Les Ziyârah (Les Visites pieuses)
Préface
Ziyârah signifie en arabe visite au sens propre et courant de ce mot. Mais en tant que terme technique islamique on désigne sous ce vocable le fait de se rendre aux mausolées ou tombes des saints de l’Islam (le noble Prophète et les membres bénis de sa famille et de sa descendance, les Ahl-ul-Bayt) pour se rapprocher d’Allah en présentant les salutations dues à Ses élus, en confirmant et renouvellant la fidélité à leur cause (la Cause d’Allah) et l’hostilité envers leurs ennemis et détracteurs (les ennemis d’Allah), et ce selon des rites prescrits. Cette visite pieuse comporte entre autres et essentiellement la lecture de textes prescrits par les Imams d’Ahl-ul-Bayt (p) eux-mêmes. Et lorsque les fidèles ne peuvent se rendre aux mausolées de ces Saints, ils peuvent effectuer la ziyârah de loin, à l’endroit où ils se trouvent, en lisant le texte prescrit. De ce fait, le mot ziâyrah est devenu par extension la lecture du texte saint prescrit, suivie de la formulation de vœux et de doléances.
Ainsi la ziyârah peut être accomplie n’importe quel jour, bien qu’il y ait des occasions spécifiques pour son accomplissement, et n’importe où lors même qu’à l’origine elle est prévue pour être faite auprès des mausolées des Saints de l’Islam, et elle peut être effectuée individuellement, bien qu’il soit préférable de l’effecteur en groupe.
La ziyârah occupe une place de choix dans le système des rites (‘ibâdât = les actes cultuels) chez les adeptes d’Ahl-ul-Bayt. Elle constitue avec le du‘â’ (la prière de demande), et après les obligations (prières, jeûne etc.) l’un des actes cultuels les plus importants et les plus méritoires. Les Imams d’Ahl-ul-Bayt (p) l’ont recommandée avec insistance à leurs disciples et adeptes, en raison de ses innombrables mérites. Très souvent ziyârah et du‘â’ se font l’office l’un de l’autre, ont la même fonction, visent un même but, suscitent ou appellent les mêmes récopenses spirituelles et comportent un même contenu ou la lecture d’un même texte à quelques nuances près. Il y a dans tous les deux glorifications d’Allah, des supplications, des doléances, des requêtes adressées à Lui, et des salutations à l’Élite de Sa création, les Ahl-ul-Bayt (p). La ziyârah a l’avantage de sous-tendre quelques facteurs ou conditions de l’exaucement du du‘â’, du vœu ou de la prière de demande que le fidèle adresse au Créateur. En effet, on sait qu’il y a des facteurs qui favorisent la satisfaction de nos demandes et l’exaucement de nos prières, tels que l’aumône, l’bsence de péché, la piété, les actes de bienfaisance, d’une part, l’attitude (ou un état) de feveur, de recueillement, de contrition et de componction assortie de pleurs, dans laquelle le solliciteur s’adresse à Allah pendant la récitation du du‘â’ ou la formulation de ses vœux, d’autre part. En un mot, tout ce qui est susceptible de témoigner de notre soumission et de notre obéissance à Allah et tout ce qui peut contribuer à nous reprocher de Lui, contribue à l’exaucement de notre du‘â’. Or dans la ziyârah nous sollicitons les faveurs du Créateur en nous appuyant sur l’intercession des Ahl-ul-Bayt (p), ceux-là mêmes qu’Allah aime le plus parmi Sa création, qu’Il a préférés à toute l’Humanité, qu’Il a élus comme ses représentants sur la terre et qui occupent la position la plus sublime auprès de Lui. Quelle meilleure façon de se rapprocher d’Allah et de Lui obéir que de témoigner de notre amour à ceux qu’Il aime et de notre allégeance et fidélité à ceux qu’Il a élus pour nous comme autorité et maîtres ! D’autre part quelle meilleure situation qui prête au versement de larmes, au recueillement et à la componction, attitudes très recommandées pendant le du‘â’, que celle qu’évoque la visite des tombes et l’évocation de la mémoire et des souffrances de ceux qui se sont sacrifiés et ont tant souffert pour le triomphe de la Cause d’Allah !
Ceci dit, il est utile de reproduire ici quelques extraits de ce que l’un des plus grands savants chiites de l’époque contemporaine, Muhmmad Redhâ al-Mudhaffar, écrit dans son célèbre ouvrage «Les Croyances du Chiisme» à propos de la ziyârah en général :
L'un des traits distinctifs des Chiites est la grande importance qu'ils accordent à la visite des Mausolées du saint Prophète et de ses descendants, les Ahl-ul-Bayt, en raison de la révérence particulière qu'ils vouent aux tombeaux. Les Chiites dressent de magnifiques dômes sur les tombes et dépensent pour cela, volontairement, beaucoup d'argent, selon la capacité individuelle de chacun, afin d'exprimer leur amour et leur respect pour les personnages saints.
Les Chiites agissent ainsi pour se confronter aux recommandations des saints Imams en ce sens. En effet, les Imams d'Ahl-ul-Bayt ont encouragé les Chiites à cette pratique parce que celle-ci constitue un moyen sûr d'obtenir une bonne récompense d'Allah , puisqu'ils considèrent qu'après la Prière et les autres actes obligatoires d'adoration d'Allah, la visite des Tombeaux des Saints offre aux serviteurs une des meilleures possibilités de se rapprocher d'Allah, et qu'un Tombeau est le meilleur lieu pour l'acceptation des Supplications par Allah. Les saints Imams sont allés jusqu'à affirmer que la visite de Tombeaux confirme la Foi inébranlable des Chiites et leur fidélité incontestable aux saints Imams. L'Imam al-Redhâ (p) dit à ce propos:
«Il y a entre chaque Imam et ses adeptes une convention qui doit être respectée. Elle comporte la visite des Tombeaux des Imams. Quiconque visite les Tombeaux des saints Imams avec beaucoup de ferveur et d'enthousiasme, et prête attention à leurs objectifs, sera recommandé par les saints Imams pour obtenir les Bénédictions divines le Jour du Jugement» .
La raison pour laquelle les saints Imams ont vivement recommandé la visite des Tombeaux réside dans le fait que cet acte comporte beaucoup d'avantages spirituels et sociaux, qu'on peut énumérer comme suit:
1- Cette pratique établit des liens profonds et des relations solides entre les Saints Imams et les Chiites, et nous rappelle leurs hauts mérites, leur piété et leur esprit de Jihâd et de sacrifice pour la Cause d'Allah.
2- Etant donné la grande concentration de Tombeaux, les gens qui s'y rendent en visite ont l'occasion de se rencontrer davantage, de se rapprocher plus les uns des autres, de faire connaissance les uns avec les autres, et de parler de leurs problèmes respectifs. La visite des Tombeaux permet donc de cimenter les relations entre les gens et de renforcer leurs liens intimes. De cette façon, l'esprit d'obéissance aux Commandements divins et d'adoration d'Allah devient commun à tous les visiteurs.
3- La récitation de la Ziyârah (les salutations prescrites pendant la visite des Tombeaux des saints Imams) qui comporte des formules éloquentes et riches d'enseignements islamiques rapportées des saints Imams, nous permet de consolider notre Foi dans le monothéisme, de reconnaître la sainteté de l'Islam et du Message du Prophète, et de savoir nous armer d'une morale élevée, nous soumettre au Créateur, et Le remercier pour Ses Bénédictions. Sous cet angle, la visite des Tombeaux des Saints a la même fonction que les Supplications. On peut même dire que certaines récitations prescrites pour la visite des tombeaux, telle la récitation de la visite d'Amîn-ullâh, récitation attribuée à l'Imam Zayn-ul-Abidîne (p) lors de sa visite du Tombeau de son grand-père, l'Imam Ali Ibn Abî Tâleb (p), contiennent les meilleures et les plus sublimes des Supplications .
En fait, ces Ziyârât des Tombeaux, qui nous sont rapportées des saints Imams, nous montrent la soumission totale et la dévotion de ceux-ci à Allah, et leurs sacrifices inégalables pour défendre la Vérité.
Ces récitations, écrites dans un style arabe des plus éloquents sont très compréhensibles pour les visiteurs. Elles expliquent clairement les significations et la profondeur du monothéisme, et nous enseignent comment nous dévouer à l'adoration d'Allah et à dire des Supplications.
Il n'y a pas de doute que ces Ziyârât (pluriel de Ziyârah) sont des morceaux d’anthologie de la littérature arabe, après le saint Coran et Nahj-ul-Balâghah, parce qu'elles contiennent, en résumé, les Enseignements des Imams et font connaître leurs principes spirituels et moraux.
Les Règles de Conduite lors de la Ziyârah
Il y a également dans les règles de conduite à observer lors de la visite des Tombeaux une matière d'enseignement et d'orientation visant à inculquer aux Musulmans de hautes qualités morales ou, en d'autres termes, à élever leur morale, à développer l'esprit de solidarité avec les pauvres, à les inciter à la sociabilité et à la bonne conduite. Ces règles de bonne conduite indiquent au visiteur comment il doit se comporter avant de pénétrer dans le saint Mausolée, pendant qu'il y accomplit sa visite, et après l'avoir terminée.
Voici quelques-unes de ces règles, que nous énumérons en indiquant leurs raisons d'être:
1- Le visiteur doit se purifier et faire l'ablution totale (ghusl) avant de commencer la visite. L'utilité de cette ablution est évidente. En se lavant, le visiteur débarrasse son corps de toutes les saletés, afin de prévenir de nombreuses maladies, d'éviter d'incommoder la foule par une mauvaise odeur qui pourrait se dégager du corps . L'ablution rituelle sert aussi à se purifier des vices. Selon les recommandations des saints Imams, le pèlerin (le visiteur) doit réciter la Supplication suivante après l'ablution:
«O Seigneur! Fais que ce bain rituel (ghusl) soit une lumière, une purification et une prévention contre toute maladie, tout mal, toute calamité et toute tare. Purifie par ce bain mon coeur, mon corps, mes os, ma chair, mon sang, mes cheveux, ma peau, ma moelle, mes nerfs et mes effets, afin qu'ils soient mon témoin le jour où je serai dans le besoin, pauvre et nécessiteux» .
2- Il doit porter les meilleurs et les plus propres de ses vêtements , car s'habiller bien dans de tels rassemblements publics marque le respect qu'on éprouve pour l'occasion, constitue un signe de dignité et de respect de soi et des autres, ce qui ne manque pas de susciter l'affection des gens les uns envers les autres et de les rapprocher les uns des autres.
Il est à noter à cet égard que la règle ne commande pas que l'on porte les meilleurs vêtements qui puissent exister (ce qui est une charge onéreuse pour les gens de condition économique modeste), mais les meilleurs habits dont on dispose. La règle concilie donc l'élégance et la condition économique.
3- Il doit, autant que faire se peut, se parfumer, pour les mêmes motifs précités.
4- Il doit, selon ses possibilités, offrir l'aumône aux pauvres. Or, l'utilité de l'aumône offerte dans de telles occasions, c'est de subvenir aux besoins des nécessiteux et le développement de l'esprit de solidarité avec les pauvres.
5- Il doit marcher dignement et respectueusement, sans porter ses regards à gauche et à droits . En cela, il fait preuve de révérence pour le Lieu saint et pour les autres pèlerins. En outre, cette attitude digne et respectueuse évite aux autres d'être incommodés par une mauvaise conduite et des comportements inconvenants.
6- Pendant qu'il effectue la Ziyârah, la règle est que le pèlerin glorifie constamment Allah en répétant : "Allah est le Plus Grand". Selon certains hadith, il est prescrit de répéter cent fois : "Allâh-u-Akbar". Ce faisant, le pèlerin prend conscience de la Grandeur d'Allah, et se rappelle que personne ne peut être aussi grand qu'Allah. En fait, le pèlerinage aux saints Tombeaux n'a pour but que l'adoration d'Allah, les louanges adressées à Allah, et la vénération d'Allah. Son seul objectif est de raviver les Principes et les Signes d'Allah, et d'obéir aux Commandements Divins.
7- Après avoir rendu visite au saint Tombeau du Prophète (P) ou d'un Imam (p), le pèlerin doit accomplir deux rak‘ah (unité) de Prière en signe de gratitude envers Allah qui lui a donné l'occasion de faire le pèlerinage au saint Tombeau, et pour demander à Allah que sa Prière soit dédiée à l'âme pieuse du saint Prophète ou du saint Imam, selon le cas. Après les deux rak‘ah de Prière, le pèlerin doit réciter la Supplication qui lui rappelle que sa Prière et sa Supplication sont offertes à Allah Seul, et qu'il n'adore personne d’autre qu'Allah, et que le seul but de son pèlerinage est la recherche de la proximité d'allah. La Supplication qu'il doit lire après la Prière est la suivante:
«O Seigneur! C'est à Toi Seul que j'ai offert cette Prière, et c'est devant Toi Seul que je me suis incliné et prosterné. Tu es Un et Unique, et Tu n'as pas d'associé. Mes Prières, mes inclinations et mes prosternations sont uniquement pour Toi, et pour personne d'autre, car Tu es Le Seigneur, et il n'y a pas d'autre seigneur. O Allah! Prie sur Mohammad et sur les Saints Descendants de Mohammad! Accepte ma visite et exauce ma demande, pour l'amour de Mohammad et de ses Descendants Purifiés» .
Cette Supplication explique clairement les raisons réelles pour lesquelles les Imams d'Ahl-ul-Bayt et leurs Chiites pratiquent la visite des Tombeaux, et montre incontestablement, sinon la mauvaise foi, du moins l'ignorance de leurs détracteurs, qui insinuent que cette pratique des Chiites serait une forme de culte des tombeaux et une façon de les implorer et de les associer à Allah! Il est fort probable que les détracteurs des Chiites veulent, par cette insinuation perfide et dénuée de tout fondement, priver les adeptes des Ahl-ul-Bayt des avantages sociaux et religieux que leur assure cette pratique purement islamique, qui permet aux Chiites de se rassembler souvent pour confirmer et consolider leur Foi en Allah et leur fidélité envers Ses Serviteurs les plus pieux et les plus dévoués, car il est incroyable qu'ils puissent ignorer les raisons de cette pratique recommandée par les Descendants élus du saint Prophète ! Comment pourrait-on, autrement, soupçonner les Membres pieux de la Famille du Prophète, qui se sont dévoués à la piété et à la Cause d'Allah, et qui ont tout sacrifié pour appeler à la Religion d'Allah, d'inciter en même temps les gens à l'associationnisme et à une forme de polythéisme?
8- L'une des stipulations des règles de la Ziyârah est que le pèlerin «doit être un bon compagnon pour celui qui l'accompagne. Il doit parler peu, sauf pour dire de bonnes choses. Il doit évoquer beaucoup Allah. Il doit avoir une attitude de recueillement. Il doit faire beaucoup de Prières et prier constamment sur Mohammad (P) et sur les Descendants de Mohammad (p). Il doit baisser son regard, accourir pour satisfaire les besoins de ses Frères quand l'occasion se présente, et les consoler quand c'est nécessaire. Il doit s'abstenir de faire ce que le saint Prophète et les saints Imams ont interdit de faire, de se disputer, de jurer beaucoup, d'engager une discussion émaillée de jurements» .
Le principal objectif du pèlerinage aux saints Tombeaux est de présenter les salutations au Prophète d'Allah ou aux saints Imams. Nous croyons qu'étant donné qu'ils sont «vivants et pourvus de moyens de subsistance auprès de leur Seigneur» , ils entendent donc la parole du pèlerin et répondent à ses salutations, et le pèlerin pourrait se contenter de dire "As-salâmu `Alayka yâ Rasûl-Allâh" (Que la Paix soit sur toi, O Messager d'Allah). Toutefois, il est préférable que le pèlerin récite les salutations rapportées des Saints Imams, en raison des buts sublimes qu'elles visent et des avantages religieux qu'elles présentent, sans parler de leur éloquence, de leur beau style, et des Supplications pieuses qu'elles contiennent et que le pèlerin adresse à Allah Seul.
Mise au point
La visite des lieux sacrés (tels les tombeaux des Saints) ou la participation à des rassemblements de deuils, ne constituent pas une quelqconque recherche de la proximité de quelqu'un d'autre qu'Allah, comme l'ont (mal) compris ou présenté ceux qui voudraient dénigrer la voie des Chiites imamites, ignorant (ou faisant semblant d’ignorer) la vraie signification de ces pratiques qui sont, bien au contraire, une manière adéquate de demander la proximité d'Allah par l'accomplissement de bonnes actions, telles que la visite rendue à un malade, la participation à des funérailles, la consolation apportée à un pauvre. Lorsque nous rendons visite à un malade, nous accomplissons une bonne action dans la mesure où nous visons la proximité d'Allah en essayant par cette bonne action de Lui faire plaisir, et non pas de glorifier la personne malade, ni d'obtenir sa faveur, ni de lui faire plaisir à titre d'adoration. La même chose est vraie pour la visite des tombeaux ou la participation à des processions de deuil ou la visite rendue à des Frères de Foi.
Donc notre croyance selon laquelle la visite des tombes et la tenue de cérémonies de deuil sont de bonnes actions légales, est établie par la Jurisprudence musulmane. La nature de notre recherche ne nous permet pas d'en faire la démonstration ici .
Ce qui est certain, la visite des mausolées des saints Imams ne s’apparente ni de loin ni de près à aucune forme d'association dans l'adoration d'Allah, comme certains le croient. Elle a pour seul but de rendre hommage à leur mémoire et de garder vivant dans notre esprit leur souvenir et leurs mérites, et en cela nous nous conformons à ce que dit le saint Coran : «Quiconque respecte les symboles d'Allah, fait preuve d'un coeur pieux» (Sourate al-Hajj, 22:32).
Il a été établi par le code religieux que les actes de ce genre sont, nobles et recommandés. C'est pourquoi, la personne qui les accomplit dans la seule intention de s'approcher d'Allah en sera justement bien récompensée.
Les Différentes visites
La visite des tombes du Prophète (P) et des Imams d’Ahl-ul-Bayt, à Baqî‘ (Médine)
Nombreux et concordants sont les hadith qui affirment le caractère très recommandé de la visite de la tombe du Prophète (P). Il est même de hadith qui rendent cette visite obligatoire lors du Pèlerinage pour quiconque est en mesure de l’effectuer et indiquent que s’en abstenir équivaudrait à une attitude d’arrogance envers le noble Prophète, donc à un acte illicite (harâm). D’autres encore la considèrent comme un motif de l’entrée au Paradis. Ci-après quelques-uns de ces hadith :
- L’Imam al-Sâdiq (p) dit : “Quiconque accomplit le Pèlerinage, qu’il le conclue par notre visite, car ce faisant, il aura complété son pèlerinage” .
- L’Imam Ali dit (p) : “Lorsque vous vous rendez à la Maison d’Allah, parachevez votre pèlerinage par la visite de la tombe du Messager d’Allah (P), et ce conformément à l’ordre que vous avez reçu à cet égard. Faute de quoi, vous aurez fait montre d’une attitude d’arrogance (vis-à-vis du Prophète-P). Complétez votre Pèlerinage par la visite des tombes, qu’Allah vous a rendue obligatoire. Demandez-y à Allah de vous accorder la satisfaction de vos besoins”
- Selon l’Imam Mohammad al-Bâqir (p), le Prophète (P) dit : “Quiconque me rend visite de mon vivant ou après ma mort, je serai son intercesseur le Jour de la Résurrection” .
- Lorsque l’Imam al-Hassan Ibn Ali (p) demanda à son grand-père, le Messager d’Allah (P) : “Ô mon père ! Quelle est la récompense de celui qui te rend visite ?”, le Prophète (P) lui répondit : “Ô mon fils ! Quiconque me rend visite, vivant ou mort, ou rend visite à ton père, à ton frère (l’Imam al-Hussayn) ou à toi, je me ferai un devoir de lui rendre visite le Jour du Jugement pour le délivrer de ses péchés”
- Selon une autre version de ce hadith rapporté par l’Imam al-Hussayn (p), le Prophète (P)dit : “Quiconque me rendra visite après ma mort, gagnera le Paradis. Quiconque rendra visite à ton père après sa mort, gagnera le paradis. Quiconque rendra visite à ton frère après sa mort gagnera le Paradis. Quiconque te rendra visite après ta mort gagnera le Paradis”
- Selon une autre version encore, rapportée par l’Imam al-Redhâ (p), le Prophète (P) dit : “Quiconque me rend visite, de mon vivant ou après ma mort, aura visité Allah” .
- Zayd rapporte : “Lorsque j’ai demandé à l’Imam al-Sâdiq (p) : “Quel est le mérite de celui qui rend visite au tombeau du Messager d’Allah?”, il m’a répondu : “C’est comme s’il avait rendu visite à Allah sur Son Trône” .
- Lorsqu’on demanda à l’Imam al-Sâdiq (p) “peut-on rendre visite à la tombe de votre père”, il répondit “Oui”. Et lorsqu’on lui demanda ensuite : “Et quelle est la récompense de celui qui lui rend visite?”, il dit : “Le Paradis, si on s’y met en deuil”. Et à la question “Et si on s’abstient de sa visite par indifférence?”, il répondit : “Le soupir du Jour du Soupir” .
- L’Imam al-Sâdiq (p) dit aussi :“Quiconque me rend visite (dans ma tombe), sera absous et ne mourra pas pauvre”
Il ressort de ces hadith que la visite de la tombe du Prophète (P) est la plus importante des visites pieuses et que celles de ses descendants, les Imams d’Ahl-ul-Bayt (p) appellent autant de récompense spirituelle. En règle générale, la visite des tombes des Infaillibles constitue l’un des rites auxquels les adeptes de l’École d’Ahl-ul-Bayt sont particulièrement attachés, notamment pendant les saison de Hajj (le grand pèlerinage) et de ‘Omrah (le pèlerinage mineur) et pour l’accomplissement de laquelle ils subissent toutes sortes de persécutions et de mesures vexatoires que leur infligent les autorités dont dépendent les tombes du Prophètes et de quelques-uns de ses descendants.
Les visites pieuses de l’Imam al-Hussayn (p)
La visite pieuse de l’Imam al-Hussayn est très recommandée aussi bien lorsqu’elle est effectuée sur place (le site du saint mausolée) que de loin (à n’importe quel endroit où on se trouve) et n’importe quand, lors bien même qu’elle appelle une plus grande récompense si on l’accomplit auprès de la tombe de l’Imam, ou dans le sanctuaire de l’Imam Ali ou de tout autre Imam de ses descendants.
Bien que les hadith mettent un accent particulier sur la ziyârah du Prophète (P) et sur celle de l’Imam al-Hussayn, certains d’entre eux indiquent que la visite pieuse de n’importe quel Imam d’Ahl-ul-Bayt (p) a le même mérite que les deux ziyârah précitées.
Sans doute le texte le plus célèbre destiné à la ziyârah de tous les Imams (p) est “ziyârat-Amînullâh”, dont al-Allâmah al-Majlicî dit qu’elle est la meilleure des ziyârat aussi bien par son texte (matn) que par sa chaîne de transmetteurs et qu’il faut la lire assidûment dans tous les saints mausolées. Selon l’Imam al-Bâqir (p), c’est avec ce texte que l’Imam Zayn al-Âbidine avait accompli la ziyârah de l’Imam Ali (p) en ajoutant : “Il n’est pas un de nos adeptes qui lise cette ziyârah auprès de la tombe du Commandeur des croyants (l’Imam Ali) ou de l’un des Imams sans qu’Allah ne fasse monter son do‘â’ dans une caisse de lumière qui porte le sceau de Muhammad (P) et qui sera ainsi gardée jusqu’à ce qu’elle soit remise au Résurrecteur des Âle Muhammad (l’Imam al-Mahdi), lequel accueillera cet adepte (qui a lu ladite ziyârah) avec courtoisie (sous de riantes auspices), meilleure salutation et dignement, si Allah le veut” .
Cependant les hadith qui soulignent les mérites de la ziyârah de l’Imam al-Hussayn sont tellement nombreux et concordants qu’il est permis de les classer au-dessus des autres ou de la qualifier comme étant plus méritoire que celle des Imams postérieurs.
Il est à noter qu’il y a plusieurs ziyârah de l’Imam al-Hussayn. Chacune comporte un texte spécifique et est rattachée à une occasion spéciale. Ce sont selon l’ordre chronologique de l’année hégirienne, d’après les différents corpus de visites pieuses :
1-La Ziyârah de ‘Âchûrâ’ (le 10 Moharram)
2-La ziyârah d’al-Arba‘în (le 20 Çafar, le 40e jour de l’anniversaire du martyre de l’Imam)
3- La ziyârah du 1er Rajab (le même texte que celui de la ziyârah du 15 Cha‘bân)
4-La ziyârah de la mi-Rajab (la veille et le jour du 15 du mois- le même texte que le celui du 1er Rajab)
5- Visite pieuse et prière spécifique le jour anniversaire de sa naissance, le 3 Cha‘bân
6-La visite de la veille et du jour de la mi-Cha‘abân (le même texte que celui du 1er Rajab)
7-La visite des veilles du 19, 21 et 23 Ramadhân (dites la nuit de Qadr : la nuit de la veille du 19,21,23)
8-La visite des veilles des fêtes de Ramadhân et de Sacrifice
9-La visite du jour des fêtes de Ramadhân et du Sacrifice
10- La visite du Jour de ‘Arafah, le 9 Thu-l-Hajjah
Deux des ces visites, celles de la mi-Cha‘abân et du Jour de ‘Arafah, se détachent par leur importance et par la récompense spirituelle qu’elles appellent, selon les différents hadith. Il apparaît même qu’elles ont plus de mérites spirituels que le pèlerinage et la Omrah recommandés, et qu’Allah accorde Sa Miséricorde et Son absolution aux visiteurs de l’Imam al-Hussayn (pendant ces deux occasions) avant de les accorder aux fidèles présents à ‘Arafât (pendant le pèlerinage et la Omrah recommandés).
Les adeptes d’Ahl-ul-Bayt attachent également une importance et une attention particulières aux visites de ‘Âchûrâ’ et du Jour de l’Arba‘în (le 40ème jour du martyre de l’Imam). Ils y organisent différents rassemblements de deuil.
À part ces ziyârah périodiques et spécifiques, il y en a d’autres à caractère général. On peut les effectuer n’importe où et n’importe quand. Al-‘Allâmah al-Majlicî en mentionne sept, dont la plus connue est la célèbre ziyârat Wârith.
Il y a des règles de bonne conduite à observer pendant la ziyârah de l’Imam al-Hussayn. Elles sont plus ou moins les mêmes que celles qu’on doit suivre pendant la ziyârah du Prophète (P) ou des autres Imams (p). Les plus importantes d’entre elles sont : la pureté rituelle (le wudhû’), la pureté du corps et des vêtements de toute souillure, la ferveur et le recueillement, l’l’imploration d’Allah, ainsi que toutes les politesses requises lors de la visite rendue à l’Imam (p) de son vivant et en sa présence.
Les Ziyârah de l’Imam Ali (p)
Nous avons eu l’occasion d’entrevoir à travers de précédents hadith les grands mérites de la ziyârah de l’Imam Ali (p). Ci-après d’autres hadith plus détaillés relativement au même sujet. Ainsi, Abî Wahab al-Quçrî, cité par al-Kulaynî, témoigne : “Je suis arrivé à Médine où je suis allé voir l’Imam al-Sâdiq (p) en lui disant :“Je suis venu te voir sans avoir effectué la visite de la tombe du Commandeur des croyants (l’Imam Ali)”. L’Imam al Sâdiq (p) m’a dit alors : “Que c’est malheureux ce que tu as fait! Si tu n’étais pas de nos adeptes, je n’aurais même pas posé mon regard sur toi! Comment omets-tu de rendre visite à celui qu’Allah visite avec les Anges, de même que les Prophètes et les croyants!” Je lui ai dit, en guise d’excuse :“Que je te sois sacrifié! Je ne le savais pas”. Il m’a répondu : “Sache donc que le Commandeur des croyants (p) est préféré par Allah à tous les autres Imams. Le mérite de leur action lui revient....”
Dans un autre hadith, l’Imam al-Sâdiq (p) dit : “Allah n’a pas créé d’êtres qui soient plus nombreux que les Anges. Or, Il en fait descendre chaque jour soixante-dix mille (Anges) qui font le Tawâf (le tour) d’al-Bayt al-M‘mûr, puis de la K‘abah; ensuite ils se rendent à la tombe du Prophète (P) et le saluent, puis à celle du Commandeur des croyants (p) et le saluent, puis à la tombe de l’Imam al-Hussayn (p) et le saluent, avant de retourner. Ceci se répétera jusqu’au Jour de la Résurrection”. Et l’Imam al-Sâdiq (p) d’ajouter : “Quiconque rend visite à la tombe du Commandeur des Croyants en s’humiliant devant ses grands mérites, sans vanité ni orgueil, Allah lui décerne une récompense équivalente à celle de mille martyrs, efface ses péchés passés et à venir, le ressuscitera avec les gens rassurés, lui facilitera le jugement. Il est accueilli par les Anges lors de sa visite, et sera raccompagné par eux à son retour chez lui. S’il venait à tomber malade, ils lui rendront visite, et lorsqu’il mourra, ils suivront sa dépouille jusqu’à la tombe en demandant à Allah de l’absoudre. Et quiconque rend visite à la tombe de l’Imam al-Hussayn en s’humiliant devant ses grands mérites, Allah le crédite de la récompense due à mille pèlerinage exaucés et mille ‘Omrah exaucées, et effacera ses péchés passés et à venir”
L’Imam al-Sâdiq (p) dit encore : “Allah a proposé notre Autorité aux peuples des différents territoires. Seuls le peuple de Kûfa l’a acceptée. Or, il y a à côté de cette contrée une tombe immunisée contre le malheur. Quiconque s’y rend et y accomplit 4 rak‘ah de prière n’en retournera (chez lui) que comblé de l’exaucement de son voeu”
S’adressant à Ibn Mârid, l’Imam al-Sâdiq (p) affirme : “Ô Ibn Mârid! Quiconque rend visite à la tombe de mon grand-père (l’Imam Ali), en connaissant ses mérites, Allah le crédite pour chaque pas qu’il y fait de la récompense d’un pèlerinage exaucé et d’une ‘Omrah exaucée. Ô Ibn Mârid ! Par Allah, Allah ne nourrira pas de feu un pied poudré par la visite de la tombe du Commandeur des croyants, effectuée à pied ou sur une monture. Ô Ibn Mârid ! Écris ce hadith avec de l’eau d’or” .
Les ziyârahs générales et particulières de l’Imam Ali (p)
Les visites pieuses de l’Imam Ali (p) sont de deux types : général et spécifique (périodique)
a-Les Ziyârah générales : Le Cheikh al-Qummî en a compté sept dans ses “Mafâtîh al-Jinân”, dont la plus longue est la première et la plus importante la seconde (ziyarat-Amîn-Allah), alors que l’auteur des “Bihâr al-Anwâr” en mentionne un plus grand nombre .
b-Les ziyârah périodiques : Elles sont à accomplir à des occasions spécifiques et elles sont au nombre nombre de quatre :
1-La ziyârah de Ghadîr :
Elle est la plus longue des quatre et faite spécialement pour la commémoration d’un événement capital qui eut lieu le 18 Thul-hajj où le Prophète (P) réunit tous les pèlerins à une intersection dite Ghadîr Khum pour désigner l’Imam Ali (p) comme Imam, Calife (successeur) et Autorité après lui. Elle exposa tous les mérites et vertus du Commandeur des croyants. L’origine de cette ziyârah remonte à l’Imam Ali al-Hâdî (al-Naqî), le Xe Imam d’Ahl-ul-Bayt (p), qui l’a effectuée en ce jour anniversaire, alors qu’il se dirigeait vers Baghdad, à la demande du calife abbasside, al-Mu‘taçim.
Concernant les mérites de cette ziyârah, l’Imam al-Redhâ (p) s’adressant à un adepte, dit: “Où que tu te trouves, arrange-toi pour que tu sois présent le Jour de Ghadîr près du Commandeur des croyants (p), car, en ce jour Allah absout les péchés cumulés de soixante ans de tout croyant et de toute croyante, et Il y libère de l’Enfer le double du nombre des gens libérés pendant le mois de Ramadhân, la Nuit du Destin (laylat al-Qadr) et la veille de la Fête d’al-Fitr” .
2- La ziyârah du jour anniversaire de la naissance du Prophète Mohammad (P) :
Elle a lieu le 17 Rabî‘ al-Awwal. Selon al-Cheikh al-Mufîd et Ibn Tâwûs l’Imam al-Sâdiq (p) a effectué cette ziyârah en ce jour anniversaire du Prophète, auprès de son “frère” et successeur légitime, l’Imam Ali (p), avec un texte spécifique qu’il a appris à Muhammad Ibn Muslim al-Thaqafî. Ce texte est cité dans Mafâtîh al-Jinân. Il s’adresse à l’Imam Ali et salue sa vertu, son savoir et son jihâd aux côtés du Messager d’Allah .
3- La ziyarah d’al-Mab‘ath (l’avènement de la Mission du Prophète Mohammad-P) : Elle a lieu le 27 Rajab.
On sait que chronologiquement la Mission du Prophète a coïncidé avec la descente du Coran. Or, il ne fait pas de doute que le Coran a été descendu au mois de Ramadhân, puisqu’Allah dit dans le verset coranique suivant : “Le Coran a été révélé au mois de Ramadhan” (Sourate al-Baqarah, 2/185), et plus précisément à la Nuit du Destin : “Oui, Nous l’avons fait descendre durant la Nuit du Destin”(Sourate al-Qadr, 97/1). De là on est en droit de s’interroger sur le pourquoi de la date de 27 Rajab, retenue comme étant le jour anniversaire de la Mission prophétique! La réponse pourrait être la suivante : le début de la révélation du Coran par “échéances” (nujûm) était le 27 Rajab et sa révélation en tant qu’un ensemble au mois de Ramadhân, car le Coran eut, en effet, deux révélations : la première, progressive et détaillée, par échéances (fragments, parties) durant 23 ans (depuis le début de la Mission du Prophète (P) jusqu’à son décès), la seconde (l’étape des statuts juridiques/ ahkâm) en une fois, au mois de Ramadhân, durant la Nuit du Décret-Destin: “Un Livre dont les versets ont été bien structurés, puis expliqués en détail, de la part d’un Sage parfaitement informé” (Sourate Hûd, 1/11).
4-La ziyârah du jour anniversaire de son martyre, le 21 Ramadhân :
Selon al-Kulaynî dans “al-Kâfî” et al-Çadûq dans “al-Amâlî” : “Le jour du décès du Commandeur des croyants, l’endroit fut secoué par les lamentations des gens hébétés par l’événement, comme le jour du décès du Prophète (P). Un homme pressé et en pleurs est venu en s’écriant : “La succession de la Prophétie est rompue aujourd’hui”. Il s’arrêta à la porte de la maison où se trouvait la sainte dépouille du Commandeur des croyants et dit : “Qu’Allah t’entoure de Sa Miséricorde, ô Abu-l-Hassan. Tu étais le premier de ce peuple à épouser l’Islam...” Les gens se turent jusqu’à ce qu’il terminât son discours. Puis il se remit à pleurer. Les compagnons du Prophète firent de même. Puis les gens voulaient lui parler. Mais il a disparu soudain”. On croit qu’il s’agissait d’al-Khidhr (p) .
Les ziyârah des autres Imams d’Ahl-ul-Bayt
Outre les ziyârah du Messager d’Allah, de l’Imam Ali (p) et de l’Imam al-Hussayn (p) auxquelles les Imams d’Ahl-ul-Bayt (p) ont attaché une importance particulière, ces derniers ont vivement recommandé la ziyârah des mausolées d’Ahl-ul-Bayt en général, comme nous avons pu l’apercevoir à travers les divers hadith précités. Ci-après d’autres hadith qui confirment cette recommandation :
Zayd al-Chahhâm témoigne : “J’ai demandé à l’Imam al-Sâdiq (p) quelle mérite spirituel appelle la visite du mausolée de l’Imam al-Hussayn?”. Il m’a dit : “C’est comme si on avait visité Allah sur Son Trône”. J’ai demandé encore : “Et la visite de l’un d’entre vous (les Imams successeurs de l’Imam al-Hussayn) ?”. Il m’a répondu : “C’est comme si on avait visité le Messager d’Allah (P)”
‘Îsâ Ibn Râchid rapporte : “J’ai demandé à l’Imam al-Sâdiq (p) : “Que je te sois sacrifié! À quelle récompense spirituelle a droit celui qui effectue la ziyârah de la tombe de l’Imam al-Hyssayn (p) et y accomplit deux rak‘ah de prière?” Il m’a dit : “C’est comme s’il avait accompli un pèlerinage et une ‘Omrah”. Je lui ai demandé encore : “Est-ce la même récompense pour la ziyârah de tout autre Imam à qui notre obéissance est obligatoire?”. “Oui”, m’a-t-il répondu.
Abdul-Rahmân Ibn Muslim rapport : J’ai demandé à l’Imam Mûsâ al-Kadhim (P) : “La ziyârah de quel Imam est-elle la plus méritoire ? Celle du Commandeur du croyant ou de l’Imam al-Sâdiq, ou de...” et j’ai cité nommément tous les Imams. Il m’a dit : “O Abdul-Rahmân Ibn Muslim ! Quiconque visite le premier d’entre nous aura visité le dernier d’entre nous, et quiconque visite le dernier d’entre nous aura visité le premier d’entre nous. De même, quiconque fait allégeance au premier d’entre nous aura fait allégeance au dernier d’entre nous, et quiconque subvient au besoin de l’un de nos adeptes aura subvenu à notre besoin à nous tous. Ö Abdul-Rahmân! Aime-nous, aime en nous et aime pour nous! Sois notre ami et l’ami de nos amis, et déteste quiconque nous déteste. Sache que quiconque nous contrarie aura contrarié notre grand-père le Messager d’Allah (P), et quiconque contrarie le Messager d’Allah (P) aura contrarié Allah. Ô Abdul-Rahmân ! Quiconque nous déteste aura détesté Muhammad (P), et quiconque déteste Mohammad (P) aura détesté Allah. Or quiconque déteste Allah, le très-Haut, Allah le fera subir, à juste titre, le feu de l’Enfer, où il n’aura aucun secours”
Il y a beaucoup d’autres hadith sur les mérites de la ziyârah des Imams d’Ahl-ul-Bayt en général, mais c’est surtout la ziyârah de l’Imam al-Redhâ, après celles de l’Imam Ali et de l’Imam al-Hussayn qui est nommément citée et soulignée. En effet l’Imam al-Sâdiq (p) rapporte que le Prophète (P) dit : “L’un de mes descendants sera enterré à Khorâsân. Il n’est pas un croyant qui lui rende visite sans qu’Allah ne le destine obligatoirement au Paradis et ne rende l’Enfer interdit à son corps”
Dans un hadith, l’Imam al-Redhâ (p) affirme: “Il n’est pas l’un d’entre nous qui ne soit assassiné et tombé en martyr (...) Celui qui me tuera est le plus méchant des créatures de mon époque. Il m’empoisonnera, puis m’enterrera dans une maison perdue à l’étranger. Quiconque donc me rendra visite dans cette contrée étrangère Allah lui alloue la rétribution de cent mille martyrs, de cent mille véridiques, de cent mille fidèles en pèlerinage ou en ‘omrah, et cent mille mujâhid (combattant pour la Cause d’Allah). En outre, Allah le placera parmi notre groupe le Jour de la Résurrection et en notre compagnie dans les positions supérieures du Paradis” .
Selon un autre hadith, l’Imam Ali (p) témoigne : “Le Messager d’Allah (P) dit : “L’un de mes descendants sera enterré à Khorâsân. Il n’est pas un malheureux qui lui rende visite sans qu’Allah ne le lui enlève son malheur, ni un pécheur sans qu’Allah n’efface ses péchés”
Deux remarques importantes
Il convient de conclure cet exposé sur la ziyârah des tombes des Imams (p) par deux remarques importantes tirées de certains hadith:
La première remarque : le visiteur doit éviter, lors de la visite des mausolées des Imams tout ce qui pourrait faire croire à des gens non avertis ou malveillants qu’il associe au culte d’Allah celui du Saint qui repose dans la tombe visitée. Il doit par exemple faire en sorte que la tombe ne soit pas directement sur la ligne de la qiblah (direction de la Mecque) lorsqu’il accomplit des prières dans le mausolée de l’Imam (p). Ce sont nos Imams eux-mêmes qui nous ont mis en garde contre les risques de telles méprises ou confusions pour que la visite du tombeau préserve son caractère originel et essentiel en tant qu’acte cultuel visant à se rapprocher d’Allah en présentant nos respects à Ses Signes et à Ses élus et en leur témoignant notre fidélité et notre amour. Ainsi, l’Imam al-Bâqir (p) dit : «Priez entre les tombes de telle sorte qu’elles ne deviennent pas votre qiblah, car le Messager d’Allah l’a interdit en disant : “Ne faites pas de ma tombe votre qiblah ni une mosquée, car Allah -Il est Sublime- a maudit ceux qui avaient transformé les tombes de leurs prophètes en mosquées” »
Selon al-Halabî, l’Imam al-Sâdiq dit : “Ne bois pas en étant débout, ne fais pas le tawâf à la tombe, n’urine pas dans une eau stagnante, autrement il t’arriverait un malheur dont tu ne pourras blâmer que toi-même...”
Il ne fait pas de doute que l’interdiction visée dans les expressions “faire des tombes une qiblah ou une mosquée (masjid)”, “faire le tawâf à la tombe” concerne l’adoption de la tombe elle-même comme qiblah et comme objet de la prosternation (masjid) ou de culte, car en effet il est illégal de se prosterner sur une tombe et de se tourner vers elle en tant que qiblah, et non pas le fait que la tombe se situe sur la ligne de la direction de la Ka‘bah lorsqu’on accomplit la Prière, ni que l’on construise des mosquées ou des bâtiments sur les tombes, car ce sont là des actes tout à fait légaux. Le hadith précité ont pour objet de préserver la pureté du culte d’Allah et d’éviter la confusion.
La seconde remarque : Lorsque nous rendons visite aux tombes du Prophète (P) et des Imams (p), il faut que nous gardions présent à l’esprit le fait que ces endroits sont des lieux saints, parce que, honorés par les Saints qu’Allah a honorés et qui y ont été enterrés. Notre visite ne doit donc pas revêtir l’aspect d’une pratique figée, consistant à sanctifier des morts et des os, et ce d’autant plus que les Infaillibles (P) sont des êtres “vivants auprès de leur Seigneur, bien pourvus” (Sourate Äle ‘Imrân, 3/169). Nous devons donc faire comme si nous leur rendions visite de leur vivant pour leur témoigner de notre amour, de notre respect, de notre fidélité et de notre allégeance en leur qualité de représentants d’Allah auprès de l’Humanité. Il est opportun à cet égard de citer le hadith suivant de l’Imam al-Sâdiq (p) : “Il n’est pas un prophète ni un successeur désigné du prophète qui restent plus de trois jours sur terre avant qu’Allah fasse monter leur âme, leurs os et leur chair au ciel. Si on rend visite aux emplacements de leurs traces, c’est parce qu’ils reçoivent de loin les salutations et font entendre leur réponse de près, dans ces emplacements”
Les ziyârah des descendants des Imams d’Ahl-ul-Bayts et des gens pieux
Tirant conclusion des hadith précités et de bien d’autres hadith qui mettent en évidence les mérites spirituels des visites des tombes en général, les adeptes d’Ahl-ul-Bayt se sont appliqués à construire des édifices sur celles-ci et à s’y rendre fréquemment dans l’intention de s’approcher d’Allah, de prier et de formuler des voeux, et ce à tel point que beaucoup de villes ont vu le jour grâce à la présence de l’une de ces tombes, comme c’est le cas de la ville de Najaf (mausolée de l’Imam Ali), Karbalâ’ (où à part le mausolée de l’Imam al-Hussayn, il y a celui de son frère al-Abbas, et ceux de certains de leurs compagnons tombés en martyrs avec eux), la ville d’al-Qâcim, d’al-Hamzah, de ‘Alî al-Charqî, ‘Alî al-Gharbî et bien d’autres villes en Irak qui grouillent de centaines de mausolées de descendants des Imams. De même il y a des milliers de tels mausolées en Iran et des dizaines d’autres parsemés dans les différents pays musulmans.
Sans doute les plus connus des mausolées des descendants des Imams sont-ils :
● En Irak : le mausolée d’al-Abbâs fils de Ali, celui de Muslim Ibn ‘Aqîl, et celui d’al-Qâcim Ibn Mûsâ Ibn Ja‘far
● En Iran : celui d’al-Ma‘çûmah Fâtimah fille de Mûsâ Ibn Ja‘far (à Qom), celui de Ahmad Ibn Mûsâ Ibn Ja‘far (à Chîraz), celui de Sayyid Abdul-‘Adhîm al-Hussaynî (à Ray)
● En Syrie : la tombe d’al-Sayyidah Zaynab à Damas .
● En Egypte : le mausolée du lieu du dépôt de la tête de l’Imam al-Hussayn (p) au Caire.
Les occasions générales des ziyârah
Bien que les fidèles affluent presque quotidiennement vers les tombes des Prophètes, des Imams et de leurs descendants, il y a des dates anniversaires qui retiennent particulièrement l’attention des musulmans pour s’y rendre en grand nombre et effectuer les ziyârah. Par exemple le jour anniversaire de la naissance ou de la mort de chaque Imam constitue l’occasion principale de la visite de sa tombe. De même la veille du vendredi, un jour saint pour les Musulmans, attirent ceux-ci vers les tombes et les mausolées. Et comme ce jour coïncide avec le congé hebdomadaire dans les pays musulmans, les lieux saints en général, le mausolée de l’Imam al-Hussayn, en particulier, connaissent une grande affluence. Par ailleurs, selon le Hadith, la ziyârah de l’Imam al-Hussayn (p) est très recommandée la veille du vendredi (jeudi soir). Les visites des mausolées les jours de fête appellent également une récompense spirituelle certaine. Les grandes vacances sont des occasions propices pour les fidèles, de pays lointains de se rendre nombreux à certains mausolées, tel celui de l’Imam al-Redhâ (p), à Mach-had, en Iran, celui de l’Imam al-Hussayn (Karbalâ’-Irak) et celui de l’Imam Ali (p) à Najaf, en Irak.
Les ziyârah générales
Nous avons remarqué plus haut qu’il y a pour chaque infaillibles des ziyârah spécifiques à accomplir à des dates précises, et d’autres qu’on effectue à n’importe quel moment ou jour. Il y a un autre type de ziyârah, dite al-Jâmi‘ah, qui concerne tous les Infaillibles et qu’on accomplit invariablement auprès de chacun de leurs mausolées. Les plus célèbres de ces ziyârah jami‘ah (collectives ou communes) sont :
1-Ziyârat-Amînallâh :
elle est la plus concise de ces longues ziyârah et comprend outre le texte de la visite pieuse, la prière de demande personnelle et l’entretien intime avec Allah (munâjât).
2-al-Ziyârah al-Jâmi‘ah al-Kabîrah :
Rapportée de l’Imam Ali Ibn Mohammad al-Hâdî (p), elle est la plus volumineuse des ziyârah commune, la plus sûre quant à sa chaîne de transmetteurs, la plus éloquente dans son style et la plus méritoire. Beaucoup de uléma se sont appliqués à l’expliquer, et à en éclaircir les passages qui pourraient prêter à la confusion ou à une mauvaise interprétation.
3-Al-Ziyârah al-Jâmi‘ah des Imams des croyants, rapporté par Ibn Tawûs; Al-Allâmah al-Majlicî l’a également mentionnée sous le titre de “la cinquième Ziyârah”
Il y a bien d’autres Ziyârah jâmi‘ah moins connues, rapportées dans Mafâtih al-Jinân (102/126-209) et Bihâr al-Anwâr (p. 550).
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