A peine que Fatima, la fille du Prophète (Paix sur eux tous), a convolé en justes noces, son père voudrait déjà savoir si son gendre, Ali (Paix sur lui), est satisfait de la vie, et de sa jeune épouse et s’il y avait un quelconque problème ou dispute, afin de l’aplanir le plus tôt avant que la situation ne s’envenime.
 Et Il voudrait en outre faire profiter à ce jeune couple de son expérience personnelle. Pour ce faire, il fait venir l’Imam Ali (Paix sur lui).
- "کیف وجدت اهلک؟" (Comment trouves-tu ton épouse ?), lui demande-t-il.
- "نعم العون علی طاعه الله" (Elle est la meilleure assistance dans la soumission à Dieu.) déclara l’Imam Ali en guise de réponse.[1]
L’obéissance à Dieu, le but du mariage d’Ali (Paix sur lui)
Dans cette courte phrase, l’imam Ali (Paix sur lui) définit avec élégance le but de sa vie conjugale. En effet, chaque personne poursuit un objectif bien déterminé lorsqu’elle se marie, fonde un foyer et une famille, lequel objectif se reflète dans ses cousis quotidiens. L’un cherche par exemple à satisfaire ses besoins sexuels ; l’autre s’engage dans le mariage avec en tête l’amour et la tendresse ; tandis que celui-là d’autre espère échapper à la solitude, ne pas être en proie à la dépression et à l’angoisse et trouver la quiétude et la paix du cœur. De même, un autre veut avoir carrément le tout à la fois, ce qui est un peu difficile à réaliser. Et le plus intéressant est que certains aspirent plutôt au bien-être matériel en lorgnant tout simplement la fortune du conjoint. L’un aspire à la prospérité, tandis que l’autre ne rêve que de quiétude.
Les mobiles qui poussent chacun au mariage renseignent à suffisance sur sa préoccupation et sa philosophie quant à la vie. Bien entendu d’aucuns font semblant en cachant ce qu’ils ont dans le cœur et leurs vraies motivations. Ils prétendent autre chose ou changent carrément à la longue, quitte à dépeindre totalement leur mariage en lui donnant toute une autre couleur en se détournant de l’objectif initial. Quoiqu’il en soit personne ne trompe sa propre conscience, et quoi qu’il déclare, il sait pertinemment dans son for intérieur de quoi il en est question, quels que soient les arguments que l’on avance.
De par la réponse que le Commandeur des croyants Ali a donné au Noble Prophète (Paix sur eux tous), on peut bien connaitre le sens qu’il donne à la vie. Et c’est sur la base de cette philosophie que l’on peut se tracer une ligne de conduite.
En scrutant le Saint coran, mais aussi l’histoire et les hadiths, il devient évident qu’Ali et Fatima (Paix sur eux tous) étaient semblables l’un à l’autre et avaient la même philosophie en ce qui concerne la vie. Dans toute une série de versets Dieu dit que les deux sont de la même nature que le Prophète et que leur pensée et style de vie sont les mêmes. De ce fait on peut dire qu’ils sont l’incarnation même du Saint coran.
Dans l’expression de sa philosophie de la vie qu’il fait paraître à travers sa réponse au Prophète, le Commandeur des croyants (Paix sur eux tous) reconnait la soumission à Dieu comme étant le seul but de sa vie ; et, à cet effet, il définit la vie conjugale comme étant le meilleur moyen pour une telle entreprise et son épouse comme étant la meilleure assistante dans l’obéissance à Dieu et la réalisation de sa conception de la vie.
C’est ainsi que cette famille s’investit corps et âmes sur la voie que lui trace sa philosophie de la vie, et, dans cet objectif, ils sont l’un pour l’autre à la fois aide et compagnon, et s’assistent mutuellement dans les bonnes œuvres et la soumission à Dieu.[2]
Et parce que Fatima (Paix sur elle) savait avec pertinence qu’elle devait mener sa vie en tant qu’aide et secours dans la soumission à Dieu, elle n’entreprenait jamais rien qui obligerait son mari, l’Imam Ali (Paix sur lui) à se détourner de l’obéissance à Dieu.
Une démonstration de la soumission à Dieu
Un jour l’Imam Ali (Paix sur lui) était rentré à la maison, il vit que Fatima (Paix sur elle) avait le visage tout pâle. Et lorsqu’il lui en demanda la raison, elle lui apprit qu’il n’y avait rien à manger à la maison. L’Imam Ali (Paix sur lui) lui reprocha alors de ne l’avoir pas informé afin qu’il achète des provisions. Mais Fatima (Paix sur elle) lui avoua qu’elle avait honte devant Dieu de lui demander quelque chose au-dessus de ses moyens.
Ceci signifie que Fatima (Paix sur elle) avait une parfaite connaissance de la situation de son mari et savait que si il en avait les moyens, il aurait, sans aucun doute, fait pour elle et que si il n’avait rien rapporté, c’était certainement parce qu’il était démuni. Ainsi, elle n’était pas prête à faire à son époux une demande qui l’aurait surement embarrassé.
La spécificité de cette famille dont le style et la philosophie de la vie ont été définis par Dieu comme un modèle pour les couples et les croyants dans la sourate L’homme (76) et que Dieu a désigné dans le Saint coran, en l’occurrence dans cette même sourate, comme les gens du paradis, démontre que la vie familiale devrait prendre forme sur la base de la soumission à Dieu ainsi que la recherche de son approbation et de son agrément. Ainsi, ils s’efforçaient de ne faire aucun pas vers la désapprobation, le désagrément et la désobéissance à Dieu, mais en revanche de faire plutôt en sorte de s’aider l’un et l’autre dans la soumission et la satisfaction de Dieu.
Notes :
[1]. Bihâr ul anwâr, tome 43, page 117.
[2]. Sourate L’homme (76).