dernier était un Perse et qu'il aurait fondé cette secte en se référant au Zoroastrisme. Un petit nombre d'entre eux soulignèrent que cette secte était apparue suite à l’oppression subie par les descendants du saint Prophète (Pbsl), comme le martyre d’Ali Ibn Abou Talib et d’Hussein Ibn Ali (paix sur eux).
Certains historiens pensent eux, que le Chiisme naquit après l’événement regrettable de Saqifa ou à l’époque du Califat d’Osman ou après la bataille du chameau ou celle de Seffine, ou encore après le martyre d’Hussein (AS).
Ces écrivains et historiens considéraient que ces événements étaient les principales causes de l'apparition du Chiisme, comme le pensaient également les savants sunnites. Tout ceci montre que les origines du Chiisme, sont très mal connues alors que le Chiisme est une école dans la ligne de l’islam authentique, dans ses croyances et ses sciences.
Il ne s'agit pas d'une secte ou d'une innovation introduite dans l’islam, mais plutôt d'une doctrine initiale qui existait déjà à l’époque du saint Prophète Muhammad (Pbsl) et qui avait continué après lui, sous la direction des Ahl-ul-Bayt (les descendants de l’envoyé de Dieu, paix sur eux). Ces Immaculés donnaient la véritable image de l’islam et combattaient toute infiltration, tout ajout ou toute innovation religieuse qui avait pour objectif la destruction de l’islam.
C’est ici que certaines personnes sont tombées dans l’erreur, en qualifiant le chiisme d'infiltration étrangère à l’islam. Ces gens ne se rendaient pas compte qu'il s'agissait là d'une grave accusation et d'un complot contre l’islam. Ils affirmaient même que le Chiisme était devenu un abri et un camp pour les ennemis de l’islam et des Arabes.
Ce qui est encore plus déplorable est que certains chercheurs contemporains accusèrent les chiites comme leurs prédécesseurs accusaient les Ahl-ul-Bayt(AS), sans avoir étudié la doctrine et l'Histoire du Chiisme alors qu'il existe à l’heure actuelle, de multiples possibilités d’études et de recherches pour quelqu'un qui désire vraiment connaître la vérité.
L'honnêteté scientifique et intellectuelle aidera les chercheurs à atteindre la vérité qui ne pourra jamais être distinguée dans la mauvaise foi.
Certains chercheurs, inoubliables parmi les orientalistes, qui avaient vraiment envie de comprendre la vérité, sont arrivés aux mêmes résultats que les savants chiites. Des savants et des penseurs qui avaient tenté d'ouvrir dans de leurs études une voie pour les gens qui recherchent la vérité.
Ce livre est une tentative pour mener les gens à la vérité.
PREMIER CHAPITRE
LA SOUMISSION ET LA RESIGNATION
Ibn Mansour dit: La Soumission et la Résignation signifient l'obéissance.
La Soumission à la loi islamique signifie l’obéissance à la loi divine et aux enseignements révélés à l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui protègent la vie des croyants et interdisent tout ce qui est blâmable. Citons la belle parole de Thalâb qui dit que la Soumission est dans la parole et la foi, dans le cœur.
Abou bakr Muhammad ibn Bishâr dit à propos de l’islam, qu'il y a deux critères pour prouver que quelqu’un est musulman: Le premier est qu’un musulman est soumis aux ordres de Dieu le Très-Haut, et le second est qu'un musulman est celui qui adore Dieu avec sincérité et dévotion. [5]
A partir de ces définitions, nous pouvons montrer la différence qui existe entre la soumission aux ordres de Dieu et la dévotion et la sincérité, dans son adoration.
La première définition est souvent assimilée à la foi qui établit une communication entre le croyant et son Seigneur. La soumission aux ordres de Dieu consiste à obéir à toutes Ses recommandations et à abandonner, sans contestation ou opposition, tout ce qui est interdit par Dieu. Cette soumission consiste également à croire et à obéir à tout ce qui a été révélé au Messager de Dieu (Pbsl), parce qu'en tant qu'envoyé, il ne parle pas poussé par la passion, et que tout ce qu’il dit est une révélation venant de son Seigneur.
Cette soumission doit être respectée dans toutes les obligations religieuses, les principes de jurisprudence et le culte, et dans le rejet de tout ce qui pourrait engendrer des divergences dans la communauté, comme Dieu le recommande dans le Coran:
«…Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu'il vous interdit, absentez-vous en; et craignez Allah car Allah est dur en punition» [6]
«ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement. Portez vos différends devant Dieu et devant le Prophète, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement)» [7]
«Non! Par ton Seigneur! Ils ne seront pas croyants tant qu'ils ne t'auront pas demandé de juger leurs disputes et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils ne se soumettront pas complètement [à ta sentence]». [8]
Il est donc clair que la soumission que Dieu le Tout Puissant exige de Ses adorateurs, concerne toutes les décisions de Son Envoyé et Serviteur (Pbsl), même si celles-ci nous déplaisent ou nous semblent inconvenantes.
Dieu le Très-Haut, recommande aux gens de se soumettre d’abord à Ses décisions, puis à celles de Son Envoyé. La vraie soumission est celle qui consiste à obéir docilement aux décisions et aux recommandations de Dieu et à celles de son Prophète (Pbsl). La soumission aux décisions et aux recommandations du saint Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui) est une obligation, car il est l'envoyé de Dieu, et lui obéir, signifie obéir à Dieu, le Très-Haut.
La deuxième définition concerne l’adoration sincère et la dévotion, qui doivent exister aussi dans le respect des principes islamiques de la prière, du jeûne, du pèlerinage, de l’aumône et d’autres obligations religieuses. Cette seconde définition est plus importante que la première, car beaucoup des gens peuvent se soumettre aux recommandations de Dieu et de Son Prophète (Pbsl), mais avec une sincérité et une dévotion différente.
Le saint Coran a expliqué clairement cette différence lorsque Dieu avertit les Arabes qui s’étaient convertis à l’islam:
«Les Bédouins ont dit: ‹Nous avons la foi›. Dis: ‹Vous n'avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n'a pas encore pénétré dans vos cœurs. Et si vous obéissez à Allah et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres›. Allah est Pardonneur et Miséricordieux» [9]
Ce verset montre que les Arabes manquaient à leurs obligations. Le saint Coran les avertit que la croyance en Dieu et en Son Prophète (paix et bénédiction sur lui et sur sa famille) ne suffit pas pour atteindre le niveau de la foi.
La bataille de Tabouk est une preuve du mauvais comportement de certains compagnons du Prophète de Dieu(Pbsl), qui s’étaient opposés aux ordres et avaient contourné les décisions de l’envoyé de Dieu, lors de cette bataille. Dieu leur reproche leur désobéissance dans le saint Coran.
L'ATTITUDE DE CERTAINS COMPAGNONS
L’Histoire de l'islam nous montre que les compagnons n’obéissaient pas tous de la même façon aux ordres et aux décisions de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Il y en avait parmi eux qui suivaient docilement toutes ses recommandations, ses décisions ou ses interdictions, et d'autres qui pensaient qu’ils pouvaient le contredire [10] ou même contester les opinions de leur maître [11] même si elles étaient dans l'intérêt de la communauté. Plusieurs récits rapportent le comportement de certains compagnons vis-à-vis de l’envoyé de Dieu (Pbsl):
Lorsque le saint Prophète (Pbsl) sortit de Médine avec ses disciples, pour aller au devant de la caravane d’Abou Soufian, qui avait tout préparé pour combattre l’armée de l'islam, le souhait de l’envoyé de Dieu était clair et dans l’intérêt de la communauté musulmane. Les chefs des polythéistes commandés par Abou Jahl, étaient déterminés à combattre les musulmans et pensaient que cette rencontre serait une occasion favorable pour mettre un terme à la mission prophétique de Mohamad (Pbsl). Le retour du saint Prophète avec son armée, sans combat, pourrait être interprété comme une fuite qui encouragerait les polythéistes Mecquois à attaquer les musulmans chez eux. L’envoyé de Dieu savait pourquoi il avait changé de stratégie, mais des compagnons s’opposèrent à ses décisions, certains avaient même dit: "Ne nous as-tu pas informé sur la bataille et dit de nous y préparer? Nous sommes sortis pour cette caravane!" Dans un autre récit l’un d’eux dit: "Messager de Dieu! Occupe-toi de la caravane et abandonne l’ennemi". A ce moment, le Prophète de Dieu changea d’avis. Abou Ayoub a expliqué que c’était à cause de ces comportements que Dieu avait révélé le verset:
«De même, c'est au nom de la vérité que ton Seigneur t'a fait sortir de ta demeure, malgré la répulsion d'une partie des croyants». [12]
Le saint Prophète (Pbsl) sortit pour la bataille de Badr pendant le mois de Ramadan et il avait jeûné un ou deux jours, il ordonna à ses compagnons de rompre leur jeûne, mais plusieurs refusèrent. [13]
Certains compagnons avaient tenté de décourager l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui était déterminé au combat. Le Prophète de Dieu demanda l’avis des ses compagnons sur les Quraychites, Omar ibn al Khatâb se leva et lui dit: "Messager de Dieu, par Dieu! Les Quraychites sont très puissants et ne se sont jamais soumis, ils n’ont jamais été croyants depuis qu’ils sont polythéistes. Par Dieu, ne touche jamais à leur honneur sinon ils te tueraient. Mais le saint Prophète (Pbsl) ignora les propos d’Omar" [14]
D'autres compagnons n’étaient pas de cet avis comme Miqdâd ibn Amr qui se leva et dit: "Messager de Dieu! Exécute l’ordre de ton Dieu, nous sommes avec toi. Par Dieu! Nous ne te dirons jamais ce que les enfants d’Israël ont dit à Moïse (Pbsl):
«Ils dirent: Moïse! Nous n'y entrerons jamais, aussi longtemps qu'ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Quant à nous, nous restons ici». [15]
Par contre nous te disons: Combattez, toi et ton Seigneur, nous combattrons à vos côtés. Par celui qui t’a envoyé avec vérité! Nous te suivrons même si tu nous conduis au beau milieu d'un marécage". Le Prophète (Pbsl) répondit: "Très bien".
Après Miqdâd, Sâd ibn Maâz l’un des Ansars, se leva et s’adressa à l’envoyé de Dieu en ces termes: «…En vérité, nous avons cru en ton message, nous avons témoigné de la vérité de tout ce que tu nous as apporté, nous avons promis de t’obéir et d’écouter tes paroles et tes recommandations. Exécute donc, Messager de Dieu, l’ordre de ton Seigneur. Par celui qui t’a envoyé avec vérité! Même si tu avais élargi ce fleuve pour nous engloutir, nous nous y serions engloutis avec toi, sans qu'il ne reste un vivant parmi nous. Dirige-nous, commande-nous et prélève nos biens comme tu le veux, car ce que tu prends de nos biens a plus de valeur pour nous que ce que tu laisseras…" [16]
Ces extraits historiques montrent qu’il y avait des compagnons qui approuvaient et obéissaient, et d'autres qui n’obéissaient pas aux ordres du saint Prophète (Pbsl).
Certains compagnons essayaient d'imposer leurs idées au Prophète (Pbsl) et suivaient leur propre opinion au lieu de suivre les ordres de leur Maître. Abou Saïd al Khadri a raconté qu'un jour, Abou Bakr était venu voir le Messager de Dieu et lui avait dit: "Messager de Dieu, je suis passé à côté d’une vallée et j’y ai trouvé un homme d’une belle apparence en train de faire la prière avec beaucoup de dévotion". Le Messager de Dieu (Pbsl) lui dit: «Tue-le!».
Le rapporteur de ce récit poursuit qu'Abou Bakr arriva sur les lieux et trouva cet homme en pleine prière, il hésita à l’achever et en informa le saint Prophète (Pbsl). Cette fois-ci le Prophète chargea Omar Ibn al Khatâb de cette tâche, mais lui aussi revint en disant: "Messager de Dieu, je l’ai trouvé en train de prier avec beaucoup de dévotion et j'ai renoncé à le tuer". Le Prophète de Dieu (Pbsl) ordonna enfin à Ali ibn Abou Talib(AS) d'aller le tuer. Lorsque Ali(AS) arriva à l’endroit où cet homme avait été vu en prière, il n’y trouva personne, l’homme avait prit la fuite. Ali en informa l’envoyé de Dieu. Le Prophète leur dit:
«Celui-là et ses partisans, sont ceux qui réciteront le saint Coran à bout de souffle, mais s’éloigneront de la religion comme une flèche lancée vers un gibier, ils n’y reviendront point à moins que la flèche ne revienne en arrière. Tuez-les, car ce sont les pires des créatures». [17]
Lors du Traité de Hodeibiya, le Prophète de Dieu (Pbsl) avait répondu à toutes les exigences des Quraychites. Certains compagnons critiquèrent la décision du saint Prophète de signer ce traité, bien qu'il fût le plus sage et le plus savant de toute la communauté.
Comment imaginer que le Messager de Dieu (Pbsl) puisse souhaiter le malheur de l’islam et des musulmans? Malheureusement certains compagnons n’avaient pas compris cela et contestaient la Prophétie de leur Maître. Il est rapporté par Al Bukhari qu’Omar Ibn al Khattâb demanda un jour au Messager de Dieu (Pbsl):
«N’es-tu pas vraiment Prophète de Dieu?»
Le Prophète répondit: «Si, je le suis»
Omar continua: «Ne sommes-nous pas dans la vérité et nos ennemis dans l'erreur?»
Le Prophète lui répondit: «Oui»
Omar lui répliqua: «Alors pourquoi désobéissons-nous à notre religion?»
Le Prophète(Pbsl) lui répondit: «Je suis l’envoyé de Dieu, je ne désobéirai jamais, l'islam est mon Soutien»
Omar: «Ne nous as-tu pas dit que nous entrerions dans la Maison de Dieu et tournerions autour de la Kaaba?»
Le Prophète: «Oui, mais est-ce que j'ai dit que nous y entrerions cette année?»
Omar: «Non»
Le Prophète conclu: «Certainement tu y entreras et tourneras autour de la Kaaba».
Omar se dirigea alors vers Abou Bakr et demanda:
«N’est-il pas le Prophète de Dieu?»
Abou Bakr lui répondit: «Si»
Omar: «Ne sommes-nous pas dans la vérité et nos ennemis dans l'erreur?»
Abou Bakr: «Si»
Omar: «Alors pourquoi ne respectons-nous pas notre religion?»
Abou Bakr: «Il est vraiment l’Envoyé de Dieu et ne désobéira jamais, Dieu est son Soutien. Sois-lui fidèle, par Dieu! Il est dans la vérité»
Omar: «Ne nous a-t-il pas dit que nous entrerions dans la Maison de Dieu et tournerions autour de la Kaaba?»
Abou Bakr: «Est-ce qu’il t’a dit que nous y entrerons cette année?»
Omar: «Non»
Abou Bakr: «Certainement tu vas y entrer et tourner autour de la Kaaba».
Après la signature de ce traité, le Messager de Dieu (Pbsl) avait ordonné à ses compagnons d’égorger leurs bêtes et de se raser la tête mais aucun des compagnons ne le fit. Le Prophète (Pbsl) répéta ces ordres à trois reprises, mais en vain, personne n’obéit. Voyant cette désobéissance, le saint Prophète (Pbsl) entra dans la tente d’Ummu Salama, l’une de ses épouses, et lui raconta ce qu'avaient fait les compagnons. Celle-ci lui dit: «Messager de Dieu, égorge ta bête, rase-toi la tête et ne parle à personne».
Le Prophète sortit de sa tente en silence, il égorgea sa bête et demanda qu'on lui rase la tête. Lorsque les compagnons virent cela, ils commencèrent eux aussi, à égorger leurs bêtes et à se raser la tête,… [18]
Ces événements montrent que certains compagnons désobéissaient aux ordres de l’envoyé de Dieu (Pbsl). La réponse de l’envoyé de Dieu à Omar ibn Khattâb: «Je suis l’envoyé de Dieu, je ne Lui désobéirai jamais, Il est mon Soutien» aurait dû suffire pour que Omar se soumette aux ordres de son Maître.
L’envoyé de Dieu (Pbsl) avait dit aussi à ce dernier: «Certainement tu vas y entrer et tourner autour de la Kaaba» mais ces sages réponses n'étaient pas assez pas convaincantes aux yeux d'Omar. Au lieu d’obéir au Messager de Dieu, Omar continua à discuter et à mettre en doute la prophétie de son Maître et posa les mêmes questions à Abou Bakr. La désobéissance de ces compagnons s’aggrava encore d'avantage lorsqu’ils refusèrent d’égorger leurs bêtes et de se raser la tête.
Ces oppositions s'étaient multipliées à tel point que l’envoyé de Dieu (Pbsl) commença à critiquer ouvertement le comportement des certains compagnons. Aïcha, une des épouses de l’envoyé de Dieu rapporte:
«Un jour le Messager de Dieu est entré chez moi très fâché, je lui ai demandé: Qui t’a mis ainsi en colère, Messager de Dieu? Qu’Allah le fasse entrer en enfer! Il me répondit: "J’ai ordonné aux gens de faire quelque chose mais ils hésitent. Si j’accomplis moi-même cet acte, personne ne me suit" [19]
Dans un autre récit, Aïcha rapporte:
«Le Prophète de Dieu avait enseigné une chose mais certains n'y accordaient pas d'importance. Lorsque le Prophète de Dieu (Pbsl) fut informé de l’affaire, il loua son Seigneur et dit: Qu’est-il arrivé à ces gens pour qu'ils s’éloignent de ce que j’ai enseigné? Par Dieu, je suis le plus savant et le plus pieux d’entre eux». [20]
Comment certains pouvaient- ils ignorer que le Prophète Muhammad (Pbsl) était le plus savant, le plus sage et le plus pieux de tous les hommes, ou imaginer que l’envoyé de Dieu pouvait dire une parole contraire à la volonté de Dieu, pour s’éloigner ainsi de lui ou désobéir à ses ordres?!
Certains compagnons désobéissaient ouvertement aux recommandations de l’envoyé de Dieu, comme s’ils avaient raison et que leur Maître avait tort. Jabir, l’un des compagnons du saint Prophète (Pbsl) raconte:
«Le Messager de Dieu nous avait interdit de frapper les femmes, mais nous les avons encore frappées après cela». [21]
L’AGGRAVATION DE LA DESOBEISSANCE
La désobéissance de certains compagnons s’était aggravée à tel point qu’ils n’acceptaient plus aucune parole de l’envoyé de Dieu (Pbsl) en dehors de la Révélation. Ces compagnons ne s'intéressaient qu’aux questions de culte et ignoraient tout ce qui touchait au domaine social, politique ou économique, car ils pensaient avoir le droit dans ces questions, d'agir librement et sans le consentement de l’envoyé de Dieu (Pbsl).
Comme preuve de leur entêtement, voyons les contestations qu'avait soulevées la nomination par le Prophète, d'Oussama ibn Zaïd, à la tête de l’escadron qui devait affronter l’armée romaine. Ceux qui avaient contesté la nomination d’Oussama à la tête de l’armée islamique, avaient tenu des propos insolents à l’égard du saint Prophète (Pbsl). Cet escadron était composé d’un grand nombre de Muhâjirunes (émigrés originaires de la Mecque), d'Ansars (musulmans de Médine) et des plus célèbres compagnons, Abou Bakr, Omar et Abou Obaïdah. [22]
Ces compagnons avaient tellement exagéré dans leurs propos que le Messager de Dieu, qui était très malade, se mit en colère et fut obligé de sortir de sa demeure pour blâmer ces compagnons rebelles. Le Messager de Dieu (Pbsl) était alors monté en chaire et avait prononcé ce discours:
«J’ai appris que certains parmi vous se sont opposés à mon choix d’Oussama. Vous avez contesté et injurié sa direction comme vous l’aviez déjà fait en contestant la nomination de son père. Mais je jure par Dieu qu’il était capable d’être le chef de l'armée, comme son fils en est capable». [23]
Après ce discours, le Prophète de Dieu (Pbsl) leur ordonna de se mettre en route sous le commandement d’Oussama, mais cette recommandation n’eut aucun effet jusqu’au décès de l’envoyé de Dieu. Les compagnons qui hésitaient à partir, s'installèrent à Jorf, à quelques kilomètres de Médine, au lieu de partir ou de changer de chef. [24]
Les compagnons de l’envoyé de Dieu (Pbsl) désobéissaient même avant sa mort. Les historiens et les rapporteurs de Traditions ont noté cet événement. Al Bukhari a rapporté d'Ibn Abbas ce qui suit:
«Les compagnons s’étaient regroupés dans la maison de l’envoyé de Dieu (Pbsl), trois jours avant sa mort. Le Prophète leur dit:
«Approchez-vous, je veux vous écrire un message qui vous protégera de l’égarement et des déviations».
Omar ibn al Khattâb s'écria: "En vérité, le Prophète divague, nous avons le saint Coran, le livre de Dieu nous suffit".
Les compagnons commencèrent alors à se quereller. Les uns disaient: "Approchez pour qu’il vous dicte un message qui vous protégera de l’égarement", d'autres soutenaient Omar. La querelle prit de si grandes proportions que l’envoyé de Dieu (Pbsl) leur ordonna de sortir de chez lui. Ibn Abbas avait rapporté cet événement, en pleurant et avait déclaré: "Certes la plus grande calamité et le plus grand malheur se sont produits ce jour-là, car on a empêché le Messager de Dieu d’écrire ce qu’il voulait"». [25]
Al Bukhari a rapporté aussi de Saïd ibn al Musayb qui avait rapporté d'Ibn Abbas ce qui suit:
«La journée du jeudi! Quel triste jeudi! Le Messager de Dieu était très souffrant, il avait dit: "Apportez-moi de l’encre et une plume, je veux vous écrire un message qui vous protégera de l’égarement et de la dérive". Une querelle survint entre les compagnons. Certains compagnons se demandaient de quel message il s'agissait. Ils s’approchèrent pour le supplier de leur dire ce message, mais l’envoyé de Dieu (Pbsl) répondit: "Laissez-moi tranquille! Ce que je sais est meilleur que ce que vous savez".
Ensuite le Prophète leur recommanda trois choses:
«Chassez les polythéistes de toute la péninsule arabe, récompensez les mandataires correctement comme je le faisais» mais il n’a pas révélé la troisième ou je l’ai oubliée." [26]
Je ne sais pas quel intérêt avaient ces compagnons, à empêcher le Messager de Dieu (Pbsl) d’écrire un message qui devait protéger la communauté de l’égarement et pourquoi Ibn Abbas avait pleuré et qualifié cet événement de "calamité".
Peut-être que le contenu de ce message n’était pas en faveur de certains d’entre eux, comme nous allons le découvrir par la suite.
DEUXIEME CHAPITRE
L’AUTORITE RELIGIEUSE
L’autorité religieuse était depuis les siècles, sous la responsabilité des prêtres et le pouvoir politique était séparé de l’autorité religieuse. Les Pharaons d’Égypte qui se proclamaient dieux, se donnaient ces titres pour se glorifier et n’avaient aucune autorité religieuse. Depuis longtemps les rois et les empereurs n’exerçaient plus cette autorité, détenue par les prêtres qui étaient une référence pour le peuple en matière de religion. Les Pharaons d’Égypte s’occupaient de l’administration et des affaires de l’État, et les prêtres se consacraient aux problèmes du culte.
Dans les religions révélées, l’autorité religieuse était la responsabilité des rabbins pour les juifs, et des papes, pour les chrétiens. Le pouvoir politique était géré par des laïcs qui respectaient les prêtres et les aidaient parfois dans leur tâche.
Après son émigration à Yatrib qui est l'ancien nom de la Médine, le Prophète Muhammad (Pbsl) y fonda un état islamique. Pour diriger cet État, il avait associé l’autorité religieuse et l’autorité politique. Il dirigeait lui-même et enseignait tout ce qui était relatif à la religion. Il disait aux musulmans: "Priez comme je prie", car il était vraiment un modèle à suivre. En même temps il s’occupait des affaires religieuses et administrait les activités politiques, économiques et sécuritaires de l’État. Il était le Commandant suprême de l’armée islamique qu'il avait commandée dans plusieurs grandes batailles, et à lui seul, il gérait toutes les affaires de l’État et de la religion.
Tous les musulmans avaient comprit que cette façon de gouverner devait continuer même après la mort de l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui était le fondateur de l’État islamique, et que son successeur devrait suivre cette voie et être le garant de la nation, de la religion de Dieu et de la Tradition du saint Prophète. Il devait avoir les compétences nécessaires pour diriger les affaires politiques, économiques et militaires de l’État islamique. Le successeur de L’envoyé de Dieu (Pbsl) devait associer la religion et la politique, qui sont deux choses inséparables en islam. Comme tout le monde n'avait pas ces qualités, il fallait donc choisir, parmi les compagnons, celui qui rassemblait toutes ces compétences, et était à la fois, infaillible, savant et capable de diriger l’État islamique, d'être le gardien de la religion de Dieu et le garant de l’intégrité de l’État.
Si certaines circonstances permettent au dirigeant d'autres modèles de gouvernement, d’apporter ou d’imposer leur jugement personnel pour résoudre un problème, cela n’est pas le cas dans la loi de Dieu. Si un dirigeant commence à imposer son jugement personnel dans les affaires religieuses, petit à petit, cela risque de modifier ou d'annuler la loi divine. Celui qui doit être "la référence" pour toute la communauté, doit posséder l’autorité religieuse et politique, sans être suspecté de vouloir modifier ou abolir la loi divine. D’où l’importance que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait accordée à sa succession en désignant une ou plusieurs personnes, capables de guider la communauté et de préserver la religion de Dieu, exalté soit-Il.
LES COMPETENCES DU GUIDE
Après avoir compris l’importance de l'autorité religieuse dans la préservation de la loi divine, il est nécessaire de connaître les compétences de celui qui deviendra le guide de la communauté musulmane après l’envoyé de Dieu (Pbsl) et les modalités de sa nomination afin qu’il n’y ait pas de divergences ou de discussions entre les gens et que le problème de la succession ne devienne pas une question personnelle, chose que la loi islamique défend impérativement.
LE PLUS COMPETENT DES COMPAGNONS
Dans l’Histoire de l'islam, nous trouvons plusieurs récits où le prophète a désigné la personne la plus compétente pour lui succéder.
Les historiens ont rapporté qu'après avoir accompli le pèlerinage d’adieux, le Prophète de Dieu s’est arrêté, sur le chemin du retour à Médine, dans une vallée appelée Ghadir Khum pour y faire un discours. Les grandes caravanes de pèlerins, venues de toutes les régions islamiques, se sont arrêtées à ce carrefour de plusieurs routes, pour écouter le sermon de leur guide.
Après avoir loué Dieu, l’envoyé de Dieu dit: «O gens! Bientôt arrivera le moment où je serai appelé et je répondrai. Je serai certainement interrogé, et vous serez également interrogés… J’ai laissé parmi vous deux charges, l’une est plus lourde que l’autre: le Livre de Dieu et ma descendance les Ahl-ul-Bayt. Ils ne sépareront point jusqu’à ce qu’ils me rejoignent au paradis».
Certains Narrateurs ont dit que le Prophète de Dieu avait ajouté: «Si vous les suivez, vous ne vous égarerez jamais après moi». [27]
Ibn Hadjar al Haytham a dit à propos du hadith des deux charges (Hadith Thaqalayn), qu'il avait été rapporté par une vingtaine de compagnons. Certains avaient dit que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait fait cette recommandation lors de son pèlerinage d’adieu, d'autres ont affirmé que cela s’était passé à Médine, à Ghadir Khum, au mont d'Arafat ou après son retour de Ta’if. Cela n'entraîne aucune contradiction, car il est possible que le saint Prophète ait répété cela à plusieurs reprises. [28]
Nous pouvons résumer le commentaire de cette recommandation et les paroles d'Ibn Hadjar de cette façon: le Prophète Muhammad (Pbsl) avait désigné clairement une Autorité religieuse pour guider la communauté islamique après sa disparition. Il avait recommandé pour cela de se référer au livre saint, protégé de toute déviation ou de toute modification, et à ses descendants, les Membres de la famille purifiée (paix sur eux). Le saint Coran serait la charge la plus lourde et la source de la législation islamique, et la famille purifiée de l’envoyé de Dieu, serait la deuxième source.
La répétition de cette recommandation à plusieurs occasions, montre son importance et donnait aussi l’occasion, à ceux qui n’avaient pas vu et entendu, d'entendre et de voir.
Outre cette recommandation, l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait fait aussi, comme il est rapporté dans les textes de Traditions, d’autres recommandations du même genre. On rapporte que Abou Zhar al Ghafâri (que la miséricorde de Dieu soit sur lui) disait chaque fois à la porte de la Kaaba: "Celui qui me connaît, sait qui je suis, pour celui qui ne me connaît pas, je suis Abou Zhar. J’ai entendu l’envoyé de Dieu dire:
«Ma famille ressemble à l’arche de Noé, celui qui y monte sera sauvé mais celui qui s’en éloigne, sera noyé». [29]
Un autre récit rapporte qu'Ibn Abbas et d'autres compagnons ont rapporté ces paroles du Messager de Dieu (Pbsl):
«Les étoiles protègent les habitants de la terre de l’obscurité, et ma famille est une protection pour ma communauté contre toute divergence. Si l’une des tribus arabes s’éloigne d’elle, elle sera du parti de Satan». [30]
Il a aussi été rapporté que l’envoyé de Die (Pbsl) a dit, à propos de la Tradition des deux charges:
«Ne les devancez donc pas, sinon vous serez égarés ; ne restez pas non plus derrière, sinon vous serez perdus et ne leur enseignez rien, car ils sont plus savants que vous». [31]
L’Émir des croyants, Ali ibn Abou Talib (AS) avait aussi confirmé cela dans l’une des ses allocutions:
«Observez les Membres de la famille de votre Prophète, suivez leur trace et leur manière d’agir, car ils ne vous éloigneront point du droit chemin, et ils ne vous conduiront jamais vers la mort. S’ils s’asseyent (dans un endroit), asseyez-vous et s’ils se lèvent, levez-vous aussi. Ne les devancez pas sinon vous serez égarés et ne restez pas non plus derrière eux, car vous serez perdus». [32]
On rapporte que l’Imam Ali ibn Hussein Zain-ol-Abedine (paix sur eux) a déclaré:
«Les sources les plus sûres de la sagesse, sont le Livre de Dieu et la descendance de l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur eux) que Dieu a choisie pour guider Ses adorateurs. Ils n’appellent pas les gens sans argument, vous les reconnaîtrez à leur arbre généalogique, ils sont les descendants de ceux que le Très-Haut a purifiés complètement de toute souillure et dont Il a recommandé l'amour dans le livre saint». [33]
Il est donc clair, d'après ces recommandations, que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait désigné son successeur avant de quitter le monde et avait beaucoup insisté sur l’attachement au livre saint et à sa famille. Il avait aussi averti toute la communauté musulmane de ne pas s’éloigner ou s’opposer à ces deux charges, le saint Coran et les Ahl-ul-Bayt. Le Prophète avait bien averti que l'oubli de ces deux charges, conduirait à la perdition.
Qu’est-ce qui a poussé le Messager de Dieu à remettre l’autorité religieuse et sa succession à sa famille?
Si on accepte que le Prophète de Dieu (Pbsl) ne disait rien de lui-même, cette nomination ne pouvait pas être l'émanation de sa propre volonté, mais un ordre venant de son Seigneur. Dieu avait préparé cette famille depuis longtemps à cette responsabilité, comme il est mentionné dans le livre saint:
«…Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, gens de la maison [du prophète], et vous purifier pleinement». [34]
Dieu avait purifié cette famille de toute souillure, et c'est cette pureté qui faisait leur sainteté, ils étaient protégés de l'erreur ou du péché, du mensonge et de toute parole futile.
D’autre part, le Messager de Dieu (Pbsl) les avait présentés comme les plus savants de la communauté. Ceci montre qu’ils méritaient l’autorité religieuse et la gestion de la communauté musulmane, pour laquelle ils étaient une référence. L’insistance de l’envoyé de Dieu (Pbsl) pour que la communauté suive ses descendants purifiés et s’instruise auprès d’eux, signifie qu’ils étaient les plus compétents pour prendre la direction de l’état et de la communauté islamique, après sa mort. On ne peut pas dire que le Prophète Muhammad (Pbsl) avait par-là, cherché à privilégier sa famille, car si c’était le cas il aurait dû privilégier aussi son oncle, Abou Lahab.
L’IDENTITE DES AHL-UL-BAYT
Certains ont tenté d’introduire d'autres personnes au nombre des Ahl-ul-Bayt, alors que l’envoyé de Dieu (Pbsl) les avait clairement désignés. Les historiens ont rapporté plusieurs récits des compagnons et d’autres personnes, à ce propos.
La mère des croyants, Ummu Salama (que la miséricorde de Dieu soit sur elle) a rapporté qu'un jour l’envoyé de Dieu avait dit à sa fille Fatemeh (paix sur elle):
«Va chercher ton mari et tes enfants»
lorsqu’elle revint avec eux, l’envoyé de Dieu les enveloppa d'un manteau et posa les mains sur eux en disant:
«Mon Dieu! Ceux-là sont les gens de ma maison, j’implore ton salut et ta bénédiction sur eux»
Umma Salma raconta qu'elle avait voulu venir, elle aussi, sous ce manteau, mais que le Prophète ne l'avait pas autorisé et lui avait seulement dit:
«Tu es parmi les Bienfaiteurs». [35]
Aïcha, la mère des croyants, raconta que le Messager de Dieu (Pbsl) était sorti avec un manteau noir, dont il couvrit Hassan, Hussein, Fatemeh et Ali, en récitant ce verset:
«…Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, gens de la maison [du prophète], et vous purifier pleinement». [36]
Un des événements inoubliables de l’Histoire, est celui du Mubâhala (imploration réciproque de la malédiction divine sur les menteurs) entre l’envoyé de Dieu (Pbsl) et les prêtres chrétiens. Les exégètes et les historiens ont rapporté de certains compagnons, tel que Sâd ibn Abi Waqâs que lorsque Dieu avait révélé ce verset:
«A ceux qui te contredisent à son propos, maintenant que tu en es bien informé, tu n'as qu'à dire: ‹Venez, appelons nos fils et les vôtres, nos femmes et les vôtres, nos propres personnes et les vôtres, puis proférons exécration réciproque en appelant la malédiction d'Allah sur les menteurs».
Le Messager de Dieu (Pbsl) avait appelé Ali, Fatemeh, Hassan et Hussein et déclaré:
«Ô mon Dieu! Ceux-là constitue ma famille» [37]
Si ces derniers constituent les Ahl-ul-Bayt (paix sur eux), pourquoi les chiites imamites affirment-ils que les douze Imams font aussi partie des Ahl-ul-Bayt?
La réponse est très simple, parce que l’envoyé de Dieu avait désigné douze successeurs après lui, comme l'a rapporté Al- Bukhari: Jabir ibn Samra a dit: "J’ai entendu l’envoyé de Dieu dire que: «Il y aura douze princes après moi», ensuite il prononça un mot que je n’ai pas entendu, puis dit:
«Ils seront tous des Quraychites». [38]
LE CHOIX DE LA COMPETENCE
Dans les précédents chapitres, nous avons apporté différentes preuves confirmant la compétence des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux) et leur autorité sur la communauté islamique, après l’envoyé de Dieu (Pbsl).
Nous avons tiré toutes ces preuves du saint Coran et de la Tradition du saint Prophète. Nous avons montré que l’autorité religieuse et politique étaient deux choses indissociables dans la religion musulmane, car l’envoyé de Dieu avait pris la responsabilité de ces deux pouvoirs après son immigration à Médine. Les musulmans avaient compris la cohésion qui existe entre ces deux domaines et que celui qui succéderait à l’envoyé de Dieu, aurait comme lui, l’autorité politique et religieuse. C’est pour cela que le Saint prophète (Pbsl) avait désigné son héritier et successeur avant de quitter ce monde, ainsi que ses successeurs.
L’Histoire montre que l’envoyé de Dieu avait préparé sa succession dès le début de sa mission prophétique, en désignant celui qui devait diriger la communauté après sa mort. La miséricorde de Dieu voulut qu'Ali ibn Abou Talib (psl) ait la chance d’être pris en charge par la meilleure des créatures, lorsque la sécheresse et la famine frappèrent la tribu des Quraychites.
Abou Talib le père de l'Imam Ali, était devenu très pauvre, voyant cela le Messager de Dieu avait dit à son oncle Abbas: Abbas! Ton frère Abou Talib est devenu très pauvre, les gens souffrent de cette sécheresse, allons chez lui et allégeons sa souffrance, je vais élever un de ses fils et toi aussi. Abbas accepta cette proposition, ils se rendirent chez Abou Talib et lui dirent: Nous voulons t'aider en prenant avec nous deux de tes fils. Abou Talib répondit: Faîtes comme vous voulez mais laissez-moi Aqil.
Le Messager de Dieu (Pbsl) prit alors Ali avec lui et partit. Ali était toujours à la charge du Prophète quand celui-ci reçut la première révélation et l'annonce de sa mission. Ali(AS) fut le premier à croire en sa prophétie et à le soutenir. Jaffar, le frère d’Ali qui était sous la tutelle d’Abbas, se convertit aussi à l’islam. [39]
Le Messager de Dieu (Pbsl) rappelait souvent la première place d’Ali ibn Talib, dans la soumission et la croyance, sur tous les compagnons. Salman Farsi et Abou Zhar (que la miséricorde de Dieu soit sur eux) ont rapporté que l’envoyé de Dieu avait dit à propos d’Ali ibn Abou Talib:
«Celui-ci est le premier à avoir cru en moi, il est aussi le premier de ceux qui m’accompagneront le jour du jugement dernier, il est un grand confident, il est celui qui distingue le bien du mal dans cette communauté et le Guide des croyants». [40]
Ali ibn Abou Talib (AS) avait rappelé sa personnalité, sa parenté avec l’envoyé de Dieu et son soutien à ce dernier, dans l’un de ses discours:
«Vous connaissez ma position vis-à-vis de l’envoyé de Dieu comme son cousin et son gendre. Il me serrait contre sa poitrine quand j’étais petit, il me prenait dans les bras et me couchait près de lui. Je le sentais et sentais son parfum, il mâchait la nourriture avant de me la donner. Il n’a jamais trouvé un mensonge dans mes paroles, ni une erreur dans mes actes, je le suivais pas à pas, comme un jeune chameau suit sa mère. Il m’encourageait à le prendre pour exemple et m’enseignait la sagesse. Quand il s’isolait dans la montagne et la grotte d'Hira, chaque année, j’étais le seul à pouvoir le rejoindre. A cette époque, il n’y avait que l’envoyé de Dieu, son épouse Khadija (que la miséricorde de Dieu soit sur elle) et moi qui étions musulmans. Je vivais dans la lumière de la Révélation et le baume de la Prophétie. J’ai entendu la plainte de Satan, lors de la première Révélation à l’envoyé de Dieu et je lui ai demandé: Envoyé de Dieu! Quel est ce bruit? Il me répondit: «Ce sont les gémissements de Satan qui est réduit au désespoir. Maintenant tu vois ce que je vois et tu entends ce que j’entends, tu n’es pas un Prophète mais mon successeur». [41]
LE PROPHETE DESIGNE SON SUCCESSEUR
Le problème de la succession est un des problèmes qui a séparé les écoles musulmanes, particulièrement les sunnites qui disent que l’Envoyé de Dieu (Pbsl) n’a pas désigné d'héritier ni de successeur, et affirment que le Messager de Dieu a laissé à la communauté islamique, la liberté de se choisir elle-même son guide. Par contre les chiites disent que le Messager de Dieu (Pbsl) a nommé Ali ibn Abou Talib (AS) comme héritier, successeur et guide de la communauté islamique, après lui.
L’Histoire montre que le saint Prophète (paix sur lui) accordait beaucoup d’importance à cette question de succession, même pour des responsabilités minimes. Le Prophète (Pbsl) avait l’habitude, chaque fois qu’il quittait Médine, de désigner quelqu’un pour assumer l'intérim, il ne quittait jamais la ville sans avoir désigné un représentant et n’a jamais remis aux musulmans la responsabilité de se choisir un chef en son absence. Comment le Messager de Dieu (Pbsl) qui accordait une telle attention à ces petites responsabilités, aurait-il pu négliger ce qui se passerait après sa mort? Comment aurait-il laissé sa communauté sans guide?
Si les musulmans avaient le droit de choisir librement leur guide, pourquoi est-ce que cela ne fut pas le cas pour Abou Bakr, le premier Calife, nommé par Omar Ibn al Khattâb, sans l'avis des musulmans, qui recommanda qu’on choisisse après lui, entre Osman et Abou Obeida al Jarah, sans tenir compte non plus de l'avis des musulmans.
Nous ne pouvons pas imaginer que les compagnons avaient mieux compris l’importance de la succession que l’envoyé de Dieu qui était le plus savant de la communauté islamique.
La biographie du saint Prophète (Pbsl) est pleine de récits qui montrent que ce dernier n’avait pas négligé le problème de sa succession qui concernait l’avenir de toute la communauté, et avait désigné son héritier et successeur dès le début de sa mission prophétique. Les spécialistes de hadith et les historiens sunnites ont rapporté que le verset:
«Et avertis les gens qui te sont les plus proches». [42]
Fut révélé, la troisième année de la mission prophétique. Le Messager de Dieu avait alors appelé Ali ibn Abou Talib (paix et bénédiction sur eux) et lui avait dit:
«Ali! Dieu m’a recommandé d’avertir mes proches parents, mais cela dépasse mes forces ; je vois en eux, dans cet avertissement, ce que je déteste ; je me suis tu pour cela, mais l’ange Gabriel (psl) m’a dit: Muhammad! Si tu n’exécutes pas cet ordre, tu seras puni par ton Seigneur. Prépare-nous un repas et du lait, puis appelle tous les enfants d’Abdul Motalib afin que je leur transmette ce qui m’a été commandé».
J’ai exécuté l’ordre du saint Prophète, a rapporté Ali ibn Abou Talib (AS), ils étaient quarante personnes ce jour-là. Abou Talib, Hamza, Abbas et Abou Lahab avaient aussi accepté cette invitation. Lorsqu’ils furent tous réunis, le Messager de Dieu (Pbsl) m’ordonna d’apporter le repas que j’avais préparé pour les invités, il mordit un morceau de viande et leur dit:
«Servez-vous au nom de Dieu».
Je n’avais préparé le repas que pour une personne mais tous en mangèrent jusqu’à être rassasiés. Puis je leur ai apporté du lait. Lorsque le saint Prophète voulut leur annoncer son message, Abou Lahab lui coupa la parole et commença à se montrer désobligeant envers le Prophète, ce qui entraîna une discussion entre les invités. Le Prophète (Pbsl) m’ordonna de faire de même le jour suivant. Abou Lahab se comporta encore de la même manière. Enfin le troisième jour, le Prophète se leva et dit:
«Fils d’Abdul Motalib, par Dieu! Je ne connais aucun homme d’âge mûr parmi les Arabes, qui soit venu à son peuple avec quelque chose de meilleur que ce que j’apporte. En vérité je vous apporte le meilleur de ce monde et de l’au-delà. Dieu m’a ordonné de vous appeler à Lui. Qui donc parmi vous me soutiendra dans cette mission et deviendra ainsi mon frère, mon héritier et mon successeur?».
L’imam Ali rapporte que "tous se sont moqués de lui. Mais moi, malgré mon âge, j’ai répondu: Moi! Prophète de Dieu, je serai ton soutien dans cette mission". Le saint Prophète a posé sa main sur mon épaule et a dit:
«Certes celui-ci est mon frère, mon héritier et mon successeur parmi vous. Écoutez-le et obéissez-lui».
Les invités se sont levés en riant et en recommandant à Abou Talib, le père de l’Imam Ali(AS), d’écouter son fils et de lui obéir! [43]
La nomination de son héritier et successeur au début de sa mission, montre que le Prophète Muhammad (Pbsl) accordait beaucoup d’importance à la question de la succession et cet événement prouve qu'il avait bien désigné quelqu’un pour lui succéder à la tête du gouvernement islamique et de la communauté. Malheureusement certains historiens et écrivains ont supprimé ou modifié, dans leurs écrits, les paroles de l’envoyé de Dieu (Pbsl) qui prouvaient la nomination d’Ali ibn Abou Talib comme successeur.
D’AUTRES HADITH PROPHETIQUES
Le Prophète Muhammad (Pbsl) avait donc ainsi à plusieurs reprises, désigné Ali ibn Abou Talib (AS) comme héritier, successeur et commandeur des croyants après lui. Ibn Hisham a rapporté d'Ibn Ishaq que lorsque les musulmans de la Mecque, les Muhajirun, étaient arrivés à la Médine, le Messager de Dieu leur avait ordonné de choisir un frère chez leurs coreligionnaires de Médine, pour qu’ils puissent s’aider mutuellement. Le Messager de Dieu (Pbsl) avait choisi quant à lui, Ali ibn Abou Talib, son cousin, en disant: «Celui-ci est mon frère» Le Prophète de Dieu, le meilleur de tous les Envoyés (paix sur eux) et des pieux, l’envoyé du Seigneur de l’univers, qui n’a point d’égal, avait choisi une alliance fraternelle avec Ali ibn Abou Talib… [44]
Après la sixième année de l’hégire, avant la bataille de Tabouk, l’envoyé de Dieu (Pbsl) désigna Ali ibn Abou Talib, comme défenseur des femmes et des enfants et nomma Sabâun ibn Arfata comme gouverneur de la ville. Les hypocrites profitèrent de cette occasion pour dénigrer Ali (AS) en disant: "Il (le Prophète) l’a disgracié en le désignant pour garder les femmes et les enfants". Quand Ali fut informé de leurs paroles, il prit ses armes et rejoignit le Prophète, hors de Médine, pour lui faire part de ce qu'ils disaient. Il dit: "Prophète de Dieu, les hypocrites propagent la rumeur que tu m’as disgracié en me désignant comme gardien des femmes et des enfants!" Le Prophète répondit: «Ce sont des menteurs, je t’ai désigné comme lieutenant, va garder ma famille et la tienne, n’es-tu pas satisfait Ali, d’être pour moi comme Haroun pour Moïse, sauf qu’il n’y a point de Prophète après moi?»
Ali rentra à Médine et le Prophète (Pbsl) continua son voyage. [45]
Cet événement permit au Messager de Dieu de montrer que Ali ibn Abou Talib avait les mêmes fonctions que Haroun, c’est-à-dire qu’il était son soutien et son lieutenant, auprès du peuple.
L’IMPORTANCE DE L’ANNONCE DU PROPHETE
Le Prophète Muhammad (Pbsl) ne s'est pas contenté de désigner Ali ibn Abou Talib comme son héritier et successeur, mais il vantait aussi ses mérites et ses qualités devant les autres compagnons. La neuvième année de l’Hégire, le Prophète de Dieu décida d’envoyer Abou Bakr auprès des polythéistes de la Mecque pour leur réciter la sourate Tawbah (la neuvième sourate du Coran). Après un moment, il ordonna à Ali de le rattraper et d'annoncer lui-même ce message. Ali rattrapa donc Abou Bakr et lui prit le message. Abou Bakr, inquiet, vint demander à l’envoyé de Dieu si une Révélation avait été faite à son sujet. L’envoyé de Dieu répondit:
«Non, il m’a seulement été recommandé de faire cette annonce moi-même ou de désigner pour cela un homme de ma famille». [46]
ALI EST VOTRE MAITRE APRES MOI
Pendant des années, l’envoyé de Dieu (Pbsl) continua ainsi à désigner Ali ibn Abou Talib comme héritier, successeur et guide de la communauté islamique après lui. Il le répétait pour qu’il n’y ait plus de doute à ce sujet. Les musulmans de cette époque savaient qu'Ali devait succéder à l’envoyé de Dieu. Baridha a rapporté que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait à une occasion, nommé Ali ibn Abou Talib comme commandant de l’escadron pour une expédition au Yémen, et avait ordonné à Khaled ibn Walid de camper dans la montagne. Avant de partir, il lui dit:
«Si vous vous rencontrez, c’est Ali qui prendra le commandement».
Ils s'étaient donc mis en route. Les deux armées se rencontrèrent, avec le plus grand butin récolté jusqu'alors. Ali (AS) préleva le cinquième de ce butin, puis appela Khaled ibn Walid et lui prit le reste du butin. De retour à Médine, il alla informer l’envoyé de Dieu de leur voyage. Baridah qui rapporte cet événement, faisait aussi partie de cet escadron, et avait dit: «De retour à Médine, je suis entré dans la mosquée. Le Prophète était chez lui, seuls certains compagnons étaient présents dans la mosquée, ils me demandèrent quelles étaient les nouvelles. J’ai répondu que tout allait bien et que Dieu avait accordé la victoire aux musulmans. Ils me demandèrent où était le butin. Je leur répondis qu'Ali en avait prélevé une partie pour le Khoms (le cinquième, qui doit revenir à Dieu et au Prophète), et que je voulais en informer l’envoyé de Dieu. Ils me conseillèrent d'en informer le Messager de Dieu, et que certainement Ali sera dénigré par ce dernier. Le Messager de Dieu qui avait entendu leurs paroles, sortit furieux et leur dit:
«Qui va se permettre de dénigrer Ali? Celui qui dénigre Ali, me dénigre aussi ; celui qui s’écarte d’Ali, s’écarte de moi ; certes Ali est de moi et je suis d’Ali ; il fut crée par ma boue, et moi par la boue d'Ibrahim (psl) et je suis meilleur qu'Ibrahim et ses descendants. Dieu entend et connais toutes choses»,
Puis il ajouta: «Baridha, ne sais-tu pas qu'Ali avait le droit de prendre plus que ce qu’il a prélevé? Il est votre Maître après moi». J’ai dit: Envoyé de Dieu, tends-moi la main afin que te prête de nouveau, serment d'allégeance! Baridha expliqua qu'il ne s’était pas séparé de lui sans lui refaire serment d’allégeance». [47]
Cet événement avait été pour le Prophète Muhammad (Pbsl) une nouvelle occasion de prouver la supériorité d’Ali ibn Abou Talib sur tous les musulmans sans exception, y compris les deux premiers Califes Abou Bakr et Omar.
"LE COURONNEMENT"
Le lien entre la politique et la religion était une des questions sur laquelle le Messager de Dieu (Pbsl), insistait beaucoup. Il avait tout fait pour faire comprendre à la communauté, l’importance d’associer ces deux pouvoirs. Il avait pour cela, désigné les Membres de sa famille purifiée comme les plus compétents pour assumer ces lourdes tâches, qu'étaient la gestion de la communauté islamique et la défense de la religion de Dieu, après lui. C’est pour cela qu’il insistait beaucoup sur l’attachement à sa descendance purifiée et sur la succession d’Ali ibn Abou Talib, le Maître des Ahl-ul-Bayt (paix sur lui).
Après le pèlerinage d’adieux, le Prophète Muhammad (Pbsl) avait prononcé un discours où il avait dit aux musulmans:
«Écoutez! Je serai bientôt appelé et je répondrai à cet appel, je laisse parmi vous deux choses de valeur; le livre de Dieu et ma descendance. Ces deux choses ne se sépareront jamais jusqu’à ce qu’elles me rejoignent au Paradis. Tant que vous les suivrez, vous ne serez pas égarés» il avait aussi ajouté «En vérité, Dieu est mon Seigneur, et je suis le Seigneur de tous les croyants».
Après avoir dit cela, il prit la main d’Ali ibn Abou Talib (AS) et l’éleva, en disant: «Celui dont je suis le maître, voici Ali qui est aussi son maître. Mon Dieu! Sois l’ami de celui qui sera son ami et sois l’ennemi de celui qui sera son ennemi». [48]
LES COMPETENCES D’ALI IBN ABOU TALIB POUR LA DIRECTION DE LA COMMUNAUTE
La désignation d’Ali, par l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur eux), comme héritier, successeur et guide de la communauté islamique après lui, ne venait pas du fait qu'il fût son cousin ou le mari de sa fille Fatima (paix sur elle). Cette nomination n'était pas une décision personnelle de l’envoyé de Dieu, car ce dernier ne parlait jamais de lui-même. Tout ce qu’il disait ou faisait lui était dicté par son Seigneur et il ne privilégiait pas ses proches dans la gestion de la communauté islamique, une communauté qu’il avait lui-même créée, dirigée et organisée durant un quart de siècle. Il avait beaucoup lutté pour la défense de l'Etat islamique et pour la paix et le bonheur des croyants dans l’au-delà. Le Messager de Dieu (Pbsl) était le gardien de sa communauté, qu'il guidait et orientait vers tout ce qui était profitable à sa survie. Devait-il se limiter à cela et ne pas penser à celui qui allait lui succéder? Ne devait-il pas désigner un Guide à sa communauté pour préserver l’Etat islamique et la loi divine? Ne devait-il pas prévenir cette communauté de ce qui pouvait la faire dévier du droit chemin après lui? On ne peut pas dire ou même imaginer que le Prophète Muhammad (Pbsl) n’avait pas songé à cela, comme Dieu dit dans le saint Coran:
«Certes, un Messager prit parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, et qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants». [49]
La nomination d’Ali ibn Abou Talib par l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur eux), était l’accomplissement de la volonté de Dieu, c’est Dieu le Très-Haut qui avait choisi Ali comme Guide et Autorité Suprême de la communauté musulmane, après Son dernier Messager.
Ali ibn Abou Talib (AS) réunissait toutes les compétences du successeur digne de l’envoyé de Dieu, car il était le plus pieux, le plus savant et le plus courageux après le Prophète Muhammad (Pbsl), et se distinguait toujours des autres compagnons par ses actes et ses paroles.
LA SUPERIORITE D’ALI IBN ABOU TALIB
Il n’y a aucun doute que l’autorité religieuse et politique, requiert une connaissance étendue de la loi divine et des affaires politiques pour préserver l’unité et l’intégrité de la communauté islamique et la religion de Dieu de toute déviation et innovation. Il était déjà évident, à l’époque de l’envoyé de Dieu, qu'Ali ibn Abou Talib (AS) était le plus savant, le plus sage et le plus courageux après le Prophète. Le saint Prophète (Pbsl) avait lui-même affirmé cette supériorité, ainsi que les compagnons et les historiens. Les chaînes de hadith ont rapporté d'Ibn Abbas que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait dit un jour:
«Je suis la cité du savoir, Ali en est la porte, que celui qui veut entrer, passe par la porte». [50]
On trouve aussi dans un autre hadith:
«Je suis la Maison de la sagesse et Ali en est la porte». [51]
Par ces comparaisons, le Prophète de Dieu (Pbsl) tentait d'expliquer la supériorité d’Ali et ses aptitudes pour l’autorité religieuse et politique, après lui.
Salman Farsi rapporta qu’un jour, il avait posé cette question à l’envoyé de Dieu (Pbsl): "Tout Prophète a un successeur, qui est ton successeur?" Le Prophète après quelque temps l’appela et lui posa cette question: «Connais-tu l’héritier de Moïse?» Il lui répondit: oui, c’est Josué. Il demanda pourquoi, il répondit: "Parce qu’il était le plus savant des compagnons de Moïse".
Le Prophète dit alors: «Certes mon successeur et mon héritier, celui que je vous laisse après moi, celui qui exécutera mon testament et protégera ma religion, est Ali ibn Abou Talib». [52]
Certains compagnons de l’envoyé de Dieu (Pbsl) avaient même avoué qu'Ali ibn Abou Talib leur était supérieur. Les gens demandèrent un jour à Ibn Abbas: «Comment était Ali ibn Abou Talib?». Ibn Abbas répondit: Ali était plein de sagesse, de science et de courage, et le plus proche de l’envoyé de Dieu. [53]
Amr ibn Saïd ibn al Ans a rapporté qu'il avait demandé un jour à Abdullah ibn Ayâsh ibn Abi Rabian pourquoi les gens aimaient autant Ali ibn Abou Talib. Il avait répondu: "Mon neveu, Ali possédait toutes les sciences que tu peux imaginer, il avait la compétence et la première place dans l’islam, il était le gendre de l’envoyé de Dieu, il avait été élevé dans la jurisprudence et la Tradition prophétique, il avait fait preuve d'un courage exemplaire pendant la guerre, et il était généreux envers les pauvres". [54]
Abdul Malek ibn Suleyman a rapporté qu'il avait demandé à Atâu: "Est-ce qu’il y avait quelqu’un, parmi les compagnons de Muhammad, qui fut plus savant que Ali ibn Abou Talib?" Il avait répondu: "Non, par Dieu, il n’y en avait aucun". [55]
Ali ibn Abou Talib (AS) disait souvent: «Interrogez-moi sur le livre de Dieu, car il n’y a pas un verset dont j’ignore s'il fut révélé la nuit ou le jour, dans la plaine ou en montagne». [56]
Ibn Abbas rapporte que Omar ibn al Khattâb avait dit un jour: «Ali ibn Abou Talib est le plus juste de nous tous». [57]
Ibn Massoud a raconté qu'ils avaient l’habitude de dire que: «le plus juste des habitants de la Médine, était Ali ibn Abou Talib». [58]
Toutes les paroles des compagnons témoignent de ce qu’avait dit l’envoyé de Dieu (Pbsl): «Ali est le plus juste de ma communauté». [59]
Toutes ces paroles prouvent la supériorité d’Ali ibn Abou Talib (psl) sur l’ensemble des compagnons. Même Muawiya qui fut son pire ennemi, avait déclaré lorsqu’il apprit son assassinat:
"La jurisprudence et le savoir ont disparu avec Ali ibn Abou Talib." [60]
LE COURAGE D’ALI IBN ABOU TALIB
La force et le courage d’Ali ibn Abou Talib (psl) face à l’ennemi sont connus de tous. Même ses ennemis en ont témoigné. Aucun compagnon ne fut plus fort ou plus courageux que lui, c’est lui qui portait toujours l’étendard de l’Envoyé de Dieu (Pbsl), dans toutes les expéditions. [61]
Ali et la bataille de Badr
La participation d’Ali (psl) dans cette guerre, comme l’attestent les récits historiques, eut une grande importance, car c’est lui qui tua le plus grand nombre de polythéistes qui avaient prit part à cette bataille et qui auraient gagné la bataille si Ali ibn Abou Talib (psl) n’y avait pas participé. [62]
Ali et la bataille d’Ohod
Dans cette bataille, l’armée islamique écrasa la division principale de l’armée ennemie, cette fois encore c’est Ali ibn Abou Talib (psl) qui tua les adversaires les plus forts du camp ennemi. Voyant cela, l’ange Gabriel dit au saint Prophète: «Envoyé de Dieu, c’est un grand combattant» le Prophète de Dieu (paix et bénédiction sur lui et sur famille) lui dit: «C'est Ali, il est issu de moi et je suis issu de lui» et l’ange Gabriel ajouta:
«Et je suis issu de vous deux; écoutez cette voix: Il n’y a pas d’épée qui vaille le Zulfiqar (l'épée d'Ali), et il n’y a de combattant plus brave qu'Ali». [63]
Ali et la bataille de Khandak (le fossé)
Sur les conseils de Salman Farsi, les musulmans avaient creusé un fossé autour de la ville pour empêcher les ennemis d'entrer.
Au début, il n’y eut aucun affrontement. Mais après une quinzaine de jours de siège, des cavaliers Quraychites comme Amr ibn Abdou Wad, Akramah ibn Abi Jahl, Hobayra ibn Abi Wahab al Makhzumiyah, Dharar ibn Khatâb Shâir ibn Mordâs, le frère de Banu Muharib ibn Fahr, réussirent à approcher du fossé et à défier les combattants musulmans. Ils furent stupéfaits de la profondeur du fossé, qui était une tactique de défense inconnue des arabes et répandue chez les Perses. Comme il leur était impossible d'avancer, ils se contentèrent de lancer des flèches. Pour répondre à leur défi, Ali ibn Abou Talib sortit le premier et affronta Amr ibn Abdu Wud, très célèbre parmi les Arabes pour sa force et sa brutalité. Ce dernier avait aussi participé à la Bataille de Badr. Lorsqu’Ali se trouva face à Amr, il lui dit:
«Amr! Je t’invite à Dieu, à Son Prophète et à l’islam».
Amr répondit: «Je n’ai pas besoin de cela».
Ali: «Alors je t’invite au combat».
Amr: «Pourquoi, cher Neveu? [64] Par Dieu, je ne veux pas te tuer»
Ali répliqua: «Mais par Dieu! Moi je veux te tuer»
Énervé par ces propos, Amr descendit immédiatement de son cheval et s’avança vers Ali. Un combat très dur commença, soulevant une telle poussière qu'il était difficile de distinguer les combattants. Après quelques minutes de combat, Ali réussit à lui couper la tête. [65]
Suyuti, grand exégète sunnite, dans son commentaire "Adhur al Manthur", écrit à propos du verset:
«Et Allah a renvoyé, avec leur rage, les infidèles sans qu'ils n'aient obtenu aucun bien, et Allah a épargné aux croyants le combat. Allah est Fort et Puissant».
Comme l’expliquent également ibn Abi Hâtam, ibn Mardawi et ibn Asâkir, que l’envoyé de Dieu (Pbsl) récitait souvent ce verset
«… et Allah a épargné aux croyants le combat»
et le considérait comme une référence à Ali ibn Abou Talib.
Zahabi aussi a rapporté d'Ibn Mashud les mêmes propos. [66]
"Au début de cette guerre, les musulmans furent frappés d’une grande frayeur lorsqu’ils virent Amr ibn Abduwud, célèbre pour sa force et sa brutalité. Aucun compagnon ne prit le risque de l’affronter, à part Ali ibn Abou Talib (psl). Lorsqu’Ali se leva pour combattre Amr, l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur lui et sur sa famille), leva les mains au ciel en implorant son Seigneur:
«Mon Dieu, tu m’as enlevé mon oncle Hamza lors de la bataille d’Ohod, et Obaïdah mon cousin lors de la bataille de Badr, Protège Ali dans cette bataille. Mon Dieu, ne me laisse pas seul et sans défense. Tu es le meilleur des défenseurs». [67]
Quand Amr défia les musulmans et invita au combat, l’envoyé de Dieu attendit avant d'envoyer d’Ali ibn Abou Talib, il lui avait même dit: «C’est Amr» et Ali avait répondu: «Et moi, je suis Ali». Avant de le laisser partir, le Prophète l’avait embrassé et coiffé de son turban, puis ils s'étaient avancés ensemble vers le champ de bataille. L’envoyé de Dieu (Pbsl) éleva alors les mains vers le ciel pour implorer le secours de Dieu. Tous les musulmans étaient stupéfaits et attendaient le résultat final. Après un moment, ils entendirent les cris d'Ali: «Allah-o-Akbar» (Dieu est le Plus Grand). Tout le monde comprit qu’Ali avait réussi à tuer Amr dont les compagnons, qui étaient restés derrière le fossé, se mirent à fuir. C’est pour cette raison qu'Hazifa ibn al-Yaman avait déclaré: "Si on devait partager la récompense d’Ali ibn Abou Talib pour avoir tué Amr dans la Bataille de Khandak, entre tous les musulmans, leur nombre ne suffirait pas". Ibn Abbas avait dit à propos du verset:
«…et Allah a épargné aux croyants le combat»
que l’envoyé de Dieu le récitait souvent à Ali ibn Abou Talib (paix et bénédiction sur eux). [68]
Ali et la bataille de Khaybar
La septième année de l’hégire, pendant le mois de Muharram, l’envoyé de Dieu (Pbsl) sortit avec son armée pour la conquête de Khaybar, une citadelle qui abritait les juifs expulsés de Médine. L’envoyé de Dieu avait désigné quelques-uns des ses plus proches compagnons pour commander cette attaque, mais ils furent repoussés par les juifs qui étaient fortement armés et bien protégés. Baridha, l’un des compagnons qui avaient prit part à cette Bataille, a raconté que le Messager de Dieu (Pbsl) souffrait de maux de tête depuis un ou deux jours. Il avait donc désigné Abou Bakr pour commander les opérations, ce dernier avait combattu farouchement l’ennemi, mais avait été repoussé. Après lui le Prophète désigna Omar ibn al Khatâb pour continuer l’attaque, celui-ci avait déclenché une bataille encore plus dure que la première, mais fut aussi repoussé par l’armée juive. Lorsqu’Omar informa l’envoyé de Dieu (Pbsl) de la situation, ce dernier dit: «Par Dieu! Demain je remettrai mon étendard à quelqu’un que Dieu et son Prophète aiment, et qui remportera la victoire».
Baridha ajoute que personne ne pensait à Ali ibn Abou Talib, car ce dernier souffrait des yeux. Chacun attendait avec impatience, le lever du soleil en espérant être désigné par le Messager de Dieu.
Ali ibn Abou Talib (psl) s’était présenté au prophète le matin, malgré ses douleurs, le Prophète lui demanda: «Qu’as-tu?», il répondit: «J’ai mal aux yeux». Le Prophète lui dit: «Approche-toi de moi», lorsqu’il se fut approché de lui, le Prophète lui prit la tête contre la poitrine et lui mouilla les yeux de sa salive. Ses douleurs s'apaisèrent immédiatement et on raconte que depuis ce jour, Ali ne souffrit plus jamais de douleurs oculaires, jusqu’à son martyre.
Après cela, l’envoyé de Dieu lui confia le commandement de l’armée islamique pour continuer l'attaque de l’armée ennemie qui s’était retranchée dans la forteresse. Il eut un violent combat entre les deux armées. Après un moment Ali ibn Abou Talib (psl) réussit à achever un des meilleurs combattants juifs qui avait repoussé les précédentes attaques des musulmans. Marhab après la mort de son frère, proposa à Ali un combat au corps à corps. Lorsqu’ils se tinrent face à face, Marhab lança: «Tous les gens de Khaybar le savent, je suis Marhab, un guerrier hérissé d’armes dans une guerre furieuse»
Ali à son tour répliqua: «Je suis celui que sa mère à nommé Haydar (le Lion), je vais te peser, par l’épée, dans une gigantesque balance» [69]
Ils s'approchèrent l'un de l'autre pour le combat, après quelques minutes Ali lui administra un coup d’épée mortel de son épée (Zulfiqar), qui lui fendit la tête jusqu’à la poitrine. C’est ainsi que Khaybar finit par tomber aux mains des musulmans.
Abou Râfe, serviteur de l’envoyé de Dieu (Pbsl), raconte ce qui suit: "Nous sommes partis en guerre avec Ali ibn Abou Talib à qui l’envoyé de Dieu avait remis son étendard pour la conquête de Khaybar, lorsqu’il recouvrit la vue. Tous les gens de la ville s'étaient ralliés contre nous, mais Ali les a vaincus. Lors de cette Bataille, il fut frappé par un juif, d’un coup d'épée au bras. Malgré ses blessures, Ali réussit à arracher la porte de fer de la forteresse, en fit son bouclier et continua à combattre jusqu’à ce que Dieu lui accorde la victoire. Après la bataille, j’ai examiné et essayé de soulever cette porte avec sept autres personnes, mais en vain, nous n’avons pas pu la faire bouger d'un pouce." [70]
Ce récit a été rapporté par plusieurs rapporteurs de hadiths, comme Al Hâkim qui dit qu'Ali ibn Abou Talib (psl) avait demandé à Abou laylah: «Abou laylah, n’étais-tu pas avec nous à Khaybar?» Il répondit: «Si, j'y étais aussi quand l’envoyé de Dieu envoya Abou Bakr à Khaybar. Il avait conduit l'armée au combat mais furent mis en déroute».
Al Hâkim a rapporté que l’envoyé de Dieu (Pbsl) était parti avec l'armée, pour la conquête de Khaybar. En arrivant sur le terrain, il avait envoyé Omar ibn al Khatâb avec les combattants pour attaquer la ville. Ces derniers avaient combattu mais furent brutalement repoussés par les juifs. [71]
Ali et la bataille de Honaïn
La Bataille de Honaïn est l’une des plus importantes batailles qu’ont livrées les musulmans. L’envoyé de Dieu (Pbsl) était parti en expédition ce jour là, avec les dix mille soldats qui avaient conquis la Mecque avec lui et deux mille femmes, pour affronter les Hawâzens, une tribu arabe qui comptait des milliers de cavaliers. La bataille fut terrible. Au début les Hawâzens dominaient, les musulmans commencèrent à prendre la fuite. Sauf neuf personnes, dont Ali, qui portait l’étendard de l’envoyé de Dieu (Pbsl), tous les Muhajirun et les Ansars avaient fuit le champ de bataille… [72]
Anas a rapporté que lors de la Bataille de Honaïn, tout le monde avait fuit, excepté Abbas ibn Abdul Mutalib et Abou Sofian ibn Harith, le cousin du Prophète. L’envoyé de Dieu avait commandé alors d'appeler les Ansars et les Khazradjes, du nom des Gens de la sourate al Baqara, la deuxième sourate du saint Coran. Après cet appel, les combattants musulmans avaient repris leur poste et le combat. Ce jour-là, Ali ibn Abou Talib, comme d’habitude, acheva le plus grand nombre d'ennemis. [73]
Tous ces témoignages ne concernent qu’Ali ibn Abou Talib (psl), un grand guerrier qui avait toutes les compétences pour protéger les gens et leurs biens, et guider la communauté, comme Saül avait guidé la sienne en chassant Goliath de la Palestine.
LES CAUSES DE LA DISSENSION
Notre but n’est pas de citer toutes les qualités d’Ali ibn Abou Talib (psl) qui sont innombrables. Beaucoup de livres ont été écrits à ce sujet, Nous tenterons plutôt d'expliquer les véritables raisons qui ont poussé l’envoyé de Dieu (Pbsl) à exalter les qualités d'Ali ibn Abou Talib et à annoncer publiquement son rôle dans la vie de la communauté, en temps de paix ou en temps de guerre.
Ce n’était pas parce qu’il était son cousin et faisait partie des Ahl-ul-Bayt comme nous l’avons expliqué, mais pour attirer l’attention de la communauté musulmane sur les compétences d’Ali ibn Abou Talib et des Ahl-ul-Bayt (paix et bénédiction sur eux), pour les missions importantes, et pour les présenter aux musulmans, comme des références après lui. L’autre but était de montrer la soumission d'une partie de la communauté à la volonté de l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui reconnaissait l'autorité juridique et la Révélation, alors que d'autres pensaient qu'il favorisait son cousin, ses proches et ses descendants au détriment des autres compagnons, et imaginaient qu’ils avaient le droit de s’opposer aux décisions de l’envoyé de Dieu ou de donner leur opinion dans les affaires religieuses. Certains compagnons étaient même devenus jaloux, un défaut dont peu de gens sont à l'abri
Il ne s'agit pas de déclarations sans preuve, mais de faits réels, justifiés et de vérités confirmées par des textes historiques.
Nous avons auparavant cité un récit de Baridha qui confirmait que Khaled ibn Walid l’avait envoyé (psl) auprès de l’envoyé de Dieu pour se plaindre du fait qu'Ali ibn Abou Talib lui avait retiré le butin de leur expédition au Yémen. Il est probable, selon le témoignage d'autres compagnons qui l’avaient aussi encouragé à accuser Ali, que celui-ci cherchait l'occasion de se venger d'Ali qui avait ordonné qu'on le dépouille. Il s'imaginait que cette accusation nuirait au prestige d’Ali auprès de l’envoyé de Dieu (Pbsl), alors que celui-ci était sorti de sa demeure, en colère, et leur avait dit: «Celui qui nuit à Ali, me nuit aussi».
Jabir a rapporté que l’envoyé de Dieu (Pbsl) à Taïf, se dirigea vers Ali ibn Abou Talib et pria beaucoup pour lui. Il remarqua alors les visages crispés de certains compagnons qui trouvaient qu'il avait beaucoup trop prié pour lui. L’envoyé de Dieu (Pbsl) leur dit alors: «Ce n’est pas moi qui l'ai voulu, c’est Dieu qui me l’a ordonné». [74]
Zaïd ibn Arkam a rapporté que la porte de la maison d'un petit nombre de compagnons ouvrait sur la mosquée. Un jour l’envoyé de Dieu ordonna de fermer toutes les portes sauf celle d’Ali. Les rumeurs avaient commencé à courir à ce sujet. L’envoyé de Dieu loua et glorifia Dieu et s’adressa aux gens en ces termes:
«J’ai reçu l'ordre de fermer toutes les portes sauf celle d’Ali, il y a des gens qui commentent cette affaire, par Dieu! Je n’ai fermé ou ouvert aucune porte sans en avoir reçu l'ordre auquel j’ai obéi» [75]
Saïd ibn Abi Wakâs a également rapporté qu'un jour, il était assis dans la mosquée avec deux hommes qui étaient en train de dénigrer Ali ibn Abou Talib. L’envoyé de Dieu entra très fâché dans la mosquée, cela se lisait sur son visage. J’ai demandé à Dieu de me protéger de sa colère. L’envoyé de Dieu nous dit alors: «Qu’a-t-il entre vous et moi? Celui qui nuit à Ali, me nuit aussi». [76]
L'Imam Ali ibn Abou Talib (psl) rapporta qu'un jour, l’envoyé de Dieu le prit par la main pour aller dans certaines rues de Médine, "lorsque nous arrivâmes près d’un jardin, je lui dit: Envoyé de Dieu! Quel beau jardin! Il me dit: «Tu auras au paradis, un jardin beaucoup plus beau». Il me laissa passer, m’embrassa et fondit en larme, je lui demandai: Qu’est-ce qui vous fait pleurer, envoyé de Dieu? Il me répondit: «Certains ont de la haine pour toi, ils le manifesteront après moi», je lui dis: «Serai-je alors dans la voie de la religion?» Il me répondit: «Oui, tu seras dans la voie de la religion». [77]
Hayan ibn al Assadi a rapporté qu'il avait entendu Ali ibn Abou Talib dire: «L’envoyé de Dieu m’a dit en vérité, la communauté te trahira après moi, parce que tu vis selon ma religion et que tu tues selon ma Tradition. Celui qui t’aime, m’aime aussi et celui qui te mécontente, me mécontente aussi». [78]
La situation était confuse, tout était mis en œuvre pour éloigner les Membres de la Demeure prophétique, du Califat. Bien qu'ils sachent que les membres de la famille des Bani Hashem avaient été désignés à ce poste, la jalousie des Quraychites les poussa à refuser que la Prophétie et le Califat soient le privilège des Hashemites. Cela devint évident lors de conversations entre ibn Abbas et Omar ibn al Khatâb, le deuxième Calife. Abdullah ibn Omar raconte qu'un jour, des visiteurs se trouvaient chez son père et récitaient des poèmes: "Mon père demanda qui était le plus grand poète arabe. Les invités répondirent untel et untel. Abdullah ibn Abbas entra, salua et s’assit, Omar s'exclama: Notre savant est arrivé! Abdullah, qui est le plus grand poète arabe? Il répondit: Zahir ibn Abi Salama. Il lui demanda de leur réciter un de ses poèmes. Il dit: Commandeur des croyants! Je vais vous lire un poème où il loue la tribu des Banu Saman. Après avoir entendu le poème, Omar dit: "Par Dieu, il est vraiment le meilleur et je ne vois personne qui puisse l'égaler sauf les Hashemites, dans leur parenté avec l’envoyé de Dieu (Pbsl)".
Ibn Abbas répliqua: "Commandeur des croyants! Que Dieu t’accorde le succès, car tu sembles agir avec conscience". Omar dit: "Ibn Abbas! Sais-tu pourquoi les gens se sont éloignés de vous?" Il répondit: "Non, Commandeur des croyants." Il dit: "Moi je le sais". Ibn Abbas demanda quelle en était la cause. Il répondit: "Les Qurayshites sont trop fiers de leur origine", il regarda autour de lui et poursuivit: "Les gens n'ont pas voulu que vous possédiez à la fois, la Prophétie et le Califat'. Ibn Abbas dit alors: ''Est-ce que le Commandeur des croyants va m’écouter et m’épargner sa colère?" Omar lui dit: "Dis ce que tu veux". Ibn Abbas dit alors: "La parole du commandeur des croyants concernait les Quraychites, mais Dieu a dit:
«C'est parce qu'ils ont de la répulsion pour ce qu'Allah a fait descendre. Il a rendu donc vaines leurs œuvres». [79]
Quant à la vanité des Quraychites, si vous êtes fiers du califat, nous devons nous vanter, nous, de notre parenté, car les Bani Hashem possèdent l’éthique héritée de l’envoyé de Dieu (Pbsl) au sujet de qui Dieu a dit:
«Et tu es certes, d'une moralité éminente». [80]
«Et abaisse ton aile [sois bienveillant] pour les croyants qui te suivent». [81]
Et en ce qui concerne le choix des Bani Hashem, Dieu a dit:
«Ton Seigneur crée ce qu'Il veut et Il choisit; il ne leur a jamais appartenu de choisir…». [82]
et tu sais très bien, Commandeur des croyants, que Dieu choisit parmi ses créatures. Est-ce que les Quraychites ont aussi tranché, concilié et choisi selon la volonté divine?"
Omar répliqua à voix basse: "Ibn Abbas, les Bani Hashem se résignent à beaucoup de chose exceptée la tromperie des Quraychites, leur rancune est sans fin".
Ibn Abbas dit calmement: "Commandeur des croyants, ne t'imagine pas que les Hashemites sont des dupés, leur cœur vient du cœur de l’envoyé de Dieu (Pbsl), ils sont les Gens de la maison que Dieu a purifiés de toute souillure:
«…Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô gens de la maison [du prophète], et vous purifier pleinement». [83]
Quant à la haine dont tu nous accuses, comment ne pas éprouver de haine envers celui qui a usurpé nos droits et les a remis à un autre?" Omar répliqua: "Ibn Abbas! J’ai une nouvelle qui te concerne mais je crains qu’elle ne rabaisse ta position auprès de moi". Ibn Abbas lui demanda: "Quelle est cette nouvelle? Commandeur des croyants, informe-moi, si elle est fausse, je la démentirai et si elle est vraie, cela ne me rabaissera pas auprès de toi". Omar lui dit: "Le fait que tu répètes sans cesse que le Califat vous a été retiré injustement et par jalousie". Ibn Abbas répliqua: "En ce qui concerne la jalousie, Satan fut jaloux d’Adam et le fit sortir du Paradis. Nous sommes les enfants d’Adam jalousé, et au sujet de l’injustice, le commandeur des croyants sait mieux que quiconque, qui a droit au califat". Il ajouta: "Commandeur des croyants, ne favorises-tu pas les Arabes aux non arabes, à cause de l’envoyé de Dieu? Ne favorises-tu pas les Quraychites aux autres tribus arabes pour la même raison? Nous avons donc plus de droits que les autres Quraychites à cause de nos liens avec l’envoyé de Dieu (Pbsl)". Omar lui dit: "Lève-toi et rentre chez toi!" Ibn Abbas se leva mais Omar l'arrêta: "Attends!" " Ibn Abbas se retourna et dit à Omar: "Commandeur des croyants! Par la parenté qui me lie à l’envoyé de Dieu, j’ai des droits sur toi et sur tous les musulmans, celui qui respecte mes droits, respecte aussi ceux de l’envoyé de Dieu". [84]
Pour écarter Ali du pouvoir, certains prirent le prétexte qu'Ali avait tué plusieurs dirigeants polythéistes pendant les grandes guerres de l’islam, que les nouveaux convertis ressentaient encore de la rancune et de la haine envers lui, et qu'ils ne pouvaient supporter de le voir à la tête de la communauté islamique. Ibn Abbas rapporte que Osman ibn Anfâne avait déclaré ceci lors d'une discussion avec Ali ibn Abou Talib (psl), en disant: "Que puis-je faire pour vous, les Quraychites vous détestent. Dans la guerre de Badr, vous en avez tué soixante-dix et ces gens pleurent encore leurs guerriers".
LES COMPLOTS
Avant la mort de l’envoyé de Dieu (Pbsl), un grand complot s’était déjà préparé pour écarter les gens de la maison (Ahl-ul-Bayt) de la direction de la communauté islamique. Lors de l’événement de Ghadir Khum, l’envoyé de Dieu avait clairement désigné Ali ibn Abou Talib comme Référence et Guide de la communauté islamique après lui, dans l’administration des affaires religieuses, politiques, économiques et militaires.
Le comportement vis-à-vis de l’envoyé de Dieu (Pbsl), l’orgueil et le refus de certains compagnons d'accepter le commandement d’Oussama, l'idée que la maladie de l’envoyé de Dieu pourrait marquer la fin de sa mission prophétique et qu'il était nécessaire de penser à son remplacement, commencèrent à inquiéter les compagnons les plus proches du Prophète
Alors que l’envoyé de Dieu (Pbsl) se préparait à quitter ce monde pour aller à la rencontre de son Seigneur, des compagnons se préparaient à quitter Médine pour une expédition vers une terre lointaine et inconnue.
Ali ibn Abou Talib (psl) et ses partisans ne faisaient pas partie de l’escadron. Les compagnons avaient comprit que le Messager de Dieu voulait les éloigner de Médine pour préparer la succession d’Ali ibn Abou Talib au poste de calife et qu’à leur retour, tout serait décidé, les gens auraient choisi et prêté serment d’allégeance à Ali et les opposants n’auraient plus d'autre choix que de se soumettre. C’est pourquoi ils retardèrent le départ de l’armée d’Oussama, malgré l’insistance du Prophète qui leur ordonnait de partir au plus tôt.
Lorsque la maladie de l’envoyé de Dieu s’aggrava, il devint encore plus inquiet au sujet de l'armée d’Oussama qui n’était toujours pas partie en expédition, et des opposants qui ne s’étaient pas encore éloignés de Médine qui était alors la capitale du gouvernement islamique. Comme nous l’avons mentionné précédemment, l’envoyé de Dieu tenta une dernière stratégie, pour mettre fin à cette affaire, en demandant à mettre cette nomination par écrit pour éviter toute équivoque. Il demanda alors aux compagnons de lui apporter de l’encre et une plume pour écrire quelque chose qui les protégera de l'égarement, après lui.
Il n’était pas difficile pour les opposants de deviner ce que l’envoyé de Dieu (Pbsl) voulait écrire. Sur son lit de mort, le saint Prophète dit:
«Approchez-vous, je veux vous écrire un message qui vous protégera de l’égarement et de la déviation».
Ces paroles montrent que ce testament du Prophète ne concernait pas un héritage ou quelque chose de ce genre, mais concernait l’avenir de la communauté islamique toute entière, puisque la loi avait été complétée comme Dieu l’avait révélé:
«Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J'agrée l'Islam comme religion pour vous». [85]
En rapprochant les paroles de l’envoyé de Dieu (Pbsl) «qui vous protégera de l’égarement et de la déviation» et le hadith Thaqalayn «Si vous les suivez, vous ne vous égarerez jamais après moi», nous voyons clairement que l’envoyé de Dieu (Pbsl) voulait affirmer l'autorité des Gens de la maison et qu’Ali ibn Abou Talib était le chef de la communauté. Des opposants parmi les compagnons, repoussèrent cette dernière volonté de l’envoyé de Dieu (Pbsl) et prétendirent que sa maladie le faisait divaguer. [86] Leur dispute, face au prophète, ne fit qu’augmenter sa colère et l’envoyé de Dieu (Pbsl) finit par les chasser de chez lui.
Cette histoire n’est pas un argument propre aux chiites, Omar lui-même au début de son Califat, invita Ibn Abbas qui se trouvait chez lui, à manger des dattes. Ibn Abbas raconte: "Je n'en ai mangé qu'une alors que lui, avalait les dattes avec grand appétit. Après avoir terminé, il but de l’eau et s’allongea sur les coudes en glorifiant Dieu, sans cesse, puis il me demanda": "Ibn Abbas, d’où viens-tu?" Je lui répondis que je venais de la mosquée. Omar continua: "Où as-tu laissé ton cousin? (Je pensais qu’il parlait d’Abdullah ibn Jaffar)". Je lui répondis qu'il était en train de jouer avec les enfants. Il me dit: "Je ne parle pas de lui, mais de votre chef, celui des gens de la maison." Je lui répondis qu'il creusait un puits dans la plantation de dattes d’untel, en récitant le Coran. Il me dit: "Ibn Abbas, tu dois égorger un chameau si tu me caches la vérité sur la question du Califat, est-ce qu’il (Ali) y pense encore?" Je répondis: "oui". Omar ajouta: "Est-ce qu’il prétend toujours que le Messager de Dieu l’avait choisi?" Je répondis que oui, "j’ai interrogé mon père sur cette affaire, il m’a dit que c’était la pure vérité". Omar dit: "l’envoyé de Dieu était à bout de force, il n’a pas confirmé ses paroles et n’a pas tranché sur cette question. Quand il était malade, il a voulu éclaircir la situation en citant son nom mais je l'en ai empêché. Cela par précaution et par crainte pour l’islam, car s’il s’était exprimé à ce sujet, les Quraychites n'auraient pas accepté, ni supporté la rigueur qu’il leur aurait imposée en tant que chef, et auraient violé très vite leur serment d’allégeance. S’il l’avait investi, les Arabes se seraient révoltés sur toute l’étendue du territoire. L’envoyé de Dieu s’est tu parce qu’il savait que j'avais compris ce qu’il voulait écrire, et Dieu ne lui en a pas laissé le temps." [87]
TROISIEME CHAPITRE
LE NOYAU DU CHIISME
Contrairement à certains compagnons qui ne ressentaient pas l’obligation de se soumettre totalement, à toutes les décisions et à tous les enseignements de l’envoyé de Dieu (Pbsl), certains estimaient qu'il était obligatoire de se soumettre à toutes ses paroles, et qu'il fallait respecter toutes ses recommandations et toutes ses interdictions, sur le plan juridique ou dans tout autre domaine, après sa mort. Malheureusement ceux qui n'avaient pas de prises de position personnelles ou tribales, et respectaient les ordres religieux et politiques de l’envoyé de Dieu, n'étaient pas nombreux.
Ces compagnons estimaient qu'Ali ibn Abou Talib (psl), était le plus compétent pour devenir le Guide de la communauté islamique, et qu'il était doté d’une grande personnalité et de riches dispositions, indispensables à cette importante fonction qu'est le respect des lois et la gestion du gouvernement islamique que le Messager de Dieu avait fondé.
Les événements qui découlaient de l'époque de l’ignorance, l’hypocrisie accentuée après l’Hégire et la haine née des guerres entre les musulmans et leurs ennemis, exigeaient que l’envoyé de Dieu (Pbsl) soit succédé par quelqu’un de compétent et capable de défendre cet édifice, contre tous les dangers. Plusieurs parmi ceux que l’envoyé de Dieu avait surnommés "les affranchis", s’étaient convertis après la conquête de la Mecque. L’envoyé de Dieu (Pbsl) leur avait donné de l’argent et d’autres biens, afin d’apaiser la convoitise et la haine qu’ils ressentaient envers les musulmans et de leur faire abandonner leurs mauvaises habitudes.
Le Messager de Dieu (Pbsl) savait que leurs chefs étaient devenus musulmans à contre cœur et parce qu'ils n’avaient pas la possibilité d’échapper au contrôle du nouveau gouvernement.
L’existence de grandes et puissantes nations, aux frontières du jeune État islamique, était une menace et un danger permanent à l’extérieur de la péninsule arabe. Il était donc naturel que les musulmans optent pour une stratégie dissuasive le long de leurs frontières.
Contrairement aux opposants, les véritables croyants suivaient Ali ibn Abou Talib (psl), selon les directives et les paroles de l’envoyé de Dieu (Pbsl), et à cause de l'harmonie qui existait entre la décision de l’envoyé de Dieu et la personnalité d’Ali bin Abou Talib (psl). Le Messager de Dieu a dit:
«Celui qui m’obéit, obéit à Dieu ; celui qui me désobéit, désobéit à Dieu ; celui qui obéit à Ali, m’obéit et celui qui lui désobéit, me désobéit aussi». [88]
«Moi et Ali, sommes les preuves de Dieu pour Ses fidèles». [89]
«Il m’a été révélé trois choses sur Ali: qu’il est le Maître des musulmans, l’Imam des croyants et le Guide des jeunes chevaux aux pattes blanches». [90]
«Ali est avec la vérité, et la vérité est avec Ali, ils ne sépareront jamais jusqu’à ce qu’ils me rencontrent au paradis».
Un jour après avoir croisé Ali ibn Abou Talib (psl), le Messager de Dieu (Pbsl) dit:
«Celui-ci est avec la vérité et la vérité est avec lui» [91]
Ces paroles et tant d’autres, avaient permis aux compagnons de comprendre que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait confié à Ali ibn Abou Talib, une tâche de grande importance, et que la vérité et Ali étaient inséparables.
Nous avons auparavant expliqué que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait relié les Gens de la maison et le Coran, dans le hadith Thaqalayn (la Tradition des deux charges) et avait annoncé qu’ils ne sépareraient jamais jusqu’à ce qu’ils le rencontrent au paradis. Particulièrement au sujet d'Ali ibn Abou Talib (psl), il avait dit aussi:
«Ali est avec le Coran et le Coran est avec Lui, ils ne sépareront jamais jusqu’à ce qu’ils me retrouvent au paradis». [92]
Or nous savons tous que le Coran est une vérité sur laquelle il n’y a point de doute, si Ali est avec le Coran, cela montre que la vérité est toujours avec lui.
En conclusion, suivre Ali est une obligation, tout comme il est obligatoire de suivre la vérité. C’est dans ce contexte et en fonction de ces arguments solides, que les compagnons avaient compris la nécessité de s’attacher à Ali et d'abandonner tout ce qui pourrait le contredire. La position de ces compagnons était claire, même du vivant de l’envoyé de Dieu (Pbsl).
Muhammad Khord Ali a dit: «A l'époque de l’envoyé de Dieu, il y avait des grands compagnons qui étaient les partisans d’Ali ibn Abou Talib, comme Salman Farsi, et qui avaient dit: «Nous avons prêté avec sincérité, serment d’allégeance à l’envoyé de Dieu, et de loyauté envers Ali ibn Abou Talib».
Abou Saïd Khradari a dit: «Il y a cinq lois qui ont été ordonnées mais les gens n'en ont respecté que quatre» lorsqu’on lui demanda quelles étaient ces quatre lois, il répondit: «La Prière, l’aumône, le Jeûne du mois de Ramadan et le Pèlerinage» et au sujet de la loi qui avait été abandonnée, il répondit: «L’autorité d’Ali ibn Abou Talib». Quand on lui demanda s’il fallait se conformer aussi à celle-ci, il disait: «Oui».
Nous pouvons citer d’autres partisans, comme Abou Zhar al Ghafâri, Ammar Yasser, Hazifa ibn al Yaman, Hazina ibn Sabut, l’homme aux deux témoignages, Abi Ayoub Ansari, Khalid ibn Saïd ibn Ans, Kaïs ibn Ans, et Kaïs ibn Saïd ibn Ibâd. [93]
Le Docteur Sabahi Saleh a confirmé cette vérité en disant: «A l'époque de l’envoyé de Dieu, il y avait parmi les compagnons, des fervents partisans d’Ali ibn Abou Talib comme Abou Zhar al Ghafâri, Miqdâd ibn Aswad, Jabir ibn Abdullah, Obay ibn Kaab, Abou Tafil Amr ibn Wasal, Amar Yasser, Abou Ayoub Ansâri, Abbas ibn Abdul Mutalib et ses enfants. [94]
Certains chercheurs ont prétendu que le mot "Chiite" n’existait pas à l’époque de l’envoyé de Dieu (Pbsl), et qu’il s'agissait d'une innovation, alors que l’envoyé de Dieu prononçait ce mot de son vivant pour désigner les partisans d’Ali ibn Abou Talib (psl), et leur annonçait qu’ils étaient dans la vérité, les gagnants et les meilleures créatures de Dieu. Les Exégètes du saint Coran ont rapporté que lorsque ce verset fut révélé:
«Quant à ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, ce sont les meilleurs de toute la création»,
l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait dit: «c'est de toi Ali qu'il s'agit et de tes partisans». [95]
LA LIGNE EVIDENTE
Grâce aux continuelles exhortations et à l'insistance de l’envoyé de Dieu (Pbsl) sur la nécessité de rester attaché à Ali ibn Abou Talib et aux Membres de la Demeure prophétique, certains partisans d’Ali ibn Abou Talib croyaient que le califat ne sortirait jamais de la famille des Bani Hashem. Mais les événements se précipitèrent à Saqifa et bouleversèrent toutes leurs prévisions. Ce fut une grande surprise pour Ali (psl) et ses partisans bien que des signes avant coureurs laissent pressentir l’insoumission de certains Quraychites, à la volonté et aux enseignements de l’envoyé de Dieu (psl). L’un d'entre eux avait déclaré clairement à Ibn Abbas que la tribu des Qurayshites ne voulait pas que les Bani Hashem aient à la fois, la Prophétie et le Califat, et manifesta clairement ses intentions à Saqifa ibn Sâd.
Il est tout à fait probable que les partisans d’Ali ibn Abou Talib, se rendaient déjà compte des complots des Quraychites pour s'emparer du pouvoir.
Barah ibn Anzab raconte ainsi ces événements: "J’avais beaucoup d’affection pour les Bani Hashem et à la disparition de l’envoyé de Dieu (Pbsl), j’étais très affligé, profondément troublé et je craignais que les Quraychites ne cherchent à s’emparer du pouvoir. Je me suis rendu sur-le-champ, chez les Bani Hashem qui étaient dans la maison de l’envoyé de Dieu. Aucun Quraychite n'était présent, Abou Bakr et Omar ibn al Khattâb étaient introuvables. J’ai entendu dire de Saqifa ibn Sâd que des gens s'étaient réunis, puis une autre voix annonça qu'ils avaient prêté serment d’allégeance à Abou Bakr. Soudain j’ai vu Abou Bakr, Omar, Abou Obaïda et ceux qui étaient à Saqifa. Ils étaient habillés de voiles très amples et serraient la main de tous les gens qui passaient, qu'ils le veuillent ou non. Ils leur prenaient la main et la plaçaient dans la main d’Abou Bakr pour prêter serment. J’étais stupéfait et dégoûté par cet acte odieux. Je suis retourné rapidement chez les Bani Hashem, la porte était fermée et j’ai frappé avec force en disant: les gens ont fait serment d’allégeance à Abou Bakr ibn Abi Qahafa. Abbas répondit: "Vos mains resteront souillées jusqu’à la fin du monde, je vous ai ordonné et vous m’avez désobéit". Les événements me dépassaient et mon âme était tourmentée. Dans la nuit j’ai rencontré Miqdad, Salman Farsi, Abou Zhar, Anbad ibn Sâmit, Abou Aysam ibn al Ataïham, Hazifa et Ammar ibn Yasser, qui voulaient organiser un conseil avec les Muhajirun pour examiner la situation. [96]
Après l’événement de Saqifa et le serment d’allégeance à Abou Bakr ibn Abi Qahâfa, le camp des partisans d’Ali ibn Abou Talib (psl) commença à se manifester clairement, pour condamner ce serment d’allégeance précipité.
Salman Farsi dit: «Vous êtes devenus des législateurs et vous avez commis une grande faute envers les Membres de la famille de votre Prophète (Pbsl). Si vous aviez respecté leur droit, personne ne pouvait s’opposer à vous».
Abou Bakr et Omar ibn al Khattâb commencèrent à exercer des pressions sur Ali ibn Abou Talib (psl), qui refusait de prêter serment d’allégeance. Oumu Mistâha se rendit sur la tombe de l’envoyé de Dieu et récita ces paroles:
«Les événements et les paroles se mélangent, si tu étais présent, ces malheurs n’iraient pas en s’aggravant.
Nous t’avons perdu, la terre et tout ce qu’elle possède, t’a perdu aussi.
Ta communauté est désorientée, regarde-là, ne t’éloigne pas d’elle». [97]
Barah ibn Anzab, stupéfait par ces événements qu'il désapprouvait, poursuit son récit: "Pendant la nuit, je suis allé à la mosquée et je me suis rappelé qu’autrefois, j’y écoutais l’envoyé de Dieu qui récitait le Coran. Je me suis levé et je suis sorti en pleine nuit dans le quartier des Bani Baïdwa. Tout à coup, j’ai vu un groupe de gens qui parlaient à voix basse et se turent en me croisant. Je m’éloignai mais ils me reconnurent, malgré l'obscurité, je ne les avais pas reconnus, ils m’appelèrent et quand je me suis approché d’eux, j'ai vu Miqdad ibn Aswad, Abad ibn Sâmit, Salman Farsi, Abou Zhar al Ghafâri, Hazifa et Abou Aysam ibn Taïham.
Hazifa leur dit: "Par Dieu, ce que je vous ai dit est vrai, je ne vous ai pas trompé, est-ce que Obay ibn Kaab est au courant?" Ils voulaient organiser une réunion avec les Muhajirun pour examiner la situation, nous sommes allés chez Obay, nous avons frappé à la porte. De derrière la porte il a demandé qui était là. Miqdad lui répondit, il répliqua: "Que voulez-vous?" Miqdad lui répondit que la situation était très grave et qu’il ne fallait pas rester à rien faire. "Pourquoi ouvrirais-je la porte, je sais ce que vous voulez, vous pensez qu'il s'agit d'un complot" dit-il. Nous avons répondu que oui. Il demanda: "Est-ce que Hazifa est avec vous?" Nous répondîmes que oui, il dit: "Il n'y a rien à faire. Par Dieu! Si j’ouvre la porte, la situation se détériorera d’avantage, Dieu est le meilleur Protecteur". [98]
Il n’y a aucun doute que depuis plusieurs années Obay connaissait des secrets qu’il aurait pu dévoiler, mais malheureusement, il mourut le lendemain.
Ounti ibn Sakhrara raconte qu'Obay ibn Kaab avait dit: "Compagnons de l’envoyé de Dieu! Que voulez-vous?" Ils dirent: "Nous venons de loin et nous te voulons du bien, mais tu ne fais rien pour nous aider". Il répondit: "Par Dieu! Si je reste en vie jusqu’à vendredi, je dirai ce que je sais, cela n'importe pas qu’ils me tuent ou me laissent en vie". Lorsque je suis sorti le vendredi, la ville de Médine était agitée, qu’est-ce qui se passe? Ils répondirent qu'Obay ibn Kaab, le seigneur des musulmans était décédé. [99]
Ibn Sâad avait soupiré: «Si seulement j’avais entendu le secret de cet homme!» [100]
Hakim raconte: Obay avait dit: "Si je reste en vie jusqu’à vendredi, je dirai tout ce que j’ai entendu de l’envoyé de Dieu sans craindre personne." [101]
Yaqoubi raconte: "Un grand nombre de Muhajirun et d'Ansars ont protesté contre le serment d’allégeance à Abou Bakr et se sont ralliés à Ali ibn Abou Talib (psl), parmi eux: Abbas ibn Abdul Mutalib, Fazel ibn Abbas, Zoubaïr ibn Anwar, Khaled ibn Saïd, Miqdad ibn Amru, Salman Farsi, Abou Zhar, Ammar ibn Yasser, Barah ibn Anzab et Obay ibn Kaab". [102]
C’est pour cela que beaucoup de chercheurs et d'orientalistes prétendirent que le Chiisme était apparu après l’événement de Saqifa, comme Jolid Tasihar.
Un groupe de compagnons était mécontent de la politique d'Abou Bakr et d'Omar, les premiers Califes qui avaient bafoué toutes les règles de respect envers la famille de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Ce groupe privilégia le choix d’Ali ibn Abou Talib, le cousin, le plus proche et aussi le mari de la fille du Prophète, Fatima Zahra. Mais ils n’eurent pas l'occasion de donner leur avis. [103]
Khaled ibn Saïd ibn Ans rentrait d'une mission que l’envoyé de Dieu (Pbsl) lui avait confiée, après le serment d'allégeance des gens à Abou Bakr. Quand on l'appela pour prêter serment d’allégeance, il refusa catégoriquement. Omar dit à Abou Bakr: "Laisse-le, je vais m’en occuper", mais celui-ci le lui interdit. Un an après, Abou Bakr passait devant la maison de Khaled qui était assis sur le seuil et qui lui demanda s'il avait toujours besoin qu’on lui prête serment. Il répondit que oui et Khaled lui prêta serment sans bouger de son seuil. [104]
Les partisans d’Ali ibn Abou Talib (psl) continuèrent à protester publiquement jusqu’à la fin du règne d'Osman ibn Anfane. Le troisième jour, c’est-à-dire le jour que Omar ibn al Khattâb avait fixé pour le choix de son successeur, Abd Rahman ibn Ounf dit: "Indiquez-moi quelqu’un parmi ces deux hommes, Ali ibn Abou Talib et Osman ibn Anfane". Ammar ibn Yasser éleva la voix et dit: "Si tu ne veux pas que les gens divergent, choisis Ali". Miqdad enrichit: "Ammar a raison, si tu prêtes serment à Ali nous écouterons et nous obéirons". [105]
Abdullah ibn Abi Sarah dit [106]: "Si tu ne veux pas que les Quraychites tombent en désaccord, choisis Osman". Abdullah ibn Abi Rabian al Makhzumi ajouta: "Il a raison, si tu prêtes serment à Osman, nous écouterons et obéirons". Ammar ibn Yasser interpella ibn Abi Sarah en disant: "Depuis quand es-tu devenu un conseiller de l’islam?" Les Hashemites et les Omeyyades commencèrent à discuter. Ammar ibn Yasser se leva et dit: "En vérité, Dieu vous a honorés par son Prophète et vous a fait une grâce par Sa religion, jusqu’à quand allez-vous usurper le droit des Membres de la demeure Prophétique au califat?" Quelqu’un de la tribu Makhzum dit: "Qu’est-ce que tu as contre les Quraychites?"
Sâd dit: "Abd Rahman, arrête avant qu’il y ait une émeute".
Abd Rahman s’opposa au choix d'Ali et continua la politique des deux Califes, en choisissant Osman ibn Anfan. Il déclara: "J’ai choisi selon mes convictions personnelles et je prête serment à Osman." Ali ibn Abou Talib (psl) dit: «Ce n’est pas la première fois que vous vous opposez à nous, la patience est une bonne chose et Dieu me secourt contre tout ce que vous faites. Mon Dieu! Je ne cherche le pouvoir que pour le remettre à Toi et chaque jour Dieu fait une nouvelle œuvre».
Abdu Rahman dit: "Ali, ne cherche pas des histoires!" faisant allusion à l’ordre d’Omar qui consistait à tuer tous ceux qui s’opposeraient à la décision d’Abd Rahman. Mais Talha refusa de lui trancher la tête. Ali se leva et sortit en disant: «le livre atteindra son but».
Ammar ibn Yasser dit: "Par Dieu, Abd-o-Rahman tu as abandonné celui qui juge avec droiture et que les gens cherchent à égaler dans sa justice".
Miqdad enrichit: "Par Dieu, je n’ai jamais compris ce qui est arrivé aux Quraychites après la mort de leur Prophète! Ils ont délaissé le plus équitable, le plus savant et le plus pieux. Par Dieu, si seulement j’avais des gens pour me soutenir!" Abd-o-Rahman rétorqua: "Crains Dieu, Miqdad! Tu vas t'attirer des problèmes." [107]
Le jour suivant, lorsque la question d’Osman ibn Anfane fut réglée, Miqdad rencontra Abd-o-Rahman ibn Aounf, qui lui prit la main en disant: «Si tu cherchais l’agrément de Dieu, qu’Il te donne ta récompense ici-bas et dans l’au-delà, mais si tu cherchais les honneurs de ce monde, que Dieu te donne beaucoup d’argent». Abd-o-Rahman lui dit: "Ecoute! Que Dieu te bénisse!" Il rétorqua: "Non, je ne t’écouterai pas" et il retira sa main de la main d'Abd-o-Rahman. Il se rendit chez Ali ibn Abou Talib (psl) et lui dit: "Lève-toi et combats, nous sommes avec toi". Ali lui dit: «Que Dieu te bénisse! Qui dois-je combattre?». Ammar ibn Yasser se leva et cria: "Assassins de l’islam, levez-vous et faîtes quelque chose, c’est le commencement de l’abomination, par Dieu si j’avais des gens pour me soutenir, j’irais les combattre, par Dieu! S’il y avait une seule personne qui les combatte, je serais la deuxième". Ali ibn Abou Talib (psl) dit: "Abou Liktân, je ne vois personne qui puisse vous soutenir et moi je ne m’opposerai pas à ce que vous ne supportez pas". [108]
Pendant cette période, l’opposition des partisans d’Ali ibn Abou Talib prit une autre ampleur, leur patience était à bout et ils appelaient parfois à la révolte pour prendre de force le pouvoir. Mais malgré l’instance de ses partisans, Ali ibn Abou Talib (psl) avait une autre vision du problème. Il était conscient du danger qui menaçait la communauté et connaissait très bien les intentions des adversaires, qui étaient nombreux. Pour confirmer ceci Djundab ibn Abdullah rapporta: «Je suis entré dans la mosquée de l’envoyé de Dieu et j'ai vu quelqu’un à genoux et très attristé comme s'il avait été dépouillé de tout ce qu’il possédait dans ce monde, qui murmurait: "Comme les Quraychites sont étonnants! Ils écartent du pouvoir les Membres de la famille de leur Prophète alors qu’il y a parmi eux le premier musulman, le cousin de leur Prophète, le plus savant des hommes, le plus instruit en jurisprudence islamique, le plus compétent en islam, le plus clairvoyant, le mieux guidé dans la juste voie, par Dieu! Ils ont éloigné du pouvoir le guide, le guidé, le pur, le purifié, sans s'inquiéter du bien de la communauté, non! Ils ne l’ont pas fait à cause de la religion, mais pour leurs intérêts personnels. Que les injustes soient punis!" Je me suis approché de lui et je lui ai demandé qui il était. Il a répondu: "Je suis Miqdad ibn Amr." Je lui dis: "Pourquoi ne te soulèves-tu pas pour en finir avec eux?" Il me répondit: "Mon frère, ce n’est pas l’affaire d’une ou deux personnes". Puis, je suis sorti et j’ai rencontré Abou Zhar al Ghafari à qui j'ai raconté ce qui s'était passé, il m'a dit que Miqdad avait raison. Ensuite je suis allé chez Abdullah ibn Mashoud qui enrichit: "Nous avons été informés et nous n’avons rien fait". [109]
Mais le Hadith d’Ibn al Hadid était différent. [110]
Les événements qui se sont déroulés pendant le Califat d’Osman ibn Anfane amenèrent les gens, petit à petit, à comprendre certaines vérités. Ce fut le début d'un mécontentement général et d'une opposition politique, qui allèrent en se développant, jusqu'à ce que la société se rende compte de la grave injustice faite à Ali ibn Abou Talib (psl). Au fil des années, cette injustice vis-à-vis d'Ali ibn Abou Talib et les Gens de la maison, devint de plus en plus évidente.
Abdullah ibn Massoud et Abou Zhar al Ghafari furent les premiers chiites qui tentèrent de renverser la situation et de remettre le Califat à celui qui le méritait, c'est à dire Ali ibn Abou Talib. Leur appel rencontra beaucoup de difficultés et l'opposition verbale se transforma rapidement en une opposition armée qui aboutit au renversement du troisième Calife.
Hazifa ibn al Yaman (l’un des premiers chiites), sur son lit de mort fit certaines révélations à ce sujet, il leur dit: Pourquoi critiquez-vous Ammar ibn Yasser? Ils répondirent qu'il ne se séparait jamais d’Ali ibn Abou Talib. Il répliqua: "Vraiment, la jalousie est destructrice, où est le problème? En vérité Ali ibn Abou Talib est meilleur qu'Ammar ibn Yasser, ils sont aussi éloignés l'un de l’autre que le ciel de la terre, et Ammar fait partie de ses partisans". Hazifa ibn al Yaman savait qu’ils détestaient Ammar ibn Yasser parce qu’il était toujours en compagnie d'Ali ibn Abou Talib (psl). [111]
Quand Hazifa ibn al Yaman fut informé de l’investiture d’Ali ibn Abou Talib, il appela ses amis, leur rappela Dieu, leur fit des recommandations et leur ordonna de renoncer aux plaisirs terrestres et de rechercher l’au-delà, en suivant Ali, le Commandeur des croyants, le successeur du Seigneur des Messagers, qu'il était juste de soutenir. [112]
Hazifa ibn al Yaman craignait les discordes. A l'époque où les partisans d’Ali ibn Abou Talib (psl) appelaient les gens à se rallier à celui-ci, lui de son côté, disait aux gens: "Suivez le groupe qui appelle à l’attachement à Ali ibn Abou Talib, car il est dans la bonne voie". [113]
Abou Zhar al Ghafari, dans la mosquée de l’envoyé de Dieu (Pbsl), disait: "Mohamad, héritier de la connaissance d’Adam et des Prophètes, Ali ibn Abou Talib! Successeur de Mohamad et héritier de sa connaissance. Vous les membres de la communauté, perplexes après le départ de leur Prophète, si vous aviez choisi celui que Dieu a choisi et relégué celui que Dieu a relégué, et si vous aviez donné le pouvoir et l’héritage aux Membres de la famille de votre Prophète, vous auriez été comblés de la tête aux pieds. Les croyants y auraient trouvé leur substance et personne n’aurait échoué dans le respect des obligations de Dieu, il n’y aurait eu aucune divergence dans le jugement et dans les difficultés, vous auriez trouvé la solution auprès d’eux, dans le livre de Dieu et la Tradition de votre Prophète. Mais si vous continuez sur cette voie, vous en sortirez tourmentés et éprouvés, et les injustes sauront quel regrettable retour leur est réservé". [114]
Andi ibn Hatin a dit: "Par Dieu, si c’est la connaissance du Coran et de la Tradition qui importe, Ali ibn Abou Talib (psl) est le plus savant de tous et il est le cousin du Messager de Dieu (Pbsl) et le sommet de l’islam. Dans l’ascétisme et l’adoration, il est le plus ascète et le plus pieux, et pour l’intelligence et la générosité, il est le plus intelligent et le plus généreux".
APRES LA PRESTATION DE SERMENT
L’appel des partisans d’Ali ibn Abou Talib eut un écho qui, jour après jour, contribua à l’extension du Chiisme. Les autres compagnons et les "Tabiyin" (ceux qui n’ont pas vu l’envoyé de Dieu mais ont vécu avec ses contemporains) se joignirent à ce mouvement. Il n'est pas étonnant que le jour du serment d’alliance à Ali ibn Abou Talib (psl), Malek Ashtar ait dit: "Ecoutez tous! Celui-ci est le successeur des successeurs, l’Héritier de la science des Prophètes, le brave des braves, l’homme dont sa foi est témoignée dans le livre saint et à qui l’envoyé de Dieu (Pbsl) a promis le paradis, personne ne doute de ses qualités de savant et de sa supériorité sur les premiers et les derniers".
Malek Ashtar prêta serment d’allégeance à Ali ibn Abou Talib en tant que représentant des habitants de Koufa, Talha et Zubeïr pour les Muhajirun, Abou Hayshim ibn al Tayhan, Ounkba ibn Amr et Abou Ayoub dirent qu'ils prêtaient serment d’allégeance au nom des Ansars et des autres Quraychites. Bin ibn Kaïs ibn Shamas al Ansari, le délégué des Ansars prit la parole le premier et dit: "Par Dieu, Commandeur des croyants, ceux qui t’ont précédé au pouvoir ne l’ont pas fait dans le respect de la religion, s’ils t’ont précédé hier, aujourd’hui tu les as rejoints, ils connaissaient ton rang que personne d'ailleurs n'ignorait, ils recouraient à toi dans les difficultés qu'ils étaient incapables de résoudre alors que toi, tu n'as jamais eu recours à eux".
Hazima ibn Sabit Ansari, "l’homme aux deux témoignages" se leva et enrichit: "Commandeur des croyants, si nous avions été sincères avec toi, le pouvoir te serait revenu et tout cela ne serait pas arrivé. N’es-tu pas le plus savant, le plus croyant et le premier à avoir cru en l’Envoyé de Dieu? Tu as tout ce qu’ils ont et ils n’ont rien de ce que tu as". Suan ibn Souhab ajouta: "Par Dieu, Commandeur des croyants, tu as honoré le Califat alors que celui-ci ne t'a rien donné de plus, tu l’as élevé alors qu'il ne t’a pas élevé, tu t’es détourné de lui alors qu'il a toujours eu besoin de toi." [115]
UN PARCOURS DIFFICILE
Pendant le Califat d’Osman ibn Anfane, les partisans d’Ali ibn Abou Talib (psl) étaient devenus très nombreux.
Après le serment d’allégeance du peuple et son investiture, Ali ibn Abou Talib avait déclaré: "Ils se sont jetés sur moi comme un chameau assoiffé que le chamelier envoie à l’abreuvoir, j’ai même cru qu'ils voulaient me tuer ou tuer mon fils". [116]
Lorsqu’il accéda au pouvoir, certains compagnons comprirent qu’Ali ibn Abou Talib voulait remettre les choses en ordre, comme à l'époque du Messager de Dieu (Pbsl) et restaurer l’égalité entre les musulmans dans la répartition des richesses, une tradition que Omar ibn al Khattâb et Osman ibn Anfane avaient oubliée depuis longtemps. Il avait aussi décidé de renvoyer certains gouverneurs à cause de leur mauvaise conduite, surtout à l'époque d’Osman ibn Anfane. Ces décisions furent à l'origine d'une opposition qui se transforma en une suite de guerres pendant près de cinq ans. Les guerres de Djamal et de Seffine furent les plus cruelles et beaucoup de chiites, dévoués, sincères et croyants tombèrent au champ de bataille. La plupart des soldats, restés vivants, n’étaient pas des véritables chiites, dévoués et sincères. Affaiblis par la guerre, ils ne purent résister au premier appel trompeur, pour la fin des hostilités.
Lorsqu’Ali ibn Abou Talib (psl) essaya de leur expliquer qu'il s'agissait d'une tactique et d'une ruse de l’ennemi, ils se retournèrent contre lui et le menacèrent de le tuer ou de se rendre à l’ennemi.
La guerre s'épuisait et ils acceptèrent très vite qu'un juge vienne trancher entre eux. En fin de compte, le résultat ne leur fut pas favorable et après avoir compris leur erreur et la ruse de l’ennemi, ils cherchèrent à résoudre le problème d’une autre manière. Ils demandèrent à reprendre les combats mais il était clair qu’ils n’étaient pas des compagnons sincères et qu'ils n’avaient pas une foi inébranlable. Cet événement avait montré qu’ils n’étaient des partisans d'Ali Ibn Abi taleb, qu'en apparence.
Leur comportement montre que l'opposition des compagnons de première ligne, était devenue habituelle et que la désobéissance aux gouvernants était devenue naturelle, comme cela était le cas à l'époque du Messager de Dieu (Pbsl). Cette désobéissance persista et Ali ibn Abou Talib (psl) décida de ne plus combattre, après tous ces crimes, les pertes immenses et tant d'innocents assassinés.
Les guerres avaient affaibli et diminué le nombre de ses véritables partisans. Comment l'Imam pouvait-il inciter et encourager à la lutte, le petit nombre de partisans dévoués qui lui restait.
Puis arriva un grand malheur quand l’un des opposants, Ibn Muldjam, l'assassina pendant la prière. Cet assassinat, survenu dans une période difficile, fut un obstacle à l’évolution du Chiisme. Hassan ibn Ali, le fils de l'Imam Ali n’eut pas la possibilité de redresser la situation, par manque de partisans, et à cause du petit nombre de ses fidèles compagnons. Lorsque celui-ci se rendit compte qu’il était inutile de continuer la guerre dans de telles conditions, il conclut une trêve avec Muawiya ibn Abou Sofian qui prit le pouvoir. Les choses se compliquèrent encore. Cette période fut une période très difficile pour les chiites. Muawiya ibn Abou Sofian commença à se venger en les persécutant. Il les pourchassait et les exterminait jusqu'à ce qu'il ne restât plus qu'un nombre infime de véritables chiites. Nous pouvons citer parmi les victimes Hadjar ibn Andi et ses amis. Les chiites furent persécutés pendant les vingt ans de pouvoir de Muawiya. Ibn Abi Hadid al Montazeli raconte dans son livre «Al Ahdâs» les persécutions des chiites. Il écrit: "Muawiya ibn Abou Sofian écrivit une lettre à ses subordonnés après l’année du rassemblement, en disant qu'il ne voulait plus voir un seul hadith sur les qualités d’Ali ibn Abou Talib et des Membres de sa famille, et ordonna à tous les imams des mosquées de maudire du haut de leur chaire, Ali ibn Abou Talib et sa famille, et de les bannir de la communauté.
Dans cette longue et douloureuse épreuve, les habitants de Koufa étaient les plus visés, à cause du grand nombre de chiites qui vivaient dans cette ville. Muawiya ibn Abou Sofian nomma Ziyad ibn Somaya, gouverneur de Bassora. A l'époque de l’Imam Ali ibn Abou Talib, Ziyad ibn Somaya avait fait partie de la communauté chiite et les connaissait bien. Il les exterminait, leur coupait les bras et les jambes, leur perçait les yeux, et crucifiaient sur les palmiers ceux qu'il arrivait à attraper. Les rescapés s'enfuirent d’Irak. Personne ne resta en vie, qui soit susceptible d'être un partisan d’Ali ibn Abou Talib.
Muawiya ibn Abou Sofian ordonna à ses gouverneurs, dans tout le territoire, de ne jamais accepter le témoignage d’un chiite et de rassembler dans la population, les partisans d’Osman ibn Anfane et de sa famille, et ses sympathisants, et de leur rendre hommage. Il ordonna aussi d’écrire les noms des pères et du clan de toute personne qui rapportait un hadith sur les qualités d’Osman ibn Anfane et de sa famille. Les gouverneurs obéirent et le nombre de hadiths sur les qualités d’Osman ibn Anfane et de sa famille, augmenta de façon sensible, surtout en Egypte. La concurrence se développait dans toutes les villes et sur toute l’étendue de l’empire Omeyyade. Tout le monde vantait les qualités d’Osman ibn Anfane pour se rapprocher du gouvernement. Osman écrivit alors à ses gouverneurs, de demander aux gens de citer désormais, les qualités des deux premiers Califes.
Les hadiths sur Osman étaient devenus nombreux et s'étaient répandus dans toute l’Egypte. Il recommanda de copier sur les qualités d’Ali ibn Abou Talib et enrichit en ces termes: "En vérité, je suis très satisfait, la prunelle de mes yeux, Osman, a maintenant beaucoup de qualités et je peux désormais réfuter les arguments d’Abou Tourab (l’un des surnoms d’Ali) et de ses partisans".
Beaucoup de qualités de certains compagnons qui ont été citées dans les livres, ne sont que des mensonges qui ont été répandus dans les mosquées, récités dans les écoles, et appris par cœur comme on apprenait le Coran.
Muawiya ibn Abou Sofian écrivit encore à ses gouverneurs et leur ordonna de chercher s’il existait encore un partisan d'Ali et de sa famille à un poste de commandement, de le destituer aussitôt, de lui prendre tous ses biens et de lui infliger un châtiment exemplaire. Il ordonna aussi de détruire la maison de tout partisan supposé d'Ali et de sa famille. Les habitants d’Irak endurèrent beaucoup de souffrances, surtout ceux de la ville de Koufa. Les partisans d’Ali pendant cette période de terreur, ne pouvaient avoir confiance en personne, ils ne confiaient leur secret qu’aux croyants dignes de foi qui pouvaient garder leur secret, et ne révélaient leurs croyances ni leurs serviteurs ni à leurs esclaves.
Une multitude de faux hadiths se répandit sous les yeux des jurisconsultes et des juges du gouvernement. Les gens colportaient ces mensonges pour se rapprocher de leurs dirigeants, recevoir des récompenses et accéder à des postes importants, le tout sous des apparences d’humilité et de piété. Le plus regrettable est que ces hadiths tombèrent aux mains de religieux qui les citèrent dans leurs sermons sans se rendre compte qu'il ne s'agissait que de mensonges et de calomnies. C’est dans cette période de persécutions et de malheurs que mourut en martyr, Hassan ibn Ali ibn Abou Talib, empoisonné par sa femme, que Muawiya avait corrompue. Après sa disparition, les malheurs et le désordre augmentèrent, les quelques chiites qui étaient sortis vivants de ce génocide, vivaient cachés ou fuyaient le pays.
Après l’assassinat d’Hussein ibn Ali ibn Abou Talib (paix sur eux), la situation se détériora encore d’avantage. Abdullah ibn Marwan prit le pouvoir, pourchassa les chiites et nomma Hojaj Ibn Youssof qui rassembla autour de lui des gens remplis de haine pour Ali et d'amour pour ses ennemis. Ils se mirent à écrire tout ce qui leur passait par la tête sur les qualités des ennemis d’Ali ibn Abou Talib (psl), ils le dénigraient, l’accusaient, ternissaient sa réputation, le déshonoraient à tel point qu’un jour, un homme qui s'appelait Abdullah ibn Karib vint chez Hojaj et se plaignit à haute voix que sa famille l’avait déshonoré en le nommant Ali, qu'il en était très malheureux, et qu'il demandait un dédommagement. Celui-ci rit aux éclats et lui dit: «Vois ma générosité à ton égard! Je t’accorde ce dédommagement!»
Ibn Anrifa al Manrouf a rapporté que la plupart des hadiths sur les qualités des compagnons sont des mensonges, écrits à l'époque des Omeyyades, pour se rapprocher du pouvoir et détruire la réputation des Hachémites. [117]
Ibn al Hadid a rapporté de l’Imam Baqer (psl) qu'il s’adressa ainsi à ses disciples: "Nous avons subi une grande oppression de la part des Quraychites, qui se révoltèrent contre nous et nos partisans, et créèrent beaucoup de problèmes à nos chiites. En vérité, l’envoyé de Dieu (Pbsl) avant sa mort, nous avait informés que nous étions les premiers parmi les hommes, mais les Quraychites nous abandonnèrent et rabaissèrent le Califat. Ils s'opposèrent aux Ansars sur la question de notre droit et s’emparèrent du pouvoir. Ils se succédèrent jusqu’à ce que le pouvoir nous revienne. Les Quraychites ont violé leur serment et n’ont pas donné l'occasion de gouverner au détenteur légitime du Califat qui fut assassiné. Puis ils prêtèrent serment à Hassan ibn Ali (psl) et trahirent leur pacte, obligeant l'Imam Hassan à se résigner (à la paix avec Muawiya). Les Quraychites attaquaient les habitants d’Irak et les poignardaient dans leur maison, leurs soldats pillaient, arrachaient les bijoux que les femmes et les filles portaient aux chevilles, alors que Muawiya ibn Abou Sofian vivait tranquille, à l'abri de toutes ces effusions de sang, au milieu de sa famille. Les chiites n’étaient pas nombreux et n’avaient aucun droit. Puis vingt mille habitants d’Irak firent serment d’allégeance à Hussein ibn Ali, mais ils le trahirent, lancèrent une attaque contre lui et l’assassinèrent. Les persécutions continuèrent de plus belle. Avec nos partisans, nous étions humiliés, maltraités, exilés persécutés, privés de nos droits et tués. Nous vivions dans la terreur, sans aucune garantie de survie. Les mercenaires dans tout l’empire, écrivaient des mensonges pour se rapprocher des dirigeants, ils rapportaient des hadiths et des récits mensongers qui montaient les gens contre nous, en rapportant ce que nous n’avions ni dit, ni fait. Cette propagande satanique se développa surtout à l’époque de Moawiya ibn Abi Sofian, après l’assassinat de Hassan ibn Ali ibn Abou Talib (paix sur lui). Ils tuèrent nos partisans sur tout le territoire, sur de simples soupçons, leur coupaient les mains et les pieds et les jetaient en prison, ils leur prenaient tous leurs biens et détruisaient les maisons de tous ceux qui témoignaient un attachement à notre égard. Le malheur continua et s'aggrava encore à l'époque d’Obaïdullah ibn Ziyad, l’assassin de Hussein ibn Ali (psl). Puis vint le tour de Hojaj ibn Youssof qui massacrait les chiites, les arrêtait sur un simple soupçon ou une dénonciation. A cette époque, un clown ou un mécréant était plus aimé et honoré qu'un partisan d’Ali ibn Abou Talib (psl). Des hadiths étonnants, aussi rocambolesques qu'excentriques apparurent qui attribuaient aux précédents Califes des actes inimaginables et des choses qui n’ont jamais existé, que Dieu n’a jamais créées et que des ignorants colportaient comme des histoires vraies." [118]
Ces témoignages montrent clairement l’état du Chiisme sous le règne des Omeyyades. Après plus de 125 ans, l’empire Omeyyade disparut et laissa la place à la dynastie des Abbassides, mais la peine et les malheurs des chiites n'étaient pas terminés. Les Abbassides s'étaient révoltés contre les Omeyyades en prétextant qu'ils voulaient plaire à la famille de l'envoyé de Dieu. Une fois au pouvoir, ils se mirent à gouverner comme les Omeyyades et ne dissimulèrent pas très longtemps leur intention de s’accaparer du pouvoir, au détriment des Gens de la Demeure prophétique.
A la fin du règne des Omeyyades et au début de l’empire Abbasside, les Membres de la maison prophétique et leurs partisans retrouvèrent un peu de liberté à cause de la sympathie apparente des Abbasides qui prétendaient être leurs cousins.
A l'époque de Mansour, les Abbassides se rendirent compte de la sympathie de la population envers les Gens de la maison prophétique. Le nombre de chiites augmenta de façon considérable. Mais les gens se rendirent aussi compte du despotisme des Abbassides qui suivaient les mêmes méthodes que les Omeyyades dans la tyrannie, le terrorisme et le renforcement fanatique de leur pouvoir. C’est ainsi que reprit la répression des Imams et de leurs partisans. Ce fut le commencement de révolutions populaires, menées par les descendants de la famille d’Ali ibn Abou Talib (psl). Parmi eux, nous pouvons citer Muhammad ibn Abdullah ibn Hassan ibn Ali, surnommé «l’âme pure». Il écrivit une lettre ouverte à Mansour, le Calife Abbasside, pour dénoncer les mauvaises méthodes utilisées et l'usurpation des droits des Gens de la maison prophétique (les Ahl-ul-Bayt), et la propagande mensongère sur de soi-disant combats contre les Omeyyades, au profit des Gens de la maison, "déçus de ne pas avoir été associés au pouvoir". Il écrit: "En vérité c’est notre droit, car c’est grâce à notre nom que vous avez consolidé votre victoire et nos partisans ont combattu pour vous. Ce sont nos qualités qui vous ont accordé cette opportunité, notre père Ali ibn Abou Talib (psl) était l’héritier du Prophète et l’Imam. Comment vous-êtes vous emparé du Califat alors que ses enfants sont vivants? Vous savez très bien qu’il n’y a personne qui lui dénie cet honneur, comme personne ne nie notre généalogie, notre prestige, notre position et celle de nos pères. Nous ne sommes pas les enfants de maudits, d'expulsés ou d'affranchis. Il n’y a personne qui est lié autant que nous, aux Bani Hachem, par la parenté, les antécédents et les mérites. En vérité, Dieu nous a choisis et a choisi pour nous, toutes choses. Nous sommes nés des enfants de Muhammad (Pbsl), l’envoyé de Dieu, et d’Ali ibn Abou Talib, le premier des musulmans, de Khadîdja la pure, la meilleure parmi les femmes, et la première qui pria vers la Qibla, nous sommes les descendants de Fatima Zahra, la meilleure des femmes et la meilleure des Dames du paradis, et d’Hassan et Hussein, les deux jeunes Seigneur du paradis." [119]
Mansour ressentit une grande haine pour Muhammad ibn Abdullah et sa famille. Djahazu rapporte que Mansour passa à Koufa et emprisonna les enfants d’Hassan ibn Ali dans le palais d’Ibn Houbayra. Il appela ensuite Muhammad ibn Ibrahim ibn Hassan, le suspendit vivant à un pilier et l'abandonna jusqu’à ce qu’il mourut de faim et de soif. Puis il massacra tous les enfants d’Hassan ibn Ali. Ibrahim Ramar ibn al Hassan ibn al Hassan ibn Ali, fut amené, enchaîné, de Médine à Anbar, celui-ci disait à ses deux frères Abdullah et Al Hassan: "Nous avons souhaité la chute de l’empire Omeyyade et avons accueilli avec joie, le règne des Abbassides, mais malheureusement notre situation ne s’est pas améliorée." [120]
Après l'échec de Muhammad ibn Abdullah ibn Hassan ibn Ali et sa mort en martyr, à Médine, son frère Ibrahim ibn Abdullah prit la tête d'une révolte à Bassora, et fut tué en martyr à Bakhrami près de Koufa, dans une guerre qui fut surnommée «la petite bataille de Badr». [121] Les révoltes et les rébellions contre les Abbassides se multiplièrent à l'époque de Mahdi ibn Jaffar al Manssour. Ali ibn Abbas ibn al Hassan ibn Hassan ibn Ali entra en guerre contre lui, mais Al Mahdi le vainquit et le fit prisonnier. Il fut libéré grâce à l’intervention d’Hassan ibn al Hassan, mais malheureusement Al Mahdi l’empoisonna. Les effets du poison furent si violents que sa chair se déchiqueta, laissant apparaître les os, il mourut trois jours après son retour à Médine. [122]
A l'époque du Calife Moussa al Mahdi, Al Hussein ibn Ali ibn al Hassan ibn Hassan ibn Ali se révolta aussi et tomba en martyr à Fakr. Il est connu sous le nom du «Martyr de Fakr».
Lorsque Rachid al Hakim prit le pouvoir après Al Mahdi, il arrêta Yahya ibn Abdullah ibn al Hassan et le fit suspendre à un pilier. [123]
Quand Mahmoud ibn Rachid al Hakim succéda au pouvoir, il tenta de faire croire aux gens qu’il éprouvait de l’estime pour les descendants d’Ali ibn Abou Talib. Il fit venir à sa cour, l’Imam Ali ibn Moussa Reza (psl), lui attribua en apparence, la succession au pouvoir et en fin de compte, l’empoisonna.
Les Abbassides commirent de grandes atrocités contre les Imams chiites et abusèrent des vivants et des morts. Mutawaqil se rendit sur la tombe de l’Imam Hussein ibn Ali (psl), il inonda le cimetière et interdit aux gens de s'y rendre. Il posta des soldats sur toutes les routes pour arrêter tous ceux qui cherchaient à se rendre sur la tombe de l’Imam Hussein ibn Ali. [124]
Mutawaqil mena une politique satanique pour avilir les Membres de la Demeure prophétique, avec Ammar ibn al Fardji à Médine et à la Mecque, et interdit aux membres de la famille d’Ali ibn Abou Talib de s'occuper des problèmes des musulmans. Il interdit aux gens d'avoir des relations avec aux et refusait d'entendre toute personne qui leur avait fait le moindre bien. Il arrêtait et punissait sévèrement tous ceux qui leur auraient fait le moindre don. Les Membres de la famille de l’envoyé de Dieu (Pbsl) furent si isolés et rejetés qu'ils n'avaient même plus de vêtements à se mettre. Dans certaines familles, les femmes n'avaient qu'un seul vêtement pour la prière, qu'elles portaient à tout de rôle avant de rentrer dans leurs chambres sans habits. [125]
Quand Mustayin devint Émir, il tua Yahya ibn Omar ibn Al Hussein. Abou Faradji commente ainsi cet événement: "Yahya ibn Omar ibn al Hussein était fort, courageux, robuste, social, et très loin du mauvais comportement des jeunes de cette époque. Personne ne lui ressemblait. Lorsque sa tête fut amenée à Bagdad, la population protesta violemment. Abou Hashem dit à Muhammad ibn Abdullah ibn Thahir: "Amir, je suis te dire que si le Messager de Dieu (Pbsl) était vivant, nous lui aurions présenté nos condoléances". Il captura aussi les membres des familles des partisans de Yahya, à Bagdad. L’oppression et les mauvais traitements que subirent ces familles, sont inexprimables. Ils furent obligés de parcourir des kilomètres à pieds nus et les soldats tranchaient la tête de toute personne qui retardait la marche. [126]
Pendant des siècles, les chiites vécurent dans la terreur. En 320 de l’hégire, les Bouyiyounes prirent le pouvoir dans certaines régions de l’empire islamique. Leur comportement était meilleur et à cette époque, la culture et la science s’épanouirent. En 447 de l’hégire, Bagdad fut envahi par les Saladjaka, leur chef Thararbik mit le feu à la bibliothèque et brûla la chaire où s’asseyait cheikh Tussi (Grand juriste chiite) pendant ses cours. Il brûla aussi la bibliothèque construite par Abou Nasr Sabouri ibn Ardashir, un ministre intelligent de l'époque des Bouyahi, qui fut aussi l'âge d'or de l’architecture et de la science, à Bagdad. Cette bibliothèque avait été construite entre Al Sourinu et Al Kadakh, en 381 de l’Hégire. La bibliothèque ressemblait à "la maison des sages" construite par Haroun Rachid, le ministre y rassembla des livres trouvés en Perse et en Irak, et des œuvres littéraires de l’Inde, de la Chine et de Rome. Elle rassemblait plus de dix mille volumes parmi les meilleures œuvres, et la majorité de ces livres étaient des originaux. On y trouvait aussi des textes, écrits par Ibn Makala.
Yakatou Al Hamawi dit à propos de cette bibliothèque: "Il n’y avait nulle part dans le monde une bibliothèque comparable, tous les manuscrits étaient des originaux, écrits par des imams reconnus et réputés". [127]
Les malheurs des chiites continuèrent à l'époque de l’empire Ottoman. Salim, le roi Ottoman avait entendu dire que les enseignements chiites se propageaient dans son empire et que beaucoup de gens participaient aux réunions d'enseignement. Le roi ordonna donc de tuer tous ceux qui adhéraient au Chiisme [128], il assassina plus de quarante mille personnes. Un cheikh de l'époque, annonça une loi (Fatwa) qui rendait licite le meurtre des chiites et la guerre contre eux. [129]
Beaucoup de chiites périrent à Médine, suite à cette fatwa du cheikh Mouh al Hanafi, rendue publique lors d'une réponse à une question qui lui avait été posée sur l’obligation de tuer les chiites. Il répondit positivement en disant: "Tu dois savoir que ces gens sont des incrédules et des corrompus, ils reconnaissent la prostitution, la fornication et l’athéisme. Celui qui émet des réserves sur leur athéisme, leur corruption morale, et le droit ou l’obligation de les tuer, est aussi incrédule qu'eux". Il enrichit: "Il faut obligatoirement les mettre à mort pour leur incrédulité, qu’ils se repentent ou non, et réduire leurs enfants et leurs femmes en esclavage." [130]
Ceci est un bref exposé sur l’Histoire des chiites et les persécutions qu'ils ont subies. Pour éclaircir la question, nous avons présenté un résumé des causes qui ont poussé certains gouvernants et leurs subordonnés à une telle propagande contre la réputation du Chiisme.
L’Histoire du Chiisme gênait les tyrans et les gouvernements injustes. Les pressions qu’ils ont subies doivent nous faire réfléchir sur les événements qui ont provoqué la dispersion des chiites et qui furent la cause principale des déviations de certains groupes chiites et d'intrusion dans les rangs du chiisme, de personnalités suspectes dont le mauvais comportement ternissait la réputation des chiites, au sein de la communauté. Les tyrans et leurs subordonnés profitèrent de cette occasion pour déshonorer cette école islamique, originelle et révolutionnaire, qui ne cherchait qu'à défendre les valeurs islamiques enseignées par l’envoyé de Dieu (Pbsl), et l’Héritage des Gens de la maison, les Purifiés que le Messager de Dieu (Pbsl) avait mis au même plan que le saint Coran.
QUATRIEME CHAPITRE
LA VOIE DU CHIISME
Après la mort de l’Imam Hossein ibn Ali (paix sur eux), les Imams des Gens de la Demeure Prophétique se rendirent compte que les chiites après les massacres, les persécutions et la mort de beaucoup d'entre eux, n’avaient plus ni la force ni le temps, de propager leur foi ou de travailler à d'autres objectifs. Ils changèrent donc de stratégie et se consacrèrent à l'instruction et à l'enseignement des principes de la foi pour les protéger des déviations qui gagnaient du terrain depuis l’avènement des Omeyyades.
L’Imam Ali ibn Hussein (Zayn-ol-Abedine) avait entamé ce travail en développant l’enseignement de l'islam véritable et de la Tradition de l’envoyé de Dieu. Mais malgré ses efforts, après le martyre de l’Imam Hussein Ibn Ali, les souffrances persistaient dans les milieux chiites. Les Omeyyades exerçaient des pressions de plus en plus fortes et surveillaient de près tous leurs mouvements. Lorsque l’Imam Mohamad Ibn Ali Al Baqer (psl), son fils, succéda à l’Imamat, la situation s’améliora un peu. Les Omeyyades commencèrent à lâcher prise et l’Imam profita de cette occasion pour propager l’islam lors de rencontres et dans des cours, pour les chiites.
La période de l’Imam Jaffar ibn Muhammad Sâdeq, son fils, fut celle du déclin de l’empire des Omeyyades qui étaient trop occupés à contrôler les révoltes et la rébellion des Abbassides. Cela donna l'occasion à l’Imam Sâdeq de lancer un enseignement de grande envergure, sur les sciences islamiques. Il enseignait dans la mosquée de l’envoyé de Dieu (Pbsl) à des milliers d'étudiants qui venaient des différentes villes de l’empire islamique. La situation était devenue plus favorable aux chiites qui pouvaient sans problème, rencontrer leur Imam et recevoir ses instructions. Ils pouvaient poser sans problème, leurs questions sur les sujets de droit islamique et recevaient des réponses, comme tous les étudiants des autres écoles.
Vu le comportement des dirigeants envers les chiites, les Imams avaient décidé de ne plus mener de révolte armée pour renverser les gouvernements des tyrans, car ils n’avaient pas la capacité de mener une révolte ni d'en contrôler les effets.
L’instruction, à cette époque, comptait plus que la révolte dont les conditions n’étaient pas réunies. La justesse de cette décision se confirma lors de la révolte mal organisée de Zaïd ibn Ali contre les Omeyyades, où il tomba en martyr, abandonné par les habitants de Koufa, comme ses pères.
Cette situation dura jusqu’au début du règne des Abbassides qui fut un âge d’or pour les chiites qui pouvaient étudier auprès des Imams, particulièrement l’Imam Sâdeq (psl) qui nomma l’école juridique des Gens de la maison " l’école Ja’farite".
Cependant les pressions reprirent à cause de la jalousie des Abbassides qui voyaient d’un mauvais œil la sympathie des musulmans pour les Gens de la maison et qui se rendaient compte que les musulmans avaient compris leur ruse et leurs mensonges pour s'emparer du pouvoir.
Les Abbassides craignaient la révolte des Gens de la maison et reprirent leur politique d’oppression, contre eux et leurs partisans. Ils écrasèrent toutes les révoltes organisées par les descendants des Gens de la maison et resserrèrent l'étau sur les milieux chiites.
Ils emprisonnèrent les Imams, comme Haroun Rachid, qui empoisonna l’Imam Moussa ibn Jahfar al Kazem (psl), leur interdisaient tout mouvement et les plaçaient en résidence surveillée dans la capitale de l’empire. L’Imam Ali ibn Moussa Reza (psl), l’Imam Ali al Hâdi et Hassan al Askari (paix sur eux), furent contraints de quitter Médine.
Cette période fut très difficile pour les chiites, il leur était impossible de rencontrer l'Imam, à cause des espions et de la surveillance continue des Abbassides.
Cette situation dura jusqu’à l’assassinat de l’Imam Hassan al Askari. Les Abbassides firent de grands efforts pour avoir des informations sur son fils Mahdi (psl) qui était devenu introuvable, par la volonté de Dieu. Cette première occultation de l'Imam Mahdi dura à peu près soixante-dix ans, il ne communiquait avec les chiites que par quatre représentants successifs. Puis ce fut la Grande occultation pendant laquelle les jurisconsultes devinrent la référence des chiites dans leurs affaires religieuses et politiques, d’après les règles et les conditions que les Imams avaient définies.
LES SECTES ISLAMIQUES ET LES EXAGERATIONS DES GHORAT
Comme nous l’avons montré précédemment, la voie des chiites n’était pas sans obstacles ni sans difficultés. L'oppression des dirigeants contraignait les Imams à pratiquer la Taqiyya (discipline de l'arcane) à cause des menaces qui pesaient sur eux et leurs partisans. Il leur était impossible d'assumer leurs responsabilités en toute liberté et cela mena quelquefois certains chiites à hésiter et à douter. A cause de leur ignorance ou de leurs mauvaises intentions, certains prirent des voies et choisirent des moyens incorrects qui conduisirent à des déviations, comme ce fut le cas aussi dans les autres écoles islamiques. C’est ainsi que naquirent des sectes comme celle des Kharidjites, des Motazelites, des Al-Djahmiyya, des Al-Mardjihatu et d'autres, suite à des divergences d’interprétation de certains versets coraniques et de la Tradition de l’envoyé de Dieu, sans compter l’influence dangereuse de certains convertis, parmi les gens du livre et d'autres religions, et la propagation de pensées juives dans l’islam, ainsi que la divulgation de faux hadith après l’apparition de ces sectes, ou le remaniement ou l'interprétation des hadith en faveur de leur secte qu'ils considéraient comme supérieure aux autres sectes "égarées".
Ils accusèrent les autres de mécréance et légalisèrent la guerre contre les autres musulmans, tuèrent des familles entières et capturèrent les femmes, aggravant les conflits confessionnels. Cela mena à une confusion d’idées, à la haine, au fanatisme, à de fausses interprétations des termes et même à l'utilisation de qualificatifs qui ne convenaient en rien à ceux à qui ils étaient appliqués.
L’école juridique des Gens de la maison a beaucoup souffert de ces conflits, car il y eut beaucoup de confusions au sujet de ces sectes et de leurs disciples, présentés comme des chiites parce qu'ils croyaient à la tutelle des Gens de la maison, et malgré des contradictions dans leurs principes. Ces sectes qui furent attribuées aux Imams, n'étaient reconnues ni par la loi islamique, ni par la raison, ni par les Imams eux-mêmes, à qui on attribua des paroles et des actes totalement faux. Les chiites considèrent ces sectes comme rebelles et contraires à la voie des Gens de la maison. La course au pouvoir et l’incompréhension ont aussi conduit à de grandes contradictions dans les textes de ces sectes, sur la présentation du Chiisme.
Aujourd’hui nous sommes incapables de dénombrer ces sectes "chiites." Certains disent qu’il y a seulement trois sectes chiites, tandis que d'autres en citent plus d'une vingtaine, dont certaines ont disparu. D’autres historiens ont attribué la création de ces sectes à certaines personnalités. Shahrestani cita celle des Al Hashamiyya, des Al Yunusiyya et des Al Zarariyya, qu'il relia à des gens qui ne faisaient partie d'aucune secte, ni courant de pensée spécial. Certains, par fanatisme, se mirent à dénigrer les autres, ne leur reconnaissant ni qualité ni connaissance. Par exemple, Al Baghadadi avait dit: Grâce à Dieu, je ne fais partie ni des Kharidjites, ni des Madjasama ou d'autre secte égarée, je ne suis ni jurisconsulte, ni traducteur, ni grammairien, ni historien, ni exégète, ni prédicateur, alors qu'il faisait partie des imams et des savants de la secte des Al Sounna wal Jamâ. [131]
Ces paroles discriminatoires montrent clairement la violence et le manque de respect des droits d’autrui, qu'aucune école islamique ne peut accepter. En outre, Al Baghadadi est reconnu dans l’ensemble des sectes et des écoles islamiques comme un écrivain, un savant, un rapporteur de hadith et un chercheur.
L’imam Abou al Hassan Ali ibn Ismaïl al Ashari, décédé en 323 de l’Hégire, dans son livre «Maqâlâti islamiyya wa ikhtilafi al Musalline», divisa dans un premier temps, le Chiisme en trois groupes, ensuite il mit la secte des Ghorat en vingt-cinquième position, puis cita les imâmites qu'il compara ensuite aux Rawafizou, c’est-à-dire "les rejetés", et les divisa en vingt-quatre sectes, puis rattacha les membres de la secte des Al Kaysaniyya aux Imâmites.
Ensuite il cita la secte d'Al Zaydiyya qu'il divisa en trois groupes, celui d'Al Djarudiyya, d'Al Batriyya et d'Al Suleymaniyya. Il divisa ces derniers également en plusieurs sectes. Beaucoup ont commis une erreur en plaçant la secte des Al Suleymaniyya au même plan que celle des Al Zaydiyya, alors que leurs croyances ressemblent à celles des Sunnites, comme nous l’expliquerons dans les lignes qui suivent.
C’est avec un grand regret que nous constatons que la plupart des écrivains contemporains poursuivent cette méthode et se réfèrent encore aux livres de ces anciens écrivains, sans aucune recherche scientifique, sans précision et sans enquêter sur les origines de toutes ces sectes, et sans se référer à la pensée authentique de leurs partisans. Ils se contentent d'écrits antagonistes et hostiles à chaque secte. Notre objectif est la présentation du Chiisme, nous allons tenter d’approfondir cette question en expliquant la souffrance dont les chiites furent victimes et les erreurs des historiens et des opposants, sur la philosophie chiite.
Nous ferons dans un premier temps, une présentation du Chiisme et de ses plus importantes directives, puis nous présenterons les positions de leurs Imams concernant les déviations idéologiques des Ghorat.
LA SIGNIFICATION DU CHIISME
Ceux qui ont écrit sur le Chiisme l'ont défini de plusieurs manières:
1- Abou Hassan Ache-Anri a dit: «Ils sont appelés chiites parce qu’ils ont soutenu Ali ibn Abou Talib (psl) et le considèrent comme le meilleur des compagnons du Messager de Dieu (Pbsl)». [132]
2- Ibn Azim définit ainsi le Chiisme: «Ceux qui se réclament du Chiisme considèrent qu’Ali ibn Abou Talib était le meilleur des hommes après le Messager de Dieu (Pbsl), et le considère comme le successeur légitime du Messager de Dieu (Pbsl) et son héritier spirituel après lui. Ceux qui pensent ainsi sont des véritables chiites même s'ils se contredisent sur des points sur lesquels les musulmans ne sont d'ailleurs pas tous, du même avis. Par contre quiconque s'oppose aux idées du Chiisme à propos d’Ali ibn Abou Talib (psl), n’est pas un véritable chiite. [133]
3- Shahrestani a défini les chiites en disant: «Ce sont les gens qui soutiennent Ali ibn Abou Talib et le considèrent comme le successeur et le calife après le Messager de Dieu (Pbsl). Ils estiment que l’Imamat et le Califat ne peuvent être retirés à ses descendants et que la communauté musulmane n’a pas le droit de voter pour désigner l'Imam et le successeur du Messager de Dieu (Pbsl). L’Imamat est considéré par eux, comme un pilier de l’islam et même le Messager de Dieu (Pbsl) n’a pas eu le choix sur cette question, puisque l’Imam a été désigné par la Révélation. Vu l’importance de l’Imamat, le Messager de Dieu (Pbsl) n’avait pas le droit de cacher cette réalité ou de laisser la communauté opter pour des élections". Il poursuit en disant: «Les chiites sont tous d’accords sur la nécessité absolue du choix de l’Imam par la Révélation et les Traditions prophétiques. Les chiites estiment que le Prophète (Pbsl) et les Imams sont infaillibles, ils aiment ceux qui les aiment et rejettent ceux qui éprouvent de la haine envers la sainte famille du Prophète, sauf en cas de force majeur et s'ils y sont forcés. [134] »
4- Muhammad Farid Wajdi a défini les chiites en disant: «Ce sont les gens qui ont soutenu Ali dans son Imamat et croient que l’Imamat ne doit pas être retiré à ses fils. Les chiites affirment que l’Imamat n’est pas une question qui a été léguée à la communauté musulmane, mais qu'il s’agit d’un pilier de la religion. Ainsi le Messager de Dieu (Pbsl) devait nécessairement désigner l’Imam qui lui succéderait. Les chiites croient également que les Imams sont infaillibles et ne peuvent commettre le moindre péché ou la moindre erreur. Ils considèrent les ennemis des Imams comme leurs ennemis et aiment celui qui les aime. Cette croyance est incontournable sauf en cas de force majeure. [135]
5- Parmi les écrivains chiites qui ont essayé de définir le Chiisme citons Noubakhti qui a déclaré que les premiers chiites composaient l’entourage d’Ali ibn Abou Talib, appelés les partisans d’Ali à l’époque de l’envoyé de Dieu (Pbsl) et aussi après son martyre. Ces partisans sont connus pour leur stricte obéissance au guide et la reconnaissance de son Imamat, directement après le Messager de Dieu (Pbsl). Parmi ces partisans, citons Miqdad ibn Aswad, Salman Farsi, Abou Zhar ibn Jounedab ibn al Ghafari et Ammar ibn Yasser, et tous ceux qui ont manifesté leur amour et leur soutien à Ali ibn Abou Talib (psl). Sans aucun doute, les partisans d’Ali, sont les premiers fils de la nation musulmane, qui furent appelés chiites par le Messager de Dieu (Pbsl), lui-même. L’appellation chiite dans le sens de "partisan", est très ancienne, on la retrouve aussi dans les religions qui ont précédé l’islam, telle l'expression "les partisans d’Abraham, de Moïse, de Jésus et les partisans des autres Prophètes" (paix et bénédictions sur eux). [136]
6- Cheikh Mofid défini le Chiisme en ces termes: «Quiconque soutient Ali (psl), le considère comme le meilleur des compagnons du Messager de Dieu (Pbsl) et croit qu'il a été désigné par le testament de l’envoyé de Dieu (Pbsl), sur la volonté de Dieu, fait partie des chiites imâmites. Par contre les Jaroudiyya estiment que le Messager de Dieu (Pbsl) devait nécessairement définir les attributs de l’Imam après lui. [137]
7- Cheikh Muhammad ibn Hassan Toussi a écrit au sujet du Chiisme, en se référant aux paroles du Prophète, aux versets coraniques et au testament de l’envoyé de Dieu (Pbsl): "Le Chiisme défend cette idée qu'Ali est l’Imam des musulmans après le Prophète (Pbsl), selon le testament prophétique et la volonté de Dieu". Puis il divise ces sources en deux parties: les sources claires et les allusions. La première partie est rapportée uniquement par les chiites imâmites bien que certains rapporteurs de hadith les placèrent au rang des hadiths généraux.
Dans la deuxième partie, cheikh Toussi constate que toute la communauté musulmane reconnaît ces récits, mais avec des divergences d’interprétation. Personne, constate cheikh Toussi, ne refuse la deuxième partie de ces hadith, excepté les Suleymaniyya et les Zaydistes qui n'appartiennent pas au Chiisme, parce qu’ils ne croient pas que l’Imamat dépend d'une désignation par l’envoyé de Dieu (Pbsl) ou d'une révélation divine. Pour eux, il suffit d’élire une personne de bon comportement et de bonne conduite parmi les musulmans. Ils disent également que l’Imam peut appartenir à n'importe quel groupe social.
Parmi les Zaydiyya, citons les Soualihiyya et les Bateriyyah qui rejoignent dans leurs idées, les Suleymaniyya. C'est la raison pour laquelle ils se sont écartés du Chiisme imâmite, selon cheikh Toussi. [138]
Nous avons présenté jusqu’ici les plus importantes définitions du Chiisme par les historiens anciens et modernes des deux écoles chiite et sunnite. Pour résumer, la définition du Chiisme peut être faite en ces termes: Les anciens et les modernes ont donné deux explications du Chiisme: une explication générale et une explication particulière. Beaucoup ont confondu ou mal compris ces deux explications. Les écrivains dont nous avons parlé et qui ont donné une définition du Chiisme, parlent du Chiisme, sans préciser sa signification globale. Nous allons tenter de développer chacune de ces deux significations en fonction des parties qui les constituent
LA SIGNIFICATION GENERALE DU CHIISME
Nous faisons allusion dans cette forme du Chiisme, uniquement à la supériorité d’Ali (psl) sur Osman ibn Anfane. Ce Chiisme fut la croyance d’une grande partie des compagnons du Prophète et de leurs partisans.
Chams-o-din Zahabi reconnaît cette définition du Chiisme dans son commentaire du livre d’Aban ibn Tarhlib. Répondant à ceux qui doutaient de sa foi et de sa piété de chiite, il écrit: "En vérité il y a deux sortes d’hérésie dans la religion (Bidaa). L’exagération chiite n'implique pas l'athéisme et ne porte pas atteinte à la piété". Il poursuit: "On trouve ce genre de croyances chez plusieurs partisans des compagnons du Prophète, sans que cela ne les exclue de la religion, car ils étaient tous considérés comme des véridiques."
Si nous rejetons les Hadith rapportés par ces personnes, nous perdrons une grande partie des Traditions prophétiques. Or la perte de ces Traditions prophétiques reviendrait à l'anéantissement de la religion. C'est pour cette raison pour que les anciens appelaient chiite un "Gholat" qui reconnaissait Osman, Zobeïr, Talha et Moawiya ou qui avait combattu Ali ibn Abou Talib (psl). [139]
Parmi cette catégorie de Chiites, citons ceux qui croyaient à la supériorité d’Ali (psl) sur tous les autres compagnons du Prophète, mais reconnaissaient la légitimité du califat d’Abou Bakr et de Omar, sans croire à l’existence d’une Tradition prophétique (Pbsl) concernant le califat d’Ali (psl) ou d’une autre personne. Cette doctrine fut celle des Motazilites, les habitants de Bagdad et de Bassora.
Ibn Abi al Hadid al Moutazili écrit au début de son livre "Sharh Nahjul Balagha" (commentaire du livre de l'éloquence): "Tous nos savants religieux de Bassora et de Bagdad sont d’accord sur le fait que la reconnaissance du califat d’Abou Bakr le véridique, est correcte et légitime, même s'il ne jouissait pas de l’appui de la Tradition prophétique et avait été choisi par voie d'élections, comme l’Histoire nous le confirme, et avec l’accord de la majorité". Il continue en disant: "C’est la voie qui nous mène à l’Imamat, c’est à dire le choix du successeur de l’envoyé de Dieu (Pbsl)".
Malgré cela, ils ne sont pas tous d'accord sur la supériorité d’Ali (psl). Les anciens savants de Bassora: Abou Osman ibn Obeïd, Abou Isshaq Ibrahim ibn Yassar al Nizouami, Abou Osman, Omarou ibn Bahri al Jahiz, Abou Maan Samamat ibn Achras, Abou Muhammad Hicham ibn Omarou al Qoutoutoui et Abou Yaqoub Youssouf ibn Abdallah Chakham ainsi que d'autres, disaient qu’Abou Bakr était supérieur à Ali et ont classé les quatre califes selon l’ordre de leur règne, c’est à dire Abou Bakr, le meilleur des quatre califes, suivi par Omar, Osman et enfin Ali.
Par contre les anciens savants de Bagdad comme les contemporains d'ailleurs: Sahal Bacheri ibn al Mouatammar, Abou Moussa ibn Souabih, Abou Abdullah Jaffar ibn Maïssa, Abou Jaffar al Kaskafi, Abdul Hassan al Khayatoui et Abdul Qassim Abdullah ibn Mahmud al Balkri et ses élèves, estimaient qu’Ali ibn Abou Talib était supérieur à Abou Bakr.
Certains savants de Bassora s'alignèrent ensuite sur cet avis, citons parmi eux: Abou Ali Muhammad ibn Abdul Wahab al Jabaï qui n'a jamais accepté de se prononcer sur cette question, bien qu’il croyait à la supériorité d’Ali, et qui, dans ses écrits, a toujours gardé une position neutre. Dans plusieurs de ses livres, selon Touahir, il s’exprima en faveur d’Ali ibn Abou Talib. [140]
Le "juge des juges" a dit dans son commentaire sur les écrits d’Abdul Qassim al Balkri: "En vérité, Abou Ali, avant sa mort, penchait vers une supériorité d’Ali (psl). Il m'expliqua cela en privé et il me dit plusieurs choses parmi lesquelles, son avis sur la supériorité d’Ali".
Parmi les habitants de Bassora, certains ont défendu la supériorité d’Ali, citons: Cheikh Abou Abdullah al Hussein ibn al Ali Basri qui exprimait clairement sa position et rédigea un livre unique en son genre, à propos de cette question. Nous avons également le "juge des juges", dont Abou Hassan Abdul Jabar ibn Ahmad. Ibn Matewiyah parle dans le livre "Al Kifaya", en disant: "Le juge des juges, Abou Hassan Abdul Jabar ibn Ahmad, était de ceux qui s’abstenaient de dévoiler leur position sur la supériorité d’Ali par rapport à Abou Bakr mais avança certains arguments dans ce sens".
Nous avons présenté les deux significations générales du Chiisme. Plusieurs savants musulmans n’ont pas dévoilé leurs positions et sont restés neutres, c’est le cas du cheikh Abou Hazifah wassil ibn Antoua et d'Abi Hazil Muhammad ibn Hazil al Ilaf. Parmi les anciens, deux cheikhs ont choisi la neutralité sur la question de la supériorité d’Ali sur Abou Bakr, mais ont reconnu la supériorité d’Ali sur Osman. Il s’agit du cheikh Abdou Hashem Abdul Salam ibn Abou Ali et du cheikh Abou Hussein Hussein Muhammad ibn Ali ibn Touaïb al Basri. En ce qui nous concerne, nous avons le même point de vue que les savants musulmans de Bagdad, qui ont opté pour la supériorité d’Ali. Nous l'avons mentionné dans nos livres sur la doctrine du chiisme où nous avons expliqué les raisons de la supériorité d’Ali ibn Abou Talib (psl). [141]
LA DEFINITION PARTICULIERE DU CHIISME
Cette définition concerne la supériorité d’Ali ibn Abou Talib (psl) sur toute la communauté musulmane (Oumma), après le Messager de Dieu (Pbsl), l’existence de hadith prophétiques clairs sur la désignation de son Imamat et de celui de ses descendants, sur l'ordre de Dieu et par le biais de la Révélation. Cette signification du Chiisme existait déjà au début de la mission prophétique.
Un grand nombre de compagnons rapprochés du Prophète Mohamad (Pbsl), avaient été informés de la question de l’Imamat et avaient à leur tour, informé les autres musulmans. C’est grâce à l’effort de ces fidèles compagnons du Messager de Dieu (Pbsl) que la signification spécifique du Chiisme a été transmise de génération en génération, jusqu’à nos jours. Aujourd’hui cette ligne idéologique est représentée par le Chiisme imâmite dont voici en résumé, la doctrine:
LA DOCTRINE DU CHIISME IMAMITE
Les chiites imâmites croient aux douze Imams infaillibles dont voici les noms:
L’Imam Ali ibn Abou Talib (psl)
L’Imam Hassan ibn Ali al Mojtaba (psl)
L’Imam Hussein ibn Ali Al-shahid (psl)
L’Imam Ali ibn Hussein Zeyn-ol Abidine (psl)
L’Imam Muhammad al Baqer (psl)
L’Imam Djaffar Sâdeq (psl)
L’Imam Moussa al Kazem (psl)
L’Imam Ali ibn Moussa Reza (psl)
L’Imam Muhammad ibn Ali al Taqi (psl)
L’Imam Ali ibn Muhammad al Naqi (psl)
L’Imam Hassan ibn Ali al Askari (psl)
L’Imam Muhammad al Mahdi al Montazar (psl)
Pour prouver l'authenticité de leur croyance, ils avancent des hadiths prophétiques reconnus par les deux écoles juridiques, chiite et sunnite, concernant l'autorité d’Ali ibn Abou Talib (psl) sur l’ordre de Dieu et de son Messager (Pbsl). Nous en avons énuméré quelques-uns précédemment. Les plus importants parmi ces hadiths sont les hadiths "Ghadir" et "Thaqalayn", qui sont des recommandations du Prophète (Pbsl) sur la nécessité et l’obligation de s’attacher à sa sainte famille des Ahl-ul-Bayt.
Nous avons expliqué précédemment la signification de ce terme et qui sont les membres de cette sainte famille. Mais en ce qui concerne les autres Imams, les chiites imâmites présentent comme arguments, des hadiths du Prophète (Pbsl), reconnus par les deux écoles juridiques, chiite et sunnite, et certains hadiths rapportés uniquement par les savants chiites. Nous citerons quelques hadiths rapportés par les grands narrateurs de hadith, sunnites, à leur tête les deux cheikhs: Al Bukhari et Muslim, sans nous arrêter aux nombreux récits rapportés par des narrateurs de hadith qui ont compilé plusieurs livres et dictionnaires, dans ce domaine.
On rapporte que Jabir ibn Samra a dit: "J’ai entendu le Prophète (Pbsl) dire: "Il y aura douze émirs (et il prononça un mot que je n’ai pas entendu). Mon père me dit que le Prophète (Pbsl) avait dit qu'ils étaient tous de la famille de Quraïsh", selon Al-Bukhari.
Des narrateurs de hadith ont rapporté le même hadith avec une variation sur le mot émir: «il y aura douze califes» ou «il y aura douze hommes» [142] Les savants sunnites n’ont pas compris qui étaient ces douze émirs. Ibn Kathir a donné des explications sur les douze imams dans son livre, en disant qu’ils étaient tous de la tribu de Quraïsh, mais qu'il ne s'agissait pas des douze Imams auxquels les chiites font allusion, puisqu’ils n’ont pas gouverné la communauté musulmane à leur époque, sauf Ali ibn Abou Talib (psl) et son fils al Hassan (psl). Le dernier, parmi ces Imams, selon les chiites, serait Al Mahdi Al-Montazar, qui a disparu dans un souterrain de Bassora, selon lui, ce n'est qu’une hypothèse car il n’existe plus et n'a laissé aucune trace.
Par contre les douze imams auxquels le hadith fait allusion, seraient les quatre Califes: Abou Bakr, Omar, Osman et Ali (psl), suivi d’Omar ibn Abdul Aziz, avec l’accord de certains narrateurs de Traditions prophétiques. Ibn Kathir, après avoir interprété le hadith à sa manière, rapporte également les paroles de savants comme Al Baïhaqi, qui dans leurs commentaires et interprétations du hadith, n’arrivèrent pas à donner la liste complète des douze Imams et furent contraints d’ajouter les Califes Omeyyades et Abbassides, aux quatre Califes orthodoxes, pour présenter une liste complète. Ils ajoutèrent donc Yazid ibn Moawiya et Walid ibn Yazid ibn Abdul Malik qu'ibn Kathir qualifie lui-même, de gens immoraux et fornicateurs. Ils procédèrent également à l’élimination de certains Califes Omeyyades pour totaliser le nombre de douze, sous prétexte qu’ils ne jouissaient pas de la confiance et du soutien de toute la nation musulmane (Oumma), mais sans résultat satisfaisant.
Ibn Kathir pencha finalement en faveur de la thèse d’Abou Jild, en disant que le récit, rapporté par Abou Jild, était plus proche de la réalité, puisqu’il avait consulté les livres des religions précédentes, comme la Thora (la bible) où il avait trouvé la signification des douze imams dans la promesse de Dieu à Abraham, de lui accorder un fils (Ismaïl) dont la descendance constituerait une grande nation. Dieu aurait choisi dans la descendance d’Ismaïl, les "douze puissants". Ibn Kathir rapporte ensuite les paroles de son maître Ibn Teïmiyya al Harhan: "Les Imams auxquels il est fait allusion dans le hadith rapporté par Samra, sont éparpillés dans l'Histoire de la nation musulmane (Oumma), et leur apparition est obligatoire avant la Résurrection. Les juifs qui ont embrassé l’islam ont commis une erreur en imaginant que ces douze imams seraient les douze Imams auxquels la secte des Rawâfid fait allusion, et qu'ils ont suivie. [143]
"Cela prouve que les juifs et les chrétiens (Ahl-ul-Kitab) connaissaient les douze imams de la sainte famille du Prophète, comme le disent les chiites imâmites, et c'est pour cette raison qu'ils ont embrassé l’islam et sont devenus les partisans d’Ali ibn Abou Talib (psl)".
Ces déclarations d’Ibn Teïmiyya et de ses semblables n’ont pas de sens, puisque, depuis le déclin de la civilisation musulmane jusqu'à nos jours, personne n’a pu citer les noms des "douze puissants" (imams), sauf les chiites imâmites.
Ibn Hajar al Askalani rapporte les hypothèses de certains savants à ce sujet, comme Ibn al Haouji, Ibn Batoual, sur le hadith des douze Imams. Ibn al Haouji dit à propos de ce hadith: «J'ai longtemps réfléchi sur la signification de ce hadith, mais je ne suis arrivé à aucune vérité, car il a été rapporté de plusieurs façons. Il n’y a pas de doute que les rapporteurs de ce hadith ont commis des erreurs». [144]
Cela nous permet de conclure que la mauvaise interprétation de ce hadith par certains savants, vient des mots Calife ou Emir du hadith, et c'est pour cette raison que certains ont cru qu'il s'agissait des Califes Omeyyades et Abbassides, ou d’autres gouvernants malhonnêtes qui ont gouverné la communauté islamique. Ils ont oublié que le mot "Khalife" ne s'applique à rien d’autre que l’Imamat, qui a un champ sémantique plus vaste que celui du mot "gouvernement".
L’unicité de Dieu
Les chiites imâmites croient à l’existence d’un seul Dieu (Allah) qui n’a pas d’associé ni de semblable. Il est Absolu, c’est à dire que Son existence ne dépend pas d’autrui. Il n’a jamais enfanté, Il n’a pas été enfanté et Il est Eternel. Il n’a pas besoin de l’espace ni du temps et nul n’est égal à Lui. Il n’a pas de corps physique. Personne ne peut le "voir" dans ce monde ni dans l’au-delà. Tous les attributs tels que la vie, la puissance et la connaissance lui reviennent.
La justice divine
Le grand savant chiite Mofid résume ce paragraphe en disant: "En vérité Dieu (Allah) est Juste et Généreux. Il a créé ses créatures pour qu’elles l'adorent, Il leur a ordonné de Lui obéir et Il leur a interdit de se rebeller contre Lui. Ensuite Il généralisa Sa grâce à toutes les créatures, leur attribua le bonheur et tous Ses bienfaits. Il n’oblige pas Ses serviteurs à faire ce qui n’est pas en leur pouvoir. Il n’a pas créé cet univers en vain, car toutes Ses actions sont pleines de sagesse. Il n’assiste pas Ses adorateurs dans leurs mauvaises actions, ne punit personne sauf les pécheurs et ne blâme pas un adorateur qui n'aurait commis aucune mauvaise action.
Le saint Coran dit:
«Non, Dieu ne prévarique pas, fût-ce du poids d'un atome. S'il est une bonne action, Il la double, et donne de sa part un énorme salaire» [145]
Par contre plusieurs écoles musulmanes, autres que les Chiites, prétendent qu’il est fort possible que Dieu punisse les bienfaiteurs sans qu’ils aient commis de péchés, et privilégie un pécheur en le faisant entrer au paradis.
Selon cette croyance, Dieu serait injuste. Que Dieu nous protège et nous éloigne de cela!
Les Motazilites sont d’accord avec le Chiisme concernant la justice divine, raison pour laquelle, on les appelle les "Al Andeliyya".
La Prophétie
Les chiites imâmites croient que Dieu a envoyé des prophètes pour prévenir et avertir Ses créatures. Ils croient également que Dieu commença à envoyer Ses Prophètes avec la création d’Adam jusqu’à Muhammad ibn Abdullah (Pbsl), le Maître des Prophètes, le meilleur des Messagers et le Maître de toutes les créatures. C’est lui, le "sceau des Prophètes" qui accomplit le cycle de la Prophétie.
Les chiites imâmites croient également que sa législation doit rester en vigueur jusqu’à la fin du monde. Selon la doctrine chiite imâmite, tous les Prophètes sont infaillibles, ne peuvent commettre ni péché ni erreur, et n'oublient rien. Cela est vrai avant leur mission prophétique, durant la période de leur prophétie et jusqu’à la fin de leur vie. Les chiites imâmites croient encore que le Messager de Dieu (Pbsl) ne parlait jamais sur une impulsion quelconque, mais que toutes ses paroles étaient révélées et qu'il a achevé sa mission prophétique en enseignant l’islam tout entier.
Il a enseigné aux musulmans, les limites de leur législation. Les chiites imâmites croient que le Coran est la Parole divine que Dieu a révélé à son Messager (Pbsl). Ils croient aussi que le Coran ne contient aucune erreur et aucun mensonge, puisqu’il est protégé comme le dit de Coran, contre toute falsification ou modification.
L’Imamat (la succession du prophète)
Les chiites imâmites croient que l’Imamat est une grâce de Dieu. Il est donc inconcevable et incorrect de s'imaginer que le Prophète (Pbsl) y était insensible. C’est pour cela que les chiites imâmites croient que le Messager de Dieu (Pbsl) a présenté à la nation musulmane, Ali ibn Abou Talib (psl), à Ghadir Khum, endroit situé entre Médine et la Mecque, lors du dernier pèlerinage, comme successeur après lui. Il l’a désigné comme Imam à sa nation et a appelé les musulmans à se soumettre à Ali (psl) et à le suivre. Plusieurs hadiths rapportent cet événement. Le Messager de Dieu (Pbsl) a également appelé les musulmans à lui rester attachés et à soutenir les Imams de sa sainte famille.
La résurrection
Les chiites imâmites croient que toutes les créatures seront ramenées à la vie après la mort, le dernier jour, afin que Dieu récompense Ses créatures en fonction de leurs actes. Quiconque aura fait le bien, aura une belle récompense, par contre le malfaiteur et le pécheur seront punis.
Pour les chiites, l’intercession est une réalité et une vérité incontournable. Les croyants qui ont commis des péchés profiteront de cette intercession. Ils croient aussi que les mécréants et les idolâtres resteront éternellement en enfer.
Voilà en Bref, les cinq principes de la doctrine chiite imâmite, [146] afin de répondre à ceux qui propagent des mensonges contre cette école de l'islam et accusent les chiites de choses qui n'existent pas dans leurs croyances, pour saper leur réputation.
LES DEVIATIONS IDEOLOGIQUES
Après l’envoyé de Dieu (Pbsl), les circonstances ont conduit à l'apparition de l’Ijtihad qui est un effort d’hypothèses en jurisprudence islamique, en s’appuyant sur l'intelligence et la raison, pour résoudre les problèmes de la communauté.
Jour après jour, se développa l'opposition contre le Chiisme, surtout après l'accès successif au pouvoir, des Omeyyades et des Abbassides. L'Ijtihad fut exercée par certaines personnes et certains gouvernements, opposés au chiisme, qui succédèrent aux Omeyyades et aux Abbassides, dans le but de faire disparaître le Chiisme. Lorsqu’ils comprirent qu’il n’était pas si facile d'atteindre leur but et après des échecs consécutifs, ils adoptèrent la voie de l’intimidation et de la torture, pour venir à bout du Chiisme. Les dirigeants de l’époque utilisèrent aussi divers moyens pour falsifier la réalité du Chiisme auprès des musulmans, comme l’infiltration de personnes suspectes parmi les chiites, pour véhiculer des idées subversives dans les rangs chiites et pour faire croire aux musulmans que le Chiisme était fondé sur des contradictions et des illogismes. Ils pensaient ainsi atteindre leurs objectifs et éloigner les gens du Chiisme, ou tout au moins en faire une secte minoritaire et isolée, et empêcher son extension pour éviter qu'il ne devienne une force et une menace pour leur pouvoir et leur domination.
Des sectes et des groupes hérétiques apparurent qui propageaient certaines hypothèses erronées qui n'avaient rien d'islamique, et qui se réclamaient de la sainte famille du Prophète (Pbsl). Leur objectif était d’affaiblir la législation et la pensée islamique, en véhiculant leur propagande dans les milieux non initiés. Plusieurs de ces groupes ont pu réaliser leurs objectifs et rassembler des centaines de personnes.
Cette situation a poussé les Imams de la sainte famille du Prophète (Pbsl) à combattre ce fléau, en avertissant les musulmans des erreurs de ces groupes pour que le Chiisme puisse survivre, malgré l’infiltration de pensées qui n'avaient rien à voir avec l'idéologie chiite. Ces groupes réalisaient leurs objectifs grâce à des financements secrets qu’ils recevaient des autorités qui cherchaient à diviser et à isoler les chiites.
L’apparition de sectes opposées au Chiisme authentique se fit à plusieurs niveaux, avec l’apparition d'extrémistes (les Gholat), qui exagéraient et dépassaient les limites de la doctrine, et tentaient d'altérer la réputation du Chiisme, au sein de la communauté musulmane.
Nous allons présenter l'avis des Imams de la famille du Prophète sur les Gholat.
Vous savez que le fait de suivre les douze Imams est une façon de pratiquer et d’être en conformité avec la Tradition du Prophète, qui avait exigé des croyants l'obéissance aux Imams de sa sainte famille, que Dieu a purifiés. Celui qui agit de cette manière est dans la continuité du message prophétique et ne s’écartera jamais du droit chemin, dans la pratique de l’Ijtihad.
Malheureusement plusieurs sectes ont dévié comme les Zaydiyya (Zeïdites) et les Ismaïliyya (les Ismaïlites) qui partagent certaines idées avec le Chiisme imâmite et se distinguent sur d’autres points de croyances.
Voici en résumé leur doctrine:
1) Les Zaydites
Ils croient à la supériorité d’Ali ibn Abou Talib (psl) sur tous les compagnons du Prophète, mais reconnaissent le Califat des deux cheikhs, Abou Bakr et Omar. Ils croient également que n’importe qui peut diriger la société même s’il existe des gens plus vertueux. Pour eux, l’Imamat après Hussein ibn Ali ibn Abou Talib (psl), peut revenir à toute personne appartenant à la descendance de Fatima, fille du Prophète, que la paix soit sur elle, à condition qu’il soit savant, pieux, courageux et qu'il ait combattu dans la voie de Dieu.
Les Al Jaroudiyya font partie de cette secte et croient à la compétence et à la supériorité absolue d’Ali ibn Abou Talib (psl). Ils considèrent comme mécréant, celui qui l’empêcha d'accéder au califat après la disparition de l’Envoyé de Dieu (Pbsl), et estiment que la communauté musulmane s’est égarée du droit chemin et de la foi, en l’abandonnant. Ils croient à l’Imamat d’Al Hassan ibn Ali (psl), et qu'après lui, l’Imamat revient au conseil, c’est à dire à des élections, entre les descendants d’Hassan et d’Hussein (paix sur eux). Avoir mené une révolution était une condition pour accéder à l’Imamat, quiconque avait conduit une révolte parmi les fils d’Al Hassan et d’Al Hussein, avait le droit de briguer le pouvoir. [147]
La doctrine des Zaydites est proche de celles des Imâmites et des Motazelites de Bagdad et de Bassora, comme nous l’avons expliqué précédemment.
2) Les Ismaïlites
Les partisans de cette secte croient aux Imams de la sainte famille jusqu’à l’Imam Jahfar Sadeq (psl) et à l’Imamat de son fils Ismaïl. Les Ismaïlites prétendent qu’Ismaïl ne mourra pas avant d'avoir pu gouverner le monde. Parmi leurs croyances figure l’existence des connaissances visibles (Zaher) et des connaissances cachées (Baten) du saint Coran. Par exemple, ils interprètent les sept cieux et les sept terres par la personne des sept Imams. Il est écrit dans le livre «Qawâidu al Anqida al Muhammadiyya» que les secrets cachés du Coran ne sont connus que par l’Imam ou son successeur. Ils croient également que les révélations coraniques sur la résurrection et le rassemblement du jugement, ainsi que d’autres révélations, seraient des signes qui nous mènent aux connaissances cachées du Coran. Par exemple, la prière serait l’imploration du secours de l’Imam. La Zakat (l’aumône) serait l'acquisition des connaissances pour celui qui s’acquitte de cette obligation. Le Jeûne signifierait le dévoilement de la connaissance pour ceux qui croient à l'invisible. Le Pèlerinage serait la recherche de la connaissance. La Kaaba représente le Prophète et sa porte, Ali. Le mont de Safat représente aussi le Prophète et le mont de Marwa, Ali. Le temps ou lieu déterminé (Miqât) serait Ali. Al Talbiyya (la phrase rituelle que les pèlerins prononcent à la Mecque, en réponse à l'appel de Dieu), serait la réponse du pèlerin à l’appel des connaissances cachées, et tourner sept fois autour de la Kaaba, signifierait tourner autour du Prophète Muhammad (Pbsl) et les sept Imams. D'autres croyances étranges existent encore dans cette doctrine [148] qui n'ont rien à voir avec le Chiisme authentique que le Prophète de l’islam (Pbsl) avait présenté, et qui a été suivi jusqu’à nos jours, par les Imâmites.
LES EXCES DANS LA RELIGION ET LES GHOLAT
L’objectif principal de cette recherche est de corriger les erreurs commises par certains chercheurs, anciens et contemporains, et leur amalgame entre les déviations religieuses et le Chiisme imâmite. D’une manière générale, cette confusion est due à leur ignorance de la signification réelle du Chiisme, à une mauvaise foi évidente ou à leur ignorance des croyances des Gholat. Certains utilisent des termes comme «Rawâfidoua» qui s'appliquent à ceux qui ont rejeté la légalité des trois califes avant Ali ibn Abou Talib, pour cacher la réalité du Chiisme, et mettent sur le même plan les croyances des Gholat et celles des Rawâfidou.
Ibn Teïmiyya cite dans son livre, plusieurs croyances erronées et étranges, et généralise certaines croyances des Rawâfidou aux Imâmites, pour tromper ses lecteurs. Mais après quelques pages du même livre, il rectifie en disant qu'il est nécessaire de savoir qu’il existe dans le Chiisme en général, des paroles et des pratiques blâmables qui n’existent ni dans le chiisme imâmite, ni chez les Zeïdites, alors que ces croyances existent en grande partie, chez les Gholat et leurs fidèles». [149]
La réalité est qu'un grand nombre de ces sectes et les Gholat déclarait leur appartenance à la ligne droite de la sainte famille du Prophète et était en grande partie originaire de la ville de Koufa, considérée comme le berceau du Manawiyya et du Sanawiyya qui apparurent à l'époque du Zoroastrisme, ou d’autres croyances étrangères originaires de l'Inde, reconnaissant l’incarnation et l’union avec Dieu. Des croyances qui ont influencé le cœur des musulmans faibles et ignorants, et la société musulmane toute entière.
Vu la renommée des Imams de la sainte famille du Prophète, dans la société de Koufa, parmi les musulmans en général, et chez les chiites, en particulier, les Gholat se présentèrent comme étant dans la ligne droite des Imams pour acquérir la confiance des musulmans. Les saints Imams comprirent leurs mauvaises intentions et avertirent les chiites et les musulmans, des complots des Gholat.
Nous allons développer cela d’une manière plus approfondie.
Pour éviter toute confusion, il est nécessaire de définir et d'expliquer clairement le problème de l’exagération en religion. Etymologiquement le mot "al Ghoulou" signifie l’exagération dans la religion et signifie en arabe "le dépassement des limites". C’est pourquoi toute déviation idéologique est aussi appelée «Ghoulou».
Ibn Manzhour a dit: Al Ghoulou signifie exagérer dans la religion et les lois». [150]
C’est pourquoi Dieu a dit dans le saint Coran:
«…n’exagérez pas dans votre religion, et ne dites de Dieu que la vérité».
En ce qui nous concerne, je n’ai pas trouvé de définition générale du mot Ghoulou, mais en me référant aux paroles des spécialistes en sémantique, je peux conclure qu'il s'agit d'une exagération dans la religion et du fait d'attribuer à certaines personnes, des attributs et des vertus qui ne leur conviennent pas. Il y a plusieurs niveaux sémantiques, le plus haut niveau consisterait à élever certaines personnes au rang des Prophètes ou de Dieu.
Exagérer les vertus d’une personne est une forme de Ghoulou. Les livres de hadith qui ont été rédigés sous la dynastie des Omeyyades, dans le but de cacher les vertus d’Ali ibn Abou Talib (psl) dans l’Histoire, et de faire oublier aux gens les mérites des gens de la famille des Bani Hashim, sont remplis de faux hadith de ce genre, sur les vertus de certains compagnons. Plusieurs rapporteurs de hadith sunnites reconnaissent cette réalité, comme al Madaïni et Naftawiyyah.
Pour confirmer nos propos, nous ne citerons que les hadiths sur les qualités d’Omar ibn al Khattâb et les hadiths, rapportés par certaines sectes sunnites, qui prétendent que Dieu apparaît aux gens et qu'il est apparu spécialement à Abou Bakr, ou selon lesquels les anges auraient eu honte du comportement d’Osman.
Il y a aussi plusieurs hadiths qui vantent les vertus d’Aicha, la mère des croyants, de Talha et de Zobeïr qui ont combattu le calife de leur époque, Ali ibn Abou Talib dont l'obéissance avait été rendue obligatoire pour tous les musulmans sans aucune exception, par le Prophète.
Citons également les exagérations de certaines sectes soufies, sur leur maître spirituel qu'ils élèvent parfois au-dessus des Prophètes. Ces méthodes existent aussi chez les fidèles de certaines sectes sunnites, qui attribuent des vertus démesurées à leurs jurisconsultes. L’exagération des Rawandiyyah sur les qualités des Abbassides, a fait d'eux des mécréants dans la communauté. Les fidèles de ce groupe disent que le père d’Hashem laissa un testament à Muhammad ibn Ali ibn Abdullah ibn Abbas ibn Abdul Mutalib lorsqu’il mourut à Shirat, dans la région de Cham (Damas). On rapporte que Muhammad ibn Ali ibn Abdullah ibn Abbas, qui reçut ce testament de son père a dit: "Ali restera toujours jeune, il est l’Imam et Dieu le Tout Puissant, il est omniscient, celui qui croit en lui, a tous les pouvoirs".
Muhammad ibn Ali écrivit ensuite un testament en faveur de son fils Ibrahim ibn Muhammad qui fut nommé Imam et considéré comme le premier Imam parmi les descendants d’Abbas.
Ibrahim à son tour, désigna son frère Abdullah ibn Muhammad, comme successeur, qui fut le premier calife de la dynastie Abbasside, et légua le pouvoir à son fils Abdullah bin Muhammad, le père de Jahfar, surnommé Mansour, qui désigna son fils Al Mahdi Muhammad ibn Abdullah comme imam. Durant le règne de ce dernier, apparut un testament du Prophète (Pbsl) en faveur de Muhammad ibn Hanafiyya, qui déclarait que le Prophète de Dieu (Pbsl) avait désigné Abbas ibn Abdul Mutalib et spécifiait qu'Abbas était son oncle paternel et son héritier, et la personne la plus proche de l’envoyé de Dieu (Pbsl).
Il ajoute: "Abou Bakr, Omar, Osman et Ali qui se sont succédés au califat ainsi que tous ceux qui occupèrent ce poste après le Prophète de Dieu (Pbsl), l’avaient usurpé et occupé de façon illégitime". Heureusement il fut contredit par les savants de son époque.
Ainsi donc, Al Mahdi Muhammad ibn Abdullah plaidait pour l’Imamat d’Abbas, après le Messager de Dieu (Pbsl), et après Abbas, de son fils Abdullah ibn Abbas, suivi par Ali ibn Abdullah, Ibrahim ibn Muhammad et son frère Abdullah, suivi par Abou Abbas puis son frère Mansour, père de Jahfar.
Les partisans de la secte des Rawandiyyah qui porte le nom de son fondateur Abdullah Rawandi, estiment qu'en vérité, l’Imam connaît toute chose et qu'il est Dieu le tout Puissant, il fait mourir et ressuscite les morts, et qu'en vérité Abou Mouslim al Khorassani est un Prophète qui connaît l’invisible et a été désigné par Mansour. Ils disaient également que Mansour était Dieu l’Omniscient.
Lorsque l'Imam apprit cette nouvelle, il leur demanda de se repentir et de démentir leurs paroles, mais ils répondirent «Mansour est notre Seigneur, s’il nous tue, par la main de celui qu’il aura choisi parmi ses créatures, nous serons des martyrs comme ses Prophètes et ses Envoyés. Mansour en a tué certains parce qu’il agissait selon sa volonté et faisait d’eux ce qu’il voulait ". [151]
Ce genre d'excès existait aussi dans les religions qui avaient précédé l’islam. Les juifs crurent à la divinité d’Ozeïr. Plusieurs hadiths relatent qu’il s'agit de la personne à laquelle le Coran fait allusion, au verset 259 de la sourate la vache (al Baqara):
«Ou cet autre qui passait par une ville aux toits effondrés: comment Dieu va-t-il lui redonner vie après sa mort?».
Le saint Coran fait allusion à ces mensonges:
«et les juifs disent: Ozeïr est le fils Dieu…» [152]
Selon certains hadiths, ils le qualifièrent de fils de Dieu lorsqu’ils le virent accomplir des miracles. Les miracles d’Ozeïr conduisirent les juifs à en faire une divinité.
Les Nazaréens se rendirent coupables des mêmes excès au sujet de Jésus, leur Prophète, et le divinisèrent comme les juifs avaient divinisé Ozeïr.
Le saint Coran nous le raconte dans le verset:
«…et les Chrétiens disent: ‹Le Christ est fils d'Allah›. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent les dires des mécréants avant eux. Qu'Allah les anéantisse! Comment s'écartent-ils (de la vérité)?» [153]
Le Coran les met en garde contre ces erreurs:
«Oh! Gens du livre n’exagérez pas dans votre religion, et ne dites de Dieu que la vérité…» [154]
Il est fort possible de dire que ces méthodes pénétrèrent dans la religion islamique, suite aux contacts avec les gens du livre (Ahl-ul-Kitab), comme ce fut le cas, après les conquêtes musulmanes, dans les régions où existaient le Zoroastrisme ou d’autres religions.
De plus, certains gens du livre qui avaient embrassé l’islam propagèrent des idées étrangères à l'islam, parmi les musulmans qui n'étaient pas assez au courant des vérités religieuses. Quelquefois cette démarche avait pour objectif de détruire l’islam de l’intérieur.
"Aucun groupe ou secte musulmane n’a été épargné. Les fidèles et les savants de certaines sectes ont exagéré l’amour de leurs dirigeants et leur ont attribué des qualités qui ne leur convenaient pas. Ils dévièrent du droit chemin et dépassèrent les limites de leur religion". [155]
Citons également d'autres perles comme: Dieu a choisi Abou Hanifa et lui a donné la science de la jurisprudence et les miracles, parmi ses miracles, il a enseigné au Prophète Kheizr (paix sur lui) la jurisprudence islamique, pendant cinquante ans et lorsqu’il mourut, Kheizr demanda à Dieu de le ressusciter afin qu’il puisse continuer ses études auprès de lui. Dieu ressuscita Abou Hanifa qui continua à enseigner pendant vingt-cinq ans. Lorsque Kheizr termina ses études, Dieu lui ordonna d’aller enseigner tout ce qu’il avait apprit d’Abou Hanifa à Al Qashir. Ce dernier a écrit mille livres qui resteront cachés dans un fleuve, jusqu’au retour du Messie qui gardera les livres d’Al Qashir et jugera selon ces derniers, car il n’y aura pas de livres sur la législation de Muhammad (Pbsl) [156].
Il est aussi rapporté que lorsqu’Abou Hanifa mourut, les djinns avaient beaucoup pleuré. La nuit de sa mort, on entendit des voix qui disaient:
«La jurisprudence a disparu, vous n'en aurez plus.
Craignez Dieu et soyez ses compagnons (d’Abou Hanifa)
Le Sage est mort, qui est celui qui va le remplacer?» [157]
En ce qui concerne Ahmad Ibn Hanbal, ils dirent que Ahmad ibn Hanbal était l’imam et le seigneur des musulmans, "c’est par lui que nous vivons, que nous mourrons et que nous seront ressuscités. Celui qui ne connaît pas cela est un ignorant"
Les Hanbalites ont proclamé que le rejet de ces croyances dénonce l'incrédulité. Par contre son amour est une tradition à respecter: "Si tu vois quelqu’un qui aime Ibn Hanbal, sache qu'il s'agit d'un sunnite authentique".
On rapporte que Chafi déclarait que celui qui détestait Ibn Hanbal était un incrédule. On lui demanda: Est-ce que tu le considères comme un incrédule? Il répondit: Oui, celui qui déteste Ibn Hanbal, déteste aussi les compagnons de l’envoyé de Dieu (Pbsl) et celui qui déteste ces derniers, déteste aussi l’envoyé de Dieu (Pbsl), or celui qui déteste l’envoyé de Dieu est un incrédule" [158]
Ibn al Djawzi a rapporté qu’Ali ibn Ismaïl avait dit: "J’ai vu (en rêve) le jour du jugement dernier, les gens sont venus jusqu’à un pont, on ne permettait pas aux gens de passer sauf ceux qui avaient une bague. J'ai demandé qui leur avait donné ces bagues. Ils répondirent: Ibn Hanbal" [159].
Aswad ibn Sâlim raconte: "Quelqu’un m'a dit: "Aswad, Dieu te salue et te dit: Ibn Hanbal sauve la communauté de l’égarement, est-ce que tu le suis? Si tu ne le suis pas tu t'égareras".
Hassan Sawaf raconte: "J’ai vu Dieu en songe, Il m’a dit: "Hassan, celui qui contredit Ibn Hanbal sera puni". [160]
Abou Abdullah Sajastani raconte: "J’ai vu l’envoyé de Dieu (en rêve) et je lui ai demandé: "Envoyé de Dieu! A notre époque, qui est celui que vous nous avez laissé comme guide en religion?" Il me répondit: "Ibn Hanbal" [161]
Malik ibn Ans disait: "Chaque nuit, je voyais l’envoyé de Dieu (Pbsl) en rêve" [162]
Khaflu ibn Omar raconte: "Je suis entré chez Malik, il m’a dit: "Regarde au-dessus de mon tapis de prière", j’ai regardé et il m’a dit de lire. J’ai lu ses rêves et il m’a dit qu’il avait vu le Messager de Dieu (Pbsl) en rêve, dans sa mosquée, les gens étaient rassemblés autour de lui, le Messager de Dieu leur a dit: "J’ai gardé pour vous des bonnes choses et la connaissance, que j’ai ordonné à Malik de partager entre les hommes. Ensuite les gens se dispersèrent en disant: "C’est à Malik qu'il revient maintenant de dire ce que le Messager de Dieu lui a ordonné". "Malik se mit à pleurer, je me suis levé et je suis parti." [163]
Muhammad Ramh raconte: "Mon père m’emmena au Pèlerinage quand j’étais petit. Nous étions dans la mosquée du saint Prophète à Médine, et je m’étais endormi entre la tombe du saint Prophète et la chaire de la mosquée. J’ai rêvé que le Messager de Dieu (Pbsl) s’appuyait sur les bras d’Abou Bakr et d’Omar ibn al Khatâb, je les ai salués et j'ai dit: Messager de Dieu, où vas-tu? Il me répondit: "Je vais désigner une ligne droite (Sirât-ul-Mustaqim) pour Malik". "Lorsque je me suis réveillé nous sommes allés avec mon père chez Malik, nous avons trouvé des gens chez lui, il venait de terminer son livre "al Muwatâ". [164]
Muhammad ibn Ramh raconte: "J’ai vu l’envoyé de Dieu en songe, il y a quarante ans, je lui ai dit: "Malik et Leyth divergent sur une question juridique". L’envoyé de Dieu (Pbsl) m'a dit: "Malik est l’héritier de l’héritier de mon grand-père, c'est à dire l'héritier du Prophète Ibrahim (psl)" [165]
Bashir ibn Abi Bakr a dit qu’il avait vu en songe qu’il était entré au paradis: "J’y ai vu al Awzâin et Soufiane Athawri mais je n’ai pas vu Malik, j’ai demandé: "où est Malik "? "Ils me répondirent que Malik était monté si haut que son turban était tombé". [166]
Abou Naïm a rapporté d’Ibrahim ibn Abdullah une parole d’Ismaïl ibn Muzahimu al Maruzi qui avait vu l’envoyé de Dieu en rêve et lui avait demandé: "Après toi, à qui devons-nous, nous référer?" "Il répondit: "à Malik ibn Ans" [167].
Masând ibn Abdullah ibn Zubaïr raconte qu'il a entendu le Messager de Dieu (Pbsl) dire aux gens qui étaient chez lui: "Qui d’entre vous est Malik?" Ils le désignèrent. Il le salua, l’embrassa et le serra contre sa poitrine."
Al Andawi a dit que lorsque notre Sheikh Allaqani mourut, certains hommes pieux l’ont vu en rêve et lui ont demandé: "Qu’est-ce que Dieu a fait de toi?" Il répondit: "Lorsque les deux Anges me firent asseoir dans ma tombe pour me questionner, Malik surgit et leur dit: "Faut-il interroger des gens comme eux sur leur foi?" "Laissez-le", et ils me laissèrent [168]".
"Certes c’est l’envoyé de Dieu qui a choisi le nom de Muwatâ (le livre de Malik) et lorsqu’on lui dit que Malik et Leyth divergeaient sur une question juridique et qu'on lui demanda qui était le plus savant d'entre eux, il répondit: "Malik est l’héritier de l’héritier de mon grand-père, c'est à dire le Prophète Ibrahim" [169].
On lui demanda une seconde fois (en rêve): ''Après toi, à qui devons-nous, nous référer?" Il répondit: "à Malik". [170]
Les historiens et les chercheurs qui ont étudié les sectes musulmanes, attribuèrent ce genre d'exagérations aux chiites, suivant la volonté des gouvernements ennemis de la sainte famille du Prophète (Pbsl).
Nous allons maintenant vous présenter certains textes de savants chiites imâmites, anciens et contemporains, concernant ces pratiques, pour vous faire comprendre clairement la position des chiites imâmites et leurs arguments vis-à-vis de ces déviations idéologiques.
Pour Cheikh Mofid, les Gholat sont des gens qui se prétendaient musulmans mais attribuaient la Divinité et la Prophétie à l’Imam Ali (psl) et aux Imams de sa descendance. Les Gholat sont considérés comme des mécréants et L’Imam Ali (psl) ordonna de les tuer et de les brûler. Les Imams suivants de la sainte famille les condamnèrent très sévèrement et les considéraient comme des mécréants. [171]
Pour Cheikh Sadoq, le chiisme considère que les Gholat et les Moufawwidas, qui croient que Dieu a accordé un total libre arbitre à ses créatures, sont des infidèles et des mécréants, pires que les Juifs, les Chrétiens, les Zoroastriens, les Qadariyya et les Houroubiyya. Ils sont considérés comme les plus mauvais et les plus nuisibles de tous les hérétiques. [172]
Pour L'Allameh Helli, les Gholat sont des exclus de l’islam même s’ils se prétendent musulmans. [173]
Pour Al Naraqi, il n’est pas étrange de reconnaître la dépravation des mœurs et l’impureté des Gholat, puisqu’ils croient et professent la divinité d’Ali et celle d’autres personnes. [174] Il ajoute: «De même qu'il est interdit d’accomplir la prière mortuaire sur le cadavre d'un ennemi de la sainte famille du Prophète (Pbsl), il est interdit de prier sur la dépouille d'un Gholat même s’il se disait musulman. [175] Il est aussi interdit de prier sur le cadavre d'un adepte des Kharîjite qui se sont éloignés des Imams de la sainte famille du Prophète.
Pour Cheikh al Jawahiri, les Gholat, les Khârijites et les Nawâseb qui manifestent leur haine envers la sainte famille du Prophète, et ceux qui nient les obligations de la religion, ne peuvent pas hériter les musulmans. [176]
Pour Ridhâ Hamadâni, Les Gholat sont considérés comme mécréants, puisqu’ils croient à la divinité de l’Imam Ali (psl) et d'autres créatures. [177]
Seyed Muhammad Ridhâ Golpaygani, dans sa Fatwa (loi juridique) numéro 748, écrit: «Il est obligatoire que l’égorgeur des bêtes (pour la consommation), soit musulman, puisqu’il n’est pas autorisé de manger la viande d’une bête égorgée par un polythéiste ou un mécréant. Le même jugement concerne les gens du livre (Ahl-ul-Kitab), avec une grande probabilité. Cependant la foi au chiisme n’est pas une condition indispensable, il suffit qu’il soit musulman, mais cela ne concerne pas les Nawassebs qui sont considérés comme des mécréants et des maudits à cause de leur haine envers la sainte famille du Prophète (Pbsl). Toutes les sectes qui se servent de l’islam, comme les Gholat et les Kharidjites, font aussi partie de ces groupes. [178]
Il est donc clair que les savants imâmites considèrent les Gholat comme des mécréants et des impurs. Les Fatwas qu'ils ont promulguées au sujet des Gholat, qu'ils considéraient comme des mécréants, interdisaient la consommation de la viande d’une bête égorgée par les fidèles de cette secte, et leur interdisaient d’hériter d'un musulman.
Abdullah ibn Sabah: Al Kachi a écrit dans son livre, à propos d’Abdullah ibn Sabah: "Il se prétendait prophète et disait qu’Ali (psl) était Dieu. Lorsque Ali (psl) apprit cela, il lui donna un délai de trois jours pour se repentir, mais il refusa, c'est pour cette raison que l’imam Ali le fit brûler vif avec un groupe de soixante-dix personnes qui croyaient en sa divinité." [179]
Cheikh Toussi et Ibn Daoud ont dit qu'Abdullah ibn Sabah était un symbole d'exagération et d'excès en religion. [180]
L’Allameh Helli a dit à son propos: "Il a exagéré dans la religion et il est maudit. L’Imam Ali (psl) le fit brûler vif parce qu’il prétendait qu’Ali était Dieu et que lui, était un Prophète. Que Dieu le maudisse!" [181]
Il est rapporté par Kachi qu’Abane ibn Osman a dit: "J’ai entendu l’Imam Sâdeq (psl) dire: "Que Dieu maudisse Abdullah ibn Sabah qui considérait Ali comme une divinité. Je jure au nom de Dieu, que l’Imam Ali n’était qu’un adorateur de Dieu, obéissant à ses ordres. Malheur à celui qui propage des mensonges contre nous. En vérité il y a des gens qui nous attribuent des paroles que nous n’avons pas dites. Nous déclarerons notre innocence devant Dieu, contre eux et leurs mensonges." [182]
Il est également rapporté par Khachi de la part d’Abdullah que l’Imam Sâdeq (psl) a dit: "En vérité nous, les Membres de la Demeure (Ahl-ul-Bayt), sommes véridiques dans nos paroles, mais certains propagent des mensonges sur nous, pour nous rabaisser auprès des gens. Le Messager de Dieu (Pbsl) était le plus véridique de toutes les créatures, or Moussaï propagea aussi des mensonges sur lui, de même l’Emir des croyants (l’Imam Ali) était le plus véridique après le Messager de Dieu (Pbsl), mais Abdullah ibn Sabah propagea également des mensonges sur lui. Il tentait de le rabaisser par ces mensonges puis se mit ensuite à propager des mensonges sur Dieu." [183]
Dans le grand recueil de hadith «Bihâr al Anwar», en plus des mensonges de Mokhtar sur l’Imam Hussein ibn Ali (psl), l’Imam Sâdeq cite aussi certaines personnes comme: Harith Châmi et Banâna en disant: «Ces derniers propageaient des mensonges sur l’Imam Ali ibn Hussein (psl), et il cite les noms de Mourhira ibn Saïd, Bazia, Siri, Abou Khitâb, Moumira, Bichar, Chaïri, Hamza Atirmizi et Souaïd Nahadi, en disant: "Que Dieu les maudisse, ils ont propagé des mensonges sur nous. Dieu nous suffit contre leurs mensonges, que Dieu les punisse et leur fasse goûter la fournaise de l’enfer». [184]
LA POSITION DES IMAMS DE LA SAINTE FAMILLE ET DE LEURS PARTISANS VIS-A-VIS DES SECTES EXTREMISTES
Le Prophète avait prévenu ses compagnons des divergences qui apparaîtront dans la communauté, après lui. Dans son testament à l’Imam Ali ibn Abou Talib (psl), il insiste sur un groupe qui, par amour exagéré envers l'Imam, dépassera les limites de l'islam pour sombrer dans le polythéisme.
Ahmad ibn Chadane rapporte que l’Imam Sâdeq (psl) a rapporté de l’Imam Ali (psl) que le Messager de Dieu (Pbsl) avait dit: "Ali! Tu ressembles à Jésus, fils de Marie, dans ma communauté. Sa communauté se divisa en trois groupes, celui des croyants, représenté par ses apôtres, celui de ses ennemis, représenté par les juifs et celui de gens qui ont exagéré et dépassé les limites de leur dévotion et s'éloignèrent de la foi authentique. En vérité, je te le dis: Ma communauté se divisera en trois groupes à ton sujet: Le groupe de tes partisans, représenté par les croyants, celui de tes ennemis, constitué par les hypocrites et celui de gens qui exagéreront et des apostats qui dépasseront les limites, dans leur dévotion envers toi. Ali! Toi et tes partisans ainsi que ceux qui t'aiment, vous irez au paradis. Par contre tes ennemis ainsi que ceux qui ont dépassé les limites à ton sujet, iront droit en enfer''. [185]
LA POSITION DE L’EMIR DES CROYANTS (ALI IBN ABOU TALIB) VIS-A-VIS DES GHOLAT
L’Emir des croyants, Ali ibn Abou Talib (psl), s'opposa, maudit, punit et châtia sévèrement les partisans de ces sectes. Ibn Nabatiya raconte que l’Emir des croyants a dit: "Mon Dieu, en vérité, je ne suis pour rien dans les mensonges des Gholat, comme Jésus fils de Marie n'était pour rien dans les mensonges des Chrétiens. Seigneur! Abandonne-les pour toujours et ne les assiste pas". [186]
Il a également dit: «Faîtes attention de ne pas dépasser les limites à notre sujet, dites de nous tout ce que vous voulez mais en sachant que nous ne sommes que les serviteurs de Dieu». [187]
L’Imam Sâdeq (psl) raconta qu'un jour, un homme parmi les érudits juifs, demanda à l’Emir des croyants: "Emir des croyants! Parle-moi de l’origine de ton Dieu? Il lui répondit: "Est-ce que Dieu un jour n'a pas existé pour parler de son commencement?! Mon Seigneur n’a ni commencement ni fin…" Le juif poursuivit: "Emir des croyants! Es-tu un Prophète?" Il répondit: "En vérité je ne suis qu’un serviteur parmi les serviteurs du Prophète Muhammad [188], nous connaissons les interdits et les choses licites, mais nous ne sommes pas des Prophètes". [189]
La position de l’Imam Zayn-ol-Abedine (psl) vis-à-vis des Gholat
L’Imam Ali ibn Hussein Zayn-ol-Abedine (psl) a dit: «Que Dieu maudisse quiconque propage des mensonges sur nous! En vérité, le souvenir d’Abdullah ibn Sabah m'a retourné. Il prétendait qu’Ali (psl) était Dieu, il fut maudit à cause de cette parole. Je jure au nom de Dieu qu’Ali (psl) n’était qu’un serviteur vertueux de Dieu et le frère spirituel du Prophète (Pbsl). Il fut élevé, suite à son obéissance à son Seigneur et à l’envoyé de Dieu (Pbsl)».
L’Imam Zayn-ol-Abedine informa Abou Khaled Al Kabouli de ce qui se passait dans la communauté musulmane et de l’exagération dans la religion, comme les juifs qui avaient tellement aimé Ozeïr, qu'ils prétendaient qu'il était le fils de Dieu, alors que cela ne plaisait pas à Ozeïr, et les chrétiens qui aimèrent Jésus au point de le considérer comme le fils de Dieu, alors que Jésus n'avait rien à voir dans ces exagérations. "Ce genre de mensonges se répétera aussi parmi nos partisans, ils nous aimeront jusqu’à surestimer nos qualités comme les juifs l’ont fait avec Ozeïr et les chrétiens avec Jésus fils de Marie. Ces gens-là ne sont pas nos partisans et nous ne sommes pas leurs Imams…" [190]
LA POSITION DE L’IMAM MUHAMMAD AL BAQER (PSL) VIS-A-VIS DES GHOLAT
Zourara rapporte qu'il a entendu l’Imam Muhammad Baqer dire: "Que Dieu maudisse Banâna al Bayane. En vérité Dieu l’a maudit parce qu’il propageait des mensonges sur mon père. Je témoigne que ce dernier, Ali Ibn Hussein Zain-ol-Abedin n’était qu’un serviteur vertueux de Dieu". [191]
LA POSITION DE L’IMAM JAHFAR SADEQ (PSL) VIS-A-VIS DES GHOLAT
Cette pensée se développa à l’époque de l’Imam Jahfar Sâdeq (psl) qui enseignait différentes sciences à ses élèves, et devint ainsi très célèbre et très populaire. Il apprenait aux gens les enseignements qu’il avait hérités de ses parents qui, à leur tour, les avaient hérités de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Certains naïfs pensaient que l’Imam était omniscient et l’élevaient au rang de Dieu et de la science de l’invisible. Ceux qui propageaient ces idées profitèrent de la naïveté de certaines populations noires et indiennes (les Zetoui) qui se convertirent à l'islam, et à l'influence d'anciennes personnalités des religions précédentes.
Cette propagande visait à détruire les enseignements et les croyances islamiques. Certains par besoins matériels ou goût de la notoriété, cherchaient à éloigner les musulmans de la ligne droite, et racontaient n’importe quoi sur l’Imam (psl). Malik ibn Atouiya raconte de la part, de certains partisans de l’Imam Sâdeq (psl) qu'un jour l’Imam Sâdeq (psl) était arrivé très fâché et irrité et nous avait dit: "J'étais sorti pour quelques affaires et j'ai croisé des noirs de Médine qui me glorifiaient en disant: "Nous voici! (Labaïk) Jahfar ibn Muhammad, nous voici!" "Je suis rentré rapidement chez moi, affolé par ces paroles, puis je suis allé me prosterner dans la mosquée pour me rabaisser devant mon Seigneur. Je me suis humilié, en déclarant mon innocence dans leur culte de ma personne. En vérité, je vous le dis, si Jésus fils Marie, n’avait pas démenti ce que les chrétiens disaient de lui, Dieu l’aurait rendu sourd, muet et aveugle pour toujours. Et il ajouta (psl): Que Dieu maudisse Abou Khatouab…" [192]
Abou Omar Al Kachi rapporte de Saïd: "Ahmad ibn Muhammad ibn Issa nous a informés que Hicham ibn Hakam avait rapporté de l’Imam Sâdeq (psl) ces paroles: "Que Dieu maudisse Banâna, Siri et Wazia, en vérité Satan leur apparaissait sous la forme d’un bel homme". J'ai dit à l’Imam (psl) que Banâna interprétait le verset:
«C'est Lui qui est Dieu dans le ciel et Dieu sur terre; et c'est Lui le Sage, l'Omniscient!» [193]
en disant: "En vérité celui qui est sur terre n’est pas semblable à celui qui est au ciel, le Dieu du ciel est plus Puissant que celui de la terre, et les habitants de la terre connaissent les bienfaits du Dieu du ciel et le glorifient".
L’Imam (psl) répondit: "Je jure au nom de Dieu, qu’il n’y a qu’un seul Dieu qui n’a pas d’associé ni de semblable. Il est le Dieu de tout ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. Banâna dit des mensonges, que Dieu le maudisse, en disant cela il rabaisse la grandeur et la puissance de Dieu" [194]
Kachi rapporte également que l’Imam Sâdeq (psl) a dit à propos de ce verset:
«Vous apprendrai-je sur qui les diables descendent? Ils descendent sur tout calomniateur, pécheur» [195],
qu'il pouvait s'appliquer à Ibn Saïd, Banâna, Souaïd, Hamza ibn Amar Azaïdi, Harita Chaami, Abdullah ibn Omar ibn Harith et Abou Khatwab»
Kachi rapporte également d'Hamoudiyya: "Yaqoub nous a informé de ce qu’il a entendu d’Ibn Abou Omeiri qui, lui aussi à son tour l'avait entendu d’Abdoul Soumad ibn Bachir que Masouadiq avait dit: "Des gens, venus de Koufa se rendirent chez l’Imam Sâdeq (psl) et l’informèrent des exagérations des Gholat." L’Imam (psl) se prosterna en pleurant, et dit: "Je ne suis qu’un esclave de Dieu, fils d’un esclave de Dieu." Il répéta cela plusieurs fois puis leva son visage couvert de larmes. Le rapporteur dit: "J’ai alors regretté de l'avoir informé de cette nouvelle et je lui ai dit: "Puisses-tu vivre au prix de ma vie, pourquoi es-tu si bouleversé? L’Imam (psl) me répondit: "Mousouadiq! En vérité je l’ai dit, si Jésus fils de Marie, avait gardé le silence face aux exagérations des chrétiens, il aurait été puni en devenant sourd, muet et aveugle pour toujours. Si je n'avais pas démenti les déclarations d’Abou Khatouab, Dieu m'aurait puni en me rendant sourd et aveugle". [196]
Koleïni rapporte que Sadir a dit: "J’ai dit à l’Imam Sâdeq (psl) que des gens prétendaient qu'ils étaient des dieux et que leur argument était le verset:
«Il est Lui, Dieu dans le ciel, Dieu aussi sur la terre». [197]
L’imam Sâdeq (psl) répondit: "Sadir! Je n'ai absolument rien à voir avec ces paroles, Dieu voit ces gens qui ne sont ni dans ma religion, ni dans celle de mes parents (paix sur eux). Je jure au nom de Dieu, qu'Il ne nous réunira pas, le jour de la résurrection, et sera mécontent d’eux". Et le rapporteur d'enrichir: "Il y a des gens qui prétendent aussi que vous êtes des Envoyés de Dieu, en s'appuyant sur le verset coranique:
«Ho! Les Messagers! Mangez des choses pures et agissez en bien. Oui, je sais ce que vous faites» [198]
L’Imam Sâdeq (psl) lui répondit: "Sadir! Je n'ai aucune responsabilité dans tout cela. Dieu et son Envoyé les observent, ils ne sont pas dans ma religion, ni dans celle de mes parents (paix sur eux). Je jure au nom de Dieu, qu'Il ne nous réunira pas le jour de la résurrection, et sera mécontent d’eux".
Le rapporteur poursuivit: "Je lui ai dit: Qui êtes-vous alors? Il me répondit: "Nous sommes les Gardiens de la connaissance, les Traducteurs des ordres de Dieu et des Infaillibles. Dieu a ordonné de nous obéir et a interdit de nous contredire. Nous sommes les preuves de Dieu pour tout ce qui vit sur terre. Dieu et Son envoyé les observent, ces gens-là ne sont pas dans ma religion, ni dans celle de mes parents. Je jure par Dieu, qu'Il ne nous réunira pas le jour de la résurrection, et sera mécontent d’eux". [199]
Mourhira ibn Saïd était très réputé chez des Gholat, il égarait les naïfs et exagérait les principes de la religion et la personnalité des Imams, en les élevant au rang de la divinité. L’imam Jaffar Sâdeq (psl) s'opposa à lui et le démasqua, puis il informa ses partisans sur la véritable nature de Mourhira en leur disant: «Que Dieu maudisse Mourhira ibn Saïd et la juive qui lui enseignait la sorcellerie, le vol et la magie. En vérité Mourhira propageait des mensonges sur mon père et Dieu lui retira la foi. Un autre groupe propageait aussi des mensonges sur moi, Dieu leur a fait goûter le feu de la fournaise. Je jure au nom de Dieu, que nous ne sommes que des esclaves que Dieu a créés et qu’Il a choisis parmi Ses créatures, nous ne pouvons rien contre Lui. S’Il le veut, Il nous gracie par Sa miséricorde, et s’Il nous punit, c’est à cause de nos péchés. Je jure au nom de Dieu que nous démentons ces paroles auprès de Dieu et que nous déclarons notre innocence. En vérité nous ne sommes que des cadavres enterrés qui seront ressuscités le dernier jour, rassemblés et présentés devant Dieu, pour être questionnés le jour du jugement. Qu’est ce qu’ils ont à prétendre de telles choses, que Dieu les maudisse! Ils ont nuit à Dieu par leur exagération et également au Messager de Dieu (Pbsl) sur sa tombe, à l’Emir des croyants, à Fatima, à Hassan, à Hussein, à Ali ibn Hussein et à Muhammad ibn Ali (que la paix de Dieu soit sur eux). Me voici parmi vous de la même chair et de la même peau que le messager de Dieu (Pbsl), je m'endors dans la crainte et la peur, alors qu'eux, par contre sont en paix et s'endorment tranquillement, alors que moi je suis dans la crainte et l'éveil… déclarant à Dieu mon innocence dans ce qu’ils disent de moi. Abou Khatouab, que Dieu le maudisse! Je jure au nom de Dieu, que s’ils étaient à notre place dans cette épreuve, ils n'accepteraient jamais ce genre de paroles. Comment disent-ils cela en voyant notre crainte et notre peur? Je déclare mon innocence devant Dieu, je vous prends à témoin de mon innocence, Je ne suis qu’un être humain que le Messager de Dieu (Pbsl) a créé. Si j’obéis à Dieu, il m’accordera Sa miséricorde et si je me rebelle contre Lui, Il me punira d'une lourde peine".
L’imam Sâdeq (psl) démentit toutes les qualités que les Gholat lui attribuaient, sur la connaissance de l’invisible, la création et l’octroi des bienfaits.…
Abou Bassouir déclare: "J’ai dit à l’Imam Sâdeq (psl) qu'on racontait des choses sur lui… il m'a demandé: "Que dit-on?" Je lui ai dit: "Des gens disent que tu connais le nombre des gouttes de pluie, le nombre des étoiles et le nombre des feuilles des arbres, le poids de l’eau de la mer et le nombre des grains de sable. L’Imam répondit: "Gloire à Dieu, gloire à Dieu, par Dieu, personne ne connaît cela sauf Dieu."
On rapporta à l’Imam Jahfar Sâdeq (psl) les déclarations de quelqu'un qui prétendait que l'Imam était capable de donner tous les moyens de vivre aux esclaves de Dieu. L’Imam (psl) dit: «Personne n’est capable de nourrir les créatures en dehors de Dieu. J’avais besoin de nourriture pour ma famille, j’ai beaucoup réfléchi pour résoudre ce problème et j'ai été très content quand j’ai pu leur donner ce dont ils avaient besoin».
Zourara raconte qu'il a dit à l’Imam Sâdeq (psl) qu'il y avait un homme, parmi les descendants d’Abdullah ibn Sabba qui prétendait que Dieu avait légué Ses responsabilités, après la création. L’Imam lui demanda: Que veut-il dire par "légué"? Je lui répondis qu'il disait que Dieu avait crée Muhammad et Ali et il leur avait légué la responsabilité de s’occuper de Ses créatures. Muhammad et Ali ont donc créé les vivres et ils sont ceux qui font mourir et donnent la vie. L’Imam Sâdeq (psl) dit alors: "Cet ennemi de Dieu raconte des mensonges, si tu le vois, récite-lui ce verset coranique, de la sourate «le Tonnerre»:
«Prendrez-vous en dehors de lui (Dieu) des maîtres qui ne détiennent pour eux-mêmes, ni profit ni dommage? Ou bien ont-ils donné à Dieu des associés qui auraient créé comme Lui-même a créé, de sorte que cette création leur paraîtrait identique à la sienne? Dis Dieu est le Créateur de toute chose, et c’est Lui l’unique, le Dominateur Suprême» [200].
Le rapporteur dit qu'il était allé chez cet homme pour l'informer de ce que l’Imam Sâdeq avait dit. L’homme resta alors silencieux comme s’il était devenu muet.
Moufadouil raconte que l’Imam Sâdeq (psl) lui a dit: Moufadouil! Ne te mêle pas à eux (les Gholat), ne leur confie pas tes affaires, ne leur donne pas à boire, ne leur serre pas la main et n'hérite d'aucun d'entre eux.».
L'AVIS DE L’IMAM MOUSSA KAZIM (PSL) SUR LES GHOLAT
L’Imam Moussa Kazim (psl) a été aussi mit à l'épreuve par les Gholat, à son époque, comme ses parents. Les Gholat racontaient sur l’Imam des choses qui n’existaient pas dans la religion islamique. Le plus dangereux d'entre eux, à l’époque de son Imamat, fût Muhammad ibn Bachir qui était un de ses partisans et en vint à diviniser l'Imam. Après la mort de l’Imam Moussa Kazim, il prétendit être un Prophète. Muhammad ibn Bachir fut tué, principalement à cause de ses pratiques de magie. Il déclarait qu'il était un prophète envoyé par Moussa Kazim (psl). [201]
Des gens naïfs le suivirent et tombèrent dans le piège de ses tromperies. On les appela les fidèles de Bachariyya à cause de leur croyance aux idées de Muhammad ibn Bachir. Parmi ces croyances figurait l’abandon de toutes les pratiques obligatoires, comme les prières quotidiennes, le jeûne et le Khoms (paiement d'un cinquième des revenus supplémentaires annuels). Ils croyaient également à l’incarnation successive d'une âme unique dans les différents Imams de la sainte famille du Prophète, au droit sur les vivres et se partageaient les époux et les épouses, autorisaient l’homosexualité, et s'appuyaient sur la parole de Dieu pour défendre leur immoralité:
«ou il jumelle garçons et filles» [202]
Après la mort de l’Imam Moussa Kazim (psl), les fidèles de Bachariyya clamèrent que l’Imam n’était pas mort mais en occultation et qu'il était le Mahdi prédit et attendu. Ils prétendirent même que l’Imam avait désigné Muhammad Bachir comme représentant dans sa communauté.
Kachi raconte qu’Ali ibn Hadid Madaïni a dit: «J’ai entendu une personne dire à l’Imam Kazim qu'elle avait entendu Muhammad Ibn Bachir dire qu'il n’était pas le véritable Moussa ibn Jaffar. L’Imam lui répondit: "Que Dieu le maudisse (il répéta cela trois fois), que Dieu lui fasse goûter le feu de l'enfer, que Dieu le fasse périr dans la souffrance". Cette personne dit à l’Imam: "Que je te sois sacrifié! J’ai entendu dire que son sang m'était licite (c’est à dire que j'ai le droit de le tuer), comme le sang des gens qui insultent le Messager de Dieu (Pbsl) et les Imams". L’Imam répondit: "Oui, c'est licite. Je jure au nom de Dieu que tu as le droit de le tuer ainsi que toute personne qui prononce ces paroles" [203]
Kachi rapporte qu’Ali ibn Abi Hamza Batouïni a dit: "J’ai entendu Moussa Kazim dire: "Que Dieu maudisse Muhammad Ibn Bachir et qu’il lui fasse goûter le feu. En vérité il propage des mensonges sur moi, Dieu voit ce qu'il fait et je suis innocent dans cette affaire. Mon Dieu! Je déclare mon innocence dans les mensonges qu’Ibn Bachir dit sur moi. Mon Dieu! J’ai besoin de Ta grâce pour être à l'abri de ces mensonges". Puis l’Imam (psl) dit: "Ali! Quiconque véhicule des mensonges sur nous, Dieu le punira par le feu. En vérité, Abou Mourhira ibn Saïd propageait des mensonges sur l'Imam Baqer, Dieu lui a fait goûter la fournaise, Abou Khatouab véhiculait des mensonges sur mon père, Dieu lui a fait goûter également le châtiment ainsi qu'à Muhammad ibn Bachir, que Dieu le maudisse, qui propage des mensonges sur moi. Je déclare devant Dieu mon innocence dans ces mensonges. Mon Dieu! Je déclare devant Toi que je suis innocent dans ce que Muhammad ibn Bachir prétend à mon sujet. Mon Dieu! Je demande Ta grâce et Ton aide contre ces mensonges. Mon Dieu! Je Te demande de me libérer de cet impur et de cet infâme car Satan s'associa à ses parents au moment où ils s'accouplèrent».
Dieu exauça l'invocation de l’Imam Moussa Kazim. Ali ibn Hamza dit: "Je n’ai jamais vu une personne tuée dans des conditions aussi terribles que Muhammad ibn Bachir, que Dieu le maudisse". [204]
LA POSITION DE L’IMAM ALI IBN MOUSSA REZA (PSL) VIS-A-VIS DES GHOLAT
L’Imam Reza (psl) poursuivit la lutte de son père contre les Gholat, en démasquant leur véritable visage et en réfutant leurs déclarations. Il conseillait aux musulmans de se méfier de leurs mensonges. Hassan ibn Khaled Souaïrafi rapporte que l’Imam Reza (psl) a déclaré: "Quiconque croit à l’incarnation, est un mécréant, et Que Dieu maudisse les Gholat, parmi les juifs, les chrétiens, les Martiyya ou les Hourridiyya?" Puis il dit: «Ne restez pas en leur compagnie, ne leur serrez pas la main et déclarez votre innocence devant Dieu dans ce qu'ils font. Dieu n’est pas responsable de leurs mensonges». [205]
L'Imam Reza (psl) considérait les Gholat comme la pire des sectes et comme une secte déviante et mensongère. Il disait dans ses invocations: "Mon Dieu, je déclare devant Toi, que je n'ai rien à voir avec ce qu’ils disent sur nous, et que tout cela est faux. Mon Dieu je déclare mon innocence devant Toi, dans tout ce qui est propagé sur nous et que nous n’avons jamais dit. Mon Dieu, c’est à Toi qu’appartiennent toutes les créatures et l’ordre. C’est Toi que nous adorons et dont nous implorons le secours. Mon Dieu, Tu es notre Créateur, le Créateur de nos parents et de nos aïeux. Mon Dieu, personne ne mérite la Divinité en dehors de Toi, et la Divinité ne convient à personne d'autre qu'à Toi. Maudits soient les chrétiens qui ont rabaissé Ta puissance, et maudits soient ceux qui disent que tu ressembles à tes créatures. Mon Dieu, nous sommes tes esclaves et les fils de tes esclaves, nous ne sommes maîtres d'aucun profit ni d'aucun préjudice, ni de la mort, ni de la vie, pour nos âmes. Mon Dieu, nous déclarons notre innocence dans les mensonges de certains sur notre divinité, de même que Jésus fils de Marie, a toujours clamé son innocence. Mon Dieu, nous n’avons jamais déclaré ce qu’ils prétendent, ne nous considère pas comme responsables de ce qu'ils disent. Pardonne-nous pour tout ce qu’ils disent à notre sujet" [206]
« Seigneur! N'épargne aucun habitant de la terre d’entre les mécréants! Si tu les épargnes, ils égareront tes esclaves et n’engendreront que des libertins et des ingrats» [207]
Abou Hashem Jaffari raconte qu'il a demandé l'avis de l’Imam Reza sur les Gholat et les Moufawidoua, il répondit: «les Gholat sont des mécréants et les Moufawidoua des polythéistes. Quiconque les fréquente, s’associe à eux ou les mêle à ses affaires, leur donne à boire, épouse leurs femmes, leur donne des femmes pour épouses ou leur confie ses biens, croit ou accepte leurs paroles, ne serait-ce qu'un seul mot, s’écarte de l’Autorité de Dieu, de l’Envoyé de Dieu (Pbsl) et de nous, les gens de la maison (Ahl-ul-Bayt)». [208]
L’Imam Reza a expliqué la cause principale de l’apparition de ces déviations religieuses. Ibrahim Ibn Abi Mahmoud rapporte que l’Imam Reza (psl) a dit: «Ibn Mahmoud, en vérité nos adversaires ont écrit trois sortes de récits sur nous: la première contient des récits qui surestiment notre personnalité et nous élèvent au rang de dieux, la deuxième partie contient des récits qui ne reconnaissent pas tous nos droits, et la troisième partie contient des récits qui présentent les défauts de nos ennemis. Si les gens écoutent ces exagérations, ils diront que nos partisans sont des mécréants et leur attribueront toutes paroles qui nous élèvent au rang de dieux, s’ils entendent les récits qui ne reconnaissent pas tous nos droits, ils les croiront, et s’ils entendent les récits qui parlent des défauts de nos ennemis, ils nous dénigreront et nous déshonoreront. Dieu a dit:
«N'injuriez pas ceux qu'ils invoquent, en dehors d'Allah, car pour se venger, ils injurieraient Allah, par ignorance» [209]
Ibn Mahmoud, si tu vois les gens diverger, attache-toi à notre chemin. Quiconque s’attache à nous, nous nous attacherons à lui, et quiconque se détache de nous, nous nous détacherons de lui». [210]
L’Imam Reza (psl) a éclairci les raisons qui ont conduit à attribuer les idées des Gholat au Chiisme en général. Les écrivains qui ont écrit sur les sectes islamiques, attribuent l’exagération dans la religion aux chiites en général et aux chiites imâmites en particulier, à cause des récits que les Gholat ont propagés dans la communauté. Les ennemis et les opposants de la doctrine chiite pensaient que ces récits avaient été rapportés par les chiites et les accusaient d’exagération en religion. Plusieurs écrivains ont commis une grande injustice en attribuant au Chiisme, des paroles selon lesquelles Dieu ressemblerait à ses créatures ou que Dieu aurait un corps. Nous avons expliqué auparavant quelques points de la doctrine chiite sur le Monothéisme (l’unicité de Dieu), et souligné que les chiites étaient les plus extrémistes dans ce domaine, car ils estiment que Dieu ne ressemble pas à Ses créatures et n’a pas de corps physique.
L’Imam Reza (psl) avait également éclairci les origines de cette erreur, dans un hadith qui dit:
«En vérité ils nous ont attribué des récits qu’ils avaient écrits, sur la ressemblance de Dieu et de Ses créatures et l'idée selon laquelle l’homme n’a pas de liberté dans ses actions, niant le libre-arbitre. Ils ont rabaissé la puissance de Dieu. Quiconque les aime, nous abhorre et quiconque les abhorre, nous aime. Celui qui s’approche d’eux, est notre ennemi et celui qui s’approche de nous, est leur ennemi. Toute personne qui est en contact avec eux, nous a abandonnés et quiconque les abandonne, est avec nous. Celui qui leur désobéit, nous obéit, et celui qui leur obéit, nous désobéit. Celui qui les honore, nous humilie et celui qui les humilie nous honore. Celui qui les accepte, nous rejette, et celui qui les rejette nous respecte. Celui qui leur fait du bien, nous fait du mal, et celui qui leur fait du mal, nous fait du bien. Celui qui les croit nous considère comme des menteurs, et celui qui nous croit les considère comme des trompeurs. Celui qui leur donne quelque chose, nous l'enlève et ce qu'il leur enlève nous le donne. Ibn Mahmoud! Que celui qui prétend être notre partisan ne s’approche pas d’eux et ne reconnaisse pas leur autorité». [211]
LA POSITION DE L’IMAM ALI IBN MUHAMMAD AL HADI (PSL) SUR LES GHOLAT
L’Imam Ali ibn Muhammad al Hadi (psl) fut aussi éprouvé, comme ses aïeux, par un groupe de Gholat qui élevaient les Imams de la sainte maison, au rang de dieux. Leur chef de file à cette époque, s’appelait Muhammad ibn Nassouir Noumeïri. Le nom de la secte des Nassouiriyya vient de son nom. Parmi ses partisans, nous pouvons citer: Farsi ibn Hatam Qazvini et ibn Baba Qoumi.
Kachi rapporte que le groupe des Nassouiriyya déclara la prophétie de Muhammad ibn Nassouir Noumeri, disant qu'il s'agissait d'un prophète envoyé par l’Imam Ali ibn Muhammad (psl). Cette secte croyait à l’incarnation, élevait l’Imam Ali ibn Muhammad (psl) au rang de Dieu, autorisait le mariage avec les proches parents (Mahram) et également l'union d'homosexuels. Ils prétendaient que Dieu n’avait fixé aucune limite en matière de plaisir. On dit aussi que Muhammad ibn Moussa ibn Hassan ibn Fourat encourageait l’homosexualité.
Des témoins oculaires ont raconté que son esclave le sodomisait et qu'il prétendait que c’était une façon de s’humilier devant Dieu et de traîter l’orgueil.
Nassir ibn Souahaba raconté: "Hassan ibn Muhammad, connu sous le nom d’ibn Baba, Muhammad ibn Nassouir Noumeïri et Fahri ibn Hatam Qazvini avaient été maudits par l’Imam Ali ibn Muhammad al Djawad (psl). Abou Muhammad Fadel ibn Chazam a écrit dans certains de ses livres qu'Ibn Baba Qomi était un homme réputé pour ses mensonges. Saïd a dit qu'Obeïd l’avait informé que l’Imam Hasan Askari lui avait écrit une lettre qui commençait par cette phrase: "Je déclare que je n'ai rien à voir avec les actes de Fahri et d'Hassan ibn Muhammad ibn Baba Qomi. Je vous avertis (mes partisans) du danger de ces gens que j'ai maudits. Que Dieu les maudisse tous les deux! Ils profitent de nous et médisent derrière nous. Que Dieu les maudisse et les plonge dans une erreur encore plus grande! Ibn Baba prétend que je l’ai désigné comme prophète, que Dieu le maudisse! C'est Satan qui l’a dominé et égaré. Que Dieu maudisse quiconque écoute son appel! Mohammad! Si tu peux lui fracasser la tête par des coups de pierre, fais-le! Car il a nuit à ma réputation, que Dieu le punisse dans sa vie terrestre et celle de l’au-delà ". [212]
Kachi rapporte d’Ibrahim ibn Cheïba qu'il avait écrit à l’Imam al Hadi (psl): "Que Dieu me sacrifie à toi! Certains ici, sont divisés sur vos vertus, ils racontent des histoires qui font peur et trembler les cœurs, et qui nous troublent. Nous n’avons pas droit de reconnaître des paroles si terribles qui nous dépassent, et nous ne sommes pas non plus autorisés à les rejeter puisqu’ils les attribuent à vos pères. Que devons-nous dire sur ces hadiths par lesquels ils interprètent la parole de Dieu le Tout Puissant dans les versets:
«Oui, l’office empêche de la turpitude et du blâmable…» [213]
et
«Et établissez l’office et acquittez l’impôt…» [214]
en disant que l’office signifie un homme et non pas la prosternation, et ils ajoutent que l’impôt signifie cet homme auquel le verset fait allusion et non l’argent ou la charité. Ils disent d'autres choses sur les obligations, les Traditions du Prophète et les péchés qu'ils interprètent comme je vous l'ai expliqué. Veuillez être bienveillant envers vos partisans en les protégeant contre ces mensonges qui peuvent les conduire au malheur et à la perdition! Ces gens dont font partie Ali ibn Haska et Qasim Yaqtouini, prétendent qu’ils sont vos partisans et appellent les gens à leur obéir. Qu’est-ce que vous en pensez, devons-nous croire ce qu'ils disent?
L’Imam répondit: «Ce n’est pas notre religion, reste loin d’eux». [215]
Sa’hal ibn Ziyad Adami a dit: «Certains de nos partisans ont écrit à l’Imam Hasan Askari: «Maître, en vérité nous vous informons qu’ibn Haska se réclame de vos partisans et prétend que vous êtes l’Alpha et l'Oméga. Il prétend également qu’il est ta porte et ton prophète, et que tu lui as ordonné de clamer cela. Il prétend que l’office, le pèlerinage, l’impôt (Zakat) et le jeûne, se résument tous dans ta connaissance et que quiconque est arrivé au niveau d’ibn Haska est un vrai croyant qui n’a pas besoin de jeûner, de prier et d'accomplir le pèlerinage. Je te prie d'avoir la bonté de nous donner ton point de vue sur ce sujet pour nous guider»
L’Imam répondit: «Ibn Haska a menti, que la malédiction de Dieu soit sur lui. Je ne l’ai jamais désigné auprès de nos partisans. Que Dieu le maudisse! Je jure au nom de Dieu qui a envoyé Mohammad (Pbsl) et les Prophètes avant lui, qu'ils étaient tous des monothéistes, qui appelaient les gens au Monothéisme, à la prière, à l’acquittement de l’impôt, au jeûne, au pèlerinage et au respect de l’autorité des Imams de la sainte famille. Muhammad n’a appelé les gens qu’à l’Unicité de Dieu qui n’a pas d’associé. Nous, ses successeurs, les fils de l’esclave de Dieu, nous ne Lui associons rien et nous Lui obéissons, Il nous graciera, et si nous nous rebellons contre Lui, il nous punira. Nous n’aurons aucune réclamation, ni preuve à avancer devant Lui, c’est à Lui qu’appartient la preuve. Nous déclarons notre innocence devant Dieu et je récuse toute personne qui raconte ces mensonges. Méfiez–vous d’eux, Dieu les a maudits, ne leur donnez aucune liberté, arrêtez-les et châtiez-les. Si vous rencontrez l’un d’eux, prenez-le à part et fracassez-lui la tête à coups de pierres". [216]
Il est clair que l’abandon des obligations de la religion, comme la prière, le jeûne, l’impôt et le pèlerinage venait de l’influence des Gholat dans la société islamique. L’Imam Sâdeq (psl) dévoila les intentions des Gholat, lorsque l’un de ses partisans lui demanda son avis sur certaines personnes qui prétendaient que l’Imam Hussein (psl) n'avait pas été tué, mais son sosie. L’homme demanda à l’Imam Sâdeq (psl) son avis à propos des gens qui disaient cela.
L’Imam Sâdeq répondit: «Ils ne sont pas nos partisans, je déclare devant Dieu, que je suis innocent dans cette affaire, ils donnent des associés à Dieu et s’égarent en abandonnant les obligations religieuses et le paiement des droits tels que l’impôt».
Les Imams de la sainte maison du Prophète (Pbsl) eurent à combattre continuellement les exagérations des Gholat. Ils dévoilaient leurs mauvaises intentions et leurs sombres objectifs et avertissaient leurs partisans. L’Imam Sâdeq leur conseillait de mettre en garde les adolescents pour qu'ils ne se laissent pas égarer " En vérité je vous le dis, les Gholat sont les pires créatures de Dieu, ils ont rabaissé la puissance de Dieu et élevé Ses créatures à Son niveau. Je jure au nom de Dieu, que les Gholat sont pires que les juifs, les chrétiens et les Zoroastriens, et pires encore que les idolâtres. Si un Gholat revient à nous, nous ne l’accepterons pas".
On demanda à l’Imam (psl) pourquoi. Il répondit: "Parce que le Gholat a pris l’habitude d'ignorer la prière, le jeûne, l’impôt et le pèlerinage. Il est difficile pour lui d’abandonner ses habitudes et il ne peut pas non plus revenir à l’obéissance de Dieu le Tout Puissant, mais nous accepterons d'éduquer un ignorant qui était loin de leurs savants,
Certains envoyaient des lettres aux Imams qui leur répondaient et les avertissaient du danger de l’exagération dans la religion et leur expliquaient le sens véritable de cette propagande.
Tout cela montre que les chiites étaient très vigilants et veillaient à ce que les idées des Gholat ne s'infiltrent pas dans la religion. Ils se sont opposés aux Gholat avec fermeté et contrôlaient leurs activités, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils vivaient, malgré l’oppression des autorités injustes de l’époque et les tortures qu'ils subissaient. Ils ne cessèrent jamais de combattre les Gholat en appliquant les ordres de leurs Imams.
Ils estimaient qu'il était obligatoire de lutter pour défendre leur religion et leur doctrine, et pour protéger l’islam de ce genre de déviations. Ils avertissaient les gens, démasquaient les exagérateurs, leurs manœuvres et leurs défauts, malgré leur faible pouvoir et l'absence de liberté dans la propagation de l'islam authentique. Ils combattirent aussi les déviations des Omeyyades, des Abbasides et de tous les groupes qui propageaient des idées étrangères à l'islam. La longue lutte des chiites, par la grâce et la miséricorde de Dieu, et grâce aux Imams, donna de bons résultats et protégea l’islam de la propagande des ennemis.
CINQUIEME CHAPITRE
LA VERITE DU CHIISME
Aucune école religieuse n'a été autant étudiée par les écrivains anciens et contemporains, que le Chiisme. Plusieurs raisons les ont poussés à se pencher sur cette école de l'islam, dont voici les plus importantes:
Le Chiisme a toujours représenté l’opposition aux déviations des régimes qui se sont succédés dans le monde islamique. Des régimes qui contrôlaient l'information, propageaient des mensonges contre le Chiisme et luttaient pour le faire disparaître ou le présenter aux musulmans comme une secte déviante et hérétique.
D'un autre côté, l’attachement des chiites aux Gens de la sainte famille du Prophète (Pbsl) et le prestige dont ils jouissaient dans la société islamique, faisaient peur à ces régimes. Ils ne voulaient pas que les chiites propagent l'enseignement des Membres de la demeure prophétique (Pbsl) aux musulmans et attribuaient de faux hadith au Messager de Dieu (Pbsl), pour légitimer leur pouvoir et leur politique. Ils s'efforçaient de freiner l’expansion du Chiisme et de barrer la route à la pensée islamique révolutionnaire.
Ces régimes n’avaient pas d'autre moyen pour réaliser leurs objectifs que de contrôler l'information et ternir la réputation du Chiisme. Ils cherchèrent donc à faire un amalgame entre la doctrine chiite et des sectes dépravées qui n’avaient rien à voir avec l’islam, et tentaient de convaincre les musulmans que le Chiisme n'était qu'une invention importée dans la société arabe et islamique.
Nous présentons en bref dans ce qui suit, les différentes hypothèses sur l’origine du Chiisme, de la part d'auteurs qui cherchaient à en dénaturer et déformer la vérité.
L’ORIGINE "JUIVE" DU CHIISME
La plus dangereuse accusation faite au Chiisme est d'avoir une origine juive, inspirée des enseignements d’Abdullah ibn Sabah, un juif qui se serait converti à l’islam. Abdullah ibn Sabah quitta le Yémen pour la région de Hijaz qui se trouvait à l'époque, dans les territoires actuels de l'Arabie Saoudite, de la Syrie, de l’Irak et de l’Egypte. Sa propagande était fondée sur la personnalité d’Ali (psl) comme successeur de l’envoyé de Dieu (Pbsl).
Farid Wajidi dit: «Ibn Saouda (Abdullah ibn Sabah) était d’origine juive, de la ville de Hira, il s’était converti à l’islam, et voulait ouvrir un marché et gouverner à Koufa. Pour tromper les habitants de Koufa, il leur dit qu’il avait lu dans la Torah (la bible), que chaque Prophète avait un successeur, et qu’Ali (psl) était le successeur du Prophète Mohammad (Pbsl). [217]
Dans l’Histoire de Tabari [218], ce récit est rapporté par Seïf ibn Omar qui n’est ni juste ni crédible, selon l’avis des spécialistes de science des hadiths. [219]
Certains historiens, après Tabari, ont rapporté ce récit sans aucune déformation jusqu’à ce que le récit devienne célèbre, et même les chercheurs sur les sectes anciennes et modernes, se servent de ce récit comme argument, sans l'avoir vérifié ou étudié correctement. Il s’agit du récit qu’Ibn Hadjar a jugé incorrect [220] à cause de sa chaîne de transmission, mais les historiens ont négligé cette vérité et ont repris ce récit pendant des siècles. Ibn Teïmiyya dit: "Lorsque les ennemis de l’islam, surpris par la force de cette religion, son influence et sa rapide expansion, commencèrent à se rendre compte qu'ils n'avaient pas la force de l'affronter par l’épée, ils adoptèrent d’autres méthodes, comme de fausses conversions à l’islam pour détruire la foi islamique de l'intérieur et diviser les musulmans en propageant le doute et l’impiété dans leurs rangs".
Abdullah ibn Sabah et ses complices furent les premiers à exécuter ce plan. [221]
Il existe deux hypothèses sur la personnalité d’Abdullah ibn Sabah. La première lui attribue la responsabilité de l’incrédulité et de l’impiété au sein des musulmans, et la responsabilité de tous les problèmes qui naquirent entre les compagnons du Prophète (Pbsl) pendant le califat d’Osman ibn Anfâne. Certains ont pris comme argument le récit de Tabari qui attribue à Abdullah ibn Sabah un rôle exagéré et très illogique, et qui implique un grand nombre de pieux compagnons du Messager de Dieu, présentés comme les partisans de ce juif d'apparence musulmane.
La deuxième hypothèse considère Abdullah ibn Sabah comme un personnage imaginaire étant donné la faiblesse du récit que Tabari a rapporté dans son livre.
Certaines sources reconnaissent l’existence de cette personne mais n’acceptent pas le rôle influent qu’on lui a attribué, puisque plusieurs récits rapportés par les deux écoles juridiques sunnite et chiite, excepté les récits de Tabari, confirment qu’Abdullah ibn Sabah n’est apparu qu'à l’époque du califat d’Ali ibn Abou Talib (psl) et qu'il exagéra les attributs de ce dernier en l’élevant au rang de Dieu.
Ces récits confirment qu’Abdullah ibn Sabah avait des partisans mais que son mouvement n’était pas si dangereux que l'ont imaginé certains chercheurs. Si cela avait été le cas, il n'aurait pas été si vite oublié chez les musulmans et dans les livres importants de hadiths reconnus par l’école sunnite, en particulier les "Sahihs" où on n'en trouve aucune trace.
Certains chercheurs plus perspicaces, ont compris que l’importance donnée au rôle d’Abdullah ibn Sabah, était politique et visait à ternir la réputation du chiisme. Falhouzan dit: "En vérité le nom de Sabiyya fut appliqué au Chiisme alors que son utilisation correcte concernait les Gholat, et alors que le mot "Zam" était attribué à tous les chiites sans exception". [222]
Le docteur Muhammad Amara précise: "A notre avis, il s’agit d’un sujet historique sur la naissance du Chiisme mais Ibn Sabah, s'il a vraiment existé, n'est pas une preuve suffisante pour prétendre que le Chiisme commença à son époque… . Les chiites ne rapportent rien de lui qui prouverait cela. Il est donc clair que nous ne pouvons pas considérer son époque comme celle de l'apparition du Chiisme." [223]
Le problème est que l'affaire d’Ibn Sabah continue de contaminer des théories sunnites qui ont contribué au mythe d’Ibn Sabah. Le plus étonnant est que certains journaux saoudiens, tels que le journal de Riad, publie encore des discussions brûlantes entre professeurs et chercheurs, sur le rôle de ce personnage imaginaire. Cela n'est qu’une façon pour certains chercheurs, d’exprimer indirectement leur refus et leur rejet du Chiisme. D'autre part, il faut remarquer qu’Ibn Sabah n'apparaît que dans une partie des sectes sunnites. Le docteur Hassan ibn Fahd al Hawimal écrit: "Les recherches sur Ibn Sabah ont conduit à plusieurs hypothèses: La plus connue chez les historiens musulmans, serait la confirmation de son existence et de son rôle dans l’extension de l’incrédulité et de l’impiété. La deuxième serait celle d'orientalistes et de chiites contemporains qui refusent l’existence et le rôle d’Ibn Sabah.
J’ai précisé qu'il s'agissait de chiites contemporains pour signaler que les anciens chiites, eux, n’avaient pas démenti son existence, mais nié certains récits. La troisième hypothèse confirmerait l’existence d’Ibn Sabah mais sans exagérer son rôle dans les déviations idéologiques. A mon avis, la troisième hypothèse est la meilleure. Le docteur Halabi et après lui le docteur Hassan Maliki, ont opté pour l'aspect imaginaire et mythique de ce personnage. Mon avis n'est pas très favorable sur ce qu’ils ont écrit au sujet d'Ibn Sabah et leurs conclusions ne me paraissent pas satisfaisantes parce que refuser l’existence de ce personnage aboutirait à remettre en question l'héritage de grand savants comme Sheikh Islam ibn Teïmiyya, ibn Hajar, Zahabi et d'autres, et qu'Ibn Sabah ou bien Ibn Saouda constitue une secte doctrinale et représente d’autres positions. Le démolir entraînerait un tremblement de terre qui ébranlerait tout l'édifice". [224]
L’existence d’Ibn Sabah et son rôle même imaginaire, constituent l'orientation doctrinale de certaines sectes. Son existence assure la protection d'héritages historiques dans leur ensemble. Bien qu’en réalité, le problème d’Ibn Sabah soit devenu un prétexte aux ennemis du Chiisme et un argument solide de présentation de l’origine de la doctrine chiite.
L'ORIGINE "PERSE" DU CHIISME
Le régime des Omeyyades était un régime purement arabe, sa politique s’appuyait sur le rejet des peuples, non arabes, classés au plus bas niveau de la société, et dont les affaires ne représentaient aucun intérêt pour le pouvoir. Ce régime glorifiait les Arabes et les favorisait par rapport aux autres peuples. La discrimination raciale était une base de la politique de ce régime qui possédait tout un système de propagande pour propager ses idées racistes dans la société islamique. Cela dura à peu près plus d’un siècle et entérina cette idéologie. Etant donné que le chiisme était la principale opposition au régime des Omeyyades à l’intérieur de leur empire, ce régime ne voyait pas d'un bon œil les accusations d'Ibn Sabah sur d'éventuelles sources juives du chiisme. Ils tentèrent donc de faire croire que le Chiisme était d'origine perse et avait été introduit dans le monde arabe après la conquête de l’empire perse, par les musulmans.
Certains chercheurs contemporains présentent cet argument pour attribuer au Chiisme une origine juive, et d'autres ont redoublé leurs thèses, en donnant au chiisme des origines, à la fois juives et persanes.
Ahmed Atouiyya écrit: «Les enseignements des Sabiyya ont des racines doctrinales chiites qui tirent leurs origines du Judaïsme et qui ont aussi été influencés par les sectes persanes des Mouzdokiyya, un groupe dirigé par un juif d’origine yéménite. L’expansion de certaines croyances des Mouzdokiyya coïncide de plus, avec l’occupation persane des régions de la péninsule arabe, raison pour laquelle le Sabiyya attira la sympathie de certains habitants d’Irak qui partageaient leur frontière avec l’empire perse. Il dit également: "Seul Dieu connaît la vérité, il s'agirait d'une théorie qui vient de la secte Sabiyya et du Chiisme persan, fondée sur la reconnaissance du califat d’Ali après le Prophète, et qui estime que la légitimité de son Imamat vient de Dieu et qu'il s'agit d'un droit qui revient aux Gens de la Demeure prophétique, par héritage".
Ce chercheur tente de faire un lien entre la succession des Imams de la sainte maison prophétique (paix sur eux) et des idées qui se sont répandues chez les musulmans par l'intermédiaire des Perses qui étaient habitués aux dynasties héréditaires. Cette hypothèse est appuyée par plusieurs chercheurs et certains orientalistes. [225]
Si nous étudions de près cette hypothèse, nous serons obligés de dire qu'en réalité, ce sont les Omeyyades qui ont le mieux appliqué ce principe, puisque ce sont eux qui ont transformé le califat en pouvoir héréditaire. Le régime des Omeyyades était d'origine purement arabe, comme nous l’avons indiqué précédemment, comment leurs pratiques auraient-elles été influencées par les Perses? Nous rejetons de la même manière, d'autres thèses inacceptables sur le Chiisme qui est d’origine purement arabe comme nous le prouverons dans les pages qui suivent.
Certains chercheurs réfutent la pensée chiite en prétendant que la majorité des premiers chiites était perse, à ce sujet cheikh Muhammad Abouzahra écrit: «En vérité, nous croyons que le chiisme fut influencé par la pensée perse en ce qui concerne la royauté et l’héritage du pouvoir. Il existe une ressemblance entre leur secte et le régime impérial perse. La preuve en est que la majorité des Perses contemporains sont des chiites». [226]
Il est vrai qu’aujourd’hui, la majorité des Perses est chiite. Par contre l’Histoire montre que les premiers chiites étaient des Arabes de souche, et tous les anciens écrivains ont reconnu cela. A l'époque de l’empire perse, le Chiisme existait seulement dans certaines villes. Le centre du chiisme était la ville de Qom qui était habitée en grande partie, par des Arabes et non par des Perses. Yaqout al Hamawi dit à propos de la ville de Qom: "C’est une nouvelle ville islamique, on n’y trouve que des Arabes. La première personne qui émigra vers cette ville, fut Talha ibn Ahwasson al Ach'ari. Les habitants de cette ville (Qom) sont tous des chiites imâmites. Le début de l’urbanisation de cette ville date de l’époque de Hijaz ibn Youssouf en 83 de l’Hégire. Après sa défaite Ibn Ach'ass, rentra à Kaboul, accompagné de ses frères, Abdullah ibn Ahwasson, Abdou Rahman, Ishaq et Naïm. Ils étaient les descendants d’Abdullah ibn Saïd ibn Malik ibn Amir Ach'ari. Parmi les frères d’Ibn Ach'ass, Abdullah ibn Saïd s’installa à Qom et quitta la ville de Koufa. Il propagea le Chiisme dans la ville de Qom où on ne trouve aucun musulman sunnite". [227]
Al Hawawi prouve également que le chiisme s'étendit dans la ville de Rey, à l’époque de Motamidou Abassi: "Les habitants de Rey étaient à l'origine sunnites, Ahmed ibn al Maderati leur expliqua la doctrine chiite. Grâce à son livre sur le Chiisme, il devint célèbre à Rey et les habitants de cette ville se rallièrent à lui et se convertirent. Abdul Rahman ibn Abihatam rédigea également un livre sur les vertus des Gens de la maison (Ahl-ul-Bayt) ainsi que d'autres livres pour les habitants de Rey. A l’époque de Motamidou, en 275 de l’Hégire, le chiisme régnait dans la ville de Rey". [228]
Maqdassi confirma que la majorité des habitants de l’empire perse était Hanafite et Chafi'ite. Il n’a pas mentionné l’existence de chiites parmi eux, à son époque: "J’ai vu que la majorité de la population était répartie en quatre sectes. Il y avait à l’Est, les partisans d’Abou Hanifa, à l’Ouest les partisans de Malik, les partisans de Chaafi à Shache et aux environs de Nishabour, et les partisans des hadiths à Cham. Les autres villes étaient un mélange des partisans de ces quatre écoles. La majorité des habitants de Bagdad était Hanbalite et Chiite. Ceux de Koufa étaient aussi chiites sauf la ville de Kanasat qui était habitée par des sunnites. Les habitants de Mousouil étaient hanbalites, par contre la ville de Jalbat était habitée par des chiites». [229]
Ibn Faqih nous rapporte un récit très important de Muhammad ibn Ali, le leader de la révolution abbaside contre les Omeyyades, qui donnait des ordres à ses hommes et leur montrait les régions favorables pour les opérations et la propagation de leur appel en disant: "En ce qui concerne la ville de Koufa, la majorité de ses habitants est chiite, les partisans d’Ali et de son fils, par contre dans la ville de Bassora, huit habitants sur dix sont neutres et disent: "Sois un serviteur de Dieu, martyr, mais ne sois pas un serviteur de Dieu, tueur". La majorité des habitants de la péninsule arabe sont des nomades, des bédouins et des apostats ou des musulmans aux mœurs chrétiennes. En ce qui concerne la ville de Cham, la majorité de ses habitants ne connaît que la famille d’Abou Soufiane et l’obéissance aux Marwan. En ce qui concerne la Mecque et Médine, ses habitants furent sous le pouvoir d'Abou Bakr et d'Omar, mais dans la ville de Khorasan, qui avait une grande population, on trouve encore des cœurs purs et sans parti pris, qui ne sont pas tombés sous l'emprise des tendances et des sectes. Ces combattants sont musclés, ont une large carrure, sont barbus et s'expriment avec éloquence…" [230]
Plusieurs chercheurs et orientalistes contemporains ont reconnu cette vérité. Le docteur Abdullah Fayadoui écrit: "Les preuves historiques les plus importantes qui confirment que le Chiisme est apparu chez les Arabes, sont premièrement le fait que les partisans d’Ali (psl) qui l’ont soutenu dans ses batailles contre les opposants, étaient des Arabes de Hijaz et d’Irak. Nous n’avons pas trouvé un compagnon très important ou un célèbre commandant, parmi les commandants d’Ali, (psl) qui soit d'origine iranienne.
Deuxièmement, en l’an 60 de l’Hégire, ceux qui écrivirent à l’Imam Hussein (psl) pour lui demander de prendre le pouvoir à Koufa, étaient tous des chefs de tribus arabes qui habitaient Koufa et ses environs, selon le livre écrit par Abou Makrenaf.
Troisièmement, les partisans de Soleïman ibn Souard al Khouzaïn qui ont mené la révolution des Repentis (Tawabine), étaient tous issus des tribus arabes." [231]
Le chercheur Falhouzan a mis l’accent sur un autre point: "Quatre mille personnes parmi les "repentis" se sont réunis à Nakrelat, il y avait parmi eux des Arabes de toutes les tribus, et plusieurs lecteurs du Coran, et tous étaient arabes". [232]
Au sujet de l’hypothèse selon laquelle le Chiisme aurait été inventé par les musulmans perses, Falhouzan écrit: "La conversion au chiisme des Iraniens ne prouve en rien que le chiisme serait d’origine persane. Les récits historiques ne vont pas dans le sens de cette hypothèse mais évoquent clairement que le Chiisme est apparu dans les milieux arabes et s'est propagé ensuite dans les peuples non arabes." [233]
Abdullah Fiyadoui rapporte de la part de Massini Youna: "En vérité Hamadan est une grande tribu d'Arabes dangereux, puissants, forts et chiites fanatiques." [234]
Parmi les arguments de certains chercheurs figure le mariage de l’Imam Hussein (psl) avec une princesse perse. Le docteur Moustafa Shakaat écrit à ce sujet: "Certains disent que le Chiisme au début, fut une secte politique plutôt que religieuse". Au sujet de la conversion au Chiisme des Perses qui ont été jusqu’à aujourd’hui, les partisans de la famille d’Ali (psl), il écrit: "La raison essentielle de leur soutien à la famille d’Ali (psl) serait leur lien familial avec l’Imam Hussein (psl), qui avait épousé la princesse Salafa, fille de Yazd-jar lorsqu’elle fut faite prisonnière par les musulmans. Salafa mit au monde Ali Zayn-ul-Abedine (psl), et les Perses devinrent ainsi les "oncles maternels" d’Ali Zayn-ul-Abedine (psl). On peut donc expliquer ainsi leur dévotion au fils de "leur fille" et leur attachement au Chiisme. On ne peut donc pas parler d'un Chiisme pur mais d'un chiisme de solidarité ethnique et politique, très éloigné du Chiisme radical. La pensée chiite pour les Perses, aurait été essentiellement politique et certains Perses affirmèrent que leur soutien à Ali Zayn-ul-Abedine (psl) s'expliquait par leurs liens familiaux avec la famille d’Hussein ibn Ali (psl)." [235]
Le professeur Shakat, fait cependant remarquer que les chiites ne sont pas tous des Perses. Si les Perses professent leur chiisme à cause de leurs relations familiales avec Ali ibn Hussein et son père, que dire du Chiisme de ceux qui ne sont pas Perses, en particulier les Arabes qui représentaient le noyau initial du Chiisme avant la conversion des Perses?
D'un autre côté, si le mariage d’Hussein ibn Ali (psl) avec Salafa la Perse, est la cause principale de leur conversion au Chiisme, il ne fut pas le seul à avoir épousé une princesse perse. Beaucoup d’autres s’étaient mariés avec des princesses perses, capturées et transférées à Médine. Abdullah ibn Omar avait épousé la sœur de Salafa qui mit au monde Salim. Si l’Imam Hussein (psl) était le fils du calife des musulmans, Abdullah ibn Omar l'était aussi, car il était le fils d'Omar ibn Khattâb qui précéda Ali (psl) au califat. De plus Muhammad ibn Abou Bakr lui aussi, avait épousé une autre sœur de Salafa, qui mit au monde Qasim, qui devint un célèbre jurisconsulte. Muhammad ibn Abou Bakr était aussi le fils du calife qui précéda Omar dans l'exercice du califat. Ces trois mariages datent de l’époque du califat d’Omar ibn Khattâb. [236] Cet argument n’est pas acceptable et ne permet pas de faire un lien entre le Chiisme et des philosophies d'origine perse.
Conclusion
Il est clair d'après ces éléments, que le chiisme a bien vu le jour à l’époque du Prophète Muhammad (Pbsl) et que c’est lui qui l’a développé. C'est le Prophète, lui-même, qui a préparé la communauté à reconnaître la personnalité d’Ali ibn Abou Talib (psl) et a conseillé aux musulmans de se rallier à lui, en les informant qu’Ali était avec la vérité et que ses partisans seraient les ultimes gagnants. Le testament du Messager de Dieu (Pbsl) à Hazrate Ali n’est pas d’origine douteuse comme celle d'Abdullah ibn Sabah, mais une réalité irréfutable, rapportée directement de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Depuis le début de l’islam, les compagnons du saint Prophète ont vécu cette réalité. Nous comprenons cela à travers des questions qu’ils posaient au Prophète concernant son testament à Ali (psl). Le Messager de Dieu (Pbsl) les a informés du contenu de ce testament et de la nomination de l’Emir des croyants, Ali, comme Wassi, c'est à dire successeur du Prophète.
Les poètes de l'époque ont chanté des poèmes pour le Wassi et ce mot fut même enregistré dans les dictionnaires arabes, comme le surnom d’Ali ibn Abou Talib (psl).
Ibn Manezour écrit: "On appelait Ali, le Wassi, c'est à dire le successeur du Prophète" [237]
Zabidi: "Wassi, le successeur tout comme Ghani, le riche, sont des surnoms d’Ali ibn Abou Talib" [238]
Ibn Abi Hadid montra cela à travers une dizaine de vers, rédigés par les compagnons du Prophète. Cela prouve que le surnom de Wassi, pour désigner Ali ibn Abou Talib (psl), était devenu très courant. [239]
Les premiers fidèles chiites comptent parmi les grands compagnons du Prophète qui ont embrassé les premiers l’islam. Ils s’attachèrent au Chiisme, furent les partisans d’Ali (psl) et propagèrent le Chiisme dans la communauté musulmane. Les premiers fidèles chiites étaient des Arabes de souche. Joulad Jassihar écrit: "En vérité le Chiisme est comme l’islam, il fut arabe à ses débuts et c’est sur ces origines qu’il se développa" [240]
Ceux qui essayent de faire croire que les Perses embrassèrent le Chiisme pour détruire l’islam et retourner au Zoroastrisme, doivent se rappeler que la majorité des imams des écoles sunnites, certains narrateurs de hadiths et d’autres jurisconsultes, étaient perses, comme: Bukhari, Muslim, Tirmizi, Ibn Majâh et Abou Hanifa... Si l’objectif des Perses était de détruire l’islam, il est clair que cela aurait du aussi être l'objectif de ces imams sunnites.
La vérité incontestable est que le chiisme représente la ligne droite de l’islam originel, loin de toute déviation et innovation, qui continue à affronter tous les courants suspects, jusqu’à ce que Dieu décrète son commandement, car le commandement de Dieu demeure exécutoire.
Louange à Dieu, le Seigneur des mondes.
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