LA SUNNAH DU PROPHETE DANS L'ECOLE D'AHL-UL-BAYT
«Qu'Allah embellisse un serviteur qui, ayant entendu une parole de moi, l'a apprise par cœur, l'a assimilée, et l'a transmise telle qu'il l'avait entendue. Car un porteur de Jurisprudence pourrait n'être pas faqîh(1), et on pourrait apporter le Fiqh à quelqu'un qui serait plus faqîh que soi.»(2)
La Sunnah est, après le Coran, la deuxième source de la Législation, que les Musulmans adoptent pour déduire les Statuts, les Lois et les Valeurs islamiques. C'est à elle qu'incombe la charge "d'expliquer et d'éclairer le Livre d'Allah, de formuler ses sous-entendus et son contenu législatif, idéologique et éducatif."
En effet, le Texte coranique recèle une richesse idéologique et législative considérable et immortelle que la Sunnah s'est chargée de dévoiler et de mettre en évidence. Car la raison n'est pas en mesure de comprendre du Livre d'Allah autant que la Sunnah en peut comprendre et dévoiler, étant donné que c'est au Messager d'Allah que s'adresse la Révélation, et que c'est lui qui connaît tous les statuts et concepts du Saint Coran, ainsi que ses buts et ses desseins.
C'est pourquoi la Sunnah constitue un secours inépuisable pour la compréhension du Saint Coran, et une explication fidèle des lois de la vie. Elle est aussi immortelle que le Coran, car elle lui est liée intimement. Allah a dit en effet :
«... Prenez ce que le Prophète vous apporte, et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit...» (Sourate al-Hachr, 59 : 7)
Et :
«Vous avez, dans le Prophète d'Allah, un bel exemple pour celui qui espère en Allah et au Jour dernier...» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 21).
Et :
«Si un différend surgit entre vous, portez-le devant Allah et devant le Messager...» (Sourate al-Nisâ', 4 : 59)
Les Ahl-ul-Bayt et les tenants de leur Ligne ou de leur méthode de traiter du tafsîr, du hadith, du Fiqh et de la Croyance, ont observé scrupuleusement ces directives et ont enduré la prison, l'assassinat, la torture et l'exil pour préserver la Sunnah et l'appliquer à côté du Saint Coran.
La Sunnah a été exposée à toutes sortes de tentatives de déformation : allégations mensongères, falsifications, déviations opérées par des menteurs, de faux Musulmans et des détracteurs de l'Islam, dans le but évident de défigurer ce Message Divin éternel et de dévier la voie de la Ummah.
Les Ahl-ul-Bayt ont toujours joué un rôle d'avant-garde dans la sauvegarde de la Sunnah. Ils l'ont portée et transmise fidèlement et intégralement, et ils ont expliqué son contenu profondément et avec une précision scrupuleuse. Ils ont en outre combattu les hérésies et les égarements et appelé à l'observation du Livre et de la Sunnah et à l'adoption du Livre comme critère de la Sunnah du Prophète, étant donné qu'il est incontestablement reconnu comme étant resté intact, exactement comme l'avait transmis l'Ange Jibrîl au Prophète, et ce conformément à l'affirmation d'Allah :
«Nous avons fait descendre le Rappel ; Nous en sommes les Gardiens.» (Sourate al-Hijr, 15 : 9)
Dans le passage suivant, l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib met en garde les Musulmans contre les tentations d'attribuer à la Sunnah des avis et des interprétations personnelles qui vont à l'encontre du Livre d'Allah :
«O gens ! Les troubles commencent par des caprices qu'on suit et des statuts qu'on invente et dans lesquels le Livre d'Allah est contredit et des hommes deviennent les maîtres d'autres hommes... Si le faux reste purement faux, il ne peut pas être dissimulé à un homme intelligent, et si le vrai reste pur, il ne suscite pas de différend. Mais lorsqu'on prend une poignée de celui-ci et une poignée de celui-là et qu'on les mélange, alors Satan peut s'emparer des serviteurs d'Allah et seuls "ceux qui ont déjà reçu la très belle Récompense en seront écartés"(3).»(4)
Abû Baçîr, l'un des Compagnons de l'Imam al-Çâdiq témoigne :
«Un jour, lorsque j'ai demandé à l'Imam al-Çâdiq : "On nous rapporte parfois des choses que nous ne retrouvons ni dans le Livre d'Allah, ni dans la Sunnah. Pouvons-nous les examiner ?" l'Imam a répondu :
"Non ! Car si tu parvenais à en tirer une conclusion juste tu ne serais pas pour autant récompensé, mais si tu aboutissais à une conclusion erronée, tu aurais menti à Allah -Il est Puissant et Glorifié."(5)
Et d'ajouter : "Le Prophète a dit : "Toute hérésie est un égarement, et tout égarement conduit à l'Enfer"»
Selon 'Abdullâh ibn Abî Ya'fûr :
«J'ai demandé à l'Imam al-Çâdiq : "Comment devons-nous nous comporter devant des hadith rapportés parfois par une personne en qui nous avons confiance et parfois par une autre en qui nous n'avons pas confiance ?" L'Imam al-Çâdiq a répondu : "Lorsqu'on vous rapporte un hadith et que vous en trouvez une confirmation dans le Livre d'Allah ou dans la Sunnah, croyez-y. Autrement il faudrait l'attribuer plutôt à celui qui le rapporte."»(6)
Selon Ayyûb ibn al-Hor :
«J'ai entendu Abû 'Abdullâh al-Çâdiq dire : ''Tout doit être renvoyé au Livre d'Allah et à la Sunnah. Tout hadith qui ne concorde pas avec le Livre d'Allah n'est que fausseté."»(7)
Selon Ayyûb ibn Rachîd, Abû 'Abdullâh Ja'far ibn Muhammad al-Çâdiq a dit :
«Tout hadith qui ne concorde pas avec le Coran est faux.»(8)
Selon l'Imam al-Çâdiq, le Messager d'Allah a dit :
«Quiconque s'attache à ma Sunnah lorsqu'un différend surgit, aura la récompense de cent Martyrs.»(9)
On a demandé un jour à l'Imam 'Alî :
«Dis-moi ce que sont la Sunnah, l'hérésie, l'unanimité et la division.»
L'Imam 'Alî a répondu : «La Sunnah c'est ce que le Prophète avait promulgué, et l'hérésie c'est ce qu'on a apporté après lui. L'unanimité ce sont les tenants du Bon Droit même s'ils sont peu nombreux, et la division ce sont les tenants du faux même s'ils sont nombreux.»(10)
Selon l'Imam 'Alî :
«La Sunnah est en vérité deux Sunnah : une Sunnah obligatoire, dont l'observance s'impose, et une Sunnah non obligatoire, dont l'observance est vertu et l'abandon n'est pas péché.»(11)
Selon l'Imam al-Bâqir :
«Quiconque dépasse la Sunnah doit être renvoyé à la Sunnah.»(12).
Et :
«La Sunnah ne saurait être l'objet d'Analogie(13). Comment pourrait-elle l'être lorsqu'on sait que la femme qui a ses règles doit accomplir ultérieurement le Jeûne manqué alors qu'elle n'a pas à le faire pour la Prière manquée !»(14)
Selon l'Imam al-Çâdiq, citant la chaîne de ses ascendants paternels, l'Imam 'Alî a dit :
«Il y a derrière tout bon droit une Vérité, et derrière toute chose juste une Lumière. Donc tenez-vous-en à ce qui concorde avec le Livre d'Allah, et négligez ce qui s'oppose à la Sunnah du Messager d'Allah.».
Et :
«Que la Miséricorde d'Allah soit sur un homme qui rapporte les hadith du Messager d'Allah sans mentir, même si cela conduit les gens à s'écarter de lui.»(15)
Selon l'Imam 'Alî :
«J'ai entendu le Prophète d'Allah dire : "Si on vous rapporte de moi des hadith dont les parties sont parfois concordantes et parfois contradictoires, sachez que leurs parties contradictoires ne sont pas de moi, je ne les ai pas prononcées, même si on vous affirme que je les ai bien dites. Mais si le hadith qui m'est attribué est cohérent dans ses différentes parties, il est de moi, je l'ai prononcé. Celui qui m'a vu après ma mort [en rêve] est pareil à celui qui m'avait vu vivant.
Celui qui rend visite à ma tombe, je serai pour lui un témoin, et je témoignerai pour lui le Jour du Jugement."»(16)
L'Imam 'Alî dit un jour à Muhammad ibn Muslim:
«O Muhammad ! Lorsqu'un homme, qu'il soit pieux ou pervers, te relate un récit [hadith] qui concorde avec ce que dit le Coran, crois-y. Et lorsqu'un homme, qu'il soit pieux ou pervers, te relate un récit qui s'oppose à ce que dit le Coran, n'y crois pas.»(17)
Ces affirmations des Ahl-ul-Bayt nous permettent ainsi de comprendre sans ambiguïté quelle est leur conception de la Sunnah du Prophète, quelle est leur méthode d'en traiter, quelle relation ils établissent entre la Sunnah bénie et le Livre d'Allah, quel rôle il lui assignent dans la Législation, la promulgation des Lois, l'édification de la vie sociale et cultuelle de la Ummah.
De cette méthode normative, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
1- Toute parole, toute attitude et tout rapport attribués au Messager d'Allah doivent être comparés avec le Livre d'Allah, afin d'en vérifier le bien-fondé. Ce faisant, on considère comme faisant partie de la Sunnah tout ce qui se conforme au Livre d'Allah, et on rejette tout ce qui s'y oppose.
2- Le Coran et la Sunnah sont les deux sources de la Législation et de la promulgation des Lois, le critère des statuts, de la conduite et du système de la vie. Nous devons donc examiner tous les jugements jurisprudentiels et tous les concepts doctrinaux à la Lumière du Livre et de la Sunnah : ceux d'entre eux qui s'avèrent être fondés sur le Livre et la Sunnah feront partie de la Char'iah et de la Loi Divine, et nous nous devons de les appliquer et de les vénérer ; et ceux d'entre eux qui s'opposent au Livre et à la Sunnah doivent être considérés comme hérésie, égarement et faux.
3- Il y a une Sunnah prouvée, et il est catégoriquement établi qu'elle est effectivement le fait du Prophète, et qu'elle concorde parfaitement avec le Livre d'Allah. Cette Sunnah-là, nous devons la considérer comme le critère et l'instrument d'examen et de purification des récits et des hadith douteux ou incertains. C'est à la Lumière du Saint Coran et de cette Sunnah que nous pouvons accréditer ou discréditer des hadith à propos desquels nous n'avons pas de certitude.
Les différentes parties de la Sunnah du Prophète
Les Savants divisent la Sunnah en trois catégories :
1- Les dires : qui comprennent tout ce que le Prophète a dit, sous forme de hadith, de sermons, de testaments, correspondances, etc.
2- Les actes : c'est-à-dire tout ce que le Prophète a fait lorsqu'il traitait avec les gens ou accomplissait les actes d'adoration. Ainsi, tout acte accompli par le Prophète doit constituer pour nous un signe essentiel d'autorisation légale, étant donné que le Messager d'Allah ne peut en aucun cas commettre un interdit.
Mais la notion "d'autorisation" permet de diviser les actes du Prophète en deux catégories :
a) Al-Wujûb (obligation), c'est-à-dire les actes du Prophète que nous devons appliquer obligatoirement, tels que la Prière, le Pèlerinage, une attitude de Justice, etc. Ce genre d'actes équivaut pour nous à un acte exécutoire et à une obligation d'appliquer les statuts.
b) Des actes qui ne comportent pas un caractère obligatoire, mais indiquent la permission et l'autorisation.
Ce genre d'actes entre dans le cadre de l'acte "licite" et "autorisé".
Donc, les actes du Prophète nécessitent une interprétation qui nous permette d'en distinguer ce qui est obligatoire, ce qui est recommandé, et ce qui est autorisé. Il y a des uléma spécialisés qui se chargent de comprendre et d'interpréter l'"acte" dans la Sunnah, en recourant à des preuves, des présomptions et d'autres méthodes de fondements (uçûl).
3- L'approbation tacite (al-taqrîr) : qui consiste dans le silence du Prophète devant des actes que ses contemporains ont faits et dont il a pris connaissance sans les interdire. Par ces actes, il faut entendre les relations sociales et certaines conduites individuelles.
Le fait que le Prophète ne les ait pas réprouvés constitue donc une approbation et une acceptation qui permet d'incorporer ces actes dans la Sunnah.
Ces trois points nous permettent ainsi de voir quelle est la méthode des Ahl-ul-Bayt de traiter avec la Sunnah, de l'interpréter et d'en assurer la vérité.
La méthode de vérification et de preuve de la Sunnah
Les Savants de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt ont une méthode spéciale pour vérifier et démontrer l'authenticité de la Sunnah. Cette méthode a été définie par les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt, qui ont posé ses fondements et mis au point ses aspects.
Partant de ces fondements, les faqîh de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt ont défini une méthode de recherche scientifique (la méthode critique).
Pour eux, il n'y a pas une Sunnah dont ils devraient admettre l'authenticité à priori. Pour établir l'authenticité d'un hadith, ils mettent toujours le doute comme point de départ. C'est après avoir fait des recherches, des investigations et des examens qu'ils se permettent de se prononcer.
Ils étudient les hadith et les récits un par un, et lorsqu'ils se sont assurés de l'authenticité d'un hadith, ils l'adoptent comme moyen de déduction et de découverte de Lois, de statuts légaux et de concepts.
Et lorsqu'ils établissent qu'un hadith n'est pas authentique, ils le rejettent et refusent de l'appliquer.
C'est pour cela que les Savants de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt (les Imamites) ne reconnaissent pas l'existence de recueils de hadith absolument sains. Pour eux, tout recueil de hadith est sujet à la critique, à la vérification et à l'examen.
L'Ecole d'Ahl-ul-Bayt compte de nombreux recueils célèbres de "riwâyah" (récits) rapportés par les chaînes de transmetteurs des Ahl-ul-Bayt.
Citons, parmi les plus célèbres de ces recueils :
1- "Al-Kâfî", d'al-Kulaynî,
2- "Al-Istibçâr", d'al-Tûsî,
3- "al-Tah-thîb", d'al-Tûsî,
4- "Man lâ Yah-dharoho-l-Faqîh", d' al-Çadûq
5- "Wasâ'il al-Chî'ah", d'al-Hor al-'Amilî,
6- "Bihâr al-Anwâr", d'al-Majliçî.
Les uléma de l'Ecole imamite d'Ahl-ul-Bayt, et tous les Savants qui suivent la méthode des Saints Imams d'Ahl-ul-bayt dans les études de Législation et de connaissances islamiques, soumettent tous les hadith figurant dans ces recueils à vérification. Ils ont invalidé nombre d'entre eux après les avoir soumis à un examen critique, objectif et scientifique.
D'une façon similaire, ils soumettent les autres recueils de hadith appartenant à d'autres Ecoles juridiques musulmanes, tels que "Çahîhal-Bukhârî", "Çahîh Muslim", "Sunan Abî Dâwûd", "Kanz al-'Ummâl", etc. à l'examen critique et à leur méthode de vérification.
Ces uléma examinent les hadith et les récits selon les critères suivants:
1- L'examen du "sanad" (chaîne): Par "sanad" on entend la chaîne de rapporteurs d'un hadith ou d'un récit. Ils font un effort considérable pour vérifier l'honnêteté des rapporteurs en s'appuyant sur la "science des hommes", laquelle leur permet de connaître la personnalité de chaque rapporteur et de savoir s'il est, ou non, digne de confiance, et ce abstraction faite de son appartenance à telle ou telle autre Ecole juridique musulmane. Ce qui les intéresse dans leurs investigations, c'est avant tout l'intégrité morale et la véracité du rapporteur. Et ils établissent cette intégrité et cette véracité en s'appuyant sur des détails et des règles déterminés dans les recherches des fondements du Fiqh.
2- La vérification du "matn" : par "matn", on entend le texte ou le contenu du hadith. Les uléma examinent donc le texte du hadith, pour s'assurer que son contenu ne contredit ni le Livre d'Allah, ni une Sunnah prouvée, ni une vérité établie par la Législation sacrée, telle que la Vérité rationnelle absolue.
Une fois la justesse du "sanad" et du "matn" établie par les uléma, ceux-ci admettent et reconnaissent la véracité du hadith, sans se soucier du recueil de hadith dans lequel il est cité.
Ainsi, dans la méthode des faqîh et des uléma imamites de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt :
1- Il n'est pas question d'adopter ou de refuser globalement un recueil de hadith sains.
2- Le hadith relaté par un rapporteur est admis à condition que ce dernier soit véridique et digne de confiance, et abstraction faite de l'Ecole juridique dont il est issu ou adepte.
Cette vérité apparaît dans toute son évidence et toute sa clarté pour quiconque étudie les livres des fondements du Fiqh, les "livres des hommes" et les livres de la "Jurisprudence de raisonnement"(18) des Chi'ites imamites.
La méthode scientifique et critique en question contribue ainsi à la sauvegarde de l'authenticité et de la pureté de la Législation, et à l'unité des Musulmans en les incitant à s'éloigner du fanatisme, de l'ignorance et du sectarisme, étant donné que dans une méthode scientifique critique - qui se caractérise par l'objectivité et l'intégrité - il n'y a de place ni pour le fanatisme, ni pour le sectarisme.
Notes :
1. Faqîh : Jurisconsulte, Savant religieux.
2. Zayn al-Dîn al-'Amîlî, "Al-Dirâyah", p. 113, imprimerie al-Nu'mân, Najâf (Iraq).
3. Sourate al-Anbiyâ', 21 : 101.
4. Muhammad Bâqir al-Bahbûdî, "Çahîh al-Kâfî", tome I, p. 8, éd. 1401 h.
5. Ibid., p. 9.
6. Ibid., p. 11.
7. Ibid.
8. Ibid.
9. Al-Tabarsî, "Mach-kât al-Anwâr", Chap. "Al-Akhth bil-Sunnah".
10. Ibid.
11. Ibid.
12. Ibid.
13. Analogie (qiyâs) signifie ici une méthode par laquelle certains savants religieux tentent de promulguer des statuts en faisant l'analogie entre une situation nouvelle et une situation comparable passée dont on connaît le statut légal.
14. Ibid.
15. Ibid.
16. Ibid.
17. Al-Tabarsî, "Mach-kât al-Anwâr", Chap. "Al-Akhth bil-Sunnah".
18. Al-Fiqh al-Istidlâli.
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