L'imposture des Sa'ud

Les Lieux saints de l’Islam et, par extension, la Péninsule arabique, ne peuvent se trouver que sous l’autorité politique et religieuse d’un Hashémite. La noblesse de cette descendance, dont la filiation remonte au Prophète et ses aïeux, ainsi que sa prééminence sur toutes les autres, sont attestées par plusieurs hadiths. Les recommandations du Prophète à leur égard sont sans équivoques, les destituer et contester leur légitimité à gouverner, ainsi que celle des autochtones mecquois et médinois, revient à contester les décrets du Prophète, cela quelque soit le régime politique envisagé.

Le Prophète (P) a dit : « Parmi les descendants d’Abraham, Allâh a élu Ismaël. Parmi les descendants d’Ismaël, Allâh a élu les Banû Kinâna. Parmi les descendants des Banû Kinâna, Allâh a élu les Qurayshites. Parmi les descendants des Qurayshites, Allâh a élu les Banû Hâshim. Parmi les descendants des Banû Hâshim, Allâh m’a élu. » – « Je vais vous léguer deux choses, tant que vous y resterez fidèles, jamais, après moi, vous ne vous égarerez. La première a la préséance sur la seconde. Ce sont, le Livre d’Allâh – une corde tendue depuis le ciel à la terre – et mes proches, parmi les Gens de ma maison. Les deux resteront indissociables, jusqu’à ce qu’ils viennent à moi au Bassin. Voyez, comment vous me succèderez auprès d’eux. » – « On prêtera serment d’allégeance à un homme [le Mahdî] entre l’angle [de la Ka‘ba] et la Station [d’Abraham]. Cette Maison [la Ka‘ba] ne peut être administrée que par l’un des siens [les Banû Hâshim] ; si tel n’était plus le cas, ne vous interrogez plus sur [les causes de] la perte des Arabes […]. »

Le Prophète (P) a dit : « Cette fonction [le califat] ne cessera d’être l’apanage des Qurayshites, tant que deux d’entre eux survivront. » – « Les émirs seront Qurayshites. Quiconque contestera leur légitimité ou tentera de les expulser tombera ; tombera comme tombent les feuilles. » – « Les imams seront Qurayshites, les plus vertueux d’entre eux seront les guides des vertueux et les plus pernicieux d’entre eux les guides des pernicieux[…]. ». « Le califat sera le fait des Qurayshites, la justice celui des Ansârs et l’adhân celui de Abyssins[…]. ». « La royauté sera le fait des Qurayshites, la justice celui des Ansârs, l’adhân celui de Abyssins et les dépôts [du Trésor Public] celui des Azidi. ». « Cette fonction sera le fait des Qurayshites. Quiconque s’y opposera, Allah Le précipitera dans le feu, la tête la première ; cela tant qu’ils se conformeront à la Religion. ».

Nous constatons qu’aucune fonction n’a été dévolue aux gens du Najd : les Banû Hanîfa et les Banû Tamîm ! Et pourtant, tous les postes politiques, administratifs et religieux sont, depuis leur avènement à nos jours, occupés par eux.

Les Ottomans ont toujours maintenu les « Sharîf Hashémites » dans leurs fonctions de guides religieux et l’administration des Lieux saints. Même si leur destitution, pour faute grave, peut être envisagée, elle ne saurait se faire au profit de gens que le Prophète a discrédité. Mais une fatwa, la première d’une longue série, va permettre aux wahhabites de passer outre. Eux qui ne cessent de clamer qu’ils ne reconnaissent que l’autorité du Prophète, alors qu’ils ont usurpé les biens et les privilèges de ses descendants pour élire, en leurs lieux et places, ceux-là mêmes qu’il exécrait : les Banû Hanîfa et les Banû Tamîm. Dès lors, on ne comprend pas très bien ce que font ces gens à la tête d’un État dont ils accaparent, sans compter, les richesses et le pouvoir et qui, pour « couronner » le tout, est devenu le royaume de leur famille « l’Arabie Saoudite ! » Depuis ‘Abd al-‘Azîz, fils du cofondateur de la dynastie, le pays est administré par la famille Sa‘ûd et ses alliés.

Sous le règne du Sultan Salîm III, il se produisit de nombreuses séditions, parmi elles, celle organisée par les wahhabites. Elle se développa, depuis le Hijaz, jusqu’à ce qu’ils aient établi leur autorité sur les Lieux saints. Ils en interdirent ensuite l’accès aux pèlerins syriens et égyptiens. Dans un premier temps, leur domination par la force et leur diktat [politico-religieux] s’exerça sur la region du Najd. Puis, leur despotisme s’amplifia, leur joug et leur domination territoriale s‘étendirent considérablement. Ils exécutèrent un nombre incalculable d’autochtones, légitimèrent la spoliation de leurs biens et insultèrent leurs femmes. M. ibn ‘Abd al-Wahhâb contacta les émirs résidant à l’Est, auprès desquels il demeura jusqu’à ce qu’il obtienne d’eux qu’ils le secourent et l’aide à propager sa doctrine ; ce qu’ils firent, voyant là un moyen de consolider leur territoire et de l’étendre. Dans un premier temps, ils établirent leur autorité sur les bédouins et les sédentaires isolés dans le désert, lesquels devinrent leurs adeptes et soldats sans solde. Sa doctrine apparut en 1730 et commença à se répandre dès 1737. De nombreux savants éditèrent des livres afin de réfuter ses thèses, y compris ses maîtres et son frère Sulaymân. On compte parmi les émirs résidants à l’Est et qui lui sont venu en aide afin de propager sa doctrine : l’émir d’ad-Dir‘iyya, Muhammad ibn Sa‘ûd, un descendant des Banû Hanîfa, le clan de Musaylima le faux prophète. Lorsque Muhammad ibn Sa‘ûd décéda en 1765, ce fut son fils, ‘Abd al-‘Azîz qui assuma sa charge. Lorsque M. ibn ‘Abd al-Wahhâb et ses alliers levèrent leur armée, afin de propager leur doctrine hérétique, par laquelle ils avaient jeté l’anathème sur la communauté musulmane, ils conquirent toutes les tribus à l’Ouest, les unes après les autres, puis le Yémen, La Mecque et Médine et toutes les tribus du Hijâz ; leur empire s’étendit jusqu’aux portes de la Syrie.

Dès le début de leur expansion, ils chargèrent plusieurs de leurs savants de s’intégrer à leurs homologues des Lieux saints, afin de corrompre leurs convictions et, par le mensonge, répandre la suspicion dans leurs rangs. Quand ils eurent exposé leur doctrine aux savants des Lieux saints, ceux-ci eurent tôt fait de relever leurs innombrables incohérences et arguments ridicules, mais surtout le nombre important d’anathèmes (takfîr) infondés. Après avoir défait leurs arguments, ils en informe officiellement la population. Les apostats furent arrêtés et emprisonnés, quelques-uns réussir tout de même à s’enfuir. À la suite de cela, les émirs de La Mecque leur interdirent de se rendre en pèlerinage. Les wahhabites se mirent alors à corrompre quelques tribus alliées de l’Émir de La Mecque, ce qui mit le feu aux poudres. Les hostilités entre les wahhabites et l’Émir de La Mecque, le Sharîf Ghâlib, débutèrent en 1791. De nombreuses batailles eurent lieu, faisant un nombre important de victimes. Cependant, leur puissance ne cessa de s’accroître et leurs innovations de se répandre, jusqu’à ce que la plupart des bédouins et sédentaires traditionnellement alliés de l’Émir de La Mecque, soient tombés sous leur joug.

Durant le mois de dhu-l-qa‘da 1802, ils levèrent une armée importante puis, après avoir assiégé Tâ’if, ils envahirent la ville, tuèrent ses habitants, hommes, femmes et enfants ; très peu d’entre eux survécurent [au génocide]. Ils s’emparèrent ensuite de tous leurs biens. Ils se dirigèrent ensuite sur La Mecque. Se sachant impuissant face à une telle armée et sentant ses jours menacés, le Sharîf Ghâlib se réfugia à Djedda. Les Mecquois redoutant de subir le même sort que celui des gens de Tâ’if, envoyèrent des émissaires, afin qu’il ne soit fait aucun mal aux habitants de la ville. Ils le leur accordèrent et entrèrent à La Mecque le 8 muharram 1803. Ils y demeurèrent 14 jours, durant lesquels ils invitèrent les gens à se repentir et à réformer, selon leur credo, leur Islam ! Puis, au mois de Rabi‘ al-Awwal de cette même année, le Sharîf Ghâlib quitta Djedda en compagnie du gouverneur de la ville et son armée, ils investirent La Mecque et en expulsèrent la garnison wahhabite stationnée dans la ville. Le Sharîf Ghâlib fut rétabli dans ses fonctions. Pour l’heure, les wahhabites renoncèrent à envahir La Mecque. Ils continuèrent à combattre les tribus situées dans ses alentours et à Tâ’if. Il continua à combattre les tribus résidant aux alentours de La Mecque et Médine jusqu’à ce qu’il ait conquis la totalité des tribus ayant été sous l’autorité de l’Émir de La Mecque.

En 1805, les wahhabites levèrent de nouveau leur armée pour envahir La Mecque. Ils encerclèrent la ville et l’assiégèrent. Le blocus de la ville fut tel, que pour survivre, ses habitants affamés mangèrent des chiens. Contraint, le Sharîf Ghâlib capitula. Des médiateurs déterminèrent alors avec eux les conditions de leur reddition, laquelle stipulait qu’il ne serait fait aucun mal aux Mecquois et que l’administration de La Mecque resterait aux mains du Sharîf Ghâlib. Les envahisseurs acceptèrent et vers la fin du mois de dhu-l-qa‘da 1805, ils investirent La Mecque. Ensuite, ils envahirent Médine, que les meilleures prières et salutations soient sur son Hôte [Muhammad] (P), ils s’emparèrent de tous les biens et de tout l’argent entreposé dans l’enceinte de la Tombe du Prophète et profanèrent ce lieu par leur comportement arrogant. Ils quittèrent la ville après avoir désigné un émir pour la gouverner. Leur diktat sur les Lieux saints dura encore sept ans. Durant cette période, ils interdirent aux Égyptiens et aux Syriens de se rendre au pèlerinage, ils revêtirent aussi la Ka‘ba d’un drap noir. En 1811, un décret émanant de la Porte (Empire Ottoman) ordonna au gouverneur d’Égypte, Muhammad ‘Alî Pâsha, de se préparer à combattre les wahhabites ». Muhammad ‘Alî Pâsha confia à son fils Tûsûn Pâsha, le commandement d’une armée importante avec pour mission d’éradiquer la secte wahhabite. Tûsûn quitta l’Égypte à la tête de son armée durant le mois de ramadan 1811. Sonne alors le déclin de la première dynastie wahhabo saoudienne.

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