La croissance et le progrès de la jurisprudence chiite à l’époque des jurisconsultes scolastiques
Pendant les différentes périodes de sa longue histoire, la jurisprudence chiite a connu par intervalles des courbes ascendantes et des courtes descendantes.
Pendant une période importante du point de vue jurisprudentiel, la culture chiite a été dominée par l’école des savants et des rapporteurs de hadith, école fortement marquée par une tendance pour l’apparence et les significations exotériques des principes religieux. En effet, à partir de l’an 260 de l’hégire, la période où les jurisconsultes et les experts en matière des hadiths pouvaient avoir un accès direct à l’imam immaculé, a touché à sa fin. C’est la raison pour laquelle, les savants religieux chiites n’avaient désormais d’autres choix que de prendre le chemin de l’Idjtihad (effort rationnel de déduire les principes religieux à partir du Coran et de la Sunna) et de se servir des moyens et des instruments jurisprudentiels qu’il mettait à leur disposition. Cependant, il faut souligner ici qu’à l’époque des vénérés imams chiites _que la paix divine soit sur eux_, leurs disciples et compagnons procédaient, de temps en temps et à diverses circonstances, à la pratique de l’Idjtihad, et ce d’autant plus que les vénérés imams chiites encourageaient leurs disciples à le faire. Mais il est à noter qu’en présence des saints imams, les méthodes de l’Idjtihad étaient plutôt simples et élémentaires, en raison de l’accès direct à la parole authentique des imams, ce qui empêchait naturellement un vaste recours intellectuel aux arguments complémentaires et aux présomptions hypothétiques.
Après la fin de la période de la présence de l’imam immaculé, la jurisprudence chiite a connu l’apparition de différentes écoles et tendances : certains savants et jurisconsultes chiites se sont contentés de l’apparence exotérique des hadiths. Ils ont ainsi ignoré l’importance des méthodes de l’Idjtihad et de son outillage performant pour la déduction rationnelle. Parmi eux, nous pouvons citer le savant chiite Abol-Hossein Ali ibn Abdallah ibn Wasif Nâchi, alias Ali ibn Wassif.
Ali ibn Wassif est né en 271 de l’hégire et il s’est éteint en l’an 365 ou 366 de l’hégire. Il était un poète habile et éloquent, mais aussi un jurisconsulte chiite, disciple de l’école de l’Ahlulbeit (les saints descendants du Prophète), et avait fondé sa jurisprudence sur un appui très fort et excessif sur l’apparence exotérique des hadiths.
A propos de la personnalité scientifique d’Ali ibn Wassif et sa méthode de déduction et d’argumentation jurisprudentielle, le défunt Cheikh Toussi a écrit : « Ali ibn Wassfi Nâchi était un grand savant scolastique, un poète éloquent, et un auteur remarquable. Sa méthode de jurisprudence était celle des partisans de l’approche exotérique. »
Bien que cette approche particulière en matière de hadiths n’existe plus de nos jours, mais pendant les siècles où cette tendance exotérique orientait la plupart des savants chiites dans leurs prises de position jurisprudentielles, l’école exotérique de la compréhension des hadiths constituait, en réalité, un grand danger pour la culture chiite dans son ensemble.
Ce danger ne se limitait pas au domaine de la jurisprudence chiite, mais avait même contaminé celui de la science doctrinale du Kalâm chiite. A ce propos, le défunt Seyed Morteza a écrit :
« Les partisans de l’école exotérique des hadiths relataient authentiquement les hadiths et les récits que leurs prédécesseurs avaient enregistrés. Dans leur approche, ils ne donnaient pas d’importance au rôle déterminant de l’argumentation en la matière des principes de la Charia, pour vérifier si elle les confirmait ou non … N’était-ce pas vrai qu’ils se référaient aux énoncés et aux récits isolés dans les domaines relatifs aux principes fondamentaux de la religion, tels que l’unicité, la justice, la prophétie et l’imamat ? Or, les esprits avisés rejettent l’idée de se fonder sur les récits et hadiths isolés en ce qui concerne directement les principes fondamentaux de la religion. En réalité, certains d’entre eux se sont mis à croire au fatalisme et à l’analogie, et leur égarement était dû à la soumission aux récits et aux hadiths isolés. Certains autres se fondaient sur des récits qu’ils n’avaient pas reçus directement de leurs transmetteurs, pour pouvoir en vérifier la justesse et la véracité. Si quelqu’un les interrogeait sur l’origine d'un principe donné, ils répondaient qu’ils l’avaient vu tel quel dans un tel ou tel livre, et que leur hadith de référence avait été relaté par une telle ou telle autre personne. Mais tout le monde sait qu’il est impossible de se référer à un récit ou à un hadith isolé par une méthode pareille, car cela est inadmissible et une telle référence ne conduirait qu’à l’égarement. »
Au-delà de cette méthode de déduction – et même à son opposé –, il y avait un autre groupe de jurisconsultes chiites qui adoptaient une approche plus équilibrée pour vérifier et examiner les récits et les hadiths, en se basant sur les critères que l’Ahlulbeit en avaient présentés eux-mêmes. Ces savants se fondaient donc sur ces critères pour analyser les récits et les hadiths, afin d'en déduire ensuite les principes.
Il est vrai que les partisans de cette tendance jurisprudentielle ne se sont pas mis sérieusement à s’opposer aux disciples de l’école exotérique, mais sur le plan pratique, ils ont réussi à mettre en doute les méthodes des savants qui étudiaient les hadiths uniquement dans leur apparence exotérique, et ce d’autant plus que ces derniers étaient privés de toute innovation et dynamisme, et qu’ils appelaient leurs partisans à se soumettre quasi-aveuglément à tous les récits et hadiths.
En vérité, les jurisconsultes chiites qui ont procédé à la vérification des récits et des hadiths sur la base des critères fixés par l’Ahlulbeit se sont offert la possibilité de pouvoir propager la science des hadiths par le biais d’une forte tendance rationnelle ; et ils encourageaient leurs élèves et adeptes à faire de même. Parmi les figures de proue de cette école jurisprudentielle, nous pouvons citer surtout :
1-Abou Mohammad Hassan ibn Ali ibn Abou Aqil Ommani
(décédé en 329 de l’hégire)
Il était l’un des jurisconsultes scolastiques les plus célèbres du IVe siècle de l’hégire, et l’auteur d’un ouvrage en jurisprudence chiite, intitulé « L’appui à la corde de la sainte famille du messager de Dieu » (المتمسك بحبل آل الرسول عليهم السلام ). Le défunt Shoushtari décrit sa méthode jurisprudentielle, en ces termes :
« Le texte de son livre en la jurisprudence ne nous est malheureusement pas resté, mais l’Allameh Helli a cité cet ouvrage à plusieurs reprises, dans son propre livre intitulé « Le différend » ( مختلف ). Ces mêmes citations nous prouvent qu’Abou Aqil Ommani avait des avis et des opinions pertinents et qu’il était l’auteur des fatwas remarquables … En outre, il accordait systématiquement la priorité aux versets coraniques par rapport aux récits et aux hadiths crédibles et confirmés. En procédant à cette méthode, il a décrété cette fatwa : Une personne malade dont la maladie dure depuis ce mois de ramadan jusqu’au mois de ramadan de l’année prochaine, ne sera pas dispensée de l’accomplissement compensatoire de son jeûne. Dans cette fatwa, il s’est donc fondé sur l’expression ‘Qu’il compte d’autres jours’ (فعدة من ايام اخر ) répété deux fois dans les versets 184 et 185 de la sourate II. Aussi, il a émis la fatwa : L’agrément de l’épouse n’est pas une condition nécessaire lors du mariage de son époux avec la nièce de l’épouse. Dans cette fatwa, il s’est basé sur le verset 1 de la sourate LXVI : ‘Pourquoi interdis-tu ce que Dieu t’a rendu licite ?’ ( لم تحرم ما احل الله ) Il n’appliquait que les récits et les hadiths fréquemment relatés. Cependant, à l’instar du Cheikh Mofid ou de Seyed Morteza, il lui arrivait de prétendre l’existence de la fréquence des relations, là où elle n’existait pas, ou de prétendre l’existence d’un consensus, là où il n’existait réellement pas. »
2-Abol-Hassan Ali ibn Hossein ibn Moussa ibn Babway Qomi :
(260-329 de l’hégire)
Père du Cheikh Sadouq, il était l’un des premiers jurisconsultes chiites et comptait parmi les premiers savants chiites dans le domaine des hadiths. Ibn Babway était l’auteur de plusieurs ouvrages dont le nom de quelques-uns ont été cités dans la liste de Nadjachi. Pour émettre ses fatwas, il se fondait littéralement sur le texte des paroles authentiques et les récits. C’est la raison pour laquelle, les jurisconsultes et les experts chiites de la science des hadiths avaient entièrement confiance en ses écrits, pour se référer à ses livres de jurisprudence, s’ils n’avaient pas directement l’accès aux ouvrages de hadiths. A ce propos, le défunt Cheikh Shahid écrit : « Lorsque les chiites n’avaient pas d’accès direct à un ouvrage de hadiths, ils se référaient alors à ‘La Charia’ du cheikh Abol-Hassan ibn Babway, car ils avaient une entière confiance en lui, et considéraient ses fatwas comme les récits authentiques. Bref, ses fawtas étaient prises comme la reproduction fidèle des récits. »
Dans l’introduction de son « Man Lâ yahzoro al-Faghih », Sheikh Sadouq fait fréquemment référence aux livres et essais de son père, et les utilisent comme la référence directe aux hadiths.
3-Abou Ali Mohammad ibn Ahmad ibn Djoneïd Eskafi :
(décédé en 381 de l’hégire)
Il comptait parmi les jurisconsultes chiites qui allaient délibérément au-delà de l’agrément attribué aux récits et aux hadiths, pour procéder à une méthode syllogistique modérée. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages comme « Les plus louables de la jurisprudence du vénéré Mohammad » (الاحمدي في الفقه المحمدي ) ou « L’éducation chiite pour les principes de la Charia » (تهذيب الشيعة لاحكام الشريعة ). Au sujet de la personnalité scientifique d’ibn Djoneïd, le défunt Shoushtari écrit :
Ibn Djoneïd était accusé d’avoir procédé aux méthodes syllogistiques, cependant il est difficile d’en connaître la vérité ; car en réalité, le rejet du syllogisme est l’une des nécessités primordiales de la religion imamite. Il est donc fort possible qu’ibn Djoneïd ait pratiqué des méthodes comme l’analogie générale qu’il considérait comme étant complètement différente du syllogisme. Ibn Djneïd a écrit un essai pour décrire les principes de sa méthode d’Idjtihad, dans lequel il explique sa méthode d’aborder les récits et les hadiths des saints imams immaculés dans ses méthodes jurisprudentielles. »
4-Abou Jaafar Mohammad ibn Ali ibn Babway Qomi, alias Cheikh Sadouq:
(306-381 de l’hégire)
Il était le savant chiite et l’expert des hadiths le plus célèbre du IVe siècle de l’hégire. Face à ceux qui se contentaient de l’apparence exotérique des récits et des hadiths, le Cheikh Sadouq défendait l’examen et la vérification critique des récits, se permettant de correction et de modification. Dans ses livres et essais sur la jurisprudence chiite, il s’est servi des principes de la science qui étudie la véracité et la crédibilité des transmetteurs des récits et des hadiths. En effet, le Cheikh Sadouq est lui-même l’un des plus grands experts chiites en matière des hadiths et un expert de la science de la crédibilité des transmetteurs des hadiths.
Le Cheikh Sadouq a rédigé 300 livres et essais dans lesquels il a réuni les récits et les hadiths. Ses fatwas sont réunies dans ses deux autres livres intitulés « La Persuasion » ( مقنع ) et « L’Orientation » ( هدايه ). L’examen de ces deux livres nous montre clairement que le Cheikh Sadouq était partisan d’une méthode jurisprudentielle de correction et de modification critique des récits.
Dans la rédaction de son ouvrage monumental, « Man Lâ yahzoro al-Faghih » (Celui qui n'a pas accès au Faghih), le Cheikh Sadouq a évité de se fonder tel quel sur n’importe quel récit. A ce propos, il a écrit : « Dans ce livre, je n’ai pas voulu réunir, comme les autres auteurs, tous les récits existants. Par contre, je me suis efforcé d’y réunir uniquement les récits et les hadiths sur lesquels je me suis fondé dans mes fatwas, et les récits pour lesquels j’ai une ferme conviction à propos de leur véracité, entre moi et mon Seigneur. »
En dépit de tout cela, la jurisprudence chiite est restée longtemps fermée dans les limites de la relation des hadiths et de leur adaptation. En effet, il y a de nombreuses références jurisprudentielles de cette période historique qui confirme cette limitation. Le Cheikh Toussi a critiqué les méthodes d’Idjtihad de ses prédécesseurs, dans l’introduction de son livre de jurisprudence, en ces termes : « Les jurisconsultes chiites croyaient qu’ils devaient exploiter littéralement les récits et les paroles authentiques dans le domaine de la jurisprudence, et ils allaient si loin que si les termes d’un hadith changeaient quelque peu dans un texte donné, ils se sentaient tout à fait choqués ! »
Cette tendance vive et intransigeante pour se soumettre aux récits et aux hadiths authentiques, se manifestait sous différentes formes, mais elle risquait d’éclipser la place de la raison en tant que l’un des piliers fondamentaux du véritable Idjtihad. En réalité, cette approche excessive de la part de certains jurisconsultes chiites les avaient même conduits à ignorer l’importance des sources coraniques de la jurisprudence islamique et chiite, en prétendant que la jurisprudence chiite pourrait se fonder uniquement sur une forme de récit, en négligeant les aspects rationnels et déductifs de la jurisprudence.
A partir de cette période, une génération de jurisconsulte scolastique a fait son entrée sur la scène pour présenter une nouvelle approche dans le domaine des sciences théologiques et de la jurisprudence chiite. Cette nouvelle approche favorisait la rationalité et l’aspect pratique et pragmatique de la jurisprudence. Ce nouveau mouvement a sauvé la culture chiite de l’inertie et de la passivité qui dominaient la jurisprudence chiite en raison de l’influence des partisans d’une approche exotérique des hadiths. Ce mouvement a été inauguré par le Cheikh Mofid, et il est arrivé à son apogée à l’époque du Cheikh Toussi.
Abou Abdallah Mohammad ibn Mohammad ibn Noman Bagdadi, alias Cheikh Mofid (336-413 de l’hégire), l’une des figures de proue de la jurisprudence du monde de l’Islam, était le premier jurisconsulte chiite à contribuer à ce mouvement, visant à redynamiser la jurisprudence chiite.
Le Cheikh Mofid s’est mis à lutter vigoureusement contre les méthodes de ses prédécesseurs. Il a vivement critiqué la méthode qui consistait à s’appuyer excessivement sur les hadiths dans les domaines jurisprudentiels et scolastiques. En effet, il a inauguré une voie qui permettait d’introduire les arguments rationnels dans le domaine de la Charia, mais dans un cadre bien défini.
Le Cheikh Mofid a rédigé un livre intitulé « Le rayonnement de la lumière pour rejeter les avis des partisans des hadiths » (مقابس الانوار في الرد على اهل الاخبار ), pour mettre en doute les fondements théorique de l’école des partisans des hadiths. Bien qu’il ait profité lui-même des œuvres du Cheikh Saqoud, il a effectué une critique virulente contre les opinions et les points de vue de son maître spirituel. Cependant, son action a appris aux savants chiites comment corriger et développer les avis et les opinions dans le domaine de l’Idjtihad.
Après le Cheikh Mofid, la lutte contre les tendances fondées sur la priorité des hadiths a été dirigée par le grand jurisconsulte et théologien chiite, Seyed Morteza Alam-al-Huda Ali ibn Hossein ibn Moussa (355-436 de l’hégire).
Dans ses ouvrages, il a rejeté les méthodes des partisans d’un recours excessif aux hadiths, et il a ouvert la voie, devant ses élèves et disciples, pour fonder leur Idjtihad sur les piliers solides du Coran, de la Sunna, du consensus et de la raison.
Seyed Morteza a écrit un livre intitulé « Les instruments pour connaître les principes de la Charia » (الذريعة الى اصول الشريعة ) qui se divise en plusieurs chapitres. Pour la première fois après l’occultation de l’imam du temps _ que Dieu hâte sa parousie_, Seyed Morteza a écrit plusieurs œuvres pour présenter la culture de l’Idjtihad chiite comme une école indépendante. Il a ainsi ouvert définitivement la voie de l’Idjtihad pour la postérité. L’auteur des « Jardins du Paradis » ( روضات الجنات ) décrit les méthodes de l’Idjtihad et de déduction de Seyed Morteza, en ces termes : « Seyed Morteza connaissait mieux que quiconque le Livre et la Sunna, ainsi que les voies de l’interprétation et de l’exégèse des versets coraniques et des hadiths. Il rejetait l’idée de se fonder uniquement sur les récits isolés. Par conséquent, il s’efforçait de déduire les principes de la Charia sur la base du Coran, de la Sunna et des récits fréquemment relatés, en s’appuyant sur les arguments scientifiques. Il est donc normal que pour pratiquer une telle méthode, il devait avoir une connaissance très large des principes de la religion et une connaissance très profonde sur la science de l’exégèse coranique pour déduire les principes de la Charia à partir du texte coranique. Or, les partisans du recours aux récits isolés ne sentaient pas avoir besoin d’une telle connaissance approfondie. »
L’auteur des « Vergers » ( حدائق ) décrit ainsi les méthodes de l’Idjtihad de Seyed Morteza :
" C'est un Faghih qui s'appuyait plutôt sur l'argumentation rationnelle pour la déduction des principes de la Charia, il n'acceptait pas de se fonder uniquement sur les Hadiths, ceci est assez évident dans les livres religieux qu'il a rédigés."
La troisième personne qui a réussi à faire disparaître les traces de l’approche exotérique des hadiths, pour renforcer les fondements d’un Idjtihad basé sur la précision rationnelle et la recherche scientifique, était le grand jurisconsulte et scolastique chiite Abou Jaafar Mohammad ibn Hassan Toussi, alias Cheikh al-Tayefeh (décédé en 460 de l’hégire). Il a combiné le Coran, les récits et la raison pour ouvrir la voie vers un Idjtihad analytique. Dans le même temps, il accordait une grande importance au progrès et à l’évolution de la jurisprudence chiite sur la base de ses fondements traditionnels.
Pour faire la louange aux récits et aux hadiths de l’Ahlulbeit (les saints descendants du Prophète), il a rédigé deux précieux ouvrages sur la jurisprudence islamique, l’un intitulé « La connaissance des différends sur les récits » ( الاستبصار فيما اختلف من الاخبار ), et l’autre intitulé « L’éducation des principes » ( تهذيب الاحكام ). Les titres de ces deux livres indiquent d’ores et déjà sa méthode et son approche quant aux principes de la Charia. Pour protéger l’héritage riche et original de ses prédécesseurs, le Cheikh Toussi a écrit un autre livre sur la tradition et les méthodes de la jurisprudence, intitulé « La Finalité » ( النهاية ). Ce livre a été pendant plusieurs siècles, le texte chiite le plus important en matière de la jurisprudence.
Dans un autre livre intitulé « L’Exposé détaillé » ( مبسوط ), le Cheikh Toussi s’est efforcé, plus que tous les autres jurisconsultes d’antan, de donner à l’Idjtihad un aspect pratique et appliqué, en détaillant les analyses, et en adaptant ses méthodes à tous les différents domaines de la Charia islamique. Avec ce grand livre, le Cheikh Toussi a réussi à condamner entièrement le durcissement intellectuel et les approches exotériques qui dominaient jusqu’alors l’esprit de certains savants et jurisconsultes chiites.
Dans ce sens, l’introduction de « L’exposé détaillé » est un document historique qui analyse les méthodes d’Idjtihad et de déduction jurisprudentielle à des périodes ultérieures à celle du Cheikh Toussi. En réalité, avec ce livre, le Cheikh Toussi a réalisé son vœu, et il a définitivement mis un terme à cette approche exotérique des partisans des hadiths dans le domaine de l’Idjtihad chiite.
Nous avons le ferme espoir que des savants chiites déploient tous leurs efforts dans le domaine de la jurisprudence islamique, à l’instar des grands maîtres comme, le cheikh Mofid, Seyed Morteza et le Cheikh Toussi, pour protéger les fondements originaux de l’Islam, et de développer l’Idjtihad et ses méthodes de déduction des principes de la Charia, au sein de la précieuse culture chiite.
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