Le chiisme, selon l’Imâm al-Bâqir (p)
Comment reconnaît-on un Chiite ?
Le Chiisme en Islam n’est pas un état séparé de l’Islam. Il est l’islam dans toutes ses moralités et dans tout le sentiment de responsabilité que possède l’homme vis-à-vis de l’autre homme… Abû Ismâ’îl a dit : « J’ai dit à l’Imâm Abû Ja’far Muhammad al-Bâqir (p) : ‘Que je sois sacrifié pour toi ! Les Chiites sont très nombreux dans mon pays’. Il m’a demandé : ‘Les riches de ton pays soutiennent-ils les pauvres, les bienfaisants pardonnent-ils les malfaisants, et se traitent-ils d’égaux à égaux ?’. J’ai répondu que non. Alors, il m’a dit : ‘Ceux-là ne sont pas des Chiites’ ». Le Chiite est celui qui suit la ligne des moralités de l’Islam sur le plan de la question sociale. Il est celui qui aide le pauvre, celui qui pardonne celui qui fait du mal et celui qui se met lui-même et met ses biens à la disposition de son frère. Celui qui ne se conduit pas de cette manière dévie par rapport à la ligne de l’Islam et, de ce fait, dévie par rapport à la ligne du chiisme.
L’Imâm al-Bâqir (p) a chargé l’un de ses compagnon, à savoir Khaythama Ibn ‘Abd ar-Rahmân al-Ju’afî, de transmettre une lettre à ses partisans, les Chiites - et tous les Musulmans sont ses partisans- dans laquelle il a dit : «Ô Khaythama ! Passe le salut à ceux que tu vois parmi nos partisans. Dis-leur de craindre Dieu, le Grand ; que ceux parmi eux qui sont riches aident ceux parmi eux qui sont pauvres, que ceux parmi eux qui sont forts aident ceux qui sont faibles, que ceux parmi eux qui sont vivants assistent aux funérailles de ceux parmi eux qui meurent, et qu’ils se rendent visite dans leurs maisons, car cela ravive notre cause ».
Cette recommandation nous est également adressée car nous faisons partie de ses partisans et nous reconnaissons l’autorité des Imâms et leur Imâmat. Elle demande aux Chiites de s’unir, de communiquer les uns avec les autres, de s’aimer réciproquement et de se rappeler toujours toutes les causes vitales qui les rassemblent tous. Ces causes sont celles de l’Islam indivisible sous toutes ses croyances, toutes ses lois, toutes ses valeurs et toutes ses moralités.
Et l’Imâm de poursuivre : « Ô Khaythama ! Dis à nos partisans que nous ne pouvons rien pour eux auprès de Dieu sauf par leurs actions, qu’ils ne pourront avoir notre soutien que par la piété et que ceux qui regretteront le plus au Jour de la résurrection sont ceux qui prescrivent la justice mais qui la contredisent ».
La reconnaissance de l’Autorité des Imâms n’est pas un sentiment dans le cœur. La reconnaissance de cette Autorité est de reconnaître celle de Dieu, le Très-Haut, et de Lui obéir, reconnaître l’Autorité du Messager de Dieu (p) et de le suivre, et de reconnaître les Gens de la Maison (p) en empruntant leur voie dans l’obéissance de Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, et dans l’amour qu’il faut Lui porter.
A ces partisans, les Chiites, l’Imâm (p) explique que leur engagement à la reconnaissance de l’Autorité des Gens de la Maison (p) qui est la reconnaissance de la ligne de Dieu, le Très-Haut, et de Son Messager (p), et que leur engagement au service des Gens de la Maison (p) qui représentent l’Imâmat dans la ligne de l’Islam, impliquent qu’il est de leur devoir d’agir dans le sens de la justice que représente la reconnaissance de l’Autorité et de la vérité qui est la devise des Gens de la Famille… Il leur explique que le fait de contredire ces principes fera de ceux qui les contredisent les personnes qui auront le plus de regret au Jour du Jugement, car ils auront parlé de la justice sans l’appliquer. Ceux qui auraient entendu et mis en application leurs paroles gagneront le Paradis alors qu’eux-mêmes ils gagneront l’Enfer car ils n’avaient pas mis en application la justice dont ils parlaient.
Face à l’extrémisme
L’Imâm al-Bâqir (p) a voulu jeter les assises intellectuelles et tracer dans les détails les plans pratiques du mouvement des valeurs à travers les relations à l’intérieur de la société et entre une société et une autre. Ses œuvres reflètent sa crainte de voir le Chiisme gagner la sphère de l’extrémisme dans la mesure où l’amour porté aux Gens de la Maison (p) sans être accompagné de la prise de conscience nécessaire peut dépasser les limites raisonnables. Il a donc voulu installer la base sur le fondement de l’équilibre prôné par l’Islam. Il dit à ce propos : « Ô Chiites !/les partisans des Gens de la Maison/ Soyez la pouffe du milieu /c’est-à-dire celle où l’on s’assoit confortablement car elle n’est ni trop haute ni trop basse/. Alors ceux qui sont extrémistes parce qu’ils vous devancent retourneront vers vous / pour trouver l’équilibre avec vous/, et ceux que vous devancez se hâteront pour vous rejoindre ». Alors un homme parmi les Ansârs du nom de Sa’d lui a dit : « Que je sois sacrifié pour toi ! Qui sont les extrémistes ? ». L’Imâm (p) a répondu : « Ce sont des gens qui disent, en parlant de nous, ce que nous ne disons pas en parlant de nous-mêmes. Ceux-là ne font pas partie de nous et nous ne faisons pas partie d’eux ». Ces gens-là attribuent aux Gens de la Maison (p) des qualités qui ressemblent à celles du Créateur que personne ne Lui est semblable. Ils attribuent aux Gens de la Maison (p), qui sont des créatures, les attributs du Créateur. Puis, à la question de Sa’d : « Qui sont ceux que vous devancez et qui se hâtent pour vous rejoindre ? », l’Imâm al-Bâqir (p) a répondu : « Ce sont ceux qui recherchent le bien, qui le trouvent et qui seront récompensés pour l’avoir recherché. Par Dieu ! Nous ne portons pas un testament de Dieu, nous n’avons aucun privilège auprès de Dieu, nous n’avons avec Lui aucun lien de parenté et nous ne nous approchons de Lui que par l’Obéissance. Ceux qui parmi vous Lui obéissent tireront profit en nous suivant. Attention ! Attention ! Ne Soyez pas dupes ! ».
Le sens du Chiisme
Le Chiisme n’est pas le fait de suivre ‘Alî et les Gens de sa Maison (p) pour des raisons ou des motifs personnelles. Il est le fait de suivre la voie qu’ils ont empruntée, pour laquelle ils ont œuvré et fait le jihâd. Il est la ligne de l’Islam qui est celle du Messager de Dieu (P). L’Imâm al-Bâqir (p) explique cette idée en disant à Jâbir, qui fut l’un de ses compagnons : « Ô Jâbir ! Est-il suffisant pour ceux qui prétendent être des Chiites de dire qu’ils nous aiment, nous les Gens de la Famille ? Par Dieu, nos partisans (les Chiites) ne sont autres que ceux qui craignent Dieu et qui Lui obéissent. Ils n’étaient connus que par la modestie, par l’humilité devant Dieu, par la fidélité, par l’évocation permanente de Dieu, par le jeûne, par la prière, par la charité envers les parents, par les services offerts aux voisins démunis, aux pauvres et aux endettés qui sont dans l’incapacité de rembourser leurs dettes. Ils n’étaient connus que par la sincérité des paroles, par la récitation du Coran, et par le fait de s’interdire de dire autre chose que le bien. Ils étaient les fidèles parmi les leurs ». Ces qualités sont les fondements du Chiisme, car le Chiisme est l’Islam sous son aspect authentique.
L’Imâm (p) a dit aussi : « Il se peut que quelqu’un dise qu’il aime ‘Ali et qu’il le prend pour dirigeant, mais sans agir en conséquence. Il peut même dire qu’il aime le Messager de Dieu (P) qui était supérieur à ‘Alî (p). Mais prétendre aimer ‘Alî et le Messager de Dieu sans se conduire comme eux n’est d’aucune utilité. Alors craignez Dieu et agissez pour ce qui est chez Dieu. Il n’existe aucune parenté entre Dieu et quiconque parmi les gens. Celui qui, parmi les serviteurs, est le plus aimé par Dieu, le Très Haut, est celui qui Le craigne le plus, celui qui agit le plus dans Son obéissance. Ô Jâbir ! On ne s’approche de Dieu que par l’obéissance, alors tout chacun qui obéit à Dieu est notre partisan et tout chacun qui désobéit à Dieu est notre ennemi. Par Dieu ! Nul ne peut prétendre à être notre partisan que par l’action et par le fait de s’écarter des interdits fixés par Dieu ».
Le sacrifice comme preuve de la reconnaissance de l’Autorité de ‘Alî (p)
L’Imâm al-Bâqir (p) explique ce que c’est le Chiite sous un autre angle en disant : « Les partisans de ‘Alî (les Chiites) sont ceux qui donnent les uns aux autres rien que parce qu’ils sont liés les uns aux autres par leur reconnaissance de notre Autorité ; ils sont ceux qui s’aiment parce qu’ils sont liés les uns aux autres par l’amour qu’ils nous portent ; ils sont ceux qui rendent visite les uns aux autres pour faire promouvoir la religion de Dieu / ils sont ceux qui rendent visite les uns aux autres non pas pour comploter et faire des magouilles dans le but de porter atteinte à l’image d’un tel ou d’un tel. Ils rendent visite les uns aux autres pour faire promouvoir la religion de Dieu, cette religion que le Messager de Dieu (P) et les Gens de la Maison (p) ont vécu pour la faire promouvoir. / Ils sont ceux qui, lorsqu’il leur arrive de se mettre en colère, ne commettent pas des injustices. / Ils gardent la ligne de l’équilibre et ne commettent pas des injustices envers celui qui les aura irrités, et ne se conduisent pas envers lui d’une manière illégale/. Ils sont ceux qui, une fois satisfaits, n’exagèrent pas en exprimant leur satisfaction/ c’est-à-dire, ils n’exagèrent pas en donnant à celui qu’ils aiment plus qu’il ne le mérité. Malheureusement, il nous arrive, dans cet Orient, de placer celui que nous aimons au plus haut des sommets, et de placer celui que nous détestons au plus bas des abîmes. Cela est faux car ce qu’il faut c’est être équilibré et donner selon les mérites de chacun./ Ils sont une bénédiction pour leurs voisins et une paix pour ceux qu’ils fréquentent ».
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