Etre un "être humain"

« Il est facile d’être un savant mais il est difficile d’être un être humain. » Quand j’entendis cette phrase de l’imam Khomeynî(qs) pour la première fois, je n’y pris garde. J’étais encore jeune et j’avoue que je n’avais rien compris tant pour moi être un savant était une chose grandiose et que le fait d’être un être humain était quelque chose de banal, partagé avec des milliards de personnes. N’apprenons-nous pas à l’école que l’homme est un animal marchant sur deux « pattes » (deux jambes) ?
Plus tard, je retrouvais cette phrase écrite dans un des livres de l’imam (le Jihad al-Akbar). Cette fois-ci, je ne pouvais pas la passer aussi facilement. L’imam n’avait pas l’habitude de dire ou d’écrire de vaines phrases.
Je me mis à réfléchir.
Dans ce passage, l’imam parlait de la réalité de l’être humain, de son intérieur, de sa substance, et non pas de son apparence extérieure, de son écorce. Comme si des hommes pouvaient avoir une apparence humaine et ne pas être réellement un être humain.
Je me rappelai le Coran qui compare certains homes à des animaux qui seraient plus égarés qu’eux(1), ou qui dit que le coeur de certains hommes est plus dur que la pierre(2). Il y avait
aussi ce propos de l’Imam ‘Alî(p) décrivant l’hypocrite : « Il a la forme d’un être humain, mais son coeur (son for-intérieur, sa réalité) était le Coeur d’un animal. » Il ne suffit pas d’avoir deux yeux, deux oreilles, deux mains, marcher sur deux pieds.. pour être un être humain.
En même temps, j’entendais parler de l’Homme Parfait (en la personne du Prophète Mohammed(s) et de l’Imam al-Mahdî(qa)) et de la perfection humaine absolue pour laquelle Dieu nous a créés. D’un côté, il y a ceux qui ne sont plus considérés comme des êtres humains et à l’opposé, il y a ceux qui sont arrivés au sommet de la perfection, au summum de l’humanité, comme le Prophète de l’Islam, le Prophète Mohammed(s).
En réfléchissant davantage, je m’imaginais l’humanité comme une blancheur qui pouvait devenir de plus en plus intense, de plus en plus lumineuse, ou au contraire qui pouvait diminuer jusqu’à disparaître. Je réalisais qu’elle était présente à l’intérieur de moi, que c’était à moi de la réaliser, de la renforcer, de veiller à ne pas la faire disparaître puisque Dieu m’avait créé « être humain ».
Je devais réfléchir davantage pour mieux comprendre ce que voulait dire « être humain », audelà des slogans éculés, et d’en connaître les différents degrés pour accéder au summum de
l’humanité.
Poussant plus loin ma réflexion, j’arrivai à cette certitude que le premier degré de l’humanité était de sentir avec les autres, de se sentir concerné par leurs problèmes, leurs douleurs, de souffrir avec eux. L’homme se perfectionne dans les degrés de l’humanité à la mesure de ses sentiments à l’égard des autres, de l’empathie envers leurs souffrances. J’ai su que l’Homme Parfait est celui qui élargit son coeur pour ressentir toute la souffrance humaine. Dieu dit à propos du plus noble des Messagers : « Je ne t’ai envoyé que comme une Miséricorde pour les mondes. »  D’après Abbas Sayyed in La Revue al-Mahdî(qa)
 (1)cf. 179/7 al-‘Arâf - (2)cf. 74/2 La Vache

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