LA METHODE D'ACTION POLITIQUE DES AHL-UL-BAYT
Quiconque étudie la politique des Ahl-ul-Bayt, leur combat et leurs activités politiques, apparentes ou secrètes, pendant environ deux siècles et demi, peut remarquer que leur action reposait sur les principes suivants :
Eduquer la Ummah
Eduquer la Ummah afin qu'elle éprouve de l'aversion pour l'injustice, insister sur le concept de Justice, expliquer l'idée de l'Imamat et de la politique, clarifier les fondements du gouvernement et de la politique en Islam, tout cela dans le but de développer la conscience politique de la Communauté musulmane, de susciter sa colère contre les injustes et de la sortir de la léthargie. Lorsqu'on remarque tout ce que les Ahl-ul-Bayt ont dit ou rapporté du Prophète à ce propos, on comprendra l'importance de cette action dans la prise de conscience islamique de la Ummah et dans l'approfondissement du sens de la politique chez les Musulmans.
Nous citons ci-après quelques paroles des Ahl-ul-Bayt, et quelques hadith rapportés par eux, concernant le pouvoir, les responsabilités du Gouvernant musulman, le refus par l'Islam de l'injustice et son appel à la Justice, afin de découvrir un aspect de la pensée des Ahl-ul-Bayt et de leur méthode pour résister à l'injustice, susciter l'intérêt politique de la Ummah et la pousser à la réforme et au changement.
Selon un vieil homme de Nakh', parlant de l'Imam al-Bâqir : «J'ai dit à Abî Ja'far : "J'ai été gouvereur depuis l'époque d'al-Hajjâj jusqu'à aujourd'hui encore : mon repentir peut-il être accepté ?" L'Imam a gardé le silence. Lorsque j'ai reposé ma question, il m'a répondu : "Non, pas avant d'avoir restitué à chaque ayant droit son dû."»(1)
-Abû Hamzah al-Thamâlî rapporte le témoignage suivant de Muhammad al-Bâqir :
«Lorsque 'Alî ibn al-Hussayn fut sur le point de rendre l'âme, il m'a serré contre sa poitrine et m'a dit : "O mon fils ! Je te recommande ce que mon père m'a recommandé au moment de sa mort, recommandation que son père lui avait faite : O mon fils ! Garde-toi d'être injuste envers quelqu'un qui n'a personne d'autre qu'Allah pour le défendre contre toi."»(2)
-Selon l'Imam al-Çâdiq :
«Il n'est pas pire injustice que celle dont la victime n'a qu'Allah -Il est Puissant et Glorifié- pour le soutenir.»(3)
-L'Imam al-Çâdiq a rapporté de son aïeul, le Messager d'Allah le hadith suivant :
«Evitez l'injustice, car elle conduit aux ténèbres du Jour de la Résurrection.»(4)
- L'Imam al-Çâdiq a dit :
«Allah -Il est Puissant et Glorifié- a recommandé à l'un de Ses Prophètes se trouvant dans le royaume d'un despote d'aller voir celui-ci et de lui dire [de Sa part] : "Je ne t'ai pas employé pour que tu répandes le sang et amasses l'argent, mais pour que tu M'épargnes les cris des victimes d'injustices, car Je ne suis pas insensible à l'injustice dont ils font l'objet, même s'ils sont des incroyants."»(5)
-Toujours selon l'Imam al-Çâdiq :
«Celui qui commet une injustice, celui qui l'y aide, et celui qui l'accepte sont tous trois des associés [des complices].»(6)
- L'Imam al-Çâdiq a dit aussi :
«Celui qui justifie l'injustice d'un injuste, Allah lui envoie quelqu'un qui lui fait une injustice, et lorsqu'il en fait appel à Allah, Celui-ci ne lui répond pas, et Il ne le console pas de l'injustice qu'il a subie.»(7)
-Selon Abû Baçîr :
«Deux hommes sont venus chez l'Imam al-Çâdiq pour lui soumettre un litige qui les opposait. Après les avoir écoutés, il a dit : "Personne n'aura rien de bon à obtenir en gagnant par injustice. La victime d'injustice gagne par la dette que contracte auprès d'elle l'injuste plus que ne gagne celui-ci du bien de la victime de l'injustice."
Et d'ajouter : "Celui qui fait du mal aux gens ne doit pas protester contre le mal qui lui serait fait. Les descendants d'Adam récoltent seulement ce qu'ils plantent. Personne ne récoltera quelque chose de doux de quelque chose d'amer, ni quelque chose d'amer de quelque chose de doux." Entendant ces propos, les deux hommes se sont réconciliés avant de partir.»(8)
-Les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt ont rapporté le hadith suivant du Prophète :
«Quiconque accompagne un injuste pour l'aider en sachant qu'il est injuste, aura quitté l'Islam.»(9)
- Ils ont aussi rapporté du Prophète cet autre hadith:
«La Justice d'une heure vaut mieux que l'adoration de soixante-dix ans pendant lesquels on veillerait la nuit [en accomplissant des actes d'adoration] et on jeûnerait le jour. L'injustice d'une heure concernant un jugement est plus grave aux yeux d'Allah que les péchés de soixante ans.»(10)
- Selon Jâbir ibn 'Abdullâh al-Ançârî, le Prophète a dit :
«Celui qui contente un gouvernant en commettant ce qui attire la Colère d'Allah, sort de la Religion d'Allah.»(11)
-Selon le Prophète :
«Quiconque est chargé d'administrer dix personnes et ne fait pas preuve de Justice entre elles, se présentera le Jour de la Résurrection avec des mains, des pieds et une tête troués à coups de marteau.»(12)
-Le Commandeur des Croyants, l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib a dit :
«Tout homme à qui on assigne une responsabilité dans les affaires des Musulmans et qui ferme sa porte devant ceux-ci pour rester tranquille, sera détesté et maudit par Allah -Il est Puissant et Glorifié- jusqu'à ce qu'il ouvre sa porte et laisse entrer tous les solliciteurs et quiconque a une requête à présenter.»(13)
Ainsi, ces exemples montrent combien les Ahl-ul-Bayt s'attachaient à rendre vigilants les Musulmans pour ce qui concerne les qualités des gouvernants musulmans et leur façon de gouverner.
Le boycottage des gouvernants qui s'écartent de la Ligne de l'Islam
La deuxième méthode d'action politique qu'ont adoptée les Ahl-ul-Bayt était le boycottage et l'incitation au boycottage des gouvernants qui persistaient à s'écarter de la Ligne politique islamique telle qu'elle est définie par le Saint Coran et la Sunnah.
Parmi les hadith que nous venons de citer, il y en a au moins deux qui sont attribués au Prophète et qui mettent nettement en garde quiconque se tait sur une injustice ou approuve un injuste :
«Quiconque accompagne un injuste pour l'aider en sachant qu'il est injuste, aura quitté l'Islam.» Et :
«Celui qui commet une injustice, celui qui l'y aide, et celui qui l'accepte sont tous trois des associés [des complices].»
L'appel au boycottage des injustes et au refus de les assister est donc clair, et ne souffre aucune ambiguïté. Le hadith suivant du Prophète confirme les précédents, et leur donne encore plus de précision :
«Le Jour de la Résurrection, un crieur s'écriera : "Où sont les injustes et leurs complices ? Qu'on place avec les injustes quiconque leur avait préparé un encrier, attaché un sac, ou tendu un crayon."»(14)
La mise en application de cet appel au boycottage des gouvernants injustes est l'attitude des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt vis-à-vis des gouvernants omayyades et abbassides, à l'époque de l'Imamat de 'Alî ibn al-Hussayn al-Sajjâd, de Muhammad ibn 'Alî al-Bâqir, de Ja'far ibn Muhammad al-Çâdiq, de Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim, de 'Alî ibn Mûsâ al-Redhâ(15), de Muhammad ibn 'Alî al-Jawâd(16)
, de 'Alî ibn Muhammad al-Hâdî, et d'al-Hassan ibn 'Alî al-'Askarî.
Tout au long de cette période de boycottage et de refus de coopération avec les gouvernants, les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt ont subi toutes sortes de persécutions, de répression, de surveillance, d'emprisonnement, de proscription et de terreur que nous expliquerons partiellement dans ce livre.
Prenons un exemple de ce boycottage dans l'attitude de l'Imam al-Çâdiq face au calife abbasside, Abû Ja'far al-Mançûr, connu pour sa brutalité, la terreur sanguinaire qu'il faisait régner, et son injustice envers les descendants de l'Imam 'Alî. Selon les historiens, al-Mançûr a écrit une lettre à l'Imam al-Çâdiq, dans laquelle il lui proposait de le fréquenter et de devenir l'un des uléma (savants religieux) du pouvoir. L'Imam al-Çâdiq a décliné cet "honneur" et a opposé un refus catégorique à l'offre du calife, malgré la terreur et la sévérité des circonstances. Dans sa lettre, al-Mançûr écrivait notamment :
«... Et pourquoi ne nous crains-tu pas, comme tout le monde ?» Al-Çâdiq lui répondit : «Nous n'avons rien pour quoi nous devrions te craindre, et toi tu n'as rien de l'Autre Monde pour quoi nous placerions notre espoir en toi. Tu ne vis pas dans un bienfait pour lequel nous devrions te féliciter, ni dans l'adversité pour que nous te présentions nos regrets.» Al-Mançûr lui écrivit alors : «Accompagne-nous donc, pour nous conseiller !» L'Imam al-Çâdiq répondit : «Celui qui veut ce bas-monde ne te conseille pas, et celui qui cherche l'Autre Monde ne saurait être de ta compagnie.»(17)
La réponse de l'Imam al-Çâdiq était on ne peut plus claire quant à son refus de collaborer ou de coopérer avec des gouvernants pratiquant l'injustice et refusant de se conformer aux stipulations de la Chari'ah, ou d'observer ses Principes.
Les faqîh de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt ont observé et suivi scrupuleusement l'attitude de leurs Imams et ont décrété l'interdiction de coopérer avec les gouvernants injustes, et d'accepter d'être leur fonctionnaire.
Tous les faqîh ont souligné cette interdiction dans les livres de Jurisprudence, au chapitre des "Gains Interdits". Citons-en un exemple , en l'occurrence ce qu'a écrit le Martyr Muhammad ibn Jamâl Makkî al-'Amilî(18), connu sous l'appellation de "Ach-Chahîd al-Awwâl" (le Premier Martyr), en parlant des gains prohibés, et en les énumérant:
«... ainsi qu'aider les injustes à commettre des injustices (...) en écrivant pour eux ou en leur amenant la victime d'une injustice, etc.»(19)
Les faqîh ont interdit l'acceptation d'un poste sous la direction d'un injuste, ou dans tout autre secteur gouvernemental, sauf si c'est dans le but de servir l'Islam et de réparer l'injustice à partir du poste que l'on accepte d'occuper.
Le soulèvement, le soutien aux révoltés et l'usage de la force
Le principe du soulèvement contre l'injuste et du refus de l'injustice est un Principe islamique que l'obligation de la Commanderie du Bien et de l'Interdiction du Mal approuve et engage les Musulmans à observer.
En effet, le Prophète a dit :
«Le Maître des Martyrs Hamzah s'est soulevé contre un gouvernant injuste. Il lui a ordonné de faire le Bien, et lui a interdit de faire le Mal, et le gouvernant injuste l'a tué.»
Or quiconque retrace la vie politique des Ahl-ul-Bayt, ainsi que leur lutte, remarque qu'ils formaient une ligne d'opposition, les tenants de la réforme et de la lutte contre l'injustice, et les Dirigeants de la marche politique de la Ummah. Ils ont ainsi refusé la pratique du règne héréditaire imposé à la Ummah à l'époque de Mu'âwiyeh ibn Abî Sufyân, et l'accession du fils de celui-ci -Yazîd- au califat malgré le refus des Musulmans, en raison de son incompétence et de son absence de qualification pour cette dignité, puisqu'il ne remplissait aucune des conditions requises pour le califat. Lorsque Yazîd ibn Mu'âwiyeh a pris la direction de l'Etat islamique, et a conduit la Ummah à la corruption et à la déviation, l'Imam al-Hussayn, le petit-fils chéri du Prophète, ne pouvait que proclamer l'Insurrection contre cette atteinte honteuse à la dignité et à l'honneur de l'Islam, incarnée par l'avènement de Yazîd. L'Imam al-Hussayn a quitté Médine pour l'Iraq, après être resté quatre mois à La Mecque pour préparer son Soulèvement. Une fois en Iraq, plus précisément à Karbalâ', son Soulèvement a pris sa forme finale, et il a décidé de s'engager dans un combat désespéré contre les forces de Yazîd, combat héroïque au terme duquel il est tombé en Martyr avec plus de soixante-dix de ses Compagnons. Ce Combat, et ce Martyre du petit-fils du Prophète et de dizaines de Musulmans pieux, ont brisé le coeur de l'ensemble de la Ummah, réveillé sa conscience, et attiré l'attention des Musulmans sur le caractère hideux et déviationniste du règne de Yazîd et des autres descendants des Tulaqâ'(20)
. Ce Soulèvement fut le premier soulèvement en Islam contre un gouvernement injuste, et une protestation contre le serment d'allégeance obtenu par la force et illégalement. Il s'opposait ainsi aux appels à la résignation et à la soumission à l'injustice -en un mot à l'intoxication- lancés à l'époque par les "uléma" de la cour, les agents stipendiés du pouvoir, qui préconisaient la nécessité de respecter le serment d'allégeance prêté -même par duperie- au gouvernant injuste, et d'accepter tous les péchés dont celui-ci se rendrait coupable, oubliant les affirmations du Prophète qui avait dit :
«Le serment d'un pécheur est nul.» et :
«Il ne faut pas obéir à une créature qui demande la désobéissance au Créateur.»
et ignorant cette Parole d'Allah :
«Ne vous appuyez pas sur les injustes, sinon le Feu vous atteindra.»(21)
Quant au petit-fils du Prophète, le Martyr al-Hussayn ibn 'Alî, il a lancé l'Appel au Soulèvement et il est tombé en Martyr, le 10 Muharram de l'an 61 de l'hégire, à Karbalâ', en Iraq, réduisant à néant tous les appels au faux et toutes les explications spécieuses. Ce faisant, il a laissé le Cri du Sang et du Martyre étouffer les voix de ces esprits portés à l'avidité et à la soumission.
Le Martyr al-Hussayn a défini pour la Ummah la voie et les motifs de son Soulèvement en s'écriant :
«... Je ne me suis pas soulevé de gaieté de coeur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle... Je me suis soulevé pour réformer la Ummah de mon grand-père, le Messager d'Allah, et pour commander le Bien et interdire le Mal, et pour suivre les traces de mon grand-père et de mon père.»(22)
Puis, dans une lettre adressée aux Kûfites, il a défini les qualités requises pour un Imam et un Dirigeant qui prétend diriger les Musulmans : «Je le jure par ma Religion : l'Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit l'équité, qui a pour religion la Religion Vraie, qui s'en tient scrupuleusement aux Prescriptions d'Allah.»(23)
Et dans une lettre adressée aux notables de Basrah, il leur expliquait pourquoi ils avaient le devoir de le suivre dans son Soulèvement contre le "calife" usurpateur : «Je vous appelle au Livre d'Allah et à la Sunnah de Son Prophète, car la Sunnah est réduite à néant et l'hérésie est ravivée. Je vous demande d'écouter ma parole et d'obéir à mon commandement, car je vous conduis vers la Voie de la Guidance. Que la Paix et la Miséricorde d'Allah soient sur vous.»(24)
De cette façon, l'Imam al-Hussayn a instauré la légitimité du Soulèvement contre le gouvernant injuste, et a posé le principe de la lutte et du Jihâd sacré contre lui.
On peut lire également dans la biographie politique des Ahl-ul-Bayt comment ceux-ci ont soutenu les soulèvements 'alawites qui se sont poursuivis pendant plus d'un siècle, aux quatre coins de la Nation islamique, après le Soulèvement béni d'al-Hussayn.
Ainsi, lorsque Zayd, fils de l'Imam Zayn al-'Abidîn 'Alî ibn al-Hussayn, et petit-fils du Martyr l'Imam al-Hussayn, s'est soulevé, en l'an 121 de l'hégire et à l'époque de l'Imam al-Çâdiq, celui-ci l'a soutenu et s'est affligé de sa disparition.(25)
En effet, Fudhayl al-Rassan témoigne :
«Je suis allé chez Abî 'Abdullâh [al-Çâdiq] après l'assassinat de Zayd ibn 'Alî. J'ai été conduit dans une maison à l'intérieur d'une autre, et là, il m'a dit : "O Fudhayl ! Mon oncle a-t-il été tué ?
- Oui, que je sois sacrifié pour toi ! lui ai-je répondu. Il m'a dit alors : Que la Miséricorde d'Allah soit sur lui. C'était un Croyant pieux, un Connaisseur, un Savant, un Homme Véridique. S'il avait gagné, il se serait acquitté [de sa promesse] et s'il avait obtenu le pouvoir, il aurait su à qui le confier."»(26)
Parmi les exemples merveilleux de ce type d'action politique est la position de l'Imam al-Kâdhim vis-à-vis d'al-Hussayn ibn 'Alî ibn al-Hassan, l'auteur du célèbre soulèvement de Fakhkh, qui eut lieu à Médine, au mois de Thî-l-Qa'dah de l'an 169 H.
Selon différentes déclarations et divers documents historiques, l'Imam al-Kâdhim a appuyé le principe de ce soulèvement contre le gouvernant injuste, et il a soutenu de tout coeur les insurgés, bien qu'il ait émis des doutes quant à leurs chances de succès car il estimait que les conditions requises pour celui-ci n'étaient pas réunies. C'est pourquoi, s'adressant au dirigeant de ce soulèvement -qui lui paraissait bien déterminé à mener jusqu'au bout son action, il lui dit : «Tu seras tué ! Aiguise donc tes épées, car ces gens-là sont des pervers, ils extériorisent la Foi, mais ils cachent l'hypocrisie et "l'associationnisme"(27).
Nous appartenons à Allah et nous retournerons à Lui. C'est auprès d'Allah que je vous compterai parmi mes Partisans.»(28)
De même, l'Imam al-Jawâd, le petit-fils de l'Imam al-Kâdhim, a professé son soutien au soulèvement d'al-Fakhkh et aux insurgés, dans les termes suivants : «Nous n'avons pas eu, depuis al-Taf [la Tragédie de Karbalâ'], un acte de Martyre qui soit plus grandiose que celui d'al-Fakhkh.»(29)
La résistance politique
La résistance politique a joué un grand rôle dans la vie politique de la Ummah chaque fois que celle-ci avait affaire à un gouvernant qui n'appliquait pas les Lois d'Allah et la Justice islamique. Chacun des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt -qui occupaient la place de la Direction politique à leurs époques respectives- symbolisait, incarnait et légitimait l'opposition aux yeux des Musulmans qui refusaient la déviation et l'injustice du gouvernant. Les califes omayyades d'abord, et ensuite abbassides, dont l'Histoire n'ignore pas qu'ils se sont écartés de l'Islam et qu'ils ont soumis les Musulmans à des oppressions et des injustices que la Chari'ah réprouve totalement, connaissaient la position élevée et la popularité dont jouissaient les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt auprès de la Ummah, et déployaient tous les moyens, terreur, subornation, assassinat, emprisonnement, etc. pour s'en débarrasser et les éloigner de l'opinion publique.
Ainsi, dès l'accession de l'Imam 'Alî au Califat, Mu'âwiyeh, le futur fondateur du règne omayyade, s'est rebellé, alors qu'il n'était encore que le gouverneur de la Syrie, contre le Calife légitime. Puis il s'est rebellé encore contre le Califat légitime de l'Imam al-Hassan, et après avoir obligé celui-ci à renoncer au pouvoir, il a continué à le persécuter et à terrifier ses Partisans et ses proches, pour en finir une fois pour toutes avec lui en l'empoisonnant, en l'an 50 de l'hégire.
Quant à Yazîd ibn Mu'âwiyeh, il a suivi les traces de son père, en assassinant atrocement l'Imam al-Hussayn, et avec lui une constellation de ses proches et Partisans pieux, lorsque l'Imam a refusé de se soumettre à un "calife" imposé et qui, de plus, violait tous les interdits de l'Islam.
Après l'assassinat de l'Imam al-Hussayn, les regards des Musulmans se sont tournés vers son fils, l'Imam 'Alî ibn al-Hussayn Zayn al-'Abidîn, pour voir en lui le symbole de l'opposition au règne omayyade despotique, et attendre de lui le premier signal d'un nouveau soulèvement. Et de son vivant, plusieurs révoltes ont éclaté pour défendre les Ahl-ul-Bayt et venger le sang de l'Imam al-Hussayn et de ses Compagnons. On peut citer la Révolte de Médine, la Révolte de La Mecque, le Soulèvement d'al-Mukhtâr, le Soulèvement d'al-Tawwâbîn. Durant toute sa vie, ce Saint Imam incarna, aux yeux de la Ummah, le sommet de l'opposition -bien qu'il n'ait entrepris aucune action militaire contre les Omayyades, qui l'épiaient et le surveillaient de près. Mais c'est son attitude de refus passif et silencieux de Yazîd ibn Mu'âwiyeh, puis de ses successeurs, Marwân ibn al-Hâkim, 'Abdul-Malik ibn Marwân et de leurs collaborateurs, qui exprimait avec éloquence son opposition au pouvoir en place. En raison des circonstances, l'Imam Zayn al-'Abidîn montrait son opposition par des moyens détournés. Ainsi, on peut trouver dans ses "Prières de Demande"(30) (Du'â', Supplications) tous les éléments d'une opinion politique et doctrinale claire qui ne laisse aucun doute sur son attitude d'opposant. De même, il a exprimé clairement son opposition lorsqu'il a manifesté sa sympathie et son affliction pour al-Mukhtâr qui s'était révolté contre les Omayyades pour venger l'assassinat de l'Imam al-Hussayn.
C'est son fils, l'Imam Muhammad al-Bâqir, qui prit la Direction de l'opposition après lui et qui subit, de ce fait, de nombreuses persécutions de la part des gouvernants omayyades, et de Hichâm ibn 'Abdul-Malik en particulier.
A son époque, un soulèvement éclata, dont la figure de proue était son frère, Zayd ibn 'Alî ibn al-Hussayn.
Le calife omayyade, Hichâm ibn 'Abdul-Malik, qui avait la certitude que la source de la prise de conscience politique et du soulèvement était l'Imam Muhammad al-Bâqir, ainsi que son fils Ja'far al-Çâdiq, les convoqua et les fit venir de Médine à Damas, sa capitale.
Lorsque l'Imam entra à la cour du calife, il salua de la main tous les assistants, mais pas le calife, et il s'assit sans lui demander la permission.
Cette attitude exaspéra la rancune du calife, qui lui dit : «O Muhammad ibn 'Alî ! Chacun de vous continue de diviser les Musulmans, en prétendant au califat, et en se disant impudemment et par ignorance "Imam" !»
Il continua à le réprimander sur le même ton, et lorsqu'il se fut tu, les assistants prirent la relève, comme il le leur avait demandé avant l'arrivée de l'Imam.
L'Imam réagit à cette manifestation d'hostilité à son égard. Il se leva et s'adressa à l'assistance dans les termes suivants : «O gens ! Où allez-vous et où veut-on vous conduire ? C'est par nous qu'Allah a guidé le premier d'entre vous, et c'est par nous qu'Il terminera le dernier d'entre vous. Si vous avez un royaume actuel, nous avons un Royaume à venir, après lequel il n'y en aura pas d'autre, car nous sommes ceux qui ont l'avenir. Allah a dit, en effet : "La fin heureuse est destinée à ceux qui craignent Allah(31)."»(32)
Après cela, l'Imam fut jeté en prison. Il profita de sa présence parmi les prisonniers pour poursuivre son action missionnaire et éducative, et éveiller la conscience politique de ses co-détenus.
Le responsable de la prison, effrayé par l'influence qu'exerçait le Saint Imam sur les prisonniers, en référa au calife Hichâm qui, partageant la même crainte quant à la présence, nuisible à ses intérêts, de l'Imamdans le centre de détention, ordonna qu'on l'en sorte pour le renvoyer à Médine, lui et ses Compagnons, par le courrier officiel.(33)
Toutefois, selon Ibn Jarîr al-Tabarî, la raison du renvoi de l'Imam à Médine était la montée de son influence intellectuelle parmi les masses populaires des Syriens à la suite d'un débat public qui avait eu lieu entre lui et le dirigeant des Chrétiens.(34)
Après la disparition de l'Imam al-Bâqir, c'est l'Imam al-Çâdiq qui porta l'étendard de l'opposition. Pendant la période de son Imamat, l'épreuve douloureuse de la Ummah en général, et de la Famille du Prophète en particulier, s'aggrava. L'Imam al-Çâdiq s'affirmait jour après jour comme le Chef de l'opposition et le Dirigeant de la résistance politique, et ce malgré son silence public et le fait qu'il se soit abstenu de s'attaquer ouvertement au pouvoir. Les opposants le consultaient toujours, sollicitaient son soutien à leur mouvement, et lui demandaient de prendre le pouvoir. C'est ce qu'a fait par exemple Abû Muslîm al-Khurâsanî lorsqu'il lui a proposé qu'on lui prête serment d'allégeance en vue d'évincer le calife abbasside contesté, mais l'Imam a décliné l'offre, sachant que toutes les conditions objectives de la réussite du mouvement n'étaient pas encore réunies.
Abû-l-'Abbâs al-Saffâh connaissait le rôle de Dirigeant que jouait l'Imam dans l'opposition, et il éprouvait beaucoup de crainte de sa personne. Aussi tenta-t-il de s'en débarrasser une fois pour toutes en l'assassinant, mais son projet infâme ne réussit pas, grâce à la Protection d'Allah. C'était dans ce dessein qu'il l'avait fait venir de Médine à Hirah (en Iraq).
Lorsqu'Abû Ja'far al-Mançûr tint la barre du pouvoir, il craignit, comme son prédécesseur, la position de Dirigeant de l'opposition qu'occupait le Saint Imam. Ce qui traduit sa crainte, c'est le fait de l'avoir convoqué et fait venir en Iraq plusieurs fois. Et s'il n'a pas essayé de le faire assassiner, c'est parce qu'il savait que le Saint Imam avait une personnalité si prestigieuse et jouissait d'une popularité si profonde que toute atteinte grave à sa personne pouvait avoir des conséquences catastrophiques pour le pouvoir.
En témoignent les propos suivants qu'il a tenus à l'égard de l'Imam : «Ce souci obstruant la bouche des califes [cet opposant, gênant, aux califes], qu'on n'a le droit ni de proscrire, ni d'assassiner ! Mais si je n'avais pas avec lui en commun(35) un arbre dont la graine est bonne, la branche haute, les fruits doux, la descendance bénie, sanctifié dans "al-Zobûr" [les Ecritures], il aurait risqué beaucoup, car il nous fait beaucoup de reproches et dit beaucoup de mal de nous.»(36)
L'Imam Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim a succédé à son père comme Imam des Musulmans, et aussi comme Chef de l'opposition. Il a tenu tête aux gouvernants abbassides, connus pour leur déviation de l'Islam, leur mépris pour la Ummah et leur avidité pour le pouvoir et les biens des Musulmans.
Sous le règne d'Abî Ja'far al-Mançûr, qui a poussé très loin sa répression contre les 'Alawites, en les torturant, en les emprisonnant, en confisquant leurs biens, et même en les enterrant vivants sous les arcades de châteaux et de ponts.
Sous le califat de l'abbasside Muhammad al-Mahdî; celui-ci, craignant de plus en plus l'influence grandissante de l'Imam al-Kâdhim, ordonna qu'on l'amène de Médine à Baghdâd pour l'interroger et le juger. Une fois à Baghdâd, le Saint Imam fut jeté en prison. Il y resta jusqu'au jour où le calife, effrayé par un rêve qu'il avait fait -et dans lequel il avait entendu l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib réciter à son adresse ce Verset coranique très significatif : «Seriez-vous capables, si vous tourniez le dos, de semer la corruption sur la terre et de rompre vos liens de parenté»(37), l'en fit sortir.
Sous le califat d'un autre abbasside, al-Hâdî, l'étau de la répression se resserra autour de l'Imam al-Kâdhim et de l'ensemble des descendants de l'Imam 'Alî, notamment à la suite du soulèvement d'al-Fakhkh. Le calife avait même juré de tuer le Saint Imam : «Qu'Allah me fasse tuer, si je pardonne à Mûsâ ibn Ja'far !» Selon les historiens, le calife était sur le point de mettre à exécution son serment d'assassiner l'Imam, et l'exécution de celui-ci ne fut suspendue qu'in extremis, sur l'intervention d'al-Qâdhî Abû Yûsof, un ami de l'imam Abû Hanîfah.
Mais les épreuves de l'Imam n'étaient pas terminées pour autant, car le calife décida de l'emprisonner pour l'empêcher de poursuivre le rôle éducatif et de Direction qu'il assumait au sein de la Ummah.
Le Saint Imam ne put respirer un peu de paix qu'après la mort de ce calife.
Toutefois, cette paix ne dura pas longtemps. Lorsque Hârûn al-Rachîd accéda au califat, il convoqua à son tour l'Imam Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim, et le fit venir à Baghdâd. Là, il s'ingénia à lui faire souffrir le martyre. Il l'emprisonna, le tortura, l'enchaîna, on le traîna d'une prison à une autre des années durant, après quoi, le calife donna l'ordre à al-Sindî ibn Châhik, le chef de la police, de l'empoisonner, ce qui fut fait le 25 Rajab de l'an 183 de l'hégire.
C'est l'Imam 'Alî al-Redhâ qui succéda à l'Imam Mûsâ al-Kâdhim. Il devint vite un Guide en vue et un Dirigeant politique, qui imposa sa présence au pouvoir abbasside, en raison d'une part de sa forte personnalité et de sa popularité, et d'autre part de la montée de l'opposition. Pour essayer de conjurer le danger qu'il représentait pour le pouvoir, le calife abbasside al-Ma'mûn le contraignit à accepter le titre d'héritier présomptif. Même contraint et forcé, l'Imam n'accepta ce titre qu'en posant deux conditions :
1- il ne participerait pas aux affaires de l'Etat ;
2- il accéderait au Califat après la mort d'al-Ma'mûn.
Mais il mourut empoisonné en l'an 203 de l'hégire, alors qu'al-Ma'mûn était encore vivant.
Après sa mort en Martyr, c'est son fils, l'Imam Muhammad al-Jawâd, qui accéda à l'Imamat et à la Direction de l'opposition. Il vécut la partie finale du califat d'al-Ma'mûn, lequel le traita avec beaucoup de considération et le maria même à sa fille, Umm al-Fadhl, dans le but de s'attirer la sympathie de la Ummah et de contenter l'opposition dont il était le Chef spirituel. Mais cette opération de charme ne changea rien à l'attitude de l'Imam à son égard, et celui-ci se résolut à quitter Baghdâd pour revenir à Médine, la ville de son aïeul, le Messager d'Allah -afin d'y poursuivre ses activités scientifiques et de Direction. Mais après la mort d'al-Ma'mûn et l'accession de son fils, al-Mu'taçim, au califat, celui-ci, craignant l'influence de l'Imam et ses activités, le convoqua à Baghdâd pour le placer sous haute surveillance et l'éloigner de son fief et de sa base populaire.
Selon les historiens, l'Imam mourut l'année même de sa convocation dans la capitale califale, soit en l'an 225 de l'hégire.
Lorsque son fils 'Alî al-Hâdî accéda à l'Imamat, et donc à la Direction politique des affaires de la Ummah - en l'an 225 H.-, les autorités abbassides, sous le califat d'al-Mutawakkil -connu pour son penchant immodéré pour les divertissements, son impudence et son hostilité envers la Famille du Prophète- lui réservèrent un traitement encore plus sévère que celui qu'elles avaient fait subir à son père. En effet, ce calife haineux s'appliqua à éliminer les descendants de l'Imam 'Alî et leurs Partisans, à les pourchasser, à les proscrire, à les priver de leurs ressources et à empêcher les gens de les aider. Il avait une peur panique de l'Imam et de son influence.
Aussi ne tarda-t-il pas à suivre l'exemple de ses prédécesseurs en lui faisant quitter sa ville, Médine, pour Samarrâ', où il fut assigné à résidence. Le calife menaça à plusieurs reprises de le faire assassiner et de l'emprisonner. Sa résidence connut plusieurs descentes de police.
Il était souvent complètement assiégé, et privé de contacts avec ses compagnons.
Les historiens et les hagiographes ont souligné les raisons pour lesquelles al-Mutawakkil a tenu à faire venir l'Imam en Iraq. Contentons-nous de citer brièvement ce qu'a écrit Sebt ibn al-Jawziyyah à ce propos :
«Selon les hagiographes, si al-Mutawakkil a fait déplacer 'Alî al-Hâdî de la ville du Messager d'Allah [Médine] à Baghdâd, c'est parce qu'il détestait 'Alî et sa descendance, et qu'il avait appris que l'Imam jouissait d'une haute position et d'une grande popularité à Médine. Il avait donc peur de le laisser là-bas.»(38)
Après la mort de l'Imam 'Alî al-Hâdî, en l'an 254 H., à Samarrâ', son fils, l'Imam Abî Muhammad al-Hassan, qui avait été amené avec son père dans cette ville, poursuivit le rôle de son père et de ses grand-pères, et souffrit de la même répression. Ayant adopté la mêmeattitude d'opposant à l'égard de la déviation abbasside, les autorités ne se montrèrent guère tendres envers lui. Le calife al-Muhtadî ibn al-Wâthiq le fit détenir dans une prison dont les geôliers étaient tristement célèbres pour leur cruauté et la terreur qu'ils inspiraient. Toutefois, l'Imam avait une personnalité si charismatique que même ces hommes sans coeur finirent par se réformer et par suivre le Droit Chemin.
L'Imam al-Hassan al-'Askarî se trouvait encore en prison sous le califat d'al-Mu'tamid. Mais un jour, ce dernier ayant un problème délicat concernant une affaire d'irrigation entre des Musulmans et des prêtres chrétiens, convoqua l'Imam pour l'aider à le résoudre. L'Imam ayant vite présenté la solution légale appropriée, le calife ordonna qu'on le libère ainsi que tous ses compagnons.
Ce bref exposé de l'histoire politique des Ahl-ul-Bayt et de leur lutte contre les gouvernants injustes de leurs époques respectives, est révélateur de l'homogénéité de leur Ligne et de leur action. Il est significatif aussi de leur Mission sacrée et du plan préétabli selon lequel ils ont accompli leur tâche et assumé leur rôle. Est-ce par un hasard fortuit que onze Imams se succèdent, et que chacun d'eux devient le Dirigeant de son époque, le Guide de la Ummah, et le plus érudit de ses contemporains ?
Notes :
1. Al-Kulaynî, "Uçûl min al-Kâfî", tome II, Chap. "Al-Dhulm".
2. Ibid.
3. Ibid.
4. Ibid.
5. Ibid.
6. Ibid.
7. Ibid.
8. Ibid.
9. Ibid.
10. Al-Tabarsî, "Machkât al-Anwâr", Chap. "L'Injustice", p. 215.
11. Ibid.
12. Ibid., p. 316.
13. Ibid.
14. Ibid., p. 13.
15. L'Imam 'Alî ibn Mûsâ ar-Redhâ a boycotté les gouvernants de son époque, mais il a accepté, dans des circonstances particulières, de devenir l'héritier présomptif d'al-Ma'mûn, en posant des conditions et des réserves qui lui permettaient de retirer sa caution à tout acte et à tous agissements non conformes aux Enseignements islamiques.
16. Quant à l'Imam Muhammad ibn 'Alî al-Jawâd, il n'a pas vécu longtemps. Le calife al-Ma'mûn lui a donné sa fille en mariage et a essayé d'établir des relations avec lui pour s'attirer le soutien ou la sympathie des Partisans des Ahl-ul-Bayt. Toutefois, l'Imam al-Jawâd s'est abstenu d'aider al-Ma'mûn dans son dessein, et de coopérer avec lui.
17. Mahmûd Abû Zahrah, "L'Imam al-Çâdiq", p. 139.
18. L'un des grands faqîh de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt. Il a vécu entre 734 et 786 de l'hégire.
19. Al-Chahîd al-Thânî, "Al-Rawdhah al-Bahiyyah fî Charh al-Lam'ah al-Dimachqiyyah", d'al-Chahîd al-Awwâl, tome III, p. 213, 2e éd.
20. Al-Tulaqâ' (les "Amnistiés") : C'étaient des polythéistes -et à leur tête Abû Sufyân, le père de Mu'âwiyeh- récalcitrants, qui ont combattu jusqu'à la fin le Saint Prophète et ses adeptes, et qui ne se sont rendus, après la conquête de La Mecque, que contraints et forcés. De ce fait, ils avaient mérité la peine de mort, mais le Saint Prophète les a amnistiés pour leur donner une chance de se repentir. Entrés en Islam à contrecoeur, et ayant fait preuve d'une haine noire envers l'Islam, ils furent considérés pendant longtemps et à juste titre comme suspects et comme des "Coeurs à rallier" (al-Mu'allafah Qulûbuhum) selon les termes du Saint Coran. C'étaient surtout les Omayyades qui formaient les figures de proue des Tulaqâ'.
21. Sourate Hûd, 11 : 113.
22. Al-Khawârizmî, "Maqtal al-Hussayn", tome I, p. 88.
23. Al-Chaykh al-Mufîd, "Al-Irchâd", p. 204.
24. 'Abdur-Razzâq al-Muqarram, "Maqtal al-Hussayn", pp. 141-142.
25. Il est à noter qu'Abû Hanîfah, l'imam de l'Ecole hanafite, a soutenu le soulèvement de Zayd, et ordonné la légalité du fait de destiner la Zakât à ce soulèvement.
26. Al-'Allâmah al-Majliçî, "Bihâr al-Anwâr", tome 47, p. 325, 3e éd.
27. C'est-à-dire l'association d'autres "divinités" à Allah - Qui n'a pas d'associé.
28. Al-`Allâmah al-Majlicî, "Bihâr al-Anwâr", tome 48, p.151.
29. Ibid., p. 165.
30. Ces "Prières de Demande" ont été colligées en un recueil intitulé "Al-Çahîfah al-Sajjâdiyyah".
31. Sourate Hûd, 11 : 49.
32. Ibn Chahr Achûb, "Al-Manâqib", tome IV, Sect. : "Haml al-Imam al-Bâqir ilâ al-Châm".
33. Ibid.
34. Ibn Jarîr al-Tabarî, "Dalâ'il al-Imâmah", Hayât al-Bâqir.
35. Les Abbassides sont les descendants d'al-'Abbâs, l'un des oncles paternels du Prophète, et les Imams d'Ahl-ul-Bayt sont les descendants du Prophète et d'Abû Tâlib (le père de l'Imam 'Alî) qui était également un des oncles paternels du Prophète.
36. Mahmûd Abû Zahrah, "L'Imam al-Çâdiq", p. 138.
37. Sourate Muhammad, 47 : 22.
38. Selon Ibn al-Jawziyyah, "Tath-kirat al-Khawâç", p. 359.
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