Le verset d’al-Kursî

Le verset d’al-Kursî  (1) 255/II   بسم الله الرحمن الرحيم، Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi, Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ الْحَيُّ الْقَيُّومُ Allâhu lâ ilâha illâ huwa al-hayyu al-qayyûmu Dieu, point de divinité autre que Lui, le Vivant, le Sustentateur. اللَّهُ     « Allâhu » Littéralement « La Divinité » ou « Le Dieu ». Nous avons justifié notre préférence de garder « Dieu » au lieu de « Allah » pour la traduction dans le N°0 de la Revue. Nous avons vu précédemment que « Allâhu » est le Nom le plus grandiose et la première Manifestation de Dieu (al-Haqq) Très-Elevé ; Il est un Nom « regroupant » (ou synthétique - jâmi‘) pour la station de l’Essence, le Nom « regroupant » ou « synthétique » pour l’ensemble des Perfections au niveau de l’Apparition (az-zhuhûr). لا إِلَهَ    « lâ ilâha » « Lâ » particule de négation suivie par un nom défini au cas direct « ilâha » pour marquer l’inexistence absolue. Il s’agit d’abord de nier toute divinité : « point de divinité ». Si on s’arrêtait là on ferait une déclaration d’incroyance. إِلَّا هُوَ   « illâ Huwa » Vient après la particule d’exception « illâ » : après avoir tout rejeté, on affirme une exception qui est « Huwa », pronom personnel « séparé », 3ème personne masculin singulier, appelé en arabe « al-ghâ’eb » (l’absent, le caché, l’invisible, l’ « inconnu »), qu’on peut traduire par « Lui » ou « Il ». Nous avons vu dans l’explication de la sourate at-Tawhîd (ou Ikhlâs), que ce mot désignait l’Essence divine que l’on ne peut pas connaître, la Station de l’ « Identité » Absolue, sans aucune détermination (des Attributs) ni manifestation (des Noms). الْحَيُّ     « al-Hayyu » Un des plus Beaux Noms de Dieu : le Vivant. L’article « al- » indique la restriction (al-hisar), c’est-à-dire qu’Il est Celui qui est Vivant par Lui-même, « Celui qui existe et subsiste par Lui-même, dont la Vie n’a pas de limite, ni de terme, pas de début (pas de « naissance ») ni de fin (pas de « mort »). C’est-à-dire la Vie Stable, qui ne disparaît pas. Il est Le Seul véritable Vivant, tout autre vivant ne l’est que par Lui. Il est Celui qui donne la vie. الْقَيُّومُ    « al-Qayyûmu » Un des plus Beaux Noms de Dieu dont la traduction n’est pas une chose aisée. « Al-Qayyûmu » est sous une forme « emphatique », « intensive » de « qiyâmu », avec l’emploi de l’article « al- », sans doute pour indiquer l’intensité, l’absolu. Il signifie « Celui qui se dresse de Lui-même », « tout ce qui se dresse ne se dresse que par Lui et en Lui ». S’Il ne se dressait pas, rien ne se dresserait dans l’Existence. En d’autres termes, Il est « Celui qui est par Lui-même et Qui fait être et subsister toute chose. » Sans doute le mot le plus proche de ce sens en français est « sustentateur » en tant « qu’il assure la sustentation, c’est-à-dire qu’il nourrit et par extension, soutient, maintient en équilibre. » On ne fait d’ailleurs que reprendre un sens ancien de ce mot cité par le Littré : « sustenter : « existencier », donner substance ».   Reprenons.. (en nous aidant de l’interprétation de ce verset de Sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles d’Ibn ‘Arabî et de Sadr Muta’lahîna, ainsi que des indications présentes dans la traduction du Coran de Yehia Alawi (Christian Bonaud), Voilà le Livre.) اللَّهُ     « Allâhu » Voir les études présentées précédemment pour la compréhension de ce Nom de Dieu « Allâhu ». En résumé, il est une indication de la Manifestation des Noms Apparents. إِلَّا هُوَ   « illâ huwa » Voir les études présentées précédemment pour la compréhension de ce mot « Huwa ». En résumé, il est une indication de la Station exempte de toute manifestation et apparition. Ainsi, après avoir nommé Dieu « Allâhu », vient le témoignage de la foi (ash-shahâdah) qui est à l’origine du prestige de ce verset selon un propos rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) que « le prestige de ce verset, dès le début des temps de l’Islam, vient de ce qu’il indique en sens, en bienveillance, notamment à travers le témoignage de l’Unicité pure. » (rappelé par S. TabâTabâ’î in Tafsîr al-Mîzân vol1 p342) La négation totale de toute divinité pour affirmer ensuite Dieu, non pas par le mot « Allâhu » (la Divinité ») qui est le Nom de la première Manifestation de « Huwa » mais par un mot qui, tout en se rapportant au premier mot de ce verset « Allâhu », désigne ce que l’on ne peut pas connaître, l’« Inconnu » (« Huwa ») mais qui Existe, qui Est, qui est l’Existence. « Il n’y a que Lui ». الْحَيُّ     « al-Hayyu » Un des Beaux Noms d’Essence de Dieu : le Vivant, Celui dont la Vie est l’Essence-même. La Vie est en Lui, est Lui, cet Attribut ne pouvant être séparé de Son Essence. Elle est infinie, éternelle et tout ce qui est vivant, ne vit que de Sa Vie. Il est la Vie véritable, « Nécessaire » (Wâjib), non pas contingente, aléatoire. Selon Sadr Muta’lihîna, ce Nom regroupe l’ensemble des Noms de l’Essence, l’ensemble des Attributs de Perfection. Il indique l’obligation (la « nécessité » dans le sens philosophique) de l’Existence et le fait d’être la vie de toute chose. Lier son cœur à ce Nom « al-Hayyu », le « Vivant » c’est reconnaître le besoin de Lui (qu’Il soit Glorifié) sans lequel il n’y a pas de vie, pour lier sa vie à la Vie véritable, la vie de l’Au-delà. (Voir le verset 169 de la sourate Al-‘Imrân à propos de ceux tués dans la Voie de Dieu : {Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus.}) الْقَيُّومُ    « al-Qayyumu » Un des Beaux Noms d’Essence de Dieu : « Celui qui se dresse de Lui-même », « Celui qui est par Lui-même et Qui fait être et subsister toute chose. » Pour Sayyed TabâTabâ’i, ce Nom indiquerait aussi la « Protection » de quelque chose, la charge de gérer la création (organiser, veiller..). Ce Nom est la « mère » des Noms d’action (« ism fa‘lî », à la différence des Noms d’Essence ), rassemblant l’ensemble des Noms d’action (comme le « Créateur », Celui qui donne la Vie et fait mourir, le Pourvoyeur..). Ce Nom serait une indication d’un niveau qui viendrait après la Vie, dans la mesure où il est la station de la réalisation, de l’effectivité, de la station du passage à l’acte, (à la création), sans besoin de quoi que ce soit. Il est Celui qui fait être de façon absolue, de Lui-même, en Lui-même, pour Lui-même, se dressant par Lui-même sur toute chose, et toute chose se soumettant à Lui. Lier son cœur à ce Nom, c’est reconnaître le besoin de Lui (qu’Il soit Glorifié), pour qu’Il nous pourvoie de Son Aide pour ce qu’Il nous a ordonné de faire.   Dieu s’est manifesté à Son serviteur par ces deux Attributs. Ainsi le serviteur découvre auprès de l’Attribut « Vie », les sens de l’ensemble de Ses Noms et de Ses Attributs de Beauté (Jamâl) et lors de la manifestation de la « Sustentation », les sens de Ses Noms et de Ses Attributs de Majesté (Jalâl), en tant qu’il voit en Lui la disparition de l’ensemble des créatures. Alors, il ne voit dans l’Existence que le Vivant, le Sustentateur. Et dans la mesure où ces deux Noms sont la Vie pure absolue et la « Sustentation » pure absolue, ils sont le Nom le plus Grandiose pour celui à qui ils se manifestent. Aussi, celui qui les évoque de l’œil du cœur et non pas uniquement au niveau de la langue (de l’énoncé), évoque Dieu par Son Nom le plus Grandiose, par lequel, s’Il est appelé, Il répond, s’Il est sollicité, Il donne.

اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ الْحَيُّ الْقَيُّومُ Allâhu lâ ilâha illâ huwa al-hayyu al-qayyûmu Dieu, point de divinité autre que Lui, le Vivant, le Sustentateur. لَا تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلَا نَوْمٌ lâ ta’khudhuhu sinatunn wa lâ nawmunn La somnolence et le sommeil ne s’emparent pas de Lui. لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ lahu mâ fî-s-samâwâti wa mâ fî-l-ardi Sont à Lui ce qu’il y a dans les cieux et dans/sur la terre. لا تَأْخُذُهُ     « lâ ta’khudhuhu » « Lâ » particule de négation, employée habituellement avant un verbe au temps présent (mudâra‘) « Ta’khudhuhu » de « Akhadha » : prendre qqch pour soi, se saisir de, s’emparer de. Expression courante souvent employée dans le noble Coran. Le verbe est au temps présent (mudâra‘) à la 3e personne du féminin singulier, le sujet étant le mot qui vient après « sinatunn » Et le « hu » : pronom personnel attaché (ou « suffixe »), à la 3e personne du masculin singulier, (Ghâ’eb en arabe, l’ « Absent »). Il renvoie au mot précédent le verbe. A Dieu (« Allâhu »), mot principal de la phrase précédente ou au Sustentateur (« Qayyûmu »), le mot juste avant ? سِنَةٌ    « sinatunn » « Sinatunn »  vient de  « wasana » qui indique l’arrivée d’une lourdeur sur le cœur et sur ses forces. Cette situation arrive au début de l’endormissement, après le sentiment de vouloir dormir et la détente du corps : somnolence, somme, tomber de sommeil. Plus léger que le sommeil, que le fait de dormir (nawmunn) qui sera mentionné après. لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ     « lahu mâ fî-s-samâwâti wa mâ fî-l-ardi » Lahu, « la », préposition indiquant la possession, l’attribution : « pour, à » ; et « hu », pronom personnel suffixe, 3e personne du masculin singulier, renvoyant à « Allâhu » ou al-Qayyûmu ». Mâ : pronom relatif indéfini, renvoyant habituellement à des choses : « ce que, ce qui, que ». Qu’indique-t-il ici ? Fî : peut à la fois indiquer un lieu (« dans, à, sur ») ou un temps (lors, durant..) pour ne citer qu’eux. As-samâwâti : pluriel de « sama’ » le ciel. = les cieux. Al-ardi : la terre. Pourquoi la terre est au singulier alors que les cieux sont au pluriel ?   Reprenons.. (en nous aidant de l’interprétation de ce verset de Sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles d’Ibn ‘Arabî et de Sadr Muta’lahîne, ainsi que des indications présentes dans la traduction du Coran de Yehia Alawi (Christian Bonaud), Voilà le Livre.) لا تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلَا نَوْمٌ    « lâ ta’khudhuhu sinatunn wa lâ nawmunn » A quoi renvoie le pronom « hu » dans le verbe « ta’khudhu-hu » ? Au « Sustentateur » « al-Qayyûmu » ou à Dieu « Allâhu » ? La majorité des interprétations de ce verset renvoie le pronom personnel au « Sustentateur » « al-Qayyûmu » parce que les deux mots cités après (la somnolence « sinatunn » et le sommeil « nawmunn ») qui viennent ajouter une information, ou un éclaircissement, même en le niant, sont des caractéristiques du monde de la contingence, du temps et de l’espace. Cela veut dire que l’on se situe au niveau des « Actes » de Dieu ou des Attributs d’Acte de Dieu (comme quand on parle de Dieu en tant que Créateur, Pourvoyeur..) et non pas au niveau de l’Essence divine (ou les Attributs de l’Essence divine auxquels renvoie Dieu « Allâhu ». Le sommeil est contraire au fait que la Vie soit un Attribut d’Essence. Il le nie puisque le sommeil est une sorte de mort. De même pour la somnolence qui est le prélude ou l’effet du sommeil. Et le verset les cite en affirmant qu’elles ne conviennent pas à Dieu. C’est-à-dire, le Coran, en évoquant ces deux mots, se place du point de vue de l’homme, qui, lui, subit les contingences de ce monde, pour affirmer que Dieu, en tant que « Sustentateur » de ce monde, n’est pas affecté par la fatigue ni par le sommeil. Alors que l’homme, dans de telles circonstances, ressentirait de la fatigue et voudrait dormir. Rien n’a d’effet sur Dieu. Il ne ressent pas le plus léger effet de la fatigue (l’envie de dormir), ni ce qui est plus lourd (le sommeil). Cela si l’on se place de point de vue de l’homme vivant sur terre en ce monde. Mais si l’on se place du point de vue de l’Organisation, de la Gestion de la Création, toutes ces caractéristiques de ces mondes ne se rapportent pas à Dieu, notamment celle d’al-mulk (le monde matériel), et n’ont aucun effet sur Lui ; Il est au-dessus de tout cela. C’est une sorte de mise en garde contre le fait d’attribuer à Dieu nos caractéristiques liées au monde matériel dans lequel nous vivons sur terre.   لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ     « lahu mâ fî-s-samâwâti wa mâ fî-l-ardi »   « Lahu » : Ibn ‘Arabî y voit une indication du Pouvoir, de la Possession de Dieu sur les cieux et la terre. Il fait d’eux ce qu’Il veut, selon Son Vouloir. La « Sustentation » (« al-Quyyûmiyyah ») totale de Dieu n’est complète que s’Il détient les cieux et la terre, et ce qu’il y a à l’intérieur, de la véritable Possession. Il existe de nombreux versets qui font allusion à sept cieux alors que le mot « ard » est toujours employé au singulier dans le Coran. Pourtant, il existe de nombreux hadiths (et invocations) qui parlent également de sept terres comme ils parlent de sept cieux. Sans doute, l’emploi du singulier pour le mot « terre » (al-ardi) alors que l’on parle « des cieux » indique-t-il qu’il y a pour chaque ciel une terre qui lui correspond. On peut d’ailleurs remarquer que dans la suite du verset, c’est le pronom suffixe duel (et non pluriel) qui est employé pour désigner les cieux et la terre. L’emploi du pronom relatif indéfini « mâ » est là pour indiquer l’absoluité : « tout ce qui s’y trouve » (les êtres matériels et immatériels, les choses, les êtres vivants, les hommes, les djinns, les anges..), le pouvoir absolu de Dieu sur tout ce qui existe. Le Pouvoir absolu dans l’Existence est à Dieu (qu’Il soit Glorifié) et uniquement à Lui. Il n’y a rien qui ne soit pas pour Lui ni de Lui. Quel est le lien entre « tout ce qui s’y trouve » et le Pouvoir Absolu de Dieu Auquel toute chose revient ? Quel est le rôle de la causalité qui régit le monde matériel (al-mulk), si l’on rapporte tout à Dieu et que l’on dit que tout vient de Lui ? Vient le verset suivant. Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ الْحَيُّ الْقَيُّومُ Allâhu lâ ilâha illâ huwa al-hayyu al-qayyûmu Dieu, point de divinité autre que Lui, le Vivant, le Sustentateur. لَا تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلَا نَوْمٌ lâ ta’khudhuhu sinatunn wa lâ nawmunn La somnolence et le sommeil ne s’emparent pas de Lui. لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ lahu mâ fî-s-samâwâti wa mâ fî-l-ardi Sont à Lui ce qu’il y a dans les cieux et dans/sur la terre. مَنْ ذَا الَّذِي يَشْفَعُ عِنْدَهُ إِلَّا بِإِذْنِهِ man dhâ-l-ladhî yashfa‘u ‘indahu illâ bi-idhnihi, Qui intercède auprès de Lui si ce n’est qu’avec Sa Permission ? مَنْ ذَا الَّذِي « man dhâ-l-ladhî » « Man » pronom relatif indéfini ou pronom interrogatif (ou de protestation ?) renvoyant habituellement à des personnes. Qui représente-t-il ? « dhâ » démonstratif masculin singulier pour des personnes et des choses. Il n’est pas précisé ici s’il est de proximité ou d’éloignement. « al-ladhî » pronom relatif défini, masculin singulier, renvoyant à « man » ou à « dhâ ». L’intercession est un fait que personne ne nie. Il reste à savoir ce que l’on entend par « intercession » et en vertu de quoi cette « intercession » a lieu. يَشْفَعُ عِنْدَهُ « yashfa‘u ‘indahu » « yashfa‘u » vient de « shafa‘a » et l’idée fondamentale unique : une adjonction de qqch ou une force d’achèvement, d’accomplissement pour le but recherché et l’atteinte du résultat voulu, au sens large, sans contrainte ni détermination. D’où la traduction par « intervenir, intercéder en faveur de.. auprès de.. » «‘indahu » : auprès de, et « hu » (Lui) renvoie à Dieu (« Allâhu » ou « al-Qayyûmu ») en tant que tout revient à Lui. (voir à ce propos ce qui a été dit précédemment.) إِلَّا بِإِذْنِهِ « illâ bi-idhnihi » « illâ » particule d’exception. Ici elle n’est pas précédée par une négation mais peut-être se trouve-t-elle dans le mot « man » qui peut avoir une valeur de protestation. En tout cas, elle a une valeur de confirmation de l’exclusivité, de la restriction, de l’exception. « bi » aurait ici valeur de complément de moyen : « par » ou « grâce à » « avec l’aide de » (voir le détail dans le N°0) « idhni-hi » vient de adhana et  l’idée fondamentale est : la connaissance avec le critère de satisfaction et d’accord. D’où le sens de « idhin » l’autorisation, la permission nécessitant la connaissance avec la satisfaction et l’approbation. Tout est entre les mains de Dieu, sous Son Autorité. Tout vient de Lui et tout revient à Lui. Comment des « intercesseurs » pourraient-ils agir en dehors de Lui, de Sa Connaissance, de Sa Volonté, de Son Accord ?   Reprenons.. (en nous aidant de l’interprétation de ce verset de Sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », de celles sheikh Nâsr Makârem Shîrâzî ainsi que des indications présentes dans la traduction du Coran de Yehia Alawi (Christian Bonaud), Voilà le Livre.) A propos de « man dhâ al-ladhî yashfa‘u », il y a deux domaines d’investigation, d’un côté le sens de l’intercession, et de l’autre celui ou ce qui intercède. Quant au sens, le Coran présente l’intercession comme un système d’organisation du monde : en d’autres termes, l’organisation du monde est construite sur l’organisation de l’ « intercession », les « intermédiaires » étant, selon certains savants, l’ensemble des causes dans ces existences causées avec l’accord de Dieu, de façon absolue (c’est-à-dire sans condition ni contrainte). Selon ce sens large, l’intercession comprend aussi bien celle au niveau de la constitution (at-takwiniyyah) – la création et le maintien de la création –, qu’au niveau de la législation (ash-shâri‘ah). Elle inclut aussi bien le principe de la causalité connu dans le monde matériel que la législation, l’invocation, les bonnes actions, les supplications, le tutorat (al-wilâyat). Et contrairement à l’intercession pratiquée entre les hommes fondée sur l’intérêt, l’intercession divine a un tout autre sens puisque Dieu est le Riche en Soi qui n’a aucun besoin. Elle est au contraire un moyen pour mener à sa perfection la création. Vient alors la question, qui sont ceux qui sont amenés à jouer le rôle d’intercesseur ?  qui vont recevoir  l’autorisation de l’intercession ? Selon un hadîth du Messager de Dieu(s), ils sont au nombre de cinq : « Le Coran, les liens de parenté, le dépôt, votre Prophète, les Gens de la famille de votre Prophète. » Le Prince des croyants(p), quant à lui, insistait sur le repentir : « Par d’intercesseur plus efficient que le repentir. » La présence du pronom interrogatif plutôt employé pour les personnes « man » laisse plutôt suggérer la primauté de l’intercession de certaines personnes. Qui sont-elles ces personnes à qui Dieu donne Son Accord pour intercéder ? « Le Prophète et les gens de sa famille » si l’on reprend la parole citée du Prophète Mohammed(s). L’Imam as-Sâdeq(p), interrogé sur le sens de ce verset, confirme ce sens : « Nous sommes ces intercesseurs. » (c’est-à-dire, eux les Imams d’Ahle al-Beit(p) après le Prophète). Sheikh Nâsr Makârem Shîrâzî relève la nécessité d’une certaine similitude entre celui qui intercède et celui qui bénéficie de l’intercession. L’intercession, selon le noble Coran, signifie que la personne qui a fait des péchés, a aussi certaines qualités, comme la foi, ou a fait de bonnes actions, qui lui font se ressembler aux Proches-Elus de Dieu, qui à leur tour s’efforcent de l’aider, la dirigent vers l’avenue de la perfection, et demandent à Dieu Très-Elevé le pardon pour elle. On pourrait dire que la vérité de l’intercession est la présence d’un être plus fort, meilleur à côté d’un autre plus faible pour l’aider à gravir les échelons de la perfection. اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ الْحَيُّ الْقَيُّومُ لَا تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلَا نَوْمٌ لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ مَنْ ذَا الَّذِي يَشْفَعُ عِنْدَهُ إِلَّا بِإِذْنِهِ Allâhu lâ ilâha illâ huwa al-hayyu al-qayyûmu lâ ta’khudhuhu sinatunn wa lâ nawmunn lahu mâ fî-s-samâwâti wa mâ fî-l-ardi  man dhâ-l-ladhî yashfa‘u ‘indahu illâ bi-idhnihi, Dieu, point de divinité autre que Lui, le Vivant, le Sustentateur. La somnolence et le sommeil ne s’emparent pas de Lui. Sont à Lui ce qu’il y a dans les cieux et dans/sur la terre. Qui intervient auprès de Lui si ce n’est qu’avec Sa Permission ? يَعْلَمُ مَا بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَمَا خَلْفَهُمْ ya‘lamu mâ bayna aydîhim wa mâ khalfahum Il sait ce qu’il y a devant eux et ce qu’il y a derrière eux, وَلَا يُحِيطُونَ بِشَيْءٍ مِنْ عِلْمِهِ إِلَّا بِمَا شَاءَ wa lâ yuhîtûna bi-shay’inn min ‘ilmihi illâ bi-mâ shâ’a alors qu’ils n’embrassent rien de Son Savoir sauf de ce qu’Il veut.   يَعْلَمُ « ya‘lamu » « ya‘lamu » (Il sait) : le pronom personnel à la 3ème personne du masculin singulier est à l’intérieur du verbe et renvoie à Dieu (« Allâhu » ou « al-Qayyûmu »). Ici, il s’agit du Savoir de Dieu.   مَا بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَمَا خَلْفَهُمْ « mâ bayna aydîhim wa mâ khalfahum » « Mâ » : pronom relatif indiquant habituellement des choses. « bayna aydîhim » : littéralement « entre leurs mains »,  puis a le sens de ce qu’il y a « devant eux » (de « présents »), puis, par extension, pour désigner « ce qui est à venir » et parfois le contraire. « wa mâ khalfahum » : littéralement « derrière eux » puis, par extension, pour désigner ce qui est passé. Et parfois pour dire le contraire « ce qui est à venir ». « him » ou « hum » : pronoms personnels à la 3ème personne du masculin pluriel attaché ou « suffixe », désignant des personnes. (le « hum » est devenu « him » à cause de la préposition attaché « bi »). A qui ou à quoi renvoie ces pronoms personnels ? Selon l’apparence, ils renvoient « ce qu’il y a dans les cieux et dans la terre » à cause de leur forme au pluriel. وَلَا يُحِيطُونَ بِشَيْءٍ « wa lâ yuhîtûna bi-shay’inn » « lâ yuhîtûna » : l’idée fondamentale : garder qqch, veiller sur qqch avec une idée de supériorité puis par extension « régner », « embrasser » (fig), « comprendre » مِنْ عِلْمِهِ « min ‘ilmihi » « min » : article partitif : quelque soit le savoir auquel on accède, il n’est qu’une infime goutte d’eau du Savoir infini, illimité de Dieu. «‘ilmi-hi » : le « hi » est un pronom personnel attaché « suffixe », renvoyant à Dieu (« Allâhu » ou « al-Qayyûmu ») selon la plupart des commentateurs : Son Savoir. إِلَّا بِمَا شَاءَ « illâ bi-mâ shâ’a » « illâ » : particule d’exception : après avoir nié toute possibilité d’« embrassement » de Son Savoir, Dieu en affirme la possibilité.. .. selon Son Vouloir « bi-mâ shâ’ », rappelant que c’est Dieu qui donne de Son Savoir à qui Il veut et ce qu’Il veut. Certains ont vu dans ce passage du verset un rappel et une insistance sur le fait que les intercesseurs ne peuvent agir qu’en conformité avec l’Ordre divin et qu’ils ne savent que ce que Dieu a voulu leur fait connaître, puisqu’Il est l’Unique Savant tout comme Il est le Seul Vivant et le Seul Tout-Puissant. Il est Unique. Pas de divinité autre que Lui. Reprenons.. (en nous aidant de l’interprétation de ce verset de Sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles d’Ibn ‘Arabî et de Sadr Muta’lahîna, ainsi que des indications présentes dans la traduction du Coran de Yehia Alawi (Christian Bonaud, Voilà le Livre.) يَعْلَمُ مَا بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَمَا خَلْفَهُمْ « ya‘lamu mâ bayna aydîhim wa mâ khalfahum » Plusieurs interprétations  ont été apportées à l’expression « ce qui est devant eux et ce qui est derrière eux » : -ce qui fut avant eux et ce qui sera après eux (et qui est caché pour la majorité des gens) ; -ou le contraire, parce que l’on fait face à l’avenir et on tourne le dos au passé ; -ou bien les choses de ce monde (parce qu’elles sont « entre nos mains ») et celles de l’Au-delà (qui, nous étant cachées, sont comme dans notre dos) ; -ou le contraire (car on se dirige vers l’Au-delà et on laisse ce monde-ci derrière nous) ; -ou encore ce que l’on perçoit par les sens (et qui est comme « devant nous ») et ce que l’on saisit par l’intelligence (et qui est « derrière » le monde des sens) ; -ou enfin, ce qui est perçu de façon totale (en tant que présent devant soi, connu) et ce que l’on ne perçoit pas (donc situé « derrière soi », parce qu’inconnu, loin, qui va se passer dans l’avenir – « al-ghayb »). En tout cas, il y a là une indication d’un savoir différent de notre savoir matériel acquis par apprentissage, d’un savoir inspiré par Dieu selon Son Vouloir. وَلَا يُحِيطُونَ بِشَيْءٍ « wa lâ yuhîtûna bi-shay’inn » L’emploi ici de « Ihâta » pour mettre en évidence la totale connaissance, la maîtrise de la Seigneurie et du Pouvoir divin, la totale gestion la plus parfaite sous l’Autorité du Vouloir Divin, par le savoir. مِنْ عِلْمِهِ إِلَّا بِمَا شَاءَ « min ‘ilmihi illâ bi-mâ shâ’a» Et le Savoir visé ici, reçu selon Sa Volonté, n’est pas ce savoir acquis dans le sens d’une accumulation de renseignements indiquant quelque chose d’autre (qui se fait cependant aussi avec la Volonté de Dieu), mais l’essence même des choses. L’Imam Sadeq(p) (le sixième Imam) disait : « Le savoir n’est pas une accumulation de savoirs acquis mais est lumière qui se situe dans le cœur  de celui que Dieu veut diriger. » Puis il(p) ajouta : « Aussi, si tu veux la science, demande d’abord, à l’intérieur de toi-même, l’essence de l’adoration, puis demande à Dieu le savoir par son utilisation et qu’Il te fasse comprendre. Alors Il te fera comprendre. » Et le Savoir tout entier est pour Dieu et on ne trouve pas de savoir dans le monde qui ne soit pas de Son Savoir. Et si les « intercesseurs » sont les Imams d’Ahle al-Beit(p) après le Prophète(s), comme nous l’avons vu précédemment, on peut comprendre le propos de l’Imam as-Sâdeq(p) quand il dit : « Par Dieu ! Je sais ce qu’il y a dans les cieux et ce qu’il y a sur terre , ce qu’il y a au Paradis et en Enfer, ce qui a été et ce qui sera jusqu’au moment où l’Heure se dressera. » Il se tut puis il ajouta : « Je le sais du Livre de Dieu. » (al-Kâfî, vol.1 p61 & 229) اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ الْحَيُّ الْقَيُّومُ لَا تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلَا نَوْمٌ لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ مَنْ ذَا الَّذِي يَشْفَعُ عِنْدَهُ إِلَّا بِإِذْنِهِ يَعْلَمُ مَا بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَمَا خَلْفَهُمْ وَلَا يُحِيطُونَ بِشَيْءٍ مِنْ عِلْمِهِ إِلَّا بِمَا شَاءَ Allâhu lâ ilâha illâ huwa al-hayyu al-qayyumu  lâ ta’khudhuhu sinatunn wa lâ nawmunn lahu mâ fî-s-samâwâti wa mâ fî-l-ardi  man dhâ-l-ladhî yashfa‘u ‘indahu illâ bi-idhnihi, ya‘lamu mâ bayna aydîhim wa mâ khalfahum wa lâ yuhîtûna bi-shay’inn min ‘ilmihi illâ bimâ shâ’a Dieu, point de divinité autre que Lui, le Vivant, le Sustentateur. La somnolence et le sommeil ne s’emparent pas de Lui. Sont à Lui ce qu’il y a dans les cieux et dans/sur la terre. Qui intervient auprès de Lui si ce n’est qu’avec Sa Permission ? Il sait ce qu’il y a devant eux et ce qu’il y a derrière eux,  alors qu’ils n’embrassent rien de Son Savoir sauf (de) ce qu’Il veut.

وَسِعَ كُرْسِيُّهُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ wasi‘a kursiyyuhu as-samâwâti wa-l-arda Son Trône s’étend/comprend aux/les cieux et à la terre وَلَا يَئُودُهُ حِفْظُهُمَا وَهُوَ الْعَلِيُّ الْعَظِيمُ (255) wa lâ ya’ûduhu hifzhuhumâ wa huwa al-‘aliyyu al-‘azhîmu. et leur protection ne Le fait pas ployer et Il est le Très-Haut, le Très-Grandiose. وَسِعَ « wasi‘a » « Wasi‘a » : L’idée fondamentale : l’extension dans la compréhension (ihâtat), (≠ la contrainte, la gêne) embrasser tout , comprendre et par suite  s’étendre à ..  كُرْسِيُّهُ « kursiyyuhu » « Kursî-hu » désigne en général un siège ou un trône (sur lequel on s’asseoit), puis de manière plus générale, toute sorte de « support » sur lequel repose une chose. Et le pronom personnel rattaché (ou suffixe) « hu », à la troisième personne du singulier, renvoie à Dieu, au Nom de Dieu (« Allâhu ») du début du verset ou à « Sustentateur » (« al-Qayyûmu »), comme vu précédemment. وَلَا يَئُودُهُ « wa lâ ya’ûduhu » « ya’ûduhu » vient de « âda » avec le sens de « épuiser » (qqun), ou « exténuer », « harasser », « accabler », « éreinter », d’où l’idée de plier, tordre, ployer, d’où le choix pour la traduction « faire ployer ». Et le pronom personnel rattaché ou suffixe « hu » (à la troisième personne, masculin singulier) renvoie à Dieu (« Allâhu » ou « al-Qayyûmu »), ou au trône (« kursî »). Déjà au début du verset, il a été évoqué que la fatigue et le sommeil n’avaient pas de prise sur Dieu. حِفْظُهُمَا « hifzhuhumâ » « Hifzhuhumâ » vient de Hafizha : Garder, conserver, préserver d’où « hifzhunn » attention, vigilance, garde, conservation. Il renvoit à l’Attribut de « Sustentation » (qayyûmiyyah) de Dieu mentionné au début du verset. Et « humâ », pronom personnel attaché (suffixe), duel, renvoie aux cieux et à la terre. On peut remarquer que le pluriel des cieux n’a pas été considéré avec la terre, mais l’espèce « ciel » et l’espèce « terre », comme si pour chaque ciel correspond une terre. وَهُوَ الْعَلِيُّ  الْعَظِيمُ « wa huwa al-‘aliyyu al-‘azhîmu » Et « huwa » pronom personnel détaché, troisième personne du singulier, « al-ghâ’eb », l’ « inconnu ». Il renvoie à Dieu (« Allâhu ») au début du verset. Il indique Son Essence que nous ne pouvons pas connaître. « al-‘Aliyyu », un des Beaux Noms de Dieu : le « Très-Haut ». « al-‘Azhîmu », un des Beaux Noms de Dieu : le « Très-Grandiose », l’ « Immense ». Ce Nom est utilisé dans le Coran soit pour décrire la Grandeur de Dieu, soit pour décrire Son terrible Châtiment (cf. les versets 7,49,114 de la sourate La Vache II). Sans doute pour montrer Sa Grandeur et la Crainte Révérencielle qu’Il doit nous inspirer. Et l’article « al- » pour ces deux Noms indique la restriction (al-hasr). Il est le Seul Très-Haut, le Seul Très-Grandiose. Reprenons.. (en nous aidant de l’interprétation de ce verset de Sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles d’Ibn ‘Arabî et de Sadr Muta’lahîna, ainsi que des indications présentes dans la traduction du Coran de Yehia Alawi (Christian Bonaud), Voilà le Livre.) كُرْسِيُّهُ « kursiyyuhu » Ce mot « al-kursî» qui a donné son nom au verset, prête à beaucoup d’interprétations. Sans doute s’y trouve une allusion à la royauté (al-mulk). On dit le « trône » du roi. Et dans l’extension du trône, il y a la domination, la maîtrise de la station de l’Autorité divine, l’Autorité divine s’étendant aux cieux et à la terre. Le « trône » serait une indication de la station Seigneuriale par laquelle se  dressent les cieux et la terre, et par laquelle ils sont gérés et connus. Cela implique donc une connaissance, un niveau de savoir. Et le fait que le trône comprend, embrasse toute chose, implique que la sauvegarde de ce qu’il y a dans les cieux et la terre se fait de par Son Essence. C’est pourquoi, elle ne Le fait pas ployer. -Un jour, quelqu’un demanda à l’Imam as-Sadeq(p) si c’est le « trône » qui contient les cieux et la terre ou au contraire, ce sont ces derniers qui contiennent le « trône » (sans doute, cette personne avait une vision matérielle des choses). L’Imam(p) répondit : « Toute chose est dans le trône ». -Un des compagnons de l’Imam as-Sadeq(p) l’interrogea sur la signification de ce mot. L’Imam(p) répondit : « Son Savoir ». Sayyed TabâTabâ’i déduit de ce propos rapporté (et d’un autre rapporté également de l’Imam as-Sâdeq(p) disant que l’Arche est le savoir dont personne ne mesure sa grandeur), que le trône est un niveau du Savoir Divin et que dans l’existence, il y a un niveau de savoir qui n’est pas limité. C’est-à-dire, qu’il y a, au-dessus de ce monde dont nous faisons partie, un autre monde où les existants sont des « choses » non-limitées dans leur existence, par des limites corporelles. -Il est rapporté de l’Imam as-Sadeq(p) : « Ils sont tous les deux [le « trône » et l’« arche », l’« arche » étant distinct du « trône »], deux des plus grandes portes des Mystères et tous les deux sont de l’ordre des Mystères, et tous les deux sont liés dans le Mystère (« al-ghayb »), parce que le Trône (al-kursî) est la porte externe, apparente du Mystère duquel [apparaît] le prélude de la création et duquel toutes les choses s’élèvent, et l’Arche est la porte intérieure. Ainsi tous les deux sont dans le savoir deux portes liées parce que la royauté de l’Arche est égale à celle du Trône, mais son savoir est plus dissimulé, plus profond que celui du Trône. » (in Tawhîd d’as-Sadûq, Bâb al-‘Arsh). -Et il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) dans al-Ihtijâj : « Dieu a créé toute chose dans le creux du Trône sauf son ‘Arche car elle est plus grandiose pour être embrassée par le Trône. » Ainsi, le Trône et l’Arche indiquent deux niveaux du Savoir (divin) : l’Arche renvoyant au niveau du savoir qui n’a pas de limite, ni de mesure du point de vue de la Perfection de l’Existence, et  le Trône au niveau du savoir mesuré, limité (plus proche de notre savoir corporel) selon les circonstances du savoir. Et ces deux ne font qu’un en tant qu’unité de l’apparence avec son intérieur. وَلَا يَئُودُهُ  حِفْظُهُمَا « wa lâ ya’ûduhu hifzhuhumâ» La protection des cieux et de la terre ne Le fait pas ployer parce que leur existence est en Lui, par Lui. Il est à rapprocher à ce qui a été dit au début du verset à propos de Sa Sustentation : la somnolence et le sommeil n’ont pas de prise sur Lui (Très-Elevé). Et selon l’apparence, d’après Sayyed TabâTabâ’i, le pronom personnel suffixe renvoie au « Trône ». De même, il est possible qu’il soit rapporté à Dieu (« Allâhu » ou « al-Qayyûmu »). La différence réside dans le niveau de manifestation de Dieu auquel on se réfère. وَهُوَ الْعَلِيُّ « wa huwa al-‘aliyyu al-‘azhîmu » « al-‘Aliyyu » : à la Haute Importance, que rien ne surpasse, et qui surpasse, toute chose ; qui domine toute chose et en Qui disparaît toute chose.  Et lier son cœur à ce Nom, c’est reconnaître le besoin de Lui pour atteindre Sa Proximité. Il n’y a pas de degré plus élevé que l’on pourrait atteindre en dehors de Lui. الْعَظِيمُ « al-‘azhîmu » « al-‘Azhîmu » Aucune créature ne peut imaginer Sa Grandeur. La Grandeur Absolue est en Lui et à personne d’autre et toute grandeur prend de Lui et revient à Lui et à Lui seul. Les articles de détermination indiquent la restriction, l’exclusivité. Seul  Dieu est le plus Elevé, le plus Grandiose, en tant que l’Elévation et la grandeur relèvent de la Perfection et la Vérité de la Perfection est uniquement à Dieu. Lier son cœur à ce Nom, c’est reconnaître le besoin de Lui pour être grandiose auprès de Lui et non auprès de l’univers, sauf pour transmettre un ordre de Dieu. Dans ce cas, il faut recevoir (l’Ordre de Dieu) avec respect et renforcer Sa grandeur dans les cœurs de ceux qui écoutent. Dans ce cas, le besoin de Lui, en Lui, est pour magnifier Dieu dans l’Univers auprès des gens, non dans le but de se magnifier soi-même.

 

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