La biographie de l’Imam Ali (as)

 

I- Naissance et Enfance

Naissance
Le vendredi 13 Rajab vingt troisième années avant la Hijra, dans la famille d'Abou Taleb naquit un garçon qui illumina la Mecque et l'univers entier. Cela s'était passé lorsque Abbâs l'oncle paternel du prophète (pslp) était assis en compagnie d'un autre Qoraychien à côté de la Kaaba ; ils virent venir une des femmes de Bèni Hacheur : Fatima fille d'Aced et l'épouse d'Abou Taleb.
Elle effectua les tours rituels de la Kaaba (Taouaf) tout en implorant Dieu et en levant les yeux vers le ciel, elle dit : "Seigneur ! Je suis croyante en Toi et en tous les messagers et livres envoyés par Toi ; je crois à toutes les paroles de mon ancêtre Ibrahim qui a construit cette ancienne demeure. Par le droit de celui qui a construit cette demeure ! Par le droit de cet enfant que je porte encore dans mon ventre, facilite moi mon accouchement !"
Ici, ce fut un spectacle miraculeux : Dieu exauça les vœux de cette femme pieuse ! Et une grande fissure s'ouvrit dans le mur de la Kaaba pour laisser pénétrer la vertueuse femme et se referma aussitôt stupéfait par le spectacle, Abbâs accourut vers Bèni Hachem pour solliciter l'aide de quelques femmes. La nouvelle se propagea dans toute la Mecque et une grande foule entoura.
Sous l'ombre du Prophète (pslp)
Depuis l'âge de six ans, Ali (psl) ne se séparait plus de son éducateur et maître Mohammed (pslp). Il le suivait toujours comme son ombre et il puisait chaque jour de sa morale magnanime, de sa science et de sa sagesse.
Chaque année il l'accompagnait à la grotte de Hira et il était le seul être humain à le voir ainsi dans son aparté avec le Seigneur. Pour quelque temps, Ali (psl) avec la fidèle Khadija étaient les seuls musulmans avec le prophète (pslp), et leur demeure était la seule où Dieu était adoré.
Lorsque Dieu le Tout Haut ordonna à Son prophète (pslp) d'avertir sa grande famille et de les appeler à la foi de l'Islam, le messager de Dieu demanda à Ali de préparer un repas pour quarante personnes et d'inviter les plus proches parents de Bèni Hachem, notamment ses oncles Abou Taleb, Abbâs, Hamza et Abou Lahab.
Lorsque les invités furent tous présents, le messager de Dieu (pslp) dit : "Ô, enfants de Âbdoul Mouttaleb ! Par Dieu je ne connais nul autre jeune arabe que moi qui aurait apporté à sa peuplade autre chose de meilleur que ce que je vous ai apporté : je vous ai apporté le bien de cette vie et de l'au-delà ! Dieu le Tout Haut m'a ordonné de vous appeler vers Lui ! Alors, qui est-ce qui, parmi vous, accepte de m'aider et de me seconder dans cette mission et il sera mon frère, et après moi, mon successeur et l'exécuteur, testamentaire."
Tout le monde recula, et certains des oncles du prophète ont été même très impolis vis-à-vis de leur neveu, seul Ali leva la main et dit : "C'est moi, ô messager de Dieu, je serai ton second dans cette mission !"
Mohammed (pslp) dit alors : "C'est celui ci, mon frère, l'exécuteur de mon testament et mon successeur parmi tous ; alors écoute le et obéissez lui !"
Selon les citations les plus probes. Ali (psl) n'avait pas plus de dix ans ce jour là, ce qui témoigne de sa grande valeur auprès de Dieu le Tout Haut puisque le prophète (pslp) n'était certainement pas l'homme à attribuer de graves responsabilités à un enfant de cet âge si ce n'était sur ordre de Dieu l'Omniscient et Le Tout Connaisseur de l'avenir des événements.
Une jeunesse au service de l'Islam
Ali (psl) grandit sous les conditions les plus favorables pour la mission à laquelle il était préparé. II était le compagnon fidèle du prophète (pslp) et l'exécutant sans hésitation de ses ordres. Sa jeunesse était celle d'un jeune fort et dévoué au service de la religion de Dieu et de Son messager.
Nous avons déjà lu que dans toutes les grandes batailles de l'Islam, Ali fut le combattant dévoué et invincible, et là où les pieds des plus grands héros glissèrent, il se tint immuable et intangible. Rappelons-nous, par exemple :
La bataille de Hussein, où la résistance d'Ali (psl) valut pour les musulmans une victoire écrasante après avoir cru à la défaite...
La conquête de Khaybar, après toute la résistance des bastions juifs et les échecs répétitifs de tous les commandants désignés avant Ali, avait permis aux musulmans d'être à l'abri des complots diaboliques des juifs de la Péninsule et de se libérer financièrement d'une dépendance gênante vis-à-vis des usuriers.
Nos jeunes lecteurs n'oublieront certainement pas l'un des aspects héroïques du combat de Ali (psl) à Khaybar : N'avait-il pas arraché la grande et lourde porte de la forteresse avec sa propre main, alors que sept des hommes les plus forts ne pouvaient même pas la faire bouger ?!
Mais parmi toutes les ouvres de bravoure de Ali (psl), son exposition à la mort à la place du prophète (pslp), la nuit de sa Hijra, demeure vivace dans les esprits. On se rappelle certainement comment Qoraych avait délégué de chaque tribu une personne aguerrie pour assassiner le prophète cette nuit là et comment ils furent surpris, après une longue attente, que sur le lit de Mohammed (pslp) ce fut Ali qui était couché ! Et ils durent prendre la fuite lorsqu'il se leva farouchement pour les combattre.
Ali (psl) était le combattant le plus remarquable aux côtés du messager de Dieu (pslp) et son sabre était le premier sabre de l'Islam. Tout le long de la vie du prophète, il avait rendu des services que Seul Dieu à Lui pureté et Son prophète peuvent bien évaluer.
Mais le caractère guerrier de la jeunesse de Ali (psl) ne doit pas nous cacher une réalité plus profonde : l'Islam vivait une guerre imposée à laquelle tous les croyants devaient participer par tous les moyens dont ils disposaient et aucun effort ne devait être épargné. Donc, ce n'était pas la force physique de Ali (psl) qui en fit le combattant invincible de l'Islam, mais c'était plutôt, son dévouement total et son amour infini pour l'Islam et pour son messager, qui en étaient responsables.
En effet, puisque les musulmans devaient résister militairement, la dévotion imposait à tout croyant d'être un bon guerrier. C'est là une caractéristique générale de toutes les guerres défensives, et il est clair que toutes les batailles du prophète (pslp) étaient défensives.
D'un autre côté, on a lu dans le premier livre comment le prophète (pslp) avait choisi Ali parmi tous ses compagnons, pour l'assister au gouvernement de la Médine dans une période où les complots des hypocrites se faisaient de plus en plus dangereux.
Ceci montre bien que Ali (psl) était, non seulement un homme de guerre, mais aussi un chef politique capable de succéder au prophète dans les conditions les plus délicates.
Les deux dimensions essentielles des services rendus par Ali (psl) à la marche de l'Islam lors de toute sa jeunesse, peuvent être résumées comme suit : "Le premier lors de la bataille du fossé lorsqu'il a pu décapiter le héros de toute l'idolâtrie arabe Âmr Ibn Âbdouedd comme on l'avait lu dans le premier livre."
Le prophète (pslp) avait alors dit : "Le coup de Ali le jour du fossé vaut l'adoration de Dieu par les deux mondes !"
Eh oui ! Ce coup était vraiment le coup fatal porté à la tête de l'idolâtrie après lequel, celle-ci dut battre en retraite jusqu'à sa désintégration totale.
Le deuxième moment : c'est lorsque, revenant de l'une des conquêtes, l'un des combattants musulmans ayant eu un comportement d'insubordination vis-à-vis de son commandant en chef Ali, fut condamné par le prophète (pslp) qui dit alors : "La vérité est avec Ali et Ali est toujours avec la vérité !"
Une page de sa grande morale
On ne peut pas parler de la jeunesse de l'Imam Ali (psl) et de ses grands services rendus à l'Islam, sans faire une petite incursion sur un domaine de sa personnalité si riche et si profonde qu'il mérite à lui seul de grands volumes : la grande morale de ce disciple fidèle et dévoué du sceau des prophètes.
Nous allons nous contenter ici d'une petite étincelle qui peut nous faire découvrir le monde grandiose de la vertu d'Ali. Ceci va être encore une fois au cours des événements de la grande bataille des alliés (dite la bataille du fossé) et durant ce même duel avec le héros de l'idolâtrie Âmr Ibn Âbdouedd.
Quand Âmr Ibn Âbdouedd perça les défenses musulmanes avec ses compagnons et commença à défier les combattants de l'Islam en les appelant au duel et en se moquant d'eux et de leur crainte. Ali (psl) s'élança vers lui d'un pas très vif bien que le cœur était très alourdi de la grande responsabilité que le prophète (pslp) résuma en ces quelques mots : "C'est le combat de toute la foi contre tout le paganisme !"
Âmr, voyant un jeune s'avancer vers lui, dédaigna de le combattre et lui dit : "Vas t-en ! Je ne veux pas te tuer." Mais la réponse du chevalier de l'Islam était ferme : "Mais moi, je veux te tuer !"
Quand Âmr trébucha sous le coup fatal de Ali (psl) et, allongé sur terre, vit son adversaire s'avancer vers lui pour le décapiter, il cracha sur le saint visage de Ali qui, au lieu d'accélérer son geste en finissant le mécréant, il se tint un moment jusqu'à ce que sa colère s'en fut allée et ensuite il porta le coup de grâce à Âmr.
C'est une grande leçon de morale, là où l'on s'attend le moins. Il n'y a qu'un infaillible dans pareil duel et moment crucial qui puisse contrôler ainsi sa colère.
Lorsqu'on lui demanda pourquoi il n'avait pas aussitôt fini son adversaire, il répondit qu'il voulait être complètement sûr que ce n'était pas pour venger son ignoble geste qu'il allait le tuer !
Oui, c'est bien là une morale d'un infaillible qui ne fait rien pour sa propre personne mais consacre toute sa vie avec ses moindres gestes pour Dieu.
On peut maintenant aisément comprendre qu'il n'y a pas d'exagération dans les saintes paroles du prophète (pslp) lorsqu'il dit : "Le coup de Ali le jour du fossé vaut l'adoration de Dieu par les deux mondes (les humains et les invisibles "djinns")."
C'était un coup dénudé de tout amour de soi ou de toute recherche de prestige, consacré totalement à l'amour de Dieu. C'était là ; une étincelle, pas plus, puisque toute la vie de Ali (psl) était à ce même niveau de grandeur d'âme et de morale magnanime.
II n'était pas donc inattendu que Dieu, à Lui pureté, choisit un tel grand homme pour succéder au maître des créatures, le sceau des prophètes (pslp).
En réalité, ce choix allait mettre Ali (psl) devant son épreuve la plus dure puisqu'il s'agissait cette fois, non pas de faire face à des mécréants, mais plutôt à des musulmans dont un grand nombre avait jusque là combattu avec lui contre le même ennemi.
II- Après le Testament de Ghadir Khom
Le parachèvement de la religion
Après le pèlerinage de l'adieu, le prophète (pslp) n'avait aucun autre sujet d'inquiétude que l'affaire de succession. En effet, il fut informé par Dieu de son proche décès et il voyait en même temps que l'Islam avait eu de centaines de milliers de nouveaux adeptes dans les quatre coins de la Péninsule Arabique.
Il voyait aussi que plusieurs prémisses de mauvaises interprétations et des tendances à la déviation commencèrent à faire surface et que les hypocrites commençaient progressivement à manifester leur haine envers l'Islam et le messager de Dieu...
Tout cela n'était pas de nature à tranquilliser le prophète (pslp) : le successeur doit être à la hauteur de cette grande tâche et il doit remplir les conditions de morale et de compétences semblables aux siennes. Il n'y avait qu'une seule personne qui avait ces qualités-là : Ali !
Mais les grands de Qouraych qui venaient à peine de se convertir à l'Islam et qui étaient tous animés d'une rancune implacable à l'égard d'Ali, qui avait tué leurs parents proches dans des différentes batailles, allaient-ils accepter sa désignation ?
Les anciens compagnons du prophète, qui, bien que convertis plus tard que Ali à l'Islam, étaient plus vieux que lui et certains d'entre eux rêvaient déjà de la succession, allaient-ils l'accepter, eux aussi ?
Par ailleurs, à cette date là, Ali (psl) n'avait que trente trois ans alors que certains compagnons du prophète dépassaient la soixantaine.
Tous les indices disaient que la nomination d'Ali n'allait pas être acceptée, bien que ce n'était autre que la volonté de Dieu, et bien qu'au fil des années, il avait démontré suffisamment sa compétence et sa qualification pour la succession du prophète (pslp) alors que tous les autres compagnons avaient échoué au moins une fois dans leurs missions.
Le refus de la majorité des musulmans se faisait annoncer et le prophète (pslp) le savait très bien... Mais l'ordre strict de Dieu mit fin à l'hésitation du prophète et l'emmena à demander à tous les musulmans d'assister à une assemblée générale avant de se disperser vers toutes les directions après les rites du pèlerinage.
Le rendez-vous fut fixé sur les rives d'une lagune dans un lieu appelé Khom, et c'est là qu'il prononça son dernier grand discours publique appelé "prêche de la lagune" (Ghadir).
Le prêche ne fut pas très long et il était clair que son sujet essentiel était la déclaration du testament verbale du prophète (pslp) qui dit à la fin de son discours :
Quiconque je suis son maître, alors, Ali en est le maître. Mon Dieu ! Sois l'ami de son ami et l'ennemi de son ennemi. Est il que j'ai laissé parmi vous les deux poids ; vous ne vous égarerez jamais tant que vous y tenez : "Le livre de Dieu le Coran et ma progéniture (Ahloul Beyt), alors, faites attention comment vous allez procéder avec eux après moi."
Il disait ces mots alors qu'il levait le bras d'Ali tout haut pour que les dizaines des milliers de présents pussent le voir clairement.
Certains d'entre eux le virent pour la première fois de leur vie, alors que certains autres le connaissaient très bien et s'attendaient même à cet événement puisque tant de fois le prophète (pslp) y avait fait allusion.
Les citations en ce sujet ne manquent pas...
Par exemple, d'après Jaber Ibn Abdoullah, l'un des fidèles compagnons du prophète (pslp) : "Les musulmans connaissent les hypocrites à partir de leur haine pour Ali (psl)".
Maintes fois, le prophète avait dit : "Ô Ali, seul un hypocrite te déteste et seul un croyant t'aime !"
D'autre part, le savoir de Ali fut à maintes reprises félicité par le prophète (pslp) et tous ses compagnons l'avaient certainement entendu dire : "Je suis la cité de la science et Ali en est la porte."
Après le prêche du prophète (pslp), les musulmans saluèrent Ali (psl) en l'appelant du surnom donné par le prophète lui même : le commandeur des croyants.
Sur le plan purement légal, le jour du "Ghadir", l'affaire de la succession du prophète (pslp) fut terminée. Mais les musulmans ne tardèrent pas de manifester une tendance vers la déviation qui allait aboutir à une annulation pure et simple du testament du sceau des prophètes.
La succession
Le décès du prophète fut une surprise pour l'ensemble des musulmans. Et alors que toute la famille du prophète (pslp), y compris Ali (psl), était occupée par les funérailles, quelques compagnons du prophète en compagnie de quelques chefs de tribus firent une réunion quasi secrète dans un lieu dit "Saqîfah".
Dans cette réunion, ils décidèrent de négliger le testament du prophète (pslp) et d'élire Abou Bakr comme successeur (califat) après une lutte acharnée qui avait menacé la jeune communauté musulmane de désintégration.
Pour l'ensemble des têtes pensantes de Qoraych et pour la plupart des chefs de la Médine, le choix d'Abou Bakr au lieu d'Ali leur laissait la voie du pouvoir libre dans l'avenir.
En effet, s'ils avaient appliqué textuellement l'ordre de Dieu et de son prophète et accepté de déléguer le pouvoir à Ali (psl), l'espoir d'arriver un jour au pouvoir par un compromis tribal s'évaporerait définitivement.
Mais les musulmans n'allaient pas tarder à regretter ce choix, surtout lorsque la succession du prophète (califat) arriva à la main du troisième calife : Ousmane.
Ceci durant, Ali (psl) s'était retiré de la scène politique pour conserver l'unité de la communauté islamique en se consacrant totalement à enseigner les préceptes de l'Islam et à propager la législation divine.
La mosquée de la Médine devint par ses efforts une véritable académie islamique vers laquelle tous les musulmans, désirant la science, convergèrent des quatre coins de la terre de l'Islam.
Quand le pouvoir arriva à Ousmane, celui-ci ne tarda pas à ouvrir de grandes portes à ses proches de Bèni Omeyyeh (les Omeyyades), famille d'Abou Sofièn qui ne cacha pas sa joie le jour même de la nomination d'Ousmane en disant :
Eh Bèni Omeyyeh ! Monopolisez le pouvoir entre vous ! Par Dieu il n'y a ni enfer ni paradis et ce n'était que la lutte pour le pouvoir ! Mais il fut grondé par Ousmane et il se tut.
De toute façon, Abou Sofièn n'était pas le seul de Bèni Omeyyeh à être un hypocrite et le plus dangereux de toute cette tribu était Marouèn Ibn al Hakem qui n'allait pas tarder à monopoliser tous les pouvoirs entre ses mains en devenant le secrétaire personnel de Ousmane...Ce fut alors la déviation totale et flagrante devant laquelle les musulmans ne pouvaient pas rester indifférents.
Ali (psl) ne manqua pas d'avertir Ousmane de la gravité de la situation et de lui rappeler que Marouèn avait été auparavant chassé de la Médine par le prophète (pslp), mais tous ses efforts étaient vains et la situation dégénéra en une révolte générale puis un siège de la maison d'Ousmane.
Dans ces conditions critiques, Ali (psl) envoya ses deux fils Hassan et Hussein pour la défense de Ousmane qui était quand même le symbole de l'autorité de l'Islam.
Les révoltés étaient décidés à en finir avec une situation scandaleuse : ils ne pouvaient plus supporter l'injustice des gouverneurs de Bèni Omeyyeh... et voyant les compagnons les plus fidèles du prophète, tels que Abou Zherr et Âmmar chassés de la Médine ou fouettés, ils perdirent tout espoir en Ousmane et ils proposèrent à celui-ci d'abdiquer. Ousmane refusa en disant qu'il préférait plutôt la mort.
Entre temps, Bèni Omeyyeh se félicitait du cours des événements puisque la mort d'Ousmane leur permettrait une dictature au nom de sa vengeance.
C'était ainsi que Marouèn à la Médine et son cousin Muawiya le gouverneur de la Syrie se mirent d'accord pour ne pas secourir Ousmane, et ils le laissèrent, sans défense, succomber sous les coups des révoltés.
Après la mort d'Ousmane, les musulmans se rendirent compte de la gravité de l'erreur qu'ils avaient commise vingt cinq ans auparavant : le non exécution du testament du prophète. Essayant de se rattraper et de sauver ce qui pouvait être sauvé, ils entourèrent Ali (psl) et firent pression sur lui pour qu'il accepte de prendre le pouvoir en mains.
L'imam Ali, légitime commandeur des croyants, savait que vingt cinq ans de pouvoir des trois califes ne lui avaient pas laissé de grandes chances pour instaurer un gouvernement islamique tel qu'il est prescrit par Dieu. Il refusa.
Les révoltés insistèrent. Ils le menacèrent même. Ali (psl) vit alors que la communauté musulmane était en danger. Il finit par céder aux pressions des musulmans et accepta de prendre le pouvoir sachant parfaitement que cela allait être sa plus dure épreuve.
III- Le gouvernement du commandeur des croyants
Ali contre les rebelles
Dès les premiers jours, l'imam Ali déclara sa politique du gouvernement, et l'étendard de l'égalité et de la justice fut de nouveau hissé après avoir été piétiné pendant vingt cinq ans.
Il déclara sans aucune hésitation qu'il allait remettre l'ordre de Dieu et rendre tous les droits à leurs propriétaires auxquels ils étaient usurpés.
Ici, il faut rappeler que depuis la mort du prophète. Les musulmans avaient vécu sous le système de caste : une hiérarchie parmi les musulmans fut établie et à mesure que le grade dans cette hiérarchie est élevé, la dotation gouvernementale annuelle était d'autant plus importante.
Ce système injuste qui avait duré près de vingt cinq ans était l'origine de la corruption de la majorité des compagnons du prophète qui, avec la prise du pouvoir par l'imam Ali (psl), se sentirent tout à coup visés, et virent leurs intérêts menacés.
Un large front fut constitué par les grands riches de l'époque pour assurer l'avenir de leurs intérêts.
Certains grands anciens compagnons du prophète optèrent pour le chantage et vinrent rencontrer le commandeur des croyants pour solliciter d'être nommés comme gouverneurs des deux cités les plus riches des musulmans : la Bassora et la Koufa.
Le refus de l'imam fut catégorique. Déçus, ces anciens compagnons s'empressèrent d'organiser une guerre contre le commandeur des croyants sous prétexte qu'il n'eût pas montré le sérieux suffisant dans la poursuite des assassins d'Ousmane.
Ils avaient même convaincu l'une des veuves du prophète (pslp) de les soutenir et ils l'emmenèrent avec eux sur un dromadaire ; et ce fut la bataille du dromadaire à la Bassora.
Cette bataille sanglante se solda par une victoire écrasante du commandeur des croyants qui commença aussitôt à se préparer à une grande bataille contre son ennemi essentiel le gouverneur rebelle de Damas : Muawiya.
Tous les hypocrites, sortis indemnes de la bataille du dromadaire, s'étaient rassemblés autour de Muawiya et à leur tête figurait, bien star, Marouèn.
Muawiya était un homme très malin qui savait bien manipuler les gens simples et semer le doute parmi les conscients.
Lorsqu'il fut vaincu à la bataille de Ceffine, il usa de la ruse en lançant l'ordre de lever des copies du Saint Coran sur les lances et de crier à l'arbitrage du Coran.
L'imam Ali (psl) comprit très bien le tour que Muawiya voulut jouer et lança l'ordre de continuer les combats sans prêter attention à tout ce que peut mijoter l'ennemi. Mais une bonne partie de son armée refusa d'exécuter ses ordres et l'obligea à arrêter les combats et accepter le dit arbitrage.
Par la suite, ces mêmes personnes qui avaient obligé leur commandeur à arrêter les combats se rendirent compte que ce n'était pas plus qu'une ruse de voyous et que le vilain Muawiya n'avait voulu qu'empêcher sa défaite totale.
Aveuglés par une fureur et une ignorance complexe, ils déclarèrent la guerre à tous les belligérants : aussi bien l'imam Ali qui jouissait de toute la légalité que son ennemi le rebelle Muawiya.
Ce mouvement de révolte insensé et irréfléchi fut nommé mouvement des sortants (Khaouarej) et lors de la bataille du Nahraouèn, ils furent exterminés par le commandeur des croyants après avoir réussi à obtenir le repentir de leur majorité.
Trois des sortants rescapés de la bataille du Nahraouéit se réunirent secrètement et décidèrent d'assassiner ceux qu'ils considéraient comme responsables de la guerre civile : Âmr Ibn El'Âss gouverneur de l'Egypte de la part de Muawiya, Muawiya le gouverneur rebelle de Damas et Ali le commandeur des croyants (psl) et calife légitime !
Les trois ignares conspirateurs fixèrent la date du 19 Ramadan de l'année quarante de la Hijra pour l'exécution de leur plan. Âbdourrahmèn Ibn Moljem, celui qui se chargea d'assassiner l'imam Ali (psl) était le plus malin des trois. Il empoisonna son sabre et se rendit à la Koufa.
Quelques pages éblouissantes de la morale d'Ali (psl)
1- La ville de Koufa, par la présence d'Ali (psl), devint la capitale de la science et de la politique de tout le monde islamique, et à partir d'elle les lumières divines commencèrent à se propager vers toutes les contrées.
La présence du commandeur des croyants dans sa capitale Koufa n'était pas seulement une présence politique et scientifique, bien au contraire, Ali (psl) offrait à tous les nouveaux adeptes de l'Islam de nouvelles perspectives :
En effet, ces musulmans qui venaient des quatre coins du monde pour puiser de la science divine, y trouvaient une possibilité de voir une copie conforme de la morale du prophète (pslp), cette morale magnanime qui reste toujours une référence pour les chercheurs du parfait et les demandeurs de la perfection.
Un jour, l'une des routes menant vers la Koufa réunit deux personnes qui ne se connaissaient pas auparavant, l'un d'eux était Ali (psl), l'autre était un chrétien des environs de la Koufa.
Arrivés à un carrefour, ils durent se séparer, mais Ali (psl) accompagna le chrétien vers son village. Celui-ci sachant que son compagnon allait vers la Koufa lui demanda : "Ta destination n'était pas la Koufa ?"
Ali (psl) lui répondit : "Si, mais j'ai voulu t'accompagner un peu par fidélité à notre amitié de route, est-il que la compagnie de route a ses droits, et j'aime bien m'acquitter tous les droits."
Le chrétien s'émerveilla de cette logique et de cette morale et il se dit qu'une telle vertu ne peut point provenir que de la religion authentique de Dieu, après quoi il se convertit à l'Islam.
Et comme fut grande sa surprise quand il apprit que son compagnon de route n'était autre que le commandeur des croyants, calife de tous les musulmans et gouverneur de toutes les terres islamiques si étendues.
2- Les combats de Ali (psl) nous laissent des exemples brillants de sa morale magnanime : il ne tuait point de blessé, ni d'assoiffé et ne poursuivait jamais les déserteurs de l'ennemi. Il s'interdisait toujours d'utiliser les armes de la faim et de la soif bien que ses ennemis en abusaient beaucoup dans tous leurs combats.
Pour illustrer cette vérité, nous allons citer un seul exemple. Les livres de l'histoire regorgent de bien d'autres témoignages :
A la bataille de Ceffine, et avant lé début du combat, l'armée de Muawiya arriva la première au champ de la bataille qui se trouvait à la bordure du fleuve "Euphrate", elle sauta sur l'occasion pour s'interposer entre l'eau et l'armée de l'imam Ali (psl) et interdirent aux loyalistes d'éteindre leur soif.
L'imam Ali lança alors l'ordre de conquérir les eaux par la force des armes. A l'issue d'une bataille éclaire, les rebelles durent se retirer et les loyalistes occupèrent toutes les positions dominant l'Euphrate et eurent la tentation de faire usage de l'arme de la soif tout comme l'avait fait leur adversaire.
Mais les ordres du commandeur des croyants furent stricts : il fallait évacuer immédiatement les rives et s'abstenir d'utiliser l'arme de la soif, puisque selon la morale de l'imam Ali (psl) les fins ne justifient jamais les moyens et l'on ne peut jamais arriver au contentement de Dieu à Lui Pureté en suscitant Son mécontentement par un mauvais choix de moyens...
Comme le disait l'imam Ali (psl) : "les leçons ne manquent pas mais ce sont ceux qui en tirent les conséquences qui manquent."
3- La modestie de l'imam Ali (psl) était une de ses qualités les plus connues. Son apparence ne le faisait pas distinguer des autres gens et son comportement avec les masses populaires était si simple qu'il ne pouvait jamais soupçonner qui il était.
Nous avons choisi pour notre cher lecteur un témoignage parmi tant d'autres ; l'histoire d'un couple en désaccord :
Le mari renvoya sa femme en plein midi et sous une chaleur torride. La malheureuse épouse ne trouva de refuge que l'imam Ali (psl). Aussitôt qu'il prit état de sa situation, il l'accompagna chez elle pour y ramener la concorde.
Le commandeur des croyants (psl) frappa à la porte. Le jeune mari l'ouvrit, et voyant devant lui un homme étranger qu'il ne connaissait pas et qui vint s'ingérer dans ses affaires personnelles, il répondit aux conseils et aux exhortations de l'imam (psl) par des insultes et commença à hurler à la face de sa femme la menaçant de toute sorte de supplice parce qu'elle avait osé amener cet inconnu.
Entre temps, quelques gens connaissant bien l'imam Ali (psl) passèrent et le saluèrent en disant : "Que la paix soit sur vous, ô commandeur des croyants !" Le jeune mari en devint stupéfait et il accourut aux mains de l'imam Ali (psl) pour les embrasser et demander le pardon, promettant qu'il n'y reviendrait jamais. L'imam donna aux jeunes couples des conseils précieux leur assurant une vie heureuse et sans problème...
L'Imam des pauvres
Malgré tous les grands problèmes qui occupaient l'imam Ali (psl), il tenait toujours à rester en contact avec les besoins et les plaintes du peuple.
Tenant lui-même la trésorerie publique (Beytoulmèl), il ne privait personne de sa dotation conventionnelle même s'il connaissait parfaitement qu'il lui portait une rancune ou qu'il pouvait utiliser cette dotation pour renforcer le rang de ses ennemis.
D'autre part, ses compagnons fidèles et ses proches ne jouissaient d'aucun privilège par rapport aux autres gens, et leurs dotations étaient parfaitement conformes à la règle générale appliquée sur tous les musulmans. Bref, le système de castes et de privilèges entretenu par les trois précédents califes allait être définitivement aboli par l'imam Ali (psl).
L'imam Ali était l'allié des masses populaires et il demandait â tous ses gouverneurs de l'être, et chaque fois que l'un d'entre eux manifestait un déraillement quelconque de cette voie, il n'hésitait point à le limoger.
Un jour, une femme appelée Sèoudèh vint chez le commandeur des croyants, alors qu'il était en prière, pour porter plainte contre quelques collecteurs d'impôts. Sentant l'approche d'une silhouette derrière lui, l'imam finit vite sa prière, se retourna aussitôt vers elle et lui demanda avec affection : "Avez-vous besoin de quelque chose ?"
Sèoudèh dit en pleurant : "Je vous porte plainte contre votre collecteur d'impôt !"
L'imam fut très touché, il pleura beaucoup et leva sa main vers le ciel et dit : Mon Dieu, Tu sais bien que je ne lui ai pas ordonné d'être injuste avec Tes esclaves !
Et prenant état de la véracité des dires de la femme, il rédigea l'ordre de mettre fin aux fonctions du collecteur d'impôt en question et chargea la même femme de lui porter avec elle le manuscrit. Sèoudèh revint chez elle satisfaite et heureuse.
Un jour, des nouvelles arrivèrent de la Bassora rapportant que le gouverneur de cette ville, Ousmane Ibn Hanif, ayant été invité à un dîner d'affaire, avait accepté l'invitation. L'imam lui envoya une longue lettre condamnant son comportement et le mettant en garde contre ce type d'invitation.
II y insista sur le fait que les riches qui organisent ce genre de cérémonies ne veulent pas par là une œuvre de bienfaisance pour les besogneux, mais plutôt une sorte de pot-de-vin et de corruption pour les gouverneurs et une recherche de l'autorité et du pouvoir dans la ville.
En réalité, cette lettre est très riche en matière de règles morales et politiques et elle est digne d'être une référence pour tout pouvoir islamique.
Entre autre, l'imam (psl) dit en s'adressant a son gouverneur Ibn Hanif : "Je n'aurais pas cru que tu aurais accepté l'invitation de quelques gens chez lesquels le pauvre est boudé et le riche est sollicité...N'est-ce pas qu'à chacun son imam et guide, lequel il imite et de la lumière et science duquel il s'éclaire ! N'est-ce pas que votre imam s'est contenté, dans son habit, de ses haillons et dans sa nourriture, de son pain !"
L'un des compagnons de l'imam Ali (psl), Âdy Ibn Hatem, fut interrogé un jour à propos de la politique sociale de l'imam Ali, il dit : "J'ai vu que tout puissant est chez lui faible jusqu'à ce que justice soit rendue contre lui, et que tout faible est puissant jusqu'à ce que justice soit rendue pour lui."
L'imam Ali (psl) n'accordait aucune importance pour le pouvoir.
Pour lui, gouverner ce n'était plus qu'une occasion pour faire régner la justice, et c'était seulement à ce titre qu'il avait accepté le pouvoir.
Ce sens nous a été rapporté par Ibn Abbâs auquel l'imam Ali (psl) avait demandé un jour : "Quelle est la valeur de ces sandales ?"
Alors que l'imam les réparait, Ibn Abbâs répondit que cela ne valait pas grande chose. L'imam (psl) dit : "La valeur de ces sandales pour moi est plus grande que celle du gouvernement et du pouvoir si ce n'était là le moyen d'établir un droit ou d'abolir une injustice."
L'imam Ali (psl) nous résume toute sa politique sociale en quelques mots : "Comment puis-je être un imam pour les gens sans participer à leur douleur et à leur pauvreté ?"
L'abolition des privilèges
Dès le premier jour de son gouvernement, l'imam Ali (psl) déclara l'égalité entre les gens et la justice comme base de sa politique : aucune différence ne serait plus faite entre un arabe et un non arabe sauf par la piété.
Sa politique d'égaliser les dotations personnelles suscita beaucoup de remous parmi les anciens privilégiés de l'ancienne politique des dotations, suivie par les trois précédents califes.
Ils vinrent alors au commandant des croyants pour solliciter son retour vers cette politique en insinuant que cela pourrait lui faciliter la victoire sur ses ennemis, mais la réponse de l'imam (psl) fut catégorique : «Voulez vous que je cherche la victoire par le biais de l'injustice ?»
Puis il dit : «Si l'argent était le mien, je l'aurais partagé entre les gens à l'égalité, alors que dire, lorsque cet argent est celui de Dieu ?»
Cette politique sociale de l'imam Ali (psl) lui avait coûté la haine des plus grands chefs de groupes et de tribus déjà habitués par les trois précédents califes à des dotations et des privilèges qui avaient porté un grand nombre d'entre eux au rang des grands richards de la Péninsule Arabe.
Par cette politique, l'imam perdait aussi l'appui de certains de ses proches, et son histoire avec son frère Âqil est, à ce sujet, très révélatrice :
Un jour Âqil, le frère d'Ali (psl) lui rendit visite. Le dîner étant servi, Âqil fut surpris qu'il n'y ait rien d'autre que du pain, de l'eau et du sel, et dit : «Il n'y a rien d'autre que ce que je vois ?!»
L'imam répondit : Ceci n'est ce pas de la grâce de Dieu, à Lui toutes les louanges ?!»
Âqil sollicita de l'imam une somme d'argent de quoi rembourser une dette, alors, l'imam lui dit : «Patiente jusqu'à ce que je reçois ma dotation.»
Âqil, gêné, dit : «La trésorerie est entre tes mains et tu m'attardes jusqu'à ta dotation ?!»
L'imam dit : «Ma situation ne diffère pas de celle de n'importe quel homme musulman!»
Âqil insista.
L'imam lui dit alors : «Si tu veux, prenons nos sabres et allons à la Hira (ville voisine de la Koufa), il y aurait quelques commerçants riches, attaquons en quelques uns et prenons certains de leurs biens.»
Âqil dit alors avec dédain : «Suis-je donc venu en voleur ? !»
Alors l'imam lui dit : «Tu voles à un seul homme vaut mieux que tu voles à toute la communauté des musulmans !»
C'est ainsi qu'était l'imam. Il vivait la vie des pauvres et il dépensait leurs dépenses. Lorsque certains lui dirent que Muawiya, le rebelle, dépensait des sommes colossales et distribuait les pots-de-vin pour s'assurer la victoire et qu'il convenait peut-être à l'imam de faire autant que lui, l'imam leur rappela sa célèbre devise : «Il ne faut jamais chercher la victoire par le biais de l'injustice !»
Telle était la politique sociale du plus pieux de tous les pieux, le commandeur des croyant, Ali (paix sur lui et sa descendance purifiée).

 

 

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