La doctrine de Muhammad ibn 'abd al-wahhab

Parler de principes fondamentaux propres à la doctrine wahhabite n’est pas possible puisqu’il n’y en a pas ! Si ce n’est ceux empruntés à d’autres sectes, en particulier le khârijîsme.
En réalité, le wahhabisme est une énième faction khârijîte. En effet, toutes les factions khârijîtes ont en commun deux principes fondamentaux : celui de l’imâma et celui du pécheur. La secte kharijite est régie par deux principes directeurs. Le premier est celui de la filiation spirituelle, laquelle unit, par ce lien virtuel, tous ceux qui adhèrent à leur credo religieux. Selon eux, le simple fait de prononcer l’attestation de foi n’est pas un gage de crédibilité suffisant, le dévot doit également prouver, par des actes, que ses convictions sont en conformité avec leur doctrine. Le second principe est son antithèse : l’anathème (barâ’a) applicable à tous ceux qui ne sont pas des leurs. Dans ce cas, certaines factions, comme les azrakîtes, exigent que leurs détracteurs soient dépossédés de leurs biens et mis à mort.

Telle est implicitement l’opinion d’Ibn ‘Abd al-Wahhâb qui déclare : « Il est indéniable que le Dogme du Tawhîd doit être affirmé par le coeur, la langue et les actes. Si un seul de ces critères fait défaut chez une personne, il ne peut être considéré comme un musulman. S’il connaît le Dogme, mais ne le met pas en pratique, il est alors un mécréant, un négateur comme Pharaon, le Diable et leurs semblables. » Il dit encore : « Le Prophète (P) a dit : « Celui qui dira : Il n’est pas d’autre divinité qu’Allâh et qui dénigrera tout ce qui est adoré en dehors de Lui, ses biens et son sang sont sacrés et son devenir incombe à Allâh. » [Ce hadith] est un des commentaires les plus explicites de la signification de : Il n’est pas d’autre divinité qu’Allâh, car il n’est pas dit que la simple formulation [de l’attestation de foi] suffit à protéger les biens et le sang de son locuteur, au contraire ! Pas plus que le fait de la prononcer ne protège celui qui en connaît la signification, au contraire ! Pas plus que le fait d’agréer cette formule, au contraire ! Pas plus que le fait qu’il prétende n’invoquer qu’Allâh et ne rien lui associer, au contraire ! Non, ses biens et son sang ne seront pas sacrés tant qu’il n’aura pas dénigré tout objet d’adoration autre qu’Allâh. S’il doute ou s’il hésite à le faire, ses biens et son sang ne seront pas sacrés. » Hormis le fait qu’Ibn ‘Abd al-Wahhâb confonde objet de dévotion et objet de vénération, son interprétation de ce hadith est erronée, car Allâh a interdit de se saisir des biens d’un musulman et de le tuer pour bien moins que cela !

Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allâh l’a frappé de Sa colère, Il l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. Ô croyants ! Lorsque vous sortez pour lutter dans le sentier d’Allâh, soyez attentif et ne dites pas à quiconque vous adresse le salut : “Tu n’es pas croyant”, alors que vous convoitez les biens d’ici bas (Coran 4/93,94)

Quant au Prophète (P), il s’est montré tout aussi intransigeant à l’égard de ceux qui portent atteinte à la vie et aux biens des membres de sa communauté, et il a dit : « Le véritable musulman, est celui dont les musulmans n’ont à redouter ni le préjudice de la langue ni le dommage de la main. » Dans l’une des nombreuses versions du hadith sur l’interlocuteur insolent du Prophète, le récit se termine comme suit : « […] Puis, [l’insolent] s’en retourna. Khâlid ibn al-Walîd dit alors : “Ô Messager d’Allâh ! Ne devrais-je pas lui trancher la gorge ?” Il répondit : “Non, peut être est-il quelqu’un qui fait la prière.” Khâlid lui dit : “Combien de gens qui prient disent avec leur langue, ce qu’il ne portent pas dans leur coeur !” Le Prophète répondit : “On ne m’a pas ordonné de fendre le coeur des gens, ni de leur ouvrir le ventre .” » – « Il m’a été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils attestent qu’il n’est pas d’autre divinité qu’Allâh et que Muhammad est le Messager d’Allâh. S’ils le disent, prient comme nous, s’orientent vers la même qibla que nous, sacrifient [les animaux] comme nous le faisons, dès lors, leur sang et leurs biens deviennent sacrés, excepté quand ils sont requis par le droit [meurtre, adultère, etc.]. Pour le reste, Allâh les jugera. »

Mais les affinités kharijites d’Ibn ‘Abd al-Wahhâb ne se limitent pas à cela. Son ignorance des convictions des Compagnons n’a d’égale que son ignorance du Livre d’Allâh et de la mission de Son Messager (P). En effet, ‘Alî disait des khârijîtes : « D’une parole de vérité [le Coran] ils [les khârijîtes] édifient le faux. » Quant à Ibn ‘Umar, il les considérait comme les pires des créatures et disait d’eux : « Ils transposent aux croyants, des versets révélés à l’intention des incroyants. »

Ajouter un commentaire