LA PESTE NOIRE OU LE WAHHABISME TRIOMPHANT

 
” On croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête.”
Pour les salafistes “jihadiste”, le «jihad» s’entend par «guerre d’expansion» pour diffuser l’islam de la mouvance wahhabite, dont il faut se rappeler le deal passé entre le fondateur du wahhabisme et le chef guerrier de la tribu Ibn Saoud : l’un reconnaissant le pouvoir temporel à l’autre, charge à celui-ci de diffuser le wahhabisme dans le monde, plus exactement le “wahhabisme saoudien”. Car cette doctrine est basée sur cette alliance entre le pouvoir politique et financier des Ibn Saoud et l’autorité religieuse de Mouhammad Ibn Abd al-Wahhab. Ce qui donnera naissance à un systéme politico religieux imparable pour dominer les peuples en les abrutissant par un wahhabisme qui prône la soumission au chef !
Doctrine qui perdure encore par le financement des guerres de libération des peuples, des écoles coraniques et des universités religieuses à travers le monde entier. Mais aussi par le financement de plusieurs chaînes de TV religieuses et par la formation de “cheikh” (prêcheur), aussi bien en Orient qu’en Occident ; sans parler du financement des mosquées partout dans le monde.
C’était sur des tribus guerrières et farouches d’Arabie que s’était appuyé Thomas Edward Lawrence, alias Lawrence d’Arabie en jouant de leur fanatisme religieux wahhabite, lors du démantèlement de l’empire Ottoman que vont se partager les empires coloniaux anglais et français. Même le mouvement des «Frères Musulmans», s’inspirera du salafisme wahhabite, plus «combatif» à leurs yeux, pour libérer les pays du joug colonial des Anglais et des Français.
A la faveur de la guerre froide, le salafisme sera «réactivé» et donnera l’occasion à ses adeptes de tenter à nouveau de réaliser leur vieux rêve : la reconstitution du Grand Califat de l’âge d’or Omeyade, englobant les pays musulmans et bien au-delà. Comme elle sera l’occasion pour les Ibn Saoud de donner des gages aux religieux wahhabites pour respecter le deal passé entre leur tribu et celle d’Ibn el Wahhab.
En effet pendant la guerre froide, après l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, les américains n’ont rien trouvé de mieux que de jouer la carte des «religieux» pour chasser les russes de ce pays. Ce qu’ils feront avec l’aide des saoudiens qui trouveront là une opportunité d’ «occuper» les religieux wahhabites hors du royaume saoudien, où leur revendications incessantes commencent à exaspérer le monarque saoudien.
Les saoudiens financeront les écoles coraniques et fourniront les cheikhs pour les animer ; les américains se chargeront de la formation aux techniques de la guerre, des talibans sortis de ces écoles ; et les armeront pour le «jihad» contre les mécréants «athées», que sont les communistes soviétiques.
Ces écoles pousseront comme des champignons aussi bien au Pakistan qu’en Afghanistan, pour former les talibans pour le jihad armé, afin de débouter les mécréants soviétiques hors des pays musulmans.
Etre taliban, ou étudiant dans une université religieuse, suppose une formation universitaire englobant des études religieuses mais aussi littéraire, philosophique, historiques…. Sauf que le terme est galvaudé par les médias occidentaux pour désigner en réalité des élèves formés sommairement dans des écoles coraniques de quartier dirigées par de pseudo imams autoproclamés, souvent recrutés parmi les laissés pour compte; eux-mêmes d’un niveau intellectuel sommaire, réduit souvent à la récitation du coran et à l’apprentissage rudimentaire de la chariâa.
Et c’est ainsi que le Pakistan, basculera en 1977 du hanafisme, l’école la plus libérale en Islam, au hanbalisme, dans sa version la plus rigoureuse et la plus radicale de toutes les obédiences musulmanes, c’est à dire le salafisme wahhabi saoudien ; pour devenir un pays exportateurs de terroristes.
Les talibans finiront par débouter les russes hors de l’Afghanistan. Leur mission terminée, les américains vont les abandonner à leur sort. Certains désœuvrés vont regagner leurs pays d’origine où ils importeront le terrorisme auquel ils ont été bien formés (Algérie….) et l’idéologie qui le sous-tend : le salafisme wahhabi saoudien.
Le gros de l’armée des talibans « orphelins » va se trouver un nouveau chef en la personne de Ben Laden. Ce saoudien élevé dans le wahhabisme, va utiliser leurs compétences et poursuivre ainsi le rêve des salafistes. Ainsi la branche armée salafiste voit le jour sous le nom d’Al Qaida (La Base) avec à sa tête l’émir Oussama Ben Laden. Il va exporter leur savoir faire dans de nombreux pays musulmans, et retour à l’envoyeur, dans l’Arabie Saoudite, pour débouter hors des terres saintes de l’Islam le grand Satan américain qui a des bases militaires dans ce pays. (Attentat contre les navires américains en rade dans les ports saoudiens).
Et depuis, Al Qaida est devenue l’ennemie de l’Occident mais aussi de l’Orient puisque par la violence, elle veut convertir au wahhabisme, tous les « mauvais musulmans » qu’elle qualifie de mécréants, parce qu’ils suivent d’autre obédience. Ce mouvement armé va se répandre dans beaucoup de pays musulmans : Soudan, Somalie…. où les talibans seront désignés par «chabab», mais guère plus cultivés que les talibans.
Mais aussi en Algérie, en Tunisie … et plus tardivement, au Niger, au Mali …
Son but final, sera d’éradiquer tous les mécréants et de répandre le wahhabisme partout pour l’avènement du Grand Califat avec à sa tête le « Serviteur des deux lieux saints », titre que se donne le gardien des lieux saints de l’islam : le roi Ibn Saoud qui sera auréolé du titre envié d’« Emir El Mou’minin », Commandeur des croyants.
Et voilà comment la guerre froide sera à l’origine de cette monstruosité qu’est Al Qaïda comme elle sera à l’origine de l’expansion du wahhabisme par le terrorisme, parce que les apprentis sorciers américains ont exploité l’obscurantisme des salafistes saoudiens à des fins politiques.
Si Al Qaïda s’est attaquée ponctuellement à l’Occident, ce sont surtout les peuples musulmans qui subiront dramatiquement leur présence sur leur territoire et payeront le plus lourd tribut à leurs exactions (les algériens en savent quelque chose) !
Après la chute du mur de Belin le 9 novembre 1989, les saoudiens vont tenter de remplir le vide que va laisser le communisme finissant, en important dans les pays de l’Est leur wahhabisme !
Faisant d’une pierre deux coup : l’hégémonie politique saoudienne sur les pays musulmans et le prosélytisme au wahhabisme pour respecter le deal passé entre Mohamed Ibn Abd el-Wahhab et l’ancêtre du roi Ibn Saoud.
Très vite un « frère ennemi » des Ibn Saoud va essayer de lui damer le pion pour « exister » car son pays est coincé entre deux voisins qu’il craint (Arabie et Iran) : c’est l’émir du Qatar !
Entre eux, ce sera la course à l’hégémonie sur le monde dit arabo musulman.
Ainsi les deux pétro monarques vont profiter du printemps arabe pour essayer de les avorter, mais aussi ils entrent dans une course à l’hégémonie sur ces républiques !
L’émir du Qatar va soutenir Ennahdha le parti islamiste de Ghannouchi, converti au wahhabisme, et grâce à sa télévision Aljazeera, il va promouvoir son poulain auprès des tunisiens.
Il soutiendra aussi les « Frères Musulmans » en Egypte ; pendant que son rival Ibn Saoud tentera de créer des partis encore plus radicaux et plus extrémistes pour tenter de rattraper l’avancée de l’émir du Qatar …
Car à tort ou à raison, l’installation d’une démocratie dans ces pays, signera pour eux le début de la fin des monarchies arabes !
Le drame des musulmans, c’est que l’obédience la plus rétrograde et la plus violente, est appuyée et soutenue par les pétro monarques les plus riches du monde musulman : l’Arabie et le Qatar. Qui a leur tour sont soutenus par les américains qui feignent de croire leur discours de vouloir instaurer « démocratiquement » des « islamistes modérés » en remplacement des dictateurs « dégagés » par leur peuple ! Ce qui constitue une double absurdité :
- que des monarchies absolues, souvent inconstitutionnelle, veuillent aider à l’instauration de la démocratie dans les républiques en révolte,
- et comme s’il existait un islamisme modéré ! Ghannouchi en Tunisie et Morsi en Egypte, en moins d’un an ont démontré qu’il n’en était rien, si toute fois ils ont pu convaincre l’Occident de leur « islamisme light » !
Alors qu’en réalité le wahhabisme convient parfaitement aux américains et sert leurs intérêts d’avoir affaire à des peuples ignares dominés par des monarques absolus !
Ces islamistes avancent comme argument l’échec des régimes laïcs arrivés au pouvoir au lendemain de la décolonisation. Car les leaders qui ont libéré leur peuple, ont fini par se prendre pour les pères de la nation. Leur ego démesuré les a fait dévier vers la dictature. Dictature que ceux qui prendront leur relève voulaient pérenniser, sauf qu’ils n’étaient pas auréolés de la «légitimité» de leur prédécesseur. Ils instaureront à leur tour un régime de dictature policière encore plus perverse, sous couvert de rempart à l’islamisme devenus la hantise de l’Occident. Raison pour laquelle les gouvernements occidentaux fermeront les yeux sur les atteintes aux « droits de l’homme » par les dictateurs qu’ils soutiennent.
Faut-il pour autant passer par la case “islamistes” pour pallier aux défaillances des dictateurs “laïcs” ? Ne pourrons-nous tirer les leçons des pays qui ont déjà expérimenté la théocratie : Iran, Pakistan, Afghanistan, Soudan, Somalie… sans parler des pays du Golfe ?
Serait-ce une fatalité pour ces peuples de passer par la  case « islamiste », comme d’autre auront subi le communisme pour réaliser 70 ans après que ce n’était qu’une utopie ?
La Tunisie mérite mieux que ces aventuriers passéistes pour la plonger dans l’obscurantisme où se trouvent les peuples des pays sous régime théocratique islamiste !
Ghannouchi n’est animé que par sa revanche à prendre sur Ben Ali et sur Bourguiba. Il ne cesse de dire ses ressentiments envers Ben Ali qui l’avait persécuté. Ce dont il tire une «légitimité» qu’il rappelle comme un leitmotiv comme si tout un pays doit être l’exutoire de ses ressentiments envers Ben Ali ! N’hésitant pas pour cela, à précipiter la Tunisie dans un salafisme wahhabi saoudien obscurantiste.
Les tunisiens accepteront-ils d’être toujours pris en otage par les idéologues ? Laisseront-ils ces nouveaux Beni Hilal les coloniser à nouveau ? Car si la première invasion des Beni Hilal venus d’Arabie a propagé l’Islam malékite de l’imām Mālik ibn Anas, cette nouvelle invasion vise à coloniser la Tunisie en y diffusant le poison wahhabi de l’imam Abdelwahhab !
Les tunisiens se laisseront-ils coloniser par les pétro monarques aidé par leur valet Ghannouchi et se soumettre à leur wahhabisme, que leurs aïeuls en leur temps avaient rejeté ?
Mais comment résister au pouvoir de l’argent ?
Pourtant il faut résister à l’hégémonie des pétro monarques et plus particulièrement au wahhabisme qui nie toute identité culturelle aux peuples qu’il soumet pour les convertir à l’identité « saudo wahhabite », sous prétexte de leur faire recouvrer leur identité « arabo musulmane » qu’ils auraient perdue !
Car ce qui est arrivé au Pakistan, peut arriver aussi en Tunisie si les tunisiens ne résistent pas à cette vague wahhabite qui cherche à effacer leur malékisme ancestral !
Les Ibn Saoud en propageant leur wahhabisme, et pour conformer les peuples à cette doctrine, programment l’effacement de l’identité des peuples jusqu’à l’éradication totale de leur patrimoine culturel et religieux.
Rappelons-nous les 3 Bouddhas de Bâmiyân, inscrits au patrimoine de l’humanité, et dynamités par Ben Laden.
En Bosnie-Herzégovine après la chute du communisme, lors des batailles fratricides, des mosquées aux architectures magnifiques de l’époque ottomane, furent touchées.
L’Arabie sous prétexte d’aider à reconstruire ce pays, au lieu de restaurer ces chefs-d’œuvre splendides, avait donné l’ordre de les détruire entièrement pour reconstruire d’autres en béton dans le double but :
- effacer le culte d’avant et
- prendre leur revanche sur les Ottomans !
Ce que font les salafistes en Tunisie soutenus et financés par les saoudiens, en détruisant systématiquement mausolées, cimetières, mosquées … vénérés par les tunisiens, faisant partie de leur identité culturelle, de leur mémoire collective et de leur histoire commune !
Le dernier forfait des salafistes, l’incendie criminel du mausolée de Sidi Bou Saïd El Béji dans un site mondialement connu inscrit au patrimoine de l’humanité !
Et ils ne s’arrêteront pas là tant que Ghannouchi est au pouvoir !
A moins que les EU d’Amérique n’aient changé de stratégie envers les pays appartenant au monde dit «arabo-musulman». (Le discours du Caire).
En effet, après avoir réveiller la bête (le wahhabisme) qui sommeillait en Arabie Saoudite pour l’utiliser contre l’ex URSS, et devant le terrorisme qu’engendreront ces apprenti-sorciers ; les américains, devant la vague du terrorisme islamiste les ayant touché dans le chaire le 11 septembre 2001 et devant leur impuissance à le juguler, auraient-ils fini par le reconnaître et traiter avec ses chefs ?
En somme, la paix pour l’Occident, contre l’acceptation d’une prise du pouvoir par les islamistes dans les pays musulmans ? En d’autres termes «permettre l’émergence des religieux» pour les pays dits arabes, contre le Pétrole pour l’Occident. Acceptant une fois de plus que ces peuples soient soumis à des régimes autoritaires, et que les révolutions arabes n’aient d’autres choix que de remplacer une dictature par une autre.
Que deviennent alors leurs beaux discours sur le désir de démocratie de ces peuples en révolte ?
Une fois de plus la real politik prendra le dessus, et tant pis pour les martyrs des révolutions du printemps arabe ??
Ce qu’ignore peut-être l’Oncle Sam, c’est que les salafistes accepteront cette solution provisoirement, comme ils l’ont acceptée pour collaborer avec lui pour libérer l’Afghanistan, en attendant de se préparer à la revendication d’après : «l’islamisation de l’Occident» de gré ou de force, après la conversion du monde musulman au salafisme saoudien, car le roi Ibn Saoud a fini par se croire  investi d’une mission messianique.
Est-ce que l’Occident va rééditer la première erreur quand il aidait au maintien des dictateurs laïcs des républiques arabophones, qui le préserveraient des islamistes ; en aidant cette fois-ci à l’arrivée au pouvoir les partis islamistes dont ils ne voulaient pas avant le printemps arabe ?
Or les dirigeants du monde occidentale font semblant de croire à l’existence d’un islamisme modéré !
Qui peut croire qu’ils ignorent que le fondement même des islamistes c’est le salafisme, dans sa version la plus obscurantiste depuis l’avènement du wahhabisme !
Les peuples arabophones et musulmans, qui héroïquement veulent se libérer, se battraient-ils enfin de compte contre Goliath l’américain ? Toutes ces révolutions du printemps arabe, sont-elles vouées à l’échec pour préserver les intérêts des américains qui leur permettront tout au plus de changer de dictateur et gagner encore du temps contre la peste noire, un réel péril mondial ?
Après l’expérience des dictateurs laïcs, leur proposeraient-ils des dictateurs religieux ? Car il est toujours plus facile de faire des affaires avec des dictateurs qu’avec des régimes démocratiques.
Les jeux seraient-ils pipés une fois de plus  pour ce monde dit «arabo musulman» ?
Obama trahira-t-il ces peuples qui ont tant espéré de lui ? Il a pourtant trahit les palestiniens en leur opposant son veto pour la création de leur Etat ! Pourquoi se gênerait-il avec les autres.
Se rattraperait-il lors de son deuxième mandat ? Il faut l’espérer.
L’Europe, et à sa tête la France, commencent à réaliser qu’un nouveau « Afghanistan » est entrain de se mettre en place à leur porte : au Mali ! Toujours soutenu par les pétro monarques qatari et saoudien. Tant que le danger était loin (Afghanistan, Pakistan, Somalie …), personne ne « bougeait » jusqu’à ce qu’un nouveau foyer salafiste jihadiste, filiale d’Al Qaïda au Mali, cherche à s’étendre.
Est-ce le début d’une prise de conscience du danger que représente le wahhabisme pour le monde entier ? Les Saoudiens et le Qatar jouent double jeu : ils disent être les “amis” de l’Occident, mais ils diffusent en même temps une idéologie nihiliste contre les occidentaux et tous les « mécréants » en soutenant et finançant les prosélytes jihadistes du wahhabisme !
Ce que les américains savent pertinemment !
Alors à quoi jouent les uns et les autres ?
Il serait temps que les peuples du Nord et du Sud se donnent la main pour lutter contre ce qui est la négation même de la civilisation, de la nation et de l’individu !
Il faut espérer que les occidentaux et à leur tête les américains, révisent leur position vis à vis de l’islamisme « modéré » et de ceux qui l’exportent et le soutiennent : le Qatar et l’Arabie.
Rachid Barnat

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