Sagesse et esthétique : deux ailes de l’artiste chiite
Comment l’art peut s’enrichir de l’influence du chiisme ? Pour répondre à cette question, il faut rappeler les deux éléments constituants de l’art : le concept que l’œuvre d’art veut « montrer », et la manière dont ce concept est représenté. Autrement dit, il y a d’abord le sujet d’une activité artistique, ensuite sa représentation en tant qu’objet d’art. Je qualifie le premier de « sagesse » et le second d’« esthétique ». Pour moi, ce sont les deux ailes de l’artiste chiite.
La première lui permet d’entrevoir dans un éclair les vérités mystiques et célestes qui lui deviennent perceptibles par une révélation artistique. Il enrichit et développe ensuite cette perception des vérités ésotériques par la « sagesse ».
Le deuxième lui permet de représenter ce qui lui a été révélé pour créer un changement dans le monde de la matière par tous les moyens que le beau et l’« esthétique » mettent à sa disposition.
Pour décrire l’influence du chiisme sur l’art iranien, il faut donc se représenter à l’esprit l’influence que la foi chiite exerce sur l’artiste au niveau de la « sagesse » et de l’« esthétique ».
Les chercheurs focalisent souvent leur attention sur le deuxième niveau, à savoir l’influence des croyances chiites de l’artiste iranien au niveau de l’esthétique. En effet, il est plus aisé d’étudier cette influence là où il prend une forme matérielle et extérieurement visible. Mais l’influence du chiisme sur la « sagesse » de l’art ne fait guère l’objet d’études critiques, car elle est moins perceptible et plus cachée. Or, il est évident que la foi religieuse chiite exerce son influence plutôt sur l’esprit de l’artiste et de sa créativité artistique que sur l’objet d’art proprement dit.
En ce qui concerne l’artiste chiite, pour que sa création soit considérée comme la manifestation extérieure de sa foi religieuse, il faut d’abord que le chiisme ait éclairé son cœur de la lumière de la vérité. La représentation extérieure de cette lumière extraordinaire que Dieu répand dans l’âme d’un homme sera possible par l’« esthétique » où il faut rechercher de nouveau l’influence de la foi chiite. A ce stade, nous devons être particulièrement sensibles au fait que l’influence de la croyance chiite sur la représentation extérieure de l’œuvre d’art peut nous échapper, car dans nos jugements esthétiques, nous avons pris souvent l’habitude de nous contenter des apparences immédiates.
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