Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhâb

Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhâb (1703/1791), du clan des Banû Tamîm, naquit dans le Najd, dans la localité d’al-‘Uyayna, à 44 Km au nord de Riyad. Il quitta le Najd pour des voyages d’études à l’étranger. Pendant une année, il attira les étudiants comme représentant du soufisme, ensuite il alla à Kumm après quoi il se fit l’avocat de l’école d’Ibn Hanbal. À son retour dans sa province natale il exposa ouvertement sa doctrine. » Il s’agissait pour lui, disent les wahhabites, de purifier les convictions religieuses des gens du Najd et d’assainir leurs moeurs qui, disaient-ils, étaient corrompues par les diverses traditions héritées des sectes ayant occupé cette région.

Son père et son frère, le shaykh Sulaymân ibn ‘Abd al-Wahhâb, étaient des hommes vertueux et savants. Très tôt, ils pressentirent qu’avec lui paraîtraient la déviation et l’égarement. Témoins de ses propos bellicistes, de son comportement asocial et de son antagonisme prononcé sur de nombreux sujets, ils dénoncèrent sa perfidie et mirent les gens en garde contre lui. Allâh confirma leur pressentiment, lorsque Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhâb propagea ses élucubrations déviationnistes et dévastatrices par lesquelles, au détriment des imams en religion, tant d’ignorants se sont égarés. Pour cela il eut recours à la condamnation par l’anathème (takfîr) des croyants. Il prétendait que se recueillir sur la Tombe du Prophète, que son intercession, celle des autres prophètes, des saints et des gens vertueux, que se rendre sur leurs tombes était de l’associationnisme (shirk), qu’utiliser le vocatif [Ô Muhammad] l’était également, qu’attribuer, même au sens figuré, un bienfait à un autre qu’Allâh, était de l’associationnisme, comme le fait de dire : “Ce médicament m’a fait du bien !” ou bien encore : “L’intercession par tel saint, m’a été bénéfique.” Il élabora des théories fallacieuses et enjolivées avec lesquelles il trompa le commun des gens. Tous ses adeptes finirent par être convaincus que la majorité des musulmans étaient des apostats (kuffâr) !

De nombreux maîtres ayant instruit Ibn ‘Abd al-Wahhâb et résidant à Médine, disaient de lui : « Il se perdra ou, par lui, Allâh perdra ceux qui le soutiendront et le prendront pour compagnon », et il en fut ainsi. En élaborant cette doctrine, il prétendait revivifier les valeurs du Dogme du Tawhîd et le préserver de l’associationnisme, car, disait-il, depuis six cents ans les gens étaient revenus à l’associationnisme et qu’il lui fallait assainir leurs convictions religieuses. Pour se faire, il appliqua aux Gens du Tawhîd, des versets révélés à l’intention des associateurs.

La subversion wahhabite fut un fléau, de ceux qui marquèrent considérablement la communauté musulmane. Ils tuèrent aveuglément et spolièrent les biens des gens. Leur insurrection se répandit et leur hérésie se propagea. Dans de nombreux hadiths, le Prophète a prédit cette subversion, par exemple celui rapporté par al-Bukhârî et dans lequel le Prophète (P) a dit : « “De l’Est, paraîtront des gens, ils liront le Coran, mais il ne dépassera pas leurs gorges. Ils quitteront l’Islam à la vitesse avec laquelle une flèche transperce une proie. Ils ne reviendront pas à l’Islam tant que la flèche n’aura pas regagné son encoche.” On demanda : “À quoi les reconnaîtra-t-on ?” Il répondit : “Leur signe distinctif sera qu’ils se raseront le crâne. ». Il est important de noter que le Prophète a dit qu’ils se raseront le crâne, car il était ordonné à tous les dévots wahhabites de se raser la tête. Malgré les très nombreux hadiths authentiques, il leur était également interdit de solliciter l’intercession du Prophète, de lire le livre Dalâ’il al-khayrât, lequel comprend de très nombreuses prières sur le Prophète et éloges de la perfection de ses qualités. Ils disaient que tout cela était de la mécréance.

Le Prophète (P) a dit : « À la fin des temps, paraîtront des gens, leurs dents seront belles et leurs raisonnements stupides. Ils diront le bien comme le disent les gens vertueux, leur foi ne dépassera pas leurs gorges et ils quitteront la religion à la vitesse avec laquelle une flèche transperce une proie. » Dans ce hadith dont les versions sont nombreuses, il ne peut pas s’agir des khârijîtes, comme on le prétend trop souvent, car le Prophète précise que ces gens paraîtront à la fin des temps. Par conséquent, ce signe distinctif ne peut que s’appliquer aux wahhabites, puisqu’ils sont les seuls, à s’être rasé le crâne. Cette pratique est encore en usage parmi eux.

Sulaymân, le frère aîné de Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhâb, fut l’un des premiers à consacrer un ouvrage à la réfutation des théories de son frère. Dans son livre intitulé « Les foudres divines sur les thèses wahhabites » il se montre très virulent dans sa condamnation de cette doctrine et, en s’adressant directement à son frère, il réfute les uns après les autres tous ses arguments. Sulaymân ibn ‘Abd al-Wahhâb, son frère dit de lui : « Aujourd’hui les gens sont éprouvés dans leur foi par celui qui prétend se référer au Coran et à la Sunna et fonder ses théories à partir des sciences qui en découlent, sans s’interroger sur le bien-fondé des arguments de ses objecteurs. Et quand on l’invite [à en débattre] devant les savants il refuse.Pire encore, il contraint les gens à obéir à ses ordres et à adopter ses opinions, reléguant au rang d’incroyants tous ceux qui s’y refusent. Cela alors qu’il n’y a pas en lui la moindre des qualités requises pour exercer la jurisprudence, ne serait-ce que le dixième d’une seule d’entre elles. Malgré cela sa doctrine a emporté l’adhésion de nombreux ignorants « Nous sommes à Allâh et vers Lui nous retournerons. » La communauté tout entière l’interpelle d’une seule et même voix ; pas une seule ne trouve grâce à ses yeux. Au contraire, tous sont pour lui des incroyants (kuffâr). Seigneur, ramène cet égaré sur le droit chemin. »

M. Ibn ‘Abd al-Wahhâb fit brûler le livre Dalâ’il al-khayrât, sous prétexte que son auteur [Muhammad al-Ghazûlî m.1441] fit précéder le nom du Prophète des superlatifs Sayyidinâ [seigneur] et Mawlânâ [maître]. Il désapprouva également les invocations en faveur des sultans dans les prêches du vendredi et considérait que la prière sur le Prophète était en ce jour une innovation. »
On rapporte même que M. Ibn ‘Abd al-Wahhâb se rendait sur la Tombe du Prophète et qu’il frappait dessus avec son bâton en disant : « Ô Muhammad ! Lève-toi si tu es vivant ! » Qu’Allâh nous préserve de cela, afin de démontrer à ses adeptes, que [contrairement au hadith : « Les prophètes sont vivants dans leurs tombes (Abû Ya‘lâ) »] Muhammad était bien mort et que par conséquent il était inutile de s’adresser à lui. »Il détruisit lui même la tombe de Zayd ibn al-Khattâb, le frère du deuxième calife, et avec ses adeptes, tous les mausolées d’al-‘Uyayna et de ses environs. Cette frénésie le porta plus tard, avec ses partisans, au Hijâz où ils firent de même.

De nos jours, les wahhabites ne cessent de se réclamer des théories d’Ibn Taymiyya. Ils furent encore plus stricts que lui sur certains points et d’une extrême rigueur sur les interdits. Les wahhabites ne se satisfaisaient pas de simples prêches ; ils faisaient la guerre pour imposer leurs opinions, afin de combattre ce qu’ils considéraient comme des innovations. Lorsqu’ils prirent le pouvoir, ils détruisirent les tombes de tous les Compagnons et les constructions alentour. Leur conception des innovations (bid‘a) était étrange, à tel point qu’ils prétendaient que les draps [brodés] recouvrant le Mausolée du Prophète étaient une innovation. C’est pour cette raison qu’ils en interdirent le remplacement ; ils les laissèrent ainsi jusqu’à ce qu’ils devinrent usés et râpés. Par-dessus tout, il en est qui parmi eux considèrent l’expression : Sayyidinâ Muhammad, comme une innovation et qu’il n’est pas permis de la dire ! Ils se montrèrent très virulents dans sa condamnation. »

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