Le wahhabisme menace l’unité de la société tunisienne

Des observateurs tunisiens mettent en garde contre la dislocation de la société tunisienne, de confession sunnite malikite, à cause « des dangers religieux et confessionnels » dû à la croissance rapide et suspicieuse de l’influence des mouvements salafistes. Ces derniers n’ont pas hésité dans à plus d’une occasion de menacer le pays « d’une guerre dévastatrice » pour appliquer « la loi de Dieu » construire « l’Etat du califat rachidien », rejeter « l’Etat civil » et « le régime républicain laïc apostat ».

En effet, la majorité des Tunisiens sont conscients que leur pays se dirige « vers la division » après que les salafistes ont exploité la crise politique et sociale pour répandre par la force leur autorité dans la société, à commencer par les tribunes des mosquées, les espaces culturels, passant par les places publiques. Ceux-ci fustigent tous leurs opposants sous le prétexte « d’ordonner le bien et d’interdire le mal » à l’instar des milices de la police religieuse dans les pays réactionnaires.

Les craintes donc des Tunisiens grandissent de plus en plus à la lumière des agissements des groupes salafistes sur le terrain. Dernièrement, ces salafistes ont réussi à intimider le peuple tunisien à travers la transgression des libertés, les actes de violence mais aussi leurs efforts pour «imposer leur concept de la charia islamique et revendiquer l’établissement d’un Etat islamique et d’une société islamique », selon leur propre point de vue certes.

Le mouvement salafiste est issu du wahhabisme, basé en Arabie Saoudite. C’est un mouvement islamiste politique créé au 18e siècle (XVIII siècle), il accuse d’apostats tous les adeptes des autres écoles sunnites. Les wahhabites se considèrent les véritables sunnites et « les seuls survivants de l’enfer » !   Face à cette situation, le ministère des affaires religieuses doit mettre en œuvre un plan pour renforcer la doctrine malikite caractérisée par la lutte contre l'extrémisme et travailler à unifier les rites et les fatwas. De plus, les institutions officielles doivent entamer un dialogue avec ces milieux pour s’informer sur les raisons d’avoir adopté l’esprit wahabite.

A ce sujet, le mufti de Tunisie a mis en garde contre le phénomène de l’apostasie dans le pays. Dans un point de presse, il a estimé que « les différences au niveau de la pratique de la prière sont censées troubler la situation dans le pays et semer la division et les divergences parmi les jeunes fidèles. Selon le cheikh Othman Battikh, « ce que font certains jeunes au motif de raviver la confession sunnite et rejeter des écoles religieuses, notamment l’école malikite, est un comportement naïf qui reflète une méconnaissance de la jurisprudence malikite ».

Le vice-président du parti islamiste au pouvoir ennahda , Abdel Fatah Moro, a mis en garde contre l’esprit wahhabite en Tunisie qui pourrait ouvrir la porte à la division. « Des cheikhs saoudiens viennent en Tunisie pour prêcher devant les jeunes et leur inculquer les bases de la doctrine hanbalite », a-t-il révélé, ajoutant que les jeunes participants « reçoivent des sommes d’argent en échange de leur formation ».

Pour sa part, le spécialiste de l’islam politique Kamal elSakiri a assuré que des parties du Golfe, surtout du Qatar et de l’Arabie Saoudite cherchent à répandre la doctrine hanbalite en Tunisie qui vit un début de division réelle. Selon lui, la doctrine hanbalite est la plus enfermée et la plus éloignée de la raison.

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