Parcours d’un jeune chrétien en quête de vérité (deuxième partie)
Au nom d’Allah, le Très miséricordieux, le Tout miséricordieux
Louange à Dieu, le vénéré par excellence, et que Sa prière et Sa paix soient sur Ses envoyés, Ses prophètes et Ses amis.
L’Islam et le Coran
Eliezer: Je ne veux surtout pas me tourner vers l’Islam, de crainte de le trouver meilleur, d’abord par la limpidité de son monothéisme, la probité de son savoir et la droiture de ses enseignements; ensuite parce qu’il échappe à tous les vices, mensonges et autres dénigrements qui remettent en cause la majesté de Dieu et la sainteté des prophètes, en somme, tous les défauts qui tapissent l’Ancien et le Nouveau Testament. Mais à l’idée que cette même religion s’est imposée par la force de l’épée et par la prédominance de la cruauté, je ne peux que m’en détourner et la rejeter; ainsi, ma relation avec la religion chrétienne et ma foi en Jésus-Christ, de même que mon amour pour lui restent intacts. Pourtant, cela ne m’apporte ni satisfaction, ni réconfort, car après ce que vous m’en avez appris, l’envie d’en savoir plus me harcèle constamment, telle une obsession. Alors, Monsieur le curé, permettez vous que nous nous penchions sur le sujet sans plus tarder et que nous regardions de plus près l’Islam et son Livre? Evidemment, nous attendons beaucoup de votre inestimable savoir et votre connaissance du domaine. C’est pourquoi nous vous serons reconnaissants de nous en parler ouvertement.
Le prêtre: Je suis heureux de constater que votre attachement à la religion chrétienne ne modère pas votre enthousiasme pour la découverte des autres religions. Mais sachez que vous venez d’ouvrir plusieurs sujets et tous ont besoin d’éclaircissement. Je crains fort que le temps et les conditions ne permettent point de les aborder tous comme ils le méritent.
Eliezer: J’ai entièrement confiance en votre capacité à nous mener sur le chemin de la vérité et à nous ouvrir les portes de ses secrets, afin de dissiper de nos esprits le brouillard du doute et nous libérer de notre perplexité. Croyez-moi, Monsieur le curé, je ne connais rien de plus sublime que le bonheur de la conviction. Hélas, c’est une quiétude que je ne me vois malheureusement pas connaître de si peu, car à vous voir, vous semblez tellement réservé à l’idée de nous aider à découvrir la vérité, toute la vérité, même si je ne vous trouve pas de ceux qui aiment cultiver le secret par égoïsme, ni de ceux qui se plaisent à priver l’ignorant de la lumière du savoir. J’ai seulement le sentiment que vous ne nous trouvez pas encore suffisamment perméables à une nouvelle conception des choses, et que vous attendez pour cela le moment opportun, quand nos esprits seront plus ouverts. Mais la vie est si courte, monsieur le curé, et je ne pense pas que l’occasion me sera donnée de m’instruire après ma mort. En tous cas, si c’est une éventuelle réaction fanatique que vous craignez de notre part, je tiens à vous rassurer: n’avons-nous pas entendu des vertes et des pas mûres sur les deux Testaments? Nous avons pourtant, me semble-t-il, fait preuve de responsabilité et de bon sens aux moments les plus difficiles de nos discussions, et Dieu sait s’il y avait matière à perdre notre calme, étant donné la nature révoltante de ce que nous entendions.
Le prêtre: Je m’en rends compte, Eliezer, et venant de votre part, je n’en attendais pas plus pour être rassuré. Eh bien, pour commencer: concernant ce que vous avez évoqué sur la clarté du monothéisme tel que revendiqué par l’Islam, la probité de son savoir et la droiture de ses enseignements, de même que les directives émanant du Coran, il ne suffira sûrement pas que je vous réponde par « oui, vous avez raison », ou « non, vous avez tort », car trancher sur ces questions requiert au préalable une bonne connaissance des fondements de l’Islam, son Coran et son histoire.
Par ailleurs, le Coran déborde d’un savoir qu’il serait imprudent et prétentieux d’investir sans l’assistance d’un savant musulman, capable de nous démontrer par le Coran ce dont notre ignorance nous sépare. Mais avant, ce serait une erreur que d’ignorer les raisons, somme toutes personnelles, qui sont derrière votre rejet de la religion islamique. Celles-là, mon cher Eliezer, pourront faire entre nous, l’objet d’une recherche philosophique et historique, et c’est une recherche facile qui est à notre portée.
L’Islam des premiers temps
Je crois que le moment est venu pour toi, Emmanuel, de montrer à ton
père ce que tu sais de l’histoire de l’Islam, de ses débuts jusqu’à son expansion, mais à la seule condition que tu ne rapportes que ce qui est conventionnel et consigné dans l’histoire, et pas ce qui distingue un auteur des autres.
L’appel à l’Islam
Emmanuel: Ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Islam savent toute la laideur et la barbarie qui caractérisaient l’environnement de l’Arabie préislamique. Sur le plan religieux, un paganisme des plus vicieux régnait sans partage, pendant que socialement le chaos dominait: dureté des traditions, sauvagerie, cruauté, injustice, persistance des guerres et du brigandage, etc… Chaque tribu était jalouse de son indépendance qu’elle exprimait par un chauvinisme intolérant et xénophobe, au point où chaque tribu, pour ne pas être subordonnée à une autre, possédait jusqu’à son propre dieu. Ce climat primitif perdura pendant des générations. C’était une époque où le monde hésitait entre les pratiques païennes d’un côté, et de l’autre, la trinité, l’incarnation de la divinité et l’adoration des icônes. Et s’il arriva que le mot « monothéisme » circulait par le biais de quelques langues, il n’en reste pas moins qu’il n’était pas entendu au sens qui était vraiment le sien. Repensez donc aux conceptions métaphysiques usitées dans la Torah, qui sont inspirées de valeurs païennes qu’on ne peut associer à la majesté de Dieu.
C’est au milieu de cette dégénérescence des valeurs et en l’absence de toute assise spirituelle qu’est apparu l’envoyé du Tout-puissant, le prophète Mohammed (a.s.s) qui appellera à l’Islam et au véritable monothéisme. Il exhorta les Arabes à se détourner de leurs idôles, à abandonner leurs coutumes barbares et leur immoralité, à se soumettre à la justice de la civilisation et à se parer d’une meilleure éducation.
Pour les arabes, ceci était bien sûr inacceptable, car cette démarche s’attaquait de front à leurs convictions et sonnait le glas de leurs privilèges sociaux, économiques et politiques. C’est en toute logique qu’ils mobilisèrent sans tarder tous leurs moyens, espérant étouffer dans l’œuf la nouvelle religion, et c’est dans des conditions de persécution extrêmement éprouvantes que le prophète de l’Islam mènera sa mission dans la Mecque, treize ans durant, et ne l’entamera au sein du large public que trois ans après sa vocation, période durant laquelle il se contentera de prêcher dans la clandestinité. Après quoi, il révéla son message au grand jour et se mit à le transmettre à haute voix dans toutes les assemblées, durant les saisons de pèlerinage, dans les marchés et sur toutes les places, appelant à adorer Dieu le Seul et Unique, vantant l’Islam et ses valeurs, récitant le Coran, conseillant tout le monde, annonçant la bonne nouvelle et mettant en garde contre le châtiment. Il suivit son chemin d’un pas déterminé, sans craindre le tyran, ni mépriser le vagabond, usant d’un même discours autant à l’endroit du noble, que du pauvre, de la femme ou de l’esclave. L’appel de Mohammed (a.s.s) ne tarda pas à se répandre dans toute la Mecque et ses environs, ainsi que dans beaucoup d’autres localités qui étaient en contact avec elle, particulièrement pendant le pèlerinage, saison durant laquelle la Mecque devenait la destination privilégiée et le cœur battant de l’Arabie. C’est ainsi que beaucoup furent gagnés à la nouvelle religion.
Dès lors, ceux qui ont suivi le Prophète Mohammed et embrassé l’Islam ont dû subir toutes les formes de répression et d’humiliation. Expulsés de leurs maisons par la violence, ils furent contraints de quitter leur terre et partir en quête de cieux plus cléments, jusqu’en Abyssinie pour certains. Que de nobles, aimés et respectés au sein de leurs familles et de leurs tribus, se retrouvèrent opprimés et avilis à cause de leur islamité! Mais cela était loin de briser la détermination des croyants et de les détourner de l’Islam: ni le noble ne craignait le rabaissement, ni le misérable ne craignait le supplice, tous trouvant dans leur islamité noblesse et honneur, vie et bonheur.
C’est dans ce climat de terreur qu’à la cinquième année un important groupe de croyants émigra en Abyssinie, pendant que ceux qui restèrent à la Mecque continuèrent de subir les pires sévices. Pourtant l’affluence des gens vers l’Islam n’en sera que plus grande. Pendant que Mohammed (a.s.s) était encore à la Mecque, plusieurs tribus finirent par croire en lui et en sa religion. Ce fut le cas des tribus: al-Aws, al-Khazraj, Ghaffar, Mazina, Jahina, Aslam et Khouzaa.
Quant à Mohammed, hormis son appartenance à l’une des familles les plus nobles de Qoraych, il était surtout connu pour sa droiture et son honnêteté, si bien que les païens de Qoraych et les Arabes déposaient chez lui leurs épargnes et ce, jusqu’à son départ de la Mecque. Malheureusement, cela ne lui épargna pas d’être, à cause de sa religion, la cible de toutes les méchancetés, des sarcasmes, des démentis et de la mise en quarantaine, lui et tous ceux de sa famille. Mais la mission des prophètes étant de changer l’ordre établi, il persévéra dans sa voie en endurant les difficultés et les souffrances. Il ne vivait que pour la diffusion de l’Islam, la protection du monothéisme et l’abolition du paganisme, jusqu’au jour où ses ennemis se liguèrent pour organiser son assassinat. Alors, craignant pour le sort de sa mission sacrée, cette réforme multidimensionnelle qu’il venait à peine de lancer, il décida de quitter son pays natal, la Mecque, et s’émigra à Médine pour poursuivre son projet. C’est là qu’avec les partisans déjà nombreux qui l’attendaient, il organisa le premier noyau social musulman. Le modèle ne tarda pas à séduire beaucoup parmi les Arabes qui finirent par embrasser la nouvelle religion. C’est notamment le cas des tribus du Yémen, de Hadrumète et de Bahreïn. Il est utile de souligner que toutes les tribus qui entrèrent en guerre contre le Prophète ont compté des membres qui ont choisi l’Islam de plein gré. Pendant que certains l’ont clamé haut et fort, d’autres ont préféré le garder secret.
Les guerres du prophète de l’Islam
Si comme vous dites, cher père, le Prophète Mohammed a connu de nombreuses guerres, l’histoire ne manque pas d’en citer les causes. Finalement, aucune des guerres qu’il a dû mener n’a été motivée par l’unique raison de l’appel à l’Islam, même si cela était licite pour la réforme religieuse, pour faire tomber les régimes injustes, abolir les traditions barbares et cruelles et pour instaurer l’ordre de la justice, de la civilité et du progrès. Malgré tout, le Messager de Dieu ne se laissa pas entraîner dans cette logique de conflit et d’agression, car la noblesse de sa mission lui dictait une toute autre voie: celle de la sagesse. C’est ainsi qu’il consacra sa vie à guider les hommes vers Dieu par le prêche, le dialogue et le bon conseil et demeura sur cette conduite vertueuse en application à l’ordre qui lui est signifié à travers le verset 125 de la sourate an-Nahl (les Abeilles): « Appelle à la voie de ton Seigneur avec sagesse et par de persuasives exhortations. Sois modéré dans ton discours avec eux. Du reste, c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’écarte de sa voie, comme il connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. ». De ce fait, toutes ses guerres contre les païens, injustes oppresseurs, n’ont eu d’autre souci que la défense de cette cause: l’unicité divine, le code de la réforme et le droit des musulmans.
En dépit de l’oppression constante qui ciblait le prophète de l’Islam, Mohammed (a.s.s), sa réaction était toujours pacifique, privilégiant les solutions de paix à celles de la guerre et ce, jusque sur le champ de bataille où il n’adoptait le langage des armes qu’en l’absence d’espoir de conclure un accord. C’est une réalité que les livres d’histoires confirment, pour chacune de ses guerres et de ses conquêtes.
La bataille de Badr
La première des guerres que dut mener le Prophète après son départ de la Mecque se déroula en l’an 2 de l’hégire; c’est celle de Badr. Elle fut provoquée par les persécutions qui s’abattaient sur les musulmans restés à la Mecque et sur ceux qui montraient des dispositions à adopter l’Islam. Ils étaient même empêchés de quitter la Mecque à leur tour, chaque fois qu’ils s’apprêtaient à le faire pour rejoindre le Prophète. C’est ainsi qu’étaient châtiés ceux qui quittaient le paganisme et tous les moyens étaient mis à contribution pour les faire revenir à leurs anciennes pratiques et à leur égarement.
Mohammed avait la réputation d’un homme pacifique que la guerre écœurait. Ses ennemis le savaient et cela les poussa à redoubler de férocité à l’encontre des musulmans. C’est pourquoi il décida de les en dissuader, en commençant par s’attaquer à leurs caravanes. Il savait qu’en leur coupant leurs relations commerciales avec les pays du Nord, les Mecquois seraient isolés et toute leur économie serait mise en péril. Il le fallait donc pour les contraindre à renoncer à leur attitude criminelle contre les musulmans et pour qu’ils les laissent quitter la Mecque en toute liberté. Mohammed (a.s.s) rassembla donc en tout trois cent treize hommes sous-équipés, ne disposant, pour tout armement, que de quelques épées et seulement soixante-dix chameaux sur lesquels les hommes se relayèrent. C’est cette armée là que le Prophète mit en mouvement pour intercepter une caravane de Qoraych qui revenait du Nord (région du Cham). Le chef de la caravane, Abou Soufiane, informé du projet des musulmans, s’empressa de demander l’aide de Qoraych qui ne tarda pas à mettre sur pied une armée d’environ mille hommes armés jusqu’aux dents. Finalement, la caravane échappa aux compagnons de Mohammed, mais cela n’était guère pour satisfaire les chefs de Qoraych. Comptant sur leur supériorité numérique et leur arsenal, ils décidèrent, contre l’avis de leurs sages, de lancer une expédition punitive contre les musulmans. C’est ainsi que les deux armées se rencontrèrent en un lieu appelé Badr et la victoire revint aux musulmans qui infligèrent aux Qoraychites une humiliante défaite en tuant soixante-dix de leurs meilleurs hommes et en faisant prisonniers soixante-dix autres.
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