Effets de la révolte et du martyre de l’Imâm al-Hosayn (as)

Les effets de la révolte et du martyre de l’Imâm al-Hosayn (as) sont nombreux et peuvent être analysés sous des angles différents. Parmi ceux-ci :
La mise sur pieds des prescriptions et des décrets islamiques
L’Imâm al-Hosayn (as) n’a pas été tué pour qu’un système émerge face au système de Dieu ou face à la loi de son Grand-père, l’Envoyé de Dieu (s), ni pour montrer de quelle façon on peut échapper aux lois divines. Son martyre n’est pas destiné à affaiblir le programme d’action de l’islam et les lois du Coran. Au contraire, il s’est livré au martyre et a fermé les yeux sur la vie pour que l’on accomplisse la prière, que l’on paie l’aumône et que l’on respecte les autres prescriptions de l’islam. Hosayn ibn ‘Alî (as), par son sacrifice, a revivifié l’islam, il a abreuvé l’arbre de l’islam avec son sang. « J’atteste que tu as accompli la prière, que tu as donné l’aumône, que tu as ordonné le bien et interdit le mal, que tu as accompli le djihad dans la voie de Dieu et que tu as rétabli la vérité du djihâd. » (Mafâtîh al-Jinân (Les clefs du paradis) (1) , ziyârat de l’Imâm al-Hosayn (as), proposée pour le jour des ‘Id de Fitr et de Qorbân). Le martyre de Hosayn ibn ‘Alî est suivi de ces effets parce que sa révolte constitue une grande épopée musulmane et divine, parce que ce récit, cet événement historique, ne consiste pas seulement en un malheur, un crime et une oppression émanant d’un groupe de criminels et d’oppresseurs, il s’agit d’une très grande épopée de la part de celui-là même qui incarne la cible de ces crimes.
Le facteur engendrant sa personnalité à la communauté musulmane
Le martyre de Hosayn ibn ‘Alî (as) insuffle au monde musulman une vie nouvelle. L’effet et la vertu d’une parole, d’un fait historique ou d’une personnalité héroïque font souvent surgir une vague d’enthousiasme et d’émulation dans l’esprit, du courage et de la vigueur. Dans les corps, dans les veines, ils impriment le mouvement, l’ébullition, les corps se délient de leur mollesse et deviennent vifs et lestes. Il est si courant que le sang soit versé en divers endroits, avec pour seul aspect le massacre, et cela n’a pour effet que d’épouvanter les gens. Dans ces cas, le seul but consiste à faire diminuer la force des gens et du peuple, et à davantage emprisonner les âmes dans les poitrines. Cependant, ce sont les martyrs qui dans ce monde ouvrent dans leur sillage de la lumière et de la grâce à la société. Certains des phénomènes sociaux troublent et assombrissent l’esprit de la société, font germer la peur et la crainte en son sein, lui conférant un état de captivité et d’esclavage, mais il existe des phénomènes sociaux qui apportent la sérénité à la société, l’illuminent, font disparaître la peur, la délivrent de son sentiment de captivité et lui donnent du courage et de l’audace. Après le martyre de l’Imâm al-Hosayn (as), un tel état apparaît, et l’islam se met à prospérer.
Cet effet sur la société provient du fait que l’Imâm al-Hosayn (as), par son action épique, vivifie l’esprit des musulmans. Ainsi, il purifie les sensations d’esclavage et de captivité qui ont imprimé l’esprit de la société musulmane depuis la fin du califat de ‘Othmân, et durant la totalité de l’époque de Mo‛âwiya. Il fait disparaître la peur et la sensation de servitude. Autrement dit, il fait don de sa personnalité à la société musulmane. Il met le doigt sur un point de la société qui fait qu’à partir de là, elle se découvre une personnalité. Cette question est une question cruciale. Les Omeyyades se sont arrangés pour faire péricliter la personnalité de l’islam parmi les musulmans. Hosayn ibn ‘Alî (as), en tant qu’individu conciliant, recherchant l’ajustement, rectifie la société musulmane, se révolte et offre l’amour et un idéal aux gens. Là est précisément le fondement de l’épopée qui va donner vie à un peuple. Un peuple dispose d’une personnalité lorsqu’il ressent qu’il n’a nul besoin d’autrui, qu’il se suffit à lui-même. Voilà les leçons qu’il faut retenir de la révolte de Hosayn ibn ‘Alî (as).
Il donne au gens le sentiment de n’avoir besoin de personne. Cette leçon de fierté n’est pas une leçon négligeable. C’est cette même fierté qui fera par la suite apparaître un état d’esprit fier, et tant de révoltes et de soulèvements. Hosayn ibn ‘Alî (as) donne aux gens une leçon d’enthousiasme, il leur donne une leçon de patience et d’endurance face à ce qui survient, face aux difficultés. Il s’agit là de grandes leçons pour le peuple musulman. Hosayn ibn ‘Alî (as) insuffle un esprit neuf, il fait bouillir le sang dans les veines, il stimule les enthousiasmes, il donne aux gens l’amour et l’idéal, le sentiment de n’avoir besoin de personne, il leur enseigne la patience, la résistance face aux épreuves. Il lève la peur. Ces mêmes gens qui avaient si peur se transforment en un groupe de gens courageux et braves. L’événement de ‘Ashûrâ a eu lieu parce que l’on n’a vendu ni sa foi ni son idée. Le plus important que l’on puisse tirer de ce jour, c’est de nous demander si la religion est une force ou si elle est une faiblesse ? S’il s’agit d’une prison ou d’une liberté ? Si nous avons là de l’opium ou du carton ?
Fondation d’un caractère nouveau au sein de la communauté des musulmans
Parmi les effets et les bénédictions du Prince des martyrs (as) sur la dimension morale/éducative se trouve le fait que sa révolte suscite dans la communauté des musulmans un type nouveau de caractère, doté d’une vision plus haute. La vision que l’être humain a de sa vie et de celle des autres s’en trouve modifiée et lui permet d’amender la société. Autrement dit, il se construit et travaille également à la construction collective. L’excellent Prince des martyrs (as) a compris que la conscience qui a connu la défaite et la morale viciée de la communauté ne peut être révolutionnée par un simple face à face. C’est pourquoi, par sa révolte et son martyre, il ne tarde pas à changer la couardise et la tendance à la déroute en immense puissance, et ainsi à les remplacer par un caractère nouveau. En vérité, le martyre de Hosayn ibn ‘Alî (as) marque profondément et étonnamment les shiites calmes et muets. La triste destinée du petit-fils du noble Prophète (s) embrouille les penchants moraux et religieux des gens. Sous l’effet de la révolte et du martyre de l’Imâm al-Hosayn (as), une onde surgit dans l’esprit des musulmans, donnant le jour à l’enthousiasme et à l’honneur, au courage et à la résistance. Karbalâ et la révolte du Prince des martyrs (as) constituent l’archétype du haut caractère musulman et humain, avec toutes ses qualités et toute sa fraîcheur. Et ce caractère n’est pas simplement transmis oralement, car c’est avec son sang que l’Imâm (as) l’a consigné de manière permanente sur cette page de l’histoire.
Le sentiment de péché parmi les musulmans
Parmi les effets de la révolte et du martyre du Prince des martyrs (as) se trouve le fait qu’après un laps de temps très court, les gens réalisent leur manque de force et la faiblesse de leur âme. En ce sens, ils éprouvent alors un sentiment profond de remords et de péché. Ils se mettent alors à penser que pour compenser cette incurie, cette négligence, et aussi pour implorer le pardon de Dieu, ils doivent accomplir des sacrifices analogues. Parmi les actions de l’Imâm Zayn al-‘Âbedîn (as) se trouve celle où il s’efforce d’enflammer ce sentiment de péché. C’est pourquoi il apostrophe une foule nombreuse à Kûfa et leur dit : « Ô gens ! J’en jure par Dieu, avez-vous oublié que vous avez adressé des lettres à mon père et que lorsqu’il est venu à vous, vous l’avez trompé ? Vous vous étiez engagés vis-à-vis de mon père, vous aviez pactisé avec lui, mais vous avez brisé votre engagement et vous l’avez assassiné. Aussi, que la mort soit sur vous ! Avec cette provision que vous vous êtes réservée dans l’autre monde, que la mort soit sur vous ! Quelle opinion laide et impure vous avez retenue ! Lorsque vous irez à la rencontre du noble Prophète (s), il vous dira : ‘Vous avez tué ma famille, vous avez atteint mon inviolabilité.’ Comment le regarderez-vous ? Finalement, il vous dira : ‘Vous ne faites plus partie de ma communauté.’ »
Ce sentiment de péché a toujours été un facteur d’embrasement entraînant les gens à se révolter et à se soulever. Le martyre tragique de l’Imâm al-Hosayn (as) à Karbalâ suscite une onde violente de ce sentiment de péché dans le for intérieur de chaque musulman. Ils comprennent qu’ils auraient pu lui venir en aide. Cependant, après avoir promis de se révolter, ils ne lui portèrent pas secours. Ce sentiment de remords comporte deux aspects : d’une part, il persuade l’être humain de laver, par une compensation, le péché qu’il a commis, et d’autre part, il créé un sentiment de rancune et de haine à l’égard de ceux qui l’ont poussé à commettre un tel péché. Ainsi, les nombreuses révolutions qui ont été mises sur pied suite au meurtre de l’Imâm (as) représentent des compensations pour s’être abstenu de venir en aide à son Excellence (as), ainsi qu’une vengeance contre les Omeyyades. Le feu de ce sentiment de péché est si violent au départ qu’il est continuellement resté allumé et que la vengeance vis-à-vis des Omeyyades se poursuit à chaque fois que se présente l’occasion de se révolter contre les tyrans. Bref, grâce au martyre de l’Imâm al-Hosayn (as), ce saint verset prend tout son sens : « Le Jour où l’injuste se mordra les mains en disant : ‘Malheur à moi ! Si seulement j’avais suivi le chemin avec le Prophète !’ » (Sourate Al-Furqân (Le critère) ; 25 : 27).
Augmentation de la popularité du Prince des martyrs (as) et des Gens de la demeure de la révélation (as)
Le troisième effet significatif et éducatif de la révolte et du martyre du Prince des martyrs (as) consiste à faire augmenter la popularité de la famille de son Excellence ‘Alî (as) dans la communauté musulmane et à ce qu’elle soit mieux et davantage connue des gens. La question de disposer d’une popularité et d’occuper les pensées de la société es trouve être une question vitale et cruciale, que les pouvoirs ont constamment gardée en vue. Bien que le plus souvent les pouvoirs n’aient pas d’autres grands appuis que la force, ils savent très bien qu’il existe une force plus puissante que la force militaire : ce qui se trouve dans le cœur des gens. Aussi, ils s’efforcent de s’en attirer les faveurs. Mo‛âwiya également, en mettant en œuvre tous les plans sataniques dont il est capable, veut d’une manière générale obtenir deux choses : offrir la popularité à la famille, au clan pervers des Omeyyades, et faire perdre sa popularité à la sainte famille de son Excellence ‘Alî (as). Malheureusement, les efforts de Mo‛âwiya sont assez bien récompensés. Cependant, l’avènement de l’épopée husaynide et les sacrifices des hommes vertueux de Dieu suscitent la pénétration religieuse et le profond crédit spirituel du Prince des martyrs et des Gens de la demeure (as). Et ainsi, plus le temps passe depuis cet événement, plus les gens sont attirés par la famille de son Excellence ‘Alî (as). Cette popularité devient si grande qu’un groupe se soulève dans un but de vengeance, il porte le titre de « partisans de la famille de l’Envoyé de Dieu (s) ». Effectivement, si Hosayn ibn ‘Alî (as), après son soulèvement viril, en vient à être connu en tant qu’Imâm de son temps (as) et de la tribu du Prophète (s), fils de ‘Alî et de Fâtima (as) et plus haute personnalité de la famille de la révélation (as), sa révolte fait de lui le plus haut et le plus parfait exemple de la virilité, du combat, du sacrifice dans la voie de Dieu et de la connaissance de la vérité.

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1 Ouvrage également appelé « Missel des shiites », dans lequel est consigné l’essentiel des actes d’adoration, classés par thème et selon les dates du calendrier shiite.

 

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