La Sunnas: Une Source de la Pensée et de la Législation
La législation islamique consiste en l'ensemble des lois et des statuts promulgués par Allah en vue de régir ou d'organiser toutes les relations de l'humanité, à savoir les relations de l'homme avec Allah, avec lui-même ou avec les autres.
La pensée islamique est l'ensemble des connaissances et des sciences tirées du Message, telles que la pensée économique et politique, la philosophie, les Fondements de la Jurisprudence (Uçûl al-Fiqh), l'éthique, l'exégèse etc. Le Saint Coran et la Sunnas du Prophète sont la source de la pensée, de la connaissance et de la législation islamique, comme l'affirme clairement le Livre d'Allah en différents endroits:
- «Il (le Prophète) ne parle pas sous l'empire de la passion. C'est seulement une Révélation qui lui a été faite.» (Sourate al-Najm, 53 : 3 - 4)
- «Prenez ce que le Prophète vous donne, et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit...»
(Sourate al-Hachr, 59 : 7)
- « (le Prophète dit): Il ne m'appartient pas de le (le Coran) changer de mon propre chef: Je ne fais que me conformer à ce qui m'a été révélé.» (Sourate Yûnis, 10 : 15)
- «O vous qui croyez! Obéissez à Allah! Obéissez au Prophète et à ceux d'entre vous qui détiennent l'autorité. Portez vos différends devant Allah et devant le Prophète; si vous croyez en Allah et au Jour du Jugement, c'est mieux ainsi; et c'est le meilleur arrangement.»
(Sourate al-Nisâ', 4 : 59)
- «Vous avez, dans le Prophète d'Allah, un bel exemple...» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 21)
- «Dis: "Obéissez à Allah! Obéissez au Prophète!". S'ils se détournent, le Prophète n'est alors responsable que de ce dont il est chargé et vous n'êtes responsables que de ce dont vous êtes chargés. Si vous lui obéissez, vous serez bien dirigés, il incombe seulement au Prophète de transmettre en toute clarté ses messages.»
(Sourate al-Nour, 24 : 54)
- «Chaque Prophète envoyé par Nous ne s'exprimait, pour l'éclairer, que dans la langue du peuple...»
(Sourate Ibrahim, 14 : 4)
Ainsi, le Coran définit la Sunnas du Prophète et toutes ses paroles comme étant une partie intégrante du Message divin éternel.
En se fondant sur ces données coraniques les sommités de la science et du savoir ont considéré la Sunnas comme la seconde source de la législation, de la pensée et de la culture islamiques. L'Imam al-Sâdiq, un descendant du Saint Prophète expliquant la place de la Sunnas dans la législation dit: «Il n'y a pas une chose dans laquelle il n'y a pas (des traces) du Livre ou de la Sunnas»
De même, on attribue à l'Imam al-Sâdiq les propos suivants: «Toute chose doit être référée au Livre et à la Sunnas, et tout Hadith qui ne s'accorde pas avec le Livre d'Allah est un faux ornement».
Quant à l'Imam Mûsâ al-Kâdhim, fils de l'Imam al-Sâdiq, il donne encore plus de précision sur la limitation des sources de la Charî`ah, au Coran et à la Sunnas En effet lorsque Somâ`ah, l'un de ses Compagnons lui demanda: «Est-ce que tout est dans le Livre d'Allah et dans la Sunnas? ou bien vous avez votre propre opinion sur certaines choses?». L'Imam al-Kâdhim répondit: «Tout est dans le Livre d'Allah et dans la Sunnas de Son Prophète».
Et selon l'Imam Mohammad al-Bâqer, le père de l'Imam al-Sâdiq: «Quiconque dépasse la Sunnas, doit être ramené à l’intérieur du cadre de celle-ci».
Lorsque nous étudions la Jurisprudence musulmane et les statuts détaillés tirés de la Loi islamique, nous remarquons que la Sunnas en est la source détaillée, étant donné que le Coran ne traite des détails des statuts cultuels et sociaux que d'une façon limitée, laissant au Messager d'Allah le soin de les expliquer et de les développer, ce qui était tout à fait de sa compétence, vu sa parfaite connaissance du contenu du Coran, et la science divine qu'Allah lui a infusée.
Par exemple, le Coran avait décrété la Zakât en tant que système fiscal dans les termes suivants:
«Prélève une aumône sur leurs biens pour les purifier et les rendre sans taches».
(Sourate al-Tawbah, 9 : 103)
Le Saint Prophète a appliqué ce fondement constitutionnel et en a détaillé les lois en précisant quels sont les biens imposables de la Zakât, quelle est le montant de la Zakât à y prélever, quelle est l'échéance du paiement de cette Zakât, et dans quelle condition le prélèvement de la Zakât est obligatoire etc.
Allah a ordonné aux gens d'accomplir le pèlerinage de la Mecque, alors que le Prophète s'est chargé de leur expliquer quel est le mode de son accomplissement, en leur énonçant: «Apprenez de moi les cérémonies (du pèlerinage) que vous avez à accomplir».
De la même façon, le Saint Prophète a expliqué les statuts de la Prière, du commerce, du mariage, de la filiation, de l'allaitement, des pactes politiques, de la guerre, de la terre, de l'association, du louage, de la dette, de la justice etc. Et quiconque étudie la relation entre le Livre d'Allah et la Sunnah, constate qu'elle est similaire à celle qui existe entre la constitution et les lois, les décrets et les instructions dans la législation positive.
Ainsi, la constitution établie par l'assemblée nationale par exemple est la loi fondamentale de l'Etat et de la société, alors que les dispositions des lois ordinaires, les décrets et les chartes des droits sont des détails législatifs tirés des lois constitutionnelles. Donc le législateur juridique se charge de déterminer les statuts et les détails conformément aux lois générales décrétées par le Coran.
Le Saint Prophète est instruit par Allah et il ne communique une législation ni ne décrète une loi que conformément à l'instruction qu'Allah lui a donnée dans les domaines des actes cultuels, de la loi sociale et des intérêts généraux, en sa qualité de gouvernant et de tuteur des Musulmans. Tout ce qui provient du Saint Prophète à titre de Sunnah qu'Allah lui a enseignée exprime donc une instruction qu'il a reçue d'Allah. De là, la source de la Sunnah peut être:
- soit ce que le Prophète tire du Livre d'Allah, étant donné que la Révélation est adressée à lui et il en connaît par conséquent le contenu, ou bien ce qui lui vient par inspiration ou encore ce qui est infusé dans son âme sainte.
- soit par une instruction directe venant d'Allah par l'intermédiaire de l'Archange Jibrâ'îl.
Les Uléma ont admis qu'une partie des statuts et des législations secondaires promulgués par le Prophète pour la Communauté musulmane soit déduite de ce qu'Allah lui a révélé, et d'aucuns ont donné à cette déduction l'expression d’"ijtihâd du Messager". Et si l'on admettait la pertinence de cette expression, il faudrait préciser tout de suite que ledit ijtihâd du Messager n'est pas le même ijtihâd que celui des jurisconsultes (faqîh), lequel peut s'avérer correct ou erroné, alors que le premier, l'ijtihâd du Messager, est un ijtihâd exclusivement correct et ne fait que traduire le jugement effectif d'Allah, car les statuts et législations déduits par le Prophète sont emprunts à l'esprit de la Loi d'Allah et à la matière de la Législation, Loi et Législation dont il a une connaissance parfaite et totale.
Répondant à la question de savoir s'il était possible que le Prophète ait pu déduire les statuts légaux par les méthodes théoriques, légales (ijtihâd) - à l'exclusion de l'analogie - al-Muhaqqiq al-Hillî dit: «Nous n'excluons pas une telle possibilité, bien que nous n'ayons pas connaissance que le Saint Prophète y a eu recours effectivement. Et si nous admettions cette possibilité, la réponse à la question de savoir s'il peut se tromper dans son ijtihâd, est négative pour plusieurs raisons:
1- Le Prophète est infaillible et immunisé contre l’erreur et la faute volontaire ou involontaire.
2- Nous avons reçu l'Ordre d'Allah de suivre la Sunnah du Prophète. Donc, si ce dernier se trompait dans les statuts qu'il décrète, nous aurions l'obligation de suivre l’erreur, ce qui est inadmissible.
3- S'il pouvait commettre une faute, on ne pourrait plus avoir confiance en ce qu'il nous ordonne ou interdit de faire, ce qui conduirait à répugner à l'acceptation de ses instructions».
Lorsque nous examinons les vocabulaires de la Sunnah, nous trouvons des exemples des emprunts du Prophète au Livre d'Allah. La meilleure illustration en est le célèbre hadith de "raf`" (dégagement de la responsabilité) dont les termes sont devenus des règles législatives majeures. En effet, on attribue au Messager d'Allah les propos suivants:
«Il (Allah) a dégagé la responsabilité des membres de ma Communauté dans neuf cas: l'erreur, l'oubli, l'ignorance (d'une chose), l'insupportabilité, la contrainte, la force majeure, la "tîrah" (pressentiment, superstition), la tentation de penser à la Création...».
Et lorsque nous regardons de près ces règles législatives, nous en trouvons les origines dans le Livre d'Allah implicitement ou explicitement. En voici quelques exemples:
- «Il n'y a pas de faute à vous reprocher au sujet des actions que vous commettez par erreur, mais seulement pour celles que vous préméditez dans vos coeurs. Allah est Celui Qui pardonne. IL est Miséricordieux». (Sourate al-Ahzâb, 33 : 5)
- «Nous n'avons jamais puni un peuple, avant de lui avoir envoyé un prophète».
(Sourate al-Isrâ', 17 : 15)
- «Il ne convient pas à Allah d'égarer un peuple après l'avoir dirigé, jusqu'à ce qu'il lui montre ce qu'il doit craindre. Allah connaît parfaitement toute chose». (Sourate al-Tawbah, 9 : 115)
- «Allah n'impose quelque chose à une âme qu'en proportion de ce qu'IL lui a accordé».
(Sourate al-Talâq, 65 : 7)
- «Allah n'impose à chaque homme que ce qu'il peut porter». (Sourate al-Baqarah, 2 : 63)
- «Nul pêché ne sera imputé à celui qui serait contraint d'en manger sans pour cela être rebelle, ni transgresser». (Sourate al-Baqarah, 2 : 173)
- «Non pas celui qui subit une contrainte et dont le coeur reste paisible dans la foi».
(Sourate al-Nihal, 16 : 106)
L'Imam al-Sâdiq, soulignant le fait que le Saint Prophète était soigneusement assisté dans ses pas par l'Eprit Saint (l'archange Jibrâ'îl) dit: «Le Messager d'Allah était dirigé et assisté par l'Esprit Saint. Il ne trébuchait ni ne commettait une faute dans ce qui est de nature à présenter une tentation pour les hommes».
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