Crimée: le gouvernement et le parlement occupés par des militants pro-Russes
Des forces d'autodéfense pro-Russes ont pris le contrôle du gouvernement et du parlement de la république autonome ukrainienne de Crimée, rapporte jeudi le correspondant de RIA Novosti sur place.
Auparavant, un porte-parole du Conseil suprême (parlement) de Crimée a fait savoir à l'agence que le parlement et le gouvernement régionaux avaient été occupés "par des inconnus".
Des drapeaux russes ont été hissés sur les deux bâtiments. Selon le correspondant de RIA, des unités d'autodéfense russophones se forment dans plusieurs villes de la Crimée et se dirigent vers Simferopol, capitale de la république.
De son côté, l’AFP a rapporté citant l'agence Interfax qu'une trentaine d'hommes équipés d'armes automatiques avaient tiré vers les fenêtres de ces bâtiments, sans faire de blessés, vers 04H20 (02H20 GMT), avant d'y pénétrer.
La prise de ces locaux, à proximité desquels des milliers d'opposants favorables et opposés au nouveau pouvoir pro-européen s'étaient affrontés mercredi, a été confirmée à l'agence par le service de presse du parlement.
Selon un journaliste de l'agence, les locaux ont été barricadés et sont encerclés par la police.
Le président ukrainien par intérim met en garde la flotte russe
En réaction, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a mis en garde jeudi la flotte russe de la mer Noire contre toute "agression militaire".
"Je m'adresse aux dirigeant militaires de la flotte de la mer Noire: tous les militaires doivent rester sur le territoire prévu par les accords. Tout mouvement de troupe armé sera considéré comme une agression militaire", a-t-il déclaré au parlement.
La Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine, continue d'héberger la flotte russe de la mer Noire dans ses quartiers historiques, la ville portuaire de Sébastopol.
Pour sa part, le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov, a annoncé la mise en alerte de l'ensemble de la police, dont les forces spéciales.
Cette mesure, avec l'encerclement du quartier du parlement à Simféropol par les forces de l'ordre, est destinée à éviter "un bain de sang parmi la population civile" et "l'évolution de la situation en affrontements armés", a indiqué M. Avakov sur sa page Facebook.
"Les provocateurs sont en marche", a-t-il ajouté. Il faut garder "la tête froide".
La Crimée, d'abord appartenant, au sein de l'URSS, à la Russie, a été rattachée à l'Ukraine en 1954. Elle continue d'héberger la flotte russe de la mer Noire dans ses quartiers historiques, la ville portuaire de Sébastopol.
Les pro-russes réclament la tenue d'un référendum sur le statut de la Crimée, dans le sud de l'Ukraine, en proie à des tensions séparatistes qui se sont accrues depuis la destitution par l’opposition pro-occidentale la semaine dernière du président Viktor Ianoukovitch.
Un plan d'investissements russe de 5 mds USD pour la Crimée
Au niveau économique, le gouvernement russe a préparé un programme d'investissements de cinq milliards de dollars pour les entreprises russes en Crimée, a rapporté jeudi le quotidien russe Kommersant.
Ce plan a été mis sur pied après l'adoption en décembre d'un plan de sauvetage financier de l'Ukraine par la Russie prévoyant un renforcement de la coopération économique entre les deux pays, indique le journal.
Mais le ministère de l'Economie s'est officiellement adressé cette semaine à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Russie afin de réunir les entreprises intéressées et la dernière version du projet prévoit un volet séparé pour la Crimée, région à majorité russophone au bord de la mer Noire, contrairement aux précédentes.
"La Crimée est traditionnellement un territoire attractif pour les investisseurs russes", a expliqué à Kommersant un responsable du ministère de l'Economie, Alexandre Tsyboulski.
Selon le journal, le programme d'investissements prévoit notamment 1,2 milliard de dollars pour la construction d'un pont ou tunnel à travers le détroit de Kertch entre la Crimée et la Russie, 1,4 milliard de dollars pour la reconstruction d'une autoroute à travers la Crimée et 1,8 milliard de dollars pour les ports de la région.
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