Son Excellence Khadîja (as)

Khadîja (as) est la première épouse du Prophète (s) et la première femme qui embrasse l’islam. Elle est la mère de Fâtima Zahrâ (as). Elle compte parmi les commerçantes arabes réputées dans le Hejâz. Son père est Khuwaylid ibn Asad et sa mère Fâtima (fille de Zâ’ida ibn Asam ibn…), dont la lignée porte le même étendard que le noble Prophète (s) et les autres Hashémites. Khadîja (as) est par son père la cousine de l’Envoyé de Dieu (s), leurs deux lignées remontant à Qassî ibn Kalâb. Elle fait partie de l’aristocratie mecquoise. Elle nait à Makka (1) quelques années avant « l’année de l’éléphant » (2) . Son Excellence Khadîja (as) se marie deux fois avant d’épouser l’Envoyé de Dieu (s). Ses deux maris successifs quittent ce monde. Elle a un fils du second époux (Abû Hâla ibn … Tamîmî), il se nomme Hind, et c’est pourquoi on lui donne le surnom de Omm Hind. Une partie des grands oulémas pense que Khadîja (as) ne s’est pas mariée avant d’épouser le Prophète (s) et que les enfants qui lui sont attribués proviennent en réalité de sa sœur.
Une riche dame hejâzî et son commerce
A l’époque où les Mecquois subsistent par le commerce, Khadîja (as) fait également de l’import-export. Elle fait partie des Mecquois fortunés, elle a des activités commerciales et les chameaux qui sont entre les mains de ses caravaniers vont et viennent dans les pays voisins comme la Syrie, l’Egypte et l’Abyssinie. Lorsque lui parvient la réputation d’honnêteté, de probité et de courtoisie de l’Envoyé de Dieu (s) et qu’elle voit à quel point il mérite son surnom de « Mohammad Amîn » (3) , à la suite d’une entrevue avec Abû Tâleb, l’oncle du Prophète (as), elle choisit « Mohammad Amîn » pour diriger les affaires commerciales au sein de sa caravane. Dès lors, le noble Prophète de l’islam (s), passe sa jeunesse à accumuler des profits lors des voyages commerciaux qu’il accomplit pour le compte de Khadîja (as). Au cours d’un voyage commercial conduisant le Prophète (s) en Syrie (4) , son Excellence Khadîja (as) le fait accompagner par son serviteur Maysara, lui ordonnant d’être partout auprès de lui et de le surveiller. A Basra (5) , non loin de la Syrie, ils rencontrent un moine nommé « Nestûrâ » (6) . Ce dernier informe le serviteur à propos de la destinée prophétique de l’Envoyé de Dieu (s). D’autre part, ce voyage occasionne beaucoup de profits, aucun voyage précédent n’avait atteint ce niveau. Après être rentré de Syrie, Maysara fait à Khadîja (as) le récit du voyage, rapporte les propos du moine ainsi que son propre témoignage au sujet de la grandeur et de la spiritualité de Mohammad (s). Dès lors, elle manifesta le profond désir de se marier à « Mohammad Amîn ».
Le mariage de Khadîja (as) et de l’Envoyé de Dieu (s)
Malgré le fait que de riches Qoraychites tels Abû Jahl ibn Hishâm et ‘Uqba ibn Abî Mo‛ayt l’aient demandée en mariage, Khadîja (as) s’offre elle-même à Mohammad (s) : elle est éprise de sa rectitude, de sa probité et de ses bonnes mœurs. Faisant fi des conventions traditionnelles ayant trait au mariage parmi les Arabes ignorants (7) de cette époque, elle fait ainsi don à Mohammad (s) de biens conséquents et d’une grande fortune. Aussi, Mohammad Amîn (s) accepte la proposition et la cérémonie du mariage a lieu en présence des oncles du prophète (s) et des proches de Khadîja (as), dont le plus connu est le fils de son oncle paternel, Waraqa ibn Nawfal. L’allocution du mariage incombe à Abû Tâlib, qui est le grand parmi les Banî Hâshem, il est aussi l’oncle et le garant du Prophète (as). Selon ce que l’on peut lire dans certains livres d’histoire, le douaire de son Excellence (as) se monte à vingt chameaux et selon certains autres, à douze ouqiya (8) et demi, ce qui correspond à cinq cents dirhams. A la suite de ce mariage, les femmes de Makka coupent leurs relations avec Khadîja (as) et la laissent seule. Son Excellence l’Envoyé (s) a alors vingt-cinq ans et Khadîja (as), selon les différents avis, de vingt-huit à quarante ans (afin d’en savoir davantage, il est conseiller de se référer aux livres traitant la question). Khadîja (as) est la première femme du Prophète (s), et tant qu’elle est en vie, il ne choisit aucune autre femme. Les fruits de ce mariage sont d’abord deux fils nommés Qâsem et ‘Abdallâh - mais les deux enfants quittent ce monde avant même la mission du Prophète (s) – et quatre filles nommées Zaynab, Omm Kolthûm, Roqayya et Fâtima Zahrâ (as). Fâtima Zahrâ (as) vient au monde après la mission.
Abrégé des vertus de son Excellence Khadîja (as)
Elle est la première femme à jouir d’un respect et d’un amour particulier émanant du Prophète (s).
1- Un célèbre hadith, tant célèbre parmi les chiites que parmi les sunnites, fait dire au Prophète (s) : « Un grand nombre d’hommes ont atteint à la perfection, mais parmi les femmes, seules quatre ont atteint ce degré : Âsia (as) fille de Mozâhem (l’épouse de Pharaon), Maryam (as) fille de ‘Emrân, Khadîja (as) fille de Khuwaylid et Fâtima (as) fille de Mohammad (s). »
2- Il a également  dit: « Les meilleures femmes du paradis sont au nombre de quatre : Maryam (as) fille de ‘Emrân, Khadîja (as) fille de Khuwaylid, Fâtima (as) fille de Mohammad (s) et Âsia (as) fille de Mozâhem. »
3- Dans le Tafsîr ‘Ayâshî, on rapporte de l’Imâm al-Bâqer (as) qui le rapporte de l’Envoyé de Dieu (s) : « La nuit du mi‛râj (9) , lorsque que je suis revenu, j’ai demandé à Jabra’îl s’il avait un souhait. Il m’a dit : ‘Salue Khadîja de la part de Dieu et de ma part.’ »
4- Khadîja (as) est une épouse dévouée et douée d’une grande abnégation. Elle est le meilleur soutien de l’Envoyé de Dieu (s) lors des difficultés qui se succèdent, lors des exils et des sièges qu’il doit endurer. Elle est le plus fort de ses protecteurs et de ceux qui l’accompagnent. Elle offre ses biens en vue de la réalisation des desseins divins de son époux, s’agissant d’étendre et de renforcer l’islam. Grâce à sa grande fortune, elle contribue fortement à la stabilisation et à l’avancement de l’islam.
5- Elle est une femme douée de perfection, de personnalité et de vertu, c’est pourquoi elle est distinguée parmi les autres femmes. Le Prophète de Dieu (s) l’aime beaucoup.
Quelques événements survenus à l’époque de la vie commune de son Excellence Khadîja (as) et du noble Envoyé de l’islam (s)
1- La rénovation de la Ka‛ba et l’arbitrage de l’Envoyé de Dieu (s) qui ont cours alors que l’Envoyé de Dieu (as) a trente-cinq ans (se référer aux livres sur le sujet).
2- La lutte contre l’idolâtrie et le désaccord entre idolâtres, qui sont le fait des hommes et des chefs de la société d’alors.
3- La mission et la prophétie du noble Envoyé (s).
4- Les batailles menées par le Prophète (s).
Décès et enterrement
Son Excellence Khadîja (as) passe vingt-cinq ans dans la maison du Prophète de l’islam (s). Elle quitte ce monde dans la dixième année de la mission prophétique, lors de la première dizaine du mois de Ramadhân, peu de temps après le décès d’Abû Tâleb, l’oncle et le protecteur du Prophète (s). Cette année-là est appelée « année des chagrins ». Sa sépulture se trouve dans le Hajjûn de Makka, dans le cimetière d’Abû Tâleb, auprès des tombes de ‘Abd al-Mottaleb, Abû Tâleb et ‘Abd Manâf.
La vie du Prophète (s) après Khadîja (as)
Le Prophète (s) demeure seul des années après la mort de Khadîja (as), exprimant ainsi sa fidélité envers elle. Maintes fois il pleure en pensant à elle. Selon ‘Â’isha, le Prophète (s) dit à chaque fois qu’il sacrifie un mouton : « Faites-en parvenir les morceaux aux amis de Khadîja (as). » ‘Â’isha en est jalouse et dit que le Prophète (s) la mentionne trop souvent. Dans un autre hadith célèbre, il est dit que lorsque l’on apporte un cadeau au Prophète (s), il dit parfois : « Apportez-le à telle dame, qui compte parmi les amies de Khadîja (as). » L’Envoyé de Dieu (s) dit à propos de Khadîja : « Dieu ne m’a rien donné de mieux qu’elle. Elle a eu foi en moi alors que les gens étaient mécréants. Elle a attesté à propos de ma prophétie alors que les autres la démentaient. Elle a mis ses biens à ma disposition alors que les autres me privaient des leurs. Et Dieu le Très-Elevé m’a fait don d’un enfant d’elle. » Lors de la prise de Makka, le Prophète (s) organise son itinéraire de manière à passer auprès de la tombe de Khadîja (as).
Notes
1 La Mecque.
2 On appelle « année de l’éléphant » l’année où des Abyssiniens attaquèrent Makka avec un éléphant en première ligne. Il est dit que lorsque l’animal arriva en vue de la Ka‛ba, il se prosterna au lieu de charger ! Cette année sert de point de repère par rapport à la naissance du Prophète (s).
3 Celui qui garde et rend le dépôt qui lui a été confié, qu’il s’agisse d’un bien, d’une somme d’argent, ou d’un secret.
4 Le pays de Shâm dont on parle à l’époque du Prophète (s) ne comporte pas les frontières actuelles de la Syrie, dessinées en 1916 par Churchill et ses alliés, se partageant le gâteau suite à la défaite des Turcs et des Allemands dans la région. On parle plutôt à l’époque de villes importantes : Damas, Alep, Homs… et de leurs zones d’influence.
5 Bassora.
6 Il s’agit certainement d’un moine nestorien.
7 Il est souvent question de l’ignorance des Arabes de l’époque préislamique, époque d’ailleurs appelée « période de l’ignorance » : il va sans dire que cette ignorance est ainsi définie relativement à la révélation mohammadienne qui vient réformer des traditions, une mentalité, un mode de vie, et que cela ne désigne pas une ignorance particulière des Arabes, au sein de l’orient préislamique par exemple, ce qui serait proprement absurde…
8 Once d’or ou d’argent.
9 L’ascension nocturne du Prophète (s).

 

Ajouter un commentaire