LA CONCEPTION ISLAMIQUE DE L'HISTOIRE

 
 
Pour faire connaissance avec la conception islamique des changements historiques et des facteurs qui font l'histoire, il est nécessaire de prendre en considération les points suivants:
Le Coran fait attention au cours normal de l'histoire
Nous avons déjà appris que les changements dans les phénomènes naturels sont gouvernés par des lois bien déterminées et qu'ils sont provoqués par certains facteurs et causes. En un mot, nous pouvons dire que la nature a des voies bien définies et que l'Islam met fortement l'accent sur leur existence.
Selon l'optique islamique, il y a, dans la société aussi, des lois spécifiques qui constituent les modèles sur la base desquels les changements sociaux ont lieu. La montée et la chute des nations, leur force et leur faiblesse, l'accession au pouvoir de tout groupe particulier, la solidité ou la fragilité d'une société, tous ces faits sont soumis aux lois qui gouvernent la société et ses relations avec les autres sociétés. Donc, les événements historiques ne sont pas accidentels. Ils ne sont pas sujets à un destin capricieux. Toute chose dans la société et dans la nature est soumise à une loi.
Les lois et les modèles sociaux ne viennent pas à l'existence automatiquement, ni comme conséquence d'une contrainte interne.
En fait, ils font tous partie du dessein créatif et des "Voies Divines". Ci-après quelques exemples des voies auxquelles s'est référé le Coran (Voyons quel rôle joue la volonté humaine dans ce domaine).
«Nous avons fait périr avant vous plusieurs générations, lorsqu'elles se montrèrent injustes» (car leurs relations sociales étaient fondées sur un système injuste). (Sourate Yûnis, 10: 13)
«Si les habitants de ces cités avaient cru et avaient pratiqué la piété, Nous leur aurions accordé les bénédictions du Ciel et de la Terre». (Sourate al-A'râf, 7: 96)
Dans sourate al-Fajr, versets 43 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur égoïsme et de leur arrogance, s'opposent à la mission des prophètes et aux efforts de ceux qui plaident en faveur de la Vérité. De telles gens emploient toutes sortes de moyens illégaux pour étendre leur pouvoir et parvenir à leurs fins égoïstes. Ci-après le Coran dit:
«La ruse méchante n'enveloppe que ses auteurs. S'attendent-ils donc à autre chose qu'au sort réservé aux gens qui les ont précédés? Tu ne trouveras pas un changement dans les voies d'Allah et tu ne trouveras pas que les voies d'Allah aient à être modifiées. N'ont-ils pas parcouru la terre? N'ont-ils pas vu de sort de ceux qui vécurent avant eux et qui possédaient un pouvoir plus redoutable que le leur?» (Sourate Fâtir, 35: 44)
Dans la sourate Ale 'Imrân, verses 137, le Coran dit également: «Différentes traditions ont existé dans le passé. Parcourez donc la Terre et voyez le sort de ceux qui rejetèrent la Vérité».
Un verses suivant dit: «Ne vous découragez pas, ni ne vous affligez, car vous aurez une vraie dignité si vous êtes de vrais croyants». (Id. ibid. verses 139)
Les versets suivant dit: «Si une blessure vous atteint, une même blessure avait atteint les incrédules. Ce sont seulement des vicissitudes que Nous provoquons afin qu'elles se suivent pour l'humanité, pour qu'Allah reconnaisse ceux qui croient et choisisse ceux qui font le sacrifice suprême». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 140)
Dans leur ensemble, ces versets indiquent que ce qui provoque un changement dans l'histoire d'une nation, ce sont les qualités de persévérance, de sacrifice pour une bonne cause, de refus de l'égoïsme et des actions indignes. C'est là l'une des normes qui ont toujours prévalu parmi les gens.
On peut déduire de la sourate Banî Isrâ'îl, versets 70-77, les principes suivants:
Les nations et les communautés se distinguent les unes des autres par leurs dirigeants et par la guidance qu'elles en reçoivent. L'adhésion à un but idéologique est nécessaire. Si une communauté attachée à la continuation de ses activités égoïstes et malfaisantes se fâche contre ses dirigeants sincères et désintéressés qui l'obligent à travailler dur, et qu'elle décide de les chasser, une telle communauté n'aura pas beaucoup de répit. Ci-après le Coran dit: «Telle avait été Notre voie dans le cas de Nos messagers que Nous avons envoyés avant vous». (Sourate Banî Isrâ'îl, 17: 77)
Les versets 16 de la même sourate nous informent que lorsqu'une région était soumise à la destruction, ceux de ses habitants qui vivaient dans l'aisance s'étaient livrés à la débauche et à la malfaisance. Puis un commandement d'Allah était donné, concernant ces gens corrompus et méprisables, enfoncés dans la thésaurisation de l'argent et la recherche des plaisirs. Cette région était détruite et ses habitants anéantis.
Dans la sourate al-Fajr, versets 6-14, le Coran dit: «N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a traité les 'Ad, qui avaient des bâtiments à colonnes à Eram, dont la pareille ne fut jamais construite dans aucun autre pays, et (comment Nous avons traité) les Thamoud qui taillaient les rocs dans la vallée, et Pharaon, avec ses épieux? Tous ces gens furent hautains dans leurs régions et ils y firent beaucoup de mal. C'est pourquoi, ton Seigneur abattit sur eux le fouet du châtiment. Certes oui, ton Seigneur est toujours aux aguets».
Ce sont là seulement quelques exemples parmi bien d'autres que l'histoire a connus et auxquels le Coran s'est référé.
Le violent déchaînement des désirs et des émotions
Nous avons déjà appris que l'homme a une nature à la fois terrestre et céleste. Il a plusieurs sortes d'inclinations et d'émotions, et il est responsable de l'orientation et de la modification de ses désirs. Nous savons aussi, plus ou moins, que les sentiments d'égoïsme, de mégalomanie, de libertinage et d'amour du pouvoir se déchaînent parfois avec une telle violence qu'ils peuvent ruiner l'individu et la société. Le Coran décrit les individus et les factions qui ne contrôlent pas leurs passions comme extravagants, méchants, malfaiteurs, pervers, hautains, diaboliques et agressifs. A travers toute l'histoire, et dans toutes sortes de conditions économiques, de telles gens ont travaillé pour atteindre leurs fins égoïstes, pour étendre leur pouvoir et leur autorité, et pour subjuguer et exploiter les autres. Pour réaliser leurs objectifs vicieux, ils n'hésitent pas à recourir à la force, aux moyens frauduleux, aux menaces, aux tentations et à la persécution. Ils divisent les gens et les intoxiquent. Ils créent ces conditions afin de pouvoir imposer aux masses des idées et un mode de vie qui peut faciliter la continuité de leur propre autorité offensive.
Les mythes, les idées fausses, l'idolâtrie, les mauvaises habitudes, les anciens et nouveaux dieux, sont introduits et remis à l'ordre du jour pour empêcher les gens de penser correctement et de progresser dans la bonne direction, et donc pour préparer la à leur exploitation. Il y eut tellement de guerres déclenchées par les flammes de l'avarice, de la convoitise et des intérêts égoïstes des tyrans. Combien de destructions, de malheurs, d'effusions de sang et de répressions ne furent-ils pas causés par leur soif du pouvoir et de position!
Le Coran considère la corruption et les agissements tyranniques et oppressifs de telles gens comme la cause des changements destructifs de l'histoire.
Nous pouvons déduire de la sourate al-Baqarah, verses 205 que: chaque fois qu'un homme égoïste accède au pouvoir, il fait le mal, essaie de ruiner l'agriculture et commet un massacre.
Dans la sourate al-Mâ'idah, versets 62 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur orgueil et de leur négation de la vérité, sont toujours prêts à commettre des péchés et des transgressions, à déclencher les flammes de la guerre, et à répandre la corruption.
Dans les versets 4 et suivants, le Coran dit: «Pharaon était devenu puissant sur la terre. Il avait divisé les gens en castes. Il opprimait un groupe d'entre eux: il tuait leurs fils et épargnait leurs filles. Certes oui, il était l'un des mécréants».
Dans la sourate al-Zukhruf, verses 54, Pharaon est décrit ainsi: «Il a opprimé son peuple jusqu'à ce qu'il lui ait obéi. Certes oui, c'était un peuple pervers».
Dans la sourate al-Nisâ', verset 27, Allah dit: «Ceux qui suivent leurs désirs lascifs veulent vous entraîner sur une voie terriblement dévoyée».
Ce sont là quelques exemples de versets qui montrent qu'il y a des hommes qui, parce qu'ils suivent aveuglément leurs désirs, et qu'ils n'essaient pas de les modifier, ni de les orienter vers la bonne direction, causent un grand mal et engendrent les événements malheureux de l'histoire.
La question de la contradiction
Selon la conception islamique, la contradiction joue un rôle important dans la provocation des changements de l'histoire, mais elle n'est pas le seul facteur qui les provoque.
De plus, la contradiction ne signifie pas simplement une contradiction entre les relations de production et les instruments de production.
Il existe, à l'intérieur de l'homme lui-même, deux forces contradictoires: l'insinuation diabolique et la guidance de la raison. En d'autres termes, à l'intérieur de l'homme, ses propensions animales et ses instincts sublimes sont en conflit. Côte à côte, dans l'homme, il y a son aspect divin, et il y a Satan qui est la manifestation de tous les facteurs d'égarement et d'insinuation. Dans la société, il existe une lutte incessante entre la vérité et le faux. Dès l'aube de l'histoire, deux fils d'Adam, représentant les deux côtés des hommes de l'histoire, se sont battus entre eux. L'un d'eux se battait pour satisfaire ses vains désirs et parvenir à ses fins. A cause de sa jalousie et son égoïsme, il a détruit l'autre. Son égoïsme aboutit tout d'abord au meurtre, et à la transgression, et établit la tradition d'hostilité des individus et des factions égoïstes, lascifs et transgresseurs, (qualifiés par le Coran d'extravagants, de diaboliques et de méchants) à l'encontre des réformateurs et des défenseurs de l'intégrité et de la justice. Ce conflit a continué, sous diverges formes, tout au long de l'histoire.
Les racines de ce conflit et de cette lutte qui se déroule entre les deux côtés des oppresseurs et des opprimés, des exploiteurs et des exploités, des tyrans et des suppliciés, existe à l'intérieur de l'homme lui-même. C'est l'explosion de ses passions et émotions interne qui provoquent ce ravage. Bien sûr, les conditions sociales et l'environnement ont leur effet sur le déclenchement ou la modération de cette explosion.
En tout cas, le résultat de cette contradiction et de ce conflit, qu'ils soient à l'intérieur d'un individu ou entre différentes classes de la société, n'est pas toujours la destruction de l'une des parties en lutte. Dans beaucoup de cas le résultat est la modification, la guidance et même l'harmonisation des deux forces opposées.
Par exemple, s'il y a un conflit entre la raison et la passion, son résultat ne sera pas l'extinction de la dernière. De la même façon, s'il y a un conflit entre les désirs matériels et les tendances humaines sublimes, son résultat ne sera pas l'extermination des désirs matériels et naturels au point que l'homme ne puisse faire un effort pour obtenir de la nourriture, des vêtements et un conjoint. L'objet de ce conflit est l'auto-formation, en vue de pouvoir contrôler et discipliner ces désirs et exprimer ses instincts avec modération et sans excès.
Dans la société aussi, le conflit vise souvent à guider et à entraîner les gens d'une façon pacifique en les exhortant au bien et en leur interdisant le mal, et ce dans le but d'améliorer l'environnement et de réformer les gens pervers et coupables. Cela n'empêche qu'il vise parfois à exterminer les oppresseurs aussi, comme c'est le cas pour la punition de l'homicide volontaire ainsi que dans le cas de la guerre sainte. De là, le rôle des facteurs constructifs ne doit pas être négligé.
La nécessité de l'augmentation de la force positive de la contradiction et de la résistance à la corruption
Dans chaque conflit la partie la plus forte obtient le plus grand succès. De là, si les tyrans et les oppresseurs sont plus forts, l'oppression et la corruption prévalent et les gens sont privés de leurs droits.
Mais lorsque le parti de l'intégrité et de la justice devient plus fort, la justice sociale devient dominante et l'oppresseur est éliminé de la scène. Naturellement il faut des efforts persistants et un travail acharné pour renforcer le parti de la droiture.
«Si seulement il y avait eu parmi les générations qui vous ont précédés des hommes de bon sens qui eussent pu avertir leur peuple et l'empêcher de répandre la corruption sur la terre». (Sourate Houd, 11: 116)
«Si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, la Terre serait corrompue». (Sourate al-Baqarah, 2: 251)
Des dizaines d'autres versets, qui mettent l'accent sur la nécessité de combattre les mécréants, les agresseurs, les tyrans et les égoïstes, et qui promettent le succès à ceux qui travaillent fermement et résistent aux malfaiteurs avec persévérance, corroborent le bien-fondé de ce point de vue.
C'est pourquoi la simple intensification de la contradiction et l'augmentation des causes du conflit ne peuvent pas rendre plus proche le changement requis. Seul le réveil et la guidance correcte des opprimés, le renforcement de la partie qui cherche la justice, et la promotion des inclinations et des sentiments positifs, peuvent aider au triomphe de la vérité:
- La connaissance du cours de l'histoire
- L'identification des opportunités, et
- La saisie de ces opportunités pour en tirer avantage.
Il est évident qu'une simple personne, quel que soit le niveau de sa conscience sociale et sa capacité de direction, ne peut faire à elle seule l'histoire. Une connaissance solide du cours de l'histoire, la pénétration de la structure des diverges sociétés, une interprétation correcte des événements historiques, la connaissance de ce qui est arrivé aux gens du passé et une pensée claire sur les coutumes, les traditions, les inclinations et le génie de la société sont nécessaires pour que l'on puisse entreprendre une action convenable, opportune et fructueuse.
Outre la connaissance, la capacité de former, de guider et d'organiser la pensée des gens et de vaincre les forces de l'opposition est nécessaire.
Il est également fondamental d'avoir une conviction ferme, un but déterminé et la force de résistance et de persévérance. C'est pourquoi nous remarquons que l'histoire a produit un nombre très limité d'individus et de groupes qui ont pu se charger de cette mission sociale et qui, avec leurs idées créatives et constructives, leur hardiesse, leur ouverture d'esprit, et leur aptitude extraordinaire à la direction, sont parvenus à trouver le moyen de changer l'esprit des gens et d'opérer de grands changements dans l'histoire d'une nation. Il ne fait pas de doute que l'histoire humaine est l'histoire des hommes grandioses et remarquables qui y ont joué un rôle décisif.
LE GRAND RÔLE DES PROPHÈTES DANS LA FORMATION DE L'HISTOIRE
Une étude du mouvement des prophètes nous montre que ceux-ci étaient la plus grande source de révolution intellectuelle et de réforme de la société. Ce sont eux qui ont prêché la justice, l'humanité, l'amour du prochain, la fraternité, l'égalité, le service de l'humanité, l'amour, la liberté humaine, la paix, la pureté, la piété et bien d'autres vertus sociales et humaines.
Par ailleurs, ce sont eux qui ont, plus que tous autres, démasqué les oppresseurs, les tyrans, les hypocrites et les égoïstes, et appris aux gens à leur résister courageusement et à se sacrifier dans ce but. Le principal trait de leur programme était le combat contre la tyrannie et l'humiliation, et la lutte pour la liberté et pour l'émancipation. Méditez à ce propos les versets suivants:
«Oui, nous avons envoyé à chaque communauté un prophète, (proclamant): Adorez Allah et fuyez les tyrans!» (Sourate al-Nihal, 16: 36)
«Nous avons envoyé Nos prophètes avec des preuves claires et Nous avons révélé avec eux le Livre et la balance afin que les gens observent l'équité. Nous avons fait descendre le fer dans lequel il y a une force vitale et des avantages pour les gens, afin qu'Allah connaisse celui qui LE secourt, à travers le mystère, et aide Ses prophètes. Allah est Fort et Puissant».(Sourate al-Hadîd, 57: 25)
Le Prophète Ibrâhîm (P)
Dès l'aube de l'histoire enregistrée, Ibrâhîm a été reconnu comme le champion du monothéisme et de la lutte contre l'idolâtrie, et comme le dénonciateur des superstitions. C'est lui qui enseigna comment on sacrifie sa vie, ses biens et ses enfants pour la cause qu'on chérit, et c'est lui qui combattit la transgression et l'égoïsme que Nimrûd incarnait. C'est ainsi qu'il fut jeté dans le feu pour avoir continué sa lutte contre les idoles et les fausses divinités. Il donna l'exemple de la résistance et du sacrifice, et reprit sa lutte dès qu'il eut traversé cette épreuve terrible. Il édifia le plus ancien centre du monothéisme, appelé la Ka'bah. Il fut l'inspirateur de toutes les religions sémitiques, croyant en Un seul Dieu, dans une vaste région du monde.
Le Prophète Moussâ (P)
Les efforts de Moussâ en vue de l'émancipation de son peuple, sa lutte contre la tyrannie et l'humiliation, et son soulèvement audacieux contre ceux qui possédaient le lucre et le pouvoir et qui incarnaient l'oppression et la soif du pouvoir, couronnèrent de succès l'histoire de la lutte populaire et des mouvements humains.
«Allez, tous deux, chez pharaon. II a transgressé les limites». (Sourate Tâhâ, 20: 43)
«Allez donc tous deux chez lui et dites-lui: Nous sommes deux messagers de ton Seigneur. Laisse donc les enfants d'lsrâ'îl partir avec nous et ne les tourmente pas». (Sourate Tâhâ, 20: 47)
«Nous avons envoyé Moussâ et Hâroun avec Nos signes et un pouvoir manifeste, à Pharaon et aux chefs de son peuple. Mais ils les méprisèrent, car ils étaient des gens despotiques. Ils dirent: "Allons-nous croire des mortels comme nous, alors que leur peuple nous sert d'esclaves."» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 45-47)
Pour contrarier les demandes de Moussâ, Pharaon et son entourage recoururent à la calomnie, à l'intimidation et au lavage de cerveau.
«Mais seulement quelques-uns parmi le peuple de Moussâ crurent en lui, de crainte d'être mis à l'épreuve par Pharaon et leurs chefs, car Pharaon était un tyran sur la Terre, et coupable de transgression». (Sourate Yûnis, 10: 83)
«Mais quand il leur apporta la Vérité venant de Notre Part, ils dirent: "Tuez les fils de ceux qui croient comme lui, et laissez vivre leurs filles." Mais le plan des incrédules fut voué à l'échec. Pharaon dit: "Laissez-moi tuer Moussâ. Laissez Moussâ appeler son Seigneur (s'il peut). Je crains qu'il n'altère votre religion et qu'il ne sème le désordre sur la terre." Moussâ dit: "J'implore la protection de mon Seigneur et de votre Seigneur contre tout orgueilleux qui ne croît pas au Jour du Jugement."». (Sourate al-Mo'min, 40: 25-27)
«Pharaon fit une proclamation à son peuple et dit: "O mon peuple! Le royaume d'Egypte ne m'appartient-il pas avec les fleuves qui coulent à mes pieds? Ne voyez-vous pas. Je suis certainement meilleur que cet homme misérable et incapable de s'exprimer clairement. (Si ce qu'il dit est vrai), pourquoi donc n'a-t-il pas sur lui des bracelets d'or, et pourquoi les anges ne sont-ils pas venus en sa compagnie?"» (Sourate al-Zukhruf, 43: 51-53)
«Pharaon dit (à Moussâ): "Si tu adoptes un autre seigneur que moi, je te ferai mettre en prison."» (Sourate al-Chu'arâ', 26: 28). «Mais Moussâ était ferme. II n'a pas renoncé à la lutte. II dit à ses compagnons: "Demandez le secours d'Allah et soyez patients. La Terre appartient à Allah et IL en fait hériter qui IL veut parmi Ses serviteurs; La fin sera heureuse pour les pieux."» (Sourate al-A'râf, 7: 128)
Moussâ encouragea son peuple et lui apporta de bonnes nouvelles: «Peut-être votre Seigneur fera-t-IL périr votre ennemi et, après la disparition de celui-ci, vous fera-t-il succéder à lui sur la Terre pour voir comment vous vous comporterez?"» (Sourate al-A'râf, 7: 129)
Comme nous le savons, Moussâ réussit finalement à délivrer son peuple. L'ennemi, malgré tout son pouvoir et son importance, fut annihilé. Donc un nouveau chapitre de l'histoire fut ouvert et mit en mouvement une série d'événements.
Le Prophète 'Issâ (P)
Il y a environ deux mille ans 'Issâ fut reconnu dans l'histoire comme étant un Sauveur et un Messager de la paix et de la justice. Il se tint intègre au milieu de l'égoïsme, du commerce de guerre, de la thésaurisation, des rivalités et de l'effusion de sang. A l'époque, l'avidité et les affaires frauduleuses étaient à leur zénith. Des hommes d'église indignes, qui étaient supposés être des dirigeants religieux et les porteurs des Commandements Divins, se trouvaient impliqués dans des rivalités intestines et commettaient des crimes abjects tels que la falsification, la tromperie, l'usure et l'hypocrisie. Dans de telles circonstances, 'Issâ se souleva et combattit tous les maux de son époque. Il réforma et réintroduit la religion de Moussâ, qui avait été dénaturée et mal interprétée, et prêcha la droiture, la pureté, l'amour du prochain et le service de l'humanité. Il mena sa vie dans la plus grande simplicité, et poursuivit sa mission avec ferveur, même au péril de sa vie.
Ses enseignements ont soulevé au cours de l'histoire une énorme vague de nouvelles idées de morale et de sympathie dans une grande partie du monde. Ils furent la source de nombreux mouvements et révolutions mémorables.
L'histoire du Christianisme et de l'Eglise est riche en événements et mouvements bons et mauvais. Evidemment ce qui était mauvais découlait du mauvais usage et de la mauvaise interprétation de ces enseignements, ainsi que de la dénaturation de son message.
Enfin vint le tour du plus grand et du plus fructueux Mouvement Divin, en l'occurrence, le Message de l'Islam. Nous nous proposons de nous appesantir un peu sur ce sujet à la fin de notre discussion.
La révélation fut la force motrice des mouvements prophétiques
Il ne fait pas de doute que, chaque prophète commença sa mission au moment le plus opportun, où l'injustice, les conceptions erronées, la discrimination injuste, les dissensions et la négligence des devoirs étaient répandues et où la situation exigeait le déclenchement d'un mouvement réformateur en vue de dissiper les ténèbres et d'illuminer l'atmosphère par la lumière de la vertu et de la vérité. Mais dans tous les cas, la vraie campagne pour changer les conditions intellectuelles et sociales débuta seulement sur ordre de la Révélation divine.
Il est vrai que Moussâ se sentit dès sa jeunesse, extrêmement perturbé et bouleversé par l'humiliation et l'asservissement de son peuple. Il était conscient que le pouvoir et la richesse se concentraient dans les mains d'une partie de la société alors que l'autre partie souffrait la pauvreté, l'esclavage, la peine et la torture. Mais il n'avait pas encore de plan pour entreprendre une action ou faire des réformes. Même lorsqu'il tua une personne du camp ennemi au cours d'un accrochage, il s'enfuit de la ville, dans un état de grande confusion, sentant que sa vie était en danger. Mais quelques années plus tard, lorsqu'il accéda à la prophétie et que la Révélation divine lui ordonna d'agir, il retourna dans la même ville, se dirigea tout droit vers Pharaon, l'ennemi puissant et dangereux de lui-même et de son peuple, et lui demanda de libérer les enfants d'Isrâ'îl et de cesser de les tourmenter. C'est là seulement que les choses commencèrent à bouger. Jusqu'à l'âge de quarante ans, le Prophète de l'Islam avait vécu avec des gens analphabètes, dont le mode de vie était indigne d'un homme et très déraisonnable. Son esprit pur et clair perçut la perversion morale de la société et il en fut affligé. De temps en temps il faisait des efforts même pour prévenir une agression ou aplanir un différend.(1)
Mais il ne prenait pas de mesures pour prêcher la réforme sociale ou lancer une campagne à cet égard.
Sa lancée ne commença que lorsqu'il reçut la première révélation dans une grotte située sur la colline de Harâ'. Et ce fut l'événement qui annonça la naissance du Mouvement Islamique.
C'est pourquoi on peut dire que la Révélation est le principal pilier et la pierre fondamentale de la mission des prophètes. Mais qu'est-ce que la révélation et quels sont les effets qu'elle produit?
La Révélation
La Révélation est une sorte de connaissance sublime des réalités du monde, de leurs valeurs et des buts élevés de la vie humaine. Cette connaissance est sans ambiguïté, directe et claire. C'est un Don divin spécial accordé à un homme pur et saint.
La Révélation n'est pas une sorte de conscience ou de perception ordinaire, obtenue par les sens, l'observation ou l'expérience. Elle n'est pas, non plus, une sorte de prise de conscience mentale fondée sur un événement antérieur ou sur une connaissance acquise antérieurement et se manifestant à la suite des efforts créatifs de l'esprit humain. Elle est également différente de l'intuition et de l'illumination mystique. C'est une connaissance pure et décisive, une conception transcendante et un Don divin.
Quelques effets de la Révélation
a) Le Réveil intérieur: la Révélation crée un réveil dans l'âme du prophète et remue toute son existence. Elle éveille ses facultés et ses forces dormantes et les dirige vers l'accomplissement de sa mission. Grâce à son contact avec la source éternelle de la Révélation, il est pénétré d'un nouvel esprit et d'un nouveau zèle.
b) Une perspicacité claire: l'esprit du prophète est doté, à la suite de la Révélation, d'une perspicacité claire et d'une vision large, comme s'il avait été relié à une Source pure et jaillissante le connaissance. Son esprit est plein d'idées pures et fructueuses.
Le Coran décrit la révélation comme une lumière, une perspicacité, une illustration, une sagesse, un remède, une miséricorde, une preuve et une source de vie et de connaissance. Evidemment, cette lumière et cette perspicacité doivent avant tout éclairer le cœur même du Prophète sur lequel la Révélation est descendue.
Etant donné que les idées du prophète sont inspirées par la Révélation divine, elles ne sont polluées ni par les mythes et les conceptions erronées, ni par ses propres intérêts ou ses caprices personnels. Et comme l'a dit le Coran: «Il ne parle pas sous l'empire de la passion. (Ce qu'il dit) c'est seulement une Révélation qui lui a été inspirée». (Sourate al-Najm, 53: 3)
En raison de sa perspicacité et de la pureté de sa pensée, un prophète atteint l'infaillibilité. Ses idées missionnaires sont immunisées contre toute sorte d'erreur ou de faux pas.
c) Une orientation fructueuse de la pensée des gens: la Révélation guide les gens et leur montre le Droit Chemin. Elle conduit leurs talents intérieurs vers une floraison complète, et développe leurs sentiments et leurs inclinations sublimes. Elle donne une orientation utile à leur mode de penser, et les conduit, grâce au nouveau réveil, vers tout ce qui est bien et plaisant.
Après avoir traité des fausses idées, des fausses croyances, des mauvaises pratiques et de bien d'autres pièges susceptibles de se développer dans la société, et après avoir souligné la nécessité des prophètes, l'Imam Ali (P) explique de la façon suivante, dans le premier sermon de son "Nahj al-Balâghah", le but dans lequel les prophètes sont envoyés:
«Allah a envoyé Ses prophètes aux gens. IL les a envoyés les uns après les autres afin que les gens puissent se conformer à leur nature. (C'est-à-dire afin qu'ils ne laissent pas s'éteindre la lumière de leur disposition innée à adorer Allah et à suivre ce qui est bien. IL a envoyé les prophètes afin de rappeler aux gens les faveurs qu'IL leur a accordées et de les inviter à la Vérité afin qu'il ne leur reste aucune excuse d'ignorance.
»IL a envoyé les prophètes aux gens pour mettre en évidence le trésor caché de leur âme et pour les prévenir de leurs énormes et très utiles potentialités».
d) La dernière Révélation porte le grand message des prophètes concernant le changement de la société. En réalité, la révélation a une mission sociale, à savoir: la reconstruction de la société, l'établissement d'un système juste et la réorganisation d'une nation.
Les Messages divine, historiquement reconnus ont joué un rôle immense dans ce domaine. Maintenant nous étudions le Message universel de l'Islam, qui est le plus important de tous ces messages.
LE MOUVEMENT ISLAMIQUE: UNE MANIFES-TATION DES LOIS DE L'HISTOIRE
Nous nous proposons de poursuivre cette étude à plusieurs stades:
La domination de l'injustice ne saurait durer longtemps
Nous savons déjà que l'une des plus importantes lois de l'histoire veut que lorsque l'injustice et la corruption envahissent un environnement, une révolution s'ensuit obligatoirement. La débâcle des éléments qui soutiennent la discrimination indue et la tyrannie est inévitable.(2)
Ayant cette règle ferme de l'histoire bien présente à l'esprit, nous observons que pendant les six siècles de l'Ère Chrétienne, l'Arabie et les Empires Iranien et Romain, ainsi que tous les autres pays célèbres de cette époque-là, étaient prêts à exploser. A l'époque, ce n'était pas seulement en Arabie que la discrimination, la croyance aux mythes, l'idolâtrie, les dissensions tribales, la pauvreté, la tyrannie et beaucoup d'autres iniquités et vices prévalaient, mais même les grands et puissants (bien que décadents) pays dits civilisés de l'époque étaient victimes de ce genre de conceptions erronées, de croyances fausses, de conflits fratricides entre les gouvernants, lois cruelles, de préjudices, de coutumes barbares, et d'attaques contre la connaissance. L'atmosphère sociale générale était suffocante. Les masses grognaient sous de lourdes charges financières, alors que quelques groupes et individus privilégiés vivaient dans le luxe. Il y avait des milliers d'autres maux. Le Coran décrit cette condition comme une erreur manifeste.(3)
L'Imam Ali (P) dépeint comme suit la situation qui prévalait en ces jours-là:
«Allah a envoyé le Prophète de l'Islam à un moment où il n'y avait pas eu de prophète depuis longtemps. Les gens étaient plongés dans un sommeil profond. Une confusion totale régnait partout. Les guerres se répandaient. Les feuilles de l'arbre de la vie étaient devenues jaunes et il n'y avait pas d'espoir que cet arbre portât un jour des fruits. Les eaux avaient séché. La lumière de la vraie religion avait été éteinte. La misère avait étendu sa face hideuse et s'était abattue sur l'humanité. Le résultat de cette situation malheureuse ne pouvait être que le chaos et le trouble. La peur avait envahi les cœurs des gens, lesquels n'avaient d'autre refuge que l'épée, assoiffés de sang». (Nahj al-Balâghah)
Cette situation du monde laissa présager un grand événement qui allait renverser les systèmes cruels et surannés.
Le réveil des gens
L'injustice n'aurait pas pu prendre fin sans l'intervention de facteurs humains et d'un mouvement idéologique. Il était nécessaire que les gens aient eu une meilleure connaissance et qu'il y ait eu une école pour éclairer leurs pensées et établir un programme pour eux afin que leurs forces dormantes puissent se réveiller.
«Il en est ainsi; car il ne convient pas que ton Seigneur détruise arbitrairement une cité dont les habitants étaient inconscients (de la faute qu'ils commettaient)». (Sourate al-An'âm, 6: 131)
«Nous n'avons jamais détruit une cité dont le sort n'avait pas déjà fixé». (Sourate al-Hijr, 15: 4)
«Nous n'avons jamais détruit une cité sans qu'elle fût avertie». (Sourate al-Chu'arâ', 26: 208)
Comme nous le savons, un réveil intellectuel et humain suit habituellement l'arrivée des prophètes.
«Si Nous les avions fait périr dans un châtiment antérieur à sa venue (la venue du Saint Prophète), ils auraient certainement dit: "Notre Seigneur! Pourquoi ne nous as-TU pas envoyé un messager afin que nous ayons pu suivre Tes révélations avant d'être humiliés et disgraciés."» (Sourate Tâhâ, 20: 135)
Pour ces raisons Allah envoya Mohammad, le Prophète de l'Islam, comme une nécessité historique et mondiale.
L'Arabie, pourvue d'une atmosphère favorable
Si la corruption, l'injustice et la croyance aux mythes demandent un tel mouvement, l'Arabie présentait naturellement l'atmosphère la plus favorable à cet égard, car elle jouissait de moins de qualités humaines que ses voisins, et était submergée dans un marécage profond.
Le Commandeur des Croyants, l'Imam Ali (P) a dit:
«Allah envoya Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) pour prévenir les peuples du monde contre les coutumes et les manières qu'ils avaient adoptées. Il a nommé Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) le dépositaire de Ses Commandements célestes. A cette époque-là, vous les Arabes, professiez la pire religion et viviez dans la pire demeure. Vous dormiez parmi des pierres dures et des serpents venimeux. Vous buviez de l'eau trouble. Vous mangiez une nourriture grossière. Vous répandiez le sang les uns des autres. Vous rompiez les liens avec vos proches et vous vous battiez contre eux. Les idoles étaient dressées parmi vous et vos péchés liaient vos mains et vos pieds». (Nahj al-Balâghah, sermon 26)
Telles étaient les circonstances lorsque cette société dégradée et cette terre inhospitalière furent choisies pour être le berceau de l'Islam.
Les pionniers: les compagnons élus
Pour que ce mouvement divinement populaire puisse réussir à changer le système corrompu et à faire l'histoire, il fallait absolument que les pionniers fussent éduqués sur la base de son idéologie et que, par la suite, les masses aient reçu, dans un réveil général, un entraînement révolutionnaire et qu'elles fussent préparées à poursuivre leur mouvement.
Le Saint Prophète, dès qu'il a accédé à la prophétie, a commencé à prêcher l'Islam parmi des individus bien choisis, et il s'est mis à les élever et à les éduquer. Au début, le prêche se faisait secrètement et en privé. Les gens furent choisis individuellement. Les enseignements étaient fondamentaux: on devait adorer seulement Un Dieu et renoncer à toute forme de polythéisme. Une soumission totale à ce qui avait été révélé était nécessaire. Tous les hommes, étant les esclaves d'Allah, avaient l'obligation de se purifier et de s'accoutumer aux bonnes actions et à la résistance au mal.
«Je jure par le temps (celui de la naissance du vrai homme)! Oui, l'homme est en perdition. A l'exception de ceux qui croient, de ceux qui accomplissent des œuvres bonnes; de ceux qui s'encouragent mutuellement à rechercher la Vérité, de ceux qui s'encouragent mutuellement à la patience». (Sourate al-'Açr, 103: 1-3)
Peu de gens, mais parmi l'élite, acceptèrent de tout cœur les principes de la nouvelle école et devinrent ainsi fermes dans leur foi. Avec la croyance en Un Dieu, le rejet de toutes les fausses divinités, la formation du caractère, la piété, la connaissance, la largeur d'horizon et la soumission à la Vérité, le terrain passe au stade du prêche ouvert. A la fin de cette période, des attaques persistantes et puissantes avaient été lancées contre le système qui prévalait. L'idolâtrie , principale cause de la pensée erronée et principale arme de l'aristocratie, fut condamnée. Une nouvelle vague se forma. Un bon nombre de gens parmi les esclaves, les déshérités, les sans-logis, les opprimés, ainsi que quelques aristocrates, joignirent le nouveau mouvement. Mais simultanément, la résistance de l'ennemi, ses menaces, la torture, la calomnie et la médisance atteignirent leur paroxysme.
Les versets divins furent révélés sous forme de maximes ardentes. Ils contenaient des critères constructifs de la foi. Les hommes nouveau-nés continuèrent à avancer avec fermeté sans fléchir sur la voie de la formation de 1'histoire future.
Le rôle de l'émigration
Du point de vue islamique, l'émigration est l'un des éléments qui font l'histoire. Réfléchissez aux versets suivants: «Lorsque les anges ôtent la vie de ceux qui se sont fait tort à eux-mêmes, ils leur demandent: "Dans quelle situation étiez-vous?" Ils répondent: "Nous étions opprimés sur la Terre." Les anges disent: "La Terre d'Allah n'était-elle pas assez vaste pour vous permettre d'émigrer?" Voilà ceux qui auront la Géhenne pour refuge: Quel détestable sort! A l'exception de ceux qui sont faibles et incapables parmi les hommes, les femmes et les enfants; car ils ne sont pas dirigés sur le Chemin Droit. Tels sont ceux qu'Allah absoudra peut-être. Allah est Celui qui absout et qui pardonne. Celui qui émigre sur le chemin d'Allah trouvera sur la Terre de nombreux refuges et de l'espace. Celui qui sort de sa maison pour émigrer pour Allah et pour Son Prophète, et qui, en cours de route est frappé par la mort, sera rétribué par Allah. Allah est Celui qui absout, IL est Miséricordieux». (Sourate al-Nisâ', 4: 97-100)
Si l'environnement suffocant d'un lieu n'est pas propice à faire admettre la vérité, si la pression est si forte que toutes les valeurs sont supprimées, et s'il n'y a pas de possibilité d'influer sur le milieu et de réformer la société, on doit rechercher un lieu plus convenable où la foi, l'indépendance et la vérité pourraient fleurir, pour s'y établir. Selon l'Islam, c'est l'émigration, dans son sens le plus large, qui aide à résoudre les problèmes et à ouvrir de nouvelles voies. L'Islam nous enjoint d'émigrer d'un milieu fermé et aveugle vers des terres ouvertes et prêtes à accepter la Vérité, et des montagnes rugueuses vers des lieux peuplés. Il prescrit l'émigration en vue de l'étude de la nature et de l'histoire des hommes, l'émigration de l'égocentrisme vers Allah, de l'étroitesse de l'égoïsme et de la mégalomanie vers l'atmosphère, plus large, de l'honneur et de l'humanité. Quand le Prophète de l'Islam constata que ses compagnons vivaient sous pression, il ordonna tout d'abord à un nombre limité d'entre eux d'émigrer en Ethiopie. Et finalement, ayant pris des contacts avec les habitants de Médine et obtenu de leur part des engagements fermes, et s'étant assuré secrètement que l'atmosphère de cette ville lui était favorable, il s'apprêta à y émigrer. Toute sa fortune et toutes ses relations familiales furent sacrifiées pour la cause de la foi, pour la promotion de son but et pour la continuation de la lutte. Avec l'émigration, une nouvelles époque de l'histoire des Musulmans a commencé pour le Saint Prophète et ses loyaux compagnons. Nous savons combien cette grande étape de l''émigration à Médine fut efficace pour l'expansion du mouvement islamique.
Une des conditions fondamentales du progrès d'un mouvement est la formation d'une équipe ou d'une société disciplinée et exemplaire, familiarisée avec son idéologie, et loyale envers elle. A Médine, une nation fut formée. Certes il s'agissait d'une toute petite nation, mais conforme aux critères requis. Dans cette petite société, il n'y avait pas de discrimination raciale, tribale ou de classe. Personne n'était plus noble qu'un autre. Toute forme de discrimination et de distinction fut écartée. Chaque individu, qu'il fût Mohâjir (émigré) ou Ançârî (partisan médinois) avait l'obligation de mettre réellement en pratique les principes de la fraternité et de l'égalité. Un Mohâjir et un Ançârî étaient déclarés frères l'un de l'autre, et avaient le devoir de partager maison et biens et de vivre ensemble.
Le Saint Prophète promulgua la charte de Médine, qui était la vraie constitution sur laquelle le système social de cet Etat avait été fondée. Les droits, les obligations et les relations mutuelles furent fixés avec précision sur la base de l'unité, de la justice et de l'équité. De nouveaux membres joignirent le mouvement qui continua à se répandre lentement.
La guidance des masses
Les masses sont généralement maintenues dans l'ignorance, et exploitées politiquement et économiquement par ceux qui détiennent le pouvoir. Tel fut leur sort habitue! tout au long de l'histoire. Que ce soit ouvertement ou subrepticement, elles sont asservies pour nourrir la guerre des gens de pouvoir et pour servir les intérêts des égoïstes.
L'Islam connaît cette situation et décrie(4) l'ignorance de la majorité, mais il veut que les masses organisent leurs forces éparpillées et qu'elles œuvrent en vue d'opérer des changements sociaux fondamentaux pour améliorer leur sort.
Le message de l'Islam est universel. Il veut amener tout le monde vers lui, et transformer tout le monde en des gens vertueux et pieux.
Le Coran dit: «O vous les hommes! Je suis envoyé vers vous tous par Allah». (Sourate al-A'râf, 7: 158)
Il y a des centaines d'autres versets qui exhortent toute l'humanité à la piété, aux bonnes actions, à la connaissance, à l'adoration d'Allah, à la pureté, à la serviabilité et à la dépense de la richesse pour une bonne cause. Contrairement à d'autres systèmes qui exploitent les masses, l'Islam veut les guider vers le Droit Chemin et améliorer leur sort. Chaque Musulman ordinaire peut obtenir la distinction et joindre le groupe des gens éminents. Accessoirement, beaucoup de personnalités éminentes de l'Islam sortirent des rangs des masses des déshérités et des anonymes. Etant donné qu'elles se sont forgées sur les orientations prescrites par l'Islam et qu'elles ont acquis des vertus humaines, elles ont pu atteindre une position éminente dans les cercles islamiques.
Médine connut un réveil général. Les familles vivant dans tous ses quartiers montrèrent un grand enthousiasme à joindre le nouveau mouvement. Ils furent peu à peu préparés à accomplir le devoir collectif du "Jihâd".
L'élément du "Jihâd"
Le jihâd et les conflits violents sont parmi les plus importants facteurs des changements intervenus dans l'histoire. Lorsqu'un combat contre l'injustice et l'oppression commence, il donne au mouvement évolutif de la société une nouvelle impulsion et il débouche sur un succès décrit par le Coran comme un grand accomplissement(5), une grande récompense(6) et une délivrance(7).
«O vous les croyants! Vous indiquerai-JE un marché qui vous sauvera d'un châtiment douloureux? Ayez foi en Allah et en Son Messager et combattez pour Sa cause avec vos biens et vos personnes. C'est mieux pour vous, si seulement vous le saviez! IL pardonnera vos péchés et vous admettra dans les Jardins au-dessous desquels coulent les ruisseaux. IL vous logera dans des demeures agréables dans les Jardins d'Eden. C'est, en vérité, un grand accomplissement. Et IL vous accordera une autre faveur que vous aimez énormément, (à savoir) un secours venant d'Allah et une prompte victoire. Annonce cette bonne nouvelle aux croyants». (Sourate al-Çaf, 61: 1-13)
Dès que le Saint Prophète s'est assuré de la préparation de ses compagnons et de la disponibilité d'une force offensive, il entreprit la tâche d'une marche générale sur les bases de l'idolâtrie et de l'oppression. Les batailles de Badr, d'Ohod, d'al-Khandaq, etc. étendirent rapidement la zone du conflit et affaiblirent la position de l'ennemi. Elles firent remonter le moral des Musulmans et attirèrent l'attention des tribus avoisinantes. Ainsi, la voie était désormais aplanie devant la propagation rapide du nouveau système et la destruction de l'ennemi.
L'universalité du mouvement
En adressant un avertissement aux pays voisins et aux grands empires, le Saint Prophète déclara que l'Islam est un mouvement mondial. Après avoir réalisé des victoires notables et conclu une course trêve avec Quraych, l'incroyant, le Saint Prophète eut la possibilité de répandre le message de l'Islam parmi les territoires étrangers. Il écrivit des lettres aux dirigeants du monde et leur demanda d'accepter l'Islam. Ces lettres montrèrent à l'évidence que le message de l'Islam était celui de la croyance en Un Dieu Unique et du rejet de tous dieux terrestres. Bien qu'il y eût des réactions variées à ces lettres, elles constituèrent un ferme avertissement qui ouvrit un nouveau chapitre dans l'histoire de ces pays, comme en témoignèrent les années suivantes.
On peut dire ici que de nombreux mouvements historiques furent seulement de caractère local ou régional. Leurs buts, leurs principes et leurs programmes s'adaptaient à un environnement particulier, et de là, ils furent confinés à des peuples spécifiques. En conséquence, les appels de beaucoup de prophètes antérieurs avaient été, eux aussi, limités et régionaux.
Mais si le programme d'un mouvement est de niveau mondial et qu'il bénéficie d'autres conditions, telles que des conditions sociales favorables, une direction puissante, un corps fort et large de partisans, il peut sûrement pénétrer dans d'autres régions, et une vague internationale peut voir le jour.
LA DIRECTION
A l'approche de la mort du Saint Prophète la question délicate de la direction de la Ummah devint d'actualité. Pendant les vingt-trois premières années du Mouvement islamique, la raison principale de son progrès était l'extraordinaire capacité du Saint Prophète à la direction, à la guidance et à l'organisation. Dans l'analyse historique, cette capacité apparaît comme le plus merveilleuse des principaux facteurs qui contribuèrent au succès de l'Islam. Mais après le décès du Prophète?
Le nouveau système avait porté ses fruits alors que le Prophète était encore vivant. Le Coran avait été révélé, les fondements du système social et intellectuel islamique fixés. Cependant, les enseignements islamiques exigeaient la présence d'un Superviseur et d'un Interprète digne de foi. Autrement ils pourraient être exposés à l'altération et à un mauvais usage.
Le Saint Prophète avait donné lui-même la solution de ce problème. Il avait en effet choisi Ali et l'avait présenté aux Musulmans comme étant leur " Walî " (maître). Ali avait reçu le meilleur entraînement. Il était à la tête des pionniers qui avaient lutté pour le succès du mouvement et fait des sacrifices pour lui (ce mouvement). Il était, plus que tout autre, imprégné des enseignements islamiques et familiarisé avec eux.
Mais l'histoire ne se termine pas là. Immédiatement après le décès du Prophète, la situation prit un nouveau tour.
Le Califat fut accaparé lors d'une réunion d'un nombre limité de personnel qui se hâtèrent de nommer un calife parmi elles. Ainsi, la question de direction prit un cours différent. Les troubles ne tardèrent pas à commencer et le progrès du mouvement en pâtit. Dans certains domaines, notamment dans celui de la justice social et de l'idéologie, le mouvement souffrit énormément. En tout cas, le nouvel arrangement avait beaucoup de partisans.
Trois principes de l'efficacité des mouvements historiques
L'efficacité de tout grand mouvement historique dépend largement de trois éléments essentiels: le système idéologique, la direction, et l'existence d'une solide équipe de partisans et d'autres potentialités. Avant la disparition du Saint Prophète, un système mondial vivant avait été mis en place et un groupe relativement solide de Musulmans entraînés avait été formé. C'est pourquoi, malgré l'absence d'une direction convenable par la suite, le poids de ce système et la présence de ses partisans bien organisés constituèrent des facteurs assez viables pour pousser le mouvement en avant. Le progrès rapide de l'Islam au cours du premier siècle et le grand mouvement scientifique et académique des siècles suivants, ainsi que le grand rôle joué par l'Islam dans la culture et la civilisation humaines, furent tous dus à l'efficacité du système et aux efforts des vrais et vaillants Musulmans.
Les êtres humains comme agents de la rétribution divine
Comme nous l'avons déjà dit, l'effondrement de l'injustice et de la corruption est inévitable. Dans le passé lointain, pour vaincre les gens injustes et ceux qui niaient la Vérité, l'intervention de facteurs surnaturels et la rétribution céleste étaient habituels, mais cela n'arrivait qu'après l'envoi d'un message et d'un avertissement clair. (8
A notre époque, l'homme a intellectuellement mûri et il a atteint un degré de perfection relative. II peut maintenant réaliser que les privations sociales, la discrimination indue et bien d'autres calamités sont aussi une sorte de punition. En s'aidant de son sens commun et de son intuition, il peut sentir les conséquences de ses mauvaises actions et anticiper son avenir. Il peut maintenant utiliser sa volonté et sa détermination pour combattre l'injustice et la corruption; il n'a pas à répéter ce que dirent les Israélites: «Allez toi et ton Seigneur, et combattez tous deux; nous, nous restons ici».(9) Car maintenant la rétribution naturelle est imposée à travers les êtres humains.(10) Cette position aussi est conforme à l'ancienne Tradition divine consistant à éliminer les difficultés qui se dressent sur la voie de l'évolution. C'st la raison pour laquelle le Mouvement Islamique ne fut accompagné d'aucune punition divine durant l'époque du Prophète,(11) et seul le jihâd et l'effort humain jouèrent un rôle décisif dans l'éradication du système corrompu. C'est ce qui explique pourquoi nous trouvons que l'histoire de l'Islam est riche en guerres d'émancipation.
Les larges masses des peuples des pays envahis par les Musulmans accueillirent les envahisseurs à bras ouverts parce que tout d'abord l'atmosphère de leurs pays était suffocante, et qu'elles vivaient dans la contrainte, et ensuite parce qu'elles étaient sûres de la justice et de l'esprit émancipé de l'Islam. Ces peuples savaient bien que le compagnon musulman leur avait apporté justice et liberté. C'est pourquoi, dans certains cas, les portes des cités avaient été volontairement ouvertes devant l'avance de l'Armée musulmane, et les soldats musulmans avaient été heureusement surpris de constater que les déserteur des rangs de l'ennemi se joignaient à eux et se battaient côte à côte avec eux contre le système injuste et inhumain qui prévalait dans leur propre pays.
Le respect de la culture et des valeurs humaines d'autrui
L'avance humaine vers les autres pays ne signifiait pas la destruction de tout dans ces pays. Certes, le système social injuste fut remplacé, les fausses divinités et la croyance aux mythes et aux fables religieuses cédèrent la place à la croyance en Un Dieu et à une pensée réaliste, mais les fruits de la culture et de la pensée philosophique, ainsi que les organisations sociales utiles et avancées ne furent pas perturbés. Le mouvement de l'Islam avait pour but d'aider l'évolution de l'histoire et non de la stopper ou d'en inverser le cours. L'Islam est venu pour construire et améliorer et non pour détruire et dégrader.
Il est intéressant de noter que l'Islam a joué un grand rôle dans la préservation et la renaissance des anciennes cultures de l'Inde, de la Grèce, de l'Iran et de la Mésopotamie. En encourageant la connaissance des pensées des autres et l'investigation dans ce domaine, et en incitant les Musulmans à étudier l'histoire et les mouvements historiques des peuples antérieure, à voyager à travers les régions lointaines et à y ramasser tout ce qui était positif, l'Islam suscita une activité de traduction, d'écrits, de compilation et d'investigation sans précédent, dans la dernière partie du premier siècle, activité qui s'épanouit encore davantage pendant le deuxième siècle et les suivants, pour devenir un événement marquant dans l'histoire de la culture. Tout cela était le résultat de la formation islamique.
En réalité, la tradition évolutive de l'histoire requiert que les réalisations des nations antérieures soit plus développées. Bien que l'histoire humaine soit pleine de hauts et de bas, de déviations, de pauses et de rétrogradation, la réaction du mouvement réformateur et révolutionnaire conduisait toujours, en général, à de bons résultats. Il existe beaucoup d'exemples illustrant ce point, spécialement dans l'histoire islamique. En somme, on peut dire que l'histoire s'acheminait vers l'avant.
La corruption de la direction
Nous ne devons pas oublier que les porteurs du Message de l'Islam (les gouvernants) étaient des hommes qui avaient acquis, d'une façon ou d'une autre, de l'influence dans les cercles islamiques. Et en tant qu'hommes, ils avaient diverges émotions et passions, et pouvaient même parfois être disposés à devenir oppressifs et déloyaux envers le système.
C'est le système idéologique lui-même qui guide et modifie l'action des individus et la conserve au cours de l'évolution.
Mais il est nécessaire, pour conserver son pouvoir constructif, que le système soit conduit, administré et interprété par des dirigeants dignes de foi, au courant de ses fondements, et disposés à tenir leurs engagements.
Si la direction elle-même a une disposition à la corruption, et que malgré les instructions du système, elle s'implique dans la thésaurisation de la fortune, la discrimination de classe, la vie luxueuse et dans d'autres vices, le système cesse d'être efficace par manque d'adeptes sincères.
Dans un tel cas, progressivement, les principales instructions du système sont déformées, car les gouvernants essaient de garder tout sous leur contrôle pour servir leurs propres intérêts, faute de pouvoir oser s'opposer directement et ouvertement au système, étant donné que, tout en étant usurpateurs, ils doivent leur position et leur pouvoir au système lui-même. En outre, ils doivent tenir compte des sentiments du public et du soutien populaire au système. De là, ils prétendent publiquement être les champions de la défense du système, mais ils enfoncent un poignard dans son dos secrètement.
Cette tragédie survint vraiment dans l'histoire de l'Islam. Les gouvernants corrompus des Omayyades et des Abbassides n'étaient pas des produits authentiques de l'Islam. Ils se sont emparés de la direction de la société musulmane contre tous les critères islamiques. Puis, pour édifier le haut palais de leur propre pouvoir, ils se mirent à dénaturer l'Islam avec l'aide de leurs agents stipendiés qu'ils avaient choisis parmi les historiens, les prêcheurs, les "traditionnistes" et les exégètes. Dans ce processus, ils ébranlèrent l'entité islamique éducatrice de l'homme.
En fait, tel fut le sort de tous les grands mouvements de l'histoire. Il arrive souvent qu'après s'être installés, les pionniers tombent en proie à l'égoïsme et aux dissensions, et que pour obtenir le pouvoir ils commencent à se battre entre eux. Progressivement, les buts et les objectifs du mouvement sont sacrifiés aux individus. Le système est utilisé au service des dirigeants, alors que ceux-ci ne rendent aucun service valable au système.
La résistance interne
Cette situation demande une action de l'intérieur de la société. Face à cette tragédie, l'Islam détient un brillant record de soulèvements internes. L'agitation contre 'Othman, le troisième Calife, la grande épuration interne sous le Califat de l'Imam Ali (P), la résistance héroïque de l'Imam al-Hussayn (P), puis son martyre, les mouvements académiques de l'Imam al-Bâqir (P) et de l'Imam al-Çâdiq (P) en vue de la renaissance du système, les soulèvements sanglants des Alawites et des descendants de l'Imam al-Hassan (P), ainsi que d'autres événements qui eurent lieu en Iran, en Egypte et dans d'autres pays musulmans durant les règnes des Omayyades et des Abbassides, tous ces mouvements survinrent en réaction contre la situation odieuse créée parles gouvernants et le système corrompu imposé de force par eux (les détails de ces mouvements intérieurs doivent être abordés dans un livre à part).
En tout cas, pour remédier à une telle situation, l'Islam a prescrit les principes de vigilance, de sacrifice de soi, de jihâd intérieur (auto-réforme) ainsi que l'exhortation au bien et l'interdiction du mal.
Les envahisseurs influencés
Les guerres et les conflits internationaux cristallisent les événements marquants de l'histoire.(12)
L'objectif des croisades était inhumain. Elles furent lancées contre les Musulmans par ceux qui souffraient de rigidité mentale, de préjudice, de conceptions erronées, de discrimination de classe, de stagnation intellectuelle, de retard éducationnel, et de fossilisation médiévale. Ces guerres furent déclenchées dans le but de s'opposer à une nouvelle religion et à un système mondial qui croyaient aux valeurs humaines et qui avaient remplacé la discrimination et l'inégalité par la justice et l'égalité, et mis à la place du paganisme la femme croyance en Un Dieu. Le résultat fut une terrible effusion de sang, une destruction à grande échelle et beaucoup d'incidents ignobles qui se poursuivirent pendant plus d'un siècle.
Même dans cette situation, l'Islam joua son rôle constructif. Les croisés se mélangèrent aux Musulmans et découvrirent la grande et riche culture de l'Islam de leurs propres yeux. Ils furent les témoins oculaires du système social avancé des Musulmans, de leurs bibliothèques, leurs centres éducatifs, leurs lois sociales, leurs organisations sociales, leurs centres civiques et toutes les autres réalisations sociales et intellectuelles. Il s'ensuivit que les yeux et les oreilles des croisés furent ouverts. Ils sortirent donc de leur environnement fermé et de l'étroitesse suffocante de leurs systèmes intellectuel et social. Leur plus grande réalisation, au-delà de toute cette effusion de sang et de ce combat, fut leur contact avec la culture et les principes idéologiques de l'Islam. L'Europe se réveilla après un sommeil de mille ans. La pénétration de la culture de l'Islam en Espagne et sur les côtes françaises, ouvrit les portes d'une nouvelle culture et d'une nouvelle pensée aux Européens.
Les travaux et les livres islamiques furent traduits de plus en plus en langues européennes. On peut dire justement qu'au début, le progrès industriel et scientifique, et les changements sociaux dans la nouvelle Europe et pendant la période qui suivit la Renaissance, furent inspirés de la culture musulmane.
Un triple effort
Pour assurer l'évolution historique, l'homme doit se battre sur trois fronts.
a) Il doit faire des efforts pour découvrir les lois de la nature, soumettre les forces naturelles et les utiliser.
b) Il doit combattre les rapports sociaux injustes et assurer la justice, la liberté et les droits humains.
c) Il doit contrôler ses passions, combattre l'égoïsme, les vils désirs et les maux intérieurs.
L'Islam a incité ses adeptes à entreprendre une action sur tous les trois fronts. Il a mis en avant, à cet égard, ses enseignements et ses plans, les a expérimentés et les a mis en pratique jusqu'à un certain point.
L'Islam a également fait l'expérience de la formation d'une société juste et libre et mis en avant les vraies grandes lignes des droits humains. Ce que l'homme a pu apprendre dans ce domaine, après avoir subi des guerres prolongées et des tribulations terribles, l'Islam l'avait déjà enseigné.
Ce qui est plus important que toute autre chose, c'est que les instructions que l'Islam a données dans le "grand jihâd" consistent en la formation du caractère et l'autocontrôle. Ces instructions sont pratiques et détaillées, et encadrées dans un vaste programme. L'Islam a produit également des hommes modèles qui peuvent être un exemple idéal pour les autres. Le fait que l'histoire de l'Islam soit riche en ce genre de modèles, peut être considéré comme le plus grand miracle de ladite histoire.
Le monde contemporain obtient des succès rapides sur le premier front. Beaucoup de grandes réalisations scientifiques et industrielles ont permis à l'homme de contrôler la nature. Et étant donné que l'homme utilise ses réalisations scientifiques pour son succès matériel et pour la satisfaction de ses désirs, il est probable que le progrès dans ce domaine se poursuivra sans arrêt.
Pour ce qui concerne le second front, on ne peut pas nier que quelques grands changements sociaux aient eu lieu et que la lutte pour opérer d'autres changements radicaux se poursuive. Tout au long de l'histoire, on a assisté à certains succès sur ce front aussi. Mais le problème demeure encore irrésolu. On peut dire que ce qui a été accompli, n'est que le début d'un long voyage. En tout cas, la grande question est de savoir si la lutte contre les bases d'un pouvoir acharné à déployer son autorité dans le but d'exploiter les gens et de piller leurs ressources naturelles et humaines peut déboucher facilement sur un succès final? Est-ce que les acteurs internationaux empreints de malveillance, qui ont tant d'astuces dans leurs bagages et qui inventent même de nouvelles méthodes pour dévorer les nations, laissent faire l'homme opprimé et réprimé?
Le voyage est long. Des sacrifices, des mesures adéquates, d'autres efforts sont nécessaires pour s'assurer ce succès.
Le succès sur ce front ne peut pas être atteint sans obtenir de succès sur le troisième front. L'histoire a soif de vrais hommes, et aujourd'hui, cette soif devient intense. Il y a un vice spiritual. On a l'impression que l'humanité a été oubliée. Les sentiments humains sont piétinés. L'endurance, le sacrifice de soi, l'humanisme, la liberté spirituelle, la pureté, la renonciation à l'égoïsme et l'égoïsme étroit sont des besoins universels. L'acquisition de ces qualités est essentielle pour que des hommes purs puissent être capables d'utiliser les réalisations du premier front au profit de l'homme, et non au service du mal, ni pour la satisfaction de leurs propres désirs, et pour qu'ils puissent trouver, sur le second front, une atmosphère libre et humaine dans laquelle la terre pourra être remise à des hommes droits. Le Coran dit: «Mes serviteurs intègres hériteront de la terre».
Le triomphe final de la vérité
L'Islam annonce une bonne nouvelle selon laquelle le plus haut et le dernier stade du cours de l'histoire est nettement heureux. Il affirme que l'apogée de l'histoire et la fin des efforts humains enregistreront le triomphe total et logique de la vérité et de la justice.
Mais ce stade n'arrivera qu'après que:
a) Le monde sera devenu plein d'oppression, de tyrannie, de contradictions extrêmes, et prêt à exploser;
b) Les guerres étendues et prolongées, régionales et mondiales, auront débouché sur une destruction et une effusion de sang à grande échelle;
c) Les partisans d'une authentique révolution mondiale finale de l'histoire auront été prêts à la déclencher.
Cette révolution finale (prédite par le Prophète de l'Islam) aura lieu sous la direction du plus grand Réformateur divin et révolutionnaire, le Madhi Promis, et aboutira à la purification permanente, à l'amélioration de l'environnement, au développement ininterrompu de la personnalité et à une vigilance totale et bien déterminée.
Le résultat sera l'émergence d'un homme équilibré et pleinement développé, doté de tous les talents et valeurs, dans une société mondiale unique.
«Nous voulions favoriser ceux qui avaient été opprimés sur la Terre, et Nous voulions en faire des chefs et des héritiers; Nous voulions leur donner le pouvoir sur la Terre et montrer à Pharaon, à Hâmân et leurs armées ce dont ils avaient peur». (Sourate al-Qaçaç, 28: 5-6)
Notes :
1. Sa participation au pacte connu sous le nom de "Hilf al-Fudhûl" et l'histoire de la remise de la Pierre Noire à sa place en sont deux exemples.
2. «Leur Seigneur leur révéla: "Nous allons faire périr les injustes".» (Sourate Ibrâhim, 14: 13)
«Nous n'avons jamais détruit de cités, à moins que leurs habitants ne soient des injustes». Sourate al-Qaçaç, 28: 59)
3. Sourate al-Jum'ah; verset 2
4. «Mais la plupart des hommes ne savent pas» (Sourate al-Jâthiyah, 45: 26), et beaucoup d'autres versets. «La plupart d'entre eux ne suivent qu'une conjecture» (Sourate Yûnis, 10: 36). «Mais la plupart d'entre eux sont insensés» (Sourate al-'Ankabout, 29: 63). «Mais la plupart d'entre eux détestent la Vérité» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 70). «Mais la plupart des hommes ne croient pas» (Sourate al-Ra'd, 13: 1)
5. Sourate al-Tawbah; verset 113.
6. Sourate al-Nisâ'; verset 98.
7. Sourate al-Çaf; verset 10.
8. «Nous n'avons jamais puni un peuple avant de lui avoir envoyé un messager». (Sourate al-Asrâ', 17: 15)
9. Sourate al-Mâ'idah, 6: 24
10. «Combattez-les: Allah les châtiera par vos mains». (Sourate al-Tawbâh, 9: 14)
11. «Allah ne veut pas les châtier, tant que tu es parmi eux, pas plus qu'IL ne les châtie tant qu'ils demandent pardon». (Sourate al-Anfâl, 8: 33)
12. «L'écume s'en va au rebut, mais ce qui est utile aux hommes reste sur la Terre». (Sourate al-Ra'd, 13: 17)

 

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