Al-Qods : le passé, le présent et l'avenir

Dr Mohamed Imara(*)
 
 
 
En l'an IV avant J.C, les Cananéens, habitants de la Palestine fondèrent la ville de Yerushalayim, devenue par la suite Jérusalem. On retrouve ce dernier nom dans bon nombre de langues telles le grec, le latin, l'allemand, le français, l'anglais et autres langues pratiquées en Occident. Le nom désignant cette ville dans l'Ancien Testament remonte à la même origine.
Historiquement, les hébreux s'installèrent dans cette ville dès l'an X avant J.C trois mille ans après sa construction par les Cananéens, lorsque le prophète David, (que la paix de Dieu soit sur lui) l'eut conquise. L'occupation juive qui s'étendit sur plus de quatre siècles (415 ans) prit fin quand les babyloniens anéantirent le royaume de Juda en 580 avant J.C et entamèrent la période du «pillage babylonien» des hébreux.
Plus tard, les Perses permirent aux hébreux de regagner le pays de Canaan. Mais ceux-ci n'y fondèrent pas d'Etat et n'avaient aucune autorité politique sur la ville.
Gênées par la présence des hébreux, les autorités romaines s'empressèrent de démolir la ville. Cela se fit à deux reprises. Une première fois par l'empereur Titus (29-281) en l'an 70, une seconde en 125 par l'empereur Hadrien qui la rasa entièrement et la rebaptisa Aelia Capitolana, «Grande Aelia». Jérusalem garda ce nom jusqu'à la conquête islamique menée par le compagnon du prophète le calife Omar Ibn Al Khattab (23-40 de l'hégire/584-644) en l'an 15 de l'Hégire, 626.
Durant les 400 ans que dura leur occupation de la ville, les hébreux pratiquèrent une sorte de monopole du culte. Ils exclurent ainsi les croyances religieuses des autres populations dont celle des Cananéens, fondateurs de la ville trois mille ans après l'arrivée du prophète David (que la paix de Dieu soit sur lui). Le christianisme ne connut pas de sort meilleur et les chrétiens furent persécutés dès l'avènement du Christ (que la paix de Dieu soit sur lui).
Au IVème siècle, le christianisme adopté par les romains devint la seule religion autorisée. De surcroît, les romains, maîtres de la ville rebaptisée Aelia Capitolana, persécutèrent les juifs, détruisirent leur temple et son emplacement devint un dépôt d'ordures provenant aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur de la ville, à tel point que lorsque Omar Ibn Al Kattab conquit Aelia, les romains lui demandèrent de leur garantir «qu'aucun juif n'habiterait avec eux». Telle fut l'histoire de la ville avant l'avènement de l'islam.
La conquête de Yerushalayim- Ourshlayim-Aelia par les musulmans fut le début d'une nouvelle ère. En effet, ce furent les musulmans qui octroyèrent à Jérusalem son caractère de ville sainte. Les noms qui lui furent données en attestent d'ailleurs puisqu'elle fut respectivement baptisée Bayt Al Maqdis puis Al-Qods, nom qu'elle porte encore de nos jours. Et c'est à cette époque et pour la première fois de son histoire que les trois religions révélées (judaïsme, christianisme et islam) cohabitent dans cette ville sainte.
Ainsi, son caractère de ville sainte ne se limite plus, comme c'était le cas, à une communauté aux dépens des autres. Une fois que Omar conquit la ville et conclut avec ses habitants un pacte resté depuis mémorable, les lieux de culte hébraïques, que les chrétiens sous l'ère romaine avaient démolis il y a des siècles et dont ils avaient fait des dépotoirs, furent reconstruits : «découvrant sur le rocher des tas d'ordures que les romains y déposèrent par haine pour les hébreux, il se mit à balayer l'endroit. Ses compagnons qui l'imitèrent ne s'arrêtèrent pas là, ils cherchèrent les tombeaux des prophètes enterrés dans cette ville et dans toute la Palestine, d'Abraham jusqu'au dernier prophète enterré dans cette terre. Ensuite, ils procédèrent à la purification des lieux saints et construisirent des mosquées. Ainsi, ils firent de Jérusalem une ville sainte par excellence» (in Docteur Izaak Mousa El hussaini, la place de Bayt Al Maqdis en islam,Actes de la quatrième conférence du Conseil des recherches sur l'islam, pp 52-58, le Caire, 1968).
Ainsi, les musulmans hissèrent cette ville à un rang particulier qui la distinguait des autres villes conquises puisqu'ils ne la livrèrent pas à Abu Ubayda Ibn Al Jarah (18-40 de l'hégire/584-629) fût-il un grand dignitaire de la Oumma. Ils la confièrent par contre au calife Omar Ibn Al Khattab qui partit spécialement de Médine afin de s'acquitter de cette noble mission et conclure avec son patriarche (Sophronius) (17 de l'hégire/628) le fameux pacte omarien. Au terme de ce pacte, la ville fut associée par les musulmans au nom du calife. C'est un honneur auquel aucune ville conquise par les musulmans ne put prétendre.
Les musulmans ne lui donnèrent-ils pas le nom d'Al-Qods puis celui de Bayt Al Maqdis ? Un jour, le patriarche Sophronius invita Omar Ibn Al Khattab à participer à une prière célébrée à l'église du Saint-Sépulcre. Le Calife déclina poliment l'invitation sous réserve qu'on lui prête à tort des intentions de conquérant décidé à imposer sa religion et de bâtir une mosquée à la place de ladite église. Cette attitude du calife entraîna la consécration d'Al-Qods comme ville sainte aussi bien pour les chrétiens que pour les musulmans. Il ne faut pas croire qu'une telle attitude émanerait d'un effort personnel ou y voir une façon de légiférer en donnant l'exemple. Le calife agit selon sa conviction religieuse, laquelle repose sur la foi en Dieu, en ses prophètes et dans tous les Livres Saints qui sont autant de messages divins précédant le message de Mohamed. C'est ainsi que Dieu s'adressa aux hommes : «C'est le Livre au sujet duquel il n'y a aucun doute, c'est un guide pour les pieux, qui croient à l'invisible et accomplissent la Salat et dépensent [dans l'obéissance à Allah], de ce que Nous leur avons attribué. Ceux qui croient à ce qui t'a été descendu (révélé) et à ce qui a été descendu avant toi et qui croient fermement à la vie future. Ceux-là sont sur le bon chemin de leur Seigneur, et ce sont eux qui réussissent» (Al-baqara, 1-5). Omar, musulman accompli, est conscient que le Coran, Livre Saint des musulmans, ne rejette aucune religion révélée : «Ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, - contre toute justice, simplement parce qu'ils disaient : «Allah est notre Seigneur». - Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion). Allah est assurément Fort et Puissant, (Al-Haj, 40)
En agissant ainsi, le calife traça les repères d'une ère nouvelle : l'ensemble des communautés religieuses allaient désormais cohabiter en toute harmonie au sein d'Al-Qods. Les prières s'élevaient des églises (l'église du Saint-Sépulcre notamment), des synagogues-purifiées par les musulmans-et des mosquées.
Il va sans dire que l'islam en tant que dernier message révélé, confirme les messages qui l'ont précédé. De ce fait, le monothéisme prêché par le prophète Mohamed constitue la dernière religion révélée. C'est pourquoi, il est du devoir de la Oumma islamique de préserver l'intégrité des trois monothéismes d'autant plus qu'elle est la seule à les reconnaître tous.
La consécration d'Al-Qods, ville sainte sous l'ère islamique fait écho à l'intérêt porté à cette ville dans le Coran où elle est associée à la Mecque. Certes, c'est vers cette ville que les musulmans se tournent actuellement pour prier, mais Al-Qods n'en demeure pas moins sanctifiée dans le Saint Coran car, auparavant, c'est bien vers elle que les fidèles s'orientaient pour faire leurs prières. Fait transcendant, cette union sacrée des deux villes n'est pas à considérer comme un simple rapprochement politique entre deux régions géographiquement éloignées.
Dieu Tout Puissant dit dans la sourate du Voyage nocturne «Al israa» : «Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur de la Mosquée Al Haram à la Mosquée Al Aqsa dont Nous avons béni l'alentour, afin de lui faire voir certaines de nos merveilles. C'est Lui vraiment, qui est l'Audient, le Clairvoyant.» (Al israa, 1). Le voyage nocturne du prophète Mohamed fut l'ouvre de Dieu. C'est Lui qui, par Sa Volonté fit que Son prophète se rendît de la mosquée Al Haram à la mosquee Al Aqsa, du rocher du mont Moriah à Sidrat Al Montaha. A l'instar de ses prédécesseurs, le prophète Mohamed s'engagea sur le chemin de Dieu. C'est donc à la Oumma de Mohamed, porteuse du dernier message divin qu'il incombe d'ouvrer afin de préserver la cohésion des trois monothéismes au sein d'Al-Qods, d'autant plus qu'elle fut la première et la seule à symboliser avec force cette union spirituelle.
En outre, l'histoire d'Al-Qods témoigne de l'intégrité avec laquelle les musulmans s'acquittèrent de leur mission : répandre la foi dans cette terre sainte, honorée pour avoir été le point de départ du miracle d'Al israa et d'avoir été confiée au Calife Omar Ibn Al Khattab. Depuis, cette ville s'en trouva convertie en flambeau de sainteté, accueillant toutes les confessions. Dès lors, les prières s'élevaient des mosquées, des églises et des synagogues. Et les hébreux qui avaient été chassés de cette terre sainte par les païens et les chrétiens s'y réinstallèrent. Même la gestion des biens publics et des églises, tributaires du clergé sous domination chrétienne, fut confiée aux familles musulmanes à la demande des communautés chrétiennes.
Les musulmans -Dieu en a voulu ainsi- n'eurent cesse de veiller à ce que Al-Qods garde son caractère de ville sainte éternelle.
Sous domination musulmane, l'autorité religieuse s'en référait à l'islam, religion qui se garde bien de monopoliser la foi en Dieu et encore moins les messages des prophètes. En outre, la sainteté n'y est pas réservée aux lieux saints musulmans reconnus, mais s'élargit à d'autres régions géographiques. C'est pourquoi, les portes d'Al-Qods demeuraient ouvertes à toutes les confessions. Toutefois, cet idéal spirituel ne dura point car après leur défaite lors des croisades, les musulmans n'eurent plus d'emprise sur cette ville. Pourtant, aujourd'hui, Al-Qods, sous domination juive, ne pourra plus prétendre à son statut de ville multiconfessionnelle. Al-Qods, soumise aux vicissitudes de l'histoire accomplirait-elle un destin immuable ?
Pendant la période des Croisades
A mesure que les dynasties abbassides, fatimides et seldjoukides qui régnaient alors sur l'Orient musulman commencèrent à faiblir, les européens profitèrent de l'occasion pour asseoir de nouveau leur autorité sur ces territoires, lesquels vivaient, bien avant la conquête arabe, sous la domination d'Alexandre le Grand (356-364 avant J.C)
C'est de Clermont, situé au sud de la France, que les coalisés occidentaux décidèrent d'entreprendre une expédition militaire ordonnée par le pape Urbain II (1088-1099) et financée par les grands commerçants italiens désireux de s'assurer le privilège du commerce avec l'Orient. Ce furent les seigneurs féodaux qui menèrent ces expéditions lorsque, à Clermont, le pape Urbain II leur dit : «vous êtes, certes, de puissants Chevaliers. Toutefois, vous vous entretuez et vous vous rejetez mutuellement. Venez donc combattre les mécréants (les musulmans)».
Par le passé, vous futes ennemis, unissez-vous maintenant ! Vous futes des voleurs, convertissez-vous en soldats et avancez vers Jérusalem ! Délivrez la Terre Sainte et gardez-la pour vous car elle vous apportera des trésors incommensurables. Si vous vainquez vos ennemis, vous hériterez des royaumes de l'Orient».
Ainsi, Urbain II avait beau être pape, arborer l'emblème chrétien, tenir des propos zélés sur la ferveur religieuse, sur le berceau du christ- qu'il fallait délivrer- son dessein était bel et bien de mettre la main, par une sorte de conquête-transaction sur les royaumes d'Orient qui- comme il le disait- procuraient des richesses infinies - en incitant les seigneurs féodaux à résoudre les conflits qui les opposaient et à axer leurs efforts sur une seule cible : les musulmans- «mécréants» à leurs yeux. C'est ainsi qu'en l'an 489 de l'hégire, 1096 avant J.C, débuta la première croisade qui dura deux siècles. Les seigneurs féodaux européens n'avaient alors d'autre préoccupation que de tuer les musulmans, piller leurs terres, occuper leur pays et installer les principautés et les royaumes latins en Palestine et aux alentours. C'est à ce propos que l'historien chrétien Maxime de Montrond, auteur des«Croisades» écrivait : «beaucoup de seigneurs considéraient les guerres comme un métier qui leur permettait d'amasser des fortunes. L'âpreté au gain et le désir de gagner du butin demeuraient les seuls motifs qui poussaient les soldats à la bataille(1)».
Au début du XIème siècle, les principautés chrétiennes créées par les croisés dans l'orient arabe, avaient scindé l'unité géographique de l'Empire musulman. En effet, au nord de l'Irak et en Syrie, les croisés fondèrent les principautés d'Edesse et d'Antioche. Après l'invasion de la ville sainte, ils créèrent le royaume de Yerushalayim qui s'étendit jusqu'au golf de Aqaba. Ainsi, l'Egypte, le Maroc, l'Andalousie furent isolés du reste des pays arabo-islamiques.
L'occupation de Jérusalem constitua un exemple des pratiques de ces «voleurs devenus soldats». La ville sainte fut assiégée par soixante dix mille d'entre eux. En revanche, le nombre de soldats égyptiens qui assuraient sa défense ne dépassait pas mille. C'est pourquoi, après une lutte de trente huit jours, Jérusalem tomba sous la main des croisés.
L'historien chrétien Maximus Monrond racontait «comment le concile militaire des croisés se tint au même lieu où leur sauveur pardonna à ceux qui le crucifièrent et qu'il fut décidé que tout musulman se trouvant encore à Jérusalem serait mis à mort». Ce carnage dura une semaine entière. Même ceux qui se réfugièrent dans les tours ou chez eux furent rattrapés et poussés dans le feu par-dessus les toits des maisons et des tours. Quant à ceux qui se cachèrent dans la mosquée de Omar Ibn Al Khattab, ils furent massacrés à tel point que leur sang arrivait (à hauteur des genoux, voire aux rênes des chevaux)». Dans la lettre qu'ils envoyèrent au pape pour lui annoncer la bonne nouvelle, celle du massacre, ils écrivirent tout fiers : «si vous voulez savoir ce qui arrive à nos ennemis, soyez sûr que dans le Temple de Salomon (Mosquée d'Omar), nos chevaux trempaient jusqu'aux genoux dans la mer de sang des musulmans !».
A l'hégémonie politique des croisés sur la terre spoliée s'ajouta une hégémonie économique sur la région. En effet, les routes du commerce furent contrôlées et les principautés et les pays musulmans furent contraints de verser des impôts.
Aussitôt que l'Egypte fut isolée du reste de l'Orient musulman, les croisés entreprirent de la conquérir. Le climat instable que connaissait le pays les y encouragea en grande partie. En effet, les croisés profitèrent d'une part du déclin du régime fatimide opposé à la majorité sunnite qui lui reprochait son obédience au courant ismaïlien adepte du courant ésotériste (al bâtiniya). D'autre part, ils tirèrent avantage de la dislocation de l'armée, minée par des luttes intestines dues aux origines diverses de ses soldats. S'ajoutait à cela, les différends entre les ministres (Shawr (564 de l'hégire/1169) et Dirgham(559 de l'hégire/1164). La situation était telle que des sentinelles parmi les soldats croisés siégeait aux portes du Caire et en détenait les clés. Le vizir Shawr n'eut pas d'autre choix que de se réconcilier avec les croisés en échange d'un impôt «jizya» d'une valeur d'un million de dinars. Voici ce que le chroniqueur Guillaume de Tyr décrivant alors la mainmise des croisés sur l'économie de l'Orient écrivit : «les trésors d'Egypte étaient à notre disposition. Le royaume de Jérusalem était sûr du côté de l'Egypte que ce soit de la terre ou de la mer. Les ports d'Egypte étaient toujours prêts à accueillir nos bateaux. Ses commerçants transportaient les récoltes de leurs terres jusqu'à nos pays. Les bénéfices des magasins nous revenaient. On nous livrait régulièrement la ' jizya ' et le ' kharaj'».
Cette arrogance des croisés s'accaparant des terres, ébranlant l'unité du pays, pillant les richesses et contrôlant l'économie ne pouvait que susciter la résistance des musulmans. Des Etats musulmans se constituèrent et décidèrent d'affronter les seigneurs féodaux. Ainsi, fut créé l'Etat Zanki à Mossoul par Imad Ad-dine Zanki (565 de l'hégire/1117). Ce dernier réussit à libérer le nord de l'Irak et la Syrie et acheva la conquête du comté d'Edesse (529 de l'hégire/1145) et ce, un demi siècle après le coup d'envoi de la première croisade. Ensuite, le martyre Nur El-Din(511-569 de l'hégire/1118-1174) fit de la ville d'Alep sa capitale. Par cette mesure, il visait à accentuer la pression sur les croisés. Un conflit armé et politique débuta alors entre l'Etat Zanki et les croisés, chacun des deux camps voulant asseoir son emprise sur l'Egypte. Pour Nur El-Din Zanki, joindre l'Egypte à ses territoires constituait une démarche stratégique lui permettant de mieux cerner l'ennemi du Nord, de l'Est, de l'Ouest et du Sud afin d'empêcher une invasion éventuelle par les croisés. Une fois sa mission accomplie, il comptait se retirer par les ports de Syrie, situés du côté de la mer méditerranéenne. Quant aux croisés, ils projetaient de mettre la main sur l'Egypte afin de se prémunir d'éventuelles attaques venues de ce pays, lequel jouerait alors un rôle de rempart de par son éloignement géographique du Maroc et de l'Andalousie. En agissant de la sorte, les croisés se fixaient pour seul objectif de contrer la stratégie de Nur El-Din.
Durant les années (559-564 de l'hégire/1162-1168), les affrontements se réitéraient en Egypte entre les armées des deux camps. A la troisième bataille, Nur El-Din réussit à soumettre l'Egypte par Assad Ed- Din Shirkûh, vizir du calife fatimide Al Adid (544-567 de l'hégire/1149-1171). A la mort de Shirkûh, le victorieux Salahuddine (532-589 de l'hégire/1127-1192) lui succéda le 25 du joumada second de l'an 564 de l'hégire. Il fut vizir puis sultan. Ses qualités de guerrier firent de lui une figure emblématique qui marqua et continuera de marquer l'Histoire.
A cette époque, la poésie demeurait la forme d'expression la plus privilégiée. Lorsque l'Egypte fut annexée à l'Orient, les poètes soulignèrent toute l'importance que revêtait cet acte glorieux en vue d'une libération future de la Palestine et de la cité d'Al-Qods, son symbole sacré. Ainsi, Imad Al Katib, tout en félicitant Shirkûh pour sa victoire en Egypte ne manqua pas de dire son espoir de voir Al-Qods libérée :
Voici l'Egypte, à présent libérée,
La conquête d'Al-Qods n'en saura, je l'espère,
Que plus aisée et plus imminente.
De même lorsqu'il félicita Nur El-Din, il lui rappella que toutes les conditions requises pour la libération d'Al-Qods à savoir la réunification de l'Egypte et de Damas sont réunies :
Attaque les francs
Le temps de la conquête est venu
Et brise leurs troupes
De tes épées tranchantes.
Car désormais,
Les deux royaumes d'Egypte et de Damas
Ces deux perles
Viendront ajouter leur éclat à
Ce joyau qu'est l'Empire musulman.
Et pour Ibn Assakir Ali Ibn Al Hasan Hibatullah, aucun motif, aussi impérieux soit-il ne saurait justifier un report de la bataille, d'autant plus que les croisés sont encerclés de toutes parts. Ainsi, s'adressant à Nur El-Din, il dit :
Renoncer au djihad ?
Ce serait inexcusable, sire !
A présent que l'Egypte et Alep
Sont à vous
Et que le sultan du vaste Mossoul
Est à vos ordres soumis
Hâtez-vous donc de surprendre vos ennemis
Mais, ironie du sort, Nur El-Din mourut avant même, que ne soit exaucé ce voeu, tant formulé par les poètes. Tâche grandiose qui, à la mort de Nur El-Din, allait échoir à Salahuddine. Cela ne tenait donc qu'à lui que ces rêves de victoire jusque là exprimés en vers devinssent réalité.
La période du déclin de l'empire fatimide qui dura ainsi environ un siècle vit les immenses potentialités de l'Egypte s'amenuiser, voire s'épuiser. Dès lors, Salahuddine se devait de redonner souffle à ces potentialités s'il voulait prétendre à une victoire sur les croisés.
Après avoir déposé le sultan fatimide qu'il remplaça, Salahuddine instaura la suzeraineté nominale des califes abbassides sur l'Egypte. Il mena une longue bataille sur le plan culturel et fit en sorte que la doctrine sunnite supplantât l'ismaïlisme. Pour cela, il fonda des écoles sunnites (l'école Nassiriya, l'école Qamhia, l'école Qotbiya et l'école Souyoufia. Il fit ainsi construire de son vivant six écoles au total. C'était des établissements impressionnants par leur superficie et dont l'enseignement englobait plusieurs disciplines.
Le voyageur Ibn Jubayr (540-614 de l'hégire/1145-1217) décrivit l'école nassiriya en ces termes : «c'est une école à nulle autre pareille. Il n'y en a pas dans ce pays de plus grande ni de mieux construite. Quiconque s'y promène se croirait dans un pays à part entière. A ses côtés s'élève un hammam et d'autres services».
Ibn Jubayr fit également allusion aux sommes généreusement allouées par le sultan à cette école. S'adressant au responsable de la construction, Salahuddine lança :
«Embellissez-la davantage. Nous nous chargerons de toutes les dépenses».
Grâce à ces écoles où les quatre rites juridiques du sunnisme étaient enseignés, le sultan put combler le vide culturel qui commençait à se faire ressentir du fait de l'existence d'une pensée unique- seule la doctrine ismaélienne était enseignée dans les Ecoles. Par ce coup de maître, Salahuddine instaura une symbiose entre la nation et l'Etat ; ces deux entités étant jusque-là foncièrement séparées. C'est dire qu'à cette époque, l'enseignement religieux connut ses heures de gloire en Egypte. Engagé jusqu'au bout, Salahuddine alla jusqu'à fermer l'université théologique populaire d'Al Azhar -aux tendances chiites fatimides- durant cinq ans. Lorsqu'elle rouvrit ses portes, toutes les disciplines qui y étaient enseignées se teintèrent de sunnisme.
Sur le plan économique, la féodalité militaire remplaça le système des engagements dans l'exploitation agricole. C'est ce qu'on peut appeler de nos jours l'économie de la guerre. En fiqh islamique, on pourrait l'assimiler à une façon de rendre la terre tributaire du djihad. L'Egypte fut partagée en vingt-trois régions économiques converties en fiefs destinés aux militaires (soldats et leurs chefs). L'économie et la culture s'épanouirent et l'entente régnait entre le peuple et le régime.
Avant d'entamer les combats visant à assiéger les croisés implantés illégalement, Salahuddine organisa une première invasion contre les remparts des croisés. Il commença par attaquer la forteresse de Saint Jean d'Acre au sud de la Palestine dans le but de sécuriser la route reliant l'Egypte à l'Orient. Il mena successivement quatre invasions en (568-579-580 et 582 de l'hégire).
A la mort de Nur El-Din le martyr, Salahuddine, en vue de réunifier le front Est disloqué, dut conclure un pacte de non belligérance avec les princes du Mossoul, d'Alep, de la péninsule, d'Erbil, de Kifa, de Mardin, de konia et d'Arménie. Le sultan fut néanmoins contraint de transgresser ce même pacte et partant de déclarer la guerre à l'émir d'Alep (579 de l'hégire/1182) qui manqua à son engagement.
Fort de sa victoire militaire, Salahuddine introduisit des réformes sur plusieurs plans. Il ne ménagea aucune idéologie ou philosophie s'écartant de la doctrine sunnite majoritaire. De surcroît, les chefs spirituels de l'ismaïlisme furent éliminés. Dans la foulée, Al Sahroudi, philosophe gnostique (549-587 de l'hégire/1154-1191) fut exécuté sur décision du sultan par le propre fils de celui-ci, l'Emir d'Alep.
Si la foudre du sultan s'abattit sur le philosophe, c'est que dans les débats qu'il animait en présence de oulémas, celui-ci s'enlisait dans des imbroglios idéologiques où civilisations et cultures s'enchevêtraient, à tel point que Zarathoustra et Platon furent mis sur un pied d'égalité avec le prophète Mohammed (prière et paix de Dieu sur lui). Et ultime diffamation, les dialogues de Platon étaient assimilés au Coran. Il va sans dire que lorsqu'il y a conflit, plutôt que de s'identifier à l'autre, il vaudrait mieux se comparer à lui, la méthode comparative étant la seule à même d'identifier les différences. Par ailleurs, pour être couronné de succès, tout affrontement doit passer par la connaissance de l'autre.
Quoiqu'il eût le mérite d'avoir mené à bien des réalisations aussi considérables sur les plans politique, idéologique, économique et militaire, Salahuddine demeurait un homme humble qui traitait paternellement ses soldats et ses généraux. Ceux-ci répondirent aussitôt à son appel Salahuddine lorsqu'il décida de mener l'illustre bataille de Hittin (11 rabiâ second 582 de l'hégire/1juillet 1187), tournant décisif dans la lutte contre les croisés. Rappelons que cette bataille eut lieu quatre vingt-dix ans après que les croisés eurent envahi les terres d'islam.
Soixante-trois mille soldats entre cavaliers et fantassins se déployèrent sur le sol de Hittin. Les deux parties ne tardèrent pas à comprendre que c'était -comme on dirait aujourd'hui- une bataille décisive. L'historien Ibn Chadad (684-612 de l'hégire/1217-1285) lui, exprima la même idée, en son temps dans ces termes : «chacun des deux camps était conscient que la défaite équivalait à l'anéantissement total». Hittin, l'objet du combat était bel et bien la forteresse d'Al-Qods, pierre angulaire du conflit».
La chaleur de juillet devint plus suffocante encore lorsque les soldats de Salahuddine mirent le feu aux herbes sèches à proximité de l'endroit où campaient les croisés. Les soldats des deux camps s'entretuaient férocement, ce qui fit dire à Maximus Monrond : «les épées s'envolaient dans l'air tels des oiseaux. Elles se croisaient sans répit, si bien qu'elles en devenaient brûlantes. L'eau des épées (le sang) stagnait au milieu du champ de bataille. Il couvrait le sol, pareil à une eau de pluie».
Quand la tente du roi Guy de Lusignan s'écroula, annonçant la défaite des croisés, Salahuddine descendit de son cheval, se prosterna, embrassa le sol en signe de remerciement à Dieu pour cette victoire qui lui valut d'accéder à Al-Qods Al Charif.
L'historien Abou Chama (565-599 de l'hégire/1202-1267) dit à propos de cette bataille : «celui qui voit les morts constate : il n' y a point de prisonnier de guerre. Celui qui regarde les prisonniers constate : il n'y a point de mort». Cette bataille fut la seule et véritable revanche des musulmans sur les croisés depuis que ces derniers envahirent les terres d'islam. L'armée de Salahuddine continua à mener bataille après bataille jusqu'à ce que fussent libérés des dizaines de villages et de forteresses. Elle s'avança ensuite vers Al-Qods qu'elle encercla. N'est-elle pas à l'origine du conflit, comme ne cessaient de le répéter les poètes-la poésie faisant office de presse à l'époque- après chaque victoire, chaque bataille. Al Imad Al Katib par exemple composa ces vers quand Salahuddine conquit Gaza :
Les musulmans assaillirent les impies.
Jusque chez eux à Gaza, en plein jour.
Les infidèles furent, honteux et humiliés.
Mais, Al-Qods, hélas, croule encore sous leur joug.
Elle s'impatiente de vous voir à son secours,
Elle est notre Terre Sainte.
Si grâce à Dieu
Al-Qods est par vous libérée,
Les portes de la Syrie s'ouvriront à leur tour.
En effet, Jérusalem fut le symbole, la fin et le moyen. Le dimanche 20 septembre 1187, Salahuddine entreprit d'assiéger les forteresses de la ville. Ses soldats s'implantèrent exactement là par où sont entrés les croisés en 1099. Il resserra l'étau autour des soldats ennemis- au nombre de soixante mille pour les obliger à abdiquer et par la même, épargner les lieux de culte. En désespoir de cause, les croisés menacèrent de livrer une bataille qu'ils savaient perdue d'avance. Ils menacèrent Salahuddine. Si, disent-ils, il ne nous reste aucun espoir d'échapper à vos soldats :
* Nous détruirons le Temple et le Palais jusqu'aux fondations
* Nous brûlerons les biens, les objets de valeur, les trésors, l'argent contenu dans les coffres de la ville
* Nous détruirons la mosquée d'Omar, le Rocher Sacré qui vous sont chers
* Nous exécuterons les cinq mille prisonniers musulmans enfermés dans les goêles de la ville depuis des années
* Nous tuerons de nos propres mains nos femmes et nos enfants de crainte qu'ils ne se livrent aux musulmans
* Lorsque la ville sainte sera réduite en décombres et quand elle se transformera en une gigantesque fosse commune, nous combattrons comme des êtres condamnés à mourir sans aucune chance de survie. En revanche, nous te livrerons la ville intacte si tu épargnes nos vies.
Salahuddine acquiesça et les laissa en vie. Les croisés quittèrent la ville, emportant leurs biens. Les musulmans et les chrétiens qui y vivaient y restèrent. Al-Qods fut libéré le même jour où le prophète Mohammed effectua le voyage nocturne de la Mecque à Al-Qods le 27 rajab 583 de l'hégire, correspondant au mois d'octobre 1187, sans effusion de sang alors qu'il y a quatre-vingt dix ans, les chevaux des croisés y pataugeaient dans le sang des musulmans devant la mosquée d'Omar.
Après la prise d'Al-Qods, il ne restera plus «aucune forteresse fermée à Damas», comme l'avait dit le poète Al Imad.
Nonobstant, les armées continuèrent d'affluer d'Europe et Salahuddine dut de nouveau faire face à la guerre. Un impôt appelé «Dîme de Salahuddine» fut imposé aux peuples participant aux croisades. Des expéditions militaires menées par les rois de France et d'Angleterre partirent de ces deux pays et le conflit dura jusqu'à ce qu'une paix de compromis fût signée provisoirement entre Salahuddine et Richard Cour de Lion (roi d'Angleterre) en septembre (1157-1199). Cette trêve dura trois ans et trois mois et fut signée le mois de chaâban de l'an 588 de l'hégire, correspondant au mois de septembre 1192 de l'ère chrétienne.
A l'issue de la guerre, Salahuddine ne se donna point de répit. Il se consacra à la réédification du pays détruit par les croisés. Il restructura l'économie, uniformisa la religion, encouragea l'enseignement, autant de réformes qui visaient à ancrer le sentiment d'appartenance chez les citoyens.
Toutefois, une noble mission lui tenait à cour : libérer les forteresses encore sous l'emprise des croisés. Quand bien même il rêvait de grandeur pour son pays, Salahuddine ne s'était jamais départi de son humilité. Il lui arrivait de participer aux travaux de construction, transportant les pierres comme un modeste maçon.
Plus tard, Salahuddine conquit Damas où sévissait la fièvre jaune. Il mourut là-bas le 26 safar de l'an 589 de l'hégire correspondant à mars 1199.
Ses qualités de dirigeant et de chevalier accompli firent de lui l'une des personnalités les plus importantes de l'histoire arabo-islamique.
Al-Qods aujourd'hui
Les occidentaux, ceux là même qui ordonnèrent, organisèrent et menèrent les croisades, revinrent à la charge plus tard. Un seul et même objectif les animait : «arracher aux musulmans la terre qui engendre des richesses abondantes, s'approprier la sainteté d'Al-Qods, en exclure les autres confessions».
Après le déclin du califat arabe d'Andalousie et la chute de Grenade (897 de l'hégire/1492), l'étape de «l'encerclement de l'empire musulman» fut inaugurée.
La même année où tomba Grenade, Christophe Colomb mena son expédition pour découvrir la route qui permettait l'encerclement de l'empire musulman.
Mais, Christophe Colomb s'égara, il atteignit l'Amérique par erreur. Alors, l'expédition portugaise prit le relais et ce furent finalement les portugais qui découvrirent la route facilitant l'encerclement de l'empire musulman, à travers le Cap de Bonne Espérance (903 de l'hégire/1497) cinq ans après la chute de Grenade.
Sur les côtes de l'Inde musulmane, des affrontements mirent aux prises les armées portugaise et mamelouk. (910 de l'hégire/1504) Ils se soldèrent par la victoire des portugais. Les campagnes visant à contourner la route vers les Indes redoublèrent d'intensité.
Outre les côtes de l'Inde, d'autres régions étaient convoitées : la mer d'Arabie, le Golfe, la mer Rouge. Comme, la dynastie mamelouk était alors en déclin, les ottomans tentèrent d'atteindre le sud et placer les pays arabes sous leur autorité militaire (923 de l'hégire/1517). Ces mesures devaient permettre aux ottomans de mettre fin à la suprématie maritime des européens implantés en Indonésie, en Inde et aux Philippines. (Au Xème siècle de l'hégire correspondant au seizième siècle chrétien)
Après avoir cerné l'empire musulman, les occidentaux décidèrent de le faire éclater de l'intérieur.
Pour y parvenir, les Safavides chiites d'Iran furent entraînés dans un conflit militaire sanglant contre l'empire ottoman ; cette grande puissance constituait pourtant une sorte de rempart militaire pour l'empire musulman. C'est ainsi que la puissance ottomane fut engagée dans une guerre islamico-islamique qui eut pour conséquence de ronger de l'intérieur cet empire musulman déjà encerclé de toutes parts.
Ainsi, Bonaparte mena la campagne d'Egypte (1213 de l'hégire/1798).
Après l'échec de celle-ci, survint la campagne menée par Friser (1222 de l'hégire/1807).
La France occupe l'Algérie (1246 de l'hégire/1830).
L'Angleterre occupe Aden (1254 de l'hégire/1838).
Puis Mohammed Ali Bacha (Egypte) ne put pas garder l'Egypte sous domination ottomane en vertu du pacte de Londres (1256 de l'hégire/1804).
La France occupe la Tunisie (1298 de l'hégire/1881).
L'Angleterre occupe l'Egypte (1299 de l'hégire/1882).
L'Italie occupe la Libye (1329 de l'hégire/1911).
La France occupe le Maroc (1330 de l'hégire/1912).
Les forces coloniales se partagèrent l'empire musulman en vertu de l'accord de Sykes-Picot (1324 de l'hégire/1916).
Al-Qods, symbole du conflit, faisait partie de ce partage. En témoigne encore la statue de Sykes-Picot qui s'élève dans le village de Sander situé dans le comté du Yorkshire. «La statue en bronze, est revêtue d'une armure et porte une épée. Un musulman est à ses pieds. Sur la statue, on lit l'inscription suivante : sois heureuse, Jérusalem !».
L'Angleterre occupe l'Irak (1335H/1917).
Le traité de Belfort conféra un cadre légal au partenariat occidentalo-sioniste (1226 de l'hégire/1917). Rappelons que Napoléon avait déjà appelé à ce partenariat lors du siège de Akka (1212 de l'hégire/1997).
L'occupation de Al-Qods par l'Angleterre (1226 de l'hégire/1817). Ce jour-là, le Maréchal anglais Allenby déclara : «Aujourd'hui, les croisades sont achevées». Le magazine anglais punch publia une caricature intitulée : «la dernière croisade». Sur le dessin, on peut voir Richard Cour de Lion (1199). Regardant Al-Qods et dire : «Enfin, mon rêve s'est réalisé».
La France occupe la Syrie (1338 de l'hégire/1920). Le Général français GODO se tint sur la tombe de Salahuddine où il donna un coup de pied et dit : «nous sommes de retour Salahuddine».
La signature du traité de Lausanne (1341 de l'hégire/1923) entre les alliés occidentaux et la Turquie, signait la fin de l'empire ottoman et du califat (1342 de l'hégire/1924).
La création de l'Etat d'Israël concrétisa le partenariat judéo-occidental dans le processus de colonisation des pays arabo-islamiques (1367 de l'hégire/1948).
Al-Qods est totalement occupé par les autorités israéliennes qui entreprirent de la judaïser (1387 de l'hégire/1967).
Afin de célébrer le cinq-centième anniversaire de ce conflit historico-civilisationnel, les pays occidentaux organisèrent les jeux olympiques à Barcelone en Espagne et ce, en commémoration de la chute de Grenade et du départ des musulmans (897 de l'hégire/1492).
Parallèlement, les jeux olympiques eurent lieu en 1412 de l'hégire (1992).
Pour commémorer le cinq-centième anniversaire de la fin de l'ère islamique en Europe de l'ouest, la Bosnie entra dans des guerres qui avaient pour objectif d'éradiquer l'islam de l'Europe.
A ce propos, le ministre de la communication serbe a déclaré : «nous allons entamer de nouvelles croisades».
Al-Qods s'illustre à cette étape de son histoire comme elle le fut du temps des croisades : elle est toujours dans la mêlée de ces conflits le symbole, le but et le moyen. Aussi, tous les efforts sont-ils déployés pour la judaïser.
Dans la mémoire collective arabo-islamique, on note une prise de conscience du rang qu'occupe Al-Qods dans ce conflit historique aux innombrables rebondissements. C'est pour cette raison, et au nom de l'héritage culturel qui nous a été légué par nos prédécesseurs, qu'il nous incombe, à tous les pays de la nation arabo-islamique dont nous faisons partie, de faire en sorte que la Oumma garde en mémoire le rang d'Al-Qods Al Charif jusqu'à l'avènement d'un nouveau Salahuddine.
On entend souvent les gens désigner à tort le conflit israélo-arabe par l'expression de crise du Proche-Orient. Cela ne devrait pas leur faire oublier la véritable histoire de ce conflit et les enjeux qui l'entourent. L'écrivain et dirigeant anglais Gellob Bacha nous a réconforté quand il a affirmé : «le problème du Moyen-Orient commença dès le septième siècle, c'est-à-dire depuis l'avènement de l'islam».
 
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(*) Membre du Conseil des recherches sur l'islam de l'université Al Azhar en Egypte.
(1) Maxime de Montrond, L'histoire des Guerres Saintes en Orient connues sous le nom de Croisades, tome I, pp. 12-14, traduit par Maximus Madhlum, édition, Al Qods, 1865.

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