Le salafisme et léveil islamique (I)

La vague de l'éveil islamique et les évolutions survenues, au cours de cette dernière décennie, dans les pays islamiques, ont été le fruit d'une activation des courants politiques et intellectuels, dont certains sont bien loin de l'Islam pur prôné par le grand prophète de l'Islam, le vénéré Mohammad, (Que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants). Le Salafisme fait partie desdits courants. Après la disparition du vénéré Mohammad, (Que le salut de Dieu soit sur lui et ses descendants), certaines gens, auprès même de ses compagnons, ont respecté sa recommandation, en ce sens, que c'est le vénéré Ali, (béni soit-il), qui aurait dû remplacer le Prophète. Très peu de gens se sont, alors, réunis autour du vénéré Ali, (béni soit-il). De cette dérive, dans l'application du testament du Prophète, naquirent différentes sectes et chacune des sectes édifia ses propres bases de pensée et de convictions. 14 siècles se sont écoulés, depuis l'avènement de Mohammad, (Que le salut de Dieu soit sur lui et ses descendants), à sa mission de prophétie, et pendant ce temps, diverses sectes ou écoles sont apparues, auprès des fidèles de la religion musulmane. L'unique particularité qui permet de placer certaines desdites écoles, au rang des partisans de la religion éclairante de l’Islam, est leur prétention de suivre le prophète de l'Islam et le noble Coran; or, leur système de pensée n'a rien à voir avec les enseignements islamiques. L'étude de la Sunna authentique de Mohammad, (Que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants), nous fait découvrir qu'il y a une grande distance entre les enseignements du Prophète et les prétentions desdites sectes et écoles et le Salafisme en fait, sûrement, partie.

En fait, une définition claire du Salafisme n'existe pas de nos jours. Les termes "Salafisme" et "Salafiste" s'utilisent, parfois, pour parler des groupes et courants, qui se placent aux antipodes des penchants salafistes, considérés dans leur définition la plus courante. Autrement dit, certains ont l'habitude de reconnaître une étendue si vaste au Salafisme, qu’ils lui font englober tous les Sunnites. Ils disent, aussi, que les antécédents historiques du Salafisme remontent aux premiers temps de l'Islam; tous ceux qui cultivent des visions dures et radicales, sont comptés, selon eux, parmi les salafistes. D’autres disent que le Salafisme est synonyme du Wahhabisme. Dans les milieux politico-médiatiques de l'Occident, le "Salafisme" se dit des courants sunnites anti-occidentaux. Ces milieux sont, donc, enclins à évaluer les courants islamiques anti-occidentaux, comme faisant partie des mouvances rétrogrades et salafistes, manière de les viser par des attaques propagandistes, voire, militaires, et de les empêtrer davantage, dans l'isolement, au niveau du monde musulman. Cette fusion, les Salafistes, mêmes, en profitent, de nos jours, afin de continuer de survivre, sous une apparence toujours ambiguë, ce qui leur permet également de faire passer beaucoup de groupes islamistes non-salafistes, pour des groupes qui leur seraient affiliés.

Le monde musulman est confronté, actuellement, à de sérieuses menaces, sur la scène interne et internationale. Le Salafisme constitue l'une desdites menaces. Les Salafistes rétrogrades tentent d'exploiter la donne actuelle et d'inventer un ennemi commun qu'est le Chiisme, afin de dissimuler leurs différences fondamentales par rapport aux autres courants islamiques. Plus précisément, ils cherchent à créer une convergence de points de vue, quoique factice, entre leur secte et leurs propres détracteurs sunnites, dans la foulée de leurs hostilités traditionnelles contre le Chiisme. Cela signifie que le Salafisme abuse et instrumentalise les autres sectes et écoles, dans la confrontation, avec le Chiisme. Or, non seulement, il existe des différences essentielles entre le Salafisme et les écoles du kalâm et de la jurisprudence sunnites, mais aussi, au sein, même, des Salafistes, on constate énormément de paradoxes et de différences, qui ont donné naissance, d'ailleurs, à des courants inter-salafistes. A ce propos, on a essayé de se référer, dans ces lignes, aux caractéristiques primordiales de chacune des sectes salafistes, afin que la nature du Salafisme, de nos jours, puisse être remise au jour, et de manière, aussi, à éclaircir la place du Wahhabisme, dans ce système de pensée.

Le Salafisme signifie, étymologiquement parlant, le recours aux ancêtres, mais la Salafiya se dit, littéralement, d'une secte qui prétend suivre l'Islam des salaf. Les Salafistes prétendent, également, suivre, dans leur comportement, l'acheminement du Prophète et des "Sahabeh", c'est-à-dire, les compagnons du Prophète, mais aussi, des "Tabe'in", ou la génération qui s'en est suivie.

Les divers courants salafistes se perçoivent comme un mouvement de renaissance de l'Islam, comme ils disent, par un retour à la foi des origines, celle des «pieux prédécesseurs». Ils rejettent tout ce qu'ils perçoivent comme des interprétations humaines, postérieures à la révélation du Prophète, nous disent, aussi, les encyclopédies en ligne. La pensée salafiste ne reconnaît, donc, aucune place aux approches reposant sur la raison et la sagesse. Les Salafistes s'accrochent, donc, à un certain nombre de versets ou hadiths sélectionnés à leur guise, afin de justifier leurs pensées rétrogrades. De même, les Salafistes se réfèrent sur la parole et l'acheminement de tous les "sahabeh" et des "tabe'in", qu'ils soient réputés être pieux ou non.

L'un des jurisconsultes saillants du Salafisme est Ibn Taymiyya (13ème et 14ème siècle de l'ère chrétienne), qui rejette, totalement, le recours à la raison et à la méditation, dans tous les aspects de la vie. Pour prouver ses prétentions, il cite des hadiths falsifiés et des versets manipulés, les mêmes preuves qu'élaboraient Ben Laden et Aiman Zawaheri, l'un, étant ancien leader et l'autre, leader actuel d'Al-Qaïda, ainsi qu'Abou Moussab Zarzaqi, chef de la branche d'Al-Qaïda, en Irak, pour justifier leurs actes terroristes, les mêmes, aussi, dont se servent les écrivains islamophobes, comme d’un instrument de campagne d'intoxication, afin de faire passer l'Islam comme une religion de violence.

Selon la pensée d'Ibn Taymiyya, quiconque prône une lecture différente de la sienne de l'Islam est un mécréant et il serait, donc, permis et licite de verser son sang. Avec cette pensée fanatique et violente, les partisans du Wahhabisme, qui se considèrent partisans d'Ibn Taymiyya, ont massacré, jusqu'à aujourd'hui, nombre d'innocents, simplement, parce qu'ils s’opposaient à leurs visions décadentes, et cette vision continue, malheureusement, toujours, de survivre, dans différents pays islamiques.

Ibn Taymiyya rejette les raisonnements logiques, et l'"Ijtihad" (effort de réflexion, chez les jurisconsultes et les théologiens). La moindre idée que l'on souhaite exprimer sur les besoins de la vie de nos jours, Ibn Taymiyya ne le tolère; or, il vivait, à une époque très lointaine, par rapport à notre ère, et nos besoins, aussi, sont bien différents de ceux de son époque. Ibn Taymiyya montre, ainsi, un rejet total, pour tous les symboles de la vie de nos jours. Selon le système de pensée d'Ibn Taymiyya, les Musulmans ne doivent pas profiter des acquis et inventions scientifiques et des produits intellectuels du monde non musulman, bien qu'ils aient intérêt à les utiliser. Or, le grand prophète de l'Islam dit: "Apprenez la science, même s'il vous faut aller, jusqu'en Chine", le pays le plus lointain qu'on ait pu imaginer, à l'époque. Un hadith de l'Imam Ali, (béni soit-il), nous dit, aussi, d'apprendre la science, même, des mécréants. Ce qui signifie que des liens entre Musulmans et non Musulmans sont permis, voire, recommandés, au cas où ils s'avèrent utiles pour les Musulmans. Le fanatisme d'Ibn Taymiyya bloque, d'une part, le chemin du progrès des Musulmans, et de l'autre, alimente l'animosité et la violence, chez les Musulmans. Par ailleurs, les partisans d'Ibn Taymiyya bannissent les relations entre les Musulmans et les fidèles des autres religions auxquels ils souhaitent malheur et anéantissement. "Ce qu'on cite du Prophète, en ce sens qu'il dit: Quiconque gêne un non Musulman, m'a gêné, est un mensonge, et il n'y a aucun document qui confirme sa véracité", prétend, aussi, ce jurisconsulte salafiste, "car, le Prophète n'a pas dit cette parole et parce que cette parole n'a été citée dans aucun autre document", ajoute Ibn Taymiyya. Avec cette même méthode d'argumentation, il rejette, gratuitement, tous les enseignements évidents de la religion, en ce qui concerne la tolérance envers les non Musulmans et confirme, avec son fanatisme puritain, le pillage, la violence et le massacre des gens. Le système de pensée d'Ibn Taymiyya rejette tous les hadiths qui sont contre ses idées extrémistes. Concernant les versets coraniques qu'il trouve incompatibles avec ses idées, Ibn Taymiyya se lance dans une interprétation et herméneutique malveillante. Ce qui vient d'être indiqué sur Ibn Taymiyya constitue la base intellectuelle d'une partie des Salafistes, qui, par leurs actes et paroles, ont donné une image violente et rétrograde de l'Islam. C'est cette même vision que prêchent, de nos jours, les Taliban, en Afghanistan, et les branches d'Al-Qaïda, dans les pays islamiques. On s'arrête là, pour l'instant, et on s'attardera, dans de futures émissions, sur les différentes branches du Salafisme.
 

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