Qu'est-ce qui se passe dans le Sinaï? Que veulent les takfiris ?

Deux questions que se posent récemment beaucoup les Egyptiens suite  à la multiplication ces derniers jours, des attaques armées contre la police et l'armée  égyptiennes dans les villes du Sinaï.

Selon une enquête sur le terrain, le correspondant du quotidien as-Safir rapporte que la  «tension» qui sévit dans la péninsule du Sinaï est pour l’instant «naturelle», en raison de la détérioration de la sécurité  qui a suivi le 30 Juin.

Une détérioration qui a nécessité  le déploiement  des forces de sécurité au Caire et dans les grandes villes afin d’éviter une guerre civile. Toutefois, il est anormal  que  ces attaques n’aient pas d’objectif clair, sachant qu’aucun groupe ou organisation qui a effectué   ces opérations n’a publié  une déclaration ou un communiqué  incluant des demandes.

Les attaques armées contre le siège des postes de l'armée, de la police et de la radio et des officiels du bâtiment de la télévision dans les villes d'El-Arish et Rafah et Cheikh Zowaid, se sont aggravées depuis la nuit de dimanche dernier et se sont poursuivies jusqu'à l'aube hier, provoquant la mort de deux personnes (un policier et un civil), et sept blessés, dont un officier , trois soldats et trois civils qui se trouvaient à proximité des sites d'affrontements.

Interrogé par asSafir,  Komy Amjad, un des résidents de Sheikh Zowaid, a affirmé que « toutes les  attaques contre la police et l'armée ont lieu soit à l’heure de l’iftar ou à minuit  , jamais en plein jour ».

Et Komi a ajouté: «il y a quelques jours, j'étais près d’un point de contrôle à Cheikh Zowaid, soudainement une voiture 4*4 a tiré au hasard contre les gardiens du point et a pris la fuite, je ne pouvais pas prendre les numéros »,  soulignant que« c'est la méthode utilisée. Des attaques surprises rapides qui ne durent que quelques minutes, et les délinquants s’évaporent dans le désert ».

Des sources de sécurité ont déclaré AsSafir que « les takfiris utilisent dans leurs attaques des mitrailleuses, des obus de roquettes RPG «, tandis que « les hélicoptères Apache  de l'armée ont participé  dans les affrontements pour poursuivre les insurgés ».

Des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur l'embuscade d’ alRysa située sur la route internationale (Arish / Rafah), et ce pour la  quarante deuxième fois , les hommes armés de l’embuscade ont répondu embuscade, aucun blessé n’a été déclaré.

Des témoins ont confirmé que des hommes armés ont ciblé le guet-apens des zones de haute montagne qui l'entourent, forçant  la police et  l'armée de  répondre et de les pourchasser.

En revanche, les sources de sécurité ont démenti à asSafir que le «  pipeline d'exportation de gaz naturel entre l'Egypte et la Jordanie dans la région de Kharouba ait été attaqué », affirmant que la ligne «ne peut plus fonctionner depuis son  explosion il y a deux semaines ».

Des sources de la frontière du Sinaï ont rapporté que les autorités égyptiennes ont fermé le point de contrôle de Rafah situé à la frontière avec la bande de Gaza, ainsi que le point de passage Awja commercial situé à la frontière avec l’entité sioniste, dans le cadre des célébrations de la «révolution du 23 Juillet».

Le militant et l’expert en Sinaï Mustafa al-Atrash a déclaré  à AsSafir, que « le ciblage des lieux de l'armée et de la police, n'est que la poursuite  de la détérioration de la sécurité évidente dans le Sinaï ».

Al-Atrash a refusé  « l’idée qu’il s’agit de certains groupes ou parties responsables de ces opérations, mais il estime qu’il y a un lien entre l’escalade des attaques et la marginalisation forcée  des Frères musulmans avec la chute de Mohammad Morsi ».

Il a ajouté: «la relation est certainement clair, comme cela s'est produit dans l'attentat contre le pipeline de gaz vers la Jordanie alors qu’il n’a pas été attaqué durant une  l'année complète. Les Frères ont  également commencé à se déplacer dans le Sinaï après l'annonce d'isoler Morsi, et certains de leurs dirigeants ont parlé de leur intention de faire du Sinaï un émirat islamique. Maintenant, pas un jour ne s’écoule  sans qu’une attaque armée vise c un poste de police ou un poste de contrôle ».

Cependant, al-Atrash accuse «  l'appareil de sécurité d’être sévèrement faible », et s'interroge « pourquoi les dirigeants de la sécurité et le gouverneur du Nord-Sinaï préservent leurs postes malgré la mort de près de 70 soldats et plus de 150 blessés parmi les officiers de l'armée et de la police et aussi le peuple du Sinaï depuis le 30 Juin».

Avec la chute d'un grand nombre de recrues dans le Sinaï, asSafir a essayé  de se renseigner sur l’évolution des opérations militaires et la poursuite des takfiris, à la lumière de la multiplication des attaques, mais les sources militaires n'ont pas donné une réponse claire, se contentant d’affirmer que «l'opération se déroule selon un plan dans le temps, et à l'heure actuelle il n’est pas questin d’expansion ».