L'historique des Wahhabites

L’historique d’une secte débute généralement par la biographie de son fondateur. Dans le cas précis d’Ibn ‘Abd al-Wahhâb et Ibn Sa‘ûd, il est indispensable de le faire débuter par la localisation géographique de leur région natale, le Najd, à l’est de la Péninsule arabique ; tant l’aura maléfique qui émane de cette région a suborné de musulmans.

Le Prophète (P) dit, à deux reprises : « “Seigneur, béni le Shâm (le Nord) et le Yaman (le Sud.” Un homme demanda : “Ô Messager d’Allâh, et l’Est ?” Le Prophète répondit : “De là paraîtront les cornes du Diable (qarn ashshaytân) et avec elles les neuf dixièmes des maux.” »
Et, dans la version d’at-Tabarânî : « […] et avec elles les neuf dixièmes de la mécréance (kufr) et des maladies acerbes. » – « L’antre [litt. La tête], de la mécréance se trouve à l’Est […]. »
‘Abd Allâh ibn ‘Umar raconte : « J’ai entendu le Prophète (P) dire, en désignant l’Est : “Là ! La sédition se trouve là ! La sédition se trouve là ! À l’endroit d’où paraîtront les cornes du Diable”. »
Le Prophète (P) a dit : « “Seigneur, bénis notre Shâm. Seigneur, bénis notre Yaman.” De l’assemblée, quelqu’un demanda : “Et notre Najd ?” Le Prophète réitéra son invocation et dit : “Seigneur, bénis notre Shâm. Seigneur, bénis notre Yaman.” De l’assemblée, quelqu’un demanda : “Et notre Najd ?” Il me semble que la troisième fois il dit : “De là proviendront les secousses et la sédition, et de là paraîtront les cornes du diable.” »

Al-Muhlib explique que le Prophète ignora la demande de son interlocuteur en faveur des gens de l’Est, sachant par avance que la propagation de troubles multiples se ferait à partir de chez eux, du fait de leur forte propension à succomber aux tentations du Diable […] Al-Khattâbî explique que le mot qarn [traduit par cornes] peut désigner une nouvelle communauté venant remplacer celle disparue […] D’autres disent qu’à cette époque l’Est était infesté d’incroyants. Par cette prédiction le Prophète informait que c’est à partir de là que débuterait la sédition, et il en fut ainsi […] Al-Khattâbî dit que le Najd se trouve à l’Est, que pour les Médinois, il désigne les déserts irakiens et les régions alentours, que tout cela correspond à l’Est de Médine et que le mot najd signifie : terrains en élévation, par opposition à ceux situés en contrebas appelés gawr. Ad-Dawâdî prétend qu’il désigne l’Irak ; s’il en était ainsi, cela voudrait dire qu’il désigne un endroit particulier, ce qui n’est pas le cas.
Les wahhabites, que toutes ces prédictions horripilent, tant elles les désignent, sont tous originaires du Wâd Hanîfa, dans le Najd et dont l’actuelle capitale est Riyad. Selon eux, le Prophète ne parle pas de Riyad et sa banlieue, mais de l’Irak et de la Perse. Ils s’appuient en cela sur certains faits historiques et les commentaires de savants réputés du 12e et 15e siècle.

Les wahhabites contestent également plusieurs autres prédictions du Prophète. En effet, certains hadiths désignent Ibn ‘Abd al-Wahhâb et ses dévots, comme étant les descendants de Dhû-l-Khuwaysira, un interlocuteur insolent du Prophète, du clan des Banû Tamîm. D’autres hadiths désignent les Sa‘ûd comme étant ceux de Musaylima, le faux prophète, du clan des Banû Hanîfa.
Les Banû Tamîm Abû Sa‘îd al-Khudrî raconte : « Alors que ‘Alî se trouvait au Yémen, il fit parvenir au Prophète (P) une gangue d’or qu’il partagea ensuite entre [quatre personnes]. Vexés, les Qurayshites et les Ansârs dirent : “Il donne aux notables des gens du Najd et il nous exclut du partage.” Le Prophète dit alors : “Je ne fais cela que pour leur être agréable.” C’est alors qu’apparut un homme aux yeux enfoncés dans leurs orbites, au front protubérant, à la barbe touffue, aux joues saillantes et au crâne rasé. Il vint et dit : “Ô Muhammad ! Craint Allâh !” Le Prophète lui dit : “Qui donc Lui obéirait, si je ne Lui obéissais pas moi-même ? Il m’a gratifié de Sa confiance auprès de Ses créatures et vous, vous me refuseriez la vôtre ?” De l’assemblée, quelqu’un réclama sa mise à mort, mais le Prophète s’y opposa. Quand [l’insolent] s’en retourna, il dit : “De sa postérité naîtront des gens, ils liront le Coran, mais il ne dépassera pas leurs gorges. Ils quitteront l’Islam à la vitesse avec laquelle une flèche transperce une proie. Ils tueront les musulmans et épargneront les polythéistes. S’il m’était donné de vivre à leur époque je les aurais exterminés comme le furent les ‘Adîtes. ” »
Al-Aqra‘ ibn Habis dit au Prophète (P) : « Tu as reçu l’allégeance de [clans réputés pour être des] détrousseurs de pèlerins parmi les Aslam, les Ghifar, les Muzayna et les Juhayna. Le Prophète (P) répondit : “Que dirais-tu si je te disais que ces clans valent mieux que les Banû Tamîm, les Banû ‘Amir, les Asad et les Ghatafan ? Ces derniers ne seraient-ils pas perdus et déchus ?” Il répondit : “Assurément.” Le Prophète dit alors : “Je jure, par Celui qui a mon âme entre Ses mains, qu’ils valent mieux qu’eux.” »
« Abû Barza rapporte que pour le Prophète (P) les gens les plus détestables et les plus effrontés étaient les Saquîfs et les Banû Hanîfa. »

Ibn ‘Abbâs raconte : « Musaylima se rendit [à Médine] à l’époque du Prophète et se mit à dire : “Si Muhammad m’accorde de lui succéder, je m’en remets [dès maintenant] à son autorité.” Il vint [près de Médine] accompagné d’une délégation. Le Prophète partit à sa rencontre, accompagné de Thâbit ibn Qass ibn Shammâs. Le Prophète tenait dans sa main une branche de palmier et, quand il fut à proximité de Musaylima et de ses partisans, il lui dit : “Même si tu me demandais, ne serait-ce que cette branche, je ne te la donnerais pas. Tu n’iras jamais au-delà de ce qu’Allâh a décrété à ton sujet. Et même si tu t’en retournais, tu ne pourrais échapper à ton sort. Tu corresponds, en tous points, à ce que j’ai vu, lorsque j’ai vu ! Voici Thâbit, il répondra pour moi [à tes questions].” Puis le Prophète s’en retourna.

Voyons à présent la relation et les implications de ces hadiths avec certains faits historiques commentés par les contemporains de Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhâb et Muhammad ibn Sa‘ûd.

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