L'ASPECT MORAL DE LA FORCE EN ISLAM

 

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Mohammed Hossein Fadlallah

 

Traduit par
Abbas Ahmad Al-Bostani

EDITIONS
Abbas AHMAD Al-Bostani
(LA Cité du Savoir)

 

Ce livre est un chapitre extrait de l'ouvrage de son Eminence Sayyed Mohammed Hossein Fadlallah: «L'ISLAM ET LA LOGIQUE DE LA FORCE»

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation interdits sans l'autorisation de
Abbas AHMad al-Bostani
La Cité du Savoir

 

L'ASPECT MORAL DE LA FORCE EN ISLAM 3
I- LES OBJECTIFS GENERAUX DU MOUVEMENT DE LA FORCE EN ISLAM ET LEUR RELATION AVEC LE FONDEMENT DE LA MORALE ISLAMIQUE 6

A- LES GRANDS OBJECTIF DE LA FORCE EN ISLAM: L'ASPECT PASSIF 7
B- LES GRANDS OBJECTIFS DE LA FORCE EN ISLAM: L'ASPECT ACTIF 26
II - L'IDEE ET L'APPLICATION 40

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L'ASPECT MORAL DE LA FORCE EN ISLAM

En partant de l'idée de la force dans la vie, à quel type de force l'Islam croit-il et appelle-t-il?
S'agit-il de la force qui justifie tout à ses tenants; qui leur permet de faire tout ce qu'ils veulent, même l'agression?
Ou bien, s'agit-il de la force qui s'impose des limites propres qu'elle ne se permet pas de dépasser, et ne se meut que dans le cadre de l'action légitime reposant sur le fondement moral islamique de la vie et déterminé par les grands objectifs de l'Islam?
En répondant à ces interrogations, nous nous trouverions, sans doute, devant deux points essentiels:
I - Les objectifs généraux du mouvement de la force en Islam et leur relation avec le fondement de la morale islamique.
II - La recherche des applications de «l'idée générale» dans les pratiques canoniques (légitimes) lors des guerres et des batailles du Prophète, étant donné que les dites pratiques sont considérées comme une base législative du mouvement d'application en Islam.
Le noble Coran parle beaucoup du châtiment que Dieu réserve aux injustes qui ne possèdent rien par quoi ils puissent se racheter pour échapper aux supplices qui les attendent, et nous décrit les situations humiliantes et mortifiantes qu'ils affronteront le jour de la Résurrection (Qiyâma), le tout est décrit dans un style d'ambiguïté qui laisse l'homme s'attendre à tout, comme on le voit dans cette parole de Dieu: «Ceux qui prévariquent verront bientôt de quel tournant ils vont tourner!» (Coran XXVI, 227).
Le Prophète et les Imams d'Ahl-ul-Bayt soulignent dans les hadiths qu'on leur attribue la gravité de l'injustice devant laquelle la victime se sent personnellement impuissante et dirige ses regards vers Dieu pour le venger de celui qui lui a fait subir cette injustice.
Selon l'Imam Ali: «Le Prophète a dit: Dieu dit: "Ma colère s'accroît contre celui qui est injuste envers quelqu'un qui n'a d'autre soutien que Moi».(1)
Selon un hadith de l'Imam Moussa Ibn Ja'far: «Il n'est pas pire injustice que celle dont la victime n'a d'autre soutien que Dieu».(2)
Dans un autre hadith, il dit: «Dieu a demandé à l'un de Ses prophètes dans le royaume d'un tyran de dire à celui-ci s'il le rencontrait: «Je ne vous ai pas employé pour répandre le sang et prélever des impôts, mais pour que je n'entende plus les cris des opprimés; car je ne néglige pas leur plainte, même s'ils étaient des infidèles».(3)
Nous pouvons constater cela dans les poèmes moraux et oratoires dont les contenus sont inspirés de textes religieux qui soulignent la gravité de l'injustice et son châtiment pour rappeler au despote de ne pas trop se fier à sa force instigatrice d'injustice, car il y a une autre force supérieure qui se vengerait de lui - tôt ou tard.
I- LES OBJECTIFS GENERAUX
DU MOUVEMENT DE LA FORCE
EN ISLAM ET LEUR RELATION
AVEC LE FONDEMENT
DE LA MORALE ISLAMIQUE

 

A- LES GRANDS OBJECTIF DE LA FORCE EN ISLAM: L'ASPECT PASSIF

Nous savons que la force dans l'histoire représentait un problème aux catégories de dépossédés et d'opprimés, car elle donnait aux plus forts le moyen pratique d'exploiter les plus faibles et de les persécuter, c'est ce qui a poussé ces catégories, dans le passé et à présent, à déployer tous leurs efforts et énergies pour se doter d'une force qui leur permit de se défendre et de défendre leurs nobles positions dans la vie.
Nous savons aussi que l'existence de la force, de toute force, incite l'esprit à être hautain, tyrannique et à exercer sa domination sur les autres, car elle suscite en lui le désir de s'affirmer, et le racisme vis-à-vis des autres. Sans doute, le verset suivant signale cette vérité: «Non, non! Vraiment, l'homme se rebelle dès qu'il se voit au large». (Coran IVC, 6-7).
En outre, nous remarquons que beaucoup de tendances et de mouvements, aussi bien maintenant que dans le passé, ont tenté et tentent encore de développer cette agressivité dans leurs sociétés, comme c'est le cas des mouvements nazis et fascistes ainsi que de bien d'autres mouvements fondés directement ou indirectement sur le racisme, et engendrant les différentes formes de colonialisme nouveau et ancien.
Il y avait pourtant d'autres tendances qui ont uvrer, à travers leurs idées et leurs pratiques éducatives, en vue d'éloigner l'homme de cette agressivité. Elles ont réussi ainsi des tentatives missionnaires merveilleuses en ramenant l'homme vers les grands objectifs de la vie, qui font de la force un moyen de protéger le message contre les ennemis et de lui permettre ainsi de mouvoir dans leur pensée, leur action missionnaire, leur pratique et l'application de leurs devoirs, à partir d'une position de liberté. C'est là que nous rencontrons la force de l'Islam. Il nous faut donc rechercher l'ambiance que l'Islam peut créer à l'intérieur de l'homme musulman dans le cadre de la vie islamique générale, pour que cette force grandissante demeure un facteur de bien et non un facteur de mal, et pour qu'elle se transforme en un instrument qui protège la vie contre ses ennemis et non un instrument de sa destruction, basé sur la vanité et la domination absolue.
Nous pouvons remarquer tout cela dans la nature de la foi en Dieu, dans ce que cette foi inspire à l'homme concernant la force, à travers la relation entre le Créateur et la créature dans les objectifs généraux de l'Islam, et dans les objectifs directs de combat.
De tout ce qui précède, nous tirons une conclusion déterminante: l'Islam n'accepte - en aucun cas - que l'homme utilise la force qu'il possède dans aucune voie de la corruption et de l'agression contre la vie, par une simple humeur personnelle maladive ou pour des avidités personnelles. Au contraire, il veut que l'homme l'expose dans les domaines qui édifient sa vie sur un fondement solide de foi, de justice te de paix.
Nous allons essayer de mettre les points sur les (i) dans chacun des éléments qui créent l'ambiance que l'Islam veut susciter chez l'homme et dans le mouvement de la vie pour prévenir la force contre elle-même ainsi que contre sa propre déviation.
1- Tout d'abord, notons que la foi profonde en Dieu Puissant et Capable, et dont la puissance et la capacité sont illimitées, empêche l'homme qui a conscience de cette vérité et la vit pleinement, de se livrer au tyran et aux facteurs psychologiques déviés, susceptibles de l'amener à agresser les autres par sa force; et ce en sentant la force absolue de Dieu qui domine la sienne et devant laquelle il se diminue, se réduit, s'humilie et, par conséquent, s'abstient de pratiquer l'injustice et l'agression contre les gens. Le vers suivant est à cet égard évocateur:
Ton il dort alors que celui qui a subi ton injustice est réveillé;
Il prie Dieu pour qu'il se venge de toi;
Or, l'il de Dieu ne dort pas.
Un autre poète a dit:
Il n'y a pas une main qui ne soit dominée par celle de Dieu;
Ni un injuste qui ne soit soumis à quelqu'un de plus injuste que lui.
Le noble Coran ne se contente pas d'évoquer le châtiment que Dieu réserve dans l'au-delà aux injustes, mais essaie, dans plusieurs versets, de nous décrire l'image des tyrans et des despotes qui avaient gouverné les gens par la violence, la sévérité et la brutalité, et comment Dieu les a punis dans ce bas monde pour leur corruption et leur despotisme, en les faisant périr impitoyablement par les foudres, les secousses, le cri, etc., ce qui fait réfléchir les autres à la malheureuse fin qui les attendrait s'ils venaient à suivre le même chemin et à avoir la même conduite. Dieu dit:
«N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a traité les "Ad" et "Irâm", la ville à la colonne, une ville telle que jamais on n'en créa de semblable dans aucun pays et les "Thamoud" qui creusèrent le roc dans la vallée, et Pharaon, avec ses épieux; enfin tous ceux qui, dans le monde, étaient rebelles et multipliaient les scandales? Ton Seigneur abattit sur eux le fouet du châtiment. Ton Seigneur est celui qui observe tout». (Coran, LXXXIX, 6-14).
2- Dans ce domaine, nous envisageons les objectifs islamiques qui s'écartent beaucoup des objectifs agressifs et déviés vers lesquels l'homme court dans le mouvement de la force et de la vie.
Ainsi, dans la force islamique, nous ne trouvons pas cette force animée par le sentiment de besoin de s'affirmer - et d'exprimer cette affirmation de soi - à travers des gestes démonstratifs d'orgueil et de vanité.
Il est à noter, sur ce point, que les nobles versets coraniques s'appliquent à mettre à nu ceux qui se vantent de leur force dans la société, l'expriment par différentes attitudes démonstratives, et à faire d'eux ainsi que des attitudes qu'ils adoptent et des positions qu'ils prennent vis-à-vis des autres, un objet de moquerie. Dieu a dit:
«Ne parcours pas la terre avec insolence. Tu ne peux ni déchirer la terre ni atteindre à la hauteur des montagnes». (Coran XVII, 37).
C'est l'image de ceux qui essaient d'exprimer leur sentiment personnel de grandeur en marchant puissamment sur terre, de telle sorte qu'ils rehaussant le cou et les épaules dans un style hautain, et frappent de leurs pieds la terre pour affirmer leur puissance. Là, le verset coranique intervient pour leur dire: «Quoi que vous frappiez de vos pieds la terre, vous ne pourriez la pénétrer ni y laisser la moindre trace; l'effet de vos gestes s'arrête au seuil de la douleur qui vous atteint à la suite de la violence de votre coup de pied, et quoi que vous allongiez votre coup, vous ne pourriez atteindre la hauteur des montagnes! Pourquoi donc tous ces vains efforts? Pourquoi toute cette peine? Pourquoi tous ces gestes démonstratifs insensés?»
Dans un autre verset nous apercevons sans doute la même image, mais dans un autre cadre qui représente la persistance dans la moquerie d'une façon exaltante. Dieu a dit:
«Ne détourne pas ton visage des hommes; ne marche pas sur la terre avec arrogance. Dieu n'aime pas l'insolent plein de gloriole». (Coran XXXI, 18).
Il a comparé l'homme qui tord son cou au chameau qui fait la même chose lorsqu'il est atteint de «Sa`r» (4). Nous laissons au lecteur le soin d'imaginer la somme d'ironie dans l'image de cet homme qui essaie de se donner une apparence de grandeur devant les autres, mais qui découvre - les autres aussi - que son image n'est autre que celle d'un chameau atteint de maladie.
3- La force que l'Islam choisit pour la vie, n'est pas celle qui se meut par un: besoin intrinsèque de détruire l'entourage pour soulager un complexe d'infériorité, refoulé dans le subconscient. Au contraire, cette force représente une attitude dans laquelle l'homme fait face à lui-même par un mouvement de lutte psychologique déterminante qui conduit à une ouverture sur le Message au lieu de se renfermer sur "soi"; c'est ce que nous trouvons dans l'imploration de Dieu faite par l'Imam Ali Ibn al-Hussein Zayn al-Abidine:
«Mon Dieu, je ne serais jamais victime d'une injustice tant que vous me donnerez la force de me défendre, et je ne serais jamais injuste, sachant que vous êtes capable de me la reprendre».
Dans cette prière de demande significative, l'homme demande à Dieu d'être l'ennemi de son "moi" et fait recours à la force et à la puissance de Dieu pour maîtriser les penchants à l'injustice, latents en lui et provoqués par le sentiment de sa propre capacité d'exercer une injustice envers les autres.
Dans la même prière de demande, l'Imam formule une autre requête:
«...et empêche-moi de nuire à tout fidèle et à toute fidèle, à tout Musulman et à toute Musulmane...»
Dans une autre prière de demande, nous constatons comment cette âme pieuse se transcende tellement, que le sentiment d'être injuste envers les autres équivaut pour elle au sentiment de subir l'injustice des autres et refuse et hait autant l'un que l'autre:
«Mon Dieu, de même que TU m'as fait détester l'injustice pour moi, empêche-moi d'être injuste moi- même».
Comme si l'Imam Zayn al-Abidine implorait Dieu pour le prévenir contre toute velléité d'injustice envers les gens, en cultivant en lui le sentiment de haine envers cette tendance à l'injustice, de même qu'il voue une haine intérieure pour l'injustice des autres envers lui.
Ce sentiment spirituel et noble laisse voir la pureté intérieure qui s'agite dans le tréfonds du "moi" et se transcende pour se concrétiser en un sentiment humain envers ceux qui lui ont fait mal et l'ont agressé par la force traîtresse qu'ils possèdent. Il pense à leur sort dans l'Au-delà, lorsqu'ils seront entre les Mains de Dieu qui leur fera subir son châtiment et ses supplices à cause de leur agression contre lui et l'atteinte qu'ils ont portée à sa dignité.
Il pense à eux à la manière de celui qui détient la clé d'une situation dans l'Au-delà. Car dans une telle situation, l'ayant droit se trouve auprès de Celui qui a le Pouvoir de sanctionner le coupable et Qui ne pardonne pas si l'ayant droit, lui-même, pardonne. Il pense à eux d'une façon humaine d'une part, réaliste de l'autre. D'une façon humaine, parce qu'il ne veut pas que quelqu'un soit tourmenté et torturé à cause de lui. Réaliste, car, en tant qu'homme, il sent qu'il a commis une erreur envers Dieu, de même que ce quelqu'un a commis une erreur envers lui. Il veut donc pardonner à ce dernier afin qu'il puisse lui-même en prétexter pour demander la grâce de Dieu, Lequel est plus Généreux et plus Miséricordieux que lui.
En effet, Dieu ne pourrait lui demander de pardonner à celui qui lui a fait mal, tout en le punissant pour sa désobéissance et sa révolte contre Lui. Ainsi, la situation est soumise à une opération de calcul: demander un pardon contre un pardon accordé, et une miséricorde contre une miséricorde; c'est le principe de la Bonté de Dieu et de Sa Miséricorde qui inspire l'humanisme et le pragmatisme de cette idée.
Voici quelques extraits de cette prière de demande dans laquelle le sentiment humain se transcende avec chaque mot de souhait et chaque geste d'humilité:
«Mon Dieu! Si quiconque de Tes serviteurs venait à me prendre ce que tu lui as interdit et à me violer ce que Tu lui as proscrit, et que je venais à mourir ou qu'il venait à mourir sans s'être acquitté envers moi, pardonne-lui le mal qu'il m'eût fait et absous ce qu'il m'eût dérobé. Ne lui tiens pas rigueur de ce qu'il eût commis contre moi ni ne le dénonce pour ce qu'il eût gagné à mes dépens. Fais du pardon que je lui accorde et de l'aumône que je lui fais, la plus pure des aumônes des donateurs et le meilleur des liens de ceux qui prient pour s'approcher de toi. Compense mon pardon à son égard par ton pardon envers moi, et ma prière pour lui par ta miséricorde, afin que chacun de nous se réjouisse de Ta Faveur et ait le salut de Ta Bienfaisance.
»Mon Dieu! Si quiconque de tes serviteurs venait à être lésé par moi ou que je venais à lui porter préjudice et s'il venait à subir une injustice par moi ou à cause de moi sans que je lui rende justice ou sans qu'il puisse recouvrir son droit (...), satisfais-le à ma place par Ta Faveur, indemnise-le Toi-même et puis dispense-moi du verdict de Ton Jugement, et préserve-moi de Ta Sentence, de Ta Justice, car ma force ne peut résister à la vengeance et mon énergie est impuissante devant Ta Colère.
»Si Tu m'imposais ce que je mérite justement, Tu me ferais périr, et si Tu ne me couvrais pas de Ta miséricorde, Tu m'anéantirais».
C'est une âme pieuse et paisible qui se soucie de la vie, du repos et de la paix de tout le monde. Ses soucis de ce monde et de l'Au-delà, consistent à se mouvoir, à penser et à prier pour alléger les fardeaux qui pèsent sur les épaules des gens et débarrasser ceux-ci des tracas de la vie et des péchés du travail, afin que tout le monde se réjouisse de la miséricorde de Dieu, dans ce bas monde et dans l'Au-delà.
C'est là, l'âme islamique qui expulse de l'intérieur tout complexe d'infériorité pour réorienter le "moi" vers une ouverture consciente qui accueille avec bienveillance tout le monde, les amis et les ennemis. Tel est donc l'un des traits caractéristiques de l'esprit islamique qui se distingue par une âme généreuse, aspirant sans cesse à gravir les échelons des valeurs...
4- La force à laquelle aspire l'Islam n'est pas celle qui se meut pour consolider les bases du colonialisme et de la domination, lesquels veulent asservir les peuples et leurs patries afin de s'emparer de leurs sources naturelles et matières premières, et de les transformer en un champ d'investissement et d'exploitation et en un marché de consommation pour l'écoulement des produits industriels et agricoles des Grandes Puissances; c'est exactement ce qu'ont fait et font encore les anciens et les nouveaux colonialistes, lorsqu'ils utilisent leur force politique et militaire pour humilier et asservir des peuples, animés pour cela, par le sentiment de leur supériorité raciale, et d'autre part, par le besoin en matières premières que les pays opprimés et colonisés produisent pour alimenter l'industrie des pays colonisateurs, comme c'est le cas pour les richesses naturelles telles l'or, l'argent et les autres métaux dont se sert l'industrie pour se développer et prospérer.
Tout cela constituait une des raisons pour lesquelles l'ancien et le nouveau colonialismes - européens ou américains - ont colonisé directement ou indirectement nos pays. Parmi les raisons directes de ce colonialisme, le besoin des pays colonialistes d'écouler leurs produits agricoles et industriels, des produits de consommation ou des instruments de guerre. C'est pourquoi les colonisateurs créaient à ces peuples de nouveaux besoins dont ils pouvaient bien se passer, afin de les accoutumer à leur civilisation industrielle et de façonner leur personnalité à l'image de cette civilisation, pour qu'ils restent attachés naturellement à tous leurs domaines particuliers et généraux.
Partant de ce principe, ils (les colonialistes) provoquaient des émeutes et des guerres, créaient des problèmes, empêchaient le développement des activités industrielles dans les pays en voie de développement qui luttent pour se doter d'une force susceptible de les rendre capables de se tenir debout, en produisant eux-mêmes leurs propres articles de consommation et d'autres produits nécessaires. Mais les pays colonialistes, les en empêchent en transformant leur économie en une économie de guerre qui absorbe toutes leurs richesses et qui les offre, comme une proie facile et alléchante, à leurs instruments de guerre. Un tel résultat est la conséquence naturelle des problèmes intérieurs et extérieurs que les colonialistes provoquent chez les pays en développement et qui débouchent sur la guerre. De cette façon, le jeu colonialiste continue jusqu'à ce que les pays en développement succombent à la faillite économique sous la pression des charges militaires et de l'accumulation des dettes. Ainsi, une fois complètement ruinés, ils tombent de nouveau dans les filets des colonialistes.
L'Islam désapprouve cette conception de la force, car il refuse a priori le principe sur lequel elle est basée: la force au service de la domination. Dans le noble Coran, plusieurs versets parlent en détail des tyrans de l'histoire, de leur façon de gouverner, de leurs crimes contre leurs peuples, de leurs tentatives de diviser les rangs de ces derniers pour pouvoir exercer le pouvoir sur cette base en profondeur et en étendue.
En parlant de Pharaon, le Coran nous brosse un tableau typique du gouverneur qu'il faut combattre et dont la puissance doit être détruite, et évoque l'appel de Moïse et son message qui visent à sauver le peuple de ce tyran et de son régime tyrannique, sévère et brutal. Dieu a dit:
«Pharaon était arrogant sur la terre, il était au nombre des pervers». (Coran X, 83).
et:
«... à Pharaon et aux chefs de son peuple. Ils se montrèrent orgueilleux. C'étaient des gens hautains ». (Coran XXIII, 46).
et:
«Pharaon était hautain sur la terre. Il avait réparti les habitants en sections; il cherchait à affaiblir un groupe d'entre eux: il égorgeait leurs fils et laissait vivre leurs filles. C'était un fauteur de désordres. Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été humiliés sur la terre; Nous voulions en faire des chefs, des héritiers; Nous voulions les établir sur la terre et montrer ainsi à Pharaon, à Haman et à leurs armées ce qu'ils redoutaient». (Coran XXVIII, 4-6).
Ainsi, ces versets ont passé en revue tous les cas où la faiblesse des opprimés est exploitée de telle façon que la force dont est dotée le gouverneur devient un point de départ de la corruption dont quelques exemples typiques sont mentionnés dans l'histoire de Pharaon. Puis, ils nous font part de la victoire que Dieu promet aux opprimés s'ils suivent Sa Volonté en épousant les causes de la victoire telles qu'elles sont précisées dans les messages divins, l'exemple en est la victoire de Moïse sur Pharaon qui a été noyé dans la mer.
Le Coran nous décrit d'autres types de ces tyrans qui ont utilisé leur force pour opprimer impitoyablement les dépossédés; il nous montre également comment Dieu leur a fait subir les supplices pour les faire périr, lorsqu'ils n'ont pas voulu entendre les bonnes paroles et les conseils sincères des prophètes auxquels Dieu avait envoyé des Messages pour mettre fin aux injustices des tyrans; il s'agit des Ad, le peuple de Houd que le Coran a évoqué dans plusieurs versets, faisant état de leur grande force tyrannique d'une part, de leur mauvaise utilisation de cette force d'autre part, pour nous faire comprendre que Dieu ne veut pas que la force qu'IL confère à l'homme s'achemine dans ce sens, et que si elle ne reprenait pas le bon chemin, c'est Lui qui en serait à l'affût tôt ou tard, comme IL était à l'affût de tous les anciens tyrans et injustes.
Dieu a dit:
«Les Ad ont traité les prophètes de menteurs, lorsque leur frère Houd disait: "Ne craindrez-vous pas Dieu? Je suis pour vous un Prophète digne de foi. Craignez Dieu et obéissez-moi. Je ne vous demande pas de salaire, mon salaire n'incombe qu'au Seigneur des mondes. Bâtirez-vous sur chaque colline un monument pour vous divertir? Habiterez-vous des châteaux, comme si vous deviez être immortels? Quand vous êtes violents, vous êtes violents comme des tyrans. Craignez Dieu et obéissez-moi. Craignez Celui qui vous a pourvus de ce que vous savez: il vous a pourvus de troupeaux et d'enfants, de jardins et de sources. Oui, je redoute pour vous le châtiment d'un jour terrible". Ils dirent: «Il nous est indifférent que tu nous exhortes ou que tu ne nous exhortes pas. Notre conduite est seulement conforme à celle des Anciens. Nous ne serons pas châtiés. Ils le traitèrent de menteur et nous les avons anéantis. Il y a vraiment là un signe, mais la plupart des hommes ne sont pas croyants». (Coran XXVI, 123-139)
Ainsi, nous constatons que, dans beaucoup de versets, l'Islam refuse ce principe (de la force et de la corruption). Car les objectifs islamiques concernant toutes les énergies que Dieu créa et crée dans l'univers pour l'homme et les autres créatures, s'écartent de toutes formes de corruption sur la terre, de toutes formes d'orgueil dans la vie, puisque l'Islam a pris pour point de départ l'élimination de la corruption et du sentiment personnel de fierté dédaigneuse et de grandeur creuse de ceux qui veulent faire croire aux gens qu'ils sont investis de droits divins qui leur permettent de dominer les autres. C'est ce que nous pouvons déduire de ce noble verset:
«Nous assignons cette Demeure dernière à ceux qui, sur la terre, ne veulent être ni altiers, ni corrupteurs. La fin appartient à ceux qui craignent Dieu». (Coran XXVIII, 83).
En effet, dans ce noble verset, il y a deux critères par lesquels Dieu apprécie l'homme:
1- Le refus de la volonté de domination.
Cette volonté a pour cause le sentiment de l'homme d'être supérieur aux autres et, partant de là, sa volonté de concrétiser ce sentiment dans les rapports mutuels entre lui et eux. C'est ce qui l'amène à justifier tout comportement qui le conduit à ce but, et c'est ce que l'Islam refuse justement, car il veut susciter chez l'homme un nouveau sentiment qui fait de lui un être semblable aux autres et sans aucun privilège, il peut certes s'en distinguer par certains aspects, de même que les autres peuvent être différents de lui par certains autres aspects. Mais ce qui le distingue ne lui donne pas des droits particuliers sur les autres, de même qu'il n'accepte pas que les autres aient des droits sur lui par les qualités qui les distinguent de lui.
2 . Le refus de la corruption.
Dieu n'aime pas la corruption et déteste l'action des corrupteurs, opposée aux grands objectifs de l'Islam, lesquels visent à édifier la vie terrestre et céleste sur un principe de bon droit (haq), comme l'a dit Dieu:
«Nous les avons créés en toute vérité». (Coran XXXXIV, 39)
Or, le "haq" sur lequel se sont fondés les Messages et les pratiques des Prophètes, ne peut être établi que par la justice et la réforme, comme Dieu l'a dit dans la sourate al-Hadid:
«Nous avons envoyé nos prophètes avec des preuves indubitables. Nous avons fait descendre avec eux le livre et la balance afin que les hommes observent l'équité». (Coran LVII, 25).
Les évocations faites par le noble Coran varient dans leur présentation des types humains qui se servent de leur propre puissance - financière ou sociale - pour corrompre et dominer le pays et les serviteurs, et nourrir leurs penchants criminels qui découlent de leurs complexes d'infériorité. Le Coran nous explique, dans des styles divers, les conséquences de leurs conduites et de leurs agissements dans ce bas monde et dans l'Au-delà, pour nous faire comprendre son refus de ces types et de leur façon de se servir de la force.
Dieu nous cite l'exemple d'un homme qui lance des slogans de "haq", de justice et de réforme, en demandant aux gens de le soutenir pour avoir une position forte à partir de laquelle il pourrait les réaliser, mais qui, après avoir obtenu ce qu'il avait demandé, et tenu les affaires bien en main, renie ses engagements et se met à exécuter ses arrière-pensées et ses plans de corruption et de destruction:
«Il en est parmi les hommes dont la parole concernant la vie de ce monde te plaît. Il prend Dieu à témoin du contenu de son coeur, mais c'est un querelleur acharné. Dès qu'il te tourne le dos, il s'efforce de corrompre ce qui est sur la terre, il détruit les récoltes et le bétail. - Dieu n'aime pas la corruption - Lorsqu'on lui dit: "Crains Dieu", la puissance du péché le saisit: son passage sera la Géhenne: quel détestable lit de repos!» (Coran II, 204 -206)
Dieu nous dit, en parlant de Qaroun:
«Nous lui avions donné des trésors dont les seules clés semblaient lourdes à une troupe d'hommes robustes. Son peuple lui dit: "Ne te réjouis pas! Dieu n'aime pas ceux qui se réjouissent!" Au milieu des biens que Dieu t'a accordés, recherche la demeure dernière. Ne néglige pas ta part de la vie de ce monde. Sois bon comme Dieu est bon pour toi. Ne recherche pas la corruption sur la terre. - Dieu n'aime pas ceux qui sèment la corruption -. Qaroun dit: "Je ne dois ce qui m'a été donné qu'à la science que je possède." Ne savait-il pas que Dieu avait fait périr avant lui des générations plus redoutables que lui par la force et plus importantes en nombre? - Les coupables ne seront pas interrogés sur leurs péchés -». (Coran XXVIII, 76-78).
Il s'agit de cet homme qui, se sentant doté d'une puissance financière, se permet toute action et toute attitude, et ne daigne pas entendre les: prêches qui lui conseillent d'employer ses forces pour le bien et de cesser de les diriger vers le mal; car il se croit l'artisan de cette puissance et pense qu'aucune force - pas même Dieu - ne peut rien contre elle, et que par conséquent personne n'a le droit de tutelle sur ce qu'il veut faire et ce qu'il ne veut pas faire.
Dieu transmet l'image de cet homme et d'autres à l'histoire dans laquelle les grandes puissances de finances, d'armes et d'autres... impressionnent les gens mais finissent vite par succomber sous les lois de Dieu concernant la vie et ses législations relatives à l'univers, lesquelles détruisent toutes les forces qui prennent la voie de péché, d'agression et de tyrannie.
La fin de cet homme ne diffère pas de celles de ses semblables dans l'histoire: «Nous avons fait engloutir par la terre Qaroun et sa maison. Il n'avait pas de troupe pour le secourir- en dehors de Dieu -. Personne ne lui porta secours. Ceux qui, la veille, avaient souhaité se trouver à sa place... il semble certain que les incrédules ne sont pas heureux». (Coran XXVIII, 81-82)
En un mot, le Coran désapprouve tous ces types de forces méchantes et indique à l'homme les objectifs qu'il doit poursuivre à travers les forces qu'il possède et la ligne qu'il doit suivre; ce qui se résume ainsi: la force que proclame l'Islam, ne se meut ni avec ni pour la corruption; elle est pour le Bien et avec tout ce qu'il entreprend, partout et en tous temps.

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Nous pouvons résumer ce volet de notre cours en ces termes: l'Islam n'approuve pas l'utilisation de la force en vue de la réalisation d'objectifs opposés aux valeurs islamiques; car la force et ces moyens sont un don de Dieu; par conséquent la religion de Dieu ne peut permettre à l'homme de l'utiliser contrairement à sa volonté.
De cette façon, les lignes essentielles de l'aspect moral de la force se détermine par le côté passif de l'objectif; ainsi l'aspect passif de la force se transforme en une qualité morale pour le fort qui empêche sa force de s'étendre et se mouvoir vers la direction opposée aux valeurs islamiques; alors que la ligne active de la force représente, dans cette direction, un acte contraire à la valeur morale; car la moralité de tout acte suit la règle générale de la structure morale dans la vie: si la règle dans l'Islam repose sur la compatibilité avec les préceptes et les interdictions de Dieu, qui vont dans l'intérêt supérieur de l'homme, la morale pratique ne pourrait que se mouvoir dans cette direction et verser dans ses cours, exactement comme les sources qui jaillissent et se transforment en fleuves offrant à la vie la verdure, la fertilité, l'irrigation, la beauté, et comme les racines qui s'enfoncent dans les profondeurs pour donner aux tiges la sève, le fruit et la fraîcheur.
Car, si les sources cessaient de jaillir, de couler et de donner, ou si les pierres accumulées les empêchaient de partir vers des lieux lointains, les fleuves se transformeraient en étangs qui ne tarderaient pas à sécher ou à disparaître, et si les racines cessaient d'absorber l'eau de la terre qui donnent vie aux tiges, celles-ci se transformeraient en bois...
Telle est la vie dans tous ses aspects; la branche y est un prolongement de la souche, sinon elle s'en sépare et devient un atome perdu dans le vide.

 

B- LES GRANDS OBJECTIFS DE LA FORCE EN ISLAM: L'ASPECT ACTIF

Dans la précédente section de notre recherche, qui traitait des objectifs islamiques de la force, nous avons parlé de l'aspect passif de l'objectif, représenté par tout ce que l'Islam refuse dans les domaines pratiques vers lesquels et dans le cadre desquels - celui de la réalité de l'application islamique de la force dans la vie - se meut la force.
Dans la présente section, nous essayons d'aborde l'aspect actif de l'objectif islamique que nous voulons réaliser et concrétiser - parmi les autres objectifs et valeurs à réaliser et à concrétiser - afin que le mouvement islamique complète sa personnalité en revêtant ses aspects actifs et passifs et afin que celle-ci représente le point de démarcation entre la personnalité musulmane et celle de l'infidèle, dans la vie; car le manque de clarté quant aux traits caractéristiques originaux, fait perdre à l'homme son "identité", alors qu'il s'imagine qu'il la vit en tant qu'idée et vie.
Le noble Coran a déterminé ces deux aspects, actif et passif, en déterminant la différence originale, dans le mouvement de la force, entre les fidèles et les infidèles, à travers ce verset:
« Les croyants combattent dans le chemin de Dieu, les incrédules combattent dans le chemin des Taghout. Combattez donc les suppôts de Satan; les pièges de Satan sont vraiment faibles». (Coran IV, 76)
Ce sont deux lignes parallèles, ou plutôt opposées; car la direction de l'une est opposée à celle de l'autre. Ainsi les fidèles qui croient en Dieu, par leur foi et dans leur foi intérieur, et en font la base de leur vision de la vie et de son mouvement ascendant, se mettent sur un point qui se trouve en face du commencement de la ligne en provenance de Dieu pour prendre la voie de l'objectif qui se termine chez Dieu. C'est pourquoi, ils se meuvent par l'intuition de la foi en Dieu, pour obtenir sa satisfaction et s'assurer sa miséricorde.
Quant aux infidèles qui ne répondent pas positivement à l'appel de la foi et ne réagissent pas à ses effets, ils envisagent la situation avec une âme vendue à un tyran qui dépasse les limites de la tyrannie, ne s'arrête pas aux limites de la justice, du "Haq" et du Bien et s'enfonce très loin dans la voie de l'injustice, du Faux et du Mal. C'est pourquoi ils ne s'ouvrent pas à Dieu et ne peuvent pas, par conséquent, s'ouvrir à cette foi qui représente un bienfait pour l'homme et la vie. Nu contraire, ils demeurent soumis à l'influence de leurs instincts et de leurs petites et grandes convoitises, tout à l'écart de ce que signifient la miséricorde, la bonté et le soin de Dieu.
Nous avons appris comment l'Islam refuse la voie du tyran lorsque nous avons abordé les aspects méchants vis-à-vis desquels la force doit, selon le désir de l'Islam, prendre une attitude passive. Car l'Islam croit que la faiblesse de la réaction à l'appel des penchants du Mal, représente la force même dans l'échelle des valeurs islamiques.
Le Sentier de Dieu, c'est la ligne large de tous les objectifs idéaux dans lesquels la force se meut selon la législation et la pratique islamiques, car la force est un don de Dieu, que ce soit dans sa nature - considérée comme une créature de Dieu Puissant, Créateur des forces - ou dans les moyens qu'elle utilise - et qui sont considérés comme la base du mouvement pratique dans cette direction. Puisque la force était un don de Dieu, l'homme devait l'asservir dans le sentier de Dieu.
L'Islam a confié à l'homme la responsabilité de combattre sur le sentier de Dieu, de mener le Jihad - par ses biens et sa vie - dans ce sentier, et de combattre ceux qui luttent contre ce sentier. Rien d'autre que ce sentier ne doit animer les énergies de l'homme. Car c'est cela le sens de la foi, sa vérité et sa réalité. C'est cela la base morale qui justifie le combat de l'homme, qui peut conduire celui-ci à se faire tuer ou à tuer les autres. Car la vie demeure une grande valeur continue dont la mort ne peut être autorisée par la législation et dont l'immunité ne peut être violée par celle-ci que si elle se heurte à un objectif plus grand et un but plus grandiose, étant donné que les objectifs se bousculent les uns les autres devant le mouvement de la vie, exactement comme les phénomènes de la vie: "la survie est pour le meilleur(5)". C'est sur cette base que les grandes valeurs que l'Islam incarne dans ses notions, se s législations et ses plans pratiques relatifs au développement et à l'évolution de la vie étaient orientées de façon à concorder avec l'Univers. Et c'est pourquoi ces grandes valeurs ont eu la primauté sur les comptes de la législation, lorsqu'elles s'étaient mises dans un côté, alors que la vie de leurs partisans et de leurs adversaires, s'est mise dans l'autre.
Il n'est resté aucun choix sur le stade. Il fallait que l'une des deux parties y tombe. Car la continuation de la vie dans le sens des valeurs versant dans le sentier de Dieu n'est possible qu'au prix de pertes humaines considérables parmi les combattants de Dieu ainsi que parmi ses ennemis. C'est là seulement que nous pouvons comprendre comment l'acceptation de mourir ou de donner la mort, pour la cause, devient une grande valeur morale au lieu d'être un crime brutal et flagrant.
Dans le Coran, on trouve beaucoup d'appels de Dieu demandant à l'homme d'orienter ses forces vers ce sentier et l'incitant à mener le Jihad par ses biens et son âme - deux grandes forces qu'il peut mettre au service de Dieu et sur la voie des nobles objectifs qu'IL a tracés pour l'homme dans cette vie et dans l'Au-delà.
Dieu a dit:
«Combattez dans le Chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous. Ne soyez pas transgresseurs; Dieu n'aime pas les transgresseurs». (Coran II, 190).
«Que ceux qui troquent la vie présente contre la vie future, combattent donc dans le chemin de Dieu. Nous accorderons une récompense sans limites à celui qui combat dans le chemin de Dieu, qu'il soit tué ou qu'il soit victorieux. Pourquoi ne combattez-vous pas dans le chemin de Dieu, alors que les plus faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants disent: "Notre Seigneur! Fais-nous sortir de cette cité dont les habitants sont injustes. Donne-nous un protecteur choisi par toi, donne-nous un défenseur choisi par toi."» (Coran IV, 73-75)
«Combats dans le Chemin de Dieu. Tu n'es responsable que de toi-même. Encourage les croyants! Dieu arrêtera peut-être la violence des incrédules. Dieu est plus redoutable qu'eux dans sa violence et plus redoutable qu'eux dans on châtiment». (Coran IV, 84)
«En vérité, ceux qui ont cru, ceux qui ont émigré, ceux qui ont combattu dans le chemin de Dieu: voilà ceux qui espèrent la miséricorde de Dieu. - Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux-». (Coran II, 218)
«Dieu aime en vérité ceux qui combattent dans son chemin en rangs serrés, comme s'ils formaient un édifice scellé avec du plomb». (Coran LXi, 4)
Le noble Coran ne se contente pas d'appeler à se battre dans le sentier de Dieu, comme l'exige la foi, mais s'applique à souligner la grande valeur spirituelle qu'il attribue aux combattants et aux Mujahidine, aussi bien ceux qui se font tuer dans la bataille que ceux qui y survivent après s'être bien battus et après avoir bien accompli leur devoir. C'est ce que nous constatons dans les nobles versets suivants:
«Les croyants qui s'abstiennent de combattre - à l'exception des infirmes - et ceux qui combattent dans le chemin de Dieu, avec leurs biens et leurs personnes, ne sont pas égaux! Dieu préfère ceux qui combattent avec leurs biens et leurs personnes à ceux qui s'abstiennent de combattre. Dieu a promis à tous d'excellentes choses; mais Dieu préfère les combattants aux non-combattants et il leur réserve une récompense sans limites. Il les élève, auprès de lui, de plusieurs degrés en leur accordant pardon et miséricorde. - Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux -». (Coran IV, 94-95)
«Dieu a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens pour leur donner le Paradis en échange. Ils combattent dans le Chemin de Dieu: ils tuent et ils sont tués. C'est une promesse faite en toute vérité dans la Tora, l'évangile et le Coran. Qui donc tient son pacte mieux que Dieu? Réjouissez-vous donc de l'échange que vous avez fait: voilà le bonheur sans limite!» (Coran IX, 111)
«Ne crois surtout pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Ils sont vivants! Ils seront pourvus de biens auprès de leur Seigneur, ils seront heureux de la grâce que Dieu leur a accordée. Ils se réjouissent parce qu'ils savent que ceux qui viendront après eux et qui ne les ont pas encore rejoints n'éprouveront plus aucune crainte et qu'ils ne seront pas affligés. Ils se réjouissent d' un bienfait et d' une grâce de Dieu. Dieux ne laisse pas perdre la récompense des croyants». (Coran III, 169-171)
«Nous accorderons une récompense sans limites à celui qui combat dans le chemin de Dieu, qu'il soit tué ou qu'il soit victorieux». (Coran IV, 74)
Mais où trouver le sentier de Dieu parmi tous les sentiers que nous rencontrons?
Dieu a-t-IL besoin que l'on mène le jihad pour Lui?
Le problème n'est point là. Il ne s'agit pas du besoin de Dieu de notre soutien pour Lui ou pour Sa Volonté. Car, IL est en dessus de tout cela.
Il s'agit de notre vie, à nous, c'est nous qui avons recherché les voies qui devaient nous guider lorsque nous étions perdus. Et c'est là que nous avons trouvé le sentier de Dieu, notre sentier qui nous conduit vers le Haq(6), la prospérité et le succès dans ce bas monde et dans l'Au-delà. C'est pourquoi le problème était celui de l'homme et non de Dieu, Lequel est le Riche Absolu qui n'a besoin de rien, pas plus de notre bonne conduite que de notre égarement.
Une fois encore, où trouvons-nous le sentier de Dieu parmi tous les sentiers que nous rencontrons? Quels objectifs poursuivons-nous en marchant dans le sentier de Dieu? Nous ne pouvons pas comprendre tout cela, car cela peut contenir toute la vie et tous les domaines et objectifs qu'elle peut contenir. Mais nous pouvons toucher quelques aspects essentiels et saillants des objectifs du combat que propose l'Islam:
1. uvrer en vue d'édifier la vie sur la base de la foi en Dieu, en ses messagers et en ses législations, et ce en considérant la force comme un point de départ pratique qui rend le mouvement plus puissant et plus rapide, donne aux travailleurs plus de confiance en eux-mêmes - car la force accordée par Dieu est confondue avec celle imposée par la réalité - et amène les gens à assimiler plus profondément l'Appel islamique.
2. Protéger la doctrine de la persécution de ses ennemis qui s'efforcent d'étouffer sa liberté d'une part, de lui mettre des bâtons dans les roues pour l'empêcher de bouger et de pénétrer profondément dans la vie des gens d'autre part, et enfin de détourner ses adeptes de leur religion par tous les moyens de pression: la torture, le bannissement, l'atteinte à leurs intérêts généraux et particuliers.
3. Soutenir les éléments persécutés, opprimés et dépossédés contre les oppresseurs qui sont à l'origine de l'histoire du colonialisme, de l'exploitation et de l'agression.
4. Affaiblir la force des polythéistes et détruire leur puissance pour que l'impiété cesse d'être une force qui empêche l'Islam de poursuivre sa route et de réaliser ses objectifs révolutionnaires et de réforme.
5. Se défendre et riposter à l'agression qui vise les fidèles, la patrie et les tabous. Combattre les agresseurs.

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Tels sont quelques-uns des objectifs que représente la notion de "Sentier de Dieu" vers la direction duquel l'Islam veut que l'homme dirige la force, et sur la base duquel il considère le sacrifice des biens et de l'âme comme une des valeurs de la vie qui élèvent la position de l'homme dans l'échelle de la satisfaction de Dieu.
Une fois de plus, la question se pose et s'impose: ces objectifs justifient-ils leurs moyens, c'est-à-dire le sacrifice de beaucoup de vies humaines aussi bien parmi leurs défenseurs que leurs ennemis ?
La réponse se trouve dans quelques versets coraniques qui justifient le combat et l'utilisation de la force en vue de riposter à l'agression contre la foi, les gens et la vie, par la nécessité de la continuation de la vie sur la base de l'ordre, de la bonne conduite, de l'interdiction de la corruption et de la débauche:
«Si Dieu ne repoussait certains hommes par d'autres, la terre serait corrompue. Mais Dieu est celui qui dispense la grâce aux mondes». (Coran II, 251)
«Toute autorisation de se défendre est donnée à ceux qui ont été attaqués, parce qu'ils ont été injustement opprimés. - Dieu est Puissant pour les secourir et à ceux qui ont été chassés injustement de leurs maisons, pour avoir dit seulement: "Notre Seigneur est Dieu". Si Dieu n'avait pas repoussé certains hommes par d'autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées, où le Nom de Dieu est souvent invoqué. Oui, Dieu sauvera ceux qui l'assistent. Dieu est, en vérité, Fort et Puissant. Toute autorisation de se défendre est donnée à ceux qui, si Nous leur accordons le pouvoir sur la terre, s'acquittent de la prière, font l'aumône, ordonnent ce qui est convenable et interdisent ce qui est blâmable. Le fin de toute chose appartient à Dieu». (Coran XXII, 39-41)
Dans le premier verset, le Coran justifie la question sous un aspect général, à savoir l'interdiction de corrompre sur la terre et d'y faire s'écrouler la vie; car laisser le champ libre aux agresseurs, aux tyrans, aux despotes et aux pervers, c'est soumettre la vie à leur agression, leur tyrannie et leur corruption et, par conséquent, c'est faire de la vie une occasion propice au vandalisme, à la corruption et à la persécution des innocents par tous les moyens - y compris le meurtre...
Dans le second verset, il justifie la guerre par la liberté de doctrine et de son exercice, puisqu'elle est liée à la réalité de ces musulmans opprimés de la Mecque, que les polythéistes ont persécutés, torturés et expulsés de leurs demeures parce qu'ils avaient dit "Allah est notre Seigneur". C'est pourquoi défendre la liberté de leur doctrine et leur vie contre l'injustice dont ils faisaient l'objet, était un droit naturel pour eux, sans quoi les fidèles n'auraient pas pu mener leur vie librement et dignement.
Si nous voulons envisager l'idée de la force dans les contextes de ces versets, nous devons la replacer dans son cadre naturel du mouvement de la réalité, et sous forme d'une question que nous posons à nous-mêmes: que faire devant le fait de l'injustice, de la tyrannie et de la pression contre la liberté de la croyance et du mouvement dans la vie? Devons-nous rester les bras croisés et nous abstenir de nous défendre et de prendre l'initiative d'attaquer laissant les tyrans et les injustes faire ce qu'ils veulent et sévir à leur guise ?
Les attitudes passives peuvent-elles résoudre le problème de la vie en préservant à celle-ci son immunité et aux gens leur vie ?
Une réponse affirmative ne serait pas fondamentale. Car elle complique le problème et ne le résout pas, étant donné que les tyrans ne considèrent les attitudes aimables, modérées et indulgentes que comme un signe de faiblesse - ce qui les encouragerait à persister dans leur tyrannie - et ne comprennent le silence des faibles que comme un indice d'écrasement devant leur force tyrannique.
Il n'y a donc pas de meilleure raison pour les tyrans de persister dans leur tyrannie que la faiblesse des faibles, le défaitisme des défaitistes, la disparition de la voix qui lance le mot juste avec force et persévérance et l'absence d'une attitude pragmatique qui affronte la force par la force, la fermeté par sa pareille. Par conséquent, l'attitude à prendre dans de tels cas se limite à deux choix qui n'admettent pas un troisième:
Soit se détacher du Message, de ses principes et de ses slogans de réforme, en laissant la vie, comme une bouchée facile, à ceux qui y sèment la corruption - avec tous les actes et les positions que le mot corruption peut contenir - soit faire face aux ennemis par tous les moyens nécessaires - y compris le sacrifice des biens et de la vie.
En adoptant dans sa législation le jihad et la défense comme deux principes fondamentaux, l'Islam opte pour un choix difficile, celui de l'affrontement, qui va dans le sens de l'intérêt général de l'homme. Il fait ainsi de la vie du message, de ses principes et de ses slogans le centre d'intérêt devant lequel se réduit la vie des individus dans certaines phases de l'histoire au profit de la vie qui s'étend tout au long de l'histoire, car le Message n'est ni une simple pensée qui vit en dehors de la réalité, ni une simple action qui s'écarte des nécessités de la vie et de ses besoins, mais c'est la signification profonde de la vie de l'homme avec tout ce qu'elle représente de nécessités et de conditions pour s'étendre et continuer: si l'homme le perd, il perd du même coup sa vie. Car la vie qui perd son contenu juste, finira par perdre son essence aussi.
C'est de cette façon que nous comprenons "la Moralité de la Force" en Islam. La force n'y est ni la souplesse en temps de paix - qui préserve l'âme - ni la violence pendant la guerre - qui fait perdre la vie, mais plutôt un grand objectif visant une vie digne à présent et à l'avenir, régissant la souplesse de même qu'il régit la violence, traitant avec la paix comme il traite avec la guerre. Ce n'est pas seulement la position de l'Islam vis-à-vis de la question de la guerre et de la paix, mais la position de tout message (et de toute doctrine) qui dirige les affaires de la vie et des gens dans le cadre des valeurs auxquelles il croit et des principes auxquels il appelle. L'idée de la guerre et de la paix occupe une place primordiale dans le fondement idéologique, législatif et moral de l'Islam, en raison de ses liens organiques bien soudés avec ce fondement.
Certains penseurs(7) considèrent la guerre comme une chose normale du point de vue humain ou humaniste, étant donné que les instincts de l'homme, tel celui de combat, pousse à l'injustice, à la déviation et à l'agression. C'est pourquoi elle constitue une exception à la règle générale qui désavoue le combat et désapprouve la violence, ou même comme une règle naturelle, semblable à toutes les lois qui découlent de la nature de la vie et concordent avec la réalité originale.
Il ne s'agit pas ici de discuter de telle ou telle autre question. Tout ce que nous voulons dire, c'est que l'Islam ne s'est pas écarté de sa base fondamentale spirituelle et morale, lorsqu'il a promulgué le jihad, encouragé le combat et autorisé la violence légitime pour faire face aux nécessités de la défense et de la prévention imposées par la nature de son mouvement dans la vie, en tant que religion qui défie l'injustice et la déviation, combat l'athéisme et l'anarchie. Car la légitimité de "l'éradication" de la déviation ouvre la voie à la légitimité de l'élimination des déviationnistes, si l'éradication de cette déviation en dépend.
Pour conclure notre exposé, il convient de noter que quelques nobles versets ont pris soin de souligner la nécessité de ne pas utiliser la force pour l'agression, car Dieu n'aime pas les agresseurs.
Il est naturel que l'agression se définisse par les limites que l'Islam a fixées au mouvement de la force. Car certains comportements qui sont considérés comme agression dans un cas donné ou dans une situation donnée, peuvent ne pas l'être dans d'autres cas et situations, et ce selon qu'ils compatissent avec la grande ligne de l'objectif ou s'en écartent.

II - L'IDE ET L'APPLICATION

Les guerres et les batailles islamiques que menait le Prophète constituent une concrétisation vivante et un portrait fidèle de la pensée islamique. Elles ne s'en sont différées, ni ne se sont écartées de sa grande ligne ni de près ni de loin. Car on peut remarquer qu'elles ne se déroulaient que dans deux cas:
1- Le cas de la guerre préventive qui visait à affaiblir la force tyrannique du polythéisme, de l'athéisme et de l'égarement, pour l'empêcher de s'ériger en une force de destruction de la foi et de la vie.
2- Le cas de la guerre défensive par laquelle l'Islam se protégeait contre les assauts des forces de l'athéisme et du polythéisme, ou obligeait les infidèles et les polythéistes à respecter leurs engagements et leurs contrats.
De toutes les batailles et les guerres du Prophète, aucune n'avait d'autre objectif. C'est ce qui fait qu'il y a là une parfaite harmonie entre la pensée et la pratique, entre la théorie et l'application, que ce soit dans les détails ou dans l'ensemble. Peut-être pourrions-nous com. prendre ce sujet avec plus de clarté en exposant rapidement les raisons et les motifs qui ont poussé le Prophète Muhammad à déclarer la guerre aux polythéistes et aux autres.
Le premier de ces affrontements était l'accrochage entre l'escadron d'Abdullah Ibn Jahch et les Quraich au mois de Jamad al-Akhara, deux mois avant la Bataille de Badr (en Rajab, selon d'autres). Dans cet incident, les Musulmans ont intercepté les caravanes des Quraich, venues de Damas et dirigées par Abi Soufiyan. Ce qui justifie cette attaque, c'est l'état de guerre entre les Musulmans et les infidèles de Quraich à La Mecque. Une telle action qui n'avait pas un caractère belliqueux et ne visait qu'à obtenir des renseignements sur l'ennemi qui avait multiplié les agressions contre les Musulmans, n'a rien de gênant et de mal.
De nos jours, le blocus économique est une mesure légitime à laquelle recourent souvent des belligérants. Rappelons que l'action des Musulmans avait un caractère de représailles et visait à rendre la pareille. Quant aux autres razzias du Messager, elles avaient pour cause, soit un manquement à un engagement pris, comme c'était le cas avec les Juifs de Bani Qinq'a à Médine, ou avec les polythéistes de Quraich lorsqu'ils avaient failli à leurs engagements de la "Réconciliation de Hudaibiya", soit la nécessité d'une riposte à une agression, comme c'est le cas lors de la razzia d'Uhod et de celle d'al-Khandaq, ou d'une mesure de prévention' comme c'est le cas avec les Romains et les Perses, où l'Islam s'était senti entouré de tous les loups de la terre, qui guettaient l'occasion propice pour se jeter sur lui et déraciner ses fondements dans sa propre maison, et c'est ce qu'ils ont commencé à faire effectivement, lorsque Cyrus, le plus grand chef des Perses dépêcha des agents pour lui apporter la tête du Prophète, et lorsque Hercule le plus grand des Romains assassina quelques-uns de ses gouverneurs qui s'étaient convertis à l'Islam à Damas, ses gouverneurs qui s'étaient convertis à l'Islam à Damas.(8)
Ainsi, dans la vie islamique, les guerres ont été déclenchées dans le cadre de ces deux objectifs. Les conquêtes islamiques visaient initialement à libérer l'homme de la servitude des forces tyranniques qui l'exploitaient, de la pression des conditions exceptionnelles qui l'entouraient, des atmosphères ténébreuses dans lesquelles il s'assombrissait, et à lui donner le moyen de vivre avec les conceptions, les législations et la pensée islamiques originales dans lesquelles le "gouverné" est au gouvernant ce que l'homme est à son semblable et où tous deux, chacun selon sa position et ses possibilités, participent à la responsabilité de la réalisation de la justice sur la terre, sans qu'il y règne aucun sentiment de subir ou de faire subir la servitude et la domination d'une force tyrannique.
S'il y avait dans ces conquêtes quelques bavures et aberrations de tous genres - ce qui est naturel dans toute conquête humaine - elles étaient les conséquences inévitables de la déviation du régime islamique de sa ligne authentique et n'avaient rien à voir avec la pensée, la conception, la législation et la pratique du vrai Islam.
De telles déviations sont liées à des personnages qui interpréteraient mal la législation de l'Islam lorsqu'ils accèdent illicitement et par la force au poste de commandement; par conséquent, leurs conduites n'acquièrent aucune légitimité islamique, mais pourraient traduire pertinemment cette boutade lancée par certains européens: «L'Islam est une chose, les Musulmans en sont une autre».
Néanmoins, ce qui était arrivé pendant certaines phases de l'histoire islamique, n'a pas empêché Gustave Lepont de dire: «L'Histoire n'a pas connu un conquérant plus clément et plus juste que les Arabes».

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Il n'est pas difficile de trouver dans les législations islamiques relatives aux prescriptions destinées aux combattants et aux militants missionnaires du mouvement du Jihad islamique, quelques exemples significatifs sur la conception islamique de la violence. Ils montrent clairement que lorsque l'Islam opte pour le combat, ce n'est point par un tempérament rancunier, et lorsqu'il recourt à la violence, il est loin de vouloir se servir d'un moyen "méchant" pour atteindre un objectif méchant. La violence qu'il préconise à un caractère missionnaire, c'est dire qu'il n'opte pour le combat que dans le cadre du Message, de ses contextes et de ses nécessités. Si le combat s'écarte de ce cadre ou si le Message peut se passer du combat, il s'en éloigne et suit la voie de la paix tant que cela est possible.
Ainsi, nous pouvons voir comment les directives du Prophète aux combattants, recommandaient à ceux-ci d'avoir, dans la mesure du possible, une conduite exempte de toute nature rancunière, de tout esprit de destruction et de tout état émotionnel pendant la guerre, afin qu'ils ne s'éloignent pas de leur but et de leur Message. Selon un hadith de l'Imam Ja'far al-Sadiq:
«Lorsque le Messager de Dieu voulait expédier un escadron de soldats quelque part, il l'invitait et le faisait s'asseoir près de lui et disait aux combattants: conduisez-vous au nom de Dieu, par Dieu, dans le sentier de Dieu et selon la religion du Messager de Dieu. Ne soyez pas rancuniers, ne profanez pas les cadavres, n'assassinez pas lâchement, ne tuez pas un vieillard désarmé ni un enfant, ni une femme. N'arrachez un arbre que si vous y êtes obligés. Si un fidèle - qu'il soit le moins gradé ou le plus gradé des combattants musulmans - suggérait, par ses regards, la paix à un polythéiste, il devrait le traiter en voisin(9) jusqu'à ce qu'il entende la parole de Dieu. S'il acceptait de vous suivre, il serait votre frère de religion, et s'il le refusait, amenez-le, sain et sauf, là où il se sent en sûreté».(10)
Selon le hadith de l'Imam Ali: «Le Messager a interdit que l'on jette le poison dans le pays des polythéistes».(11)
Dans ces directives du Prophète, nous voyons la ligne islamique humaine qui préconise au combattant de rester fidèle aux valeurs morales et humanitaires aussi bien pendant la guerre que pendant la paix. Car, le lien de l'homme avec les valeurs n'est pas accidentel et imposé par les circonstances, mais c'est un lien constant et indispensable, imposé par la foi et exigé par la vie. Ainsi, si la guerre était imposée par des circonstances exceptionnelles d'une situation donnée, nous devons alléger ses fardeaux et ses pertes en vies humaines, afin que son bilan se limite au minimum inévitable; pour cela le combattant doit contenir ses émotions et ses penchants provoqués par les haines et les douleurs de la guerre qui - dans certains moments difficiles - le transformeraient en une entité explosive et destructrice incapable de raisonner et mue par ses instincts qui tendent à détruire tout ce qu'ils rencontrent de l'ennemi, même les personnes qui ne se battent pas, ou qui ne veulent pas ou ne peuvent pas se battre, et même les autres choses qui n'ont rien à voir avec la guerre.
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Dans certains cas, nous rencontrons des attitudes où prévaut un désir d'hésiter et de tergiverser devant la guerre, dans l'espoir de l'éviter, de se débarrasser des climats de combat, et de favoriser l'esprit de paix qui pourrait s'imposer à la situation du contact du droit chemin, du haq et du bien; c'est ce qu'on trouve dans l'attitude de l'Imam Ali pendant la Bataille de Saffine, lorsqu'il tarda à donner à ses compagnons la permission de combattre. Ceux-ci se demandaient, en effet, si son attitude ne découlait pas d'un état accidentel de lâcheté dû à la peur de la mort ou au fait de ne pas pouvoir déterminer clairement (dans sa position vis-à-vis des gens de Damas) ce qui était juste et ce qui était faux, et d'être par conséquent sceptique quant à la réalité des combattants de Damas et de leur direction. Mais la réponse de l'Imam à ces interrogations, nous est rapportée par al-Charif al-Radhi dans "Nahj al-Balagha". Elle nous explique le programme islamique concernant la question de la guerre et de la paix dans la pensée et la pratique de l'Islam, et réfute par là même les allégations de ses détracteurs:
«Quant à votre dire que "c'était par peur de la mort", j'y réponds: par Dieu je ne m'inquiète pas si je vais vers la mort ou si celle-ci vient vers moi. En ce qui concerne votre dire qu'il(12) était sceptique sur les gens de Damas, j'y réponds: par Dieu, je n'ai fait la guerre que parce que j'aspirai à ramener un groupe d'hommes au droit chemin que je suis moi-même et à les attirer vers ma lumière; car je préfère cela plutôt que de les combattre pour leur égarement, même s'ils étaient imprégnés de péchés».(13)
Ce n'est pas par un excès de zèle qu'il fait la guerre, mais par une nécessité qu'il n'aime pas. Il la repousse comme il repousse tout ce qui lui est imposé. S'il la rencontre, il le fait sans aucun enthousiasme personnel, tout en l'engageant avec la même ardeur qu'il éprouve pour la cause qui l'y pousse; c'est dire qu'il s'intéresse à la guerre dans la mesure où la cause qu'il défend le lui exige, et il s'en détache dès qu'elle cesse de concerner cette cause. Ce n'est pas une guerre chevaleresque provoquée par le tempérament, mais une guerre de devoir que le Message impose et à laquelle incite la vie pour défendre la vie.
Cette position sublime découle sans doute de celle du Prophète et qu'on évoque dans certains livres de hadith: il y est dit, en effet, que chaque fois que le Prophète dépêchait une expédition, il disait aux combattants: «Familiarisez-vous avec les gens et soyez patients avec eux. Ne les attaquez pas avant de les avoir appelés à la raison. Car je préfère que vous fassiez convertir à l'Islam tout les habitants de la terre - ceux des maisons d'argile aussi bien que ceux qui dorment sous des tentes de poil - plutôt que de les tuer et de capturer leurs fils et leurs femmes».(14)
Nous rencontrons l'idée islamique de la guerre dans les nobles versets qui demandent aux Musulmans de répondre positivement à l'appel de la paix qui leur est adressé, si cet appel représente une position pratique qui s'approche de la cause du Message et résout les problèmes qui ont provoqué et déclenché la guerre; car le refus de la paix et la continuation de la guerre dans ce cas, éloigne le combat de son objectif, et en fait une action individuelle, liée moins à la pensée islamique qu'à une position personnelle, et cela lui fait perdre sa moralité qui justifiait son existence et sa législation en Islam, et la transforme en une guerre jahilite(15) et immorale. Dieu a dit:
«S'ils inclinent à In paix, fais de même, confie-toi à Dieu». (Coran VIII, 61).
«O vous qui croyez, entrez tous dans la paix; ne suivez pas les traces du Démon: il est votre ennemi déclaré». (Coran II, 208)
«S'ils se tiennent à l'écart, s'ils ne combattent pas contre vous, s'ils vous offrent la paix, Dieu ne vous donne plus alors aucune raison de lutter contre eux». (Coran IV, 90).
Nous comprenons de ces versets qu'il est du devoir des Musulmans d'accepter les appels de la paix, lancés par les adversaires pour mettre fin à la guerre sur des bases qui concordent avec les intérêts généraux des Musulmans et les objectifs pour lesquels la guerre a été déclenchée, à savoir: arrêter l'agression ou la repousser, soit en obligeant les agresseurs à se convertir à l'Islam, soit en concluant des traités avec eux, soit en leur faisant accepter des obligations financières qu'impose la législation islamique pour la coexistence pacifique entre les religions dans le cadre des conditions et des lois précises.
En fermant ce chapitre, nous serons déjà parvenus à une conclusion décisive qui souligne la moralité de la guerre en Islam, moralité fondée sur le principe de "l'importance" qui puise sa légitimité de la loi de la concurrence entre le Bien et le Mal, c'est-à-dire entre les bonnes actions et les actions corruptrices auxquelles sont soumises les lois législatives... car nous savons que Dieu ne prescrit que la bonne action, et n'interdit que la mauvaise action, et que lorsque les bonnes actions et les mauvaises actions se rencontrent et rivalisent autour d'un même sujet, celui-ci ne serait ni tout à fait une mauvaise action ni tout à fait une bonne action, mais tient de celle-ci et de celle-là, et c'est la plus victorieuse et la plus influente d'entre les deux qui aura le dernier mot: car aussi bien la bonne action que la mauvaise action n'auront pas plus d'effet lorsqu'elles seront vaincues... le haq(16) se maintiendra du côté de l'intérêt suprême de l'homme et de la vie.
A la lumière de ce qui précède, l'Islam légitime la guerre tant qu'il s'agit de défendre de nobles objectifs qui la justifient, et justifie son mouvement, son évolution et son intensification, et la rejette dès que ces nobles objectifs cèdent la place à des objectifs égocentriques, perfides et à des motifs maladifs et des intérêts personnels. C'est ce que le Prophète a exprimé en définissant dans un hadith, le sentier de Dieu dans la guerre: selon ce hadith un homme demanda au Prophète Muhammad;
«L'homme se bat soit pour un butin, soit pour là renommée, soit pour se faire remarquer; lequel parmi ces trois objectifs est le sentier de Dieu?». Le Prophète répondit: «Celui qui se bat pour que le mot de Dieu soit le plus élevé, se bat dans le sentier de Dieu».(17)

1. Al-Kafi (explication de Mazandarani), Tom IX.
2. Ibid.
3. Ibid.
4. Maladie propre aux chameaux, lesquels tordent le cou lorsqu'ils en sont atteints.
5. C'est-à-dire celui qui s'accommode le mieux des prescriptions divines, conformes aux Lois de la création de la nature de la vie.
6. Le vrai, le bon droit.
7. Ibn Khaldoun, appuyant cette opinion, a dit: «La guerre et toutes les sortes de combat existaient depuis que l'humanité fut créée. La raison en est la volonté de quelqu'un de se venger d'un autre. Il s'ensuit que chacun des deux protagonistes reçoit le soutien des siens; et de toute façon deux groupes se trouvent face à face: l'un demande vengeance, l'autre veut éviter de la subir. Ceci est naturel, et aucune nation ni aucune génération n'y échappent. La raison de cette vengeance est, le plus souvent, soit une jalousie, soit une agression, soit une offense à Dieu et à sa religion, soit une violation de la patrie et une tentative de s'y introduire». Introduction d'Ibn Khaldoun, pages 270-271.
8. «Les traces de la guerre dans la jurisprudence (Fiqh) islamique», Wahbat al-Zahili, page 104. Pour plus de détails, voir notre livre "Le procédé de l'appel islamique dans le Coran", chapitre: «Les guerres et les razzias du Prophète».
9. L'Islam recommande au fidèle de traiter le voisin avec beaucoup d'égards.
10. "Wagail al-Shi'a", Tome II, page 43
11. Ibid, page 46
12. C'est-à-dire l'Imam Ali lui-même.
13. "Nahj al-Balagha", page 91
14. "Charh al-Sayr al-Kabir", Tome I, page 59
15. De caractère antéislamique
16. Le bon droit
17. "Nayl al-Awtar", Tome VII, page 214

 

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