L'islam chiite (4)

L'islam chiite (4)

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Grâce au Nom de Dieu le Tout-Miséricordieux et Très-Miséricordieux, chers auditeurs, comme son titre l’indique, cette nouvelle série d’émission a pour but de répondre à une question que nombre d’entre vous se posent ou se sont posée et pour laquelle ils n’ont sans doute pu trouver à ce jour de réponse les satisfaisant pleinement : qui sont donc ces « shiites » dont personne ou presque ne connaissait le nom ni ne soupçonnait l’existence jusqu’à il y a trente ans ? Certes, des événements politiques déterminants des trente dernières années, de la Révolution islamique d’Iran au renversement de Saddam Hussein en passant par le conflit central du Proche-Orient et les stupéfiantes victoires du Hezbollah sur l’armée jusque là réputée invincible de l’occupant sioniste, tous ces événements qui ont changé la donne internationale ont été l’occasion de voir se multiplier les livres, articles et émissions de journalistes, orientalistes, islamologues, politologues et autre spécialistes. Pourtant, à ce jour, aucun livre écrit en français, et pas même leur ensemble, ne permet de se faire une idée juste de ce qu’est l’islam shiite.
Étourdis plus qu’éclairés par une quantité d’informations et d’affirmations disparates, pour ne pas dire contradictoires, on n’arrive pas à mieux comprendre ce que sont les shiites et ce qu’est ce « shiisme » dont ils se réclament et par quoi ils désignent la manière de comprendre et de vivre l’islam qui leur est propre : un ensemble de doctrines et de pratiques, une « vision du monde » et un « être au monde » qui leur sont spécifiques, en quoi ils se reconnaissent et par quoi ils se distinguent. Même le livre au titre explicite de Qu’est-ce que le shiisme ? de Christian Jambet et Mohammad ‘Alî Amîr-Moezzi, est loin de remplir sa promesse, puisqu’il ne fournit pas à la question posée une réponse en laquelle le commun des shiites pourrait se reconnaître.
Or, tel est pourtant bien le seul et unique critère définitif pour juger de la présentation d’une religion, voire d’une doctrine quelle qu’elle soit, à savoir que ceux qui y adhèrent puissent dire de cette présentation : « Voilà ma religion : c’est bien là ce que je crois et c’est ce que je vis. » Le problème est donc qu’aucun shiite contemporain, tant iranien qu’arabe, turc, indo-pakistanais, africain ou autre, ne saurait pleinement reconnaître sa religion, ou tout au moins ce qui en est fondamental et qu’il partage avec tous ses coreligionnaires, dans aucun des livres en français sur le shiisme.
Que l’on s’entende bien : il n’est pas question de dire que ces livres ne comporteraient pas de véritables informations sur le shiisme et les shiites. C’est presque du contraire qu’il s’agit, à savoir que les études approfondies d’un côté et les ouvrages de vulgarisation de l’autre véhiculent une quantité d’informations qui, soit sont superficielles ou secondaires et ne relèvent pas, ou seulement de manière accidentelle, des choses que partagent entre eux les shiites et qui font spécifiquement d’eux des shiites ; soit sont au contraire trop « techniques » et spécialisées pour relever de ce que connaît le commun des shiites et en quoi il se reconnaît. Entre l’événementiel sans grande importance et l’exploration de strates oubliées ou méconnues, manque l’essentiel qui constitue précisément le shiisme. Pour être plus clair, risquons quelques comparaisons.
Si une personne de culture non chrétienne — un musulman ou un bouddhiste par exemple — entend se renseigner sur le christianisme en général ou sur une de ses branches, comme le catholicisme ou le protestantisme, en particulier et qu’on lui fournisse à cette fin un certain nombres d’ouvrages traitant les uns de la scolastique et de la mystique médiévale et de la vie et des écrits de saints comme Thomas d’Aquin ou Jean de la Croix ; d’autres de l’institution ecclésiastique, de son histoire, marquée par les grands conciles œcuméniques, tels ceux de Nicée, Latran ou Chalcédoine, et les positions théologiques déterminantes qui y furent débattues, ou du fonctionnement de l’Église catholique, avec ses hiérarchies d’évêques, archevêques, nonces, diacres et autres chanoines ; d’autres encore de la situation historique de la Palestine au moment de la vie du Christ, avec les divers courants et sectes qui traversaient le judaïsme de l’époque et des nouveaux éclairages que donnent à ce propos les fameux manuscrits de la Mer Morte ; d’autres enfin de patristique ou d’hérésiographie, évoquant les vies et doctrines des Pères de l’Église et leurs combats des hérésies qui marquèrent l’histoire du christianisme naissant, ou encore la littérature évangélique apocryphe issue des premières communautés chrétiennes ; etc. etc.
Dans chacun de ces domaines, qui ne représentent qu’un minuscule aperçu de l’immensité des champs d’investigation concernant le christianisme, on peut remplir des pages entières de bibliographies d’ouvrages, tous plus sérieux les uns que les autres, qui combleront leur lecteur d’une somme considérable d’informations de la plus grande importance. Mais pour notre ami, qui ne connaît rien du christianisme ni du catholicisme, que lui diront ces ouvrages de ce que croient et vivent les chrétiens ou les catholiques qui sont ses contemporains ?
Que connaîtra-il d’eux par leur lecture s’il en apprend sur leur religion quantité de choses dont eux-mêmes n’ont pour la plupart pas la moindre idée, mais qu’il n’y trouve rien sur ce qu’ils croient et vivent en tant que chrétiens, ce que signifient pour eux Noël ou Pâques, ce qu’ils font dans leurs églises et leurs cérémonies, comment et qui ils prient et ce que sont pour eux la messe, la confession et la communion… ; s’il ne sait pas quels sont leurs rapports avec leurs prêtres et ce que sont pour eux ces prêtres, comment ils se marient et considèrent le mariage — est-il pour eux un contrat ou un sacrement — et quelles en sont les conséquences ; comment ils envisagent et leur vie et leur mort, du baptême à l’extrême onction, et leur survie après la mort… ; et avant tout et plus que tout cela encore, s’il ignore comment ils pensent Dieu et son rapport au monde et leur rapport à Lui, ce que sont pour eux Jésus-Christ et sa mère Marie, Adam et Ève, Noé, Abraham et Moïse, Juda, Pierre ou Marie-Madeleine, et les autres personnages importants des Ancien et Nouveau Testaments ; ce qu’ils lisent dans les Évangiles et les Épîtres de Paul, dans l’Apocalypse et les Actes des Apôtres, pour autant qu’ils les lisent, ou alors ce qu’on leur en dit…

irib.ir

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